DU 8.' • SERAfEN'T'DEFIDÉLITE A PLlISIEURS CONSTITUTIONS 1II0DERl'iES. TROlSIEME...
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DU 8.'


SERAfEN'T'DEFIDÉLITE
A PLlISIEURS CONSTITUTIONS 1II0DERl'iES.


TROlSIEME LETTRE


A


UN PUBLICISTE
,PAR


S. E. LE CARDINAL DECHAMPS,


ARCHEVEQUE DE MALINES.


DEUXIEKE EDITION.


PARIS.
Vu MAGNIN J<T FILS, 3,.DI! 1I0RolII1-<UEYALI".


BALINES. - H. DESSAIN,
IIIPRIIIEUR DU SAIIiT-8JÉGE, DE LA SACRÉ¡, COIIGRÉGATI(llll DE LA


PROPAGAIIDE tT DE L'ARCUmCUÉ DE IIAIJJIES.


nÉP05É. - TOUS DROlTS RÉSERVÉS. '






DU


SER~fENT DE FIDÉLITÉ
A PLUSIEURS CON.STITUTIONS 1I0DERNES.


TROISI1tME LETTRE


A


UN PUBLICISTE
PAlI


S. E. LE CARDINAL DECHAMPS,


ARCHEvtQUE DE MALINES.
,


DEUXIEME ÉDITION.


P A RI S.
VVB MAGNIN BT FILS, 1, RtlB Ho~oat-CllllVwn.
MALlNE~. - H. DESSAIN,


IMPRIMEUR DD SÁ1NT-SIÉGE, DE LA SACRtE COIIGRtGATlOII DI U.
PROPAGAIIDE ET DE L'ARC8EVtCHÉ DE Jl.UJNIIII.


llÉPOSIÍ. - TQI1S ll1\OITS BÍSEaVÉS.






DU SERMENT DE FIDÉLITÉ
A PLUSIEVRS CONSTITVTIONS MODERNES.


TROIS1EME LETTRE A UN PUBLICISTE


PAR


S. E. LE CARDINAL DECHAMPS.


MONSIEVR,


Vous me pal'lez de la discussion dernierement
soulevée dans quelques brochures franc;aises el
helges sur la portée du sermenl de fidélité que
les catholiques ont preté, avec l'assentimcnt du
Saint-Siége, a la Charte du gouvernement de la
Restauration sous Lou!s XVIII, a la loi fondamen-
tale du Royaume des Pays-Bas sous Guillaume Ier,
a la Constitutionde 1830 sous ]e Bouvernement
de Juillet ou de Louis.Philippe, et en présence des
conclusions des auteurs de ces hrochures, con-
clusions toutactuelIes, vous me demandez s'il ne
faudrait pas recourir aRome pour ohtenir duSaint-
Siége qu'il mit fin a ces déhats entre catholiques.


Je reponds que le Saint-Siege y a mis fin depuis
longteQlPs. .


II me suffira, pour vous le faire voir, d'auirer
votrc aUention sur les passages décisifs des docu-
ments relatifs a ceUe question, el que j'ai déja mis
sous vos yeux dans mes deux lettres précédentes.


En France el dans les Pays.Bas, les difficult~s,




4
au sujet du serment de fideJite a la charte et a la
loi fondamenlale sont nees des articles constitu-
tionncls qui garantissaient non-seulement la lib~rté
des opinions religieuscs, mais une egale protection
aux divers cultes cxistanls.


La charte de la Restauration disait :
Chacun professe sa religion avec une égale liberté et ob-


tient pour son culte la meme protection. Les Franvais ont le
droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se
confurmant aux lois qui doivent réprimer les abus de cette
liberté.


La loi fondamentalc du Royaume des Pays-Bas
qui ne proclamait pas, comme ia charle franttaise,
une rcJigion d'Etat~ disait :


La liberté des opinions religieuses est garantie i't tous. -
Protection égLlle est accordée a toutes les communions reli-
gieuses qui existent dans le Royaume. - Tous les sujets
du Roi, sans distinction de croyance religieuse, jouissent
des memes droits civils et politiqucs, ot sont habiles <\ toutes
les dignités et emplois quelconques. - La presse étant le
moyen le plus propre a répandre les lumieres, chacun peut
s'en servir pour communiquer ses pensées, sans avoir besoin
d'une permission préalable. Néanmoins tout <Iuteur, impri-
meur, éditeur ou distributeur est responsable des écrits qui .
blesseraient les droits, soit de la société soit de l'individu .
. Or, cn France et uans les Pays-Bas les difficultés .


qui concernaient le sermenl ont disparu de la
me me maniere et par le meme moyen.


Elles ont disparu en France par la déclaration
faite a Pie VII, an nom du Roí pár son ambassa-
denr, et qui fut deux foís trouvee satisfaisante par
le Saint-Si«~ge, une premiere fois par Pie VH,
comn1e.:·.le prouve I'!JlocutionreprodUit-e""dáBs




~~a 'lettre precédente, et une seconde fois, apres
~'\1830, cornme nous le vcrrons tout a l'heme.
~'Voici les paroles de cette déclaration :
, Sa majes~é tres-cbrétienne - apres avoir déclaré la reli-


o gion catbolique, aposlolique ehomaine, lareligion de l'Elat,
-.• a d1i assurer ¡\ tous ceux de ses sujets qui professent les au-
-'tres cultes qu'elle a trouvés établis en France, le libre exer-


cire de leur rel(qion, el le leur a, en cOllséquence, garantí par
la Charle, el par le Serment que Sa A'Jajesté y apreté. Mais
ce serment ne saurait porter aucune atteinte ni aux dogmes,
ni aux lois de l'Eglise, le soussigné étant autorisé 11 déclarer
qn'il n'est relatif qu'iJ, ce gui concerne l'ordre civil. Tel est
l'engagement que le Roi a pris, et qu'il doit maintenir. Tel
est celui que contractent ses sujets en pretant serment
d'obéissance a la Charte, et aux lois du Royaume, sans que
jamais ils puissent etre obligés, par cet acte, iJ, den quí soit
con/mire aux [ois de Dieu et de l' Eglise.


Les difficultés ont disparu dans le Royaume des
Pays-Bas par une formule explicative du serment
et tout a fait analogue a la déclaration du Roí de
France, formule quí fut prescrite a l'Archeveque de
Malincs par le Saint-Pere, et dont voici les termes:


Je soussigné ayant preté, en qualité de membre de la
premiere Chambre des Etats-généraux du Royaume des
Pays-Bas, le serment prescrit par la loi fondamentale du
dit Royaume, et désirant de manife¡;ter d'une mani~re évi-
dente ma soumission inaltérable au Saint·Siége et auPontife
supreme Pie VII, et constaler e¡l meme temps la pureté de
la Foi que j'ai toujours eu A co:mr de maintenir inviolable,
déclare ot proteste solennellement que, par le serment preté
a la cOllstituton, je n'entends m'cngager á rien gui soit
contraire aux dogmcs ni aux lois de l'Eglise Catholique Apos-
toli:¡ue RDmaine; que jamais j(~ ne ferai rien qui y soit
opposé; qu'au contraire, je la 'soutiendrai, en tout.e occa-
sion, par tous les moyens possibles; et quien jurant qepro-




6
téger toutes les communions religieuses de l' Etat, e' est-a-dire
les membres qui les eornposent, je n'entends leur accorder
cette proteetion QUE SOUS LE RAPPORT CIVIL, sans vouloir par la
appl'ouver, ni directement, ni indireclement les maxi,,¡es
qu'elles pro{essent et que la Religion catholique proscrit.


