~IANIJSCRIT ~OE L'AN TROIS ( 1794-1795 ). SE VEND AUSSI eH E'l ...
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~IANIJSCRIT


~OE L'AN TROIS
( 1794-1795 ).




SE VEND AUSSI


eH E'l


DELA.L"N'\ Y, Libraire, Palais-Royal. - MONGIE, boulcvarl Jes Hallen" n
J In.


BAUDÓUlN, rile de Vaugirard, UD. 17


'.


"


Ouvrages du rnémc Aulcur.
" .


l\IANUSCRIT DE 1812. - MANUSCRIT DE 1813.
- MANUSCRIT DE 1814.


I'AI\IS. IMPI\IIlIERIF. DEL\I"
R\H' [;<lrine )no. 4, place (le l'Oll~on




MANUSCRIT


DE L'AN TROIS
(1794-1795)


CO\TE:-.'A\T LES PREM1ERES TRAl\'SACTIONS DES PUISSANCES DE


L'EUROPE AVEC L,\ RÉPUBLIQl:E FRAl\t¡AISE,


ET LE 'L\BLEA() n~s UERNtERS i"ÉNEl1ENS


,


DU RE GIME CONVENTIONNEL,
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU CABlNET DE CETTE ÉPOQUI::,


PAR LE BARON FAIN,
.\I.Olh :5E(.Rt.T.\lIU\ ATJ r.OMJT~ J:dILlTAfRE DE LA CO~YENT!ON


=


.;: t'~~~~ ¡ .:~~. ·.f~~·,.""
- ....


PA.RIS.
A. DUPONT ET C". LIBRAIRES ~


RUE VIVIENNE, N°, .6.


1828.


·1
I




I
I




PRÉF ACE.


e E liyrc 1wut etrc cOllsidéri~ comme une
int¡'oduction aux tcmps du Direcloirc el de


fEmplre, sur Icsqucls le Puhlic scmhle maill-
tcnant reporter son altent.ion avec quelque
intérct. Le récit. commence ü. l'epoque qui a
suivi le 9 thcrmidor; ma memoil'e 11e peut
remonte]' plus loju, C'est le moment ou 1('
llasanl des tcmps m'a transporte du eolltige
dans les hllreaux de la Cornent.ion nationale,
el je /le racollte que les éH~llemClls ,dont .fai
été le témoin. Les souvenlt's de la pl'emicre
jeunesse ne sont ni les moills súrs lli les mOil]5
sinceres. D'ailleurs, ce queje n'ai fait. qu'cn-
trevoir alors, j'ai pu daos la suite l'étudiel'
plus múremenl; une circonstance padiculiere
m'en a fait mellle UII lI('voil'. Lorsr¡ue le g(:l}(:ral
BOlJaparte ('sI arl'in: au gOl!\ el'llerne/lt, il a




PREFACE.


dcmandé qu'tm llli rcmil 1111 pr(~cis d('s w:gu
ciations qui avaient précédC SU proJl101 iml u Ii
commandemcll t de l'al'lnée d'Ilalip ; el, ce II'a-
vail a Pié la premien' I's(1I1is5(' de J'oll\Tagl'
que .ie publie alljollrd'hui. Cp sera, si rOl!
vcut, l'bisloirc du Cabilld de I'an !rois. -- Le
Cabinet dc l'an trois ! ... je vois d'ici hiell tles
prcventiolls s'exprimel' par mI som,jl'e. Y
avait-il un Cabinet e1l l'all trois ? Le livre j'(:-
pondra. Au surplus, il rst tout simple que
jusqu'a prcsent. OH en ait douté. Talldisque les
aff'aires politiques se fraitaicnt dalls le silell(,(,
de la nuit, au fond des appartemcns clemcu-
blés des Tuilcries , les révollltions des pal,tis
roulaienf les unes sur les autres ayer autant de
rapidité que de hl'uit. Ellcs absol'baicIIt loulc
l'attentioll de la place puhliql1e, d I'histoil'c
contemporaille se remplissait avcc lIIlP t('lI('
ahondanee des évélleIllens du jour, que Ic-s
travaux de la Huit u'y pOllvaicnt gm\l'cs trou-
ver de place. Cettc pl'coccupation d .. s esprits
s'est eOlltinw'·c lOllg-tcmps, el de distl'adiolls
en tlisll'adiolls, pel'so/1l1(, 1I'a plns PCIIS(; Ú Id




')
"


JaCUllc qui étaiL rest(~e el! al'l'iére. II fuut Je
dirc aussi : l'lwbiturle de confondre les opc-
ratiolls du g()lIVel'llernent r('puhlicain avec
les cxcés tic la H(:vollltiou u'a pas pell eOIl-
tl'iLué a prolouger la meprisc; et si ron se
rappelle avec quclle adres se ces prcvcntions
out ctc cultivt:cs, pcut-on s·d.onncl' de leur
puissancc et de kili' dUl'ec? Qucl cmpresse-
mcní n'a-t-on pas mis a l'apetisser , par le ri-
rlicule, les hOlllmes eL les travaux que les
evencmens s'efror~aient de grandir! Que de
soins pour deguisel', par des expressioIls dé-
tournees, le véritahle buí des partis et pOUl'
dénatul'er a leul' uaissallec les moindres re-
lations qui tendaienl a s'établil' daus la so-
ciete nOllvelle? 011 a tant dit, tant éCI'it,
taní/'epctéqu'i1 n',v avai¡ sU!' les hallcs de la
Convelltioll que drs sots, des fi'ipolls ou des
hourreaux, epúl n'l'st pas étonnaIlt que le
jugemen [de pI usieurs géné,'<) ti OilS en soi t peste
fascine. A tl'avel'S tous ces mepris, et par
;lela tallt de fautes el I.allt de criml's, COIll-
ment alll'ait-on devill(; d(~ v~l'itabl('s talens,


, ,




p R~:FA CE.
dc grands caracteres, et tOllt ce qUl pcui
recommander un Cahil1ct?


l\'lais la Restaurat,ioll a termine le drame ,
et l'OH peut maintenant mettre de coté les
illusions de la scelle ct la d~faveul' que cer-
tains róles ont encourue , ponr ne plus voir
que les acteurs, les appeler par Jeurs lloms ,
les reconnailre a visage découvert, et faire
la part de leur merile persounel.


Les reputatiolls inclivicluelles cornmence-
ront la réhabilitation du groupe d'ou elles
sont sorties, el l1Put-etre que td 1I0m lera
r~jaillir sur eette epoque reclat. qu'il en au-
rait pu reeevoir. TI n'est pas jusqu'il la com-
position des Bure~ux qui n'offre matiere á
réflcxion sur l'injustice des idees qui ont pré-
valu si long-temps! Ceux flui n'ont ¡u que
les histoires des partis se douten t.-ils que les
comites du gouvernement avaient pour prin-
cipaux employes le general Clarke, depuis
maréchal de Franee; le géuéral Dupont, de-
puis ministre du roí Louís XVIiI; M. Rein-
hard, 311,iOllrd'hui minist.re df' Frllllce ~




PR.¡;~FACK
fl'aucfort; 1\1. Otto, qui a eté l'hOllueur de
la diplomatic fransaise, llotarnment a Londres
et a Vienué ; N ug-ues Saiut-Cyr, le eompagnon
de Suchet; Faypoult, ministre des finances du
Direcloire etpréfetde l'Empil'ej Gau, conseillcr
d'état; AubusSOll, jusqu'au dernier moment
chef de la seerétairerie d'ctat; Piel're et Cha-
beuf, les prerniers collaboratellrs de Frochot 11
la prefeclure de la Seine; Petitot, de l'univer,..
site; eL tant d'autres ?


Sur vingtemployes que nous étious, tout au
plus, au Comité Militaire,on peut citer BailIy
de Monthioll, qui est devenu aide-ll1ajor-gené-
mI de la grande arll1ce; Courtin , procureur-
imperial a Paris; Fréville, aujourd'hui con-
s,eiller d'état; Mazoyer, aujourd'hui maitre
des requetes; l'adjudant-general Hortode;
Grivel, aujourd'llUi coulre -amiral ; etc. :.\1ais
iI cst ¡uutile de pousser plus loiu cetLe 1101l1Cll-
clatul'c secolldail'e. Ce qui merite l'aLlcutioll,
e'cst la listc des lllcmbl'es du comité de Salut
Publie, qui seSOllt. suecéd(~ au timoll de retal,
'/ans ces .iOUl'S d'ol'age ct de l'cvolulioll ; jr.




P R f:FAC E.


l'offre a ceux de mes leeteurs fJUI seraicllf
cUl'ieux de juger les choses d'apres les per-
sonnes) ou les persOImes d'apres If's choses. '


M. Thibaudeau est jusrfll'a ce ,iour k seul
des membres du comité de Salut Publie qui,
je crois, ait publié des mémoires : son volume
sup les temps de la Convelltioll off,'c des ta-
hleaux d'uIIe grande vérité; ,¡'en ni extrait
quclques notes (lui pourl'Ollt senil' a rnppro-
cher nos deux l'écit::.


Enfin, pOllr facilite!' lilltelligeuce de mOll
Manuscrit, j'y ai joint, 1". une concordancc
du calendl'if:r républicaill avec le eaJendriel'
vulgaire ponr !'an In, et, 2". le plan de l'oc-
cupatioll des Tuilerics par la Convclltioll
Jlutiollale a l'(;poquc dOllt nOLlS allolls l'cpas··
"Pl' les événelllens.




CONl~ORDANCE
J,l¡/ t 'a/c¡,d¡ú;¡' 1'1 lJl1 b!i¡;(tÍll (H'ce: le l,({.!t:¡¡,IIl<'¡ p,IC-


!'.OI'ICIl jiUiII' ti/Il / I1 de la RCjillb/i'jl/¡;


1


II ¡'ll_)l'imidi. 'J.,llIIllOi. Jll'l'idi. R' <¡IQII~l'lidi.
~ :) 0lHllluli. (il~e'-l~d~.


I : \St-'pIHll.
8 l Odidi.
!)¡ ,\nllidi.


. I () ¡ l)~ (: ,\ !' t • i 111'" ¡llIidi.
~ I ;JIJI~()(.li. ¡,.Ji I r"b,


J 11(!liarlid;.
J.'·"I<)IJint.idi.
d) St·xlidi.
1::1~\·plitli .
i!1iOdidi.
!()'~llllidi.
').~JI I>l, c.\ PI.
'~J.II'."llHidi .
"') J)III)(li.
·.~31'1 J'id i.


1
'.'.1 <".)lIarl idi.
"!JIOHilllidi .
:~Ii S/''\ ¡idi.
. ~~ ~wplidi.


, ~8 Oel"li. ~IO i\ollldi.
301h,fHII.


t


PltE;\J1ER TRiMESTRE,


1: ~
l'i~¡t, :BR1)"I.\lRE, 1~~)t. I1 FRIMAIHE 1~94.


-I-I,--=---¡'-I-l "
L. 2~~ rJ;¡11 1 Primidi. \1 'j') \ i Pt'i;r:idi. V :u ~
M. '23.2' I ',lJuodi, ,'1.' 1';3 ~ i 2 DllOdi. \:,j{'J'.'. '''1;:
1\1 ':24 ~ 11 :1 Tl'idi. \ 1'J'l ;'11 ~\ TriJi. ,>-3 ~ I
.1. 12J §"" } Quarli.1i. S. "5;:; '1 Q""rlicli "} ~I
Y. ,.,(j:~ ,,(llIilllidi,]J. ,~(j' 11 :l Qllilltidi'I~1 :n",.
S .. ,- (; St>xlidi. 1 ,'.!¡ 11 G Sf'xlitli. 1\1: .~(;. !
D.';,S ~IS"Pli<li I"J.·· '>.8 1\ ~ ~"plidi. ,1. "'7 :
L. '?I/ fi Udidi, M. "f) ,1 S ()elidi. ¡\', ':8 :
1\1. Jo Djl\ollidi.,J. 311 ~) 'ollidi. ¡S .. ~~) \'.1 J O JI} 1)"i~\"1 l' .'JI ,il0 D¡CAPl ~f). 30
J i 'l ':2. I f i Pl'imidi, S 1/< 11 ]ll'imidi ¡l.. 1 ;;
v. I 3 ~I I'~ IhlOdi, n. :~ s':1 I:l¡ J)!lpdi. 11\1. ',~~'
S. , 'J 3 13 '1', idi. L 3 ? ,1 J3iTl'jdi, J\1. .)::;
/J. ,:) 1 ti ()ll:ll·t!di. ~ ~r. 1 ~'1 41 (}¡¡arlídL.I,! '1 §-
L. (j I:) (JulIILtdi, ,\J :).~: 1.-) (}llintid:. ,1,:,' :1 ¿ I
\1. ! 7 ,d; St.':-..tidi. .J, (; Id; Sn..lidi .J l)
,\1. I () ,17;Sqdidi. \ r· 1; St'plidi, J).
.r. !l I¡SI(klidi. S. R 'ti (Jeti.1; L
V. ,JO 1!) \unid!. n, ~) r~) ",\<llIidi 1\1
S. 11 : () Drl,\I)I. 1. lq l!'~o IhC\lll ¡','rl ..
/J. l! i'n 11J'irnidi. 1\1 111 1 Pl'imidJ.
L 11 ,"" (I"o.1i. ~I.' l', ,:~ lJ,~"di. V,


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\l. lí i'·':lITridi. J. 113 :'.) 11'1.1.. I'S.
\1. 1:) ",.!~'()ual"lidi. V 11'+ ;,~~·1 (Ju;IJ,tidi. n. 14
. 1 d; !',<~i(!tlil~li.rli. S I L~) ':u ()lIilltidi. 1
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IS ,~~,;IS"l'¡idi L. !I~ ;;~~~IS('plidi, M .
D I!/ 1:<:-II'O,liol;. '1. IH ¡','¡"(),-li,li. J
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}[ ., I t,3"1 DFc.AlJl ,1. ','" r" DEopr, S.


1:)
¡(i




8


DEU X IEME TRIl\lEST RE.


I
-


I!: VE:'HOSE.
1794


C'/rVOSE. el J>L¡;YIOSE. 1 í!l5. 1795.


I
1I9S. I _11
-, ---


I
r1primidi. 2o~l! 19~ I Primidi. ¡J. 210' ilf. 1 Prinlidi. ./.
~~ Duodi. L. Tl ~~I '"' \nUOdi. iIf. :21 ~ '1 2 [)uodi. V. '20 ~
3 Tridi. ilI. 23 g 3 Tl'idi. J. 2?, ~. 3 Tridi. S. :!.l ~',
!r Qllartidi. M. 21 ~! 4,Quarlidi. V. 23 . 4 Ql1arli,li. D. :~~


1
S Qllintidi. J. 25' 1, S!Quinlicli. S. 24 ;) (}uintiJi. L. 23
ti Sexlidi. V. 2(j ii 6


1


Sexticli. D. 2.) () Se"tidi. ,,).


1:1 ? Scptidi. S. 27 I 7 Seplicli. L. 'j(j 7 Scptidi. ~l. :80ctidi. D 7.8 80di,li. M. '2í 8 'Octidi. .1. ?6
9. Nonidi. L 29 19 ,Nonidi. iII. ',8 ! 9·"ouidi. V ').7 I ,


! 10 DECAnr. J\;I. 30 !()'f)l'.CAor. J. "0 110 [h,CAnr. S. '28
11 Primidi. M. 31 I 11 Pl'irnidi, V. 3" I'¡ 1 I Pri",idi. D.: 1 e=:':


:12 Duocli. J. 1", ,1~ Iluo,h. S. 31 11'lI>uodi. L. I '2; I
13 Tl'icli. V. :JO 13 Tl'idj. D. 1." ,¡ 13 Trieli. M. 3;-
I'J Qllartidi. S. 3 ~'Il 1 <..lnarlicli L. '"' ti! 14 Qual'lidi. ,\I, 4


I
t;) Qllintidi. D. 4:' 1 IS!VuinlJ<j¡. M. :; ::2f5 1()t1inlicli. .1. S
10 Sextidi. L. 5 11(j'SC~tidi. M. :j .' 1 l(j,,~,'xlicli V. ()
[~ Seplidi. ilI. G ¡171 Septid l . J. " ,17!S"plidi. S. 7
18 Oct.icli. iII. 7 lS Oclidl. V. 6 ¡IS¡(klidi. D. 8 ¡
H) Nonidi. J. 8 1119 NOllldi. S. 7 i Io·'1onidi. L. 9


:20 DEC,\DI. v. 9 2U DECADT. D. 8 i20\IJECADI. M 10
''1.1 Primidi. S. lO 12] PrimiJi. L. O !,21 Primidi. ~I. III
2'). Dllodi. D. 11 121 Ouodi. lII. [O- !~.~ Duodi. J. n
'13 Tridi. L. 12 23 Tridi. ilI. 11 1231'[ridi. V.


1
13


24- Quarti,li. ]\f. [3 10l'¡. Quartidi. J. L>. :'l.4-,QllarLidi s. 14-
?5 Quintidi. ilL 14 125 I QuinLiJi. V. 13 !:~S:QlIifllidi j). 1 15
2() Sextidi. J. 1:> ,00(llseXlicli s. 11 I ~oSr:\.licli. L. i 16


Septidi. 16 112~ S"I,tidi. D. 15 j' I .,. .," V. !'~7 Sl'plH J. ,\T. I J7 1;8 Octidi. s. 17 " l°ctlCh. L. lO :>80,·lidi. .VI. lIS
:29 i'ionidi. D. IS ,291 '\onidi. ilf. 1" / 2 Uh"Ollidi. .J. i lU
30 DECADI. L. IU ro ])ECADI. . \1. dl '3" IJiECADl. v . ! '20


I
,


,
,


I I 1I I 1




9


TROISIElHE TRIMESTRE.


I (;ERML\AL. 1795.\1\\ FLORÉ AL. 1795 I PRAIRIAL 1795. I1
1____ ~II'
! I Prilllidi. S. 21 ;::,'[ ] Il'rimidi. L. 20 [I[l'rimidi. -III-.-2-0-,::;-1
j ~ Duodi. D.:>.'2 7 I '),1 Duodi. nI.:~ 1 l.:~ Duodi. J. .2 1 ~.
, 1 Tridi. L. ,,3' , 3 Tridi. M .. ", 3,Tridi. V.:n


4 Qual'lidi. M. "f 1 f (¿uaHidi . .1.0'.3 4' QnarlilU. S. 23
5¡II1UiIllidi. M. ":l ;) (luilltidi. V 21 1.1 Qllintidi. D. "4


¡ (i S"xlidi. .1. "O i (i Srxlidi. S 2;) (¡ Scxtidi. L. 25
7 S'·plidi. \S'.· 1;',"8/ 1 ~ Scptidi. D. 2(i 7 Septidi. :\I. ?o
li Oelilli. . _ 8 Oelidi. L. 2) 8 Oelidi. :\I. 27
f) Nonidi. D.?;!) [9 :-¡onidi. liT. 128 1 9 :\onidi J. 28


10 DReAD\. L, ''0 110 DECAD!. 1I1. 129 10 DECADI. V. 29
!II l'rimidi. 1I1. ~1 11 Pl'illli,li. J.\30 111 Primi,li. S. 30
; 1'), Duodi. :-'1. 1 >1\12 Duodi. V. 1 ~ 12 Duoili. D. 31
',I3 Tridi. J. 2:; 113 T,'idi. s. " ~'I' 13 Tridi. L. 1 ~
'I41()turlidi. V. 3 P'14 Quartidi. D. 3 :14 Quartidi,:I/. ? s' II~il)llintidi, S. f 1:115 Ouinlidi. L 415,Quintidi. 3!. 3'
'1(iIS"'lidi. D. ;¡ 111' ~cxt/(J~. M. 5 11(jisext~d~. J. 4
117 Sel'lirti. L. 6 '17 Seplldl. 31 () 17¡Sep~I~l. v S
j IS,Odu]¡. 01. " 180elidi. J. / 118,Oclldl. S. G


1 '18' 8 D 119 XonÍ< i. ". 19 Nonidi. V. '119 Nonidi. .?
,'10 DEC<Dl. J. 9 20 DECADl. S. 9 1"0 DECAD!. L. 8
1')1 Primi(ti. V. 111 ').1 Pl'imidj. D.1 10 121 Pl'imidi. ~I. 9
12" lluodi. S. 11 1')2 DlIodi. L. 111 2:>' DuoJi. .lII. 10
123 Tridi. D. 12 ~~3 TriJi. )f. L~ 23 Tridi. ,J. 11
'24 ()ua1'li<li. L. ,3 ~4 QuaIlidi. ;\I. 13 12/f Q, u"rlitli. V. 12
',,5 1111iulidi. M. 14. ~5 QuinliJi. J. II..f '15 QlIintidi.' 13 I,(j Scxlidi. M. l., I,,(j ScxliJi. V. lJ 126 ~cxtidi. D. '4
:"7 Se¡>Ildl. .l. 16 "7 S"plidi. S. IG '), Sepbdl. L. rS
"S O<'iidi v. ,:;; 28 Oelidi. D. 1~ 12 80ctirti. M. 16
"'9 ;-'I)¡¡i,li. S. 18 1:>'9 NOllidi. L. 18 h) Nonidi. iH. '7
3 .. 1h.C\D1. D. 19 JO DI.c <DI. ,\1. i 19 130 DECADr. J. 18


: 1


I


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II




lO


,\1 ESSIDOR.


QljATIUElHE TRIMESTHE.


1795. 1I THLR'IIll. 1í~Jj. III'HL:cTID. I 179.-'. '
i ,1,.",",,,, v, '9~1'1, 'dm;JL J), ,,,,11


1


Ilpl'i"'i'li. ·nl. \IS:>-'
I ').'Duodi. S. '1,0 ~ 11: '1. Duodi. L. 2U == ~.I f)llodi. M.]9 [1
1


3 Tridi. D 21 13 TI'idi. \1.:11 ~ 13 Tl'idi. J. ,.o' 1
4 QU"l'tidi. L.' 22 : { 011",·ti"i. ,1. 1'2" 4 OIl"l'li,li. V. 2I I
,~ Quinlidi. 1\'1. 23 I ;) Vuintidi. J~ 1'~3 1':) ()uinLidi. S. ~~:!


1 G¡'SC,tidi. M. 2{ '¡ ÍJ Snlidi. V, 12'+ i (jl'S"'li'];. ]J. 23
1, 7 S"ptidi. J. 2;) 11" S"f,lidi. S. 2:' i r S"plidi. L. 2}


8 Uclidi. V. ')() 11 ~ <)¡olidi ]J, '12~j ~ l' Odidi. ,\1. ,\:,
j 9 ?\onidi. S';7 9 .'Ioni,Ú. L. 2" 9','VOllidi, M. 2(' ¡:~ ~:i~~i~li'. f' ~~ [11 ;'7 :;I~i~:i~l'i. ~:: ~~ :~,I~:I)i~l:i':lli. ~"., I~§ !
,I'-! Dl1odi. .\1. 30 112 lJuodi. J. "O 12 jDllOdi s. \"9 ' 13 Tl'iJi, ,1. 12<1113 Tl'i,lí. v 3I j ,3 T,idi D. :¡;, I
141 Qllal'lidi. J. ~~, I} QllaJtidi. S. I fI141Qll:"'I!di ¡L. 31 ".:
]J,QuÍntidi. V. ~) =-111J ()Ilinlitli. D. ':! ~,;I~~I?lIl1~ll.(II'I!.\1. l..§:
Iíil'Sexlidi. s. -'í Ill() S('xLidi. L. J 1I J(,¡Sr'-xIHII. .jH. 'JS",' JI; Seplidi. ]), 5 1; SI'ptirli. M. 4 II7'S{'l'lidi. ¡,J. 3 §..!
'180ctidi. L. (; It; Octidi. \L :) 11S:O('lidi. IV. 4 ~
19 :'i'unidi. '\1. 19 'Vunidl. J. íi :l<)I'ionidi. V. r, '
20 DECADI. ,YI. (; I':!() ilFc"DI. V. I 1


1


,/;)11 IlI'.O"(' ¡D. (i ~.~ ~I;:~;iti ~. I~ li~~ ~)I;::;~i. ~. ~ ::~ :')I;,i:::;:li 11~~i. 8
'13 Tridi. SIl i,¿J Tridi. L !O 'd, Tl'idi. j\f, !)
?.f QU:ll'tidi. D. ]:! !:'2~ Ollartidi.:\L 1J 1~~}i0!1:U"t~d!·I·.I,· lO
'l.=' Quinlidi. L. ]:1 !,~:j Quintldi. M. J'~ ~:) QUlllll(h. \'. 11
'2G Sexlidi. M.,I4 2() Sex!i"i, ,J. 13 1.,(¡'Snlidi, I~' lel
?~ ISepli,~i. M. 1" i 27 Seplidi, V. (Ir 1"71 S"pli"i. J) ¡j
,A110ctuh. J. l() 1','lH Odidi. S. l., ",SI0eti"i. L, I/r
129 Nonidi. V 17 :::>'9 NorlHll. /J. l() I:~~);,' SOJlidi. !~ \1. 1:)


1


3(1)"CADI. S. lt' 1::10 D"eHll. L. 'í 1:J011 Il¡:CAI>l. ,\1. ¡f;
, 11, 1 0 IJ. l~


I'! 1 ',1 .~ v. d; I li 11 f ~j. ~;~
l.o,.L__...---.._1 _~!~I.J_I ! ':I!. . ~:.::




11


C()JlPOS IT rON
nu COl\rITÉ DE SAL UT PUBLIC


l' L:'iDA:\"T L' A:\" 111.


~ le" Le cOlllité est di' rlOll':c IIICIIlÚrCS, dont le r¡uart se
/'C1LOlll'clle tOllS les mo~s.


llcrnici" ({uad ! Pripllr, de la C.ite-d'OJ'.
de 1" 'l' ') Ca!'llol ,'1;'


al1\:l('l1 ('01111 ('. \ Roht'rt-l~i;l~ld.
L:llni,
Esc!Ja"",pl'i;llIX (~<,.
T .. ,·ililalll (J),


let. l'ellílllvcll¡>IlH'U( TbUl'io(.
(flli a :wivi la ré\olu- Coebon.
tion..tu 9 I)wrmidoL BJ'eard (-l)'


~'ll'l'lin, de Douai <:J, .
1'1)11l·1'I·O.~ el).
nl·!lnas.


H(,I~:)!l~{'Hf'~le.fI~ í':rit.tll', di' la \lar'lIt>.
• fu I~J \ l'Ild~:lJlI;lll'f~ t,(I'IytUll dt' ¡\IO!'H'ilIIX.


an III, Hidlard,


rC;¡mba¡'/'I'I"'" (,(i.·, Rcr.ouyf'lIt'TlH'nl
tlu 1 ;-) !H'i.UII:¡in' lC:JrIlOI.


HCIlOI/\ dlt'nh'1l1
du lj fl'imail't:.


Rt'UOll\ dlí'nU'lJL
du 1 :~J lIi \ I)~('.


Rt'1l0ll\t'IIC1l11'lll


dll 1.) I'lu\ j¡').'.,!'


i'(~ll'l di' la LU/.1'!'!'.
(Roi ... ~\'-(L\n~las (~)
{ HuLois de eran,,':
t¡\nJr; J)¡nnout.
f'I:ll'l."r 'B:~.


[),·;·al'd. t Ckll.al.
~ ]\1~'I<in, d~, lhHJ,li (~L


'< ''"OIII'I'I'()\'
II.a1 (lTl}h'l' S,¡ild-i\lil'lld.


-) (~~ 1 uul (.,,{ 1 I 1·111 1/, I·í 11, \l1tl,,, 1 I
. '1 r~\ha"~nialJx ,·tl·¡"t'llJ jI' l~ \'·[l,Il:<1.¡i¡, 1" ,'11 1\


) TI,·dllaril t'.l.!"!,·,lu It· 1:" 1Irll,",d,
\ ¡) Hre,lnl n,ll"l'·t~ll1 II~ 15 IlI\tJ~I·.
(1'1 -:\Icllin t:t FOllrl"I'lIv ~\'tLt I"t··t'lu~ 11 .: ¡.;Itl\¡(h\
J;) t:;")lldJ.u:I'·L·;:~ 1'.111'/·111 l.: 1:1 gl'nllilJ,tl.
;';") H(I·~"'y-rl'\lL.i!!.I" t~t ¡",,'JI! le JO) Jlle~'lIit'"!
:N) ".'\LJrI'¡: I'~! ¡,,'tl11 11' I ~ jlr,¡'li;,1.


} Jus'lu'au 15 vendo olllll.
I


}JlIS'lll"IU 15brullI, aulll.


lJII,,,qll";¡lL 1.') ni\ (JoSc.
J
} Jusqu'au ,5 1'1.1\ i";t· .


{jw;qu'au 15 \eutllse,
J
}JUSQU'OU 15 ~prminaL
1.1mqu·au l5 flor"a],
1




I ~ COMPOS. DU COMITÉ DE SALUT PUBLlC.
Renouycllemenl
du I5 ventoseo {


Laporte.
Sieyes (1).
ReubelJ (1).


}.Jusqu'au 15 rncssiuor.


§ n. A partir dul5 germinal, la composUwn du Comité
est porté e ti sei::e memúres.


Renou-vellemcut
du 15 sermillal.


\


ereU7." Latouchc. } J . ,5 floréa!.
Lcsagc, d'Eure-c[-Loi" (-A). usqu all


Gillet. }JuSllu'au 15 megsidor. ~ RIIU~, de la lIaute-Mamo.


I Cambaoé,"" (3). } Aubry, Jusqu'au 15 thermidor. Tal1ion.
Reuouvellemeut
du ¡5 floré.!.


Renouvcllcment
du I5 prairia!.


: Treilhard ~ Vernier.
) Df'fel'mou.


/
RabauL Pomnliel'.
Doucel de I'onlecoulall!.


j Marec. Illad.
1 Gamon.
{Henri Lariviel"e


I Jusqu' au 15 thermidOl·.
}Jusqu'au 15 [l'uolidor.


}
JUSqU'aU 15 vendem\ai, ,;


an IV.


Rellouvellcment {~~~:;~;fAnglas. 1
du 15 mcssidor. Jean Debry.


Lesa:;p, J'Eure el-Loil .


\
L"tOlll'lleur, de la l\Iandlf'.


Rcnou,ellcmcnt l\lerllll dé' Douai.
du 15 thel midor. I Rel! bd l.
Renouvellcment \ ~i:~:~:~~;~~·~·(,pcaux. \\J''''III''' la lin
du 15 fruotidor. '1 Da"noll.


Berlier.
RenOllvf'llement \ GChellld·el'.


- ,. . our ano
<lu IJ \enJeIllJall'c)r h '


au IV. t ;ll~b::~:~a:.x aHle.
,1) Sit:yi~~ f't Rl'ubdl :-'llnt réélll~ le 1,} thcnnHlur.
\ ,) L('~a~c t:.~L l,t·t~lu le l5 m('~~illor,


i) C,t'fdJ;lt'~t'81o t"~t )"!~;'11l ponr lit. tltJ¡~ú~mt" fui~ le lJo Iructldol




TABl.E DES CHAPITRES.


PnÉFACE ..


PREl\olLERE PAR TIE.


CHAPITHE 1. La coalition se di-rise. (Fin de l'an n.).
CHAPo 11. Le comité de Salut Public se renoU\elle.
CHAro lB. Premieres déJibérations sur les négocia-


tions qui se préparent. (Vendémiaire an JII. l ..
CHAPo IV. Prétentions de I'Espagne. (Suite de ,el1-


dÚIliail·c.) .................... .
CHAl'. V. Dernieres opél'atiol1'i tle la campagne d'au-


tomnc. (Hrulllairc an In.) ........... .
CHAP. VI. 1úl question de la paix passe du Comité a


la tribune. (Frimairc.) ......... .
CHAPo VIL Délllal'che directe de la PrU'Sse. ( Suite


de frilllaire. j. . ...•...•••••.•••.
CHAPo ·YHl. OU\'cl'tUl'e faite par le général en chef


eopagno!' Nivóse (janvicl' !)5) ......•...
CHAPo IX. La llollande et la campagne d'hiYeI'.


( Suite de ni,óse.) ............ .
CHAPo X. Situation intp./'iClIl'c dc la Fl'ancc. ( Id. )


CHAP. XI. L'Ílutriclw et l'Ang/etcrl'e a fa memc
époque. .. . .............•..


'CHAP. XII. l\'om-dle déclaration de principes dn co-
.!\liU; c!r Salllt Public. (Phlyiost'.) ........ .


31


51


58
63




TARLE


DEUXIEl\IE PARTIt_


CraP. 1. Premierc né¡;ociation de lli\le.-lVI. de Golrz
et le cito yen llarthélemy. (Fin de plllvio,c.) ...


CHAPo n. Démarchcs conciliatl'iees allprcs de I'E'pa-
gne. (Meme époque. '. . . .. . ....... .


Cn,\p. lB. Paix avec la Toseane , et dispositiolls des
mItrcs puissallces d'Itali.e. (Suite dc phniuse. ) ..


CHAPo IV. Nouvelle correspolldance du génél-al c"pa-
gnol. Yen tose an TU (fin de fé\Tier ). . . . . . .


CHAPo Y. lHission des citoyens BOUl'¡;oing et Hoq llC-
sante. Fin de ,entose ( Premiers jOllrs de marso )


CHAPo VI. Seconde négoeiation de B,\le. - M. de
lIal'dcnhel'g et le cito yen llartltélem y. Premier;
jOUI'S de germinal ( fin de mars). . ...... .


ClIAP. VII. Journées des 12 et d ¡:.:-el'l11inal :\ París.
CHAPo VIII. Paix de lIale avee la }lrus,e. 26 gerllli-


nal an 111 ( 5 avril 95). . ........... .


TROISIlnIE PARTI E.


I ~H


( 1'),


1 H)


CIlAP. 1. COl'respondallee de Figuieres enrn~ in. tI'O·
eilritz et le citoyen lloul'f)oillg. (Fin de ¡.::erlllinal ). 1 (j!


CHAPo 11. UIl alltl'e négoci¡¡telll' arri\e a Htll('. (Flo-
réa!.). . ................. 1GB


CHAPo In. Un troi,ieme négociatcnr cspa¡:.:nol Sllr-
vient. 27 floréal (4. n:;¡i ). . ...... . . . . . : 7:í


CH\P. IV. JOUl'née de prail'ial a Pari, ........ ,Hl
CH_\!'. Y. Tl'aité de pai, et d'alliance a\(~r.la Hollafllle.


( 8 prairiai ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . ')nr,
CHAP.' J. Com ention additioTluelle al! 1l'aité a, ee


la Prusse á la mtllle épO({lH', . . . _




lJF:S CHAPITRES. ltJ


eH \1'. Y11. L'E,pat(llc ct ltos clll'ans dlll'Oi LouisXYI.
(Prairi:!l.), , .. , , . " , . . . ... , .210


CIIAI'. y lU, lIouhJc néf'oeiation aycc l'Espagne.
( 1\lcs,idol'. '. , , .. , ....... , , , 2'20


ell \1'. IX, Paix de I'Es[wpl/'. 4 tbcl'l1lidor all lB
:: 22 juilll'l !):J j. , .... , .',... 2'26


QUATHIEl\IE PAHTIE.


CHAP, 1. Suit<, de la paix d'Espap;lIc. - ParoJes d'aJ-
liance. " .,.', .. , .. , ... , .. 7,+ ~


CII,\I'. O. LI'5Ilcutre,;,. .' .. , , ...... ').:)1
Cll.'l'. lIT. tes !lmis de ];¡ Pms"c. - La Bayiel"C, -


Lf' ,,' u1'tcml)('I';';, - Ilessc-Cassel. - La DiCte
gernlaniquc. . . . . . 2:19


ClIAl'. 1 y, Le PortllfulJ. . , , . . ..... , .... :,>,(i2
CHH. V. l\aplrs, .. " ............. '267
CHAl'. \T La Sardai¡';l1c et le, alltrcs pllissilnccs d'I-


talie. . . . . . . . . . . . . ........... 2~2
CH.H. \'11. L'A lltl'icbe. . . . . . . . . . . . 27'+
CIlA\'. 'III, l)ispositions militail'l's pou!' la lill de la


call1paf!lle. :. Fructidor), , .


CBQCIEI\IE PAHTIE.
ClIAI'. l. PI'orri,,, dn parti l'oyaliste en France.


(Fill del'an 111. j, , , , , , , .• , . ,
CIlH. !J, I'raVII;elh tic la COlTI'Spondance de Yúone,


ci. dI' <juel'lues IeUI'es des hOl'ds du lthin, , ...
eH.H. 111. Le, Secl imh de París, Premie!'s jOllrs de


¡'an ] JI (""ptcmke ().:; 1. .. "",.""
Cn.\I'. 1\, B<"lilli()1I dI' la Bcl¡~iqu(' ct du pa\'<; di'
Lil:~:t' i\ L1 F";lncl', , , , , , , .. '


308




16 TABLE DES CHAPITRESo
Pa~vooo


CUAPo Vo Pl'emieres étincelles dc guerl'e ciYile a Pa-
rís. - Afl"aire de la me Vivienlleo o o o o o o o o 3i'


CHAPo VI. J ournéc dn I3 veIHlémiairc (:; octo-
hre 95)0 o o o o o o o o o o o o o o o o o o 350


CHAPo VII. Fin du l'égime de la Conventiono Con-
clmiono o o o .. o o . o o o . o o o o o o o 368


Pn"::cEs HISTORIQUESo o o o .• o o o . o o o o o ~8í
TABLE ALPlIAnÉTIQuE et raisonnée des matieres 1:011-


tenues dans cet oU'Tageo o o o o o o


FIN JI E LATA R lo E




lVIANUSCRl T


DE L'AN r-rROIS.
nC7C=


Pl\E1VITEl\E PARTIE.


( FiJL ,le l'aIl II l't COlllTllClIecmellt <le l"aH III. )




I
1


.1




MANUSCRIT


DE L'A.N TROIS.


PHE~IIERE PARTIE.
,-,~.~--


CHAPITRE I.


L A e o A LI T ION S l: D J V J S E,


( Fin de 1 an II ;,


LA journ(;p du neuf thermidol' vient de faire
tombel' le masque hideux que la révolution fl'an-
r;aise a port(~ trap ]ong-tempti, et dans ]e m6me
moment la victoire scmble redouh]er cl'eftürts
pour rendrc a ]a uouvelle république des traits
aussi impo~Jans que gloricnx 1.


1 Les premiers jours fluí suivirent le 9 thermidor , tous
les CLelll'S s'ouvrircnt aux plus douces espérances !. ... La
France avait ce:,sé d"etre pOllr I'étrallgcr un objet d'épou-


2.




'2.0 ruA~USCRJ T


A11 lIord, JOlll'dan, vailUlllelll' it Fleul'us, 11 ti


plus qll'un pas a faire pour r('jetel' les armées
allemalHles par-ele)ü 1(: Hbin, Al! lllitLi, Dugom-
miel', qui a chassé les Anglais d(' Toulon, ar-
rivc sur les P'yl'eut':cs et pode: l'atta<ple aux lieux


oú les Espaguols ll'Ollt encore trouy(; clllC la
<léfellse. Un d)té des A I pes, lc; haiolllH'ltes
l'PpuL.licaines COUI'Ollllcut le sOll1mct tL(·s (ll'rnicI's
mOllls (luí COIlVl'eut J'ltalie; enfill, par tOlltcS les
iSSlICS, nos phalallges SOllt pr6tcs a rléLoI'clcr


sur l'Europe.
Ccpendant voi!ü plus ue (leux aus que pI'rsque


tous les rois s'obstinent (laus cctte guerre san-
glante. Le moment ou lc~ grandes coalitions
se diviselll, scmble ll'{:tt'c plus éloigw;. Q\lalld
des poicls int-gaux su!,issellt le mhnc jd, il en
reste toujours plus d'Ull en aniCl'e .... J\L\i5 de
quels rangs sortil'Ollt les pl'cmiercs pal'oles de


paix? Par qui seront-ellcs porté es? Et comment


ce comité ele Salut Pub1ic, il ([ui ron fait cu-
core Ulle l'éputatioll si ü¡rouche, VOlldl'a-t-iL les
ent('ndre?


Nous allons yoirla diplolllatie des ro:s, 1'e-


vante! Ha) ée pOUl' ainsi dirc de l"état dI''; lI;ltions el' ili-
sécs, elle y I'eprlt SOl! rang. ( ThiLaudcau, pavc 125,
(,'onvcntiOll, )




DE VAN TROlS. 21
non<{ant 11 ses "ieilles allures, s'en~agcl' Cl! ta-
tOllJlallt sur un terrain qui n'est plus cc1ui des
pa1ais el des chancelle¡'ies; se préler 11 des
formes nouvc]]es, clltendre un langage llouveau,
pa,)'!'r enfin t1'i1mt flUX temps ext1'aorclinaires
avec lpsquels elle est ré(luit(~ a s'accomrnoder;
cet épisode est propre 11 jeter quelque variété
clans l'histoire trop mOllotone des llégociations
motlernes.


Un moi5 était 11 peine ecou]é deImis ]a chute
de Robcspierl'e, lorsqu'un inconnu se presente
11 Haden en Suiss(~, chez le citoyeu Bartbélemy,
ambassadeur de ]a llépublique t'l'anyaise, pres
les cantons Helvétiques. Il remet un paquet, el
disparalt. Ce mystérieux message contient des
propositiollS l;litcs au 1;0111 de la Prusse par le
f(;]d-ll1a1'<~cha] ]\JüllelHlo['f, pour un échange de
prisoIllliers. Quelques insinuations s'.Y trouvent
(lui parai~senLannoncer]e désil' d'unepaciíication.


Pcu de jours apr¡~s, ]a pcrsonne qui a l'pmis
ce paquet se f~liL conllaltrc au citOYCll Bacher,
agcnL tle la Répuh1ique ;1 11ále. C'est un llI;go-
ciant allcmancl 110mmé Schmcrts, des t'llvil'oUS
de Francf'orL. Schnwrts fiuit par s'établir 11 Bále,
pl'CS uu citoFll Bacher; il demande, i] solJicitc
une réponse de Paris. En attendant, il n'lH\site
pas 11 comll1uniquer les lettres qu'il continne de
recevoir Un maréchal MolIendorf, reIativellleQt




lVIANUSCRIT
Ü l'échang-e proposé. Dans ces leltres, OH parle
des opérations militaires qui se poursuivent sur le
Hhin ion assure que les Prussiew; He veulent pas
attaquel'; on prédit méme (les JnOl1vcmens que
les armées autrichicnnes essaieront, et (Jlli ne
seront pas secondps ....


Presque au méme rnoment, 11 ueux cents ] i(-~llf!S
de H1, sur la fronticre espagnole, des disposi-
tions semblahles se déclarent; le 4 vend(;miaire,
an lIT (24 scpternhre 1791), U11 trornpette ar-
rive an camp de Dugollunicl'.


