L 'AFFA IRE . /
DE L A C A R
L E T T R E ADRESSÉE
AU
J O U R N A L «LE F I G A R O »
L E MARQUIS D E MONISTROL
M A D R I D
IMPRIMERIE DE GREGOIRE JUSTE
RUE DE PIZAKRO, NOM." 15
Février! 1881
MONSIEUR LE RÉDACTEUR DU JOURNAL «LE FIGARO»
Monsieur: je vous serai obligé, si vous voulez bien,
par un sentiment de justice et d'équité, insérer dans
votre journal le contenu de cette lettre. L a plupart
des abonnés du Figaro en Espagne, parmi lesquels
j 'a i aussi l'honneur de compter, ne peuvent laisser
passer en silence l'article du 2 février, intitulé Petites
pages d'histoire.— D. Carlos.— La victoire de Lacar.ïl
est impossible de traiter avec autant de légèreté et de
sans façon les événements de notre pays, et de ras-
sembler dans ce peu de mots autant de données aussi
inexactes que gratuites. Mais avant d'entrer en m a -
tière nous devons protester contre l'idée, si commune
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parmi les légitimistes français, de faire la cause de
leur légitimité solidaire de la rùtre. Personne ne
•doute en Espagne , parmi les partisants de la r o -
yauté, qu'Henri V ne soit le légitime Roi de France;
par cette affirmation on ne doit pas conclure, que Don
Carlos de Bourbon, son neveu, soit le représentant
de la légitimité en Espagne. Pour les personnes qui
sont au courant de nos lois et de notre histoire con-
temporaine il n'est pas nécessaire de leur rappeler
que, pour le parti carliste, la question de légitimité,
ou de droit, n'est qu'un accessoire ; ce qui en fait la
base et le fondement ce sont ses principes.
Outre l'intérêt de la Religion, qu'l se croit seul en
droit de défendre, et dont il croit avoir l'appanage ex-
clusif, il y a aussi tout un système de gouvernement
•qu'on nomme absolutiste et fuériste; les principes d'une
monarchie autocratique furent proclamés par le grand
père du Prétendant, et acceptés par son parti comme
son credo politique; ce sont ces mêmes principes que
D . Carlos à inscrit sur sa bannière.
Quelques dissidents (et il y en a en grand nombre
dans leur parti) songent encore au rétablissement de
tous les fuéros, ou privilèges, dont jouissaient, de-
puis le moyen-âge jusqu'aux temps assez rapprochés,
••un nombre considérable de villes grandes et petites;
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elles constituaient une quantité de petites républi-
ques, ou cantons, agissant indépendamment du G o u -
vernement central, comme cela existait naguère dans
nos provinces basques. Ce système absurde rendrait
impossible le maniement de l 'Etat, et casserait l'unité
nationale: ce serait l 'anarchie la plus complète. L a
question de principes, ou de parti, est tellement la
base du Carlisme en Espagne, que si le Prétendant, ou
quelqu'autre à sa place, eut osé proclamer une forme
de gouvernement plus ou moins constitutionnelle ou
libérale, telle qu'elle est en usage dans les monarchies
constitutionnelles et parlementaires de l ' E u r o p e , il
eut été sur le champ destitué, et ses droits eussent
passé sur la tête d'un autre par le vœu solennel du
parti ; cette vérité est incontestable: en ef fet , nous
avons entendu cent fois les carlistes affirmer qu'ils
soutiendront les droits de D . Carlos, tant qu'il persé-
vérera dans les bons principes, et qu'ils lui refuseront
l'obéissance s'il songe à se libéraliser.