Ratisbonne le i8 mai i817.
L. t s. FUANQOIS ANTOINE PUINCE DE MÉu,


ancien Prince Eveque de Liége.


Le gouvernement des Pays-Bas fit lui-meme plus
tard une declaration semblahle a eeHe du gouver-
nement de Louis XVIII, selon le désir du Saint-
Siégc l. e'est de eette deelaration que Pie VII parle
d'avanee dans son Bref du 3 deeembre 1817 a l'Ar-
eheveque de Malines, 0-0 il reproduit la formule
explieative du serment qu'il luí avait preserite :


On doute a tort, lui dit Pie VII, que la déclaration que
vous avez publiée ait été acceptée par Nous, puisque nous
vous avous promu a l'Eglise de Malines, apres que cette \
déclaration nous a été remise, et que ce fuit doit convaincre·
tout le monde que nous l'avons jugée suffisante.


Et plus loin :
Pour faire cesser les doutes et les controverses, Nous ne


voyons d'a~tre moyen que celui-ci : que ceux qui sont obli·
gés de preter ce serment, ajoutent a la formule cette décla-
ration : cum pollicentu'r religiosas ornnes Refini communio-
nes, id est universos et singulos quibus illm constant, protec",
turos, mentem eorurn esse in ordine tantum civili proteetio-
mm hanc ipsis pra?stare, nutlo modo intendentes, vel direete
vel indirecte approbare principia qUa? ipsi profitentur, qUa?-
que Religio catholica proscribit. - OU BIEN, que le gou-
vernement propose une autre formule que tous puissent
Buivre sans blesser leur conscience ; ou enfin qu'il dé cIare


1 V. 2m• Lettre a un publiciste, pp. 27-29, et 50-52.




7
qu'en exigeant le serment, il entend uniqnement obliger
ceux quí le pretent, a promettre qu'ils ne veulent protéger
que dans l'ordre civil les' di verses communions religieuses
du Royaume, c'est a-dire les membres qui les composent,
índividuellement ou collectivement, sans vouloir approuver
d'une maniere directe ou indirecte les principes qu'elles
professent et· que la Religioll catholique proscrito Nous ne
doutons nullement que Nous n'obtenions une pareille dé-
ClaraLion de la sagesse du gouvernement avec Jequel Nous
sommes en sérieuse négociation sur cette affal re l.


Tout cela est parfait, me dircz-vous, mais c'est
justement sur la portée de ces déclarations expli-
catives «;t restrictives que la controverse ,'ccom-
menee aujourd'hui.· Quclqucs ecrivains soutien-
nent, en effet, que les articles de ces constitutions
relatifs a la liberte et a la protection des cultes
divers sont exclus de ce serment, puisqu'ils sont
contraires aux loís de Dieu et de l'Eglise, et que
le serment preté par les catholiques n'a donc pas
été le serment de fidéljté a ces constitutions, mais
le serment rClltreint a ceux des articles constitu-
tionnels qui ne concernent que l'ordre civil.


Pour entendre ainsi 10 la déclaration de Louis
XVIII accueillie comme satisfaisante par le Pape,
2° les paroles de Pie VII dan s .son allocution con-
sistoriale du 28 juillet 1817 sur cette déclaration,
30 la formule explicative du serment prescrite par
Pie vn a l'archeveque de Malines, 4° le Bref du
me me Pape adressé a l'Archeveqlle le 3 décembre
1817~ il faut fermer quatre foís les !eux a l'évi~
denee.


1 Bref A IItequam tUQ.I lit/iral.




8
Dans la déclaration du Roi de Franee, el daos


les paroles de l'allocution consistoriale de Pie VII
qui s'y rapportent, estoce du serment a quelques
articles seulement de la charte qu'il R'agit,· ou
bien du serment a la charte) a la Constitution1


Il s'agit du serment a la Charte, a la Constitu-
tion.U s'agit, dit le Roi, de l'engagement que con-
tl'actent les sujets en pretant serment d'obéissance
a la charte et aux lois du rOJaume; el le Pape
appelle ce serment : iusiurandum quo Constitu-
tioni} regnique .legihus obedientiam subditi poW-
centur.


Dans la déclaration du Roi de France, el dan s
l'allocution du Pape, s'agit-il d'exclure de ce ser-
ment les articles de la Constitution qui regardent
la liberte el la protection des cultes ? .


11 s'agit, au contraire, d'expliquer dans quel
sens on prete le serment a ces articles} et de res-
treindre la portée du serment au sens ou on le
prete. Relisez la déclaration du Roí:
-Sa' Majesté - a dü assurer a tous ceux de ses sujets quí


professent les autres cultes qu'elle a trouvés établís en
France, le libre exercice de leur l'eligion, et le leur a, en
conséquence, garanti par ta charle, el par le sermenl que
Sa Majesté ya preté. Mais ce serment ne saurait porter.au.
cune atteinte, ni aux dogmcs, ni aux lois de I'Eglise, le sous-
signé éiant autorisé a déclarer qu'il n'est relatif qu'a ce qui
concel'ne l'ordre civil. Tel est l'engagement que le roí a pris,
et qu'il doit maintenir. TeZ esl celui que contraclent ses su-
jets en pretant serment d'obéissance a la charte et aux loís
du royaume, sans que jamais ils puissent etre obligés par
cel aéte a rien qui soit contraire aux lois de Dieu et de
l'Eglise.




9
Le serment e·st done preté a la Charle,. sans' en


. excepter les articles qui garantissent aux divers
cultes la liberté eivile, la protection civile. -


Mais comment ce serment preté a ces articles
n'est-il relatif qu'a ce qui conceme l'ordre civil?


La formule du serment a la Ioi fondamentale
des Pays-Bas, formule prescrite par le Pape a
l'Archeveque de Malines, dans des cireonstances
analogues, explique ave e clarté comment ce ser-
ment ne eoncerne que l'ordrc civil. Relisez ce
troisicme document :


En jurant de protéger toutes les communions religieuses
de l' Etat) c'est-a-dire les membr·es qui les composent, dit
l'Archeveque, je n'entends leur accorder cette protection
que sous le rapport civil) sans vouloir par la approuver, ni
dircctement, ni indirectement, les maximes qu'eUes pro-
fessent et que la religion catholique proscrito


Vous le voyez,I'Archeveque, Ioin d'exclure les
articles de la loi fondamentale qui concernent les
cultes, dit au contraire qu'il jure de protéger tou- .
tes les eommunions religieuses de l'Etat, mais que
ce serment n'a pour objet que la 'tolérancecivile,
que la protection civile qui regar de les personnes;,
..et non la tolérance dogmatique qui regarde les
doctrines) et qui se confond avecl'indifférentisme.


Le Pape, dans son bref a l'Areheveque, dit
lui-meme la meme chose: cwn pollicentur re-
ligiosas omnes regni communiones) - notez bien
ces paroles - id e~t uni'versos et singulos qui-
bus illm constant) protectul'os) mentem eorum
esse in ordin.e tantum civiU prot&ctionem hane




10
(N. B.) pra!stare, nullo modo intendentes, 'VeZ
directe., veZ indirecte approbare principia qUa!
ipsll! profitentur, qureque re ligio catholica pro-
scribit.