Dans nos armées, ]a dé[i;IJlC(! ]¡¡ plus olllbra-
gcuse environlle les relations qu'on peut ayoi1'
ayec J'eunemi. Les généraux savent qu'j]s sont
sournis ~l ]a plus hrande su rveillance; ]p lemps
JI'(!;.:t pas ClIcorc loill Olt h~lll' tl~t(~ t01l1bait au
moindl'c doule, el ríen u'l-g-ale lcul' eil'collsp(~C­
tion. Quand un parlemeuLail'e se Pl'{'scllte, c'est
toujOUl'S en public qn'il est admis, ct le cartel
est lu 11 haute voix. Dugommier rcr;oit ainsi le
trompette espagllol. Le llIessage a pULIr objet de
tranS111cttl'C une Jettl'p du citoyen Simunill,
Il<!Yeul' de llOS ]lrisonnicl's de gUP1Tl: ü !\lad/'id. v ,~
Dugommier se hirl(~ d'Ullyril' ceUe sC'co/ule C'1/-
vdoppc; ulle ]wtitc ]Jt'ancl!e ¡J'o!i, ¡el' S'O[rl'(~ a sa
vue; OH ]"a glissée dalls UlI(' im:isioll j;litc 11 la
margc, cl ce u'est Llu'ü l'aidc de ce sigue ernhlé-
~llati(lue frU'On peul compl'endl'c le sens de la




DE L'AN TROIS,


déptdw ; « Si vous j~¡jtes accueil ~t ce s)'mho] e ,
j) dit Simollin, la pcr~olllle llollt on m'a parló SI'
l) llloull'cra it dÓcollvcl'l. )) LI'S tcmps pass(~llt si
IÍle (IU'OD JI/! sal/raÍL pllls aujoul'Il'llUi ¡;Ol1l1llent
lIIutiVf~r ectle ext\'(~me réscrve d'exprcssion dans
la commullú:alioll doul Sirnonin s'esL charK'e, Il
!~llIt se J'appelel' la posil.iolJ pariiculihc Olt la
COllVClltioll lIatiollalc s'esl. plac0e df'lHlis qllcl(FWS
lllois a J'égard de rEspatíllc. U 11 IV'eret dófeud
~Olb peine de Illort lle par/el' de paix avl'C ceLlf'
pliissallce, tant que les génl'rallx espaguols u'all-
!'Oul pitoS dOllw', sal.isJ[lctioll de la capitubliou
vioh;e 11 CollioLLI'('. On est SOLLS le poids df~ cetLe
terl'ible dd'(:use. NOl1-seull:nwnl. Simonin crail1t
de parler, Inais DLLf-\"0llun¡('1' Illi-mhllc craint
d' CJltclldl'(~. 11 s'eml'l'f:sS(: dt: d¡;po;,er CI'Ll.c i lHluil:-
laute COl1l1ll1l1licaliotl ('1I1I'e les lI1aillS d'ull rq)ré-
S('lItallt dll ]H'lIplp, qlli ('~I, (~ll missinn Pl'l'S (1('
;;on al'llll;('; el' l'epn'~SI~lIlalll, c't';;t De1brcl , de la
COl'l'(\;I,('. Celui-ei COllll1ll'llee par dictcl' iJ DlI~om­
Illipl' la n~p()\Ise qlúl doit I;tire ú SilllOllill. Avanl
(LI: rien ('('oul,(~l', OH Y ]'(;clal1lc l'e:\'/'clILioll d(~ la
capitlllaLion de Colliol!l'l'. Ddl)l'e! I~ll l'efl're' C11-
suilc au coutlll', (le Sallll Public.


Aiusi, I(,s j)J'('mi("L'('S 011 ,('t'lun':o <l1'1';'l'1I1 pn's-
(llW (:11 1I1<:tne lPlllJlS tI(: la pal't (L(, la Pl'USS(' PI.
de l'Espap;nc. Suiyolls-les au C()ll1it¡'~ de Salut
Puhlic,




2'í MAXUSCRl T


CHAPIT RE 1I.


LE COMITÉ DE SALUT PllBLlC SE RENOCVELLI<:


L'ANCIEN comité de Salut Public avait pose en
príncipe que la politique de la Frallcc rcp;énérée
ne deFait se fiúre qu'á COltpS de CWlOlI. DilllS ce
systbne, si que]ques hommcs ue se sont pas
montrés aLsolument contraires 1\ l'idée d'ulIe pa-
cificatíon ayec des rois, c'est qu'ils ont entl'evu
clans les traités un 110uvcau moyen de ITLlcrre


. "
plus puissant peut-étre c¡ue cclni des armes.
1( Chaque roí qui s'uniraa nous, disait-on alol"s,
1) vicndra lui-meme se consumer aux rayons sa-
Il crés de la liherte, et de ses propres mains, il
l) ouvrira le tombeau de sa tyrunnie. Que ce motif
}) philantbropique nOllS rende moins oclieuses des
1) npgociatiol1s avec un roí, et puisquc ]a paix es!
) néccssaire a la propap;atíoll de nos principes,
)l ne craignons pas de voir si l'inl(;['(~t des despotcs
" peut concordcr lllomentanément avec uos gran-
)l des vues révol LltiOIluaires.)1 Un avait done ou-
vert ]a porte aux négociations, des le 13 avriI




DE L'AN TROIS,
1794) en r1A:larant que l'unite et l'indií'isibilite
de la Ré¡Jllblir¡ue serail la condition nécessaire
de tout préLimillfli,.e de paix.


Aujounl'hui, eette porte Jes négoeiations pour-
raít s'entl"ouvril' avee plus de loyauté. La ficrté
répuhlicaille est toujours aigre; 111ais quclque
in (luellee flue ]' exa1ta tlOIl révolutiolllla ire con-
serve cneme sur les csprits les plus sagcs, un
retOll!' pl'ogressif raméne évidernmellt vers eles
idées poli tiques moills exclusives, Le comité de
Salllt Plll¡lic Jl'est plus le nlt~me; BalTcre, conot
d'Herbois et Billaud Je Varcnnes en sont sortis,
il ne reste de l'ancienne conlposit:on dccemvi-
rale que Carnot, Púen!' de la Cote-d'Or, el Ro-
Lert- Lindet. Les 1l0uveaux 111embres introcluits
au gouvernement sont Eschasseriallx, TreiJhard,
La]oÍ, Thllriot, COclJOll, Bréa rd, Merl in de
Douay, Fourcroy et Delnlas. Tous les mois, trois
el'entre eux sOl'til'ollt pour [aire place ü trois
aun'es; 1l0US ven01ls (le les nom111e1' ([<lns l'onlre (le
1'otation (Iui les rappdlera au ,sein de la Com'en-
tion n;¡tiollal(~.


Tel est le comité qui a SOllS les }PllX la d(;pe-
ellC (le BarthdpJl1Y, les buHetins de Bache!' et
l'olivier de SiUlOUiu.




MANlJSCRI'/,


CHAPITRE 111.


I'REMIERES f)~:L1BÉRAT!ONS nu C.\[¡INET DES TLILL·
RIES sun LES NÉCOCIATIONS QUl SE PHkI'AlIE"'1


( Venrlémiaire 'In 111. )


LA pl'Oposition qui vicnt de la Prllsse U'" pOlll
ohjet avoué qu'un carlel d\\chan~e. Doit-on St'
p!'essel' J'y trouvcr autre chose? Ponr entre!' avpc
avanLage dans des pourparlel's pllls s(''I'iell\ , lle
faudrait-il pitS encore attclldn'? U/le opinio/l dOlll
la popularitti esl imposaute, el qui voit chaqw'
jour 11' nombre de ses partisans s'accroitl'c dam
]c sein de la COllvcution, s'eleve pOUl' demande!
que le cours LIu Rhin soit reserve commc limite
déíiuitive a la 110publiquc. Mais. commclll llf'~­
clarel' cctte grande prétenlioll, avallt quc le
pl'ogres de nos armes }lOllS ait rendlls I'utit'l'e-
mellt maitrcs ct pOSSCSSClJl'S el" t('rritoil'e dont il
s'af.íit, et des iortcrcss('o;flui en SOllt la dd'? NOllt>
bll)(l'lOl1S Luxcmbourg; l1lais le si('~he elJ I'st 11
peine e0111mCnCÓ, I't IlOlJS \le ~;Ollll1lCS p;t~ I'JI,




DE L'A~ TR.OIS. '1.7
core devant Mayence. Une négoeiation préma-
turée avee la Prusse pourrait done faire avorter
des espérances que plus tard la valeur de nos
sohlats promet de réaliser ; ... et qui sait d'ailleurs
si la Prusse , en se mettant en avant, ne eherche
pas 11 détourner, par des tréves et par de vaines
négoeiatiolls, un dénoúment qui doit coúler si
cher 11 ses confedérés ? Des dissentimens viennent
d'éclater, dit-on, entre le général prussicn Mol-
leudod' et le gélléral autrichicn Clerfayt. On
assure que les Prussicns font mine de vouloir
manceuvrer a part; mais cette brouille entre les
chefs militaires est - elle bien serieuse eutee les
cahinets? Enfin, s'jl est vrai que l'aigrcur fer-
mente cutre ces dellx alli(~s, !le convient-il pas
de ]ui laisser preJl(lrc un dep;ré dc elw lenr qui
ne permclte plus aux ticrs de l'étouftcr? Il lJe
{¡mt rien moi ns (jl/ llUC scission éc la tante enU'c
l'Autriche et la Prusse poul' amener eette dernihe
puissanee sur Jr' tcrl'ain OU l'attend la Franee
nouvel1e.


Des consi(b'atiolls plus graves Cllcon~ snrvien-
nent et COllCOUrptlt it suspencl,'c l'e[[ct du premiel'
mouvl'll1cntqni pnrtait le comit(~ de Salu t Public a
J'épouc1re favorablplI1cllt a la Pt'lIsse. Les pCltriotes
polouais vienuent de bouclir sous le joug qui. scro-
LJait les teoir ahattus. lIs ont coul'u aux armes;




MANUSCRIT
Koczíusko , Zayonscheck, Dombrowskí , Joseph
POlliatowski, et el'autres .hraves elont le nom ne
mourra pas, sont 11 leur tete, et les voila qui
tentent de genereux eíforts poar renverser les
poteaux insolens du dcrnier partage! Déjil les
gouverneurs prussiens (le Thorn et de Dantzick ont
pris l'alarme, et l'attention du cabind de BerEn est
Lrusqucment rappelée de cc coté. Est-ce cl<JIIS UIl
tel moment (lue nous irolls traiter ave!: la Prusse,
pour lui dOIlner moyen de reporler en Pologne
les troupes qu' e]]e él sur le Rhill ? K ous, qui vou-
drions secourir P[\[' tOlltes les diversiolls possi])les
l' entreprise des PoJonais, et qui les encourageons
du moins de tous nos vcrux , commettronS-IlOUS
la faute grossiere el'accroltre le nomhre (le lems
assaillans, ~n pl'l~UlI1t 1'oreillc a des lléf)oc;at¡on~
aussi intempestives ?


Apres avoir múrcmcnt réfléchi, le ComÍlé
croít. devoir se gardcr d'un trop w'all(l empres-
sement a répondrc aux désirs oc la Prusse. On
attcndra que les événemells mieu'( COllIlllS Be
permettcut plus de doutes sur b, veritabJes iuteJl-
tions de eeHe puissanee. 1\1 ais du cólt~ de l'Espa-
gne, rien n' empéche de voir di's it prrsent si ]' on
peut s'entendl'e.


On n'ignore pas que le Cahilld ele Madrid
nourrit un profond mécontentement COlltl'C cclui




DE L'Ai\ T ROl S.
ele Londrcs. Leur mésinl.ellif-íPllce a écbté ouyer
tement dans Tou!on. Quant aux autres coaliscs,
fEspaglle, qui IlC s'est laissé a]]er au parti de
la ríllClTe que pour ('x(~cntcr fid('.!empnt son pacte
de filluil!e, ll'a pas tal'd(~ 11 s'apel'cevoir qlle len!'
politie{llC n't;l.ait pas nussi dt;silltcrps:;ée que la
sicnuc. Dcpuis que l'Autriche a f~lit placer ses
Aiglcs sur les porLes d(~ ValencielIIH's, et qnc le
roi ll'Allglctcl'rc a pris pour lui la souveraineté
de la COl'se, ilest évident qu'on n'a plus d'autre
but que de s'indcmniser, par la dépouille de ]a
France, de la vaine démonstration qu'on avait
risqlléc d'abon] pom la caUSt~ de la royauté. Les
l)olitiqut's de Madrid commencent done h s'a-
perccvoir que chaque vaisscau franc,ais pris ou
cOlllé, ({lH.: c/W(lllC matdot fi'illlc,ais tué ou [lit
prisonnicr compl'omd d'autres intércts que ceux
de la Fl'allCe, et qu'cn (VdLllilive chaque coup
porLé it ceUe al1i(:e llatul'clle a sou eOlltre-coup
~ur J'Espaguc. Ce: I'essentinwut tl'iomphcl'a-t-íl
eulin des aü('cliollS d dcs liells de i~ll11ille?


Les IllcmlJl'cs ([11 comit(~ de Salut PuLlic ont
cux -mClllt's it triomph('L' ele leurs pn;vclltiollS
révülutionnaircs eOlltre une Lrauehe de la maihoH
¡le Bourl¡oll. TOllI.I'fO:S, ils se sellLellt dispos(;S it
mettl'e de cóu; J(~l\l' aULipatilie ppr:oOl1JlClIc, s'ii
lcui' est penll is de lle plus voir dans }('6[011 r-
hOllS d'Zspagne que ues ennemis de fAuglctcrrc,




30 M A N U S e R J T
SimOllin est done autorisé a cntendre les propo-
sitions fJll'on veut faire passer par son intermé-
diaire, et déjá le Comité est impatient d(~
connaitrc toute la pensée de l'Espagne!




DE VAN TROIS.


CHAPITRE IV.


I'n~:TE:\'TIONS DE L'ESPAG\'E.


( Fill de vendélniall'e .


..... ;:111


SI le comité (le Salut Public est prcss(~~, jl u'cn
rst pas de méme des Hepréscntans prcs l'armée
des Pyrénél's-Orientales; Vida] ct Delbrel, qui
sont char~és de tl'ansmcttre á Madrid l':mtori-
satioll dCllllH;e ;'1 Simonin, pensellt que trap
d'cmpl'es.I'emclIt dalls celle {~fraire pourrait élre
C0l1síderccommeU71C espá:c d'avance: 01', djseut-
ils, une grmule IWÚUIl n'cn doitpasfaire á des
esclflves vaínclls! lis éLaient donc résolus 1\ lais-
ser veuiL' UllC occasioll. llcureuscment ceLLe oc-
CUSiOll ue tarde }las a s'ofI'rir. Les orllres du
ccmité de Salut Public tiont du 'b vcndérniaire,
et le 24, un parlelllclltaire espaf11101 apporte au
camp Ulle lcttre dp Sill1011in fluÍ, cette 1'ois, S(~
JJol'lle Ü expl'imer combien on regrettc á Madrid
de llOUS voir nOlls obstiner dans les souvellirs de
J'aililil"(, de Cül1iOllL'C. L 1 • e parWl1lL'il talre s en




1\1 A j\U S e HIT
rctournc avec la dt'cisioll du Com¡tl~ ([ui passe p<ll
dessus }p~ n\;rirninatlolls de Vidal el de Vdbrel.


A la réception presque illt'sp"'rée de eeHe déei-


slon, Simonin se tl'ansporte aupres dc la pl'r-


sonlle qui 1ui sert d'intcrmédiaire avec le Cahillet
e~pngnol. On lui declare aussitót qu'on cst dis-
pose ü traitf'r sur les bases suivantes : 1". L'Es-
pagne l'CCOllIHlltra le systcme actuel (Iu gOllvcr-
nement frau(:ais; 2°. La France rcmcttra le!'
cnfans de Louis XVI it rEspagne; 3". Lf's pro-
viuees fI'an~aises limí trophes de l'Espagne Sel'Ol1 t
eeMes au fils de Louis XVI, qui les gouvernera
souverainement et en roi.


Simoníu transmet purement et simplement


edte proposition. Sa lettre esi du 14 brumaire


( 4 novembre 1791 ). A peine les Heprésentans
pres l'arméc des Pyrénées r01lt-ils déeaehctée,


que leur eoJere éclate : Simonin est un hcnrmw


bcaucoup trop officicux! s'2crient-ils, el sur-ll'-


champ , ils prenllent un ard:té pOUl' fa¡l'(~ ceSSCl'
de telles communications, motivallt cettc mesure
sllr ce qn'entrc des re}Jllhlicains el des esclw'cs,
il7le doit J' avoír d'tlutl'e rorf'espl!lldance que
eelle dll ca7lon et de la {¡aiollllc{ te .'


Le comité de Salllt PubJic ('st de 1'avis de
Vidal et Delbrel. 11 s\~tollne il S011 tour qu'un
Fran<;ais ait pu tracer les ligllel'i dictécs par le mi-


nistre espagnol. « Prenez des mesures, éCl'it-il




DE VAN T ROl S. 33
l) flUX repn;sentaIls pres ]'a~mée des Pyrenées-
)l Orielltales, pOllr fáire rCflenir sur-le-champ
), Simuflifl. Il cumpromet a Madrid la dignité
l) du Peuplc Frwl(;aís. ))


eette pl'cmil'l'c ]ueUl' de négo(;iation s'est done
éteinte pres<{ue au moment OU ron venait de 1'a-
pel'cevoir; mais les SUCCt~S dc nos armcs peuvent
l'emédicr it ee prcmier echec; iJs prenucllt de jour
en jour un accroisspment tel qu'ils doivent com-
bIel' tót 0(1 tare! l'intervalJe qui sépal'e encore les
dellx termes de la négoc:iatiOll.




MANlfSCRIT


CHAPITRE Y.


n[R~l~R~~ OptRATIO~S DE LA ~lMP'GN!
D'AUTOMXJ::.


LES quatre pJaccs du nord) Condé, ValcllcÍen·
nes, Le Quesnoy et Landrecies, ou les Autri-
chiens ont laisse des corps J'armée pour garnisoDs,
viennent de capituler. La forteressc dc Dellegarde,
que les Espagnols occupaient encore sur les fi'on-
tieres des Pyrénées, nous est également rendue.
Ainsi, l' expulsion des étrangers est consommée.
Carnot, qui, a travers les discordes ciyiles, a
consacré ses veilles dans le Comité a ménager ce
gr&ncl résultat , éprouve la satisfaction dc l'an-
noncel' lui-meme a la tribune au moment ou
l'expiration de ses pouvoirs le fait rcntre1' dans
les bancs de l'asscmhlée. Des réjollissal1ces sont
ordonnées. Conde s'appetlera Nord-Librc; Belle-
garde sera Sud-Libre. Le président de la Con-
ventioll na6onale, Cambacé1'es, élevant la voix
devant le pcuplc r¡(uni an Cltamp - de-l\la1's pom




DE L'Al\ TROJ~. 35
c(~lcbrcl' la jete des Victoires, procJanw, le 30 \en-
dl;miail'e, que le terri{oire d(' la flepllblique
es t dé ¡¡,mi !


Rien n'arréte plus les justes représailles qui
vont trallsporter la guerre sur le territoire etran-
gel'. Déjú les troupes lf~g(~res de Moreau, de
Souham , de Vandamme et de Reynier ont at-
tei nt la 1'lve gauche du Vahal et du Rhin; leur
gér.cral en chef, Pichegru , re~oit l'o¡'drc d'avan-
eeI' avee lp reste de ses forces sur la Hollande.


Jourdall a íranehi la Meuse; il a battu l'armce
autrichieune dalls les champs de Juliers. Il est
eutre ú Cologne; l'Électeur s' est refugié a Vienne,
ou l' électeur de Trcves l' a precedé ; et tandis que
Lefpvre, Championnet, Klebcr et Bernadotte
rlistrilJuellt leul's soldats sur cette partie des rives
dl! Hhin , les forteresses de 1'intérieUl' llu pays,
enveloppées dans eeUe rapide invasion , tombeI1t
les unes apr(~8 les autres. J uliers, VenIoo, Ni~
megue, Maestricht, Rhinfelclt, ont baissé leurs
punts:levis. La Convention fait attaelter aux. voútes
de la s:dle tle ses séanees trente~six drapeaux qui
viennent de lui Nre préseutés par l'adjudant-gé ..
néraJ Pajol, aide-de-camp de KJeber. Pou!' aehe-
ver la conquete de tout le pays qui s' étcnd en tI'e
la Fl'ance el le Hhin , ii ne reste plus clu'it forcer
les portes de Luxcmhourg et de Maycllce.


Déjit l'approehe de nos <lrl11ées H porté la fer-
'j,




36 \L\"'\ U sen I T
menlation parllli les pcuples yui sont au delil <In
fleuve. Les princes da noru de l' Allenwgl1e ont
tourné leurs regards ve!',; la Pl'llSS(~, (~L st'mblent
décidés iJ suiYre rimpulsion (lue ceHe puissauce
donnera. D,~s le 3 oetoLrc (12 vcmlérniaire) le
roi de Prusse éCl'ivait en ces Lernlf's au Landgraye
de Hesse-Cass21 : « La crise dangel'(~us(~ tlaus la-
n quelle se trouve notre pays est (l'autant pl"s
» sensible 11 1110n CCCUl' qu'dle rnenace les pril1ces
) mes pareIls, qui me sont infiniment dH~rs;
» et je :suis intimement cOllvainclI (IlIe, dans la
» tournure l11alhellL'cusC que celle gW'I'l'(~ a l'rise,
» la seule voie pour preserver r Allemagne de ~a
) ruine totale , est la paix ! ,)


L'antillue Dicte ele Ilatishonnc clle-meme a res-
senti par eontl'e-collp ¡J,{·s élllotiolls paci fiques. Lr.:
13 octobre ( 22 yendémiaíre) r(~lIVO} (~ ele Baviere
y dernandaitqu'on s'occupüt de llégocier uu traite
honorable, Quelques jours apres, fÉlecteur de
Mayeuce faisait parle!' dans le Illeme sens. Le
Margrave de Dade et l'Électeur (le Saxp essayaient
le meme avis. Sur ce terrain, l'i.ulluencc de la
Prussc grandit chaque jour, et l'interuollce impé-
ría] en cst réduit á de vaius dforts pour la cOlltre-
balancer,


La dissidcJl(;e survenue entre la politi{jue de
Berlin et eelle ele' icuue > se d(~ve1oppe <bus les
camps clu Hhill , allssi-bicu qu'it Hatisbollue. Non-




DE L':\\ TROIS. 3", I
sp,dement la Prusse a rappel(; vingt mdle hom-
meo.; slIr sco; frotlti(~r(~s eh- Pologlle , mais eHe vient
cuco!'\! d'aílaiblir son al'méc du Rhin par un c1éta-
chelllcnt de douzc miLle so]dats, q,,'elle emploip
iJ. couvl'ir ses états (1" vVcstphalic. D'alltres Jéta-
chemells se pl'(~p:lrent it suivrc les premien;, et la
forteresse de l\1ayencc voit se dégarnir If's] igIles quí
doiv(~llt la dCi(>lldl'(~. En Sllisse, on ne pade que (le
la siuguli(\l'e j'é>ponse du gé>nó·al etl chef prussien
:\'lolJendorf;, un déplIté hadois, qui lui delllan~
dait un sauf-conduít pour des voitures de grains :
« Si jc vous l(~ tloIluais, a dit le rnaréchal, il ne
1) serait pas reconl1U par les postes autrichiens. ))


Les cOlllmunications que]e général prussien e11-
tr'f'tient Ü 13úle avpe l'agellt de la Hépublique, sont
plus actives ((un j:nnais. Le n('gociant Schmertz
est tou jours aupres du citoyen Bacher. Le major
]\fayenrinck , a(ljudant - géneral de lIollendorf ,
vient de l') 1'ejoiudrc, el il est mUlli des pou-
yoirs Je son chef pOl\T' traite:1' de l'échallgc des
prisoftlliers, rti71si r¡uc d('s alttres objets qui J
timll{,flt. Les dispositions de la Prusse sont tou-
.iOUl'S les lIIhn('s, el c(~pCndanl dp gravp:-; événe-
meu:-; ont chall¡i el! peu de jours la f~lce des a{:·
fairr:s, (lui sl'l1lLlaicut ayoir rappcl(~ son attcutioll
,";1( \' ]a Vistll]e.


SOLt Cjue fillSlll'reCl.ioll po]onaise u'ait dé que
r(>xplosiolt d'ulle intrigue sourdemellt condllite,




38 "1 A J\ U S e R T T
dont le patriotisme polonais a été pris pour dupe J
soit que ce généreux mouvement l1'ait été t['a11i
que par la fortune des armes, 1'entreprise a
éehoué. Souvarow, qui se tenait la tout pres, cn
cmhuseade, avec une armée nombreuse, a pro-
fité du prétexte, comme s'i1 se l'était ménagé;
il est tornbé sur les insurgés avec l'emprcssement
le plus cruel. Illes a vaincus dans une premiere
bataille, livrée sur le Bug, pres de J3rezesk. n les
a anéantis dallS une secollde bataille que Koc-
ziusko, accourn an secours de ses compagnons,
a risqnée sur le chemin de ~Varsovie. Koczinsko
est tombé prisonnier des Russes; tous les autres
chefs sont tllés, pris ou dispersés. Souvarow a
signa]é son tríomphe par le sae d l'incemlie du
faubourg de Praga, et J'occllpation de Varsovie
luí livre lcs restes de la malhcureuse Po}ogne.


Le comité de Sal ut Public ne peut que savoir
gré ;1 ]a Prusse de ce qne de pareils evéncmens ne
la détournent p:1S de son premier projet de trai-
ter avec la Hépublique; il comJllf'nce 11 acconlC'r
sa conoancc aux ~ Ollvertures qui out ét('. f~litcs.
Les explications de Búle dcvicnllcut plus franches
et pl us positives. Lcs Prussiens y renouvellent
leur prornesse de 11e point asir hostil('nwnt.; ils
clemandcllt scu1elJlpnt lIlle lIOLlS l11énagiolls ies
provinces prmsieunps occupées par uos irollpes, d
ne paraissent embarrasscs (P"' pUlll ce llui reganle




lH~ L"AN TROIS" 39
Z\'layence. « L'houneur du l'oi et de son général,
tI disent-ils, tient ida cOIlsel'vation de ceHe place.)1


Si, des affaircs du nord, nous passüns a ceHes
du midi, le point de vue n'est pas moills favora-
hle al;! République. Ses armées des Pyrénées ont
pl'is le meme essor que celles du Rhin.


Dugommier et Moncey sont entrés en Espagne.
Ce deruier s'est emparé de la mature d'Iriaty et
de la fouderie d'Orbaceyte, les deux établisse-
mens les plus importans <le la Discaye. Du cóté
de Dugommier , l' offensiveest encore pJ.us décidéc.
Apres avoir pris possession de la Montagne
N oire, ce général s' est avancé sur le camp de ] a
]\Iadclaine, oú le général espagnol La U nion
l'auendait derriere une centaine de rcdoutes hé-
rissécs d'artiIJerie. Allgereau commanelait l'atta-
que de la gauclw, Pérignon celle du centre, et
Saurrt cene de droi!:c; deux tatailles ont été
succcssivement livrécs Ü la l\1adelaine et il Saint-
Sébastien, toutcs deux glorieuscs pour la France,
mais sanglanles et également fatales aux géné-
raux en chef des armées opposées. La Union a
perdu la bataillc avec la vie. Dugommier plus
heureux a du moins éte cnscycli dans le triom-
phe. Un eclat d'obus l'a frappé au Il10ment OU il
concevait le juste espoir d'allcr avant l'hivcr
<15S80ir son camp sous les murs ele Barcelonne.
Pérignon ;¡ "pris le commandement el'une maill




MANUSCRIT
vigoi¡reUSe; il a su achever ee qui était si bien
commencé, tandis qu'Urrutia, qui sucddait a
La U nion, fais:llt de vains dforts pour arrétcr sa
'déroute. La place de Figuieres, restpe á d(~(:ou­
vert, s'est trouvée aussitót invcstie. Sa garnison
comptait llcuf mille hommes; ses remparts
étaient armé s de CCllt cinquante pjf~ces de canon;
mais la terreur était derriere ses portes, et la
place n'a pas tardé a se rendre. «.le doutc, écrit
» Pérignon; qu'on puisse meme en dcux mois,
» avec tout le zele possíblc, tlresser l'état des
» ressources en tout genre qui viennent dI! tom-
» ber dans nos mains. »


On marche sur Rose. La prise de ceHe place
couronnera la campaglle.




DI<: L'AN TROIS,


CIIAPIT Ji E VI.


L.1 (JUESTIOS DE LA PAIX PASSE DtJ CO:\IlTE A LA
TRIRUNE,


( Frimail'e. )


ENCOURAGt;S par l'nscewlant de notre position
militaire , les orateurs de h Convention n'hé-
sitent plus ü par1(~r ele l' espoir qu' 011 a d'aniver
a la pmx. ChacuJI se met 11 ütire de la politique
11 sa maniere. Eschasscriaux apporte a la tribune
un travaiJ sur les prillcipes qui doi(Jent dirige!'
un peuple republicain dalls ses relations a(Jec
les alttres l'latiollS. rr Tous les peuples sont fati-
» gués de la guerre, dit Pelet de la Lozere 1. Tous
» admirent le courage des Fral1yais. Les 1'ois eux-
» memes ne sont pas a se repen ti1' de s' etre mé!és
» de nos affaires, et vous les vcrriez bicntót 11
» votre barre, si le CaIJineL britannigue ne les
» 1'etenait.» TalJien, J'orateur du parti gui do-
mine depuis le ~) tlwrmidor, prend aus~:i Ll pa-




MANUSCRIT
role: « L'intrépidité dc nos défcnseurs va Lientót
)i force l' les rois ébranlés a se courber <levant la
») majesté du Peuple Fransais, Nous smllmes au
)) moment de les voir réelamer uue paix qui ne
)) peut que nous etre honorable. Que la Franee
)) se débarrasse ainsi d'une partie de ses ennemis
») poul' aller porter la gloire ele ses armes sur les
» bords de la Tamise ..... C'est depuis le 9 ther-
») nlidol', surtout, que vous etes grands aux yeux
») de l'Eul'ope. La justiee , reprenant son empire
)) et développant ses 1'ameaux sur la Franee, a
)) rallié tous les FralHfais. II [aul. apprclHlre aux
» gouvernemens étrangers que ce n'est plus avee
») un simple Comité qu'ils auront a traiter, mais
» avee ]a masse des Rerrésentalls de vingt-cinq
» millions d'hommes. Prellons des mesures sages
» pom faire une paix honorahle avec que]<lues-
» uns de nos ennemis; puis, it l' aide des I'ais-
)) SertllX holLandais el espagnuls , portolls-nous
» avec vigupur sur les cotes de la nouvelle Car-
)) thage!)) Ces dernieres paroles, surtout, sont
accueillies' par les aeelamations les plus vives l. ...
Toutefois, les vreux Jes Représentans sont loin
d'étre ullanimes, Les débris du parti décemviral
sont encore puissans dans rassembJée, et eette
minorité gardé avec aigl'f'ur SPS prillcipps. Les
uns lle veulenl entendl'e parler de palx qu'ü COfl-
dition qu'on la dictera dalls Ull cl'rc1e , a la ma-




DE VAN TROIS.
mere de Popilius ; les alltres repoussent comme
mesqlline et trop déliée l'idée de se débarrasser
J'ahord de quelqucs ennemis, pour se retourner
avec plus de force contre le reste. Duhem est de
ceHe derniere opinion ; il va lui-meme <leposer
au comité de Salut Public un acte qu'ü signe,
et par lcqucl il déclare que l'intét-ét national ne
permet pas de cnnelure de paix partielle; gu'íl
ne jaut penser gu' á une paix générale, el que
tUlttc pruposition contmi/'c est sU!jgél'ée par nos
ennemis. Enfin, les dissidens se plaisent ~l faire
circule!' 111i1le b1'ui ts accusateurs qui prenllent
1eur source dans le seeret dépit avee lequel les
anciens rl1eneurs, ecartés du pouvoir, vo~ent se
consolider, pa!' le gralld ceuvre de la paix, la
popularité de l(~llrs successeurs. (( La marche du
» nouveau Comité sera timide et hir.:he, disent-ih;
») il va, cbus son empressemcnt a conclure, saeri-
J) fiel' l'honneur et les intt"rets de la RépubJique! )
On va plus loin; 011 parle de sOllrdes intrigues.
Salls doute les demandes ele l'Espagne out trans-
pire. Oll les a dcvinees, du moins pour ce qui
regardc les cnfalls (le Louis XVI, et ron assure
que l'adoucissement de lcur SOl't est le prclude
des transactions humiliautes que nous allons su-
bir. On reproche meme au Comité d'avoir donne
ti II i nstitulcur au fi]s de Louls, el cette [¡ll'Ouche
accusation ohtiellt \lue répensc q ui JÚ~st pas




_'HANVSCRIT
molUS sauvage. « Les mrmbms de votre Comile.
)) di t l' LID J' ellX ~l la tribullc, savell t ('OlllmPlll
») on fait tomber la t/tte des tIrans j mais ¡/s
)) ~!J7wrent cunrment on ¿lc~('e lrlll's C'!frlllS! ),


eette exagération révoll1tionnaire qu' une par-
tie ele J'assemLlée conserve l~nCOre dans ses prin-
eipes et elont le plus graml nombre a peine 11
purger son lallgage , pourrait étre illtel"prétée au
dehors, de maniere a faire meconna ítre les véri-
taLles intentions de la majorité flui muilltenallt
dirige les affilires en Frunce. Le comité de Salut
PubJic croit done nécessaire de couvl'ir ces dis-
eussions par un exposé de príncipes fait e11 S01l
lWI11 a la tribu ne. « Les U11S, dit le l'apporteur 1,
)) supposent que la Hépuhliquc He veut absolu-
» ment souifrir pour voisins qtw des gouvcrne-
» mens Lasés sur la elémocratic, et qu' ene 1Ie
)) conscntira a faire la paix avcc aucuue naiÍoll
) sans stipuler au préalable ]e changement ele
)) son gouvernement, et lui únposer une con~li­
» tution l'épublícaine; J'autres plus adroits assu-
» reut que le gouvcrnel1lent fralH:;¡is est deveuII
» tout h coup plus f;¡óle ü tra iter, qu' jl " lJesoin
» de ]a paix, et qu'il se pl'{!lel'il Ü ton" le" sacri-
) lÍce5 .... .Nos triomphes (~t 110~ pl'iucljlcs llOlIS
» permettent de réluter ces f;wsscs asscrtioIls el


1 lHerlin de Donay, séallct' du I'¡ frimair,' alJ 111,




DE L'AN T BOl S
-15


)) df' Jire tOllt haut ce que nou;; voulolls. N OUS
) voulons la paix, mais la puix solide et 1-)10-
)) ricuse. Le PCl1plc Fral1(;ais, en trac;ant de sa
) maill triomphante, les limites dans lcsr¡llelles
)) ¡llui cOllvit>71l de se rel~fermer, ne repousseL'a
» allCUDe off:'C compatihle avec ses intén~ts, su
.) dip;llité, son r(~pos et sa súreté; il traitcra avec
)) ses ennem is, comme iI les u combattus, it la
» [ace de l'univers !


) L'Espafjllt', continue l'orateur du Comité,
l) ne tal'dcra pas it reeonna Itrc que sa seule et
» véritaLle enllemie, e'est l'Angleterre; et, quant
)) a la Prusse, e1lc finira par s'apercevoir que
» e'est dans tille paix solide avee la France et
)) dal1s son union intime ,IV(~e les puissanees du
)¡ Nonl CJlIi J'avoisinent, qu'eJ]e peut retrouver la
j¡ scule résistanct' qu'ellc ait a opposer á la dé-
)) voraute Russie. »


La Convention nationa1e accorde sa sanction
it cette allocutioB polítique, en ordonnant que
le discours soit imprimé et ti'acluit daus toutes les
Jangues. L'attClILÍon reste fixée sur le passage qlli
concerne particuli(~rement les CaLinets de Berlin
et de i\ladrid. On rapporte le décret qui défen-
dait de faire des prisonniers cspagnols. Le cri de
l'humanite aeheve de se f~üre elltendre, et le dé-
cret. qui déicndait de faire des prisonuiers anglais
et hallOVl'iens est aussi rappol"t6.




MA1\VSCRIT


CHAPITRE VII.


OÉMARCHE DIRECTE DE LA PRUSSE


( Sllite de [¡·i!naire. )


LES paroles du Comité ne pouvaíent manquer
d'aller a leor aelresse: déja meme , de la part ele
plusíeurs Puissances, 011 venait au-tlevant.


Ou ne tarde pélS a apprendre que le Cabinet
de Berlín a pris son parti, et (lue dalls les pre-
miers jours de décemhre, M. de Goltz, dcrnier
ambassadeur de Prusse á ]a cou!' de Franee, a été
nommé pon!' traiter ayec la Républi(lue. M. HaI'-
nieI', son secrétaíre de lég3tion, le devanee. Ce
pI'éeurseur de la paix pousse jusqu'it Paris, et se
présente au Comité : son langage cst des plus
eoneilians.


« Le roi, mon maitre, dit-il, a pu etre révolté
» des hürreurs ({ui , prineipaJement sous le regne
» de Rohespierre , ont mar'qué l'époque de la ré-
» volution fran<;aise; mais, loin d'en vouJoir ü la
1) Franee de ce dont elle-meme était victime,




DE LA",\ TROIS. 47
)) loin d'(lvoir lo pretentiun de la sub/aguer ou
» de s'immisrer dans son regimc intáieur, ]e
» roi de Pl'llSSe n'a désiré que lui voir retrollver]e
» hOllhcur qu'elle avait perdu dans ses convulsions
» intestines. Sa Majesté, eharmée du changement
» décisif qui. parait etre survenu clans les princi-
» pes et aans ]a marche al! gouvernement fran-
» <¡ais depuis la chute du parti jacobin , en tire
» le plus hcureux augure pour le l'établissement
J) de la tl'anquillité. Elle llésire sincerernent le
» retour de]a paix; elle ambitionne meme, si les
» cireonstances s'y pretcnt , le beau róle de paci-
» ficatcur (l'une grande partie de rEurope. »


Le voyagc de M. Harnier a pour but de con-
naitre définitivenlPllt si les iutentions pacifiques
du COlllit(; s'accordcnt avec celles du roi; M. de
Golt7, , qui. arrive a 13á1e, y attend son retour;
on vcut l'(;pomlre avec fi'anchise a cctte démar-
che. En conséqllence, le Comité n'hésitc pas a
s'expliquer sur les conditions qu'il entend mettre
a la paix. 11 déclare ncttement a M. Harnier que
la principalc est la cession de toute la rive gauche
du Rhin, y compris ~Jayence. ( La Républiquc,
» dit le Comité, ne s'opposera pas a ce que la
)) Prusse et les princes d'Allemagne, auxquels
) cetle ccssion doit enlever des provinces ou des


}) pOI'tions de terrÍtoire, chercbent les moyens de
)¡ s'indemniser,soitaux dépensde1an:.aison d'Au-




M \NVSCRJT
» triche, soit dans la sécularisatioll des biens ec-
» clésiastiques, secu]arisatíon rlont le traité de
» vVestphalie a déjit dOBué l'exemple. Quant ~l
» l'intention que la Prllsse parall avoíl' (le s'inter-
)l poser en faveul' des pl'im~es, ses \oisins, le Co-
» mité se montre disposé it s'y prder. ))


1\1 uni lle cette [("ponse, ;\1. H al'nier s' empresse
d'aller rcjoindre 1\1. tIc Goltz 11 Bale. 11 n'a pas
manqué de remIre compte it lIerlin des moindn~s
d("tails de son voyage. Le Cabinet prllssien, au
premier coup d'ccil, nOWi trouve c:\ígealls; mais
la loputé des proc("dés le rassurc, et 1\1. de Goltr.
rec:oit ses instructiolls ddinitives.


De son cóté,]e comité (le Salut PuLlic a nornl1l('
un plénipotelltlaire; e' est l' ambassadcur eu Suisse,
Barthélel1l). Le citoyen .Bachel' luí est adjoiut
en qualité de secrétairc ÜllCt'pn':le; dalls l'illV;-
ríeur du Comité, le l'epréscutaut Camhacé1'es est
cha1'gé de suivre ]('s comrnencemens lk la corres-
pondallce de 13<\le.


Cet état d'accornrnodement dans lcquc1 on est
enfin placé avec la Prusse, est un gr<lIld pa3 de
f~lÍt, et ]e Comité se hate (le s' ell prévaloir dans
le petit nomhre (le correspoJHlallCf'S qU1 lui sont.
onve1'tes en Europe; il est 1)l'(~SS(; su1'tout ¡J'cn
donner la nouvelle it Copellhague, nú l"l~gJle le
ministre le plus considéré du Nord. 1.,a politiquc




DE L'AN TROJS.
répuhlieaill!' ach(\ve de ~;.e dévcloppcr dalls cette
COlllll1ll1lieation:


« Tu aSSlll'l'l'as ]\1. de Dernstorfr, (;Cl'il le Co-
l> mité il leuvo),; de la Hépuldiqlle GI'ollvd;(~, que
JI fopwioll (lU'il a bi l clltl'f~voir, rdativerncllt
» ;IU c,ort des pa}s C'oliC[uis, n'a pas pHI contl'i-
» bué;t at!('l'lllll' llotl'C SOllvcl'ilenwllt dal1s la ré-
» sO!lllioll qu'iI {'lait d(':.j~\ rliSpOSl~ ir pl'endr(~ ;\ I'é-
» gard de la limite' (In Hhill. La Pl'lJ,~se nous
\) PI'0I)OS(' d'illtel'\cuil' ell fil\('ur d('s priu('es d'AI-
» ¡(,l1la¡.;w·; (b it .\l. de Ik'rnstorfl' que llOllS Ile
)) Cl'O.\OllS ras (pIe les medialiulls pn g(;nl'ral, et
)) particulieremcllt celle (le la Prusse, cOllvicn-
» nellt 1\ la nt·puhliqlW. l\Iais si le mol nous pa-
)) rait dt"pl;¡ci~, 1101lS \onlo!ls il pell pr¡'·s la chuse.
jj Xous v(:rrOllS dOl1e avec plaisil' les petits ttats
,) sécuJicl's se raJlicl' ;lIItOlll' de la Prusse, ell1ll6me
)) u'mps (pie ilOUS sct'OtlS d isposés ;'¡ trai ter s~pa­
" /'(;mc.~'~ .,vec eH\ ) et c'c:"t SUl'tout par le canal
'j (le ?l1. de nCl'llstorlt'([llC lJOllS rt'cevriotls plus vo-
), l()ntier~ Iplll'S pl'OpOsiliolls ... l1 est un aull'C il1-
)) l("r{~t qui occupc viY(~Jllellt la n(;puhlj(lllC el
)) sur lcqud le Daucmal'ck et la Prllsse doiycnt
)) ('ncore <I\oir llIbnc opillioa tille llOllS. IJ s'<lgit
J) du sal!lt de Ja Pologue, (FlÍ esL au Il10111Cllt de


(1 evell ir la prole de la nLl~;sic ; llOUS reclal noma el'
l' slljet le coucours du Danemarck et (le la Sllt·(le.))


Le Comité qui traite ces gralHIs intéréts a déjit
~




50 MAJ"USCfUT
subi plusieurs rellouvdlemens partie1s. JI (~~I
mailltellant compos(~ des Hepresclltans Pl'icl1l' dt,
la Marne, Guyton-Morveau, Hichard, Camha-
ceres, Pe]et, Boissy-d'Anglas, Dubois-Cr<lllCé,
Amh'é DUl11ont, Marec, Breare!, ClwzaJ, et lit'
ce nleme Carnot (1 ue nOllS avons VII sortÍr le
deruier de rancien comité de Sa]ut Publico Aprt~s
un mOls d'abscnce, iI vicnt d'etxc rappelé aux
affaires fIu gouvel'l1ement; témoignage eC]¡ILalll
par lequel la Convention s'efllwce de ]e meltre
ho1's de lignc, tallflis que la r,;actÍon de í'opinioll
publique poursuit avec fiu'euf les autre:> fllcmbl'cs
du comité décemviraL




CHAPITHE VIIJ.


Or"VEJ\T1'HE FAITE PAH Lf.: GE:'i~:RAL E:'II .CIlEf
ESPAGNOL DO\' JOSEPll VRRr-'rlA


(NúÚ~t·. Jilllvler 1:9:') )


h est UIl autre poillt sur Jequcl les J11embres
du Comité delllandent encore l'intervention de
:\1. de Bernstorff, tant ih sont portés il la
confiancc envers ce ministre. « N ous allons,
., lui font-ils dire, 1101lS cJ¡;)J'cer, a Rile, de C011-
)) cpntrer toutc Ja gucrt'(' coutiuelltaJe sur l'Au-
!I trichc seu/e; mais pou!' isoler de merue notre
" C/lllelllie maritinw, J'Angletel'l'c, il llOllS fau-
, drait en détacher l'Espagne. eette derniere


,J puissance avait paru vouloir traiter; le Co-
" lllité s\~tonlle de ne plus en entendre parler ...
)) ~ous 11e pouvons attribuer son silence qu'it
J) l'erreur du Cahinet de Madrid sur nos ilJten-
.) tions, et pcut -etre a une s01'le de désespoir
¡) qui ne s'attend pas a trouver de la généro-
¡) sit(~ dan s une République qu'on a gratuite-
¡¡ lllent outr:lgéc. J)


Tdles sont, a ré~ard de l'Espagne, les expr('s~
á ..