Une fois ceci posé, permettez moi de dire deux mots
sur les fondements de Droi t , sur la question légale,
que la plupart des légitimistes français semblent igno-
rer. L a loi salique, qui règle Tordre de succéder à la
Couronne de France, n'a pas existé en Espagne avant
Phil ippe V ; depuis les temps les plus reculés les fem-
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mes ont occupé le trône, comme Reines propriétaires,
comme cela arrive en Angleterre et en Russie. Nous
avons l 'exemple d'Ormésinda et d 'Adosinda, parmi
les anciens Rois 'des Asturies et d'Oviédo; Elvira m a -
riée à Sancho le majeur Roi de Navarre , parmi les
souverains de Castille; Sanche, fille de Bermudo III,
mariée à Ferdinand I , Roi de Cast i l le , entre les
Rois de Léon; Urraca, fille d'Alphonse V I , Berenguela,
mère de Ferdinand le Saint, et Isabelle la Catholique,
après l'union de Léon et de Castille. L e Fuéro rêal et
las Partidas, les seules compilations de L o i s , qui trai-
tent de la succession au trône pendant les siècles
écoulés, depuis Pelayo jusqu'à Philippe V , consignent
et établissent le droit des femmes à porter la C o u -
ronne, en défaut des enfants mâles du Roi . Phil ippe V ,
en montant sur le trône, jura obéissance à ces lois, ce
qui ne l 'empêcha pas de publier l'A uto acordado de 1713,
qui établissait la loi salique; ce fut un acte de son
pouvoir arbitraire et absolu.
Cependant ce monarque occupait le trône en vertu
-du testament de Charles II, et par le droit de Marie
Anne d'Autriche, femme de Louis X I V . Il ne pouvait
pas invoquer le droit de conquête, puisqu'il futd'abjwd
accepté, acclamé et juré par toute la nation; ce n'est
que quatre ans après, en 1705, qu'eut lieu la rébellion
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de quelques provinces, qui proclamèrent l 'Archiduc
d'Autriche, comme agnat, ou héritier mâle, et succes-
seur de Ferdinand, frère de l 'Empereur Charles-Quint.
Philippe V ne daigna pas soumetre l'Auto Acordado
au Conseil de Castille, et, en le présentant aux Cortès
du Royaume, il ne voulut pas qu'il fut discuté; ce
document leur fut notifié afin qu'il fut inscrit sur les
registres comme une loi de l 'Etat .
L e s vices substantiels qui invalident la loi de P h i -
lippe V furent reconnus par Charles IV en 1789, et
par les procureurs des Cortès et les Prélats du royau-
me. L e s Cortès de 1811 à 1813 et celles de 1820,
consignèrent dans là Constitution de 1812, rétablie
en 1820, le droit des femmes à succéder à la C o u -
ronne.
L o r s même qu'on voudrait admettre, comme expres-
sion du pouvoir absolu, le droit de Phil ippe V de pro-
clamer le nuevo Reglamento, c'est-à-dire l'établissement
de la loi salique, il y aurait toujours les mêmes rai-
sons en faveur de Charles IV et de Ferdinand VII , pour
dresser les déccrets de 1789 et de 1830-1832, qui réta-
blirent la loi ancienne en faveur des femmes.
Il résulta que la Reine Isabelle II fut reconnue et
jurée par les Cortès et les Prélats du Royanme, tandis
que D . Carlos, le grand-père du Prétendant, fut non
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seulement exclu de la Couronne, mais encore privé du-
titre d'Infant; ce titre n'appartient de droit qu'aux en-
fants du Roi . Toutes les puissances de l 'Europe, et
même le Saint Siège, ont reconnu la légitimité d'Isa-
belle II; ce n'est pas vrai , comme prétend le prince de
Valor i , que la Russie et l 'Autriche persistent dans l 'abs-
tention. Ces Puissances n'ont-elles pas leurs repré-
sentants accrédités auprès du Cabinet de Madrid? Une
Archiduchesse d'Autriche n'occuppe-t-elle pas le trône
d'Espagne ? L e Pape Pie I X , après avoir conclu avec
l 'Espagne le Concordat de 1851, ne cessa jamais de don-
ner des preuves de la plus touchante estime envers la
Reine Isabelle II, qu'il honora en lui envoyant la Rose
d'or; ce même Pontife était le parrain de notre Roi
Alphonse XII . Léon XIII n'a-t'il pas envoyé, il y à peu
de mois, à notre jeune souveraine des riches présents
pour la petite Infante nouveau-née?