Cela n'est-il pas clair? Quand la tolérance civile
.est garantie par la loi, les personnes !lont civile-
ment libres de professer leur culte, c'est-a-dire
qu'eIles sont libres de le professer, sans pOl1voir
ctre atteintes par les ]ois penales, mais quand on
jure fidélite aux articlcs constitntionnels qni 6a-
rantis!lent cette liherte aux personnes el qui la
protegent, l'on n'approuve pas ponr cela les doctri-
nes erronees qu'elles professent, et ton ne s'obltge
a ríen qui soit contraire aux lois de Dieu et de
I'Eglise.


Cependant, dira-t-on peut-etre, ne sont-ce pas les
articles constitutionnels qui garantissent la liherté
civil e des cultes qui sont eux-memes contraires
aux lois de Dieu et de l'Egtise? N'est-ce pas lit
precisement ce qu'a déclaré la célebre Encyclique
Quanta cura de Pie IX ?


Je reponds, encore une fois, avec le Pe re Libe-
ratore dans ]a Civilta et dans son ouvrage sur
l'Eglise et l'Etat, ou il est le fideIe echo de la theo-
logie catholique :


Pour éviter ici toute équivoque, on doit soigneusement
distinguer entre le principe et l'application pratique que 1'0n
en fait, selon les circonstances, en d'autres termes, entre
la these et l'hypothese Le Saint-Pere ne condamne pas ici
les gouvernements qui sont dans la nécessité de tolérer et
de laisser libres les cultes meme hétérodoxes en accordant
a tOllS imlistinctement, catholiques et non·catholiques, des




11
;:!droits égaux, et la faculté de professer publiquement lem
:J'eligion, paree que la division religieuse a mis le désaQcord '
~entre les citoyens. Une pareille société n'étant pas dans une
':~eondition normale vis·u-vis la révéIation,il faut qQe le
'gouvernement et les loís s'attemperent u l'état d'infirmi~
'rdu sujet, évitant des maux pires et assurant au moins la
:paix commune. Mais ce guí est condamné par le Saínt,Pere,
,c'est la maxime que cette sorte de gouvernement est la'
meilIeure et la plus conforme au vérítable progres; s'il
en était ainsí, ce n'est pas seulement ¡\ ces sociétés que
nous venons de dire, mais a toutes en général, meme a
celles composées exclusivement ou presque exclusivemént
de catholiques, que celte forme de gouvernement devrait
s'appliquer. Cela est condamné dans l'Encyclique papal e
coqtme étant le fruit de mort des príncipes impies et ab-
surdes du naturalisme politiqueo - Voici les paroles du
Pape: « Probe nn.~citis, Venerabz'le.~ Fratres, hoc tempare non
paucos repe1'iri qui civili consortio impium absurdumque na-


o turalismi, uti vocant, principium appZicantes, audent dicere
Q¡¡timam societatis publicce rationem civilemque progre$-
Sum omnino requirere ut humana societas constituatur et
gubernetur, nullo habito ad religionem respectu, ac si ea
non emisteret, veZ saltem nullo {acto veram inter falsasque
religiones discrimine.1J § Etsi autem.


Ce ne sont pas ces principes du rationalisme ou
du scepticisme poli tique que formulait S. Thomas
d'A,quin, quand iI disait de la tolérancecivile:
7« 'Pour éviter queIque mal, le scandale, par
« ext'mple, ou une division qui pourrait résulter
.«( de l'intolérance, ou 1'0bstac1e RU salut de certains


. ,« infideles qui, apres avoir été menages et toleres,
;« finisscnt par se convertir 11 la foi, l'Eglise a to-
« Iére meIÍlc les rites des hérétiques et des payens,
:« quand ces infideIes étaient nomhreux l. »
, j 2. 2. q. tO. a. H.




12
Il ne faut done pas dire que ehez les peuples


encore divises de croyances les lois qui garantis-
sent la toIerance civile reposent sur des principes
antichrétiens) sur des bases ant¡chrétiennes~
comme plusieurs reeucils périodiques: excellents
d'ailleurs, I'ont dit trop souvent. Les principes de
tol~ranee, dans la situation de ces pellples, eomme
le Pere Liberatore l'enseigne avec S. Thomas, sont
des príncipes (de eonduite) tres-ehrétiens, et e'est
l'intolérance civile qui serait, en pareil cas, anti-
chrétienne .


Il ne faut pas cependant le perdre de vuc : I'in-
tolérance civile .. dans de pareilles situations, serait
antiehrétienne, mais la crainte d'affirrner, en pre-
senee de l'erreur, la veritc religieuse et soeiale tout
entiere, serait antichrétienne a son tour. Si la (oi
ne veut ras que l'autorite eivile punisse eeux qui
sont trompes ou qui se trompent de bonne foi, elle
ne veut pas non plus qu'on taise la vérité, el elle
:Qe néglige rien pour éclairer eeux qui sont vieti-
:mes du menson{}c. Il est facile, du reste, aux
hoinmes de foi, d'etre ieÍ eomme ailleurs fiers de
1& verite dont la splcndeur n'est humiliante que
pour eeux qni la repoussent. Il y a eu, il y a, iI y
aura toujours trois soeiétes sur la terre : la soeiété
domestique, la société eivile, la societé rcJi¡;iense.
L'homme appartient a ces trois sobietes a la fois,
el iI n'est done rien de plus evidcnt pour luí que la
nécessité <iu lien de ces trois sociétés, que la ne-
cessité de l'harmonie des troís puissances qui sont
a leur base, que la nécessité de. l'Qrd .. e ou de la




13
hierarchie de ces pllissances~ selon l'ordre méme
¿u la hiérarchie de leurs fins.


11.


Mais ce 'lue nous venons de dire de la licéité da
serment de fidelité a la charte de la Restauration el
a la loi fondamentale des Pays-Bas~ est-il applica-
hle a la constitution fran9aise du gouvernement
de Juillet ou de Louis-Philippe?


Quelques éveques fran9uis ayant recouru aRome
en 1830 pour savoir si l'on pouvait prcter le ser-
ment de fidélité en ces termes: je jure fidélité au
Roi des Fran9ais~ obéissance a la charle constitu·
tionnelle et flUX ¡oís du royaume; le Souverain
Pontife Pie VIII répondit que la déclaration autre-
fois donnce par Louis XVIII n'ayant point été
révoquée 1 on pouvait prel('r le serment en question
comme 9"; le pOllvait auparavant.


Voici, dans la r¡'~ponse pontificale 1 le passage
relatif au serment :


Quod ad primum spectat, pORtulabatur a Nobis utrum
liceat prmstare memorato Francorum Regi juramentlim
fidelitatis his verbis expressum : Ego juro fidelitatem Regi .
Francorum, obedientiam chartm constitutionali et legibus
Regni. Hrec sane j¡"¡ramenti formula haud nova in Galliis
esto Memineris au~em, V. F., vel ah eo tempore guo Ludovi-
cus XVIII regnare crepit, non defuisse gui illam ita indefi-
nite, uH expressa est, adhihere recusaverint; et Pius VII
glor. memo prredecessor noster eam non babuitpro licita,
nisi pOl"tguam idem rex Ludovicus XVIII formulam ipsam
ea rat~one exposuit qua Qmnisab illa non recti sensus suspi.
eio amoveretur. Eo nimirum pertinuit solemnis declaratio.