MANuscnlT


sions dont le comite d(~ S"lllL Publi(' se serl dans
1a Jépiklie CJu'il expedí(' ü Grollvel1(, le 3 niyúse.
l\Iais :-,on j¡;exppl'icnce des procl~(l(;s rliplomati-
(Iues le l'cnd trop impatient; iI Jl'cst }las uecl'S-
saire d'aller chercher ",ladrid ¡¡ Copcllhaguc, et


le ComiLé De tarde ras it s'en cOllvaincl'e. Sa dé-
p{~che pOUl' le Nord úait it peine partic, qll'il
appreud qu\m trompette t'spagllol s'(\~L pr('sclIté
le 2() lllvúse au ca1l1p fi'<!lH,'ais sons Fif.íuih('s; ce
padement.airc a apporU; la !cUI'(' slliv:t 11 Le , itla-
<{nelle be~lUcoup de f'rallchit;e et UJI pCll d'('IlHuJ'e
,>spagnol e prt~tent un caraeL('re t0111. partlcu i iel'.


» I.p general cn chef di' I'arm(:e c.\'jJrt!:/,llo/r • ¡tu
» general en chef úe l'arm (:pji w/(;:ilise.


» Depuis que j'ai pris le comulalHl('uwnl de
) celte arnlée , j'aí en tant d'occasions de smoi!'
» qu'entre toutcs les qualitl':-; dont t!¡ es (LOII(;,


» cene de ]'huIJIanlté (;tai t llllC des plus sail1autcs)
» (lue j'ai formé l'id('·c de t'('crá'e sur les objets
') importans (llH~ cOlltieudra ccLte }ettl'l'; mais
» je me :mis vu rctpllu par de~ brll i ts \ ap;lIcs (pli
)) annon(,~aieIit un <llltre gén(~ra1. Jp le {¡lis ;1 pn;-
) sellt, Jalls la cOllfiancc eplP tu gar(!cras pour
») toi seu1 eette leure, Ol1 Ju moius la partie qui




DE VAN TROlS. 53
») pourrait me compromcttre, et j'attends de ta
)) W'nerosi t(, que tu ne m' cxposeras pa;; en pu-
» 1liant cet ecrit, dicté par l'intention la pllls
)) pure. .


)) Les dernit'~¡'e,; opératiolls de ton préd(~eessenr
» et ](~s tieulle,; onL dé hcureuses; ilse peut que
») les suhs(~(luentcs le soiellt uussi. l\!ais les évé-
» nemcns de la guerre sont sujets a des hasarus.
)) J.e comte de La Uníon , gém~ral yuil1ant et ex-
l) perimcnLé, a été vaincu et 1ué, et peut-etre
J) ii m'cst reservé la gloire de te vaincre. Dans
)) tous les GIS, couvenons de ne pas íléLl'ir les
)) lauriers de la victoil'c par le sang des vaincus
)) ni par les g{~missclllells des habitans désarmes ;
)) qu'on !'(~specte le lahoureur, et qu'on le laisse
») tranquillc dans sa chaumicrc; qu'on traite les
)) prisonniers avec g{~nérosité, et qu'on recueille
)) avec humanitl~ les blessés, sans distinctioll d'amis
)) ou d'ennemis ; je te promets la réciproque, et
J) j' attends une réponse positive.


)) Puisque fEspagne et la Frauce se trouvent
)l comp¡'omises, e1 croient dcvoir se bire la
)) guerre, qu't']]es la fasci('nt; ma;s que ceLte
1) guel'l'e se dépouille d\ll1c inil1litié enflammee!
)) et que ceux CIur tircllt J'épée ,,-olontairement
)) contre les dl'Oi ts, nlOllueur et les opinions de
)) ]cm patrie, que ceu~-lü seuls SOiCl1t victimes
l) des llOt'rCUl'S de la guerre. Plut ari cid que ce




I\IANUSCRIT
)) conflit cessat! ct que deux nations faites n;:¡tll-
}) relJement pour etre \Iuies revinsseut á l'Nre!


)) La guerre est mon méticr : ainsi l'espoir
)) d'acquérir l'cstimc de mes compatriotes, le
)) respect des ennemis ITH!me, et de [aire connai-
) tre á toute l'Emope que le soldat espagl10l lll'
J) manque pas d'énergie ponr vaincre, pourrait
») exci ter en moi une amLition que les StO'iCiClls
)) meme ne pourraient Llamer. ... mais plus am-
» hitieux encore de contriLuer au bonheur géné-
J) ral, mes vceux seront toujours pOllr la paix,
}) ~uoiqu' elle doive mettre fiu 1. mOll comman-
)1 dement, et jeter mon nom dans l'oLscurit(;.
J) Par de certaines notes que j'ai trouvées dan s
» les papiers de mon préd¡\cesseur, j'ai VII qu'il
JI projetait depuis quelque tcmps des moyeus
II pacifiques; mais je n'ai pn découvrir si ces pro-
J) jets luí avaient été suggél'és, s'il él en des confe-
1) rences avec Dugomrnier, ou si ses proprt·s dé-
j) sirs les lu! avaient dictes. Qnoi qu'il en soit,
) et pour ne pas perdre de temps, je vais aH
j) plus court, el je passe a te faire la proposi tlOll
j) suivante:


JJ Notrc rivalité n'a pas ellcore un Lut directo
j) Qll'elle s'exerce done ü des ohjets plus dj~I}('S
)J que celui de repalltlre l(~ s:lufí ~ Le voisinagc r!l'
» l'Espagne el de la FrallCC remlra toujours ces
)1· ueux natiom; ilJsr'rarablcs eu cOfllmr:rce el en




OE L'Al'i TROJS.
"amitié. POlll"quoi dOlle travaillent-elll~s avec
)) tant rl'dTcJI'ts ti S(~ détl'uil'C? Pourquoi. la l'UIU(!
)) de l'une doit-clle servir de base a l'é]évatioll
)) de l'autre? Pourquoi 1IC pas Ii.IÍr ce précipice ? ...
" Si de génél'itlIX enncmis que nous sommes,
») nous 1l0US challgiüns en conciliateurs de la paix,
¡) la gloire serait 11 tons Ileux , an lieu que la gloire
» militaire n' exalte que le vainqueur; en éehange
») (l'une gloire afIreuse qui ne fleurit qu' arrosée
.) par des ]armes, nons 110ns attirerions les ap-
\) p]audisscmens de tout ee qui est digne du 110m
») d"homme!


)) J e te demande qne tu m.e répondes sur ce
)) roint, avee la franchise dont je te donne l'exem-
>l pIe; nous ne sommes autorisés, toi et moi , qu'a
,) 11011S f[¡ire la guerreo Faisons-la sans manquer i!
)) nos devoirs, mais cherchons en meme temps les
») moyellsde f¡¡ire]a paix. Quand nons nous au-
)) rons rtSciproquement commulliqué nos idées,
)) el que Hons aurons vn leur utilité, faisons-(~It
») part 11 nos gouvernemens : qu'une noble émula-
)) tion nous anime, et qu'on éleve une sLalue (lans
)) le temple de l'humanit(~ au premier de nOlls
)) qui réllssim 1. inspirer l'esprit de paix a ses con-
)J citoycns.


») Réponds-moi salls retanl, cl si flOUS l'eSlOll:-'
)¡ d'acconl de iL'availler pour lc bien ,je ne pCl'rll'ai
j) pas un l1l0ment a l'iusinuer 11 1110n souveralll,




56 MANUSCRIT
» f't j'emploierai tous llWS el1ürts a le faire conseI1-
» tir a un arraIlgcnwnt que tant de millions d'hom-
)) mes désirent.


» Signé, JOSEPIl D'UI\I\UTIA. »


Cerles! un gélléral en chefn'écrit pas une le11e
lettre sallS l:tI'C sur de r a veu de son gouverncm!'llt;
les l'C'pl'éSclltans du pcuple prés l'armée des p)-
rénées, auxquels l(~ gélléral Périglloll s'est e111-
pressé Lle l'enwttrc le cartel cspagnol, ll'ont allcun
dOlltt~ ~l cet égal'rl : c('peudant, sallS atteJl(l('(~ les
instructiollS du Comi u~ , n' écouta tl t toujOlll'S qtl(.
l'austérité (l(~ 1enr politi({ue l'l'vollltionnaire, ils ont
Cl'll devoir <1icte1' a Péri¡.snon une réponse en ces
termes:


)) f.,e genéral en e/uf de l'armec des Pyrelleel'
» Ol'ientales, au general en ehif de l'armee
)) cspagllo[e.


)) Je connais com111e toi les lois de l'humanité.
» .le cOJ1nais ceHes de la gue1'rc et je saurai me 1'cn-
)) fermer dans le cercle qu'elles me prescrivellt;
» nlais je cOlll1ai" aussi I'amour de mon pays , et
) partout OÚ jI' trollve['ai des 110mmes arrnés COII-
l) tl'f~ sa 1 iherte , mon tlcvoir est de les combattr{~ ...
1) n1l:IllC jusquc dalls lcs chaumieres_


., Il 11e m'appartient pa~ de répoudrt: au Sl~COlld




DE L'AN TROIS. 5.., ¡
» objct d(~ ta lcttrc. Je u'ai pas le droit de m'érif1cr
» ('U conciliatcul';.ie He suis ici que pour me bat-
» treo Si le gouvcrnement espagnol a des proposi-
» tions a faire ü la Hépubliquc ,c'est a la Conven-
» tian nationale ou it son comité de Salut Publie
» (IU'il doit s'adresser directement.


.» Je dois ajouter que les representan:; du peu-
» pIe p]'t~S ectte al'mée, en présencc clesqueIs j'ai
» ollvert ta lcttre, m'ont cbarg(~ de te rappeler , h
)' toi d a tOIl f1ouyprnell1ent, la violation tlc la
» capitulation de Collioure.


» Signé, PÉHlGNON. ))


Cette róponse ne peut etre considérée h Paris
qrw COJ1l11te llll Jikht'ux contre-temps .... Laissons
fe. Comit(: (kJih'rer a cet égard: tl'autres chapitres
qui appartiennent a eette période réclament ici
leur place.




58 1WANUSCIUT


CHAPITRE IX.


LA HOLLANDE ET LA CAMPAGNE D'HIVLI1


( Suite rle Ilivóse, Janvicl' 1;9';, )


TANDIS que les solduts ele Jourelall Cl'ellSl'll!
sous la neige ]a tranchée devant l\la)PlICe,
que leurs braves camarades resserrcnt le hlocus
de Luxembourg dont ¡ls prppal'cnt le IJombar-
dement, que Périglloll re\,oit les deis de Hose,
que les déf¡mseurs de la Catalogne cherchellt Ull
derniel' point d'appui sur la f;úble ligne de la
Fluvia, et qu'enfill les Piémontais VOiCllt IIOS
hataillons prets il tombel' sur eux dll lJaut de:,
Alpes, comme de redoutables avalanches, 1'a1'-
mée du norel marche au pas de charge SIIr la
Hollande.


Ccpendant le staLhoudcl' a COrH:U UIl moment
d'espoir. Le prince de Jlesse-Cassel, arrívant de
i\Iaestricht ou il él capitul(~, luí a l'app()['\.{: que
dans l'armée fralH;aisc Oll 1ll01ltre des dispositiulIS
pacifit!lIeS pour la république llUlJalHlais(!; qU(~




DE L'AN TROIS.
fui seul, comme stathouder, pourrait etl'C un
obstaclc a tOllt arrangement. AussÍtót le sta-
thouder a saisi cette ollverture. Les lignes pro-
tectrices de la l\1euse et du Rhin t~taient au 1110-
ment de s'efEteer sous ]a glaee. Le danger devenait
immineut; il f¡lllait a tout prix ga~ner le lemps
du dégel, et le seul moyen étaít de négocier ! ....
Le stathoLHler se rend done 11 l'assemblée des
États Géllér'aux; il lem eomIlluuique l' avis qu'il
a ¡'e011; iI ne vent pas qu' on se laisse arreter par
l'exelusioIl (luí le mena ce personnellernent; il
cléclare qu'il croit devoir sur-Ie-champ entrer
en pourparlers, et MM. Brantzen de Gue]dres ,
et Repelaül' de Dordrecht, sont envoyés a Paris.


l\fais le stal.hollclel' B'est pas le seul á savoil'
que j'incident des ~Iaces peut mettre la Hollande
iI la l1H'l'ci des troupes répubJicaines. C' est Car-
nol qui dirj~e eucore une ioÍs le (il des opéralions
militaires, et par 1 ui (le tels iI-propos 11e saul'aient
étl'(, lléSligés. Les dispositions du com1tr de París
lle sont donc plus les Il1CmeS qu'il l'époque 011 le
prince de Ilesse-Casse1 capilulait ¿I J\Lwstl'ichl.
Aussi, Jorsque )('s ellvoyós clu stathouder se pr~~­
sentent, la m(!me m(tÍfl, (fui !esj;tit lldmettre
dfllZS le Comité, si,!j'llc [ordre au,x: truupl'S dI'
la népublir¡({e de s'w'allcer jusqlt'lt Amster-
,fWIl. L'eull'cpl'ise ólai t hal'llíe; un llép;c1 iuo-




60 MANUSCRIT
piné pouvait changer le sucd~s en d(;~;astl'e. 1\1:IIS
l'audacp est la 1111\1'e de la fortull(,~ ... Cc'pcwlaut
Pichegm hésite; il se fait r('~p(:u~l' rOl'dt'(~ phJsiclll'Ci
fois. EIIIlUyés ele ces Ilélai~, les rcp[(;~('ntan~
Robcrjot, Alquier et Bell('ganle, qui se tl'OllV('llt
('11 mis5ion aupres de l'armée, le {ont "ppeler.
« Tiens, lui disent-jls, voici les derniers ordre,\
» du Comité; si dans dellx hellres tu lI.'es pas
» en marche, tu es destitlll.i 1! »


Aussitót le Vahal est fi'ancllÍ sur la glacc. C'cst
le 7 uivóse (27 Jéccm}Jre) que ce heau lllouve-
111ent a comnwncé; 11 se poursuit avec intrépidité.
Le lellaernain, 8 nivosc, OIl passe la Meusc sur
]a glace, com111e 011 a pa~sé le Yaha1. L'anlH:e
a11Klo-hatavc croit se retirer dcrriere le Lech;
mais le Lech a disparu. Nous arrivons et les aJ-
liés vont che1'c11er l'Y ss el qu'ils ue retrouvent pas
daval1tage.


Le peuple de Paris subissait alors une cruelle
disette, par suite des difficultés que la l'igl1el1r
de la ~aison mettait dans l'arl'iv¡¡ge des subsi-
st¡¡nces. Mais, a la nouvel1e des succb, de /loU'e
armée dn nord, toutes les plaintes contn~ l'hi-
-----~------~---~--


1 Des révélations, de\enues puhl i(llIes, aSSlll'ent (lu'iJ.
cette époque Pichegl'll a\ail. déjit rait cOllnaltrc iJ. lHON-
SI El H, dl'puis Louis 1.YllJ, de sccrel.cs di"positions, pour
t:úncúlll'ir al! n:l.ablis"CUH'llt ti,: la mai,otl de BOlll'holl,




DE L'AN T R Ol~" (ir
V(~r out ccssé, (l PUiSljUe ce !:I'l'fllli¿ jl'oíd llOllS
) ¡ií're la 11 ollllnde, dit gaiemcn t Lctournenr
») de la l\hnche ;\ la tribuue, iln'est jHlS de pa-
)) tr¡ole flui ne se c071sole d'{i(Joir un peu sOl{/fle
') dllllS ses doütls. »


'-'


Bient{¡t on apprend que nous occupons U t1'ee1. t,
Le jOlll' <{lll' \IOUS y S0111111es cntrl's, le prince
tl'Ol'anfje a ahandolllló le stathoUllerat, eL n'a
pris que le tc'lllpS de sc jeter dans une harcIue
pOlll' gagner J'Anglelcrre.


EIII¡ iI , dans la st";¡ nce <In G pluvi6se, le cknoue-
Hlt'llt est anIlOllcé. « j\OllS S 0111111 es k\ A111sler-
» dam, ecrivent les rep1'ésentans prcs l'annee du
n nord. » Aussitót toute l'assenlLlée se leve, et
les voútes reten tisscllt des cl'is de p¡ve la RePll-
blÚjllc! OH \(,lIt SUspClldl'l' ce premiel' élan pou!'
t'utcl1dl'c le ['(~stc de la d,"peche, et 1'eutllOll-
siasme se comprinlC un 111omellt. « Nous S0111-
)) mes 1. Amsterdam, reprend le rapportc1H' du
)i COl11it(~. L('s Anglais se rófugiellt par Grollill-
)) gUf' tLllS leur électorat de Hanovrc; toutc la
n Holla Ilt!e e,it au pouyoir de la Hépuhlique, et
)) c' est par une chargc de c,nalerie sur la glace
» quc lIons HOUS S011.1111eS empaI'és de la Holle dI'
» Texel. »


A ce (lf~i'lIier trait, les acclamations l'c(louLlcul,
eL VOllt cltcrc11cr df:~s echos par toute J'Europe.


A voir ces Lémoiguages d'adllliratioll qUl échap-




MANUSCRJT


pcnL ¡¡ 1I0S enncmis comnw it nOs amis, qui IlI'
croirait que la H(~pubJiqlle ('sl all monwllt de re-
ClH'il1ir le prix de la COllstallce et O" cOlll'age!
Mais le tahleau a son revcrs dal15 la situatlOll
i utérieul'e de la France,




CHAPITHE X.


U?-lE ]utte opil1iátre se poursuit entre les chef'i
rcvolutionnaíl'es, que la journée elu 9 thermidor
a divises; uevenus ennemis acharnés, apres avoir
eté trop long-temps complices , íls s'aecablent les
uns les autres des recrimillations les plus odieuses.
Tous les excós ele la terreur, iIs se les reprochent
et s'en accusent tour a tmll'. Le partí républieain
s'énerve aíosi, en réagíssant sur lui-mcme ; iI avi-
lit la cause en montrant a nu les personnes; et la
majesté du pouvoir, dont jI est si important de
ménagel' le prestjw~, re\~oi L un grave échec ¡¡ tra-
vers toutes les révélatiolls qu'Oll se jette á la tete.


Dans ce moment, un représentant (Merlin de
Thionville) arrive de l'armée Ol! il était en mis-
sion. En renLrant dal1s la Convention, les yeux
encore éblouis ele l'horizon de gloire qu'il vient de
quitter, iI se eroit plollgé tout a coup au fond




ti,! MAJ\USCRIT
d'un nutre oú les pas~jons les plus sOlllln'es se dé-
chalJlcnt, t't, c(\dnut 11 J'h1.10tiol1 que ce pénible
contraste lui ülit éprouver, il Be peut rctenil' ces
paroJes :


« J] existe done un systrmc ponr ncntl'aljscr le
)) courage des Fran<;ais, et pour rendrc inutiles lcs
» victoires de nos brav<~s cll\J'enscurs ! La sltuatioll
») dans laquelie je retl'OUVC ccHc assell1J¡l(;t~ me
» prouve que ce s}sterne ('st sllivi d~nls son sein,
» C'est lorsque du norcl au midi, de l'orient ü 1'oc-
) ci(lent, 110S troupes triolllplwules arl)()!'ellt par-
H tout le drapean tric010re, que la discorde ,¡eu t
) se refugier iei.


)) Je le demande, est-ce au milicu (le tanl de
)) victoires que HOUS de\ons 11OI1S al );mdunncl' 1\
») des querelles insigniGantes, al! lie[1 ele sOl1ger
) au mo}en de hrisf>r l(~s chal,H's de tOIlS les peu-
» ples, en préparallt une campaglle eucore plus
» be11e que ecHe qui viellt de se terrniucr ?VOllS
)1 De selltez done pas, vous qlli elltrf't(~uez ces
¡) miséra.bles divisions flans la Convellt iOll, YOllS
» llP sen tez done pas combiel] il ('st lJe<tu, com-
)) bien il f'iít glorieux d'etre Fratl(:ais! L'Allp;lc-
)) terre et l'Autriehe tl'emhlcut. Si vous savcz (~tr('
}J fenncs, si vous savez COllll \la lit/el' aux J;lctioIlS,
») vous C01111n:llHlerez aus~i it tous I<~s tvrallS de


" )) l'Europe; mals si vous (jpuuscz d'autres qUl'-
» rclles, e'en esl {;Iit de la Rt-publique! }J




DE L'lN TROJS,
Ces rernontrallces sont vaines; les passions sont


trop vives pOUI' les entendre, et la pente quí en-
traine est trop rapide [ celui-lit memc quí vien1.
(le parler ue s'est pas plus tot jeté dans ce foyer
d'effervescence, qu'i I bouil1onne COllllne les autres.
Les Thermidol'iens ne veulent voii' que les J aco-
bins; ils ue craignent que les Jacobins. Pour les
comprimer sous une majorité plus pesante ,ils
'ie décident il rappPler soixante-treizc de leu)':=;
('ollegues (lui ont été expulsés a11 31 mai, eL ce
l'cnfort de haine c/1venime la réaction , bien 10il1
de la calmer. Les plus IllOdérés s'obstinent eux-
mémes 11 1mn;r les plus fous, moins pour se ve u-
r;er de ce qui :s'est fait que ponl' s'en absoudre 1 !


11 s'agit de mettre en accusation ce gni reste
des anciens membres c1u comité de Salut Publico
00 ¡:lit le proct~S an comité révolutionnalre de


._-----------------_ ..


I Ponl' la Républiquc . jc craignais bien plus le~ terl'O-
ristes de l'an 11 quc lcs terroristes oe l'an 111. JI nI'. mt~
,'enait pas a la pClIsée que le l'oyalisllIe puf. renaitre de
~es cend¡'cs, Ili que les armées ét¡'an¡rl:l'es pussent t¡'iom~
pher des /lI'ltre,;;: c'était une el'rellf, sans donte, mais
clle était pal'tafiée pal' beaucoup d'aatres; elle était fOIl-
rlée sur la confiauce avcllglc qUf' nous avions dans la soli-
dité inébranlable de la révolution, la durée de la Répu-
blique et la bonté de notre cause. (Thiballdeau . Mémoi·
I','S slIr la r:onvention, page 241, )




Gf; MAl\USCRIT


Nantes. Ce proees eornmenee eelui de Carrier;
le proces de Carrier cntraine celui de Joseph
Lebon; d'autres proecs s'instruisent encore; le


rideau qui couvrait la plus grande partie des
(Times de 1793 se <léchire, et la Franee fremit
d'horreur.


« T ene;:" voyez, disent alO1's (luc1t}ues hom-
) mes hahiles, voilú ce que c'est (jlle la Repu-
)) blir¡lle! ... »


La Conventioll elle-meme reste ll1uette quand
Carrier, se réveillant de son délil'c Ü I'aspeet de
l'échafaml, et promenant ses derniers rcgards
sur tous ses collegues, leur jette ce en d'adieu :
« ruisque vous me eondamnez, tout est done
) coupable iei, jusqu'i¡ la S0l111eUe du président!»


Cependalll des avis l'e<;us du dehon; out fait
eomprendre au parti roya1iste tout l'avantage
qu'on peut tirer de l'indignation qui éc1ate, et
jusqu'oú la réaction peut a11er. Des bruits nou-
veaux se [ont entendrc. Des journaux &ont eréés
pour répéter ces hl'uits et les eommentel'; on


eommence a dire que le gouvernement républi-
cain ne saurait durel' lons-temps. On parle des
enfans de Louis XVI; on risque des insinuations;
on provoque la Convention clle-rncme par des
eonjectures hardies; « Si l'assemblée, dit-on,
) persiste a garder sous sa main les rejetons de
» nos rois, e'est peut-étre paree qu'cl1e nourrit le




DE VAN TROIS.
)) secret dpsseiu de releve .. le trone' il n'y a
)) qu'un pas de la prison du Temple au paJais
)) des Tui1cri es ! ... ))


Avec cps propos quí circuJent, :wec ces arriere-
pcnsl'.es (lui se dl-3uisent mal, OH l'éussit ~I jeter
de nouveal1x fel'lnens de discorde~ mais si l'opi-
nion royalisle se l'(~vei]]e daIlS les salons; s'iJ cst.
de bon tOH dalls quelques sociétl's de eOllfondre
la Terreur avee la Hépul,lique, et les l'épuhlicains
avcc les óllergumi~Iles, il )]'en est pas moius vrai
que la haine de la rOJauté est tOlljours l'illstillct
populaire, et meme ]e préjugé qui domine encore
les pl'incipaux meneurs de ]a Convention na-
tionale.


Au miliell du COJlflit tlll11ultueux de tant de
partis cxtrenws, OH !le saurait se dissirnulcr
colUhi(~J1 ]e voisinage eles pl'jsonniers du Temple
(levient imluidalll. Les plus l110lMrés de l'asscll1-
hléc \oudraieut qu'on ]eur rendit ]a liberté, en
les mcttallt hors de France. Brival est de cct avis.
l\Iaisue qucll(~s expl'('ssions, graml Dicu! la 1110-
déra tion croit avoir ]lesúin de se hérisser! Dans
ecttp motiotl, il ]uí éclHlppe de regt'etter f/U'{[ll
miliell de tant de crimes úlUtifes, la Terreur ait
epargne les restes d'ulIc raee qui est aU:l0ur-
d'lllll si embarrass({nte! - I17l'f a pas LÍe cri-
mes inufiles , lui crie-t-on aussitót. - La guerre
de la Felldec, repl'end )'óratcnr interrompu, lIe


5




lVIANUSCRIT


se pOUl'sllit- elle pas ll7t nom des e'!:fans de
J,ouis XVI? .Te persiste á demander leur ban-
nis"ement. - Eh qlloi! rppliqup r..hazal, e'est
done dans la Vendee que vous voulez les en-
v (?rer pOllr tout terminer?


Le comité de Salut Public, par 1'0rgane de


Cambacéres, prend lui-meme part it cette dis-


cussion. « On parle bealleoup trop depuis qucl-


» que temps des prisonniers tlll Tcmple, dit 1'0-


l) rateur du Comité: jI y a pell de dangers ¡, pro-
l) longer leur captivité; jI y en aurait beaucoup
) a les expulscr.lJ n cunemi est biell moins il
)) crajndre lorsqu'jl est en notre puissémce, que
» lorsqu'il passe aux mains de ~eux qui soutien-
» nent sa cause. » La Convention se rauge de


cel avis ... Maí", la cordf' la plus d,'.licatf' a vi-


bré!
D'autres diHicu1tps cncore fatiguent la Conven-


tion nationalc el. troublent en tous lieux et a lous


les instans lc repos de 1a Franee La famine est
partout. Paris est dans la pénlll'ic la plus inquié-


tanteo Chaql1e matln, de nombrcl1x attroupcrnens


de fcmrnes se displ1tent les distributions des bou-
langers, pt, pOllr combIe de désordrc, sur toutes
]('s roules, on üüercepte ;'¡ main arnll'.C les ar1'i-
vages. La sureté des trallsports, la liberté des


c0l11l1111nications sont compromises. Un reJache-


ment généra 1 a sllceéor'. a 1me eompI'f~ssion trop




VE L'AN TROJS.
torte, et la poJice interieure n'a presque plus de
ressort.


Nous n'avolls ríen dissirnulé; laplaieiutéricllre
est profomle, d'autant plus profond~ que le sc-
Cl'et du mal se cache dans la politique anglaioe.




;0 ;vIAN U seR J T


CHAPITHE XI


L\UTIUCilE ET L'ANGLETEIUIE,


(Niv6se et janvicl', )


LE Pal'lemellL hritalluique vient de se réunil', et
)a déclaratÍon suivante a été jetée Jalls le disc()(ll's
uu trone.


« Ma 19ré les revers et les cOlltrariétés que nous
}) avons éprouves dans la dernicrc campagne,
» nous conservons la conviction intiIlle fIlie nous
» devons poursuivrc vigoureuscment la guerre
» juste et néccssaire OU nous som111es eugagés ...
) Aucl1u gouvernement étahli, aucun état Ínué-
» pendant ne peut, uans la situation actl1clle des
) choses, placer une confiance reeHe dans les né-
J) gociations. »


L'Autriche emploie a peu pres le mcme lan-
gage dans les communications (lu'elle est ohligt'>e
d'avoir avec ses co-etats de l'Empire .. MaÍs les longs
protocoles de Ratisbonne HOllS ofli'cnt moins d'é-
claircÍsscmens que quelques lignes des déhats du
parlement anglais.




DE L'AN TROIS.
Dans la dj~cussioll qui est ouverte par le dis-


cours du tl'óne, }l. Canning émet le VCBU que, tOllt
en poursuivant la gucrre avec vigueur, on n' en
('echerche pas moills le moyen d'arrivcr ~l la paix.


Fox est plus absolu dans son désir d'ull accom-
modemellt : « Nos désastrcs sont tels qu'on n'en a
») jamais vu de pareils, » dit-il , et il récapitulc les
triomphes de la Répuhlique en des termes qll'Un
Frau!{ais sera toujOUI'S fiel' d' entcndre. Voici sa
conc1usion : « QU'OIl cherche une semhlable cam-
)1 pague dans les annalcs de l'Enrope ! non! nous
J) ne pouvons sortir trop t6t d'une guerre aussi rui-
J) ncuse. »)


Un troisieme avis est ouvel't : « Puisqu'il n'est
J) plus permis d'operer la contre-révolutioIl de
)) France par les armes, dit M. Thornton, peut-
)) etre devrait-on chercher Jans]a paix les moyens
J) d'ohtenir le meme resultat? »


Mais la haine de M. Pitt, et sa confiallce en
des menées secretes ]ui font repousser toute espece
de transaction. « n a plu , dit-i] , a l'impenétraLle
J) Providence de donner 1'avantage a ]a France
J) partout ou elle s'est montrée. Ne succombons
» pas du moins sans avoir déployé tous nos ef-
» fort8. Pour moi , je ne veux abandonner le com-
)) bat que quand mon excuse sera dans l' cntierc
) impllissance de le sOlltcnil' ... L'Autriche est dé-
» tcrminee a poursuivre avec vigueu!' la campagnc




NJANUSC,RI']'
» prochaiuc, pounu (lue fAng]etel'I'e I'aidc de ses
» finHnces. Moyennant six mil1ions stcrling, 1'em-
) ppreur (l'Allemagne s'engagc a opposer del1:-~
) cent quarante rnille honmws a la H0publir{lw
» Franr;aisc. »)


Des subsides! s' ccrie 1'opposition, toujours des
subsides! (,'est un remede de dupes, L'annúe dt'l'-
niere, nous en donnions ~la Prussc; 11 quO]
cela a-t-il servi? La Prussc traite l11aintenant
ayer la Frailee. QueJJe l11ciJJeure garantie 1IOUS
offre l' Autriche? NOllS la jJaierons aujourd'hl1i;
demain e1le s'arrangera avec ]a H0puhlique. -
(( C'est paree qne la Prussc nous quitte, l'Pplique


») .M. Pitt, qu'il f~lllt rattacher l'Autl'iche encore
)) plus fortemcnt a notre cause. Si la Prusse nous
) manque ele f()i, devons-nous pou!' cela l'enon-
) cer 1.: íiljl'e des alliances? L'Autriche a une
») politique fixe; nul Cabinct 1I'est plus aguen'¡
» allX défaites et ne sait miel1x s'en relever. Elle
H ne peut voir avec plaisir les Frau\,ais maítres
» de ]a Hollande. Elle /le se dsignel'a jal11aif: a
») leur abandOllner les Pays-Has , f't il est impos-
)) sible qu'elle km permettc de domincr sur le
) plus petit coin de J'rlalie. Voil~ nos garantics
)1 a l'égard de l'Autricl!c; et d'aillcurs llOUS IlE'
)) la paierons' que partif'lJemcnt et 11 mesure
)¡ qu'elle acquittera les obligations du traite.-
;) Cf'S victoires qni yOllS d(~Cnllrag!~I:t, ('OIlLilJu\,




l) ¡\L Pin, en s"adressuut sans doute a eeux des
» al1i(~s quí montrent en ce moment la plus
» inquiétante hésitation , ces victoires, les repu-
» blicains de France lIe les out obtenues qu'!!
)) fiJl'ce d'nssignats et de réquisitions. La violence
) a l'égard des persOllnes et des propriétés était
» tout le sCCI'et (le lellr force. 1\1ais de tels moyens
» ne pellvent durer. 11 ]eur fa11ait pour appui
» ]ps comités róvolutionnaires, les représentans
» en missiOll et la guillotine! 01', tous ces appuis
)l :;ont tombés sous la hache qui a frappé Robes·
» pierre. La Franc(~ c!oit passer de racces de la
) fióvre chaude ;. l'abattemeut inévitahle quí Sllít
)) edte crise. Le systemc de la Terreur fera place
)) un systbne OppOSI~, el. il u'y aurait ríen d'éton-
) uant <111'lIlI retoD!' ü des sentimens plus !tu-
» l1laius <lllwnát un retour it la royanté.-Quant
1) a Illoi, la paix. lIt' me paraitra solide avee
J) la Fl'<luce, que lOl'sCflle les Franc;ais seront
) rentl'és dans la monarchie, on du moins 101'8-
) clueleur gouvernemcnt aura (;pronvé quelques
» ehangemem intermpdiaires. Cependant, si
) nous refusons de traiter, ce n'est pas aLsolu-
) ment parc(~ que la Franee est constituee en ré-


JJ puMigue; mais paree que les prinei pes de cette
JI république mettent un obstac1e insurmontable
• a toute espece de négociation. Avez-vous fait
, attentiOll aux discours de Tallien? Un tel gou-




74 MANUSCRIT
II vcrncment n'offre ricn Je stable; on nc peut
» se fier a de tels hommes, et déja les plus har-
)1 dis s'épouvantent de leur position! »


U ne si vive attaque contre le comité de Salut
Public ne pouvait rester sans réponse. La tri-
bune des Tuileries doit une réplique a celle de
Westminster, et l'Europe étonnée se voit ainsi
rcportée aux temps ou les sénats de Romc et de
Carthage discutaient d'un rivage a l'autre. Nous
avons entendu M. Pitt; écoutons maintenant
TIoissy-J' Anglas.




DE L'AN TROJS. 75


CHAPITRE XII.


:>IOUVELLE DECLARATION DÉ PRINCIPES DU COMITÉ
DE SALUT Pl:BLlC.


( Février. Pluvióse a11 III. )


« LE GOllverncrnent anglais, dit l'orateur ré-
1) publicain, 1 nous aCCllse d'iulmoralité , lui (lui,
» sans pudeur , exerce le brigandage de la course
» sur le commcrce desneutres; qui remplit la pres-
)) qu'i]e de l'Illde de earnage et de cadavrcs, et
)J jusque dans les déserts de l'Amériquc ameute
)) les sauvages du Nord contre les paisibles cl11tiva-
)) tcurs des États-Unis! -11 crie partout que 1l0US
» en voulons ~tl'indépendance des peuples , lui qui
» veut contraindre Genes, Venise , la Suede et le
» Danernarck 11 abjurer la neutralité dans laquellc
1) ils sont restés a notre égard! - Enfiu, il ose
), déclarer qu'il n'est ras sur de traiter avee nOllS,
» lui qui, lié avee la Hussie, excite les Tures 1t


l SéaIll:e du 11 pluviusc an lB (Jo janvier 1795 j.




lVIANUSCRIT
» faire la guerre ~l la Russie; lui (flli enCOlll'age
)) les Polonais 11 faire une révolution , el, les laisse
)) ellsuite su 115 appui; lui qui (l0]aisse la Suedc apn~s
)) l'avoir poussée contre les Russes; 1 ui qui, apl'cs
)) avoir force la Hollande a HOlLS combattre , u' iu-
) terviellt aujourd'hui (laus son desastre que pour
») s'adjuger le cap de Donne-Espérance; luí, cnfiu,
JI qui apres avoir séduit les l11a]lt(~\Il'eux habitaus
)) de la Vendée et de Toulon, jouit tranquiJle-
» ment dll spectacle de leur ruilJc !


)) Messieurs les millistres de l' Allf')J(·tCl'l'C met-
» tent nos pouvoirs en Joute l Notre goUV(~rlle­
» ment, disent-ils, n'est que provisoire et tew-
») poraire. Ignorent-ils que l(~ goUYCrUe111E'nt qui
») sait vaiucre a, par cda ln{~me, le droit de llé-
1) gocier jl La Convelltion natiollale est un pléui-
) potentiaire nommé par la toLalitt~ du peupl('
») franyais pOtll' tel'lniner]a révolutlon el la guerreo
) Fut-il jall1ais amLassaueur revetll d'UH plus
)) all1ple pouvoir et d'un plus augusLe cal'acterc ~


») Priuces de l'Empil'c, Cabiucts de Pl'l1sse, d'Es-
) pague et d'ltaJie, 011 veut vous empecher d('
)¡ vous rappl'ocher lle la Frauce, ct 1'OH se lllé-
» prend d'llne maniere bien étrange dan s les a1-
n légations qu\m emploif' pOli!' vous Jain: cl'aiu-
'J dl'e la Répllbliqlle:


1) Si not.re gOUVt~l'IH:,nH~ll L élait au:-;si désmdoll uc
ji ql\'on \OllS le dit, (l"'alll'i(,z-\()II~ i, ['(·dollt!'1'




1) E L'Al\ T ROIS. 7;
» fl'une républiqne qui porterait dans son sein une
)) source de faihlesse et frngitatioll quí l'empeehe-
» rait ~\ jamais de s"occupcr ele YOIlS? ..


» JVhis il est temps que les formules d'une
» politiquc ancicllne et Ilwlavisée fassent place
)) aux expressions franehes et loyales d'un gou-
» verllement lihre.


)} NOIl-8eulemenl i] esl. sur et honorable de
» traite!' avec 11ons, mais votre véritable Íntéret
» l'exi~e. Yous (Iui en sen tez la nécessité, appre-
)) nez-en les moyens; nons sommes trop forts
}) pour avoir ríen 1\ déguiscr.


» La Conventioll déteste la guerre sans la
) craindre; eHe sera toujours prete a en faire
» cesspl' )cs hOr1'el11'8, quand on lui pl'ésentera
» un 11'¡¡it(; conforme á la dignité du peuple
» francais. :\lais 1l0US devons averlir que Hons
» ne souHi'irons pas que ron para]yse nos armes,
)1 que ron suspende nos triomphes paJ' des né-
/) gociations fausses et illsígnifiantes.


» Les uaugers anxque]s nous venOl1S d"échap-
1) per, le désir d'r~n rendre le retour impossible,
» 1l0US ohlí!!;ent a couvrir nos frontieres pnr ]eurs
)) limites natu1'elles. De grands fleuves, de hautes
)) montaglles et l'Ocean pourront seuls nous ga-
) 1'anti.r de tout ellvahissemeut et de toute at-
)1 taque pour ulle 10llgue suite de siecles.


)) A ce p1'ix, les puissances ne l'Ellrope peuvent




MANUSCRIT
.) compter sur une paIX qUl sera inviolahle tk
» notre part. »


Ce langage montre avec quelle confiance le
gOllvernemellt répuhEcaiu sait. élever la t(~te au-
dcssus des elivisions illtesLines pour parler aux
étrangers. 1\1. Pitt se confie dans eles complots
(lui ne sont peut-etl'e (Ille des intrigues; il compte
sur une famine dont il s'exagere les eHets, dont
les souffrances sont locales, partielJes, et le mal-
aise passager. lUais ce qui soutient la politique
répuLlicaine ü un éminent degl'é d'energil~, c'esl,
(lue notre lJUissance milit.aire devient chaque
jour plus irresistible au dehors, et qu'au de-
(lans,l'impulsion donnée par la volonte nationale
conserve assez de force pour surmollter toutes
les résistances secondaires, et pour eutl'ainer ceux-
la meme qui vomlraient l'amortir. S'il [aut re-
connaitre au joul'd'hui que l' Angleterre et l' Au-
triche ont accru leur haine de tout ce qui f~tit la
gloire de la nouvelle répuhlieple, OH a <lu moins
la cel'litude qu'il n'en esl ras alnsi de la plupart
des autres puissances. Nous som111es au momenl
de rompre la Coalitiol1, et ce gl'alld résultat va
por ter remede ü tOllS les maux de l'intéricllr. En
se pressant de 1'obtenir, on ne peut manquer
de rouvrir les vastes marchés du Nonl et du Midi
a nos approvisionnemens; de raft(~rmir le crédit
et de dissiper ces vagues incertitudes qui se sont




DE L'AN T ROIS. 79
élevées rlepuis quelque temps sur ]a staLilité du
nouvcl Ol'ore de ehoses en Franee. Aussi voyons-
nOl1s ]e Comité redouLler d' efTorts, de soins et
d'aetivitf;. Suivons-le de ]a tribune au eaLinet. Il
ne veut négliger aucun moyen pour ameller sur
le terl'ain nes négociations les puissanees qui flot-
tent encore indéeises entre les dégoúts oe la guerrc
et les dangers qu'on ]eur fait craindre dans la
paix. Des négoeiations et des traités vont maintc-
nant HOUS oecuper.


FIN DE I.A PHE)IIÉl\E l'AHTIE.






1\11 A ~USCR 1 T


DE L'AN TROIS.


DEUXIEME P ARTIE.


I'REMIERS Tf1AfT~:S. - LA TOSCA:\'E. - LA PRUSSE.


( Printemps de l'an III. 1795. )


6






I\lANU se HIT


DE L'AN TROIS.


DEljXltME PARTIE.


CHAPITRE 1.


rREMIJ.:RE NÉGOCJATION DE BALE, E'ITR E M. DE
GOLTZ ET LE CITOYEN BARTHÉLEMY.


( Fin dí' r1u\- iús('. )


LA Diete de l'Empil'c s· esl décicl(\e i. Yote!' le
cOllclllsllm si ímpatíelllIllcllt attewlu en AlJe-'
!llague. Aprb.; avoir d(\claré que l¡; bllt d¡; cett ¡;
gucrrc n'etait pus r/r> s'inzmiscer dalls lr>s (ft!;ti-
res inle,.¿curcs de la Pl'{lfl(;(' , la Di(>te dCllla!lcle
qu'on s'occupe ele préparct' ¡r's voies de la paci:fi-
catioll. Mais le chd' d(~ rEmpirr~ n'admet ce COll-
r:Luswn que sous la restl'ictioll d'une paí x q ui
seraÍt juste, honorable et acceptable, et pl'ovisoi-


()




l\IANU seR IT
,'pment, il cxploite, C011111W mo,) ell de guerre:.
ce désir qu'on exprime pOlI!' la paix. SOllS pn"·
texte de mieux soutenir la n0gociatiotl qu'Otl
youdralt entamer, iI l'ecommamle it s(~s co-dats
de fouruir au plus t{lt le quilltupl(~c()Jltingent nl~­
cessaire pOLLY' ouvrir la carnpagnc prochaiuc.


Cependant, dqlUis (fue le ministre pIénipo-
tentiairc de la Prusse, 1\1. de c.oltz, Ciit ¡¡['['iv(; 11
Bile, tlivers Cl1VO.' es dps t~tats (rAn(~maglle S',"1
sont remlus. L'aspect de ccttc ville a challg(~. Le~
eurieux s' en approehent, et le célehre J\1. Burkp
commence a y voit, ce qu'il a appelé (lepuis le
grand cncan de I'Ellrope!


De son cóté, le ministre plénipotcntiaire de la
Répuhlique a re9u ses pouvoirs qui ont éte siglH'S
1(' 26 nivóse ( 15 jauvier). Quittaul aussitút la rt~­
sidence qu'i1 avait dans la petite ville de Baden,
il esl aIlé s'étabIir h Búle. A son arrivée, les ma-
gistrats et le grand triLull de l'état de Bále lui
out fait visite, et de toutes parts on s'est em-
pressé autour du pacifique envoyé de la terrihle
Hépuhlique.