Il nous est impossible de lire tranquillement l 'aveu
de Mr. de Valori , si souvent répété par les légitimistes
français, d'avoir envoyé en Espagne avec leurs trésors
un bon nombre de canons, pour y allumer le terrible
fléau de la guerre civile, qui à rempli de sang et de
ruines notre malheureux pays, sous le prétexte hypo-
crite de défendre les intérêts catholiques et légitimis-
tes . Ces messieurs feraient bien mieux d'employer l e u r
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bourse et leur enthousiasme en défendant la cause
d'Henri V sur les champs de bataille.
Qu'ont-ils fait de leur drapeau blanc? Pourquoi
n'arrachent-ils pas la France à la tyrannie des G a m -
betta?
C'est que ces messieurs, par un sentiment égoïste, ne
veulent pas la guerre civile chez eux; ils préfèrent la
faire allumer chez les autres!! Nous vous saurions bien
gré, monsieur le Rédacteur, si vous pouviez empêcher
qu'on donnât dans votre journal le titre de Roi à un prin-
ce qui n'est pas même Infant d'Espagne. Ne compre-
nez-vous pas que c'est une insulte jetée à la face d'une
nation amie? Car enfin ce prince, qui nous à causé tant
de maux, ne représente en Espagne qu'un seul part i ,
bien diminué aujourd'hui, le parti absolutiste ou fuêriste.
L'immense majorité de la nation le repousse; elle ne
l'acceptera jamais. L e s diverses tentatives faites en
différentes ocassions pour faire triompher ce drapeau
ont avorté toujours; aucun pays civilisé ne pourrait
accepter un système de gouvernement devenu i m p o s -
sible; les légitimistes français ne le voudraient sûre-
ment pas chez eux. Lorsque la révolution de Septembre
de 1868 éclata ce parti était mort; on ne trouvait plus
de Carlistes en Espagne; les excès de la révolution
ont pu seuls galvaniser ce cadavre!
I O
Pendant quelque temps D . Carlos à pu se trouver à
la tête de cinquante, mille homme (et non pas de cent
mille, comme le prétend Mr. de Valor i ) : il à dominé
dans les provinces basques et dans la Navarre, excepté
dans les villes importantes; avoir quelques points
d'appui en Aragon et en Catalogne; mais bientôt, lors-
que le Roi Alphonse XII eut été proclamé par l 'armée
et par la nation entière, sans verser une seule goutte
de sang, alors le fantôme du cariisme s'évanouit.
L e Roi , reconnu par les Etats du monde civilisé,
par les Cortès du Royaume, avec le concours d e t p a y s
tout entier, et de notre vaillante armée, put éteindre
en peu de temps nos deux guerres c ivi les , celle de la
Péninsule et celle de Cuba, plus coûteuse et plus san-
glante encore. Ce n'est pas la trahison qui a perdu
D . Carlos, comme le prétend Mr. de Valori; c'est la
force des circonstances, c'est le vœu du pays qui l'ont
vaincu. Aujourd-hui la tranquillité et la- bien-être
renaissent avec la paix. L e s chefs les plus importants
du parti carliste ont fait leur soumission; Castellvi, Mi-
ret, Mendiri, Perula, etc. sont rentrés; plusieurs d'entre
eux font partie de notre armée.
Je ne puis pas terminer cette lettre sans traiter som-
mairement l'affaire malheureuse de Lacar; j 'abuse de
votre bienveillance, peut-être; veuillez me l 'acorder
I I
encore pour quelques instants, pour établir les faits sur
le terrain de la vérité. L'armée espagnole forte de 54 ba-
taillons, 2 régiments et demi de cavallerie, 86 pièces
d'artillerie, et 9 compagnèes du Génie, était au 2 février
divisée en trois corps, formant ce qu'on appelait l 'armée
du Nord; son objectif était de contourner les lignes du
Carrascal, fortifiées par les carlistes, et de délivrer
Pampelune, qui se trouvait, pour ainsi dire, bloquée.