14
quaro regius legatus ipsius regis nomine fecit die 15 julii
t817, qureque statim in publicum prodiit tum romanis tum
gallicis typis impressa. Cum vero nihil sit ex quo declara-
tio, tum edita ad sensum juramenti explicandum, nune re-
vocata censeri debeat, bine fideles qui antea, propter me-
moratam deelarationem, formula illa licite utebantur, hodie
pariter poterunt eadem formulájuramentum prrestare novo
Regi Francorum, qui scilicet ad prresens, tranquíllatis re-
hus, Gallire regnum tenet.» Ap. Reiffenstuel, Jus Canoni-
cum universum, t. VII, pago 230, edito Vives t.


Le serment de fidelite a done pu ctre prcté a la
Constitution fran~aise de 1830, quoique eeHe-ei
ne déclarat plus la religion catholique religion de
l'Etat, paree que la declaration du gouvernement
de la Restauration sur la portee du serment aux
articles de la charte qui garantissaient la liberte et
la protection aux eultes divers, n'avait pas éte re-
voquée par le gouvernement de J uilleL


Mais la declaration du sens du serment prcté
aux articles de la loi fondamentaJe du Royaume
des Pays-Bas sur eette meme liberté et sur eette
proteetion, a-t· elle été revoquée par le Con gres


national. de Belgique au sujet du serment a preter
a la Conslitution de 1830-31 ? .


Non-seulement elle n'a pas ete revoqllee, mais
il es! tout a fait eertain que la majorité catholiqlle
du Congres qui a garanti a I'E{Jlise une liberté
dont elle nI." jouit nulle part, au mchne degré, dans
le monde chretien, n'a jamais songé a entendre
la liberté des cultes dans un sens différent de


t V. La Revue théologique, tOme annee, No 3. Chez Casterman, Tour-
nay, Palis, Leipzig.




15
celui ou le gouvernement de Guillaume ler lui~
meme, a la demande du Saint-Siége, a déclaré en-
tendre la protection des cultes, garantie par la loi
fondamentale des Pays-Bas.


Les Chefs de celte majorité, ecclésiastiques et
Jaiques, eusscnt tous considéré comme un outrage
a leur foi le moindre doute a cet égard. Ce doute,
du reste, n'a jamais existé eh Belgique, ni chez les
catholiques melés aux affaires publiques, ni che~
les ·membres du clcrgé en général, ni chez les
eveques en particulier, ni chez les nonces aposto-
liques qui ont résidé a Bruxelles depuis 1830. -
Aussi, le Saint-Siége encourage-t-illes catholiques
belges a prendre part aux élections qui envoient
aux chambres législatives les députés et les séna-
teurs obligés au serment constítutionnel.


Est-ce a dire que le Congres national n'a pu
inieux faire qu'il n'a fait en donnant a la Be]gi
que la Constitution de 1830?


Voici comment répond a cette question l'un des
plus savants écrivains de la compagnie de Jésus,
le célebre bollandiste, Pere Victor de Buck, dans
son opuscu]e intitulé: Les principes catholiquel
et la Constitution beige : .


La Constitution OU loi fondamentale beIge, votée par le
Congres national de 1830, a été epnsidérée constamment
non pas comme un code dedroít naturel, comme un chef-
d'reuvre absolu de législation, comme un modele a imitar
par tous les congres du monde; mais comme une transac-
tion entre les partis religieux t et politiques, comme un


.1 11 faudrait peut-étre di re : Entre les catboliques et le parti antire-




16
pacte natíonal, comme un contrat entre les Belges et le
pouvoir. Les °mandataíres de peuple jurent son observa-
iíon; le roi, les ministres, tous les fonctionnaíres publics
la jurent a leur tour f.


Bientót quarante années seront révolues depuís que ·la
Constitution beIge a été votée. Beaucoup de souvenirs se
sont effacés déjA. C'est peut-lltre la cause principale de la
sévérité que plusieurs mettent ¡\ juger l'oouvre du Congre~.
Maís revenons un peu sur le passé. •


En {830, l'unité religieuse était rompue depuis long.
temps en Belgique.


Le P. de Buck fait ici l'histoire des divisions
religieuses en Belgique pendant le 16me, le 17me
et ole 18m., siecles, et iI ajoute ;


Malgré t6US ces malheurs, malgré l'oppression séculaire
de J'Église par la puissance laIque" malgré les rui~es, les
désordres, les scandales de la Révolution fran¡¿aise, de l'Em-
pire et du régime hollandais, Ínalgré toutes les séductiOns
de l'éducation, du fonctionarisme et du respect humaln, les
mstincts de la nation étaient encore catholiques en {S30 ¡
maís l'influence politique ll'appartenaít pas aux catholiques.
Cette influence était entre les mains des bureaucrates on
des familles de bureaucrates qui avaíent servi sous le ré-
gime autrichien, la Révo1ution, I'Empíre et le gonverne-
mant hoHandais ; entre les mains des VODckistes, des partí-
sans de la révolution franc;aise et des acheteurs de biena
nationaux; entre les mains de tant de légistes, de médecins
et d'autres hommes pervertís par une éducation sceptique
pu pa~ la lecture de mauvais écrits; entre les maius,


Iigieuxo Mais comme dans ce partí il ya bien des aveugles el des bom-
mes inconséqnents, il est assez. difficile de lni donnel' une dénomillation
exacte.


'La premiere partie de l'Opu!;~ule du Pere de Bnck est cobsaerée t
4émolltrer la Iicéité de pareils pactes,et l'obligation qu.'i1s imposenU
ceux qui les jurent. Il cite, a ce sujet, les oouvres des grands théolo-
g}ens catlioliqueso




17
enfin, des grands industriels ou des grands commerf,;ants,
dont l'immense majorité se distinguait par sa froideur re~
ligieuse. _
. Ainsi, il est évident que, si les hommes sincerement ca~
tholiques avaient voulu faire. en· 1830 , une Constitution
uniquement basée sur des principes catholiques et ne te-
nant aucun compte des dispositions d'une foule de Belges
tres-influents, leur reuvre aurait été renversée au bout de
quiuze jours, si meme avant· ce temps le Cong~es n'e11t
pas été dispersé. Ajoutez que plusieurs autres circonstan-
ees tres-graves rendaient impossible l'exécution de ce pro-
jet fantastique, auquel personne ne songea. Sous le gou~
vernement hollandais, les libéraux belges avaient des griefs
et les catholiques en avaient aussi. On se coalisa de bonne
foi pour demander le redressement des griefs réciproques.
Or, n'eut-ce pas été le comble de la perfidie si, apres la des-
tructión du joug commun, un parti se fUt adjugé tous les
avantages, ou plutót se fUt servi du triomphe commun pour
museler encore plus étroitement son ancien auxiliaire? Du
reste, le parti catholique ne fut jamais dominant au Con~
gres; il eut a peine une ou deux voix de majorité, comme
on le vit bien par le vote sur la liberté d' enseignement ,
question vitale pour les catholiqúes, et encore plus par le vote
$ur la question du mariage civil requis avant le mariag8
religieux, vote ou les catholiques échouerent.