Le citoven Barthélemv est un homme d'ulle
v .'


eillquantaine el' années , d'une haule stature, d'un
extérieur simple qui se compose de modeStle,
d'aménitó, de calme et dn bonhomic. La bicn-
veillanee de son accueil inspire la confiancc, 11
soutient celte impression par une convcl'sation




IH: L',U'; THOlS.
h¡cil(~ qlli déede plus de pénl~l['at.ioll que d'a-
dl'csse, et plus de justcsse quP (le brillant. J\(~veu
du célelm' ah],é Bartbé]emy , et prou~gé des Choi-
senl, il ú¡it hOllllCur a recole qlli 1'a produit al/X
aflilírcs.


1,(' 22 jallvipr, M. de GolLz et le citoyen Har-
thélemy ont échangé leurs pleins pouvoirs. L' en-
trevue a él(~ tn~s-g(lic. Tel cst le premier secret
qui s\;chappe ele Rálc.


Den:\: jours apd's, le 24 janvier, iIs sont entrés
en cOllfi~renee, el les pro pos sont llevenus sl'rieux.


Les prernieres demandes de !\l. de Go1tz ont
été un armisticc el la nclttrrtlité de l\layenee
C01lll1le eOlHli tiOllS pn;jimi llaires de la paíx.


La Pl'usse a hesoiu de l'armistiee, disait son
mi 11 istl'e, pour amelH~r les prillces tIc l'Em pire
qui SOllt SOUS SOIl illfluence, a preudre part ü la
paíx av ce la Franee.


Quallt a l\1aycnee, :\1. de Gol tz ne dissímulait
pas comhiell ce poillt élait elllharrassallt. Les
Franc;:ais oul. comHwtlcé le si(;¡:)c de ecttc place,
el les Prussicns lormeut une parlie príncipale (le
l'armée (luí la d(;lt~ll!l. L'holllleur (lit roi de Prusse
ne s(~rait-il pas compl'ol1li~ si ses troupps désér-
taií'ut les remparts au l1lomclll oú ils sont alla-
q\H;S? La llcutralité de l\Ja)'cuce pourrait seule
tout concilier. D'un cúle, les Prussiens et l('s




86 ~lANUSCR 1'1'
Autl'ichiens J'évacueraient; de l' autr(~, le" Fl'anr,a i ~
l(~vera ient le siége.


Maís l'Autriche cOllsentira-t-dlc 11 cctte transac-
tion? la Prusse se charge de le lui demander. Si
l' Autriche s'y refusc, les Prussiens He se retirf'-
ront pas moills. Alors l\'Jayence, réduite aux Au-
trichiens pOllr ses seu ls cLd"enseurs , ne peut tanlel
ü capituler, et rAlIcmagllc IH' pOllrra impute!'
cette pt~rt(' qu'iI ]' ohsti lJa ti011 dH Cahillet de
Vienne.


Si, au contraire, lAutriche se pn~te a l'exp(;-
dient de la neutralité dc MayPllce, la plaee res-
tera entre les rnains des troupes des Ccrcles, qui
la rerl1eLtront h la FrallCt~ ü la fin eles conf(~ren­
ces de lhle , 011 i. la paix géuéra]('.


Aiusi, oe lllaniere ou ¡[""utre, la f'J'usse ne
dispute pas l\Í<lycJlcc á ]a R(:'publique.


Tellf's out été les pr('miiTes paroles de l\1. de
Goltz; eehes du cilo.v(~ll 13arth01c~m:v sont uu n'-
fus nettement pronond.


Ce qu OH eraint le plus (1u d)té dI' 1:1 France)
c'pst qu on lI'a],usp dc~ Hotl'(' iJl('.\p\;l'í(~B('e des 11\"-
~ociatioll5 par de vaiu('s appafeIlces, el. qu"olJ
Jl';¡it (l'autre d('s~cill qllP dc :WIlS dc"rohcl'ull tc'mp,'-
pl't'~cieux , tout ('11 bí:-;:IJlt t"l'tombcl' \"odi(,\l\ ele la
cOlltüiUatinll dI' la glH~IT(' :-;Ul' 1(' ('omítl' de Salnt
Plll¡li ...


(\ La F'l'dUCe ti"" P"~; dilltt'I"t'1. ;1 lid at"/lllsticc ¡; "




I)/<~ L'AN THOJS.
;¡ repolltlu le citoyen Barthelemy; « eHe n'en a
» qu'ü la paix. Commen«{ons par !aire notre
l) trai u;; nous lp tiendrolls secret si vous le vou-
)) Icz, pom donucr ü l'Autriche le temps de
» s'cxpliquer, et a vos allies du nord de l' Al1e-
)) maguc, cc1ui d'arriver. Nous pourl'ons 11lelue,
1) la paix signr\e , couvril' la cessation des hostilités
)) sous le pretexte d'un al'mistlce. Mais tant que
J) la question prineipale ll'aura pas été complé-
» temellt résolue entre nous, 111eS instructions
jI me dótcndeut d'enteudrc a aucune treve ni a au-
JI cune neutralilé qui suspendrait les opérations
JI mil ita ir es . ))


M. de Gohz ayant anégué que ses instructions
n'étaient pas moins impératives , on a jugé inu-
tile de prolong-er davantage cette discussion, et
les dcux négociateurs sont con venus d'en réferer
l'cspeetivement a len1' Cabinet.


A peine ees deux diHicultés venaient-elles de
s'r'lcver, que la negociation s'est trouvée tout-a-
coup arr(~tée par une cause encore plus grave.
Le lendemaiu de la premiel'(~ confé1'ence, M. de
Goltz pst tombé malade; la mala die n'a pas tard(j
~l prcndrp le caractere le plus alarmallt, et le
di.\ii:lllt' jOUl", M. de Goltz a sllccombé.




88 MANUSCRIT


CHAPIT RE n.


DÉMARCHES CONCILIATRICES ALPRES DE L'ESPAGNE,


( 13 pluvióse. 6 février. )


"2;... __


LA négociation de Bale ne pouvait manque!'
d' en amener d' autres. Le vent soufile 11 la paix
sur toutes les puissances clu sccond ordre. Du
eóté de l'Italie, a Venise, a Cr'nes, ~l Hale nleme,
divers princes frappent aux portf:s, et le comité
de Salut Publie se f:.it tout ol'cilles pour les en-
tendre. n tourne surtout son aLtention ven; les
Pyrénées, et c'e5t dan5 ce moment qu'il apprend
avee quelle maladres5e on a repoussé SUI' la Ji'on-
ticre les dernieres ouvertures si fra uches et si
loyales du géneral Urrutia. l\Iais il 11e s'agit plus
de prévenir le 1na1; ii ne pent (:t1'(: epw5tion que
de le réparer, et ron I1'a qu'ulle crainte 11 cet
éganl, c'est de ne pas faire assez.


D'abord on charge les Hepréselltans pres ]'a1'-
nlée des Pyréllées de reuouer, s'il est possible)
avec le gélléral espagnol , quelques communica~




DE L'Al~ TROIS.
tions a l'aide desqueJlcs on essaiera de revemr
sur le mauyais dfet de la derniere.


En méme tcmps, on éerit a Venise, a Bale ,
h Hambourg, ¡. Copenhague, enfin 11 tous les
enyoJés qlW nous avons dans des résidences OU
l'Espagne entrcticnt aussi des age~1s; on cherche
1 faiJ'e entcndrc it eeux-ei (( que les premieres
» communications <.Iu güuvcrnement espagnol
» n'ollt pas été accucillies comme il était dans
») l'intentjon du gouvernement frant;ais qu'elles
)) le fussent; qu'elles ont été mal eornprises,
» paree qu'elles étaient mal adressées; que la
») France ne veut pas la perle de l'Espagne; que
) l'Espagne ne veul pas la perte de la Frallee;
» et que si ron cst clécilJr; á Madrid ¡. traite1' de
» bOllJJe Ji)i, OH sera bientót (l"acconl. »)


Ce n' csL pas tout; ces avis sont clétournés; le
Comité veut en risquer de plus directs. Le eitoJen
13ou1'goillg, dernier ehargé d'affaires que la Franee
ait eu it Madrid, a quitté l'Espagne depuis dix-
huit mois sculement. Le souvenir qu'il y a laissé
est trop honorable et trop récent pour qu'il u'y
jouisse pas encore de c¡:uclque erédit; il vit retiré
a Nevers; on le fajt venir. On lui répt·te ce qu'il
s'agit de bien expliquer it qud(lues-uns des horn-
mes influens avec lesquels iI a été en relation a
Madrid et, le J 9 pluviuse, sur la tnhle méme du
COIllltl;, le citoyen Boul'goillg expédie les lettres




90 MANUSCRIT


qu'tm luí demande. C'estit MM. d'Ocaritzetd"Y-


riarte (IU'il s'adresse SOIlS un prdexte pl1J'cment
pel'so1111e1. Les dépt~ehes parl(mt sous le eouverl
du millistl'(~ des États-U II is, :1 París.


Ce u' est pas tout encore. Le COl11 i l(~ désire ajou-
ter les procédés aux paroles, el le hasard lui en


fournit une occasion qu'il s'empresse de saisir.


Dans les lettres qui viennellt de passer;' la fron-


Liere, j] s'en trollve une de l\l. de Crillon, anclell
ofueier général fi'ar](~ais au servie(~ (l'Espagne,
qui (;crit 11 son lils, briga(li(~r des armées espa-
Piuoles, maintellant prisollllil'r de guerre eH


France, et dans eette lettre on remarque, entre


aulres passap;es, celui-ci :


« J'ai un reste d'espoil' de voir finir eeUe guerre


l) lllalbcureuse, el tren voir rCCOllllnCllcer Hne


») Ilouvelle, oú je pour1'ais ('l1C01'e cspérer de eom-
)) battre av(~c les Frau\'ais ullis au" Espagnols,
l) contre les vrais cUIlcn1is <les (lpux lIaLions. l)


Le Comité esl. LOllclH": de ces S('1I1 illlt'flS qni S'¡¡(,-


('ordcnl si biplI a'ice sa poliLi({Ilt', I't poue en rel1-
tire Ull éclaLaut téll1oignage, i I dOlllle ol'drc (PI('
M. de Crillo!l jils, rCL!:11ll 1:11 calltonn(~l11ent dans
lf:s em i I'ons tJe'\IOlltpel1iel', soi l dirigé sur le quar-
tit'l' gl'!Il;l'a! dI: ral'lIle'·(, tles PY"(;lIú:s-Orit>lItal(·s.
L(: r(']H'(;:-;ellLaIlI dll lH'I'P\(', (;OIlpilkall de Fou-
!t'lIa,' . ¡¡lIí f'~\ ('\\ 11li""iUI\ ,"íll Lr I'mlllit\I'C', [,cl'oit




D E l/A N T ROl S,
(~H mcme tmllps dl's iustruclious sur la l'tllldllite
"micale il tl~nir envl'l'S ce prisouuicr.


L'emoi (les Icttrps du citoyen Hourgoinf1, <'1
l'cx~cl1liou dcs ordres n~laliIs au jeulle Cril1oll,
devieuucllt l'occasíotl d'une correspondance qui
se l'l'tablit dalls les termes suivans cutre les géné-
l'aux en chef:


~ Au qll::lrtier-Fpn~l';"Il de Figuierc:" Ir. 0'7 pluyióse
an III ( 15 fevrier 1795 l,


)) Le general en cluj de l' armee des PIl'énees-
)) Orientales, au general en ch~fdc l'armet>
)) e~pagnoü>;.


)) .le t'adressc, g(~ll{'ral, une dépcche pour ]('
), millistJ'c d('s États-Unis cl'Amériqlle, résidant
J) en Espagne. Elle vieut de Sal! coll(~glle, cn-
" voyé pres la republiqlle fralH;aise . .le te prie
)J de la luí l'aire teuir inceSSanll11cllt et avec su-
J) releo


)) Je proLite de eette oecasion POli)' i ,'HVG\'Cl' le
)¡ tliscours pl'ouonc(~ á la COllveutiol1 natlOHale le
" J 1 fl'iuwire dpJ'Ilier, pal' l\lel'lin dp Douaj, el


cclui de Boiss}-d'Anglas, dn 11 plmióse; tu
, .Y verras la f'l'anchise et I'impartialité avec les-
" <fllelles }('s illlt·rt~ts des puissances lJl'lligérautes
, ";0 n 1 di~cut(;s; tll Y tl'Ouvel'as la proclalllatioll


.Ies príllcipes de lIoll'e gouvcl'uemeul. (¿lloiqlH




MANUSCRIT
1) je ne sois iel que ponr lllP Laure, cornme je te
)) l'ai ('crit, j'aime trop Inon pays, j'ainH~ trop la
) Repuhlique pour ne pas chercher a ddrnire les
» préventions injustcs que les ministres de Lon-
)) dres se sont attachés 11 répanclre SUl' les iut('n-
) tions de la France. Je vowlrais qu'il Ille fút
) possible de ülire parvenir ces deux discours dans
» les quatre parties clu monde,


» Signé, PÉHIG:'i'ON.


» P. S. Comme le ministre arnt~ricain, résidallt
)1 en Franee, désire etre assuré que sa lettl'e 11 son
)) eoW'gne PIl Espagne est parvellue, je te prie
» d'en faire mention dans ton rer;u. ))


Pen de jours apres, le jeune Crillon est arnen(~
au reprcsentant du peuple Goupillcau de Fon-
tenay, 1\ Figuieres. Celui-ei a bien eompris les
illteJltions du Cornité, et il s'y eon1(wme avee une
frallchise ('1 une générosité de manieres bien ra-
res jusqu'alors. Le jeune Cril10n sait eplC sa déli-
vrallce est le prix eles vceux que son pere a formes
pOUl' la paix. Le fils ne dérnent pas les sPlllimens
du pere. Plein de loyauté, 11 est cornme lui do-
miné par le plus vif clésir de voir l'nnion se re-
tablir entre les deux natiolls, et le 2 ventúsc iI
est rcmis au camp espaguol.


LalssOlls a ces dillerentes clémarchcs le temps




DE VAN TROIS. 93
ele produire J('111' dIet. Quatre jours apres les
avoir prcscrites, le comüé de Salut Public a la
satisfaction de siKucr eníin son premier traité
(le paix. Ce n'est ni avec 1'Espagne, ni avec la
Prusse; e' est avec la Toscane.




1\JJ\l\USCR1T


CHAPITRE IIJ.


1',11'\ AVEC LA TOSCA:\E, ET DISI'OSITIO\S DEs
A UTn ES I'LISSAN CES /lE L' !TAL 1 E,


(Suite de 1'1 ",i"Sé,)


PE1: de temps apres le 10 aoút, la Toseane
avait éte la premierc a reeOI1naltl'é la Hépuhlique.
¡\bis le f) octobre suivant, lord Hervcy, parlant
au nom tlu roí (1' Angleterrc, avnit sif\l1ifi(\ au
Grand-Due qu'illui donnait dow."e Jl(~ul'es pour se
dú:lnrer eOlltre la F ranee, el, depuis ce momen t ,
ioute eommunÍcation ofliciclle s'était trouv(~e in-
tcrrompue enLre París et Florencc.


11 étaít assez naturel ccpelldant que la Toscane
aspirat ü se relever de rétat forcé oú cette sommn-
tioll impéricuse de l'Angleterre ravait rétluite;
:tllssi n'a-t-elle eessé de faire (les démarches pour
)' panenir. Le Grand-Due teuait secretemcnt le
III etc eette afháre. 11 était seeondé par le ministre
l'Ilallfredini, et par le~ conseillC'rs-d'état Corsini
eL Carletti; ce clcrnier était meme d(;sigllé de-
puis long-temps pOUl' se rcndJ'(~ ~l Paris aupres




1) 1: L ¡\ l\ T R O 1 S .
<lll comit.é de Salllt. Publi('. Ses pOllyoirs dataielll
dll 14 lH'lmJain~ (Ir lIovembn~ I 7~),n, d i I s\;-
tait avanc,; jusC(ll'i, G(~ll"S 011 il aU('lHlait des p"s-
se-p0l'ts. Mais le Comitó avait mis un prix a Cf'
l'aeconul1odenwllt. Ce qu'il cxigeait, ce n'étaÍt ni
des concessions politiques, ni des trilmts eI'or, di'
taL¡leaux OH de statues, e'étaiL Ju pain. Nos dlL
partCl1lellS du rni(li (;taient afIa.mes, et telle était
la pénurie du temps, qu'elle avait placé le nc.elld
!le ectte negoeiatio/l dans des saes de lJlé. Des
!-Srains destil\(;s pour Toulon, nous ont été fmle-
vps it Livouruc par les Allglais; la Toseane esi
responsable ¡le ceLte violation de son tel'ritoire, el
le comité de Salut PuLlie n'a voulu entendre all-
cune parole de conciJiation avant que les grains
de LivourIH' ll'eUSS('lIt dé rendus. Cette restitll-
Lion ;IJant (;UJ [,iu' daus le courant de illvóse, des
passc-pOI'ts ont (;té envoyés anssit(\t it l\I. Carletti;
tl (~st arrivé a Paris le I I pluYiúse, et dix joursapres,
le repl'{;sentant Hichard se présente it la trihulw
au 110m du Comil(~. ( La Convention, <lit-jI, a
,) déelal'l~ 1(lI'elle amait rgard ~l la sÍtuatioll des
)1 gouvememcJls CJue la cl'ainte et la violellce onl
" contmint.s (le marchel'il la sulte de la coaliiioll ~
" la premil~re prellve q,,'elle va donner de la sin-
) cérité de eeHe disposition sera en f~vellr de
) la Toscane ... Le Gl'and-Duc ayaut restitué tOll1
) l'écenunent, pt i, ses frais, les grains qui nous




96 MANUSCRIT
)) ont ete en]eves a Livourne , le comité de Salut
,) PubIie a cru devoir conclure le traité que je viens
» soumettre 11 votre ratifieation. ))


On aBait ratifier le traité, séanee tenante,
quancl Thibaudeau se leve: « Je ne souHi'irai pa:;
» pour ma part, s'écrie-t-il , que le premier traité
» qui soit fait avee une puissance Lel1igérante soit
» ratitié sans avoir été médité. Ce n'est pas avee
» le COIl1ité que les puissances font la paix; c'est
» avec la Convention. »


« Il ne faut pas tant se dépecher, dit Bourdon
» de l'Oise; il ne faut pas qu'on eroie que nous
» avons soif de la paix! » .


« La Toscane ne vaut pas deux de nos depar-
» temens,» ajoute un aut1'e memb1'e; mais ii est
aussitót rappeIé 11 l'ordre : on lui répond que
110US ne devons insulter aucun état, quellc qun
soit sa force ou sa üáblesse.


« Hatons-nous, dit Cam.hacéres a son tour:
» de faire cesser une discussion incidente sall~.
) objet eomme sans utilité. »


Enfin, sur la demande expresse du Comité qui
repousse toute idée de précipitatioll et toute iu-
fluenee trop exigeante, la Convention ordolllle
l'impression du traité et l'ajourneulent.


Quelques jours apres, (1ans la séance du ~5
pluvióse, on fait une seconde lecture du traité>
et l'assembIée approuve en ces termes : « La




DE L'A~ TROIS. 97
» Conventioll nationa]e, apres avolr ent('ndu le
» rapport de son comité de Sa]ut Puhlie / déercte
» qu' e]) e confirnw et ratifie lc traité de pa ix eOll-
» du le 21 p]uvlóse, pl'ésent 111ois, entre le co-
)J mité de Salllt Puhlie (~t le ministre plénipo-


)1 tentiaire du Grancl-Due de Toseane 1. )J
Ce premier aete dip]omatique en introdllisant


la République dans 11') systcme politique de l'Eu-
rope, donne oecasioJ1 de régler définitivcmcllt le
protocole de notre nouveau droit public, aiusi que
toutes les questiolls de forme qui s'y rattachent.
L'article le plus délicat de la discussion Cl1gag(~e
~l cet égard est relatif a ]a nature et a l'éteIHllle
des pouvoirs dll Comité dans les négocia tiOllS, et
partielllicrPluent daus les stipulations secretes.


L'admissioll d'artides 1lli resteront' serrets
épl'Ouve U1W viV(~ Opposltlon. - Qucls sont
done e(~s si granels secrels dont on 110US fait
peur? disent Jes UDS. - Il n'est point diglle
du peuplc frall<;ais d(~ traiter d,;;)s le seCl'e!,
disellt les autn·s. -- ti(~flú:]!issez, !¡'l!l' r,;pOlld
Call1hacér¿~s, sur la llIultipJieité el sur la di-
vcrp;cllce des illt(~rtts ¡Les llUjss~mc('s) d di ¡ ('~_
nou:; :;'11 est sage d(~ s:' priH'¡ de tOllS J,,~; ayant;:¡gi'S
f{Ue peuveut o¡¡'ril' des stipnlaLions seCt'L'l~'-? _


1 Nous reportot):; le texte dl' ce trait¡; aux P¡,"ces /tisto"
rUllles.




JIA1\ {j SCIUT
Jlais qllelll:! garanl.ie alll'OllS-nOus que le traitc
<llllSi ll10cLifie sera conloL'me it nos prillcipes et all\
p;ram]s in téréts de la Ih;pu hl ic¡ ue ? - La mcill eu!'!'
garalltie, rc\pliquc Eoissy-(l'Allgh.;; VOIISI'av(?
llans la cOlnposition tlu gOltVi'l'llel1Wllt :tctucl.
Si les clouze llH;l11bl'es (tn ('ol11itr', tll' Salllt Pnblic
avaicnt signé des artides st'Cl'ds <lui cOlllpl'omi~­
seut l'honnrur OH ril\¡érN national, ]('s trojs
110uycaux l11clnb!'cs, (11l(~ le l'I'llolllicll(~mf'lll du
moís Be tarrlt'l'aiL pas ii iutrodilil'c d:llls la COll-
llaissallce illtime des aJ'i:ljn':-; , vi(,lldr;¡i('lltall~~i­
lút vous averti ['.


Apl'cS HIlC délihéralioll slIivle dans plllSiclll':'
6t'ances, OH autol'isc' le ('0111;((', de S;ll!lt Pllblic ;,
adll1ettl'c des articles :;;ecrl'l.s; m;lis il ('st espl'l'f':';ó-
111('nl. clltenrlll (¡ue ('('s IíI'Úc!I'.I' IlI? jiCIl('('1!{ (/I'ni,
pOllr ()~jet r¡ll!! d'aSSllrel' la ti4;'l!se dI' !a /;(lJlf-
bliquc (Jll d'accl'ottre ses m(~rCJlS de j!ro,\páit(; ,
et r¡lle, da71s tOllS les cas, ifs l/e ]!i:llVcnt L:/re
contraircs aux (/ rtirles P({ {('l/S, ni /(,s aUdllll(,/,.


Au Sllrp]us, OH cst gell('Ta!i'llH'llt (LICCOl'd Sil]'
la néccssité lle l"lssC'l' uue Q'l':!ildc ¡aéit1l!le .. 11 ('0-


,)


mitc de Salut Public ([;:m c;('s ll'ilJlS;¡ctiollS rlipJo-
matiques. « Si \ Oli:, ll'i 11\ (:c:tis,;r'z P;¡S \ otrl' CO[l1 i l¿
l) d\ll1c conliance ellli(~l'c, dit Thi.baudmll, com··
» ment pourra-l-il oLtCllil' cene (l(~s gOUYí'I'IH-
») lllens étrangel's? ))- « Colh\gu('s (111 (,Olllité (1(,
») Salut Puhlic, s'(ni(, CI';IS~Oll", YOII:' all"z, ,ir'




DE CAN TROIS, 99
, r espere, je le dé~irc, donner la P;\lX :tu IH'lI-


,) ple fra))(:-ai~ ; l'cmplissez cetU~ mis~ion impor-
) tantc, et ue Cl'ai¡;)lW'I, pas f1ll'on YOIIS chic;nw sur
» cettc rcspollsahililé, »)


Le Comité croit elevoir répomlre il dC's encOll ra-
gemclls (lui llli onl été coutf'stés (l'ahon] , mais
qU'Oll llli accorde maiutcuant ayer Ji.beralitt~, et
C(~ttc repousc, dont Cambadrcs 1;litlc5 principaux
frais, est une Ilollvcl!e mallif:0statioll de princi-
pes.


(( Has:.;urons fElIl'OpC, aprl'" l';¡vojr ÚOl}lH'e, Jit
)) rora teur; He ~OyOllS pa5 de~ conquérans i neso-
1) rahles. Au surpllls, le Comité comprend ses
) devoirs et de c(~ltaines méllances; v01ci tOllte
» sa pens(;e : la 5,"lli'T;ltion lJ'a pns subí t;lJIt d'é-
» preuves, f't liliL LwL de s<lcrifices, sans you]oir


») en as,~urel' j(~ ii'uit :'t sa pos[r~rité. ISous 11'acc-
1) rons done d'71nc mal" stÍre les Emites de la
) Hépuhlique; et, (Iuoi qu'i I en soit, il l¡lUt que
» rEurope Sacllí' quP dalls Cf' grand o~uvrc HOns
» ne S0111111es p~l:i dirigc~s par des vucs d'agral1dis-
» semenL, mais par ]e bcsoin du epos publico »


A ces paroles reUlarcIlla]¡les, Fréroll, ql! I s'appelle
rorateur clu peup!p, s'prnprcsse fl'ajOllter 1 (' ~rCOLlrs
d(~ sou éJoquence cmphati'JlJP et sonol'c. ( Le hl'as
)l que llOU~ tendolls ;!U'i wltiollS, dit-iJ, est un
" br;¡s vainqueur eL lIon (¡¡tigué; traitons, mais
" 11(; COnlp().son~ pas avec la, p;loil'('! La "il'!:ojl'('




100 "lA.I\ U SCIUT
» elle-meme a tracé uos limites; í(~rons-l1ous ré--
» trograder son vo]? non ! ... Peuplcs étrangers,
» l'Hcrcllle fran¡;als posera ses colonllcs lit oú
» vous cesserez de le eombattre 1 N os nouvelles
» frontieres sout déjá tracées par une immense
» guirlande de lauriers, el il nous tarde que 1'0-
» livier vienne y marier ses rameaux. »


Les boeages ensanglantés de la V emlée répl~­
tellt en ce moment pour la pn'miere foís cf'~
memcs aecens de paix et rlc concorde; mais, de
ce eóté, plus de guiri andes de lauriers, plus de
fanfares, plus de triomphes. Les plaies lJideuses
de la guerre civile, rneme quand cHes commen-
cent a se cicatriser , repoussent de tenes allusions.
Toutefüis, l'aceommodement qui vicnt ti' etrc
conc1u ~I la J aunaie, pl'CS Nantes, avec les chefs
vendéens, est pour la Convention un heureux
pl'élude aux traités qu'elle cherche a négoeicr avpc
l'ennemi du dehors.


La paeification de la J aunaje a (~té signée le
2i pluviósc, ou 15 févricr. On y assure la liberté
religieuse aux curés des earupagnes, et l'arrangc-
ment s'est tCl'luiné par une distl'ibutiOll de dcux
luillions aux Vendéens. Les cher~, apres avoil'
éerit sur lcurs drapeaux celtc iuscriptioll, COIl-
guis par la justice el par l'hum:lllité, en out bit
la remise au J'f'présentaut llu peuplc Huelle,
[euT' pacijicatcur. I .. a letll'e d'envoi est revétuf'




DE LAN TROIS. 101
des signatures de Charette, Fleuriot, Sapinaud,
Coetus et Duhruc. On y lit ces paroles : ( Puis-
)) que vous etes celui qui sútes nous inspirer, avec
l) la confiance, le désir de faire cesser une guerre
)) affljgeante, soyez aussi celui auquel nous nous
» adressons ponr faire passer it la Convention ces
') gages de notre récol1cil iation sincere 1 ! ))


Sur ces entrPÍaites, les ratiflcations dll Grand-
Due de Toscalle sont arrivées, et le comte Carletti
demande á présenler les lettres de creance qu'il
a rcr,ues de son princc pour résider aupres de
la Hépuhlique. La Convention veut cIu'il SOlt
introdnlt dans le lien de ses séances; l'envoyé
tosca n vient <lunoncer sa 1'nission par un dis-
cours au pr('.sidcnt. Le pr6sident Thiheaudcau lui
l'(;jlolJ(l par ]('S compl imells d'usagc, llli dOlme
l'accoladc de l'arnitié républicainc, et finvite aux
hOllueurs de la séance. Désormais le ministre de
Toscane aura place daJls la trihulle réservée aux
mcmbres du corps diplomatique. Te]]e est, dalls


1 On a publié depuis une lettre écrite a cette occasion
par Charctte au rép;ent (Monsieur, Louis XVIII) , dans
Jaquelle ce chef vendécll dédare « que les circonstances
» l' out forcé de conclllre cette pacijicatíon, qlli luifour-
" /lira les moyens de recomrnencer pllls tarel la guerre
') a~ec plus de vigllcur; que eeUc tré~e n' est qu'un pi'ege
1) dressé tlu.t' répu blieains , el quejamais iL n'existera
" de ~',;ritable paix entre lui el la Ré¡7llbliqlle. "




MANúSCRIT
toute sa simplicité, la premli~re l'éception de et>
geme Üüte par 1a Conventiou national(~ 1 >


La Toseane a donné l'excmple I1 ses voisins ([(c
rJtalie. Le ::mivront-ils ? ~I les eutclJ(ll'e, ils vou-
laient le devaneer.


A Home, OH demande it relltl'Cl' en comrnu-
nication avec la France; rnais on se réeric contre
un traité (lc raix: OH n'cn a Fas I)('soin paree
qu'on prételld n'etl'e pas eH guerreo Cepemlant
l'Italie cst illond,;e de prúflicateurs 1'0111ains qui
t0l111enL eOlllre la nouvel!e républiquc.


1 COlllme on le yoit, les lormes de notre diplolllatic
lI'étaiellt pas alol's tres.compliquée,;, elllotre éli([uette
était fOl't simple. Le président de 1" COl1\cntioll n'apit lJÍ
palais, ni faste, ni lietem's. Le Illillistl'c ph',nipolc,nt iait'L'
d'Ull prince "int en carosse me ,¡si tel' dan,; l'appartcmcnl
tr€s-bourgeois ou je lo¡;eais, I,cs [tmb,¡s,'ade!li'S des rOl' <1(,
Prussc et d'Esp;'¡f\ue, qui fircnt (:IlSlIit.c leu\' paix ,n'cl'
la Convention, ne fUl'ellt pas traites ayce plus de cén;-
monje. Des hommes supedieicls ct lé¡;c1's, (lile la \ ie de,
cours avait eOl'l'ompus , essayaient de tUllt'llCr en l'idicu!e
ectte simplicité. Les Cahillels étl'anrcl's étaicnt loiu el'CI!
plaisantel', ct lenrs envoyé" en cntl'allt dans eette ,,--
scmblée oi! ron ll'étaítéhlolli ni par J'01', ni par la 1'0111-
}JI'C, mais dOllt les al'mées tl'ioll1jlltaient de J'Eul'Ope .
et dont les príncipes dl'l'ayaicnl: tOUjolll'S les tn\nes.
se scntaient saisis á'nu respccl: hien diHeJ'cllt de cc!lIi (Fl<'
leur inspíraiCllt l'éclat dll diadi:nw et la JIlajc,té l'Oya:c '
( 31émoil'es de Thib;'¡llde;.¡u , COil~'elllion ¡tal/'ONa!,',
rJ;:xe 12í')




,
¡ n.)


lJeplIis rl'rel(llleS lllois, la eour de N a ple~ , par
I'Ol'f.í<lllC ti u cheva I ¡('I' Micheroux , son emo.\'(\ Ü
\Tcuise, e~t en pourparleJ's avee le eitoyen Lalle-
mallt, af.íellt de la Hépllhl i(fUC frau\'aise, it la
meme n~~idellce. Elle a fait fairc cn memc temp~
1m' uu émigr(~ f¡':lnc;;is, .JI. de Naillae , des dé-
marches allpl'('s du citOYCll Villal's, cuvoyé de
la Rl'puhli(lUC ~I Genes; el le cornité de Sa]ut Pu-
bIie a repollrlu a ces Oll\-cl'turcs, en ue mcttant
d'autrc~ condi tiolls 11 la paix ({lIe des envois de
hlé. 11 demande que la Sic.:ile en expédie cinq cent
llIil1e eptilltaux , ou au IllOins t1'ois cent ruille ~lla
destination ele Toulon, de VilJefi:'anche et de Ma1'-
seil1e,
L(~ PÍ<~mollt, d(~pol1illé de la Savoie et Llu


cOlllte d(~ Nice, rIIiw~ <ltI debor,; par une ¡:j'uerrc
IJui se pl'OlOllge <tu - r!('!it de tOllS les cakllls, au
dedalls par le rlespotisme iutoléralJle des Autri-
chiens, se ,oit SOl' le point de devcnir la proie dI'
;;e~ cnllelllis 011 de ~es auxil.iaires. Sans dOllte, il
se troüverait farl. heul'cux d'échappcr aux diíli-
cultés de sa position par une prOlllpte paix avec
la Hépubliql1e: h· iii" du roi et rarclwv{'·tl'te de
Turin sont hwterneul de ('cl avis; mais le diílieilc
(~:it de E,irc cdt(~ paix i¡ LllSU des Autrichicus aui
~'eJl mdienL On tl'(~mh¡l' qu'all prell1iCl' mot de la
lJ("gocjatioll, I'Autl'iclH' llf~ :i'arl1lC de ce pretexte
pOUl' couJisquel' ,HIssitúl I"t s"adjuger le reste de




MANUSCRIT
1'Italie septentriouale. Cependant on a déj~l risqué
que]ques ouyertures aupres du ciloyen DespOl'leS,
n;sielent ele ]a République ~l Gen!~v(~. Le baron
VigIlet des Étolles, ministre de Sanlaigne en
Suisse, a essayé aussi, des le l110is de ievrier (1er-
nier, el' entre!' en cOl11l11ullications ayec le citoyen
BartheIemy; ]\f. Monuot, sec1'etaire de 1'état de
13e1'ne, lui servait d'intermeLliail't'. Ellfin, un
certain 1\1. Pag¡'~s, éllligre üanr;ais, se disant se-
crétai1'e du baron Vignet des Étollt·s, a écrit
directemcnt au comité de Sa]ut Publico Dans
ce correspondant oflicieux, le Comité n'a vu
<[u'un intl'igant qui chcrche a obtenir sa rent1'ée
par un service, ou qu'un espion de l'Autriche qui
YOlHlrait sayoir OU nous en S0111mes avec le Pié-
mont. C'est dircctcment par ]e citoycn Desportes
et par le citoyen Rarthélcl11Y que ]e Comité a
transmissa reponsc. Les Alpes ctant une (les har-
rieres nature1]es de ]a France, on exigeait que
le Piémont renol1(,~út a toute idée de recouvrer
la Savoie et le conüé de Nice; mais OH se l110H-
trait clisposé a l'indel11niser, en prenant pour
hase l'arrangel11ent ele 1'733, par leque! la France
assmait secretel11ent le Milanais et ]a Lombardie
a la Sardaigne. - A pf'iuc ces premie res paroles
ont-elles eté échangées, que l'Autriche, dévoilant
ses soupr;ons, a fiJit enlevel' la malle contenant
les lettrcs de Suisse il Turin. Cette ]e\,on a :-uUi




f) E L.\ N T ROl S.
pn1ll' j(~t('r le Cahill('t sard(' (lallS l'innnobilité (le
rill<lUi(~tlJ(j¡. I'/' de la J)('111'.


En 1'1"011111(", il ('.~t (:úd('nt que )('s puissancrs
di' J'lt,di(' slIppurtl'Jlt impatiel1l11Wnl le joug dc
Lllltt'icbl' el: d(, I'AIlKI(~t('I't'(~; maís clles SOJlt rc-
t<'lllll'~ pa t' la cI'ai 11 te (l(,s dallgers <[u 'taJe det'cction
pCllt 1('11t' aHin·r. Elles attelldellt une occa;;lOll
I't. uu protl~ctl·ur. LE:-ipafíne pell t Icm dOImer
fUIle el LllItl'l'.




In6 ,\I,\~(jSCRIT


eH AP fTRE JV.


'iOU"J:,LLF. CORRESI'ONDANCE DLí (;E"¡::IlAL Li\nrl i\


( }<'in de février. Ventúsc. I


ON a rc<;u de nouvclles lettres du P;("Il('~raJ t's-
pagllol Urrutia, Nous aVOII:'> dr;jit fait cOlmais-
sa nee an~c cp co['rcspolldant. Son tlt}le JI' esl pa"
commun dans les afElires de ce gelll'C, et 11011S w:
(:raignons Fas fllle l'att(,Tltion se f:1t.igllP il le lir!'.
11 est asspz piquant (l'entcndre, ]I~ soir, se parlpl'
(les gens qui se sont battns pemlant toute la jOllr-
1I(oe,


') IJe gencral eJl ch~fde ['({/'Inrie C.\]lII!pw/e (lit g(:.
» lleral en clul de l' (1l'mée ji 'flI U;1l i.\· (' .


» IJ ya qnelqnc temps <pie j'avais lule dis(~ol:r~
:) de Merlín d(~ Donai, que tu m'as ('ai,. pa~;~i('1' lra-
) dllit, et je l¡mi celui de Boiss,v-d.'Anp;las coIILl'II:;


dans le :\loniteur qui, par ton callal) m'est




DE. LAN TROIS,
" pal've[l l! (1 ueJq lles jours pJ LIS tot que je TI l' l' aurais
» r{'(:u.


)) Jc u'ai pmaJ:; doule que le sort du gént>ral
1) d'arm('(' JH' fút, comme tu lll\~ le dis, de se
l) ])attt'e; m:lis .le Ciois qi[(~ les gr~néraux, aillsi
)j q/le tO\lS les hOl11nw:;, dOlvenL S'OCCllPPt" a ser-
') \ ir 1 e dietl dí' i'lll1malliÜ~. Gl'sl dan s ce seus (Ille
) je L'ai enit le d du mois dcrnier: je suis iei
» pou!" fair¡~ la ¡.i1lt't'l'C, el je la Jeral avce p;elll'·t"o-
») Ciil¡;. l\l;;i~ tOllS mes désil's Il'(~n sout ras 1110ins
)) pOlI!' UlJ(' reeonciliatioll entre les deux natioW:i,
i) dp prc'·jeJ'('llec aux gloires milit<lires et ellsall-
)) ¡:;Iantées .• le souhaite la paix avee plus d'ardeur
») que de p;agner des hatailles. Tels sont et sel'ont
» 111('S pl'íncipes. Plút au ciel qtle je pus~c coutri-
!) ¡)!f(')' it licr, par une <llllitié f(>rme d stablc, ceLlX
» (pi se r('~ardpllt Ü préscnt comnlP pl1I1('mis, f'(
» c¡ui se pn"paI'Cllt 1, consommer lcur ruine d'ci-
» proque :


» Si[j'/lIi, .TosEPH D'UnnCTIA. l.


'l Dellxii:lne lcUre du mime jOllr. Le gcmiraL ('11
») chif de l'({/,mec espagnule an general el!
)) chr:f de ¿'([rmee frwl/;aisc.
» Je recoi~ aujounl"hlli ta lettte qui accOIupa-


>,' gnait ecHe rlu minist!'e ehs États-Unis de ril·
,) 1l}(~rir¡lIe, n"sidallt il Pal'is, 1, sun cuUegue n;~;i­
,1 (Lltlt i! llotl'(' ('()¡ir, el i~' :¡¡i dnl!¡i(~ COUI'S dalí';


,.'




108 MANV SCRIT


» l'instant par un courrier extraordinairc, COl11mc
» tu I11e le reeomI11andes.


» Le trompette a remis le paquet de lettres
» pour les prisonniers.


» Signé, JOSEPH D'URRuTlA. »


1( Au quarticr-genéral de Gironnc! le 21 févrit~r ]'795.


J) Troisieme lettre du général en chef de l'ar-
» mee espagnole al{ general en cll~ldc l' armée
» .fi'allc;aise.
» Le brigadier, due de ",Iallon 1, cst arriv(! an


)J qnarti er-général. J e suis informé que e' cst en
» íaveur de son p~re qu'il a ObtCllU cetlc tírúee.
» Il cst reeonnaissant uu bon traitemcut (lU'il a
» l'CS'U; de m011 cóté, j'estimc ta gbH~rosité en-
» vel'S les pl'isouniers. Je u'eH ai jamais aOlllé,
» et tu pcux eroire que j'y correspondrai.


» Signe, JOSEPlI D'URRUTIA. »


• Au quartier-g{;neral de Gíronne, le ~6 f"vrier 179:i ,


» Quatrieme lcttre du gemiral cn chef de l'ar-
» mee espagnole au genéral en clug de l'armée
J) franr;aise.
) En lisant le diseours de Boissy-d' Anglas, qlli


» parait avo]!' trouvé un aecueil favorable du pu-


1 l\I. de Crillon,




DE L'AN TROIS. 109
») blic de ta capitale, je 11'ai pn douter des vues
)! que tu as eues eH me 1'envoyant. Je me livrc
» avec plaisil' a l'idée qu'il y a en toi aussi une
» pl'opension huma in e et louable vers le véritable
» bien des deux nations; et, en dIet, quelle plu:-i
») grande gloil'e que ceHe de prol110uyoir l' esprit
» de rratel'llit(~ dans le moment· méme que nO:-i
» armécs se disposent il l'eeommcncer les SCet1eS
» sanslantes et horribles de la gllerre? Di~s lUon
}) arrivée ü l'armée, je te fis part de mes réflexions
» sur ce poiut. Mes principes sont invariables, et
)) je me confirme toujours en ce que les fonctlons
» d'un genéral n'excluent pas le droit de serv~r
» l'humanité.