Ainsi donc, à la veille de la surprise de Lacar , le 1 e r
corps formait un arc de 75 kilomètres, depuis les rives
de l 'Ega jusqu'aux montagnes d'Alaix et d ' O r b a . L e 2 è m e
corps d'armée avait ordre de s'emparer dans la matinée
du 2 du mont Esquinza, de l'hermitage de Saint C r i s -
tophe et de Lorca; ensuite il devait occuper le village
d'Oteiza, le petit fort de Santa Barbara, et tâcher d'ar-
river jusqu'à Lacar et Murillo, en tournant les hau-
teurs d'Alloz et de Cirauqui. L e 3 è m e avait ordre de
s'emparer des positions d'Añorbe et de Tirapu. Je ne
raconterai pas les faits accomplis par chacun de ces
trois corps; il suffit de dire qu'ils ne purent rem-
plir en entier les instructions qu'ils avaient reçues.
Quant au 2 è m e , dont dont nous avons à nous occuper
d'une manière toute particulière, il prit sans obsta-
cle le mont Esquinza et Saint Christophe, ainsi que
le village d'Oteiza; par contre on négligea de p r e n -
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dre le petit fort de Santa Barbara, situé tout près.
Après s'être retranchées à la hâte sur les cîmes de
l 'Esquinza, les troupes occupèrent le même jour (2 fé-
vrier) les Vil lages de L o r c a et de Lacar ; on oublia
Murillo et Al loz qui auraient servi de bouclier aux
points avancés; de sorte que le petit village de Lacar ,
placé au fond d'un entonnoir, se trouva seul, formant
une pointe, à l'extrémité de la ligne.
L e général de brigade Barges, chargé de défendre
cet endroit difficile, avait avec lui les régiments de
Valence et des Asturies, quatre pièces d'artillerie lé-
gère, un escadron de hussards etuneseccion du Génie.
Pendant la soirée du 2 février, et pendant la mati-
née du 3, on observa un passage continue] de forces
carlistes sur les flancs du Guirguillano, se dirigeant
vers Estella; c'étaient les troupes de Mendiri qui,
avec 12 batallons, et d'Argonz avec 10, quittaient les
positions de Puente la Reina et d'Ilzarbe, qu'ils j u -
geaient insoutenables. Quelques boulets leur furent
lancés depuis Lacar . D . Carlos rencontra ces troupes
à Cirauqui dans la matinée du 3. On tint conseil, et il
fut décidé que Mendiri attaquerait brusquement L a c a r
dans la soirée, tandis qu'Argonz irait se poster à Mu-
ril lo, pour lui prêter main forte. Je dois rendre justice
à l'habileté de Mendiri, qui exécuta ce mouvement
r 3
sans être appercu; il vint se poster, vers les trois heures
et demi de l'après midi, à 1600mètres de L a c a r . A m e -
sure que les bataillons arrivaient, il les formait en
quatre colonnes, afin de commencer l'attaque à quatre
heures. On ne comprend pas pourquoi les généraux
espagnols qui gardaient les cîmes de l 'Esquinza ne
donnèrent pas avis de ce mouvement aux deux géné-
raux de brigade qui gardaient L o r c a et L a c a r . Barges
avait été privé depuis la veille de la cavallerie, qui
fut mandée ailleurs; aussi ne pouvait-il pas faire la dé-
couverte au loin. Une petite église située entre L a c a r
et Alloz fut occupée par une compagnie; c'était le
point le plus avancé.
Après avoir pris quelques dispositions dans l ' inté-
rieur du village, Barges se porta au dehors avec les
pièces d'artillerie et la compagnie du Génie. Vers les
trois heures et demin du soir on observa que des for-
ces ennemies s'avançaient du coté d'Alloz; on rompit
sur eux le feu austitot; les carlistes sans s'en inquiéter
continaient leur marche en bon ordre. E n arrivant
à la petite église que j 'a i nommée, et qui était gardée
par une compagnie du régiment des Asturies, ils ar-
borèrent un drapeau blanc (1). On crut que c'était Mo-
(i\ C'est le témoignage des généraux et des officiers soumis au censeil de
guerre à la suite de l'affaire de Lacar.
riones qui venait du côté d'Alloz; aussitôt on suspen-
dit le feu. L e s soldats situés dans l 'Eglise n'avaient
pas tiré une seul coup de fusil.