Les catboliques n'avaient pas fait la révolution ; elle fut
l'reuvre presque exclusive des libéraux : les catholiques ne
firent qu'y adhérer et lui imprimer un caractere d'honneteté
et de modération que ne présentent guere les grandes com-
motions politiques. Cela fut cause que presque tous les
membres du gouvernement provisoire, qui convoqua le Con-
gres constitutionnel, étaient des libéraux. Les auteurs du pro·
jet de Constitution avaient, la plupart, la meme nuance po-
litigue et religieuse. Ce prQjet, reuvre de doctrinaires, me-
-surait la liberté a l'Église avec parcirnonie. L'archeveque de
Malines, ayant pris les conseils des hornrnes les plus sages
et les plus dévoués a la religion, adressa au Congres une
lettre pour demander une part plus large a la liberté géné-


SERM. DE FIDÉLITÉ. '2




18
1'al13, et, grAce ~ la modél'ationdes demandes, eette démar-
che eut un plein succes.


Telle fut l'origine de la Constitution beIge, reuvre de
transaction entre les partis et de pacification nationale. Les
1ibéraux accorderent aux catholiques les libertés qu'ils l!Ífec-
tionnaient le plus, et les catholiques, a leur tour, voterent
les libertés que réc1amaient les libéraux. De part et d'autre
on le fit avec bonne foi, san s arriere-pensée mais aussi sans
abandon des principes. Si, depuis, la Constitution a été in-
terprétée judalquement, si on lui donne 'Constamment un
sens hostile a la religion, si les garanties que les catholi-
gues y ont trouvées les premieres années s'évanouissent
tous les jours davantage,ce n'est pas la faute de la Constitu-
tion, c'est la faute d'hommes qui mettent leurs passions au-
dessus de l'équité, de la justice et me me du salut du paysl.


Lorsque les catholiques voterent et jurerent cette ~onsti­
tution, tantót trop prónée, tantót trop honnie, ils savaient
tres-bien gu'elle n'élait ni l'expression absolue de la loi natu-


"relle, ni le résumé des principes catboliques. Ces principes
avaient été longuement exposés, de 1815 a 1817, par Mgr
de Broglie et les administrateurs des autres dioceses belges.
LeCorrgres comprenait dans son sein plusieurs membres qui,
en 1817, avaient résigné leurs fonctions plutót que de ju-
rel' la Constitution des Pays-Bas, condamnée par l'épiscopat .
beIge, et qui ne les avaient reprises que lorsque le gouver-
nement hollandais eut déelaré, eonformément aux exigeneea
du Saint-Siége, que ['on ne jurait toutes ces libertés, el sur-
tout la protection accordée a l'erreur comme a la vérité, en
un mol, la Constitution que sous le rapport civil, c'est-a-dire
qu'on n'approuvait ni l'hérésie, ni l'impiété, ni le mal; mais
qu'on s'obligeait a protéger les personnes (aisant usage de


I Cet exposé de la légitimité de la Constitution beIge pourrait servir
'~e prémisses a un article de foud de la Civiltrl catlolica, imprimé le 4,
janvier 186;; un mois apres l'apparition de l'encyclique Quanta cura.
Nous y lisons (pag. 167) : « S'il y a uu pays, oh la Constitution soit
« née régulieremeIJt et légiLimcment, e'est certaillement la Belgitlue.
lo S'i! y a un pays oh tont le monde, sans distinction de parti OU dll
K classe, ait travaillé a l'élaboration de la COllstitution, e'est eertaine-




19
,lQ·tolérance légale, appelée liberté cpnstitutionnelle. Cette dls-
,Íinction capitale, qu'il eOlita tant de plcine él faire admet-


_ire par le gouvernement hollandais, était trés-bien connue
.en {S30, et les libéraux pas plus que les eath,oliques ne son-
g~ent a y porter atteinte. 01', du eonsentement de tout le
:monde, la Constilution de :1830 est plus favorable él l'Églíse
catholique que la Constitution de j 817. C'est pourquoi per-
~oIme ne erut qu'iI était défendu aux catboliques de preter,
dans le sen s indiqué par Pie VII,serment defidélité él une Con-
atitution qui assurait ¡\ leur religion des avantages que ne
lui accordail pas la Constitution hollandaise. « Aussi le
~ Saint Siége n'a jamais condamné la Constitution ni les
« cOÍlstitutionnels (senza condannare ne le Costituzione ne
§. le costltuzionali); mais} par ses encycliques et le Syl-
11. la bus} elle a mis les fidéles en garde contre les doctrines


'« libérales qui découlent du sccpticisme et du natura-
l!. lisme t. II


Le serment de fidéIité a la Constitution, les catholiques
l'ont preté et iIs doivent le garder. Ce serment est pro-
missoire ; iI supposc et renferme une promesse, et toute
promcssc aeeeptée est un contrato Cette promesse de-
meure obIigatoirc et sacrée aussi longtemps que les vio-
lations de la Constitution par leurs adversaires ne


, soient pas énormes. Si jamais la Constitution devenait une
grande duperie, alors iI serait temps de répéter l'adage


• ment la Belgil¡ue. S'il y a un pays oil la Constitution, pour nous serrir
• d'un terme emprunté a la mécanique, ait fonctionné pendant la moitié
« d'ulle vie humaine, - durée bien longue et respectable pour une Con-
« stitution, - ce pays est certaillement la Belgique. Le peuple beIge
« est doué de sens politiqut', mOllarchique et démocratique ; i\ est apte,
« comme par instinct, 11 la participation aux affaires publiques; iI est
" mur, sobre, honnete, catholique dalls son uni,ersalité plutót que dans
~ sa majorité ; i\ est cultivé autant que la nation la plus civilisée; iI est
« industrieux, commerc:ant et artiste ; en un mot, ríen ne semble lui
1( mallquer pour que sa Constitution le rende aussi heureux qu'¡¡ est
« possible de l'étre ici-bas.' Mais cette Constitution est venue aux malns
~ ~es Iibéraux, etc. »


I Voirla Civiltli cattolica, série VI, tomo 1, pago 173. Cfr. plusieuI"l
anieles, de ce voluíne.




2b
'qui est de droit naturel: Frangenti fidem fides {rangatur


l. 'eidem. Mais cela n'empéche pas que la promesse et le ser-
r' ment politiques ne soieot, aux yeux des catholiques, des


actes définitifs, les obligeant a respecter les liberté s consti-
tutionnelles cheres a leurs adversaires, meme dana la sup-
position qu'ils eussent au Parlement une grande majorité:
On peut donc protester de toutes les forces de son Ame
contre les serments et les promesses provisoires , et la
Civilta cattolica elle,meme, revue qu'on objecte sans cesse,
n'a pas manqué, immédiatement apres la publication de
l'encyclique Quantacura J de protester contre les ser-
ments constitutionnels provisoires (série VI, tomo l, pago
t70 et 171). S'il ya dan s le pays des catholiques qUÍ, dans
l'attente d'un nouveau Théodose, crQient qulon ne doit pre-


_' ter a la Constitution qu'un serment defidélité provisoire,
leur opinion ne saurait se justifier. La Constitution n'est
pas une treve; c'est un trait~ .ªUJ..~ ioya1. sipcere, Qb!~ga:


" .. , toire ; et notre these est, que, en conscience, nous devons
'lliIélité a la Constitntion, que nous devons la pratiqller


loyalement et sincerement et que rien n'empeche de l'ap-
prouver comme reuvre de transaction, et de l'appeler, a ce
titre, une législation juste, morale et sage.