» Pour entrer dans la discussion de divers points
» établis par Boissy tI'Anglas, il faudl'ait s'accor-
» del' pour travailler sur cette matiere. Il pOllr-
» rait se faire cIue le moment ne fUt pas 10in;
» mais, en attcndant,je ne puis cIue faire observer
) que les Espagllols, nul1ement intlécis dalls
» leurs seutimens, ont l'cgartlé avec dou]eur les
» sanguiuail'es agitatiolls de la France et la d~­
) vastation totale a laquelle la conduisait la 1'll-
)) reUl' de ses pal'tis; et :1 présent iJs se plaiscnt ü
)) eutendre pllbl iel' (pt(' les (lissensiOJlS iutestines
» SOllt repl'imees, les (':chafauds abattus, les pri-
'1 sons ouvcrtcs, le salir-; i lllloccnt vCllge, ]es mi-
l) nistrcs de la Tf'I'l'eUl' livl'PS il !a lllort el ~t l'tll-




1 1 (j


» Ü1l11ie. Depuis qlJ(~ l:el horizoll hcurclI\ d'hmna-
» uit0 eL de modératioll ú~,~t moutn', je me snis
l) ibtt!'· (le l'espoir (t'emploY('r tous mes efIort~
» dans ragl'éablc trayaií d'UllP pacjl;catioll; me:,;
)) tIés!rs vout étre cornblt's, d jc lW suis reten u
» que par {;mtc de s;¡\oir ;¡ qui rOl! doit s'adl'es-
» ser. Sans cetle cOlllJaissancc, il (~st clair que je
» He puis l¡¡in~ aUCLll1C proposiLioll ;, ma eonr,
» pom súr (pe je sois des principes (llli ont dicté
» et dicteroll1. toujmll's ~;('s d('marches. Les pl'e-
» mit~I'es que 1'on Lit pOlll' rétablir la honue ill-
)) telligcnce illtcrrom pue essuy,'ut df~S di flienl tés,
) et cellc de pOllyoir se commllniql1cr ses id(~es
» ll'cst pasla moimlri'. Le Lrllit des armes troll-
» hIe ct con;ond ks yoi::. de la phiJo~ophie, et
)) quc1quefóis m(~me Ldtcnwtive des SIICcl'S é]oi-
») ¡me le mOll1('nt de ]('S écouter. Ou'il serait ~lo-u ""'- e
)} l'ieux de se ehnrgcl' anc l'anlcur de la houne
') foi tIc l'aire Ji'atel'uiser dcux nations que la PI'O-
)1 videuee él destiné('~ pOll!' vivre ('11 amiti," ct en
) union (rintérets! EloignoJls tous les oh'itacll's
» flui pourraieut entl'avl'l' Olt proloJlp;n' ('cttc a~¡¡-
1) vrc. Ptépomls - ltloi avce dal't{'. - [ :orlicif'l'
» pOl'teur de h pi'(;~;Ctltc pOlliTa l'etl'l' dr: t.a rl--
)) ponsp O:l i'l~coutpr.




nE L.\;\ TROIS 1 [1
d,'l'1I ílT 11IC';Sa¡::;(' ~';I'St pd',,(,Jltt'~ atl camp frauI:ais
le t) vellt{lSC' ('J6 jl~vrícr). Admis en présellcc de
COllpill('al! de Fonlcuay ct de PI;rignon, iI él
lllU! I i pill; les qucstiüns Slll' le moele ele traiter aH'C
ii! Fl'ailce; il a IlH\lllC dOlllll~ iI t'lltClllli'l'. (lll'tllll'
:-'llsrH'lIsioll <l'amws lilci I iterait les lll'~gociations.
Oll lui a n"ponclll (JuP si la Cl'aillle <lp la puh1icítt~
I'dl(,lIL I'E~;p,lgll{', elle düit sentir (tu'Ulle suspell-
,,¡Oll Iral'lIWS est le moyen k muills proprc ~l teui1'
JIOS ('OlllllllluicatlOllS se'cl'(\Les; (IIW la polili<pH'
de la n¡;puhli([lIc vuie <lV<'C Jéf'aye'lIl' ces proposi-
t;ollS lral'l1li~L¡CC;(l'1(~ceql1'i1 ya demieuxüfaire,
l"e~t de s'c\pliqucr franchement et directement
avec le comil(~ <le Salnt PlIhlic, cL (PlC ]a con-
dnile n'~c('IILc d(~ la TOSC¡lll(' fonfni t Ull e'\cmple
J;il~1l simpl!';1 SlIi\ re. L'oU¡clC'l' (',;pagnoJ s'est l'etirp
('11 di~all¡ íi1lL' SOll g("llÚal ,!\ <lit ,',c,; silr le poilJi
11'Cll\'oy('l' lllj(~ P"l'SOlllll' de (:ollll<l Ilec', charg6e de
:;es pouvoil's, pOlll' [¡Iil'(' d(~s l)l'OposiliollS, et (lu'on
!le 1al'dcl'a pas sans doult, ~l pl'endL'(~ Cf' parti.


l)'apl'ós eeUe cOllversation, 1t~ Comité s'attend
it \olr l'E:-;lXI1.!;llL' C¡:{l'(,l' ~OtIS llc!I d(~ iours en ll(~rro-


l Ll ..J o


cialiülls; il noi! n':I\oir pas de temps iL perdre pOllr
s'OCCUpl~1' dll choix Iks nt~gO¡;iaLelll's et préparer
Il'Ul'S illstrucLiollS.




¡ 12 !\'IANUSCRIT


CHAPITRE V.


1I[SSlO~ DES C[TOYEKS nOVRGOING ET HOQl:[S I,:\Tl-.
A FIGUIERES.


( Fin de ventoseo Premiers jours de marso )


LORsQrE les plénipotentiaires espagnols se
présenteront sur la f¡'ontie1'e, iI f¡lUt qu'.i]s y
t1'ouvent les 1Iot1'es, et que la uégociation puisse
conunencer aussitot. Les petites comhinaisons
que ]e comité de Salut PubJic fait entrer dans
ses dispositions, ne décelent que trop le pcu d'a-
plomh qu'on a encore sur ce te1'rain nouveau, ct
la méfiance que rOIl conserve contre tout ce qui
est diplomatie et diplomates, On envoie dellx
Ilégociateurs, le citoycn Bourfíoing et l'alLjudant
géuéral Roquesante; derrióre eux sel'a le repré-
sClltant GoupilJeau de Fontenay dout on a tant
it se louer, et que le COJl1jt!~ cOflsi(lóre COl11me
son vér.it"ble plénipotelltiélirc. Les den" uégocia-
teurs ne 5e1'011t que ses adjoints. L'an tiell(lra la
confércnce, tandis tIlle l'autre restera conune
eouseil et cornmc s\~crétaire anprc"s dn Hepl'¿s('il-




DE L'A~\ TH01S. Id
tant. Si la II(~p;ociatiolJ vicut s'ouvl'i,' dans le camp
fralH;ais, ('e S(~l'a Bourgoing qui traitera; s'il f~'ul:
al1er la chcrchcl' uans le camp eunenn, ce sera
Hoqucs:lllle, que l'hahit miJitairc reud plus cou-
venaLle pou!' lc rú]e de parlel1lcntaire. Dans
lous les cas, [un ser"ira de contrule el l'autre,


Quunt aux illstructions, en voici le soml1laire:
D'ahoru, pas cl'armistice.
-Ne ftire cOllltaitre nos conditious qu'apres


que ],Espagt1f~ aura préscnté les sienues.
- Si fEspaglle veut revcuir sur l'al'ticle des


ellf..1l1S de Louis XVI, défense de rien entendre.
-.- Rappe1er pOUl' base des indenmités que


nous avons ti réclamer: 1°. L'armemeut f[¡it par
1:1 France en J 7~}o pom protr~f5e.r rE~:pagne eOI1-
tre l'AngJe( errp, servii~e f'll l'f'LOllr ducllH'] J'Es-
P. agnc a (kclar¡'· la iTuerre h la France; 2°. les L i':")
trcizc vaisseailx que l'Espaglle a contribué a nous
{¡tire perdrc ;'t Touloll.


Vicnt cmulte l'arüde des cessions Cfu'on peut
pxi~er pOUf' ind~nlUjtés. Une discussion s'rq(\ve
¡el. -- Des le pl'emier mol de paix avec J'Espa-
gne, Dug-ornmier avait proposé de retenir la
Cel'dagne, .Fontarabie et le port du Passage.
Ucpuis, on a particulierement insisté sur ]e Gl1i-
puscoa, peLit pa}s que le }Jt'OJongement de la
chaillc des PYl'énées ~emhJe jetel' de notre cóté.
Oll :lJJ i~gue 1 ('s mt'\1H'S l'aiS0118 d(~ COII venances




1\1:\ N L S e R ] T
géographiques pour gardcl' la vallée ¡J'Aran.
Ceux-l1t demandent c!u'on profite de 1'occasion
pour s'assurer l'illtégrité de ]a possession de Saínt-
Domingue , par la e('ssion de la partie Espa-
gnole; ceux-ei reclament la Louisiane. Cü se1'3it
une eolonie continenta1c dans un climat salubre,
et il est peut-étre plus important qu' on ne pense,
dit-on a ee sujet au Comité, d'avoir pour lafin
d'une revolution une r.rrande colonie continen-


'-'


tale en reserve.
L'honnéte Bourgoing ne peut cacher le decou-


ragement qu'il éprouve eu voyant tant de pre-
tentions et d'exigeances qui s'entassent l'une sur
l'autre. Sa loyaute ue craint pas de se mettre aux
prises avee les donneurs de conseils qui ont pour
eux la favcur des présomptiolls répnblicaines.


« L'E;;pagne, toute v<lineue q\l'elle est, lenr
» dit-ii ave!.: menagement, lIe sent pas cependant
) assez le besoin de ]a paix pour se soumettre a
) de tels sacrifief's.) - Eh Lien ~ OIl le lui fera sen-
tir, et l' on aura rf'cours a de Ilouvell es vietoires.
- « Mais, reprend le diplomate, ces Ilomhreu-
)} ses eessions afIaiLliraient Lenucoup l'Espagne, et
» l'afiaiblissement ele ectte puissance est contrairc
» a notre polit1lIue. »- Glli, réplique-t-on, s'il
s'agissait de l'afIaiblir au profit d'un ticrs; 1I0n)
si c'est au profit de la Republique. - Iei, un
trolsieme nvi¡.; se presellt~; c'est cclui du mez:o




DE J/AJ\ TROIS.
termine: c( Il faut que la France prenne sur l'Es-
¡) pagne, mais il ne faut pas que l'Espag-lle y
» perde; et de l11eme que nous offrons a la Sal'-
II daigne de l'indcmniser du comté de Nice et de
l) la Savoic sur le Milanais, oftron5 a l'Espagne
» l'appat de la conquete du PortugaL .. j) Bour-
going chcrche encore a dissjper ces illusions.
« Charles IV, dit-il, est un honnétc homl11e. Un
doubIe mariagc unit sa famille b ceHe qui l'egne
en Portugal; il ne voudrait pas détróner sa fille.
U n pretexte ne suHirait pas pour une pareille
guerre, et ici le prétexte l11eme n' existe pas. »


Le comité de SaIut Public se décide a Iais5er
ces différentes prétentions dans le vague. On en
obtiendra ce qu'on pourra; aucune n'est prescrite
comme condilioll abso]uc.


OH comp]étera, 5'il est possihle, la paix avec
l'Espagne par une alliance offcnsive et défensive
contre l'AngIetcrre. On se contentera d'offrir 1'as-
sistance de ]a France pour l'invasion du Portugal
et ]a reprise de Gibraltar. Entln, et cet article
qui termine les instructions, fait trop d'honneur au
Com ¡té pour etre passé sous silence, on stipuIera
HU protlt de l'agriculture de la France le don
d'un certain nomin.'e de jumens poulinieres, de
brebis et de bé1íers mérinos.


Bourgoing el Roquesante partent done avec
une grande latitudc de pouvoirs. lis arrivent a


8.




116 I\LUdT seR IT
FifJllieres le 28 ventóse ou 18 mars; mais per··
sonDe ne s'est cncore présenté de la part de l'Es-
pagne; OIl n'a rCt;U aucune l'("ponsr. au, lettre.'
de Madl'id; depuis vingt jours, il n'y a pas eu
la moinclre communication entre les avallt-pos~
tes, et les opérations rnilitail'es ont redouL](: erar'·
tivité. Que penser de ce m("coll1pte? ](,:-í inlelltiollS
de l'Espagne ne seraiellt-('lles plus les m6mes, uu
se scrait-oll réellement ahus('~ sur la Sll1cúité des
ouvertures precedentes?


Apres dix grands jours d'atteute sur la [ron-
tiere BOUI'goin<:f reeoit enfin le'" "erminal ( 2'"'


, ~ U) '/ '" j
111al's) une pn'miere répoIlsc: 11. 1'une des lettres
que nOllS ravons vu écrire ü "ladrill, il y a plus
de si, scmaincs, sous le couvert Liu ministre des
États-Unis. eette n"pollse ('st de M. Ocaritz; mais
elle De viellt rélllilllCI' illlC1HlC (les p~pú'allc(~s (}U'OH
s'était faltes. Le corresponclant de Madrid, apl'es
avoir satisfait a ce qll'il y avait de p(~rsonnd dan:::
la lettre de Bourgoing, hri dit que, (¡Wflll (fax
insinllatiuns pulitiqlles, il n'a pas era devuir
touche!' cette co"de (wec JlI. le dllC de la A lCll-
día; qu'il l/e s'en aviserait que dans le cas olt
il aUf'ait ti propase!' des b({sl's pLus sulides que
les bruits 'lui CUllrcllt; qu'iL fillulrait prealable-
ment cOlllláftre les dúposiúOllS da gouí'l'J'lle-
ment jiw/(;/lis ... Toutefois, 1\1. OcarÍlz termine
par des \'CClL\ tiui n~poudent ~I ceux de ::\10 130ur-




DE L'AN TROIS. r In
I


going, el par ),invitation de eontinuel' eette eor-
responda'lce.


Que1que disparate qu'il yait entre ce langage
d celui du gén6l'al Urrutia, la letLre espaguole
laissc du 1110illS une porte ouverte poul' s'enten-
dre, et l'on s'e111presse d'en profiter afln de ré-
c11auficr, s'il est possible, la tiédeur de ees in-
terrni na 1)le5 com mencemens. Bourgoing répond
done des ]e lcudClllain en ces termes:


(1 .Te suis peiné, mon che1' Ocaritz, que vous
» lI'ayez, relatiyemcnt aux apparences de paix,
» que vos VfBUX personnels a me transmett1'e ...
» quoique je sois, commc vous, ét1'ange1' aux af-
» [1i res po1itiquet., jc pourrais, cumme vous, me
» flatLcl' d'étre (-couté lle mon gouvernernent si
lJ j'avais h lui [¿,irl! passer, de Ja part du vótre,
') des pl'opositiol1s propres a servir de hase aux
» négoei<ltiotls de la paix. Mais tant qu'il ne
» se pr(\sentera pas quclquc pefsonne chargée
l) el'une commis~ion ofJicielle, nos vecux, mon
») eher Ocaritz, fllsseJll-í I:s partagés par nos gou-
1) ve nWl1I CJ1 s , pourraient rester long-ternps sté-
;) riles ... )) Le citO}Pll HoufgoinS parlc aussi de
sen arrivéc 1t Figuil~l'I's; il espere lIucee Yoyage,
eIltl"(~pI'is pour elf'S afIaircs personne1]cs , ne sera
pas iUlltiJe, si rOll cn vient enrln flUX pOllrpar-
1(',.,1' entrt' l(·s den" gOllverllemcns,


Le g(;lI(;ral Pérignoll l['all~llH~l ecUe lcttre au




lIS .'tI A..\ L S e lU T
commanrlant de l'al'm(~e espagJlolt~, 11011 pas cdlt'
tois par un trompette, mais par radjudant-géné-
ral Roque,ante lui-menH'. Cdui-ci la ('{'met Oll"
verte au g~néral Urrutia qui en preucl lpctu/'e •.
et l'cnvoic aussitót par un coulTiel' ¡j .\radrid.


Ces allées pt velllll'S 11(' sout pas it leur tl'l'Il1('
}Jour llOUS en distraire IIn moment, porto11s IIotn-
attelltioll du e<'¡t(- de Bálf', OU la uégociatioll d(' b
Pl'usse 1101lS rappcJJe.




DE L'AS TROlS.


CHAPl TRE VI.


D,EVXIEME NEGOCIATION !lE B.\LE.- M. DE liAR·
DEMBERG ET LE CITO Y E:'I BARTIlÉLEMY.


( Premiers joun de germinal. Fin de mars.)


M. le comte de Go1tz cst mort le 17 pluvióse
( 5 février), et son suceesseur, 1\1. de Hardem-
berg, n'est arrivé 11. Baje que le 30 ventóse ( 20
mar~). Dans cet intervalle de six semaines, le
secrétaire de légation, Ilarnier, a été autorisé ¡l
continucr les conférenccs. Tous les articles en
discussioll ont été approfondis; le plénipoten-
tiaire de France a remis son projet de traité;
J\I. lIarnier l'a envoyé 11. Berlín, et la question en
est a un tel point de maturité, que le nouveau né-
gociateur semble venir a Bale moins pOUI' discu-
tel' que pOUl' signer Oll pour rompre.


U"ue rupture ne serait pas impossible.
Tant {{ue la négociation s'est passée en conver-


sation, la diplomatie prussienne n'a montré au-
cune opposition sérieuse aux pretentions de la
Ilépublique SUl' Mayence et sur tout le pays de




¡:lO MASU SCIUT
la l'lve gauche du Hhill; mals lorsqu'il s'est agi de
consigner ce principe dans la redactioll du traité,
de ¡.)I'andes dlfficultés se sont élcvées.


« Le mi du Pru5se, a dit M. Hal'lIieI', 11e s'op-
» pose pas a ce que vous prcuie:r, la rlve gauclw
J) du Rhin; mais i1 11e uppcnd pas llt> l!Ji de vous
» la dOllner. C' est a l'Empire ü en f~lire la ces5ion-
)1 Si vous l'obtenez, notre pays de Cl¡~ves suivra
» tout naturclJemeut; si vous ne l'ohtelJ(~:r, pas,
)) le pa'ys de eleves ne vous scrait plus .bon a
» rlen. 1) - En cOllséquene(~, la Prusse s' oppo-
5ait a ce que la cessiOll de ]a ligne du Rhín et
m611e de H7ezel et de llia?urs füt énollcée au
traite. Elle renvoyait ectte stipulation ü la paix
générale.


La cessiOll de la ri(Je gauc1ze dlt Rhin ajour-
née ti: la paix gerzéralc ! ... On devine déja com-
hi.en ectte proposúion a du étre mal SOlluante a
Paris. Le Comité, vivement ému , s'est 1'emis a
douter de la sincérilé Un gouverllcment prussien,
et l'humeur a faini tOut envenimer.


Jusqu'alors nos armées étaient restées inaetivcs
sU!' le Hhin. Les Prussicns avaient tl'ouvé dallS les
événemens de la Hollande UIl prdexte pOIl!' se
rep1ier sur 'Vezel et la "Vestphalie, et leur gé-
néral Mollenclorf, cllquiUal1t les envil"Olls de
l\iayenee, avait dcmant!¡" qu'on u'cntreprit rien
(le sérit'Llx du cut!' Ol! il se relil'ait. Le comité de




DE L'AN TROIS. 121
Salut Public: y avait consenti; mais retombé dans
ses Iuéfiances contre la Prllsse, ii allait revenir
sur eette es pece de suspension tacite quand les
considl:ratiollS suÍvantes ront retenu.


L'arméc de 1\1011cn<1orf est fraiche et fortc de
qllatre vingt mÍlle h0I11111eS; a ce nombreon peut
ajouter les Hanovrieus. Si de telles forces vc-
naient a se raLattre sur la Hollande et sur le 13as-
Rhin, il ne faudrait rien 11101ns que nos armérs
du non1 et de Salllbre el ~Jeuse pour les conlf'-
nir, el l'armée du Rhin, perdant ajllsi l'appu1 des
deux autres, resterait seule eontre celles de l'Au-
triche et de l'Empire. Cornment, avec cette infé-
riorité de nombre et de position, pourrait - elle
sllflire pour protéger les si(~ges de l\IaJcIIce et de
Luxemboul'g?


Dans ecHe pe,'spectivc, lc parti le pi LIS sage
était de ne rien brusquer; ii a prévalu, et les plus
illtraitaLles se sont résignl!s 11 attenclre le dénoú-
llwnt de la négoeiation de .Dile qni ne pOllvaít
etre eIoigné.


Tel (;tait retal d~s choses á l'arrivee de M. dc
Hal'demLerg; mais avec le 1I011Veall négociateur,
HU challgemellt notaLle ue tarde pas 11 se déclarer
daus le systcme de la Prusse.


Le plénipotelltiaire prussieu sent aU5si ,ive-
lllellt que ses préd¡'~ces~~ul's combien est delicate
¡initialÍl'c (plt' nous voulons [ai/'l~ prcndre a la




132. MANUSCRIT
Prusse, relativement 11 la ccssioll de la rive gau-
che, et combien le crédit de son cabinct en Al-
lemagne peut s' en trouver compromiso JI dis-
serte a ce st~et avec politesse et ménagement,
mais avec chaleur; il s'étend complaisamment
sur tous les obstacles que notre ambition de la
frontiere du Rhin doit rencontrer : mais enfin il
ne conteste plus que sur la forme de la rédaction.
Tous ses soin5 se réduisent a éviter les termes
qui pourraient rendre la Prusse responsable en-
vers la patrie allemande. n exige surtout qu'on
rejette dans la partic secrete du traité les :uticles
qui assureront des dédommagemens territoriaux,
et des garanties pour certaines Crt~ances bavaroi-
ses que son gouvernement nf' veut pas IJP.rdre.


N ous ne sommes cependant pas a la fin des
débats.


Tandis que ce grand rapprochement s'opcre
sur l'artic1e qui a été jusque-Ht le plus conteste
par M. Harnier, M. de Hardemberg rC111et en
question tout le traite, en élevant une prétentioll
qui transporte aussitót la dissidellcc sur un au-
tre point non moins essentie1.


Maintenant l'avantage de la paix n'8st pas le
seul que la Prusse se propose; sa poli tique achcve
de s'expliquer. Elle veut qllitter le róle secoll-
daire auquel la coalition 1'a réduite, et reprcn-
clre en Allemagnc une existence plus digne dc la




DE L'AN TROIS. 123
rivale de l'Autriche. Dans les relatiol1s qu'elle
vient de rouvrir avec la France, e])e a t:utrevu
un moyen de s'attacher tous les princes ses voi-
sins. Elle désire que son alliance leur oITre une
protection plus eflicace que ceHe de toutes les
armées de l'Empire. A cet efl'et, elle nous de-
mande de rcconnaitrc une ligne de neutralité
derri~Tc laquelle eHe puisse étendre un abrí sur le
nord de l'Allemagne.


eette proposition impromptue est présentée
par 1\1. de Hardemberg avec un intéret tout par-
ticulier. 11 est hanovrien de naissance, et iI ne
dissimule pas que le Hanovre sera compris dans
su démarcation du nord. On dirait que l'idée
premiere du systeme , devenu celui de la Prusse ,
appartient au sentiment personnel qui pousse ]e
plénip(!)tentiaire a éloigner la guerre de son pays
natal. Cette présomption peut n'etre pas fondée;
cependant l'intéret individuel se rencontre si
souvent au fond des affaires, qu'onne risque gucre
de mécomptes dans de pareil1es suppositions.
Que la ligne de démarcation du nord soit une
idée hauovrienne ou prussieune, elle est deve-
uue une autre pierre d'achoppement au traité.


Une ligne de neutralité derriere laquelle le
l1anovre pourra nous échapper! Le Hanovre,
province du roi d' Angleterre, neutralisé uu mo-
111ent meme OU la guerre de l'Ang]eterrc contl'e




1:l4 )TANUSCRIT
IlOUS se ranime avec plus de fm'eUl'! quelle eombi-
naison étrange! C' est d' aborcl ce qlli choque le
plus le comité de Salllt Pllblic, et il él grand'-
peine a se familiariser avec cette conccption. Ellp
ne luí dep]alt pas rnoins considéree sous le point
de vue general.


« Le roi de Prllsse, disent les membres du
» Comité dans leur délibération, le roi de Prusse,
» apres nous avoir Jemandé d'admettre ses hOllS
» oflices en faveur des prilll~(,s S('S co-états (le
» l'empire qui voudraient f~li['e la paix, vipnt
) nous proposer de les considerer des 11 Frescnt
» comme llcutres. Il y a une contradictioH évi-
J) d(mtc entre ceUe oílrc de médiatioll et eeUe
») demande de neutralité, A que1s traités de paíx:
» pourrout abolItir lcs hotls o/liecs da roí de
» Prllsse, qlland il aura plaeé ses pl'ott\gés dans
)1 une positioll de neutraliu; (llÚ les gal'an-·
) tira de tOllS les maux: de la gllerl'e? Pour que
) HOUS puissious accorder de tcls avantages, íI
)) !;lllt que ces prinees se déclal'ent et prellIJeut
» la peine de traiter en personne. J)


el' qui decide principalplllcnt le Comite' 11
rejett'r 1 a proposi tíon, e' est qu' elle comporte une
1'ou1e de détails propres 11 amel1(~1' des discussions
interminables, et qu'eJle lui semble un détouI'
diplomatique résené pOllt' rccull'l' de plus en lJ!w,
la rouclusioJl du traitL'.




DE L'AJ\ TR01S.
L'hahitude dorme la confiance; ril1(~'(p(;['iellce


est timidr; et l' on ne dait pas iei perch'e de vuc
que les melllhl'es du Comité en 50nt pour la
plupart ~lleur apprenti~sag-e. Leur défiance prend
S'lrtOllt son orig-inc rbns le secret de nos divisiollS
intestilles J et dans la persuasioJl- oú ¡]s sont que
l'étranKcr poss(xle encore nlieux qu'eux - rnémcs
ce 5ecret redolltable. A\ec uu td pressentiment,
ils 80ut disposés it voir daus les moindres détaits,
et (lalls les plus petites diHicultés que les llég-o-
ciations comportent, Uli subtcrfuge éehappatoire
(lU'Oll emploie pour 11C pas a1le1' plu::; loin. On
ue peut se dissill1uler que, de toutes part::> , OH
fait courir le bruit que la Rl;public!ue est sur le
point de devcnir la pí'oir df~ S(~S troub]p" iuté-
ricurs. M. de 1/anicl1lLcl'g Jlli-mt~l11e i¡ pal'u ~e
J'CSSCll tir de r in 1I ueuce de pareiHes rumeurs, el
lI'a pas dissimulé (Iu'on pouvait hésiter ü con-
dure dans de tenes circollstallces.


Ai llsi !loudes déJlance':idu comi té de Salut Pub]ic
sur r at'ri(~rc-ppns(;e de la Pl'USSC, bien plus cucare
que les rai~ollllcmens politi<llJ(:'s, sonllc vél'itable
111oti1' qui rqlollssc la dcrnierc proposition. U 11
avis qui serait de uatu re ¡¡ dissiper tout ,1 coup ces
délianccs, fenlil. par cela seul tomher toutcs les ré-
pugnantes. 01', cet avis lllespél'é al'rive au moment
méll:le oú le Comité vienl presque de rompre.
Le 10 genuinal , une dépeche de 13arthélemy,




MANUSCRIT
apportée par un courricr extraordinaire, annouce
que la signature du traité ne tient plus qu'a 1'ad-
mission de 1'article qui stipule la ncutralité du
nord. M. de Hardenlberg 1'a déclaré positivement.


Des que le Comité ne pcut plus douter que la
paix ne soit dcrriere cet article, il revicnt aussitót
sur la décision contraire qu'il a prise, et admet
tout ce qui était en question.


A peine le courrier qui va porter a Bale 1'or-
dre de signer est-il a cheval, qu'une insurrection
populaire des plus violentes éclate antou!' de
la Convention nationale.




DE L'AN TROIS.


CHAPITRE VII.


JOURNÉES DES 12 ET 13 GERMINAL A PARIS.


Nou avons déja parlé du malaise intérieur de
]a France. n s' est accru avec la haine des partis
que nous avons laisses en présence.


Les basses c1asses de la population de Paris ,
que la disette rassemble toutes les nuits aux por-
tes des houlangers, sont un puissant auxiliaire
pOUI' le mécolltcll temcnt des J acobins. 1\1ais les
Tlzermídoriens ont aussi un pcuple pour eux;
e'est le peuple des honnétes gens. Toutes les
c1asses aisees de la sociéte le composent. Une
nomhreuse jeunesse, échappée aux desastres des
familles ainsi qu'aux réquisitions du service mi-
litaire, en forme la troupe légere ; le juste ressen-
timent qu'elle eprouve prete a son efierveseenee
tous les caracteres de la fureur populaire. Le pou-
voir uu jour est derriere elle, et les efIorts meme
des Jacobins pour se relever, ne font que préeipi-
ter les mesures qui doivent compléter leur défaite.
On a ain8i forcé la Convention a mettre en juge-




1\1 J\ j\ U S e R J T
ment Je~ trois membrcs les plus compromis de
rancien gouvernement déccmviral: Collot d'Her-·
bois, Rarrere et Bil1aud de Varenues ont eomparu
devant rassemhlée.


(( C'est un bieu triste tableau des vicissituclrs
) revolutiounaires, a (lit Collot d'Hcl'bois daus
» le début de sa défense, que préscutent iei troi:,;
» hornmes long-tcmps ohseurs, qui, de conce1't
» avce des colJ("gues eoura5em:, et appll)'cs <1('
» yotre pllissanee, ont soutcnu sans a1fr011t, pcn-
» dant cfltinze 11l0is, une luttt' il jalllais lIIérnora-
» hlc eontre toutes les puissauces de l'Eul'ope, (·t
» qui sont aujou1'd'hui foreés par un sort contrair(~
» d'écal'ter UlW sinist1'c aeeusation!oo quoi qu'il (~u
» sOlt, les rois pellvent contempler notre situation
)) avee un plaisir secret; les coups que nous leur
» aVOI1S pOl'tés 1l0US cléclornmagellt (~t UOIIS con-
» solent! »


DeImis clix jou1's, ce proces occupc les S('ances
de]u Convention par les débats les plus animés 1.
Si rinfluencp poli tique des accus(;S ne s'exerce


1 C'était peine perdue que de disClIter les chefs d'accu-
sation. Des les premier.> jOUI'S d,· ]'iustructioll, chaque
memhre de la COl1Yeution ayait son opinion faite. Les uns
avaient résolu de sauycr les accusés, les autl'cs dc les
eondamner. On nc jU3eait pas , on eornbattait. ( Thibau-
deau, J11émoi/'cs sur la Com'cntion, tomo J, pago 151. )




rH~ LAN TROIS, 129
plus que Slll' les b;lllCS les plus deV(~s d'une extré-
mil.e de la salle, ils Ollt ou moins pour défenscurs
(les coll(\gues justf>ment honon~s quí dem:llldent
ir partager JI'III' ~ort 1: ('t mÍ!nH' su!' les banquet-
tes les HlOíl}S agitr\(,s, uu üliblc int,érc'~t, reste
d'un granel I:]'(\dit N souvI'llir d'ulle ]ongue ha-
bitudc, plaide encore sccrólpllH>ut culeur favc:lr.


L;1 .. i .. acitl', avec IaqUf'Jle l'att;1quc et la dpffmse
se poursuivent, laisse échapper des nhPlations
importaul.(·s :


I( \lxll1do/llJ('z ces discussiol1E, dit CarDot,
\) ajollrnez vos (P1I'['elles , et donnez-nous un gou-
» verllenlCllt, cal' vous n'en avez paso JI faut vous
,) h· llirc, citoyells, l'dfroi d'l!lH' responsabilité
)) outrl'~e pl'odllit la dissolutlon; tout est frappé
l) dI' stUpClIl' p:ll'llli (TII\ qlli sout it la t(~te des
)) ;¡ flili ['CS pul)1 iq 11('S; dWCUlJ des lJIcmJJ¡,cs ([ue


I 011 ,ti di~, ('I'n pnlfl¡'llt ¡](' t'C,ll'cindl'c a trois le J10tn-
1>1'(' dc:, íH'I'U"(:;--' dI' ;';HH<C'U V011\en!C1Hent.: Jllrli.-: 'rlll'~ an-
('¡('m ('()I!i~~llí" " l\ohí'!'! Lillt!ct . ramo! ct !1 r i<'lIi' dí' la
C¡'¡1r-<r()r rCpOH'<i:-;nut ('cUc (';-;;1'('\'(, d(' {-!i'¡I('C conl111C Hile
II:Jurc. 1~('Llilli;I,(,;lt la "'oi¡.\!ar!l.é do~;t Ol~ \ou~a¡t 1(,:-, dt~­
,-·jl;!:'f~('1". ()n;1 \p L!t:t de Llchc."cuilqJ!lCl'~. dn POil\OlJ'I';:¡-
LaJldonJltT d;II.'" le ¡~;;:ljIC¡¡J', 1; i i'~t1u¡r ~:¡('¡j.d':1 :-1." ('1)-
;I{'n,i~ ~,nl!1' ¡·(Hit¡,;,~{·1 ~dl:ittil fí,:'i1n n,-' ;'C't¡:- ,,'('?;~p(~cl1('r
11'adllllrCi' UII ;¡lI:--,~i l'{t¡·c tk'\OI;(,III1'III. Ii -f;¡ aiol ~ nnc ,"j~,('
,¡¡lpn',SII)/) 'I'1I;):llIdl';1II





,)
1,)0 'UA~ V SClt 1 T
" VOUS portez au ~OllVerllell1ellt n'aspn'(; dl~S SOl!
11 eutl'éc qu'au m0111ent d'en sortir; Olt I'CdUllh'
l) les operations militaires un peu !UlsardcllSCc\,
) Les négoeiations ne prenllent pas la route na-
l) turelle el aLrégée Cj1!I'ellcs dcvraient suivr!',
» qu'elles suiHaient si 1'011 ne craignajt de passC'l
» pour avoil' vendu S011 pays. Tout s'ajolll'íw
)) tout tra ill(~ en IOllglH~u r; chaeulI era ¡nt de COI1-
1) elure; chaeun túclle d'atteindre le terl1lP (h~ ,.;a
») dangl'reuse ('arriere l. Un UOllvcaLl genre di'
» terreur nOns a frappés; l'imposlul'e et ];¡ difh¡-
1) mation ont ehangé tOI1S les r{¡les. T"I <¡ni Cl'oyait
)) avoir mérité ]a réputatioll (l'UIl ltomme juste ('[
)) sensible, sp tJ'ouvP trallsforml; par la réaetion


Depuis le 9 thcI'11lidol', l,~ floll' Cl'ltCllJCltt c,t l'ctournc
dans la ConvelllÍC'tl tOlltc cnticre ... JI a été di'pers,; l'1!
tre treize comité:i«. Le comité de Salut Puhlie ¡;om;crn
i\ peine le pOll\oil' strietement néeessairc pOlJJ' contiltllCI
la guelTe ... 11 est entr3\-é d~\lb pl'l'sque toute~ ses op¿'ra
tions, et obligé de se réllnir SOllvent aHe 1'1 IIsi/'1II'S ¡¡litre'
comités poul' al'l'(~tel' l,~s moindn's IllCSUI·(~:i. Ces n;UlIlIJtI'
occasionent une assez grande perLe de tcmp~ i il n'(':-t plu,
opportllll d'a¡.\ir, fjnand un a délibéré .. Les autr(', comi-
tés prenllcllt souvent des arrctés incohér<~ns l't contradil'-
toires , faute d'ul1 po;nt central oú les op,:ratiolJs se di,
Gutent et se concertent. Enfin, il Y a pOUI' aiml rime
treize gOll\crllCmens, de. ~ Thibaudeilu, ,)/,;/lioll'l>' "Ii'
la COIH'eIltion natiollllle. pago 333 d1) ')




DE L'A\ TROIS.
) I!n un /lUvelll' de .mlll:)", et lel donl le nOlll


,) seul illspirail (Le i'dl'rot, est dcveuu l'exemple
" de la douct'lIl' et de la moclcstic .... Il n'y a plus
') qu'un 1lI0.\t'1l de sOl'lir de ectte erise violente;
, e'est ¡le respecte!' ],intégrité de ]a Convention,


1) NOIlS Cjlli u'avolls pas le droit d'exelure de notrc
" SClll un repr(;sentallt du pe:.'ple, pouvons-
» nOlls l'llvOyCI' un representant du peuple i. la
" mort?.. Pourquoi Ultlt de rigueul's tlll Jlom
') el' lJ tiC natioll geli el'e.use qui llOU¡" remettl'ait
;¡ el1e-menw IlOS ('lTPnrs. si IlOUS en av ions COlll-
.) mis ... ?


(( On 11(' voit ící que (les accusateurs, des té-
:, moins et des victimes, s'écrie 11 son tour Gui-
" ton-Morvcallx; il ('sI. scandalcu\ d;, poursni-
:.) vre ce He a 11;, i 1'('. ,)


Ces apostroplws fmt produit Ull gl'élnd eHi.'I,
I'issue du ]'ro('(\s COmnw!\('\' il devenil IlH '(' 1'-
taine; plusicl1l's accus;¡teul';o; out déji. recuk d{'~
,auL la cOlldamnatioíl capitale. CeUX-l·j ~e ~()1l1
cOlltcutés tlp !'¡)Stracism¡'; cellx - H, onl. {l('-
ntalllle qU'Oll rl'll\ oy;ú dn moi n . , les accusé" par-
ilevallll('~ a-;sclllhlél's d('cIOl'al('s qui les ont tlOlH-
lIH;S; ¡rulltt('~ out propose 11(' remcttr(' le .i!lgc~
lI1ClIt it L jll'ochil:[J(' S('s:.;iou I(;gislaliv('. el ecUe
dccasjoll. OH" p<ll'lr, du terme f¡lIe 1<, COllvcnLion
,leyai! nwttre;' S;I dlln~(', t't la qlle~tioll de CUD-




!\1:iN USCRIT
\Of(llel' illcessamment les ;¡ssembl(~('s pl'imaires ;¡
(;ti, ~o111e\-{-(~.


Ce del'uier avis achevait d'('\}1nsl'l' al! ~rand
jour la lassitur1(' ('t le décour<ig-cII11'lIt que Ca/'-
not n':I\ail, pas craillt dr rév(\kr. Clu'~lIi('l' , LOll-
vet, Cambaeéres, ]\jp .. lin dI' Douai, Pcld, ('1
een"\: des me'mbl'es de la COllventiotl qui on/. con-
servé le plus d(~ sallg-froirl flans el' Jlrod~s, se I¡,-
ven t alors pour comha ttn~ llW' ti isposition de"
t'spl'its qui lelle parait ;mssi illlClllpesl!vP q[l('
dangereusc, et la situal.iOIl des af)¡lirt~s contilllif'
de s'(>claircir daJls k~lll'S discolIl's.


«( L'aristocratie l11(;dite (l('s complots, disPIII-
)) jls; le royalisllH' IIOllrrit 1111 Jlouvd espoi!'; on
)) sifRe an thNltr(' lIOS a:rs r(;puhlicaills, et rOl! a
¡) transfOl'llH' JlOS in 111W'S d(~ /.1wl'midor 1'11 dlant~
)l de vcnp;eal1ce et d'!J('.catorlll)(·~ l. Une ardeur


1 Les salons dorés, Oil arrclait ainsi ceux de l'anciclllle
noblesse, exen;aif:nt ulle in/luellce iJlllllense. Ce lI'était
ras pour lenr l1lérite perso[]\]('l , Ili pOIli' le plaisil' qu'ib
pnwurairnt, qu'on yattirait les réyo!Ulinnllilircs; on ]Ji,
les caressait, 011 nc k" f~t.:lit. que pOllr ,,11 oht<:nir de"
sen ices ou pou!" COlTOlllprl' leul" ojl,:raliulls. En facc,
011 les ;¡ecablait de tO,lIte, sort(':; de ,éductiol¡S, d. P;ll'
derl'ib'e Oll "e moquail. tI'cm. , ,:,'·tait da;]s l'Ol'dn' ; mai,
il .Y en ,I\'ait heaucollp (11Ii lll' le \ 0.\ ail'lli:;" íls tToyail'nl
all¡;mcntl'r (l'il1lpOrí ;¡11('" ('1 ti(' ClII)sitkral ion ('11 f'1'z"'j!H'I\'
\.ant des f\ClIS de l'ancicll ré"illlc , ..: "" I:li"ai('1I1 [JI ,'"d ...




" d(~ ma.l'S(/C/'(,s , ,\'(){Úe des dcc(}mbl'es de r~yOll ,
J' ,1(' rép(llId dril/S le midi, roe ¡UlIí!1(' mute au'
" jOllrd'!llli d'(/utres íJictimes !oo. VoiHI YOt.l'P 011-
,) vrag-c, homlllC~ brollChps des temps de Hobes-
oj pil'rre! vo~ I'Ul'Pl\rS 0111, c;¡]omni6 ]a Ebertt'>, Si
n la l'(;actioll est aujollrLl'hui si el"nportée, c'est
'i vous qu'il j~tUt en aCCIlSPl', vous (llli ¡¡vez dOlla(',
,) ;'t r (~SP I'i 1. l' 11 !JI ie cf'ttl~ 1('~roci té qui vous ca 1'<\C-
J' térisc., 00 El: e'('~t (LlIls c(' IllOIllCllt, oú toutes les
,) lwill('s l<',~ plus OppüSl'L'S nwnaeellL si violcm-
" lllcnt la lI("publiqlle, IjU'Oll propose aux l11el11-
)) h1'l's (Le la COIl\'('n lioll d' a [)<l11(10nne1' lenr postc


,\ ces hontt'IISC' amot','('" Jk\ an! CIl\ , 011 hasal'dait el'a-
hord ,/u")11''''''' ¡>l:lls,lIl¡"ri"" '!lr l:J 1":' nlutiOIJ : comlllCllt
,'en fiidll'I'" C'ét<.it UII" jolic (('lllIPC '11Ii se ¡es pel'llllJl.tait,
Lenr l'épl1hlicanislllc 1Il' t"Il<li t ]'(10; ('Ulltrc' la eretinte ti"
déplaiJ'(, 011 el" par,dtl'e l'icliclll!J, .\ pi'es Ivs ayoir appriyoi-
sé,; illl p('J'sil1l~,",', 011 1", (:t<,'onlutit in;,ensiblcment au
rnépl'ís des institutiol";", En eH'·t, il l'st impo;,sihlc, de
quelque fC:t'1nl't,: de cal':,lctere '1U'OIl soit pourvlI, de
Il'etl'l' pas influclIc,: par la ,Ot'iété ljl1'Oll l'réqllenl.c, On
d::de ,Jabord pat' [lolite"c : une film,:, lronte empeehe
cllSllite (lll'on ITvienne sur se, pas, et I'ou ¡¡:Iit par épou-
S('1', llOlll' ain~i dire n}éll~ré ~oi J le~ opjllious des autl'es.
e'est ;.ill'ii 'lile 1 .. parti républieain é[>:'ou\ il heallcDlll' de
d':!l'('tiolls; <plP les un" fircnt des concpssiolJs, et que
d'autn", s,' 'cll,lil'ent ('ntteJ'L'IlH'lIl;]1I l'oyaiisJ)\(', (Thi-
h:PIlI,',III, ill'://ICJii'I<S sur la Camo,'/l/ion, ton/. 1, p, 131).




\L\:\lJ se H 11
, et de se réfugier derrit~l'e la cOllvocatíon des a~­


'" sl'mbIée~ primaires? Non~ l{U(' rJotre missiolJ
)) s'accomplisse. Sacholls surmontc)" tOllte hicheté
)1 d'csprit, et, ponr r,;tahlir COlllF] ¿·tenwIl tIa pai\
» illtérieure, CG.IlVellOllS edin !fll';lllCllIl citoyen
)1 ne pOl'rra plus Nn~ poursuivi pOLlr des ftils ré-
1) volutionnaires. Quant il la pa ix ex. tél"ienre.
) pcut-etre <I-t-ou en !p tOl't dI' la c1'oire et trop
)) facile et trop pl'Ocb;liue; J113is du l110ins necolI-
» tribuons pm; a i'('·Joigncr df' 1l001S. Eh ~ (ludie es!
II la puissance qUl conselltira Ü flire la p;,ix nVI'e
») une asscmbl{~e qui parle de se Ilissoudre dam
1) (lUt.:lf! llPS (lú~;l!lcs! 1)


f\lerlin de Douai va jus(lait di!':: . ,)'¡ Le dérhi-
remen! r¡llf' La ('ul/vl'lItiotl son/Ji'!' de/mis huir
jUll!'S se pn¡!lm{:-1? !md ¡Oll!'.' eIlCOI''', lf/ Frrmcr:
est perduc.


Trois jours ~ont it lwi lit' I"('nll!t~s) (jllP 1(· Tlllal2;C
sombre, (lIIC' nOlJs \ pnoll~ di~ voir :;'cpaissir f'I. s"a"
hattre sur la capitale, n(~ peitt plus rcU~Il¡t,I'(;,~lail
qu'il l'ec8Ie. L'orage popnl:lin' ~rolldail djü le I f
germiual; le 12, iJ (~st ({;u;s tlllltf' sa fmmll·.


A denx heures de r:lpri's-midi, les po¡'tes de
la sn 11e ou si¡"ge la Comclltion sou t fórdcs pa r
une ft)ul{~ el!' fpll1111CS PI d'('nCms qlli crient: J)(
P.II"'! DI pu,! Al! ruilicll d'!'ll\, SUllt C¡Uf'lfllH':-'
homl11cs SlIl' Íl- chapean desqll;'!S 011 a i'cl'it Ü 1"
tTai(· ~ !tI consfltlltiulI di' 1:1):) I'l dtl "'Iill. EIi




J) l,: LAi\ T I{ Uf S, d5
\ain la CC!Il\Cl\tlOll a $uspcndu ses déJiberatioIlS.
I)es orateul'S qui pn;tendcllt parler au nom du
pcuple s'élablissctlt it la barrc.