Pendant ce temps lee soldats de Valence et des A s -
turies quittaient leurs maisons pour se rendre saus
défiance au dehors du village: tout-à-coup les carlis-
tes rompent le feu, et se lancent au pas de course vers
le village; les soldats essayent de rentrer dans leurs
cantonnements et de se mettre en état de défense; ils
sont aussitôt rejoints par les carlistes; le désordre et
la confusion régnent partout; une panique incroyable
se produit. L e régiment de Valence disparait, lorsque
Barges fait des efforts suprêmes pour soutenir le com-
bat avec celui des Asturies; tout fut inutile, c a r i a ter-
reur avait gagné les esprits. L e lieutenant Navazo meurt
en essayant de sauver ses pièces de canon; trois tom-
bent au pouvoir de l'ennemi. Pendant trois quarts
d'heure Perula et Argonz purent massacrer impuné-
ment les fuyards. L e général de brigade Barges se
lance pour les arrêter et les ramener au combat; ce fut
en vain : son cheval est blessé, et lui-même, atteint
grièvement, est oblgé de quiter ce champ de malheur.
A Lorca , malgré la confusion produite par la déban-
dade de Lacar , on put encore se défendre, et arrêter
l 'ennemi. J'ai sous les yeux le rapport du chef carliste
i5
Mendiri du 4 février; it fut publié par le Cuartel-Réal;
d'après lui le combat dura demi-heure; l 'armée espag-
nole perdit 800 hommes et trois canons; tout était fini
avant l'entrée de la nuit.
L e lendemain Mendiri quitta le petit village de
Lacar, et Fajardo celui de Lorca . C'est une calomnie
grossière de supposer que le quartier général du R o i
D . Alphonse, situé à Oteiza, eut pris la fuite; c'est à
peine s'il s'apperçut de ce qui se passait à Lacar ; aus-
sitôt le Roi monta a cheval et se porta au devant des
ennemis, qui n'arrivèrent pas jusqu'à lui. Voilà, en
somme, l'histoire véridique de la malheureuse surprise
de Lacar; les carlistes auront beau la célébrer comme
une grande bataille; en fin de compte ce ne fut qu'une
victoire trop facile.
Encore une rectification, et j 'aurai fini: Mr. de
Valori suppose que Monseigneur Freppel n'a pas répon-
du à la lettre que les catholiques espagnols lui ont
adressé; c'est une erreur, car j 'a i sous les yeux les
pages pleines de louange et d'encouragement qu'il leur
adresse. Cet élan des catholiques espagnols de tous les
partis à pu déplaire aux carlistes intransigeants ; en
échange il à mérité les éloges les plus flatteurs des
Archevêques et Evoques d'Espagne; 36 lettres de ces
prélats ont déjà été publiées. C'est le Cardinal Arche-
16
Madrid, 14 février: 1S81.
vêque de Tolède qui s'est mis à la tête de l'assotiation
purement catholique, nommée l'Union catholique.
L e s Catholiques espagnols s'unissent pour défen-
dre les intérêts religieux par tous les moyens légaux.
Prétendre , comme quelques intransigeants, que la
religion est inséparable d'une idée ou d'un système
politique déterminé, qu'on songe vainement à nous
imposer par des moyens violents, contraires à l'esprit
de l 'Evangile, c'est une folie que les vrais espagnols ne
partageront jamais. E n terminant permettez-moi de
rappeler ici les belles paroles que j 'a i entendues au
"vieux Duc de Parme, grand père de la princesse Mar-
guerite: «J'ai dit à mon petit fils (D. Carlos) que Dieu
ne peut pas bénir un trône pétri avec le sang de . ies
sujets.»
LE MARQUIS DE MONISTROL,
(Sénateur.)