Cela n'est pas un obstacle a ce que nous donnions notre
plein et entier assentiment aux encycliques de Sa Sainteté
et au Syllabus. Conformément a ces documents, un catholi.,
que beIge doit condamner le scepticisme et le naturalisme,
qui sont le point de départ du libéralisme moderne, et tout
ce qui découle de ces systemes impies ; mais il peut, en
meme temps, tenir d'une main ferme le drapeau de la Con-
stitution. Ce n'est pas nous seuls qui tenons ce langage¡ nous
le tenons avec la Civilt(t cattolica, dont le caractere spécial
est connu de tout l'univers. En date du 14janvier 1865,e11e
publia les lignes suivantes : « El ici nous aimonsamention-
« ner labelle conduite des journaux catboliques belges et
« francais a l'égard de l'Encyclique du 8 décembre. Autant
« furent violentes et furibondes les attaques des libéraux
« contre cet actede sagesse et de courage apostoliques, au-
« tant fut prompf.e, spontanée et complete la protestation




2.1
.« d'obéissance, de respect et de vénération, par laquelle le
. ~ Journal de Bruxelles, la Paix et d'autres journaux ren-
« dirent devant Dieu et devant les hommes un solennel té.
«moignage de leur dévouement a l'autorité du Saint-Siége
« et de leur docilité i't son enseignement. Ce qui,a vrai dire,
« n'a pas dlileur etre le moinsdu monde difficile, attendu
« que l'Encyclique n'atteint en rien la Constitution beIge,
« ni les droits et les devoirs des citoyens belges, ni leurs
t: Jégitimes libertés politiques. Jl che, per vero dire, dovea
e loro tornare per niente dilficile, atteso che l'Enciclica non
~ offende punto la, Costituzione Belga, ne i diritti ed ido·
~ veri de' cittadini di cola, ne le legiltime loro liberta politiche.
( Il nous peine de ne pouvoir rapporter ici, pardéfaut d'es-
r: pace, chacune des déclarations desdits journaux; mais
é nous ne saurions passer sous silence que le Journalde Bru-
e xelles, non content d'avoir professé une pleine et entiere
« soumission aux enseignements du Saint-Pere, publia cou·
! rageusement plusieurs articles pour démontrer la justesse,
« la convenance et l'opportunité des définitions les plus com-
e battues par les ennemis de l'Église. C'est ce dont nous
«lui adressoDs les congratulations les plus sinceres et le¡t
« plus cordiales. »


Ainsi, I'Encyclique d'un coté comme théorie d'un gou-
vernement vraiment chrétien, et la Constitution beIge
d'un autre coté comme loi fondamentale et pratique d'un
pays qui est dans les conditions de la Belgique : tel a été et
tel sera le programme des catholiques belges.


Monseigneur de Montpellier, éveque de Liége
traite le meme sujet dans une leUre pastorale de
eette année 1878, OU il s'exprime ainsi :


La constHution a fait sans doute lt l'imperfection moraIe
du corps social auquel elle devait etre appliquée, toutes les
concessions jugées nécessaires pour que la Société civile
plit atteindre sa fin propre, la félicité temporelle par l'ordre,
par la paix, par l'union entre tous les citoyens. Bien loin
de mettre Dieu hors l'Etat et hors la loi, la Constitution lui




reCOllDaft le droit a un culte public ; elle p~oclame les obli-
gations de la nation relativement au culte: obligatiOli
d'en assurer le libre exercice public ct extérieur, obligatlon
d'y concúvrir en procurant la subsistance a ses ministres;
bbligation d'en respecter les institutions et la hiérarchíe;
etc. Par cela seul que la Constitution reconnalt le cultE\ re~
ligieux, meme en général, elle professe l'existence de celul
qui seul a le droit de recevoir ce culte.


Il faut donc bÍen se garder de con{ondre la Constitution
avec le libéralisme. L'Eglise catholique ne les confond pas, ~
Elle réprouve le lihéralisme comme étant une déclaration
et la profession de principes faux et impies; elle voit dans
la Constitution beige une nécessité socia[e a laquelle on ne
peut né pas se soumettre sans exposer le pays a des lrollb!es
sans fin) troubles qu'elle ne veut pas)~qu'elle ne saurait vou-
[oi.,. •


Certes J la ConstÍtution beIge est dans les condi-
tions de toutes les ehoses humaines; elle n'est ni
sans derauts, ni sans taches, et elle l'affirme elle-
me me la ou elle détermine les conditions de sa
révision éventuclle. A la question que j'ai posée
tout a l'heure : Si le CongrJs national ne pouvait
faire mieux; dans La situation ou se trouvait et
OZl se trouv,e la Belgique) vous avez entendu la
réponse de plusieurs éerivains de ]a compagnie
de Jésus, et il faut avouer qu'en géneral eette ré-
ponse est aussi sage que savante. 11 n'en est pas
moins permis de penser et de dire, sur ce sujet, ce
qu'apensé et dit le Roi des Belges Léopold Ier; ce
qu'a pen~é et dit M. Guizot, l'un des plus célebres
défenscurs du gouvcrnerncnt constitutionnel; ce
que pensent, ce que disent et ce que [ont les hom-
mes d'Etat de la libreAngleterre et des Etats-Unis




- 2,3- ~
d'Amérique. te Roi lkopold Ier a dit 'plus d'une
Cois en presence de. témoins les plus dignes de foi,
'Ju'en lisant attentivement la constitntion beIge,
U était {acile de voir qu' elle avait été faite
en l'absence de la l'oyauté. - M. Guizot, par-
lant des diverses Constitutions modernes analo-
gues, n'a pas eraint d'éerirc~ en 1849, dans son
tres-remarquable ouvrage sur la démocratie en
France) que vouloir appuyer le regime represen-
tatif exclusivement sur les eJections, c'etait me-
connaltre la nature de l'homme el la nature de
la société, paree que les principales forces sociales
n'ont pas besoin d'etre eIues pour etre ce qu'elles
sont) et pour avoir ainsi le droit de participer au
gouvernement d'une nation. tes Anglais et les
eitoyens des Etats-Unis, amis fideIes aujourd'hui de
la tolhance civile, ne la croient nullement incom-
patible avec la profcssion publique de la foi chre-
tienne par fEtat, par exemplf~ avee la ]oi du repos
du dimanche, du grand jour consacre au culte de
Dieu. Le mariage reJigieux, loin d'etre non avenu
en Angleterre aux yeux de l'autorité publique, y
reste le fondement sacre de la famille, et l'Etat se
contente de consta ter la célebration religieuse du
mariage enlre chrétiens pOUI' en assurer les effets
civils. Pourquoi done serait-il defendu aux Belges
de penser et de dire que, sur ces différents points,
Léópold Ier,lU. Guizot, lesAng'lais et lesAméricains
des Etats-Unis, ont eté plus clairvoyants que les
membres de notre Congres national? . .


II n'en reste pas moins c~rtain qu'il est aQssj li-.