<l Depllis l(~ ~) tlwI'millor, disellt-ib, HUS be-
'1 soiJls 'iout croissaJls. Qll'a-t-oll {¡lit de nos mois-
,) SOIlS ~ Oú süllt-dles? Pourq"oi Paris reste-t-il
" satis Illullicipalit¡'~? POllnluoi les sociétés popu-
" la ires sOllt-elles fel'mées ¡> Pourquoi les dévots
') I'lla jeullesst: du Pa!ais8galité peuvent-ils spuls
,) se }'¡"unir? Quallll le peuple est 0ppl'imé, 1'iu-
l! surrcctioll est ponr lui le plus saint des devoil's.
" NOlls sommes dehoul pom soutenir la Répn-
)) b1ique et la liberté. Nous demandons du pain,
l) la cOl1stitution de '793 et la mise en libert(;
)l des patl'ioles. »


C('pelldaJJL /lit ¡..)l'alld llombre de l'epr('.sClll.aJlS,
oppl'esses SOIlS la {(lUle, se sont (;colll(·s pOlll' allcJ'
respirer hors de la salle. JI u'csl demeurl~ en plac('
([n' une trellta j 111 ~ cl(~ 1Il(:1llbres, q ui se fOil trema 1'-
quer par la complai~allce avec laquelJe ils pretpflt
j'ol'cílle aux vncifi''l'aliollS de la 11111ltitnde.


Le (b,ul'dl'(' a d(",jil (lul'(~ plus de 1111atre helll'cs;
11lais, (lallS l'illl"l'valle, ¡es curuiL;s du fíouyernc-
llemC1Il ont [;¡it l(~llr (levoir. Pal' IL~IIt· 01 (11'c , la
;.!;';J1\'~r:¡\(~ j,at dalls tout París. La p;arde naLiouale
'l' r;lss('lllhlc. l{:dl'(~¡ , Doucl't, Lvcourt-Yillicrs et
¡:II<lI1('/, ~(' dislillfll!('n! pal'lui JI'" clwC" (luí la com-
lIl:lndC'nl. lis "0111'('111 "1' 111('IU'(' ,\ la t(·te dI"




136 "j A ~, U S e R 1 T
prcmiers LataiHous (fui ont prls les arIlles daH~
le voisi/lilf!;e des Tui ler'¡cs. Les n H'mhres du corniLt,
mil itaire, entre alltrps llclmils, Cossliill, Pt'uieres
el Auguis, ~e ck~co\"elll de la ceiJlillre llaLiolla!(';
placent sllr Jeul's chapeaux les lrois !llllll\('~ tri-
colores de,; reprr"SeJllallS PH mi:\sioll; se jiJut
amenel' des chev<lux de selle, ('1, \out narcour:lllt J
les divers <lllarti('l's dcP<ll'is, ~'alT{{aJlt dalls k~
carrd(-)lll':> pour parle!' al! jH'iíplc, di,;,;ipallt le~
raSi'PlllhlenwlJ:i ::osLiJ(~s el, l',dli,\llt d(~s d("f(~ll­
seurs ü la COll,('l'tioJ] ..... 11 /;Iwir:/!t ;1b['(\~~('r
ces ddails : c(" (lUl se pa:,;sc ciUI' h place pU]lliqllP
Jl'cntre gOl/ere llalls le 1)1<11\ de cpL OUvTa~e; m'lis, ,~


, je do:s ]';:'<\0,:':1', C('S lelllp:-; SO\¡t C(~lI," doat l'illlélg('
esL la plus vive ellCOl'(> d~!lLi me,; SOIIVCuil's. J (' m'y
l'etrollve, USilJlt llL'" jlJ'{'lllii:I'(':; lJ¡llll!~~:-' it tl'<lj)O;-
crire sur ia t~I1Jlr: du cuwiu' llIi¡:L;,il'c tUII~ 1(>,
ordres qui se :iucct~dl'ül. puur lu ¡;¡I'ce annee.


A six heu¡,('s dl[ soi1', le j)wit circule dan~
l'intt':t'ieur de la salle que ;('S etl:':) H)i~itj(~,~ se
remplissent de ~artle:-; nationau\ , I'l d(;ji, !I':- ter-
rasses du j;¡rd:" reten/;sscur des cris de cetle
jenllesse irritr"c que la cJass[' om I'¡('.rc redollte son"
le llom de ~f uscad¿ns. Bien tút l' euculllbl'Clllen [
de la salle diminuc. Les hamfl!dLeS comlllCllcent
á rcparaitre.L'on euLi'llll ellJill la SUllllctt(' do
pr?sideIlí: ijui domin(' toutes ces voi\ enI'UW"cs
el ("p\li~(~es (lont la sOllntl' I'UDJClIl' :;'t·ioi~lH~, n




OF: L'AN T ROIS,
les trente mille citoyens, (jue les drapeaux de la
garde nationaJe am(\llelll. dans les eour~ du Car-
rouscJ, voicul. lJl'illcL' il travers les fenétres du
palais r(;clat des lampps qu'on allume pOli!' une
~jéancc de nuit.


[.(' pn~IIli('!' aete de l'assemblée renclue a eJ1e-
nH~llle f'st de déelal'cr qll'il .Y a en attcntat coutre
sa lihcrt(~ : dl(' s'oceup" etlslát,e de pUBir.


« SavCi',-VOllS, dll.\.udri"-DlllllOJlt, flud est lt'
») lmt fllI lUOIIYPIH'~lll d'aujourcl'hui? Cest de
,) SaUYlT le:, l!'dis :ICé:w:,é,; ({ue vous avez it juge¡',
\) Eh ])lCn, c'est de ces tL'ois ho ll111lt'S que tlOUS
» dCVOllS d'ahord llOUsoccuper. Je nevous propuse
,) pas deji'rmer l('.\' ddmís; j(~ lIe vous propO,,(~ pas
») d'cmoye[' k,; ,I('CII,(;:) Ü 'la mol'!. satis les é!\'oiJ'
l) jUfj(;S; mai,,; j(' YOIIS pt'Opose (k~ les chasser du
)) tCl'I'Ít.oiJ'c f'ra nI::' i~: )¡


La COI/Vi'l1lioll (I,;cr'i,te ;¡ussitót (ple Col!ot-
d'//{'r!}()¡.I' , lJ,u'ri'f'1' ('!. !Ji/!(/7{d de Va/'oll1es
parlÍroJlt dalls h !luir pOli[' Hilch,,!()rl, (rol! ils
,'f'rOllt dr'·po]'!.,;,; ;', h Gu,\ ,!He. ,k 11(' sai:i quel ac-
eus;~t('ur, qni s(' li~H~, raíl ajOtlter il ces troi" 1l0111S
celui c/e !/(1I1ier.


Cepeudanl la soir,"e contiulIait :1 r~tre agitée
dansla ville. OH appreud qut' le t"el)l'I;~(~Jltallt (lu
peuple Aup;uis esl. retellu prisonuier pa!' un
attroupenll'llt dans le (flJal'tipl' dll Pantheol1, I't
'liJe, d(~ (',' tlH~JlW CÓI.(', 1Ill aul.re rt'pn;s(~lltaJlt ,




, MANUSCRIT


Penicrcs, assailli et cl(;rnonté, a Ctilli {·tr(~ ltl('
Des 101's, sur la proposiLioll dc Barras, P:Il'is psi
dedal'(; en état de sir'p;e. ¡'bis i1 f¿Hlt dOIlllCI' lit!
géneral 11 la nornL1'eusc armée de ci LO)PllS qui
se met sous les arllles, el le plus illustre, s'il esl
sous la main, ne scxa pati rléplac(\ ~l Jeur tete. Le
plus illustre dans ce morncnt, e'est Picl\(~¡.;[,t!; il
est á París. Pasti<lnt du eornllHllclprnent de l'ar-
mée de JIolJaude a eelui de l'armec rlu Rhin,
il est vellU reccvoÍr les (lel'l1ii~l'('s iustructÍOllS dI!
eorníté de Salut Puh1ie, avant de se remIre it SOIl
llouveau posLe; on ne el'aint pas de l'illitier au sc-
eret des L'évolutions populaires, el pour la pl'e-
l11i¡'~re fois, clepuis Labyette , l' ép(~e de Ja poi ice
pst cOJlliée it un ,!f(iliéraL de batllilte. TOL!I('fois
on stipule que Pichegl"u u'esL iLlvpsli dI! pOLlvoil
militail'c que pour le tClllpS du d,mger. J\aITa~ el
1\lerlin de Thionville lui sont dOllUés comlllt: (Id
/uints.


I:<:llfill l'attcntion dt~ J'ass(~mhlt"e revit'L1t SLL!' Ic~,
repL'¡;Sentalls dout la cumplicili' s'('s! trabie }laL
I'accueil qu'ils out (¿lit aux ["("\'oltl;s. !\ussiLt)t lUl<'
liste dI' prnscriptiou (':-;! OtlVI'l'U', el ceux qui Olll
en le plu;; de pcur, ne sout pas J('S dnllie,'s il 110m
m.e) C('U, (llli ont (~1I le plus d'all(Ltl~c? DL¡]ll'lol
ChoUtlit'lL Chiiks, Lt\Oll<ll'd 1\')'Lrt!llL! IILL~w't
\111m', Fnli,;spdoil"(' t'l Hlla1l1p~ ~'.nt t:I,nd¡¡nllH',~"




DE VAN T ROIS 139
subie une <létention au cháteau de Ham Ains! ,
la .i0llr1l4;e qui a I;Onllnel1c¡'~ COl11me le 31 maí, fi-
uit com!1H' 1(' 9 thel'lni<lor.


Le lcndcmaill, les attroupcmens popLllail'es
recomnwncent. Les d(;putés <lécrétés d'arrestation
Oll! circulé <1"115 les faubourgs et dans les sectiol1s
les plus irritées. On est parvel1u ~l ppe:mader a la
multitlHk que la Com<~lltioa veut quittcr Paris.
Dans les voitul'f~S d(~s députl;s (lu'on conduit a Ro-
chefort, ou luí rait VOl1' de:, députés qui rUICU!;,
et la m:lssc ameutée s'irrite an point d'arréter le
départ de ces voitures a la harriere. Raflet ac-
court; 11 rcc;:olt. lt bout port;mt un COllp de pisto-
let q\ll crpcndant ne le tue paso Pichegl'll lui-
mt~nH~ se montre; I(~ Lataillon de la sectioll <les
Cllall1ps-I~lys(':('s pr(~u' main forte; le tunllllu~ ('st
;'1 ':0/1 comble. DCLlX coups tle canon se fon! enten-
ítre.\ ce llrllit, la Convelltil)fl d2Clare qll'elle
l'esLera ell ;H~rnlallence, jusqu'it ce que ses décrets
soicnt ex(;cutés.


l...a Huit at'l'l\(~ el I'amón(~ le calme. Toutes les
tlispo:;itiollS in!errompues p~llvellt s'achever; les
voitures partent POU[' ]eul' Je~;tination de Ram et


I Dalls lI-s ,;eallees 'ltivalJtes, on a ajolllé á eetle liste,
)I,ús¡' J3ayle, Tltlll'iol., CamholJ, Granel, Lp\'a>,seul' d"
la Sal'l h,' , Cra"olls , 'Lliglll't , Lecoi¡¡tl't' de \ t'l'saillcs el
If l' id ¡,




l\lANUSCRIT
de Rochefort, et ver~ (fllalre hcures du matl/l '
Picheg['u sr~ présente ü la barre tk la COllvcntioll '
,( Citoyens rep1'é~entans, dit-i1, vos dl~(Tcts SOllt
» executés; ») et Thibaudeall, cll,i oCCllpe le [;111-
teuiJ, lui dOllne l'accolacln fl'al(,L'lWII(~, (~Il lui 1'(.-
pondant avec le memc lacouisIlIP : « Le va illijllClI l'
» des tyrans nI' l'0uvait lllauyuel' d(' ll'iom-
j) pher d('s factieux, ))
CdU~ longue S(;,HlCe fiuit alo1':'_
Les hOl1lmes C¡1l i re/lSen t it reeu ejll irl e frui t


de ces Jellx jOllt"uées, ue SUll t pas (,(~1I \ qui s'ySOllt
mis le plus en avaut. Taullis (llW !ps Thl'l'mido-
ríells luttaient co1'ps ü COl'pS, b., cléputt'·s ,;chap-
pés au 31 lllai \oyaieut len!' illllll('IJc¡~ s'augnH'll-
ter par les déchil'i'lW'IlS du parti jaco])!lI_ Plll~
calmes, ¡Is se COlllptCllt "Ul' ¡¡'III'S IJa'Hluettes; la
rentrée de:.; SOi\allte-tl'eiw, d, j'expul"iuJI tlr' b
veille, c¡ui enli~v(~ au c{¡tí.; 0ppOSt" Villf.)t d, UIl di'
ses mClllhres, commencen l 11 I'a in' pendier ell
lell!' t:lv('Ul' la balance du SCI'lItill_ CI' ll-"sl pilS ,IS-'
sez; ils voudraient dornillcr au cOHlilt'~ d" Sallll
Publico i\lais, par u'u illstind o;eCl'et de <:on5(,1'',',I-
tion, la majol'it;" de rassl'l1lhl~e a persist,~ jllsqu'¡.
préseIít il ne lloullel' l'cIltn;(' <111 CaJJinet l/u':' d"s
h0111111es SÚI'S, appa1'teuall t, il tr;¡ vers dt',~ llllall-
ces rliycrses, á I'opi Ilioll rlo pllhl ¡caí Be, Pou t' Il'iOlll-
pher de cette pl'UclCllCe illl(~ tlllt ql;UllC IH'Casioll
La multiplicit¡; d¡·,; a(IlIl'I~S sl'm!de l'oJl"t'il'. (lJI




DE L'A 1\ T ROl S. 141
tl'OlJve (I'W l(~s dOllze lllembres du comiLé sont in-
sullis'lIls; 011 oJJtienL d'r'1] pOI'ler le uomhre ~I seize,
el pom le n'llollve;lement du 15 germinal, nOI1-
,.;culcnlC'lll 011 rcmphcc 1('s ll'ois sortans , 111ais eu
1I1('nw 1.f'lIlpS 011 proCt~Je a la nomillation des
([l/aLre u·a115u)('lltatioll. AillSi, sept nouveaux
nwmb['('s Sl1I' sciw \'Ollt {>tTe introduits au Comite.
Tout le s,Ystenw du gomerncment peut changer
par l'dl(~l. df~ ce SC/'lltin ... iI ll'en est l'ien: cett.'~
CUlllbillaisOll ll'a pa~ Plleorc produit le résultat
qll'OIl atteud'lil. La lllajorité des choi"\ s"t:st faite
dalls l' aueien S}sti:i ne. Cepellflalltla porte ti' entrét~
uu comité óla JI L pl liS largc, Aubr'y el Tallieu sont
parvcuus it s'y p;lisser 1. Depuis q uelque temps el'
dl'rlliC'l' esl devclll! fobjel d'UllC sourde mdiance.


('olllpositlOll da (,ol/lit,: de ,..,'alul PuMie .. "pr¿'s les
jOl1l'/u:"s des r 2 et 1::1 germinal.


AfiCi(;lIS membl'es.


~r arce.
flreard.
CiJazal.
"'Ierlill de Uouai.
Foul'cl'oy.


LaCCllllhe Sainl-l"Vlichcl
!\'<' 11; le] i.
:)ie) C::.
LlpOl'tC,


1::1.'(//111/ ti/{ 15.p.ermint:1
{:fllllb;!cél'l'S
e ,"(,lllé-I'l-Toll('J¡e.
e ¡¡¡ei.
Ll' Si!f(l d'Eut'e-et-Lull',


nOln di' la l\bl"llt·
.\uh¡·.'
falliclI.




MA1~VSCRJT
Des bruits d'intclligence LlVt'C la mur de V (-rone
eircu1ent contre lui; ce qui le rcpollssait en ap-
parenee, lui a pCllt-étrc été utile au fCllld de l'Ul'IlC1.


I Le 21 yen tOse dernier ( 1 i mar,,), le paquebot la
PrinceS5c royale a été pris dans la travcl'sée de Ham·
bourp; a Londn:s, et I'on y a inte~'cepté des rlépeehe,. de
iJfonsicur, clepuis LOllis XYIII, datées de Vél'()!ic le
3 jal1\ier deJ'nier, et aoressées a i\'I. le eornte d'I-Iarcourt ,
il tondres. Dan, une dI' ses dt'peches s,: troll\ e k pa,sa"c
Suiyallt :


« Je ne puis pas doutcr que Tallicll llC Ilr'uclw \CI'S la
) i'Oyauté. Mais j'ai peine a el'oire qU0 el: soit la l'O)aulé


véritablc ; ct '1uc:1quP;¡ lllodifications qu'il y apporte , il
" n'est pas doutellx que tous les constitlltionllels de r j') I
.) s'y aeerocherollt. "




DE L'\l\ TROJS.


CHAPITRE VIlL


/' \ 1 \ [) E B A LE \ V 1: e L.\ P 111 .' S L


\ di ~'cnninal 5 avril. \


TL'II)IS que la HI'opublique suLissait cctte tort('
Cl'iSlo au seill m6ne de la capital e , son plénipo-
lentiaire a lhle eOllduisait ~l terme la négoeiatioll
renouée avec M. de Hardemberg. Les dernieres
i nstI'uctlons du COl1l i té (;taiellt conciliantes; nous
les avous VIles Pill'ti¡'la vcille meme des troubles;
le COl/niro)' est al'rivé it 13ú]1' dans la !luit du 14 au
1;) germinal. On s'est oecupé aussitót ele !'evoir
les articIes et eLe les mettre en Ol'dn~.


La réelaction du pl'émnbulp est (1'aLord COllVl'-
llUC en ces ternIeS '


(1 La Hr;pubJique franyaisc et sa Majcsté le rOl
,) dePrusse 1, égalcmellt auimés du désir de llletLl'I~
;) [lu it la gUCl're qui les divise par uue paix~olide
-_._-~~._-,---_._---


I D:ms la minutc prussicul1c, e'est le l'oi de Pl'WiSC t¡Ul
ót liOtlllllé le pn:miel'. On a I'cpris les habitmles du PI'O
tocole




114 MA1\USCRJT
), entre les deux natÍons, ont nommé ponr lelll'S
" pJénipotentiaires, savoir:


)) La Hépublique fran~aise; le citoyen Frall-
,) <,:ois Barthólcmy, son amba8sadcur en Suisse;


» Et le roi de Pmssc; son ministre d'état, de
,) guerre ct du cabinet, Charles Augnste, baroll
) de llardemberg, ehevalier de 1'0rclre de l'Ai¡.;le
) rouge, de l'Aiglc Lhnc eL de Saint-Stanislas;


)) Lesqucls, apres avoir échangé leurs pleins-
)) pouvoirs, Ollt. arrcté les a ['tieles suiv:lIIs : »


Len articlcn destint':s ¡l COllsaCI'I'l' 11: l'ait n1at(~riel
du rétahJissement de l'état de paix SOllt COJlvenu¡,
llepuis ]orJIY-tem!)s : ](~S secrétairl~s de léo-at.ioll


J ti tJ ,


le citoyen ;\1aran(let N 1\1. Haruiel' n'ol1t plus
qU'~1 les transcúre;les voi('i l .


« Articl(' patellt.-ji.\ aura p;¡ix, amiLi!: et
») hon) le j ntc!lip,cIH'I' e lItr(' ];¡ HI'PII1JJ ie¡ 11(: fi'an-
» <,:ait'c et S. M. le I'oi de Pl'lISS!', tallt cOllsid(;l'(;
j¡ cornme td, c¡u'en sa <lualit(· d'(,I(,cu~ur d(~ Br;¡¡¡-
» debourfí et dC' CO-I';tat de l' crnpi l'e gei'llla lli<plC,


" 11:'Úcle patento -- El; COllS(;qUI'llCf', '.oute,-
\) les hostijj(¡'~s catl'e ks d(~ilX Plll:'-;IIJ('('S cOlltrac-
)) Lautes cC',;s"l'onl ir cnlllp'('l' <:1' h J'al.iíícc!tioll du
" P1Úil'llt tl'aitr", el ;l!1Cll:'" d cq('s ¡J(' pOIIl'l'a, il


1 l\ou:-, dOIJlHJli," ici 1\,;; al't¡t;lt).~. tÍ:Hh l\I"dl'l' \~\' í;l (¡¡:~_
~'lI5,:,.ioJJ : 011 lc~ '¡'cl!'oll\"(,l'a :tll\ pi"Tt~~ I:; ..... :nl'i,!!le.., diUI"-.
1'01"111'(' 111mttT"Ij),· di) tr;lil';




DE L'AN TROIS .
. ,\ cornpter <le la memc époque, fourl1ir contre )\ l' autre, en (lue1quc qualité et á quelque titre
)\ que ce ,~oit, aucun ~ecours ni contingent, soit
) en hommes, en chevélllx, vivres, argent, J1111-
)) nitio11.') de gllCl'Ce 011 alltrement.


)) .Jrticle patento - L'UllP (l(~s puissances con-
i) tractalltes ne pourra acconler passage sur son
)) terriLoire 1.t des troupes cnncmies de l'autre.


)) A rliclc p({tent. - Les tmupes de la Répu-
1) blique ('vacucront d:lJlS ]('~ quinze jours qui
)) suisront la raülieation du prr;sent traite, les
)) parties des ótats prussiens qu' enes pourraient
)) occuper sur la rive dl'oite du Rllin. Les contri-
)) butiol1s, 1ivraisons, f(llll'niturcs f't prestations
)) de guerre, ('('SSCl'Ollt ('nl:i.''f('ment ü compter
)) de qui1l/A" jOlll'.'i apJ'i~s la signa ture de ce traité.
" TOllS les al'lÚ'dgcs dus ú eeHe épor(llc de nH~me
)J qli(~ les hiJl elti et pronw:-;ses donnees ou ülites
) ü cel éganL scrollt de nul cifet. Ce (lui au I'a été
)) pÓS OH pcr~ll apl't'S l\~poque s1l5dite sera d'a-
») Lord rClldu ~ratllileJl1ent OH pa,yr; en nrgent
),' comptant.))


Jci le pMlllpotc~nliaire pruSSiCll ayant témoignfi
le désir (iue le pctit comté tIc Sayn-Alten-Kir-
ClH?ll, qui doit appartcnir au roi de Prussc apres
la mort du margraH' (l'Anspach, soit traité a
rayance comme provincc prussienne, OH en ülit
1'0bjd (l'lln arlielf' expr¡\s; mais cornme le sy ..


10




'\'!ANUSCRJT


steme de M. de Hardemberg est de ne pas laisser


connaitre prématurement les avanta~es que ]a
Prusse est dans le cas de se reserver pour e11e--


meme, cet article restera secret; iI est ainsi
COl1C;U ;


{( A,.ticle secret. - Le comté de SaYIl-Alten-
» Kirchen sur le vVesterwald, ycomprís le petit
» district de Bendorff, au-dessous de Coblentz
)) étant dans la possessicn de S. M. le roi de
» Prusse, jouil'a des mcmes súretés et avantages
» que ses autres états situés sur la rive droitc du
» Rhin.


» Articlc patento - II sera accordé respecti-
» vement aux individus des deux natiol1s la main-


» levee des enets, revenus et bien s ele quelque
» genre qu'ils soient, détenus, saisis Oll confisqués
» 11. cause de la gucrrc quí a eu }jpu entre la Prusse
» et la France, de meme qu'une prompte justicl'
» 11 l' éganl des créances quelconques que ces iu-
n dividus pourraient avoir dans les états des deux


)) puissanccs contracta 11 tes.
)) Article patento - Tous les prisonnicrs faits


» respectivement depuis le commencement Je la
» gnerre, sans égard a la dim;rence du nombre
» et du grade, .Y compris les matclots et marinE;
) prussiens pris sur des valsseaux soít pru:ssiens
H soit d'autres nations, ajusi qu'en gt>t1fral tous
» CCllX détf'nns d(' parl et d'al\trc' pOllr eaUSf' ch,




, la gUCITC, ~eront 1'(,l1dll~ dallS j'espace ti!' r!ellX
" mois au pllls tanl, apres I'(':change clc~ ralifi-
" eations du présent traité , sans répctition (Iucl-
,) conque, en payant tontefois les dcttes particulii~­
" res CJIl'ils pOllrraient avoir contractées pendant
" lem captivÜ('~. Von en usera de meme ~\ l'égard
') des malades et blessr's, d'ahoI'd aprt~s leuI' gué-
)) l'ison, Il sera inccssamment nommé des corn-
" missain's de part el fl'alltre pour procéder l.
" fc'\éclllioll du pf(~sent artic1e. ))


« .rIrtide patento Les prisonniers des corps
» saxon:i, lllayen<;ais, palatins et hessois, tant de
'l lIesse-Cassel que ele Hesse-Darmstadt, qui ont
) serví avcc l'arrnée du roi., sel'Ont également
') comp1'i5 dans I"échange l1Wntionllé, ))


011 "hunle cufin les eOI1(litions qui conStltuPllt
\(~ril.ahlcrncllt JI' traité. L'article (le la rive gau-
che <iu Ilh in était, commc 011 sait, d' une gr;1llde
difTicult(',; ponr tout concilie!', on le divise en
rleuxyal'ties: l/une (lui sera insérée au traité pa-
tentó fautre, qu'on réserve pour le traité secret.


({ A rtirle patellt. Les troupes de la répuhliquc
) fran(:aise continueront (l'oécUpet' la partie des
) états (lu l'oi de Prusse situé~ sur]a rive gauche
" du Hltil!. Tout arrallgement définitif iI l'égard
)/ de ces provÍncps sera renvoyé jUS'lU'il la pacifi-
;¡ catioll p;(~llé!'ale elltl'l~ la Frauce et rEmpi.re gel'
"ntalllCflle. "


lo.




MAl\tTSCHJT
YOiCl lllaintell:1nt les dcux articles sccrels ({1II


sont le complément (lf~ ecUe stipulation.
(\ .1rticle secreto Si il la pacilic:ation gr.núale


) entre la Francc et I'empil'e germallique, la rive
) gauche du Rhin reste ü la Franct') S.¡\l. le' roi
)' de PJ'llsse s'eutendra avee la répubJiquC' ft'cll1-
l) ~'aise sur le mOlle (le la CPSSiOll des (~tats pl'Ussi(,Il,~
)1 situés sur la rive ga'l(~he de ce ileuvc, contn~
)) te11e indemnis:ltion lCl'ritorialc dUlIt Ol! COII-
) v¡('ndra, Dans ce cas, le ,'oi acceptera la garall-
)) tie que la République lui oflí'c de ceUei"d{,J1l-
)) nisatioll, »


« A rticle secrpt. La Hl~pl1hl i(pw rra m:aise dé-
») sil'ant COJltrihuer en tout ce qlli d{'pc\l(l a'cllf'
\) ,'¡ l"a fTi:'1' 1l1iSS(')lWl1 L et. a1l hiC\l-l~lt'e d(' la Prllsse
)J avpe Jaql!(~ll(' ('11(' I'I'('o:lllaiL aH)il' UllC' Kralldc
)) idenLité d'int(;r{'ts, (,OltSellt, pOli" le (':.s (JI',la
\¡ F'l'allCC étC'wlrait, ü la paix I'lllu['(' <lyec l'em-
» pire gpl'maniqll(" SPS limites jllsqu'au Hhin el
" I'f'iiterait ainsi en possession des (~tats au duc (le
») nP1L\~pollts, il SI' cbm'!2;1'1' (le la Kal'a\lti<~ de la
J) somme de l,500,000 rl,d;:!i('rs, prctl;s par 1t'
) 1'01 di' PrllssC' a ce prillc(, , apd's (l'w les Litres dl:
,¡ ecHe ClúHlrp auront (;tl'~ pl'oduits et sa l(;p:itimit~~
)) reCOllnup. ))


Apl'és aVo]r satisfait avC'c CPSr('iiC'I'VeS al/\ pré-
lcntiolls dp la Répllhiicruc iilll' ]a lirnte du Hbin.
il reste a satisülire au sysleme t:lVOl'¡ de la PrllSSf"




f) E L 'A 1\ T R O J S, 149
~,lll' ]a nelltralité al! Nord. Cepelldallt 1\1. de
lIardemberp;, COlllUle on ]'a déjil VU, !le vowIrait
pas expose!' trop vite au granel jou!' la J!ouvelle
politique de son Cahinel. Conformérnellt ;1 seó>
ul;slrs, 0/1 lI'illSerc au traite patent qlLe ce qni
est lIécessail'c pou!' couvrir et autoriser J'arrau-
gement dout OH préfen~ dr;poser ]ps termes daus
le traité SPCl'd. Happrochoils ici ces tIc'U'i. pal'ties
de rédactiou qu'Otl ,,¡eHt <1(, s(;pal'el' a"ec un é.ll·t
tout-¡I-faÍt pl'ussicl1; e'esL le COllllllercC (ll11 l(HII'--
uÜ la Irallsitiu;¡ ;


({ ¿¡dicte palent. - En attcmlant qtúl ait ét(~
) fait UIl traité de COHllnen:e entre les df~ux puis-
» sauces cOlltractalltes, ton/es ies C:OI11UlUllica-
» lious pI, rdai.iolls COllIJlllTcia]c:-. S'~t'i}ld l'da-
), lllies l!tlLre la Fl'ilUu!d les c/.aLs jll'II;;,.,;C;b ,,(j[' ;('
" pied O¡'l ,·11(',-; ('lctlClli a\<lllt Ja ¡.)uel'l'i: acLiJc;],~. ,)


"l¡,lide patellt. - L(~s dispu"';LioIl:-i de! LII'Lic!('
" préc(;dcllt lW pouvauL <1\011' leu!' pleiu dl{,t
)) qu"autaut fFw la Jibert~ du COHlllH~rCl' Sf'l'a
), rétahl1c pOlll' tout le Hore! de rAJJc1l1aglH~, les
l) deu:\. puissauccci c:ontl'uctallll'S prcnd/'ullt des
1) mesures puar en éloignc¡' i(' tluidlre de la
) l;'lterl'c. J)


" 1rticíe sccret. -JL/in d'élul~!{'ller le {he(ilre
" de la /.(llcJ'm des fJ:oJll.ic"l'es (lcs i~tats ([¡. S. ~;{.
,) le l'Oi de l>russe , de COBserve!' le repos du nOi'd
) de l"dJelllagne t't de l'elahJil' la 1iÜerté (~ntiel'('




;\i,\NL5CRIT
)) dll cornmerce f'nf.re cette p;trtie de la 1"1'<111('('
)) el de l'Empire, cornme avanl la guerre, la
,) Hépublique fraw;:aise COllsent Ü De ras pousser
)) }"5 opérations de la glJ(~rrp, ni E,ire entrel' ses
)) t1'oupes soit par te1're 50it par Il1l'r tlans le:,
») pa}s et états sitlles au delü de la ligne de de-
l) marcation suivallte, ))


Cette ligne cOllvre la vVestphalie, le haut
Palatinat, le paJs de Uarmstadt el la Franconie,
Elle s'etelld deplIis]e RbiJl , (lu'elle (p,itte it lJuis-
bourg, jnsqu':l la Boh(~me et la Sil(~sie¡, Apres la
nornenc1atlll'e rréorrralJhic!ue 1'article r(1)1'('1I(1 en b b ,
ces ternws :


« La républiquc regardera comme pays cL


1 ~~ous plal]on, ici en nole le détail ::(~osraphiqnc de
l'al'ticlc,


« CeUe ligne comprenclra rO,I-Frise, d dc,;crlldra It;
,) long del'Ems etde l'1\a, olll\lpha,jllsqu':\J\TlIllslel',
» prenant ensui le sa clil"cction '!!l' Coc,Jdd, llol"ken ,
,) Bockholt, juSqu'il la [rontiel'e <in duché de Cji~Yrs, pl'e,;
" de IsselLollrg, suiyant ectte fl'olltii,l'c a 111ac:cllpol'st
" sur la nOlncllc Issel, el ['('monUmt le l\.llill,lU'(lll'!t ])uis-
" bOlll'fj; de 1:\, longcallt la J'l'OlltiLTC du eomté de La-
n man;k .'1.1' ''','!'dcll, GCllJal'ke d le IOII¡..\ de la ,\ ippe!'
» a Homhoul'é', AltenküThen, Lilllholll'!1; su!' la Lahn, le
» IOll;:: de ccttL: ri,iel'e et ,]e edIl' (lui \ i,'lIt d'ld,t'éill ,ur
" cl'lte ,iHe, Epstein et Hoch,t SUI' le lUcill: de l:'t ,,!ll'
" llayenheim , le IOIlF du Land~rabcll, sur Ilol'nJll'illl,


¡lUis en suiyant Ir I'llisseau qlli lTilY('I"C ('et ('ndfn[1




DE L'AN TROIS.
') états neutres tous eeux qlli sont situés derriere
) eette 1 igne, ü eondition (lue S. 1\1. le roi de


» Prussc s'engage a leur ülire observer unp. stricLe
~) lleutl'alité, dunt le premier point serait de rap-
l} peler ¡eur contingent el de 1Ie eontraeter aucun
" I1ol1vel engagement (lui put les autoriser a four-
}) nir des troupes aux puissanees en gucrre avec
)} la France. Le roi se charge de la garantie qu'an-
}J cunes tl'oupes ennemies de la Franee ne pas-
)} sent eette ligne on ue sortent des pays qui y
)) sont eompris, et a eet efret, les dcux parties
)) contractantes elltl'etiendront sur les points es-
n sentiels, apres s' etre coneertées entre elles, des
)} corps d' observation suffisans ponr faire respee-
1) ter ectte ncutralité. »


Il rcstait au.\' parties contractantes a réglcr la
part que Jeurs aJJi(~s respecLif'i auraiellt au traité;


" jusqu'a la fl'ontierc du Palatinat; de la, ceHe du pays
" de Darlllstadt et dn eercle de Franeonic que la lip;ne
" enclavera en cnticr ~ a Ebershach sur le J\eckcl', conti-
" nuant le COUl'S de e(~ {]en"c jus<lu'it "\Vimpfell, ,i/le libre
" de l'El1lpire, et pl'endnt de la sur LowellStein, l\lur-
., hard, Hohrllstadt, l\ordlinflen, "illc libre de l'Empi¡'e,
" el Hollzkin~h sur la 'V rl'llitz, renff.rmant le comté de
1I Pappcnhcim, et tOllt le Cl:['(~lc di' Franconic et de la


haute Saxe, le IOl1ti de la Ba, ii:rc , (Iu Il<lut Palatinat
el de la Bohi:me. jusqu'aux fl'Olltit'l'e de la Silésie, "




152 MANUSCRIT
la RépubJique 11'a par]é que de la HolJande, et le
roi de Prusse He stipule que pour ses co-etats
d'Allemagllc. L'artic1c de la llolJande est assez
délicat; le roi de Prusse a des relatious de famille
tres-étroites avec ]a rnaison (fOrange : iI a témoi-
gné pendant tout le cours de la ll(:gociatioll le
vi.f intérét qu'il prend ü ce que cette maisoll soit
indemnisee de ses pertes. . . .. La République Ll
paru ll'ctre pas éloigw\e de le satisfaire ¡. ce!
éganl 1 , f~t , pour mt¿uager ces tlispositiolls conci-
liantes, :\1. de Hanlemhcl'g est alltol'is(~ iJ adUlettt'e
l'article suivaut qui l'C'stera secreto


(( ~lrticle secret.-S. M.Je roí (le rrus:,(~ 11e
)1 foruwra aucuuc t~lltrcpris(' hostile Slll' les Pro-
)) vinces-U nies et snr tous les LlllLl'I'S pa.' s OCCUpt;"
) par les tronpes fr'UI\"Lisl'.;. )J


Quant il la m0,liation de la Pruss(~ el! bV(~Ul
de ses alllis, 'e pl¡;llipolt'lltiaire fra,wais'y CtlllSL'!t-
tait eH ces terrnes :


« ,1dicle patento -La Républi(llH~ accueillera
)) les bollS oHices de S. JI. le I'üi de Prus:w en [a-
l) veur des t:tats dI' l'cmpil'l' gel"llI<1Jli\lW; (lUl <b;l-


1 Le comité de Salut lJuhlic ilvait le projct d'établir le
stathourlcl' en Hano\Tc; Illais il Jl(; pouyait f.\lIl:I'C tOIl-
che!' cette corde. a RHc, ou le plélJipotcnti~lirc [ll'llssÍCl!.
était 1lI; HanoHien plus attllché cncore i: ,,(JI! pC:'s nala!
qu'it SOl! ¡.¡a) S adoptir.




VE VAN TItOIS. 153
» reront entre!' directement en négociation avec
» elle ...... »


Mais JU. de Hardcmherg, ne se contentant pas
de ce (jui precóde, n'a pas ceSSl\ d'illsister pour
qu'oll ajouUIt ce qui suit :


« ..... Et qui pou1' Cf't eHet out déjit réclamé, ou
» réclarneront cucore l'intervention dll roi. La Re-
» hlique fraJ1(,~aisc, pOlll' donller 11 S. 1\1. le roí
)) de Prusse une prcuve de son dé sir de conconrir
) un rétablisst'wellt des anciens ]jpns d'amitié qui
» ont suhsiste entre les deux nations, consent a
» ue pas traiter cOll1me pays ennernis, penelant
) l'cspace (le trois mois apres la ratification du
) present traité, ceux des princes el états eludit
) (~mpire <lui sont situcs sur la rive droite dll Hhin
) en filveur desCfuels le roi s'illt!\ressera. ))


Lf' comité de Salnt Public u'avait pas dOJlne
SOIl assentimcllt 11 cctte addition; ii avait au COll-
t1'aire formCJJemcnt exprimé la crainte qu'oll ne
pút eJe servir d'utl pareil texte pour paml,Yser
nos operations milil.aires toutes les [oís qu'on le
voudrait. l\Iais 1\1. de Ha1'demberg insiste; il as-
sure que eette crainte est mal fondée; que la ré-
dactioll propuspc II'intcrdit ras d'occuper mili-
tairenwnt les pays auxquels la Prusse s'intéres-
:-¡era; il dl\clare au surplus Cfu'j] ne peut en con-
selltir la ~Uppl'cssion sans a\-oir auparavallt pris
les ordres de sa conr .. Ce que le citoyen Darthé-




MAKUSCRIT
Icmy doÍt redouter le plus, c'est un délai de ce
genre. II vient de reeevoir un preluier avis des
trouLles de Paris. On a tout líeu de craindre que
ces mOUvell1enS populaires, exaljeres par r doi-
gnement et par l'intrigue, ne refroidissent it ]Jer-
lin le désir qu'on a d'en finir .... L'addition eon-
testée jusclu'alors passc done contre les instruc-
tioos du Comité. Cest la seule disposition du
traite qui soit dans ce eas. Le plénipotelltiaire
frall(,~ais oLtient du moins l' explieation suivante,
qui restera secrete:


(l Article secreto Les dispositions de rartic1e
l) onze du traité patent ne pourront s'étendre aux
» états de la maison d'Autriche. ))


Le traité se termine de la maniere suivante :
« Le présent traité n'aura son effet gu'apres


)1 avoir élé ratifit~ par les parties contractantes,
» et les ratifications seront éehallgées en eette
» ville de :Bale dans le terme d'un mois, ou plus
)) tot, 8'i1 est possible, 11 cOIupter de ce jour. )}


» En foi de quoi, nous, soussignés ministres
}) pléni potentiail'es de la Hépubliclue franr,aise et
)) de S. M. le roi de Prusse, en vertu de nos
» pleins-pouvoirs, avons signé le présent traité
» de pa IX et cl'amitié, et y avons ütit appose!" nos
'l sceaux respectifs.


Signé, FHANt?OIS HARTIJEI,;~MY, et CHARLES-
AUGu;n;, baroll de HAHDEMHEHG. "




DE L'AN TROIS.
Tellecst la paix de la République avec la Pru8se;


élle a (jLé sigl1l~c Ü BaJe le 16 germinal an 3
( 5 avril I'j!)5).


Le Comit(~, qui 1'Cl(oit le traité dans la nuit
tlu 20 an :2 1 , soumet aussit6t a une déhLcration
expresse la nécC'ssité ou le plénipotentiai1'e s'est
trouvé d'admettre, coutre ses instmctions, la 1'6-
dactioll prussieulle de r articl e (le] a médiation. Ce
n'cst au surplus (11Úl11e dElire de forme. Les nOLl-
veaux memhres du Comité se gardcrollt bien de
se lllont.rel' séveres; ils sont trop satis{ilits J'avoir
~i olfrle ü la nation un traité de cette importanee
eornrne prémiees de ]eurs opérations futurcs; on
s' crnpL'Psse done d'adopter le traité et J' en pro po-
scrles articlcs patells á la ratification de la Con-
"cutlon. C'est le représental1t ReubcJl qui a suivi
plus pnrLiculjeremellt la cOITespondanee de Hale;
c'est luí que le Comité charge d'etre son intcr-
prl~tc ,lUpres de l'assemblée.


011 était ]oil1 de s'attend1'p ;1 cet heureux dé-
noúmeut; 011 était dispos(; pluLat ti prévoil' le
contraire. Deux jOllrs auparavant, Pclet de la
LOí'i~rp, , oans Ull ]oug discours sur lIOS relations
exV;ricures, avait mis sa politique en ddaut en se
livrant a des con.icctures u,es-dt'.favol'ahlcs sur les
vrais s(~lllimens de la Prusse ; jI <l,-ait accusé cette
pllissaJlcc de De s' (~tre l'approchee Ull JlIomeut de
la R(;puhijclue que pOtll' se f~tir{' \'aI011' aux yeu.'\




156 lVI A N U SCRIT
de la coaJition, et (Le n'avoil' pal'u rccherehcl' ja
rnédiation de l'Empire (lue pour empecher que
eette médiation ne fút clMeréc plus utilemcllt 11
la Suecle ou au Dauemark ... L'évéllcment n'a done
pas tardé a dissiper ces illjustes prcsscntímclls.
« Yotre comité (le Salut Publie, dit HenbeJl avce
» sa voix alsac1cnnc fOl'ternellt accentuée, a suivi
» vos instruetiolls pom des país partielles ; il oili'c
» 11 votrc ratification cd1e (IU'il yient de conclul'l!
» avec la Prusse. »)


A peine ces premien; mol:-; ollt-iJs ét(~ prolloll-
cés, que les plus viy!':,; acc1amatiolls IlltuTOI1l-
pent l'oralcur, el ce n'est qu'apres avoir la!sse la
joic publ i(IlW s' éplli~er cn rcdoubl ell1CllS, q 11('
ReuJ)f~ll parYient it ]'('prClldl'eia paro}I'; ji croil.
deyoir f~llrc COI1l pJ't'1I d fI~ ce q el(' J e tl'alt(; palcu t
Be dit paso \ 01ci ses propl'('S lI'I'1I1(,S :


« QLI~ique YOUS lle \'OIIS SO)CZ pas ellCOI'l' pru-
l) 11 onces sur les I ¡mi les du tenÍtoire, voLl'c COlllité
)) a crn clevoir trai Ler dausle sens qui ] ui a paru
» avoir oblell!!, jU:"qu'il pr<'~:;etlt, l'asSCJJ{illll'llL
) de la lIatioll; mai:,; l'ohjCl priucipaJ auquel il
» s'cst rattaché, a dé cll~ l'etablir ,.les 1'1,1aL¡Oll~
» commeJ'ciales qni 1l0US sout dCvcllues si uéces-
» saircs, el de les ctemlre en éloigllaut, Clntant
» qu'il dépendait de luí, le tlH'~átre ele la KUf'l'l'e
» clu nOI'el de l'AlIemagllc. La propositioll e11 a
)l été [lÍl.epal'll:'rui(lePl'l\ss,~ Illi-I1l('ll1c: ... ),Cet




DE L'AJ\ T ROIS.
apereu sera ,ic\dopp!' le leudel1laiu par des arti-
eles !le jOltl"Il<LUX, (lui, en mettant au prentier
rang des m"antages oLtenus I'anivage des bIes du
flord par la voie cl'Elllbden, 11e m011trent que
trop (:ombien la f~nninp a d'influence sur 110tre
politiquc.


La ConvenlioLl ratifie le traité , apres une se-
conde ]ectnre cnte11l1ue le 24 w'rminal. - Le
rOl (le PI'LI:N' I!~ ral.iliele 25 du meme mois
( 15 aVJ'il), el le décJarc en ces termes a toutc
l'Allcmaguc :


« Le roí de Prllsse se voit maintenant dans la
)) satisfacLion cl'annol1cer a ses co-états de l'Em-
» pire, (liJe la gllerre vient d'al.l.eindrc :;;on terme
) pourlc:;; ('tats pl'USSiI'IlS. CcHe paix p1'o111ct a la
» Pl'llSSI' le N'pOS el. HU !¡i('ll-eLre sLa]¡!p. ¿Lle (~flrc
) en m(mc t('mps el tuns les ét(ft.,· de l'Empil'e
l) Ull ellcmin jí'a)"é P()llí' obtenir le 11](,'1718 avan-
\) ta,~·('., ct aSSlll'C (k.i~l il IUlf' grande partie de
) L\11ema!:!Jlf' nrotection et :;;úret{> contre les 1'a-


" ,


» vages et les calamitr's de la guerre. ))
De son cútt': , l(~ gOIlVPmement lral1!;:nis a rlonné


1111 a\crtlssement ({ni ,;'ad1'essc l. pIu:;; d'un audi-
t('lII', ell faisall t dirc par Reuhell, dans le clis-
cou1's SUL' la pnix el(e la Prusse, que ceUe paix
!l'est pas l({ sculc Cfui sOlt en ce mumcnt la ma-
úae des méditl1tions du comité de Salul Publico


J"lN DE 1.,1. DEUXIEME PARTIE.




I
I


I
I




NIANnSCRIT


DE L'r\.N TROIS.


TROISIEME PARTIE.


S¡;ITE DES TRAlri:S. _ I.A I10LLANDE. - L"ESPAG:'IE.






MA i\ (jSCRIT
DE l/AN TROIS~


TTI OISIE~IE PAR TIE.


ClIAPITHE I.
COl\l\ESPOND,\:-iCE DE F1G¡;¡}:RES E;>¡TRE 1\1. V'OCA HIT? 1'.T LE CITOYEN BOCRGOING,


SI la paix, qui vient de rOIllpre a Baje un des plus türts anncaux ,le la coalition ,fraie le che-min pOil/' Les prillces de I'Empirc, conune le dit le roi de Prusse, elle le ¡i~aie surtout pour le ca-binet de .Madrid .... l\Iais jI f~lUt continuer a s'ar-mer ele patiel1cc avcc les négociateurs espagnols. Ces e ffo rts , si souycnt. répétés pour s' en tendre sur la frontiere des P.rrcnécs, nous rappellent malgré Hons les grands coups des Paladins qui, dans t"ardeur de se ponrfellllrc, ne parvenaient pas mente ü se faire une égratignurc. On a Lea u al-longer ici les bras pour se donncr la mam, on
1 1




l\lANU SCRIT


peut a peine se touc}¡e]' rlll hOllt du doigt; toute-
lois, quoique a travers tallt d'h¡;sitation, (1'inex-
périel1ce eL de maladresse, le d(;nOÚlllcut puissp
encore etre eloigné, il est devenu llloins incel'-


taíno
Nous avons laissé le citoyen 130urgoing atten-


dant ü Figuieres une meiUeure n\pollS(~ de 5011
ancien ami Ocaritz. CeLte répollse arrive <lU calllp


rr<lll\~ais le 23 germinal; mais elle ne saLisf;1il
guere fimpatiellce avec laqllell(~ (']JI' ('taiL désin\j',
En voió les termes dalls tOl/te !cut' pesant('ul' '
(1 Si vous pouviez 01ten¡r du COlllil<'~ la pt'rrnis-
» 5i01l ele résider a Figuiercs, (ti L Ocal'itz:\ Bour-
» going,je vous cOIllmtll1iqnerais (luelques Lonllcs
» idées re1ativcs an trait(~ qui pourrait cOllvcuir
)) en ce mornenL anx (lclIX llaLÍolls; et si VOll~
» pouviez ObtCllil' lloll-selllemeut ceHe perruis-
) sion, mais aussi une aulorisation pOUl' Lraite1',
» et qu'en vertu ele eette autorisation vous pussieI'


» lile faire passer, ell l'(;ponse ü eette lettl'c , UlW
) ouverturc sur le mode de Lraitr:r (1'.I1)]'('.s Icqucl
j) vous concevez que les élaLs l'cspecti (s pOUl'l'aicllt
» se rapprOcllC'I', no liS auriOllS (¡ilt un paf, bien
» essen tie1. »


11 esl <lur, deux mois apres les propositiouo,
vives et loyales du brave géllb'al Ul'l'utia, de Se'
lrOllver ramcllé si péuiblemelll aux J)l'(:miers élé-
mens <i'uue ncgociation. Aussi le..; Ltcprúscntaus,




DE L'AJ\ TROIS,
auxqucls Hourgoing él dú 111ont1'e1' la lcUre de
l\LHlri(l, supportent-ils avcc humeur cette marche
retrograde! lis exisent que Bourgoing l'Ppollde
en termes te11ement catégoriques, que le corr(,5-
ponclant des Espagnols sOlt [orce de 1'ellonce1' ~l
Ja reserve dans laqucllc ii 31fectc trop de se ('cn-
fermer,


f( Parlons [rallchemenl, mOI1 cher Ocaritz, luí.
n réplique Bourgoillg : ll'écolltons (pte la COI1-
1) fiance que nOllS IIOIIS i llspirons, COllvelloll~ que
)¡ nos lettrC's, !1UlIS ('~Ult1t transmises par des tro111-
» petLes cllvoyés par les généraux, ne peuvent
II 6t1'e ignorées de nos deux gouverne111ens; lIs
1) sont aes deux catés convaincus de l'utilité de la
)) paix; qu'y a-t-il Ilonc 1i [¡it'e, si ce n'cst dc nous
» rapproclwl' el de con[(~rcr le plus tót possible?))
- « Et vous-m6ne! que n'alJez-vous a Madrid? ))
poul'rait-on dire it J30urgoing. La pensée ne s'en
présente au comité de Salut Publie qu'a la lecture
de ces (lerni('res cOl11munications. L'elwoi d'un
agent sccret lui para It tel1ement indiqué, que
déyl il s'en occupe. J\Iais ce n'est pas Bouq,oing
<I"i est désignó pom se remIre a Madrid. Heu]wIl
a tail pI'Ór(~t'l'r l'adjudant genéral Roqllcsante,
dont la missio/1 pOlll'l'a se couvrir plus ü¡cilement
du prétextc d'ull óchange de prisolmiers. Au Sllr-
plus, l(~ départ de ltoquesanLe n'est pas encore
cléfinitivemenl ancté; et bientOt Il's courners ,


rr.




MANCSCHIT
qui. devif'nnf'llt plus fl'(~qlH'IIS !'l. plus rapid(·s Sil!'
la l'Oute (l'Espagllf', "ppol't('nt lllaliel'e ;, d'autrc"
combi uaisons.


En ll10ins de neuí' jOllrs, ulle troisit'mc }ettre
dc·l\1. Ocaritz, parvicnt ü nos lI(gociatclIl'S, Ccitt'
¡ois, on cst plus commuuicatif; OH npril1lc 1('
d~sir de yoir ct'sser les hostilitési mais 011 SCIllJ.J¡.
fai re d'Ull armistice la cOlldition pd·l imi 11<1 i ,'1'
de tout arraugcllwIlt possiLle,


].a \ieill(~ opinÍoll dt's I\(,pl'(·:.;elltalls (luí dí l'i-
gent tout i, Fjp;uii~rcs) a (;té> COJlsl;¡IIlI1Wllt (FIe
I'Espaglle lIe chcrche CIlI'i, tt'mporjscl'; i 1.., ('n
I'CS1Cllt convaincns par cf'Lte demande d'llllC sm-
pcnsion d' armes. La l'l"pOllS(' ({ll' í Is llictetl t aussi-
tot 1, BOllrgoiup; est l}(;p;:ltive, el ll10ntl'C l!ll('
oppositioll ahsolU1~ <:01111'(> tOII[(' ('SI)('.Cf' dc prl:·li-
miuairl' df'cclte natme; ('11('cst parti(~ 1('1 floré;]!
ou 23 a\Til. QlIatre joms SOllt ;'1 Pl·inc t-l'oulés,
qu'une qllatl'i(~nle leLtrc lrOca/'ilz, <lrrive; mal:'
voici ce qu'on y tl'OLlVe :


« M. J'Ocaritz cst pd's cl'ühtC'llir de son p;ou-·
) VCl'l1C'ment la permissioll de ~c l'elldrc an lieu
) des eonfél'ences, ~i le cito,p~n BOl1rf'joillp; peut lni
) presen ter des probahi l i l!~s (le sucd~s pOIlr J a né,
) gociation. La tendre soll icitllde df' la conr (rE~­
» pagne est en ce l110mcnt COnCC'lltl'el: sur les CIl-
)1 fans de Louis XVI. Le hOllvememeut fraucai-




VE L~\.N T ROlS.
" lle saurait t¡;llluigllcr (l'UlW maniere pllls :-;e11-
j' siblc les (;gal'cls (lU'il aurait pour l'Espagnc qu'en
jJ couliant ú S. 1\1. C. ces enhllls 111110ccns qui lJe
)J SCl'vCIIL it rleH l'll Fl'auce. S.l\1. C. recevrait une
) grande cOJlsolatioll de cette eondeseend:mce,
') e(. ¡{(~S lors elle COllcoul'rait de ]a meilJeure YO-
)) I01Jt~ á llll rapprochernellt avec la Franee. »


Ou <lu1'ail: dú mieux cOlllJaitre :1 Madrid l'irri-
ta1i1it6 que eetlp demande prélimiuaire allalt
mcttl'C eH jeu pUL!I' la seconde füis. L'cfret de la
pOlldre n' esl. pas plus prompt. Ce ne sont plus
des teJllporisatiol1s que les Ueprésentalls, délégués
prcs 1'ar111ée desP'yrénées, reprochent i¡ l'Espa-
{jue. « Ene ('sI. prise sur le fait, diseut-ils; elJe
Jj ne pCllt Fas Hiel' qlle son projet ue soit la 1'es-
)) talll'aLioll de s;, J¡l'anche ainéc. Nous l'avolls


)) \ ue proclame!' a malU armée Louis XVlI daus
)) llOS villaf.ícs 1111 mument cllvahis par elle; plus
\) tal'd, qualld la íórce des armes ll'a plus sccond(;
lJ ses projds, llOUS l'avons Vlle rcdemanclcr
'J L01l1S xvn it Sill1onin, pour en {¡tire UlI roi
)) (L\quilainc; aujounl'hui elle garde un silcllce
') prudcllt SIJr ce (Il/elle en vcut faire, mais dl(~
») ](~ rcd('1l1<11t11e ellcore: e' est toujOllrs la 1110111C
J) arriej'('-pcllsé,~. Pmlr sortir de ectte intrigue,
¡) il f:l!Jt l'ompre tOlltr' eO!TCSpow1ancc! »


Eu vajlJ I(~ safíc BouJ'goiug cssaie <1'Ohten11' un
peu plus de patie!ll'e el de l110dératioll; en vaill iI




166 MANUSCR1T
représente qu'il comiendrait {lu llloins d'en ré-
ferer au comité de Salut Puhlic. « Les instruc-
)) tions du Conlité ne sont-elles pas fo1'rne11es? lui
» répond-on. Elles défendent {l'ócouter l'Espa-
)) gne, si l'Espa¡.;ne veut reyell i r sur cet artic1e; et
), dernicrement encore, le Comité, f~'ligU!~ du si-
)) lence qll'on ¡.;ardait it Madrid, ne parlait-il pas
)) de rappe]er les nC'5oeiatcurs qu'il avait ü Fi-
)) guieres? L'incident actucl est d'une nature bien
)) autrement grave que le si]cnce du Cahiuct espa-
») gnol. » - Les Heprésentans ne croiellt done
pas avoir besoin de consuhel' a raris. rar Icur 01'-
dre, Bourgoing informe Ocaritz « qu'il ne peut
)) plus lui écrire, et qnc ses afüúres particlllicre:;
)) étant termiuees, il se retire chez lui, it N eYf'l's. )


On l'a déja deviné. Bien lW pouvait contrarier
davantage le Comité que c(~lte nouvelle incar-
tade. Cepcndant l'éloge de Bour¡.;oing cst le seul
reproche q u' on adresse a ceux qui n' OIl t pas ("con té
ses avis. Non~seulelnellt justice cst J'enduc Ü cct
honnete homme; mais eonfiance toutc enlil~re lui
est acquise, et Jésormais les apparenees Tllontl'cnt
en luí l'hol11me du Comit<~ ct le pléuipotentiaíre
destiné h signel' la paix de fEspague.


On ne pai.'le dt'-jh plus de ]a missioll de Roque-
sante; Reulwl1, qui I'ava:t proposé, viellt d'(~trt'
envoye secretement en Hollande avec Sicyés. La
cOl'respondance d'Espagnc esl dalls les attriLu-




DE L'AN T ROIS, 167
tiOllS de Merlin de Douai; et cclui-cÍ, eH dépla-
l;ant la rr~sideJlce de Bouq:;oing, trouve un pr(::-
teste de revenir sur la maladresse de Figuieres.
J::n COWi(~quence, le 15 floréal , on dorme ordre iI
BOllr¡:;oing de se rendre 11 Bayonne; iI Y sera sur
la mute directe ue Paris a ~Iaurid; et sa position
devit~lHlra plus indépelldante. A son al'rivée, iI
écrira ;\ 1\1. d'Ocaritr, « que le Comité I'a chal'gé
\) 11 Hayollllc d'lIlW mission parcille ~\ celle qu'il
) remplissait it Figuiól'es; il lui témoignerale 1'C-
" grct persollllel ({u'il ép1'ollve de ce que J'ollver-
) tUl'e de la négociation ait éte dérangée par une
)) proposition intcmpestive. llhissera ensuite en-
\) trevoir que eette proposition, quoique n'étant
)) pas dp na lme a (~trc adopü';e, du moins quant
)) 11 pl'éSl'llt, ne Jevait pas cependant empikhel'
)) ]' Ollvel'ture des cOllt'érellces qui seules peuven t
» ramcllet'la pa ix entre les deux nations! ... » Je
c('sse de transc1'ire . .le u'aurais pas meme dti en-
ll'e1' (lalls (l(~ si grands llétails. Cette mission
n'aul'a ras liell. Bout'going n'écrira plus a Oca-
ritz. Bourgoillg ll'ira plus ü Bayonne. Cinqjours
,;ont ~l peine (;coulés qll'un courrier, arrivallt de
Btd(~) appot'le \lIIP llollvelle <lui chauge eutie-
]'('mellt la dil'cction de cetLe affaire.




MANUSCRIT


CHAPITRE JI.


UN NÉGOCrATEUR ESPAGNOL ARRIVE A rLl.Ll


( Floréa!' )


SE rappelle-t-on M. d'Yriarte? 1\1. ¡]'Yriarte CsL
le second correspondant auqucl ]e eitoy(~n 130ur-
going a écrlt en pluviose, lorsque le comité de Salut
PuMic, essayant de se servir d'IIIlC plume confí-
dentielle, a voulu engager une négociation directe
avec Madrid. J usqu'ici 110118 n'aVOllS pu parle!' que
de la correspondance ouvertc PlI metlW temps
avec M. d'Ocaritz, et celle-ei ne nous a que trop
longuement occupés. Le mOl1lcnt est venu (le
nous mettre uu courant avcc M. d'Y riarte. Pour-
quoi n'a-t-on reC;1l aueune répollse oc sa part)
Quel a été le sort de la ]ettre partir: ú son adressc;l
Il Y a ici un nouveau ti1 qu'il fau t táe11er ele
salSlr.


l\1. d'Y riarte n' était plus depuis long-temps ;1
:l\'Iadrid, quand les premiiTcs lettrcs de HOll r-
going y sont arrivécs. 11 remplissait une missillíl




[69
eH Pologlle; maisil revcnait, et d(\jü on le croyai t
11 ViellJ1f'. La lettre 11 son adresse avait ét,; déca-
che té!' par J\J. le duc de la Alcudia llli-memc,
(lui sans doute avait (;galemcllt ouvert celle ci" 0-
cari Iz, quoiCJlle ce dcrnier ne fút pas ahscllt. Le
ministre avait done eu ¡¡ choisir entre les deu:\
correspondans de Bourgoing. L'un étail sous Sil
main, l'autre eneore bien loin. Cet éloignement
de l\J. d'y riarte 11e luí avait eependant pas été
dé{¡lvoralJlc. I1 est vrai que la dernarche pacifique
il laquellc on était résolu , dcvait suhir un long re-
tard en allant rejoindl'e !'interprete qui obtenait
la préfércnee. Mais peut-étre cet ineonvénient
avait-il pal'u compensé par un llouLle avantage,
celui (Uehapp(~[' it la survciJlance du ministre
d'AngldelTc el! E~p;¡gnc, ct SlIJ'tout ü rinternl(\-
diail'e (les Ikprr\scntaw; Pl'l'S J',¡rmée des p) r¿llecs,
elont les JJOutades SOttt rtdOlltécs it ~bdrid.


Ainsi, M. d'Oeal'itz n'a été mis en avaut par
son ministre que pOUI' peloter cn attclldruzt par-
tic; et la cOlTespondanee assf'Z pcu COUl'ante qu'il
a [¡¡l1u Jire 11 Fif:íui(~res, u'avait d'autre oJJjct que
de gagner le temps Ilc-CeSSall'c pour (llle l\L d'y-
riarte fút en état tIc commcncer son rú]e. On s'é-
tait flaLté, it Madrid, que]e eonrricr dépéclH'~ il sa
rCllcontre le t.J'ouverait en Ita] ¡e. J\1ais, en f~lisant
la pal't des retards inóvital)l(~s, ollu'avait pas l'ait
edil' des méprises : L\I. d'y rial't(~ etait (h;ji.t d(~




lHANU SCRIT
retour sur Venise, quancl des informations ¡u-
esactes ont poussé le courricr jusqu'ü VicIlIH', (~t
ce n'est qu'aprcs avoir toueh(~ cette capitale que
les dépr:ches de M. le duc de la Alcudia sont rc-
venues a leur adresse.


Les instructions du Cahinet cspagnol mettaient
.1\1. d'Yriarte en mesure de traiter ayec le premier
agent, accrédité par la H.epublique, qu'il aurait
daus son yoisinage. Ji pouvait ainsi s'alJOucller i.
l'installt 1116me avee Je cito.pm LaJIcmaIHl , (1U1
représentait la Répuhl ique 11 Venise, 0[1, s'il le
préférait, ayee le ei toyen Villars, qui residait a
Genes, ayec Desportes, qui résitlait il Geneve ~
il a mieux aimé se rendre ~l Hale. Le citoyen 13a1'-
thé]emy est pOlll' lui une ancienne connaissancc
dont le souvenir date (le dix-sept :tIlS. La paix de
la Prllsse yient ele placer cet ami tout-a-bit en
éyiclence dans la diplomatie européennc. "O'ai1-
I eurs, le remlez-vous de Bale exerce en ce mo-
ment une puissante attractlon; indépcwlamnlcll t
(le 1\1. de Hardcmherg, de hauts pl'rSOnllagcs S'}
trollvent; le ,;aIon de l\I. de Sall-Fcrmo y offre
le secours de la neutralité de Veni.iic. Toutes ]t~S
couleurs peuvent s'y rencontrer. l\l. de Leshlclt ,
quoique envo)'é de l'Autric1Je, ne eraint pas d'y
paraltre .... M. d'Yriarte a done d~d(: ~t J'entrai··
nement qui concentre tOu,s les lwmmes ti traite,




DE VAN TROIS. 171
:iur Jjále. l'eut-et!'(~ 111(~me son Cabinct lui en
a-t-il dOl!!l(~ la premie re idee.


)lailltcuant que les antécédens de la missloll
ll(> 1\1. d'Yriarte sont ~l peu pres expliqués, en-
t1'ons en matie1'e; voici les détails que le courricr
de Rile appol'te sur 1'ar1'iv6e du diplornate cspa-
gnol.


Le 1 S floreal au m.atin (1 mal), 1\1. de Ila1'-
demberg a pl'évellu le citoyen Barthé]emy qlH~
1\1. d'Yriarte était 11 Hale, et qu'il assisterait le sOl1'
a l'asseml¡lée de 1\1. deSan-Fenuo. Barthé)cmyu'a
pas manqué de s'y rendre, uniquement préoc-
cupé du plaisir dc sc retrouver avec un vicil ami.
La reconnaissance (les dcux c1iplornates a fait
su':ne, et, ce prclUie!" mOl11ent pa,-;sé,l\I. d'Yrial'Le
a pris il paJ't le c;toycn IJarthé-lcmy.


(l \ous jugcz. lJieu , J ui a-t-il dit, que ma vcnue
» ¡ci est JIlotivé-e. Cc qui m'y arnene peut avoir
» une grande impOl'lance pour nos deux. lIatiol1s.
)¡ Si vous aveíl des IJlstl'uctions pour traiter, je me
)) montrerai promptemcnt en état tic pous~t'l' la
) Ill'gociation. ) - Barthélcl1lY ayanl répomln
J'UllC mani<':re satisfaisantc sur ]es di:-;positions
pacifique,.; du Comité, mais u'ayant pas encore
rc<;u d'illstruCtiOllS, M. d'Yriartc l'a cugagé ü en
demander. A ce sujet, Barthélcmy allrait vouln
risquer quclques questiOlls. « N e cherchez pas it
» me Ctire parler, a répondu 1\1. d'Y riarte; mai~




MAI\USCIUT
)) si ehez vous on a le désir sillcere de se l'a p!,roe!wl'
» et de finir eette malheureuse gllcl'rc, j'l'sph'('
:; que le l110ment Ol! nous pOurl'OllS tout di]'c,
» n'est pas éloigné. »


Ccttc premie re c('l1versation aurait dé l'Clllar-
quée si elle avait ét(: pllls longuc. Le cito~ en Ba]'-
thélemy pensc qu'dle promet des suites filvoJ'a-
hles, et s'empt'essc de solliciter les ordres dn
Comité.


L'arrivée de 1\1. d'Yriarte est I'Pganlée Ü J3<\1('
com111e un fait assez important pom que d('s
courriers expres en portent la nouvelle a Londres
et a Vicnne, Son départ de Venise a déji\ dOllfl('~
l'éveil á la curiosÍté <Iu ministcrc anglais qui l'a
fait suivre. Des ce prcmier avis, les (leux COl!fS
prelluent 1'alarme. A Londres, on se d(;cide ~I
changer la légation anglaise (le :\ladrid, UI" 1'0!!
envoie en toute hite un autre ambassadeur. A
Vienne, on appelle 11 lIne sorte d'intNl'Ogatoil'e 1(·
chargé d'afI'aires d'Esp;¡gne; on l'accable deaqucs-
tions de tout genre inspirées par l'illqlli(\lwle et
la défiance, et l'on dépeche pOllr '\1:ttlrid l\L de
Lamarck, afin de détolll'llel' le cahinet cspahllol
de la nouyelle direction dans la({lH'll(~ iI \ ('11 t se
jeter. A Bale, l\I. cL"YJ'ial'tc se voit sUl'\eilJé et
cspionue, au poiut que ses visiles dWI, 1(~ citOYCll
Barthélcmy deyicl1llent l'mharrassantes; d, pOli I
diminuer les allées et vellues ;1 1'1u)le! de Fl'.Il1u·,




OE L'AN TROIS, l73
I(~ spcrd;,j]'(~ ({p kgaf,ioll, l\Ial'amlPt,.se rait l'intn-
Illt':¡{i;,irc inapet'(:n par le([lwl les del/x llégocia-
II'lll'S cOlunwllccll1.]cur COI11Illlll1icatiorl.


i\ París, la nouvclle ele l' arrivée de:\1. d'Y riartc
tiC l;,it pas 1Il0il1s de scnsat;on.


Le c01l1'rj('r qui portait ú l:1ourgoing rorare c!('
se r(,Dllee il Bayotlne \ cuait de partir pOUl' Kevers"
On se háte (reD c'\pédicr un seconcl pou!' tout
coutrcmall(ler, et e'est llIaintcll<ll1t ~l Barthelemy
f{He h: Comité ('nvo;(' les pouvoirs et 1(:s illstl'UC-
lions q!li ()lit (;tl~ prépan's pou!' Boul'going, Ce-
ÍWlld<lllt Oll y a.iont(~ un artic1c. Le Comité, qui
voit (ltt eútó de B~I1e plus de diploma6e qll'ail1eurs,
eroit <1evoi1' se ll1CUI'C tont-it-fait en ganle coutre
les !putcllrs (ltl maler, En cOllsl'qucnce, il chargc
SOl! millisfl'l' !le d('cLtJ'c!', commc pn']w{e amica],
au IH;gOC;"u'lI1' c:ip,:gtlol, ([u'on He lui donne
([n-lIn lllois pOlll' conclurc, (~t (pIe si d'ici la le
[rait<; n'(~st pas si r-; 11(; , les lCII,tlficatiol1s d(! Rose,
deFit\lli(~t'(,~, dtl Passasc et (le Snint-Séhastien,
que HOllS teuons eH notre puissallce, scront dé-
mantpj('es d r".~ccs,




i\JAl\GSCR1T


CHAPITRE 10.


1::>1 SECO~D N~:GOCJATt:¡;R I;SPAGNOL S¡'RV¡FNT


"7 florá] (4 ma' . .1


A PEnE un uégociateul' espagnol s'csl-il mOll-
tré 11 J3itlc, qn'ulI autre se t;,it al!llOllC('l' du (,l1té
des Pyrénécs; et le corllit~~ de Salut J'llhlic, (l'li
naglH~re se plaignait (le u'avoir persoIlllc a ({ni
parler, va ne plus savoil' auquc1 répoll<h·e.


D'aprcs les termes de la rupture de la CorrE'S-
pondallce de Fignieres, on 11e clevait pas s'atteu-
(Ire il voir l'eparaitre l\l. d'Ocaritz. Le cOlitrairc
arrive. Le eaLinet de J'ladrid, s'impatientallt sans
lloute de ne recevoir aucune nouvelle ni de M. (l'Y-
1'iarte ni du courriel' qui le suit, d craignaut eu- .
tin de perdl'c trop de tcmps ü ce d(~t()ll1', ('l! ('st
rcvenu ü l'ielée de se servil' de la voíe la plus (li-
recte.


La lettrc qu'ull trompette espagnol \ ient de re-
mettre il Figuier('s, de la part de 1\1. d'Ocaritz,
cOHtient les qucstions suivalltes, qllí sont tOlljollr"
adressées au ótoyell Hourgoing.




DE L'AN T ROIS
A VPZ-YOtIS des pOllvoirs ?
Lt~ traité iI COJlc111rt~ poul'l'ait-il t~tre con~lI dall~


It's Jll(~nl('S lpI'Il1('S (!'lC celui de la Prussc?
QIIPlS scraient les eas OU rou s'ohligerail a se ga-


rantir les posscssions l'cspeclives?
Qm'llcs seraient les limites?
Qucl s('rait le sort tlc Louis XVII?
Quds seraicllt les pensiolls assigllées aux pl'in-.


('I'S éJnigrés?
Que dcvicntll'ait la I'eligioll el! Frailee?
QllelS aVilntages accorderait-on a 11'\ coursll"lta-


¡il', (ll1i accéderaient aux plaus de l'Espagne?
Mcme qucstion ponr le POl'tuga1.
Qnels avantages accorderait-on it l'Espagne, eH
cOllsid(~ratioll de s(~s graneles pertes?


QlIilJl(l ('t I'ommcnt la Fl'al1c(~ cntt~ildl'ait-t,lle
rl'tirt't' ses Ltl'Ill(~I'S des pro\ i IICCS cspagnoles qu'el-
II's OCClIpCJI t , 1'1. it q neJ]e (;poqne ?


Erdill llllC llcutralité pure et simple suHirail-
elle?


CcUe ollverllll'C présenLe d'autanl. plus (l'inté-
J'(~t, (Pl'(,] 11; d0l111C, pour la prcmicre iois, uu
apcn,'u <111 cCl'de dalls J(,qne1 lt~ cabiuct de Ma-
drid eutc!l(l placer la n('gociation. La discussion
s'cugase aussitfll sur clwcull des arlides que l'Es-
pague IIlct eH avant. On cOllvicut, cbns le Comi té,
de laisscr de cótt\ les qucstjOllS qui hlcssent trop
1I0S idees revolutionnail'e:; , c' c:;t-i.Hlire tout ee qu i




MANU SCRJT
~e r;-¡pporle au sort d('s (~nf~lJls dll deruicr roi, a
celni des princes émigr<"s el I1 la reli5ion catholi-
que. - « Ces questions, Jit un ll1embl'e, sont
» atLentatoires ~l la souyeraineté llatiouale. » -
« L'Espagne, dit un autre opillant, JI'a ras plus


» le uroit de nous faire de telles demandes, que
)) HOuS n'avons celui d' exiger le bannisscment des
» illquisitcurs, ou de réclamer des indemuités
) pour les filmilles de l\Iontczuma, J'Atabalipa,
» el de toute ]';-¡ncienne al'istocratie du Mexique
)) et du Pél'oU »


Les questions trüp uélicatcs étallt l-cart<:es,
OH se borne ü traiter eelles qui n'out pour oLjet
que le rétahlisscl1lellt des rappürts politiques
entre les deux r"Ys. Küus reprenolls l(~s de-
mandes pour placer il eóté les r(~poJlses.


D. Quelle ilHlemnité acconlera - t - OH it rEs-
pagne?


R. Ancune. Il He peut eH (~tl'e dú a l'agres-
seur; on la protégera contre ses ennel11is natu-
relso


D. Qucls avantages fera -t-üIl <!IIX coms d'[-
talie?


R. Tous ceux quí pourrollt fortifier ces cour:-,
contre l'Autriche, l'Angleterre et la Hnssie. Le
Comité regarrlf' loutes les puissances de ]a l\ll~­
diterranée comme des alliées uaturelles ( Rome
exceptée ).




DE L'AN TROIS.
D. Dans que} cas la France et l'Espagne se ga~


rantiront-eJles leurs possessions respectivcs?
R. Dans le cas d'une guerre défensive.
D. Quelles seront les limites entre les deux


pays?
R. CecÍ doit etre réglé d'apres des principes


de compensation et non d'indenmité. Ainsi, de
la part d(~ la République, restitution des C011-
qué tes : et de la part de l'Espagnc, cession de la
Louisiane ou de la partie espagnole de Saint-


, Domingue. (OIl pOllITa bien demander quelque
chose de plus, comme la vanée d'Aran, Saint-
SébastieIl, etc., etc.; rnais on laissera au négo-
ciateur la facilité de renoneer aux prétentiollS
seeondaires quí retal'l.leraient trop ou compro-
mettraient la conclusÍoll du traité.)


D. Une neutralité pure el simple suffira- t-elle?
R. Le désir qu'on a de se placer promptemeut


uans l'état de paix fait ajourner toutes les ques-
tions secondaires qui seront la conséquence de
la conclusÍon tlc la paix. Ou propose done (le ue
pas s'occuper pOlle le moment de ce qui se ral-
tacherait a un projet d'alliance.


Derniere Demande. Quand retil'el'a-t-oll les
armées?


Béponse. Aeticle secondaire, ql1'on arranp;era
i. l'amiable. Il en est de mcmc de l'échange des
pl'isonniers, qui se traitera comnw 011 vOl1dra.




178 MA.NUSCRJT
Le mode n'y fait rien, pourvu que la paIX soil
conclue.


Ces bases une foís al'relées, il ne s'agit plu:i
que ¡l'exppdier la dépéche; mais ú quelle allrcsse?
Sera-ce ~t 130urgoill!j , pour qll'il l'(~lItl'c (~n COIll-
ll1ullicat:on avec Ocaritz? Sera-cc á Barthé]cm},
pour qu'il s'cn serve comme J'un suppl¡;l1lellt
d'instructioll avec l\J. d'Y riarte? J_e Comité se
voit ici cutre deux illcollvl'niells 0galenwnL gravps:
l'Ull, de negliger les ouvertllrcs qui arrivcnt par
1\1. d'Ocaritz, pour se mettre l'xclusivCIlIL'uf. (l,llls
les maills de:c\l. d'Yriarte; l'autre, de Jaisscr se
disseminer entre plusieurs l1I;gociatcurs une ne-
gociatíon qui, de sa nature, doit 6tr(' conccn-
trée. Dans cette incertítlHle el1lharrassante, OH
aurait bcsoin de qU":ques rellseignt'meIls sur
les dispositions et 1(' cn;dit d.'s dellx P(,l'SOIl-
nages entre lesquels iI [\lit opter. JU. d'Yriart(~
a-t-i1 des pouvoirs bien en regle? Il est si eloigne
que la IllOindre irrégularité pourrait cntrainer'
des retards inunis. A-t-il toutes ses iJlsll'Uctions?
On ne samait avoir celte inquiétmlc a l'égard
de M. d'Ocaritz, qui, du premier 1110t, vient
d'aborder les difficultés csscntie]] es. D'ail1eurs,
M. d'Ocaritz a l'avantage d'6tre sous la maill du
ministre espagnol, et les communicatiolls de
Paris avec Madrid par la fl>OIlli~~re des Pyrénées
semblent dcvoir étre bien plus promptp$ et bien




DE L\J\ TROIS. J;~)
plus i'acilcs qlle par Búle. Ces cO!lsidératiolls don-
llaient du poi(h aH\: ayis (lui, dans le Comité)
~c d(;citlaicnt pOllr ¡;xpr cléíinitivemcllt ]a Ill-go-
ciaLion al! piel! des Pyr¡'·nú·s ..... Sur ces entre-
taites, Ol! l'e(:oit ele Bale les éclaircisscmens yue
YOlCl ;


1\J. d'Y riarte n'a pas textuellement ce qu'on
appdlc des pleins-pouvoirs; jl était en dfet im-
possible que, courant le monde lorsque les prc-
1niers onlr'es de son gouverncmeIlt lui ont eté
r('mis it Venise, il se {lit trouvé tont a coup muní
de ceLtr: p iecc dont on lIe réguIarise ordinaire-
111ent la forrne qll'au morneut d'en faire usage.
:\lais jl a des pouvoirs réc1s dans ]e mémoire d'in-
structions qu'i] a reen de sa cour. « Le matéricl
)) de la piece m'a convaincu de son oHicialité , dit
)J le citoJeu lJal'thó1emy. Le miuistre 1'a signée
J) de sa main, et .i'.y ai III moi-meme entre au-
)} tres passagcs, celui-ci ; Des que (Jous vous
J) trouvere':' ({ portee de que/que agelltjraTu;ais
)) sl~ffis(lmment aUlorise, trm'aille;:, aussitút it
» réglrr les bases de la paix, et sur fe compte
)J (¡lle vous en rendre::. , des pleins-poll(Joil's vous
Jl serOlzt adresses ... Au sllrpllls, ¡¡joute le citoyen
" Barth¡\]emy, p(~rsollne ne.iouit a Madrid de plus
l) de cJ'(~djt (lue M. d'Yriarte. J)


Ce témoigna¡.:;e est fait pour détruire tout snjet
,l'inqui(;tude. Cf'pcndant, il n'est pas tcl1emeut


12.




180 MANU!:iCRIT


désintéressé dans la position partieuliere de celuÍ
qui ]e donne, qu'il doive convaincre également
les seize mernbres du Comité. Il en est qui voient
de l'inconvénient a concentrer toutes nos négo-


ciations dans les nlains du Jneme négocia leur; il
en est d'autrcs qui n'elltelldent pas san s quelque


humeur parler de l'importallce qu'on eommence
11 preter a Barthélemy. Enfin ]e plus grana 1Iom-
bre lle se sent llullemenl. en disposition oe fOl/rnil'
de nouvelles occasions de grallJil', il cette réputa-


tion dont la tige est pour ainsi Jire étrangere 1.
la sOl1che répuLlieaine.


Toutcfüis, ces difTérentes manieres d'envisager


la questioll de Bale, {inissellt par céder au elésir
qui domine tout, celuí de terminer promptemenL
avec l'Espagne, hesoin assez im perieux pour qu' OH
y sacrifie les répugnances commc les prélprences
personnellcs, ainsi qu'Oll vicnt (le le faíre, en
écartant les conditions seeondaires qui pouvaient


embarrasser le traite.
01', a Bale, deux l1égociatclll's SOllt déja en


présence; le méme salon les a déja reunis. Les
conférenees peuvent Jone 6tn>. cOllsidérecs des ce
moment comllle ouvertes : dans cet état de choscs,
pour vouloir gagller du temps, ne risquerait-on


pas d'en perdre en dépla9ant la llégocia lion du
heu ou elle s'est etabIie d'elle-meme ?


Cette considération était decisive; ene a fixé




DE L'AN TROIS.
la balance. C'est al! citoyeu Barthélemy que le
Comité fait adresser les questioIls de 1\1. d'O-
caritz, et les réponses qu'il faut rendre a l'Es-
pagne. Quancl ce su pplémcn t d'instrllctions est
arrivé ú Bale, les deux négociateurs marclwient
cote it cote dans 1'alJure la plus confiante. Voyons
le chemin qu'ils ont parcour'J.


A la réception des premif~res instructions du
Comité, le citoyeni3arthélemy s'était empressé
d'annollcer a ¡VI. (l'Y riarte qu'il avait l'autorisatioll
de le voir; aussit6t celui-ci était accouru. La eon-
versation ayant commencé par un cxposé de nos
droits lt des indernnités, et par conséquent a des
cessions territoriales, M. d'Y riarte, qui n' était pas
préparé a ce déhut, s'était recrié d'abord, et avait
fini par dcmander, du ton le plus touehant , s'íl
était lJien possiblc que ee fut la Franee qui vou-
lut soumettre 1'Espagne a de pareils sacrifices. Le
citoyen Barthélcmy, pour le convaincre qu'il n'y
avait pas a disputer sur les termes auxquels on se
réduisaÍt, avait mis les cartes sur taMe, et pre-
senté le projet de traité qui lui était envoyé COl1lme
instructlon. -En échange de ce procédé, M. d'Y-
riarte avait tiré de sa poche le précIs des éll'tic1es
qu'il était clwrgé cl'o})tenir; ces artieles étaient
l'intégl'ité fIn territoire espagnol; la cOllclusion
d'un traité ele comll1crce; I'association de Naples,
de Parme, de Turin pt du Portugal a. la gaix;




MANliSCIUT
Bnfin , la liherté de~ priSOl1ll icrs dll T~lllple, l't la
permissioll, pour eux, de se retire!' en ESpat;llC
ayec Ulle pension conyel1ahh~.


On s' était fait ces mutuclles confidencf's, (Iuanel
Jes questiolls de 1\1. d'Ocal'itr. et les l'épOllSPS du
Comité sont arrivccs 11 Bú]p. «(]W. d'Yl'iarte ue peut
dissin1Ulcr le déplaisir personncl que lui cause la
double marche claus ]aque1]e i;{ln cabinet s' cst ell-
gagc; il cherche vainement a se remIre compte de
eette complication .... )) AIl sl1rplus , la conlol'mité
des deux ouverturcs acheye de prouyer (1 ue 1\1. tl'Y-
riarte u'est pas en arriere, el la négociatiotl Sf'
trouve avoir fait a Bale a peu prcs le meme ehe-
min qu'a Paris. Maintenant on est force de la S1I8-
peucIre d'un cóté comme de J'autl'e, puisqu'il faut
attendre ce qU'Oll répo]](lra de Madrid aux pre-
tentiolls du Comi té. Le p1'('1I1 ¡el' co.ul'rier eSJJ:lguol,
expédié de Búle, 1 a étt~ par la SlIi"sc el le PiémoIlt
pOUI' s' embarqucr 11 G;}nes : il u' est pas PL'CS d' ar-
riyer, et cncore moius de rcyenir, s'il doit re-
passer par la meme route; mais 011 peut rappro-
chc!' la distance de l3úlc 11 Madrid, en ouvrant
aux courricrs de l\l. d"ú' i:lrte un passa~c a travert'
le tClTitoire fl'allc¡ais. La clcmal\!le cru'il en [lit f'st
aus.~itót acconlt'·c, et le sCCOlltl couni el' q u'il ex-
pl~die par la yoie diL'('cte de j)ú1t~ flUX Pyrf'w;('s,
ya sanoS cloute regagncr toute l'avallCf~ que le prp-
miel' a dú perure.




DE L'AN TROIS. 183
Cette négociation a été si diflicile a mettre en


train, qu'on ne peut se défendre d'un secret plai-
sir ~l la voir ellfin marcher; pour mieux la slüue,
Hons n'aYOllS pas craint de lai~ser en arriere que]-
ques afI~lÍres contemp0l'ai ne~ sur lesquelles il nous
faudra revenir ... Mais llOUS avons bcau vouloir ne
pas nous détourller de l'Espagne, une commotlon
,iolcnte qui ébranJe encore ulle fois]a COIlvention
nationale nous force de nous interrompre.




MANUSCRIT


CHAPITRE IV .


.JOVRNf;ES D"E PRiURTAL.


-~-


LE premier prairial, le tocsin sonne dans les
faubourgs, et la générale bat dans tOU5 les quar-
tiers de Paris.


La Convention s'est rt~nJlie 11 la 11áte; les mi·
nistres étrangers se sont empressés ue se remlre
aupres d' dIe. La trilmnc di plolllatique est occu-
pée par les emoyés des États-Ulli5, de Gencve,
de ToscallC , de Su(~de ct de Venise.


Dans ce pr{~l11ier moment, OH se demande de
quoi JI 5' agi t :


« C'est la répétition de la maml2uvre de 1'(;-
) tranger, dit BourdoH de 1'Oise. Au 12 gel'minal,
) Hons étions sur le point de signer la paix avcc la
» Prusse; aujourd'hui HOUS IlOU5 trouvons dalls les
» mémes circonstances politiques, Nous sommes
» a ]a veille d'avoir la paix avec la majorité des
)) puissanees eoalisees; e'est ce qu'on veut empé-
)) cher. On empIoie tous les Il10yens pour dégoúter
» les négoeiateurs, et persuade!' que IlOllS sommes
) pres d'un bouleversernent genéral ! )




DE LAIY TRUIS.
Hovere avait dit la vcille : « Il existe un point


" de cOlltact entre nos enncmis de Londres et
» Cl'llX de Paris. Les Anglais projettent une des-
)1 cente SIl!" nos cotes (le la Yendée, et les mal-
)1 veil1alls projettcnt ici la dissolution de la Con-
» vention nationale. ))


En dlet, les tlcrnicres ]ettres de Suisse an-
noncent qu'on y est tlepuis quelques jours dans
rattente (run évenement ~I Paris. Notre légation
de Bale a remarque avec inquiétude que M. vVic-
kam, millistre anglais pri~s la Confédération Hel-
vétiqUf~, et lVI. de Lcrhach, diplomate autrichien,
arríve depuis pcu, ont cnsemble de fréquentes
conférences; quc lenrs émissaires secrets vont et
viennent de 13<\.le 11 1'armée du prince de Condé,
et que l/'s troupcs autrichienues, ([ui borclcnt le
Haut-Ilhin, paraissent se disposer J¡ passer le
:/1euvc; on dit m¿~me que le genéraJ Clairfayt
ll'attelld plus qU'Ull courrier. Tout l'écenul1cnt, 11
la diete de Ratisbonne, on a fait un crime 11 la
Prusse d'avoir condu son traité , an moment 011,
tout cst p rép aré puar rC71vcrscr le gouvcrnement
actuel de la RépubLir¡llC, et opérer en France
une contre-révollltion.