24 -
cite de pr~ter le sermenl de fidélité a la cÓ~stilu·
lion beIge, qu'il I'a été de le pr~tera la charte de
la Restauration, a la loi fondamentale du royaume
des Pays-bas, a la Constitution du gouvernement
de Juillet, dans le sens declare par le Saint-Siége,
et que Monseigneur l'Ev~que de Liége a eu raison
de dire, au sujet de la Constitution beIge, ce que
nous avons cité tout a l'heure de sa dernicre
lettre pastorale.


Le liberalisme, iI est vrai, pretend aujourd'hui
imposer aux eatholiques le serment constitutionnel _
dans tout un auh'e, sens, daos le sens du scepti-
cisme rationaliste ou de l'indifférentisme, dans le
sen s du pretendu droit naturel qu'aurait l'homme
de penser, de dire, d'écrire, de confesser, de publier
tout ce qui lui sembIe bon, comrne si l'homme qui
est libre de penser, de parler et de faire bien ou
mal, n'était pas obligé par le droit naturel de pen-
ser et de parler comme il faut~ et d'ar,ir de meme.
Mais le libéralisme n'a pas eté le Con gres consti-
tuant, et il n' est pas non plus la Constitution
beIge. Il est sans droÍt pour nous imposer ses
théories. J'aidémontré· que' ses théories sont vai.
nes 1, et qu'il n'est pas, lui, la doctrine de la rai-
son, qu'il n'est pas la doctrine de la liberte, qu'il
n'est pas la doctrine de la eivilisation. Ses adeptes,
en grand nombre, le reconnaitront un jour, maÍs
ce sera quand ils seront en presence des dftrnÍeres
~t lamentables consequences de l'erreur qUÍ les


i 'Le liMralisme i re lettre a un pnbliciste.




25
-'-'


"trompe. La pleine experience du mal enfante par
~l~erreur les jettera dans les bras de la verite.


III.
, C'est alors que les peuples eivilises par le ehris-
tianisme, mais devenus ingrats, retourneront
ouvertement a la sonree de lenr eivilisation, et
reprendront le ehemin de lous les progres a la
lumiere de l'évangile. C'esl alors que sans confon-
dre jamais la législation eivile avee la Iegislation
religieuse, ils appuieront eependant leurs eonsti-
tutions et Jeurs lois sur la charte-mere, sur la loí
divine de l'éternellc allianee. C'est alors que la
sociéte domestique el. la s()ciété polítique retrouve-
ront, par leur union avee la société religieuse, ce
qui leur manque trop souvent aujourd'hui, la vie
8uperieure san s laquelle toutes les ehoses de ee
monde n'auraient pour nous d'autre but que le
eimetiere. C'est alors que l'homme, enfant de la
famille, enfimt de la patrie, enfant de rEglise,
jouira de l'harmonie des sociétés et des puissanees,
comprendra que son droit essentiel est celui d'ac-
complir son devoir pour parvenir a sa fin, et verra
sa liberté garantie par la vérité, selon eette parole
de l'unique libérateur du genre humain: veritas
liberabit vos.


Nous n'ignorons pas que eeUe pleine restaura-
tion de la société chretienne n'apparait aux yeux
de plusieurs que dan s un tres-Iointain avenir,
mais notre époque est cependant pIeine de faits'
précurscqrs de eet avenir,
,




· Et d'abord, n'est-il pas vrai que les schismes,
les sectes, les reliuions nationales, les cultes de
races, sont pat'tout it l'auonie ; que le monde va
se divisant en ueux camps. el que deux forces
seulement s'en disputent désormais l'empire ~ la
pleine foi dans l'unité catholique, et la plt'ine
apostasie dans l'unité de la négation de toute rew
vélation divine? Mais n'est-il pas vrai aussi,
qu'unie pour nier et pour détruire, I'apostasie ne
sait plus rien affirmer qui tienne, et ne possede'
absolument rien d'une unité positive ? Elle n'est
done qu'une puissance de dissolution, une puis-
sanee de mort. Quelle pllissance de vie, au con-
traire, dans l'unité catholique! L'incrédulité
jalo use prétend que la moitié du monde civilis6
n'appariíent plus it l'Eglise, mais cornrnent' ne
voit-elle pas que I'Eglise est toute vivante chez les
nations me mes ou les gouvernements l'abandon-
nent ou la persécutent? VEglise n'est-elle pas
toute ,vivante en Allemagne, toute vivante en
l\ussie, toute vivante en Suisse, toute vivante en
Italie ? On a pretendu rompre, dans l'empire da
Nord~ l'unité de l'épiscopat catholique, maisen
entrainant les éveques' en Sibérie, ron n'a pu les
faire sortir de la catholicité. On a essaré, par
la prison et l'exil, de les arracher .a I'Eglise
dans le nouvel empit·c germanique, mais on
n'a rtmssi qu'il faire briller d'un nouvel éclat
lcur inviricible union avec la chaire de Pierre,
et qu'it faire retentir avcc une vigueur toutc nou"
velle la confession de foi des miHions de catholi-




- ,27
qnes atlemands. L'on a violemment enlevé, aux
fideles de la Suisse, les sanctuaires de la priere et
dtt sacrifice, pour les 1ivrer !lux ministres achetés
a'un schisme mépril!able~ mais ces sanctuaires sont
rcstés vides, et ron a vu les enfants de J'Eglise
se réunir en foule dans de pauvres ijranges, en
attendant de meiHeurs jours. L'aposlasie. a aspéré
de transfoMller I'Italie, et meme Rome, a son ima-
ge, mais toot le monde sait qu'elle 1'a espéré en
vain. Les loges, ~ans doute, agitent I'Italie, mais
¡'Italie est toujours catholique. C'est également en
Tain que l'on tente d'arracher la France a I'Eglise.
Ceul qui tI'oublent aujourd'hui eeUe grande na-
tion, la patrie de Clovis, de Charlemagne, de sai.Dt
Louis et de Henri IV, eeux qui ne négligent rien
pour la rapetisser a Icur tailIe, ne peuvent cepen-
dant pas ne pas voir que, chez. elle, les grands noms
et les grandes reuvres appartiennent toujours a la
foi, et que la France chrétienne subsistera, quand
tout ce qu'ils veulent lui substituer ne sera plu!i
qu'une ruine. Et quel spectacle nous offre I'An-:
gIeterre? Non-seulement ses grands hommes, ses-:
savants, les premiers, sans contredit, de l'analica-'
nisme, embrassent l'unitc eatholique avec amour,
mais la puissance anglaise elle-meme admire el
seconde ]a puissance spirituelle de l'Eglise, et elle
orfre ses vaisseaux et sa protection aux légions de
missionnaires catholiques qui vont pórter en Asie
el . en Afl'iquc la civilisation chrétienne.


Un autre signe précurseur du triomphe de
I'Eglise, c'est ce qui s'est passé et ccqui sepasse;




28
depuis les epreuves du Saint-Siege. La revolution
a resolu d'enlever au supr~me pasteur les moyens
de gouverner I'Eglise universeIle, et dans un sens
elle y a reussi. Mais pendant qu'elle privait le Pape
des conditions normales de sa liherté et de son
action, sans que les puissances, les empereurs et
les rgis,. parussent eeUe fois s'en emouvoir, les
peuples se sont emus et se sont leves, et voiIa
qu'ilS repandent leurs dons au! pieds du Vicaire de
Jesus-Christ, avec une largesse et une constance
désesperantes pour ses ennemis.Le denier de Saint-
Pierre est une institution. 00, eut traite cette insti.
tution de ehimérique esperance iI y a cent, iI y a
cinquante ans memc, mais la foi en a fait a nos
yeux une puissante realité.


Il n'en est pas moins vrai que l'EgIise souffre
chez hiendes nations, mais sa croix, comme tou-
jours, est pIeine de vie. CeUe vie se manifestc a
ceUe heure par une triple restauration qui est elle-
meme un nouveau signe precurseur d'un grand
avenir. Je parle de la restauration des grands
sanctuaires de la science, de la charite et de la
pieté. Les grands sanctuaires de la science, ce sont
les univf'rsites catholiques qui se relevent fieres
du Credo reste dehout apres tout ce qui a ete rait
pour l'éhranler ; les grands sanctuaires de la cha-
rite, ce sont les instÍtutions religieuses'qui renais-
sent plus nombrcuses que jamais, offrant aux
miseres humaines, a l'ignorance, a la faihlesse,
aux enfants ahandonnés, aux vieillards délaisses,
aux ~alades, aux infirmes, aux aliénes eux·meme~,




29
erolque devouement dont sont seules capablcs
ames librement consacrees a la pauvrete, a la


. asteté, a l'obeissance. Les grands sanetuaires de
piete, ce sont les cathCdrales, les basiliques, et


, s autres temples du Dieu vivant, qui reprennent
rlout leur aneienne splendeur, comme pour se


. eparer au proehain Te Deum de la ehretiente.
~., Mais un autre signe du temps, e'est qu'il plalt a


t'eu de parler au monde infideIe par la voix des .iracles : signa injidelibus. Nous savons bien que apostasie essaie de s'en debarrasser en rieanant,
Baais, n'en doutez pas, elle ne rieane que paree
iu'cUe a peur. Les faits sont des faits, et manifes-
~ent ils la tourmentent.
r Enfin, voulez-vous un dernier signe de la vie-
~irc de la foi? Vorez, en presenee de l'Egl:~e,
\'attitude de ses ennemÍf,. N'est-elle pas l'attitude
ije la violenee, de la ruse et du mensonge? Par-
leurs de toleran ce, Bs n'ont d'espoir qu'en la force,
et toute leur sagesse consiste a s'emparer des pou-
voirs publies pour combattre l'enseignement de
]~glise. Adeptes pretendus de la liberte de con-
scienee, ils ne veulent, en verite, qu'imposer leur
religion d' Etat) ou pluMt leur irréligion d' Etat J
leur doctrine a eux, leur seepticisme, leurs neGa-
tíons, sous le masqued'une neutralite hypocrite et
impossible, dans un enseignement obligatoil'e a
tous les degres. Et e'est aux frais des familles ehre-
tiennes, ]a meme ou elles sont en immense majo-
rite, qu'iIs veulent fonder ce despotisme intelIee-
tuel, le plus repoussant de tous. Ce n' est pas . tout :




M
la' ';ue de l'Eglise les irrite comme la lumillre Ír-
rite les yeux malades, et leur colere eontre elle
devient inscnsec. N'ont-ils pas dit et ecrit cent fois:
~(Soyez schismatiques, soyez protestants, 'soyez
"(e musulmans, soyez méme payens du brahma.
( nisme ou du boudhisme, soyez tont ce que vous
(c voudrez, pOUl'VU que jamllis vous ne soyez ca-
ce tholiques; fuyez l'Eglise seule. »


Et quelle Eglisc !
L'Eglise des apOtres et des mal'tyrs; l'Eglise


des Pel'es et des Docteurs dont les noms discn!
plus que tout ce qu'on en peul dire, I'Eglise des
Athanase el des Augustin, des Ambroise et des
Chrysostome, des Leon, des Grégoire de R.ome et
de Nazianzc; l'Eglise des fondateurs d'ordres, de
ces inuombtables familles de heros qui out trans-
forme les peuples et qui ne cessent de les sancti-
ner, l'Eglise dos Beno)!, des Bernard. des Norhert,
des DomiAiquc, des Fran¡;ois d'Assisc ; l'Eglise des
Ignace et des Fran¡;ois-Xavier, des Philippe de Neri
et des Cajetan de Thicnne, des Fran¡;ois de Sales
et des Vinecnt de Paul, des Paul de la Croix, des de
la Salle et des Alphonse de Liguori; I'Eglise des
grands hommes de la scicnce, depuis les Clément
d'Alexandrie et les Origenc, les Thomas d'Aquin
el les Bonaventure, jusqu'aux Leibnilz 1 et aux
Descartes, aux Fénelon et aux Bossuet; I'Eglise
dont le sacrifiee explique seul les traditions de
tous les p~uples sur la déeheuncc el la rédemption


. i. Voyez sa profession de foi daos son Systeme théologique~.




r.r~" I'h~m~e, I'Egli: ~:!I le. .n .. ¡¡¡nement. ré-~ndent seuls a toutes les questions de l'ame,
l:'Eglisc dont les sacrements guerissent seuls toutes
t~8 ~lesgures de filme, l'Eslise dont le grand sacre-
~ent d'amour etanche seul la soif de l'ame, et
~&n~e8eul a la faiblesse humaine la force qui
t~~apparalt pas seulement chez les saints~ mais chez
'une foule de chretiens que consume l'amour de
Dieu el du prochain, dans toutes les conditions
. sociales. Mais e'est justement ce lumineuxeclat de
l'Eglise qui irrite l'incredlllité. - En voulez-vous


:}a preuve ? Pendant qll'elle, l'incrédulite, détollrne
1es yeux des grandes el des saintes choses de l'E·
. glise, ne s' en va-tocHe pas de tous cotes a la re-
;cherche des scandales, et quand elle rencontre
~<Iuelques malheurellx infideles meles aux innom-
~hrables armees spirituelles de la catholicité, ne
s'empare-t.elle pas dc ces exceptions pour en
lriompher avec une ignoble joie? - C'est que
I'Eglise geme seule sur la terre les revoltés contre
Dieu. Tout le reste y porte le cachet de l'homme
et laisse l'orgueil en paix. Mais I'Eglise porte au
front le signe du maitre, et c'est en sa presence
seule que l'apostasie ~ fremit et repete le non ser-
viam. De la sa haine de I'Eglise, et son envie de
la persecuter. Elle y reussit quand Dieu la laisse
Caire, et il la laisse faire quand le monde a besoin
d'expiation. Mais l'heure des grandes épreuves de
l'Eglise tonche tonjours a I'heurc des grandes be-
,nédictions. Toute l'histoire de l'Eglise le prouve;
~ct~otre epoque le prouvera a son tour,




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Catholiques, ne l'oublions pas, c'est sur la croix


que s'est aeeomplie eette parole: raí vaincu, le
monde~ et e'est a nous que s'adresse eette autre
parole du ffrand vainqueur: En vérité~ en vérité}
je vous le dis~ si le grain de froment~ totnbant
en terre) ne meUl't pas) il reste seuZ} mais s'il
meurt) il porte beaucoup de fruits. Qu'avons-nous
done a eraindre? Nos ennemis, par leurs violences,
travaillent~ ma]gré cux, ~ la moisson de l'Eglise
de Dieu.