Quelle que soit la cause réelle clu mouvement
qui se Jéclare, la disette des subsistances en est cn-
core une foís ]a cause apparente. Depuis quelques
mois J Paris rcste afhnné comme it rlessein. Mais




:\LiNGSCRIT
dans les révoltes qUl se sllcc(~df'llt, (,'pst tOlljour~
le parti jacohin qui se met en (;YidellCl'.Dans lp
t1'oubJe, il surgit COllnne le lit~p;e sur J'eall. Ceprll-
dant les mencurs de ce par·ti I1P sont p;ul're
occupés des i11térNs de l'¡\tranger; ils ]e sont trop
des leurs. Places dans une position presque dés-
espérée, toute émeute leur est hOIlIlP. C'est une
oeeasion qui honclit devallt eus; iIs ne penscnt
(lU'a en profiter. Ce clu'ils vculent, c'pst une re-
vanche de la partie perdue au 12 germinal. Au-
jourd'hui on a plus d'expérienee; 011 sait avec
<luelle fae ilité les portes de la ConvcnticII peuvellt
Ctre forcées; 011 rcgrette le telups qll' 011 a usé dans
la derniére emeute á crier au liea d'agir. On a
entrevu tout ce qu'on peut obtenil' d'uJI mo-
mcnt ele surprise, et ron tient prets les décrels
qui doivent t~lÍre passer le gouvel'llement dans
des mains plus amies.


TeI est le plan dont l'exécution se développe
ou vertemen t.


La Convention essaie de conjurer l' orage en en-
voyant douze de ses memhrcs haranguer le peu-
pIe des seetions; elle f~lit une proclamation aux
bOlls ótoyens ; elle rend Paris rcsponsahle de tout
attentat qui serait commis snr elle; elle met J'a-
vanee hors la loi les chcfs d'attl'oupement; enfin
elle eon{ie la dil'eetion de la force armée au repd~-




D~ L AN TROlS.
;-,ClltUllt l)dma~;, d le ch:¡rg(~ ¡}p poul'voir ~ la su-
l'el<" de la rcpl'(:selltatioll nationaJe.


:\ pejlti' <I-t-011 pris ces dl'lihératiolls que les
cris des ll'ilJlluCS publiques, et le tUHlUlte qui croil
au dc!tnrs, JOl'ccut (le sllspendre la séunce. Le
pl't;sid(~nt YeJ'Jlier est un vicil1arel Jont les for-
ces s'épLJis(~nt a rappe]cr l'ordre; il cede le fau-
tcu iI 11 1)oi::os y-el'AngI as, et ce clla ngemcnt 1m prévll
dérallge Iwut-étre Lien des comLinalsons !


Boissy-cl'Ang]as, s'j] ne pellt maltrjsel' ]a tem-
p6te, S<lllJ'a Ju moins lutter contre elle. PlusÍeurs
{ois la fonle a essa yé ele péIH~trer dan s la salle; elle
a été repollssée. ~fais, a nüdi, des flols plus im-
pétueux se précipitellt. Le tocsin sonnc au pavil-
Ion dll milicll, soit commc signa] de détrcsse de
la part de 1a Convelllion, soit comme an1101lce
de victoire de la part des assaillalls. Les escaliers,
]ps salles de réception, les couloirs sont envahis.
Les uerllit,l'cs portes de l' enceinte sont ellfoncées.
U n des h0111111es les plus estilllabh~s de 1'assem-
Llée, Féraud , t0111Le sous les ras de la multi-
tude q u i se presse ; iI se releve; son nom mal pro-
noncé le fait pl'cndre pour Fréron qu i es1, en
horreur aux faubourgs. On 1'3bat impitoyable-
111en1, an picd de la 1.1'iLune. Duhois-CraJlcé est
blf'ss(~ en voulall1, le cléfenure, el, IJientót 2prcs,
la tI!te du malheureux Féraud esl (':1cyée sur la
poiute (]"uuc pique jusqu'üla hauteur du president




Mc\.l\ (J SCRIT
qui, d'une main, l'écarte avec douJeur, I't de l'au-
tl'e agi te l'imperturhable sonnette Ciue pel'sonne
n'entend plus!


Il nous falldrait rccommenccl' lel ]a descrip-
tion des sdmes de tumulte et dc voeiferations
que nOllS aVOIlS J('já racontees au 12 germinal.
Cet épouvantable désordre se prolonge tant que
le président a la force de se refuser ü tout ce qui
pOllrrait avoir I'air J'une d('libél'atioII , et c'est
jusqll'au soir; mais aJors le viplIx Vel'Jlier vient
reprendre sa place an fauteuil, et les ülctieux,
tant de fois intenompus, pensent q u'ils peuvent
aehever. Des voix eomplaisautes parviennent a se
faire entendre. On obtient dll pcuple qu'il évacue
les gradins inférieurs qui sont autour de la t1'i-
bune. Une partie des mernbres de l'assemLlée se
laisse entrainer 11 deseendre dans cet espace. Tous
les gradins supérieurs 80Ut oceupes par la foule,
et je ne sais quelle apparence de délibération
se produit ...... L'illusioIl agito Dans eette fausse
Convention, plus d'nne voix innocente se mde
a eelles qui ne le sont pas .... Mais j'aLre¡.;e cette
IIouvelle scene , plus déplorable que le désorure
meme auquel elle a succédé. Le président a laisse
voter des décrets par acc1amation; et bientót,
sur les motions de Duqucsnoy, de Romme, de
Duroy, de Rulh, de Bourbotte et de Soubrany, le




DE VAN '[11015.
pellple croit avoir ohtenu du pain , et les conspi-
ra teurs s' etre emparés du pouvoir.


Cependant, le temps s'écoule plus vite qu'on
ne pense. Les heures du soir ont fait place aux
heurcs de la uuit, et le Lesoin du repos a déja
éclairei les rangs de eette mul titude si 10ng-temps
hudante et furiLonde 1. Ceux qu' clle s'imagine
avoir vaiueus n'atteudaicnt que ce premier mo-
ment de lassitude et de retraite pour ressaisir
l'avantagc. Les emplaecmens séparés dans lesquels
les comités sont restés hors d'atteinte, leur ont
permis de tout préparer pour eette revanehe.
Cest dans la partie opposée du palais que le
coruité de Salut PllLlie déliLere 2. Le comité de
Surete Géllérale se tient derricre les ateliers de


1 A mcslln: flue rOIl ayanc;ait daus la nuit , la plupal't
des insul'gés , (lui étaient dar,s la COUt· et dans le jarclin ,
se retÍraÍent peu il peu , par la raÍson que les Parisiens,
suinnt l"cxpresoÍon du cal'dinal de Retz, ne savent pas
se désheurer. (Thibaudeau, illemoires de la Convell-
tion, tome 1 , page 165. )


2 La salle des séances de la COllvention occupait, entre
le pavillon du nord et le pavillon du milien , tont l'em-
placement dans Jeque! on a rétabli depuis la chapelle et
la salle de spectade. Le comilé de Salut Public avait son
cabinet de l'alltre coté, cntre lc pavílIon du mílieu cl
celui du midi, dans les appartemens du premier étage,
sur le jardín, oÍ! sont aujolll'd'hui IC5 appartcmcns parti-
cuJier, du I'oi.




100 M A N ti S e R J T
1'impl'imeuI' 13audOllill , daus I'hútel de Bl'ionnc,
all non1 cln Carrouscl, ay,llIt S(~S conl111lluications


v ,


par la rue de nlcllelle, avec l(~Pala is- tgalité.
Le Comité Militaire, d'oú De1mas dirige la f()f(~e
armt;e, cst cncare plus {']oigné: i1 se I'(~ullit a
1'hóte] ele Noailles, T'1l(' Saint-l {onorl~, vis-iJ-vis
l'ernplacement des J acobins; mais i1 cOll1l1lunique
avec les Tnilerics par la COUl' elu ]\]anége. De
ces difierens poin ts OH n'a cesse el'agit'. Des cour-
riers out étp chcl'cher 1 es d(;tachenWlls (le trOLJ pc,~
de liglle qui prot("f.)cnt l'arrivage des :-;¡:hsistances
Hutour de Paris. EIl atlendant, ou s'est aS:OUl'é le
secours eles hataillolls les mieux dispOSl;S ele la
gal'de natiOlJale : les commandans RaHct, Lecourt-
YiJliers, Chanez el DoucN les all1imellt avec le
mé111e zcle cIII'au 12 gCI'minal. La tete des co-
]onnes a pris position aux prillcipales cntrées du
Cal'rousel et des Tuilcries; les repl'(~Seutalls Le-
gendrc, Mathieu, Kcrvc1egan, Delec10y et Auguis
se dispoSCllt 11 lcs iutl'oduirc, et Boissy d'Anglas
va rcmplacer encore une {ois Vernier au vmtcuil
de la présiclel1ceo


A minuit, lf'S chefs que I'insurrection vput in-
vestir de la tlictature se lf'\aif'ut pOtll' alkr prcn-
tire possessioll de l'alltoritc', lOl'sC{u'ils se troU\eut
tout ü coup cn t:JCC de J'(;chahmdo o, Les portes se
SOllt ouvertes, et par chacune, un des LataiJ1ol1l'
comma1t(léh par nam~t, s'est précipilt~. VlI alltl°p




DE L';\:l\' TROTS.
délachcnwlIt., ;\u(!;uis iI la t.ete, pénetre par la
harre. Ce!l\ d('~ illsllrgés, en armes, qlli n'oDl pas
qlliué la salle) v(~1I1ellt en vain rcvcni¡· sur ce pre-
miel' Illoment de surprise : dans la résistance llu'ils
essaJmt, l(~ reprpsentant I<el'vclegan est h]cssé;
mais enfin force reste 1\ la ]oi. Tout ce ([!Ú J]'est
pas de la ConYf~lllioll S\~ Se!lt enveloppé, pl'essé,
PoU~S(\ H'rs la porle Ju granel vcstiLule, (lll'on a
laissée libre il dessein pour la sortie.


La Convelltion rrprend a10rs sa séancc, assez
long - t.CfllpS suspeJlflue. Son premier 50iu est de
déclarer J:on avrnu ce qui s'est rassó pendant
que )es faubourgs ont occupé la salle. Un secrl~­
taire brúle aussit6t h$ minutes des décrets dt~lihé­
rés par les [;¡úieux. Qmmt aux represeJl (<!lIS C0111-
promis paL' ces décl'cts, la CUlH'('utio!l ¡~¡jt sur-le-
c1Wlllj) saisir les pl'illCipallx sur les ba11(pIPUeS,
Rourhotte, Duro}, Soubrauy, HOllune, Duqlles-
lIOY, sont snecessivcment entl'alués a la barre, et
de la conduitsau comité ele Súreté Générale. Gou-
jon, quoique ahsent, est porté sur la m6me liste
d'accusation. Albitte el Prieur de la Marne, qui
s'y trouvent également inscrits, 011t disparll.


Cettc nuit m(~me , ava11t de se sépa I'er, le comité
de Salut Puhlic expédic un couniel' pou!' 13<1]c,
aílll de ne pa;; laisser la plus ]égóre o111b1'c d'in-
certitudc <lutour des plénipotentiaires de la Hépu-
bliqllc.




192 MAN USCRIT
Le tl'iomphe cepelldant était 10io d'étl'e aussÍ


complet (lu'on se l'imaginait.
Dans la matinée du 2, les fauboul'gs, instruits


de l'éehec que leul' arriere-garde a essuyé dans la
ouit, forment enco['e des rassernhlemens ; ele nou-
velles dispositions sont nécessaires pour les désar-
mer et les dissoudre.


Le représentaut Aubry, qui a remplacé Carnot
a la section de la guel're, chns le conl,Íté de Salut
Public, et le représcntant Gillct, qlli a l'habitude
des missions militaires, sont adjoillts it Dc1Ín3s
pour le cOIl1mandement (le la force armee 1.


On commence par mettrc hors de Paris les
repréSel1talls qm out été arretés dans la lluit et
dont on craint que le peup]e ne reclame la (léli-
vranee. Goujon, dont 011 a ¡léeouvcl't la retraite,
est du nombre. Ou les euvoie provisoircment un
chatea u de Taureau, pres de Dinant, dal1s le
Finistere.


Le général Menou est nommé commandant de
la dix-septierne divisiotl militaire ( Paris) ; le gé-
néral Baraguay-d'llilliers sera son chef el' état-
major. Le gélH~ral de cavalerie Duhois, le vieux


1 Quelques écri\ains ont nOl11mé le représentallt Barras
dans les é\énelllens de ces journées ; e'cst par ,~rrellt·. Bar-
ras était alors en missioll pOllr protégcl' l'al'l'ingc des
slIbsistanccs. II n'cst rentl'é h la COllvl'lltion 'Iul; le G
pl'ail'ial.




VE L'AN TROIS
f!ineral Berruycr, el tous les officiers-généraux qui
:-;e prl"sentclll rt·t;'oivrl1t dn sen-ice. Mais on n'a pas
encore de trouP(~S de ligue. Cependant un déta-
chemellt tIn :>. 1 c. de chasseurs viellt d' anivel'. C'est
la prl'lIl it'~re c;lvalel'ie dont on puisse dispose!'.
Le eapitaiue (lui la cOl11mandc a htit bivouaquer
sa tl'OUpP sous les gl'<luds arbl'es des Tuile-
ríes: il est jeune, aetif et p]ein de úle; son ac-
ceut du Midi ]c recomm;mde déja a Delmas, qui
esl de Toulousl'; sa fi¡:';!lrc est radicuse ct cOJlfiante;
il peille a-t-iJ mis pied iI terre sur ce nOllvcau
Lhéútre, clu'il sel11ble (h~ja :-;orti de]a fouJe des
hornl11cs onlinaires : iL se nomrne Murat l


En attendant que les troupes arrivent, 011 rap-
pelle autour de la Convention les hataillons des
secLÍous ¡itIl·l(':,;, el: ron cllvoie une colonne, dout
la gendarl1wl'ie J;tit 1<1 princi pal e farce, pom tlis-
siper des attroupernens qUI se grossissent autonr
de la m;1 ison comrnnne (l'H ótcl-de \ i11e). Dans
raprf~s-midi , ectte colonne revlellt eu cMsordl'c;
elle a tpI1contn; les Fauhourgs mal'chant, comme
la veille, snr ]('s Tuilerics. Lps gendarmes out
passé du elíté de ce qu'ils appel1ent le peuple.
HiClllótapr¡'s la fOllk des Faubourgs rlébouche par
toutes le,; mes qui aboutissent sur la place dn Car-
rousel. Elle allli;m~ ses canons. üu cút(; de la Con-
\{~lItlon , OH SI' 1I1ct eu ddimsc; denx lignes de
l'anOlJ~ se n~p;ard(,lIt, les 111eto:hes sont allnrnées,


13




MANUSCRIT
et, J'un moment a l'autrc, la moilldre étincelIe
peut faire éc1ater la plus épouvantablc explosion.


Delmas et ses deux colJegucs ont établj 1eur
quartier-général dan:,; les bure;mx de la scction
de la guerre, au rez-de-chaussce de la mur des
Tuileries 1. J]s délibéraient sur les demlf'rs 01'-
dres a donnel', quand (le len1's fent~tl'cS ils voient
les troupes de la ConventiOIl abandonnées par
leurs propres eanonniers. I( Nous ne v0ulons pas
)1 tirer sur nos freres, discnt ceux -ei, trainant
» avec eux ]eurs canons; » et la ligue d'artil1e-
rie, qui est braquée 8nr les Tuileries, se trouve
aussitót doublée!


La position devenait diHicile. Si ron veut évi-
ter une sanglante catastrophe, il n'y a d'autre
parti a prendre que de temporiser. Dans moins
de vingt-quall'e hemes, les troupes de Jignc se-
ront aParis; la COllvention pourra prendrc alors
]e ton qui lui conviendra. Mais d'icl 111, il se1'ait
par trop téméralre d~ pousscr les choses p1us loin.
Des citoyens concilian s déposent donc leUl's ar-
mes en faisceaux et vont par!el1lcntcr avpc 1es


1 Aujourd'hui I'appal'tement de íH. le Dallphin. TI ne
faut pas COllIlJlldl'e , comme quClqllCS écrivains l'ont fait,
la section de la guerre du comité (le Salut Public, dOllt
il s'agit ici, aH'C le comité de la guelTe de la Convention ;
ce derniel' "ié¡:¡eait 11 l'hotel de Noa;Ues.




DE L'Al\ TROIS.
Faubourgs. La COllvention elle-Illcme 1l0l1une plusieurs de SPS nWlllhres, entre autres Clwrles Delaeroix et Go~sllin, pour alle!' haraJJguel' la ligue oppos{~e. (( Que voulez-vous, dit-on au pcu-)) pie, et qu'aJlez-vous Ü¡jre? 1I0US sommes vos


») ;¡rnis, vos fr·e.res, et vous venez comme des cn-
¡) nelllis! Oubljpz-vous les uroits (lue la Conven-)) Ijon a sur les patriotes? Faut-il (lone se tuer


)1 pour s' entcndrc? 011 ne dcma IIde pas mieux
)) (1UC (le vous recevoir par députations, et déja,
" VO!!S le voycz, nous venons fraterniser! )) -ü· bngagc a Lientot produit son e[eL A force de se répeter qu' on est <1' accord, on finit par )e
eroirc. l.a fatale meche s'éteint sur les canons;
et la place du Carrousel ll'est plus qll'une C11-ceillU~ hruyante oú (l(~ tOI1S cóU's OH s'embrassc! ... L'oraLf'ur d('s FauJJourgs s'est instaJlé it la barre de Ja COllYention; il a bien ralJu l'écouter. Ce
sont toujours les m!~mps phrases et Jes menws dCl1lalld(·s : Da pain, la liberlé eles patriotes et la cmlstltlllÍOll de 1 j~)3. Mais, d'une part, on {¡lit
semh1ant ele eroire que les demandes sont adoll-
eies; et de l'autre, OH a parlé, on s'cst rait crai 11-dre , on se sent sOlllagé. Sur ces entrefaites, la
nuit ul'l'ivc; fiusurrcctioll Ü peu pres calmée . .;(' dissotlt par baudes, et ron ne pPllse plus ({U'a
rentre]' c1wnm chez soi. A Ollze heures (1" soir, jll/l~ )'('sll' pllls p(~rsollne sur la place.


> ¡J.




.\'IANUSCRIT
Parmi des courtlsalls, cette seconde joumée


s('rait appe1ée a bon (lroit lajollrnee des dupcs.
Mals sur la place publique, elltre le séllat et le
pcuple, de pal'eilles transactions Salí t trap pl'es
de la pertidie OH du massacre pour cxciter un
sourire. Le lendemain, on se révei1Je, un pcu
honteux du róle qu'on a joué la veille.


Le peuplc, ¡.;e laissant aller au rcs:-icntimeu l,
coutiuue de fOl'JIler des groupes nlena~:aIlS. lJalls
l'apl'es -midi, une troupc tl'illSurgés a l'audace
d'enlever l'assassln de Féraud) au 1lI0mcnt nu le
bourreau le conduisait au supplicc. Partnut Ol!
reprend les armes. l\Iais les délais, dont la COll-
vcntion a dú subir la loi, Ollt atteint leur tcrmc.
Trois mille homme5 de cavalerie <'t des Lataillolls
de la ligne SOllt pldin arrlvés. On He veut plus
donIler aux Faubourgs le tcmps tr(~uvahir une
troisieme iüis les Tuileries. La !luit du 3 au 4 se
passe en pn~Faratifs, pOllr ell fluir comph'>te-
ment avec cette insurrection obsLinl:e.


Le 4 au matill, r al'mée de la Convclltion , torte
dc 20,000 hOIlnnes envirOll, U,nt gardcs lla1 io-
uales que troupes de lignc, marche a sou tour
sur les Fau1üllrg~. Ce qu'Oll ~e propo~e, C'(~st dt·
Je~ désanuer, et tont l'appareil militail'c qu'on
dévplopp(~ a' surlout pour objet d'y l'eussil' san"
dfusion d(~ sango Cep(~ndallt une ('ololllw dl',Ít'UllC;'
gens s'est imprudcllll1Lent engaw;e dalls la grallJt'




DE L'AN TROIS,
'97


rue du fauhoul'[4 Saiut-Antoine; dIe y a été un
moment c:ompl'omise, et cet échec retarde la
prompte sOllmission qu'on avait espérée. Le ~é­
néral ';\lenou, qui commandc en chef, et les
qllatre représentans qui S011t aupres de lui, ne
veulent donllcr rien au hasard. Aprcs avoir fait
cerner le fauhollrg Saint-Antoine, ils le som-
ment de se soumettre, de remIre ses canons et dp
déposer ses plque~,. S'i1 hésit.e, ils le menacellt de
le bombarder et de l'aHamer. Le bruit des 11101'-
ticrs qui s'avancent donlle un accent redolltable
a cctte sommatioll.


Tundis qu'on parlemente sur la place de la
'Bastil1c, une d(\putation des Fauhourgs essaie
encore de sp préscnter ü la ConVf~ntjon. Mais,
cette fois, I'elltl'(;e de la ban'e lui est rcfi.lS(~e. On
i':\.ige ;¡VHJlt tOllt une soumissiülI complete.


Entin, daus ]a soirée, un bruit de tamboul's
eL de trompettcs se fait gaiement entendre aUl(
envil'ons des Tuileries. C' est une espece de
marche triomphale it la téte de laqueLle est
le représentant Auguis; j] amene les canons
des faubourgs. Ses colleglles l'ont envoyé en
avant pour annoneer a la Convention que ses
dt'crets SOllt exécut¡;s et luí ofl'rir ces gages tle la
vlctoire.


AillSi, la poplIlace ele París viellt de (h~poser ]ps
1J'nlf'S gui ronl r(~ndu(' ma¡ll'pss(, :-In () ocLohl'i',




M"\NU S (; RI1'
au 10 aoút, :m 31 mai, et qui, la vcille CIH;()re,
tui auraiellt tout soumis si <{Uelqllc homme d(~
tetc J'avait vonl u. Les conséquences de ce (lésar-
lllcment sont irnportantes. C'est HIle révolution
qui arrache la puissaJlce des armes aux prolétai-
res, en la faisant passer des quartiers populeux
dans les quarticrs plus l~ches.


NOllS n'avons pas parlé des 1no1'ts! on doit
Cl'ailldre que ces quatre journéf's ll'aient coúté
bien du SélUg ! Qu' 011 se raSSLlI'C; tout s' est passé
en cris, en tumulte, en bOlll'rades; qlldques coups
de fllsils et de pistolets ont eté tires 11 l'aventul'e.
Les contusions sont nombrclIses; on fait mention
de (luelqucs blessllrf's; mais le l1lallj('urellx Fé-
raucl est le seul (PÚ ait perdu la vip, Un cóté de
la ConventiOll. Du cóté des vaillcus, on nr~ pourra
compter les l11or'ts qu'autolll' lIt> I'l:chalilUd !


La liste des prisollniers que la COllvention veut
faire sur elle-l1leme se compuse des IlOIl1S sui-
vallS :


Suite de la proscription de prairial.


Peyssard,
Lecarpentier,
Pinet <llllé,
Borie,
Fayan,


Thirioll ,
Hhul,
Forestier,
A1bitte,




DE L'AN THOIS.
Ces tl'ouhles présentent un incidcnt tout par-


tieulier : 11 travcl'S les sd~nes hruyantes quc nous
vcnons de rlécrire, la Convention a ratifié deux
traites avec des puissances étrangeres.




:.\00 MANUSCRIT


CHAPITRE V.


TRAITÉ DE PA1X ET D'ALLIANCE AVLC LA HOLLA:\DI';


DEP"GIS quelquc temps, on s'(~tonnait de ne ras
voir paraltre un tt'aiü~ gui réglút les ('appar!,:; de
la Républiq!le avee la Hollande. « QueDes diifieul-
» tés sérieuses, disait-on , peut-il yavoir dans une
) negociation OU d'un eóté se trouve l'armee eon-
» quéraute, et de l'autl'c la natiou cOIHlnise? »
C' est que les états généraux dispu taient ohstine-
111ent sur la ran~·on. POUl' vainere ccttp resis-
tance, le comité de Sal ut PuhJie a pris ]e parti
nouveau et décisif el' ellvover deux de ses ment-


./


bres ~l La Baye. Sicyes et Bcubell y SOllt arrivés
dans les derniers jours de floreal.


Aussitót, une députation des (;lats gél1éraux
s'est presenté e ponr complill1e/lte!' les negoeia-
teurs proeonsuls. « Tout lel app,ll,tient it la
» Frallec » ont-ils <lit en l'(~POllSC aux eompli-
mens, « et vous ne voulez rien ceder! N' étiez-
» vous pas cependant les alli(~s des Cahinets qlli
) se proposaient de dén1l'111b l'I '1' la J'(;puLl iq LH'? ,




DE L'AN T ROIS. 2.01
H Comparez le traité que nOllS vous dcmamlolls
)) avee celui d011t nOllS llIena<;aient les arran¡.;e-
) meni de Pilnitz et ]PS Ilroebmations du due
) de Hruilswiek. POlll'quoi nous contester le prix
) de "otre victoil'e? L' avonS-DOUS p;ap;l1(~e par sur-
) prise ou par trahisoll? SOl1unes-uous entrés en
) HoIJande, C0l111l1e les Aug]ais a Toulon? e'est
») bien le IllOins que vous payiez les frais de la
J) campaglle:)


En t1'ois ou quatre eOllférellces, tont a été ter-
miné; le trail,~ a étt; s¡sné ]e 2) flon'~al, el JIe1'-
Jiu (le Douai est veuu 1'annonce1' ~l l'assemblée,
dans un des inte1'va\1cs lueides dont elle a pu jouil'
entre la Huit du I P '. prairial et la erise du Jende-
main. A cettc nouvelle, j't~mot¡ou de la di~corde
civile s'cst c;¡Jméi' UH moment pou]' ti, il'e place ~t
des acclamatiolls urwnimes.


« J'arrive de Hollande. a dit Sieycs dcu"\: ioms
" v ,j


» apn's; le comi t(, de Salnt Pu bJie et votl'~ j liste
» impaLiellcP m'appellclIt 11 ]a trilmne; je m'y
» pf'éscn te avcc 1(· tl'ai té que 1l0US avons COllelU.


)) .Te n'ai Cfll'UIl 1'not h dire sur la nt>gociation :
») I(~s pr(~ventions ótaieut gralJdes ; ... Oll Ir.\' SOl~l·
)) flait de toute part; mais, des qU'Oll a pu se
) comprelltlre, 011 t'st bicJltót lomhé d'accord. Le
\J tl'aité dont je vais vous faire ledure oHJ:e it la
» Répuhlique tous les avantap;es qll'elle avait droit
) d'l'xj!!;(~r, s<lns Iluirf' 1\ I'cxistcnce ('1. ¡¡la dignité




:J.O~ MAN USCRIT
» d'une puÍssance devenue notl'e fidClc aJliée. ))


Apres ce préambllle, on prete une OI'eilJe de
plus en plus attentive; Les principales condÍtiollS
sont les suivantcs:


1 0. La Hollande pajera a la Répub]jque cent
mi11ions de florins.


2°. La République gal'del'a la Flalldre hollan-
daise, Maestricht et V cnIoo (ce qui comprend
le territoirc hollandais qui est en dcdl. de la prin-
cipale bouche du Rhin).


3°. L'Escaut ser:l libre.
4". Le port de Flessingue devient commun aux


deux natioIls; un reg}emellt, annexé HU traité ,dé-
termine l'usage decette communauté.


A ce prix, la République restitue le teI'l'itoirc
qu'elle occupe; elle abandonne tous les biens im-
mcubles qu'elle a saisis sur la maison d'Ül'angc;
elle abandonne meme ceux des meuoles et effets
mobiliers de eette Inaison dODt elle ne jugera pas
a propos de disposer ; elle reconnalt la république
des Provinces-Unies comme puissauce libre ~t ill-
dépendante, et lui garantit sa liberté, SOI1 indé-
pcndance et l'abolition du stathoudérat.


Quant 11 l'alliance, ene sera ofli:msive et dé-
!<>nsive envel's el contre tous, cl nominative-
ll1cnt eontrc I'Angletcrre. Des ce moment, le
contingent des Provinces-Unies sera de douzf'
\aisseaux de ligue et de dix-huit fl'égates l et pour




DE I;.\N l'ROIS. 203
I'armée de terre, de la rnoit.ié de celle (llli cM ~lIr
picd, si la Frallce juge II propos J'PTI disposer.


Aprós les tlellx leetures d'usage, la Comclllioll
rati li(! 11' traité SOllS la date du 8 prairial lo Au
bout de qudqups jours, les eitoyens ho11an-
dais, Blaw et Meyer, se présentent en qualité de
miuistres plénipotentiaires des Provinces-Unies
auprcs de la R(;pllbliqueo La Convention ]eur
elúnne une aueliellce solennclleo Ils apportent le
drapeau Je leur nation comme un gage ele la
f['atcmité qui liera desormais les deux peuples,
el ce drapeau est aussitót cloué aux voútes ele]a
salle, a cóté du pavillon de la RépublicIue. L'ami-
tié des deux peuples étant ainsi consacrée , on ne
veut pas qu'il n!ste le moiuure vestige de ha ¡nes au-
térieul'l's. Louis XIV a f;:lÍt écrire sur la porte
Saillt-DC'uis :


Emendaui maü! lIlemori ¿altwoFulll gente.


CeH(! iuscriptioll sera dElccP.


1 Yoil' le texle dn traité dalls les Pii!ecs historic¡ut's,




MANUSCRIT


eH APITRE VI.


CONVENTIONS ADDITlONNELLES A[j TRAITÉ DE LA:
PRUSSE.


LE second traité qui a vu le jour 11 travers les
orages de prairial est \Ine convention avec la
Prusse. Cette nouvelle transaction diploma tique
est moins importante par ce qu'elle contient que
par le développement qu'elle doune a nos rela-
tions avec les états de l'empíre germanique.


L'électeur de Saxe, les landgraves de Hesse-
Cassel et de Hessc-Darmstadt ont été des pre-
miers a se placer derriere la ligne protectrice que
leur offrait la Prusse. La régence dn Hanovre
el1e-meme est entrée dans de semblables arrau-
gemens avec la cour de Berlín, et le ministere
angJais, se séparant de bonne grace de la neutra-
lité hanovrienne, transfi~re a la hate l'entrepót ele
ses hostilités dans la petite He de 'Cux-Haven ,
qui touche a cette partie du continent allem:md.


L'Autriche ne pouvait pas croire d'abord a la
défection de la Prusse. Ses ministres ont vouIu en
démentir un moment la nouve]]e; mais iI a falJu




DE L'AX TROIS, 205
ceder a r {~vi(lcllce, et le cabinet (le VieuIle a des
lors cOIlmwncé il cJltrevoir les affaires de France
saus un autrc aspecto n a 1118me senti quelque
vell{~jt¡'~ de traltel'. Désirant an m01ns entamer la
l1(~ti0ciatioll de l'Empire, iI a emoyé M. de Ler-
bach it Berlin, et de Berlín M. de Lerbaeh cst
VPllll it JJále. Ou assure qn'á cctte époquc la paix
de rEmpire pt peut-i':tre aussila paix conti11en-
tale eusseut été pOSe ibles; mais que cette disposi-
lion de J'Autríc1w s' cst évallouie, quand ses pre-
mieres iuf'o/'lllatious lui O/lt donné la certitude
que la Hépublique te11ait plus que jamais a la
cessiOB tle la l'ive gauche ..... La Prusse, en vou-
hnt HOUS le faire entendrc, a préparé une ou-
verture assez délicate : « Votre systeme ([u Rhin,
» disaitM. Je HardcJnJJerg, sera cause que ]a
» 5tH'I'!'(' IW iinira pas encore eette anné(~. - C'est
,) un malheur, a répondu le plénipotentiaiL'e de
)) la Rppuhliqlle; mais enfill, puisque vous :mires
» Prussieus vous pn~voyez Yous-mcmes la prolon-
» gatioll dr, la guprre, C01l1l11ent lW spntez-volls
J) pas que e' est une raí son (le pl us pour YOUS se1're1'
)) davalltage SUl' nOL1s? Une allial7ce f'nLl'e les
) ueux natiolls ue serait- elle pas le lll0,Yen le
») plus pl'ompt (~L le plus ¡J('cisif pOllr la Prusse
JI de termlllCI' la (1;lIe1'1'e el' Al1cmagnp et de
» s'attrihw'r dans i'Empirc une inflllcnce ¡m-
I> J11ense? »)




206 MANUSCRIT
Le cahillet de Berlill esl, cucore trop étonné ou


premier pas qu'il a fait, pour se laissC!' cngager
si promptement clans un second. M. de lfarclem-
berg a done décliné l'alliance. (( Nous ferons tous
» les arrangemens que vous vomlrez, a-t-il di t;
» l11ais la Prusse ne pourrait pas décel11ment en-
» trcr dam; des stipulations offensivcs eontre des
» puissances avee lesq licUes elle faisait mu1heu-
» rcusement C<luse COllllHune tout a l'heure. »


La Prusse a pourtant des grid's sérieux eontre
1'Autriche, et ne les dissil11ule paso D'aLonl ee
sont les atfaires de Polognc : les deux Cahinets
ont de la peine ~l concilier leur avidité dans le
partage; ensuite, e'est la Bavicre. L'Autriehe
vient de révélcr les desseins qu'elle conserve sur
ee pays, en pla<;ant tout récemment unc archi-
duchesse dans le lit du vicil Électcur 'lui n'a pas
d'enf:1ns .... Enfin, e'est le violcnt ressentiment
qui édate a Vienne, depuis]e traité de Balc; on
n'épargne aucun reproehe au roi de Prusse; OH
l'accuse d'avoir fait son traité aux dépens de ses
voisins, de favoriser par ses iustigatiolls les lI'ai-
tés partic1s, et de préparer aiusi le l'elachemcut
du lien fédéral et la clissolutioll de l'empire gel'
maniqueo Sllr ce dcl'nicr article, l'Autriche a parl¡'·
haut it la diete dc Hatisbonne. Elle a mcnacé de
retirer ses arm(;ps sur les états hél'éditaiJ'es, el
tl'y concentrc!' sa défcl1Se, si le s:vst¡"n1f' df's paci-




Di': I,'AN TR01S. ')·°7
ficat.ions pal'tiel1es venait it pd~\ aloir en Alle-
mague.


A son tour, le cahinet de Berlín a cru ele-
voir faire son apologie, et, suivant les regles
d'us<l¡?;c en pareiBe controverse, jI a justifié sa
paix en relevant tous les maux de, la guerreo Ses
publicistes dressent 11 la hate r état de tous les
h0111111es et de tout l'argent que les clernieres
call1pagnes ont coÚté. 118 révelent que l'Al1ema-
gne a déjil perdu cent soixante-douze mil1e h0111-
mes ct dépclJsf' lrois cent quarante-six mi11ions
dp floríns. Dans ces recril11inatíons, les sacrifi-
ces de la Prusse son\. pent-ctre trop nai'vement
déplorl~s cornme n'ayant pas re\u la moindre
compens3tioll pécuniaire an dernier traité; mai5
e"est le style onlíllaire de ce cahillet; plus frallc
(PW J)icn cl'autres, 11 admet les calculs d'argenl
aans le langagc de sa politiqueo


Toutefois, tplClque animée que soit cette gucrre
de plul11e et de cabinct, la Prusse, 1Ie se senlant
pas eucore poussée ¡¡ ])out, c['oit pouvoír éviter
un éclat. Ce qui luí suHit pour le lllomenl, c'est
que sa supériorité dans le llol'll de l'Allcl1lagne
s'anerrnisse par le patl'ouage donl elle a formé le
plan, et (lu'en dépit de fAutriche, sa popularité
a]]el1lClmlr, s'en accroisse. La l1leilleure d'ponsc
it opposcr allx iuvectives, ce serait de mettre au
graIHljourlp bOl1l1sagc que' la Prusse a f~llt des rela·




MANUSCRIT
tions dans lesqllclll"; clle cst entré~e avec la Répu-
bEque. En eOllS(~quellce , :\1. cl!~ Hardf~mh(~L't) s'cst
borlH: ü negocier aupres clu CitOJCll Harthélemy,
pour que l'article separé, qUl assure la tranquil-
lité rlu nord de l'Allernagne, rút converti en traité
supplém:;ntaire et patento Ce n'est pas seulement
la jusLiCteation de la Prusse qui reclame cctte pu-
Llieité; une autre c011siJératioll l'exige aussi for-
tement.


L' Autriche feint d'ignorer l' ('xi stenee d\me li-
gue de neulraliv" et s'apprete it filÍl'e prcndrc ü
~ ., ....


ses Lroupcs lteS eantollnelnens qUl out cesse <1 ap-
partcni1' aux armees 1>e11 igérant<~s. U devient tiolle
urgcnt d'üter aux gt:néraux auLrichif~ns tout pre-
texte (l'ignol'auce 1\ cet (~gard, et Lll'tide pent
d'alllant l1loins l'(~ster sec1'et que S011 ('xecutioll
méme dépeud de S,l IHlhlicitt~ !


La convention qui vient d'(:tre sign(;(' ;1 Dá]P
le 28 flor'eal, a pour ohjet de satisfairc (~IlLii~re­
ment la Pl'usse. Treilhanl, au 110m au ('omitt'~ ele
Salut Puhlic, l'a soumise ü l'assemhié'(~, la \(~iIJe
du desarmcment des FauLourgs (if~ :) prairial) el
le décret de l'atiíication a {:t{~ l'endll]e Jll(~l11e iour
que cclui ftu t.raité avec la IlolJallCle ¡.


On ,(lit combien les travanx (1(' b ;¡"f1atioll' de




DE L'Al\ TROIS.
Bále prenrlellt de (U, elopp(~ment; les Prussiells
auraient d(':siré que le citoyen Barthélern)' lem
mt donné r0111me ambassadeur de la Républ ¡(pie
1l. BerEII; mais l(~ comité de Salut Public s'y est
refusé dalls des termes qui sont d'ailleurs obli-
geans poul' le pll·nipotentiaire. Le crédit que ce
citoyen , érllinemment eoneiliatem , acquiel't cha-
cIue jour, peut avoir excité quelque ombrage dans
un gouvernemcnt républieain, défiant de sa na-
tme, el dont les meneurs ne connaissent pas llar-
theJemy, 1I16111e de vue; mais ce diplomate,
cornme ils l'appellellt, est devenu necessaire,
el les sueces qu'il a obtenus servent du moins a
Je 111a1nteni1' au parloir de Bále!


Il Y est en ce 1110ment dans de grandes confé-
renees avec l'cnvoyé d'Espagne, M. d'Yriartc.


l.f




.~ 11) .\L\ N usen] T


CHAPITRE VII.


L'ESPAG'iE ET LES ENFANS nI: ROl Lons xV!


: l'rairial. )


:\1. ll'YRBRTE cl le citoycn Barthélemy out
déja passe en revue tons les articlcs des dClIx pro-
jets contrauictoircs. La plupa1't ne pa1'aissent pas
impossibles a concilier; mais il en est un qui
peut et1'e l' ecueil de toute la n(~f-í0cia tioll.


La mort ele Louis XVI a lloulle le signal dps


hostilites entre lcs llcux lIations; la J(;¡ivrance de
son fils TIC dOlt-dle pas N1'c le gage de ]ellt' récon-
eiliation? Le ministre espagllol u'adlllet aueun


doute a ect r'garcl. Ccpcnllaut le comité de SallJl
FllbEc veut qu'on évitc de s'cxpliqucr. l\!;¡is cnrn-


ment écarter C0111mc acccssoil'C Ullt' qllcstioll ql!j
pour l'Espagne semLle (~tre la principale?


Le pIón ¡potc!: tiai1'e fran<;,ais essa ic dc [¡ire ell-
tendre a SOl1 aclversaire ql](~ la H(;puLli<[uc llC
peut pas reú1ettre ¡¡ l'étrangPl' ]e fils de ses an-
eiens rois; que ce serait risquel' ele dorllle!' un
point sacre' de railicment 3UX f'llllemis de la Re,·




OE L'AN TROIS. ~ r 1
publique; que C(~ I"ésult<.lt sNait méme illl"yitahlp;
qu'il en tral llera it J.EspaKIlemal!l:n~elle.etqll.alll~i
la paix I:liLe en ces termes ue ferai t que raHulllcr
la gucrre!


i\I. d'Yl'iartc ne vcut ríen écouter : ce '30nt des
intéréts de üll11il1e et des motifs d'hollneur qui
nhligcllL la cour de Madrid il demallller la remise
des Cllf;1l1S de Louis XVI. r( Non-seulement I'l':s-
J) pagne, mais eneore le roi ele' Sardaigne, ajoll-
}) te-t-il, lW pourrait jamais consentir a Ull alTan-
)J g(~IlJ('J1[ ayec la FraIlee, avant el'avoir obt(~llll
)) ir e('l \~~:1J'(1 une satlsfactlon fond(~c sur les
») sentirncns les plus forts de la nature. »


Le pll'uipotentiaire de la R(~puhlicllle se voit
(lone vivernent pressé. JI est yrai que ses instrllc,·
tions l'autoris(~¡¡t iI pt'omettl'e, 5'i! le flUt ahsolu-
1I1el1t, que la remise du .i('unc pril1Cf' et de ~a
SCCUl' aura Jicu ;1 la paix gél}(jrale. J\Jais ectte COll-
cession pr'ut étre illtCl'prétée d\ll1e maniere si
délicate iI Pari~, (!l¡'avall t de l' aceorder, le citoycJI
Barthé1cl1lV croit devoi1' en référer <111 Comiu; <


,


sous pl'éw'-:tc de savoil' (flle1 serait J311S ce cas
J'apanap;e Oll la peIlsioJl dont la Répuhliclue prClJ-
drait 1'ellp;agement; fa ]ettt~(' est dll 7 prairiai.
La réscrve qui ]'a dictée était d'une grande pr(-
voyance! En eflet, le COl1liu~ eraint déjli de s'(~tre
tl'Op avancé dans ses illstructions , ct il revicnt
,,/JI' la latitudc qu'il avait dOllllée ~¡ son pléllip()~


1 1-




tcn ti:1ire. « Relativcrncnt h de pareils intérets,
») 0crit-011 h Rartht':1cmy le 12 pl'airial, iJ est
)) extraordinairement dillicile de lúmir les opi-
)) nions, meme parmi les n;pll])licaills les plus
) Ullallirnes sur tout le reste .... 11 f~ut dOllc en
)) parler le moins possihle, si ron veut avancer la
)) lltigociation .... )


Le comité chcrche en vaill ~I esquiver la diffi-
cuhé; cette afElire n'est plus de celles dont on
peut éviter de parlero M. d'Yriarte la remet tous
les jours sur le tapis, et c'est chaque 10is dans les
tcrmes les plus press,lUs.


( Le désir de voir les prisonniers du Temple
») libres ü 1\1adrid, je ne crains pa~ de l'avouer,
)) (lit-il, nons portp plus qu'allcune autre consi-
» d(;ration ü rechercher la paix. C'est dp notre
)) part un devoil', une rc1igioll , 11/1 culte, un f;t-
») natisnw si vous le voulez! ... Nuus placerait-on
)) entre les eufans de Louis XYI et rotfl'!~ (le quel-
) ques départelnells voisins (le Hotre frontihe J
)) nous dcmandHions les enüms t1e Louis \YI!
» Ainsi, attendez·,ous Ü nous clltellllre parle!' tOIl-
) jonrs des prisollIliers du T('mple, el, peur cela,
)) 1l0US n'Pll somn1es pas n10illS d(~ Lon11e foi (lil.11s le
») désir d'avancer la n(·p;ociation. 1\1 "S illstructiollS
) pal'lent cl'apallap;es, de pellsiOlls; mais e(' n'('s!.
) pas la la véritable questioll. Nous recevnlllS les
» prisonniprs sallS conditüms, si ron V(~ut. .Aa




DE L'A~\ TH01S,
'.> slIrplus, IIOllS He pOllVOIlS ras croire que le pel!-
H pIe frau\ais lívre ces entans nllS ¿l 1'Espagnl>;
1) ii cOllllalt trop bien 1'honneur. Eníin, ce n' est
') pas dans les détails de ]a paix générale, c'est
)) illUné(liaternellt apl'l~S l'échallge ¡les ratifica-
)) tiOllS de 11oL['e palx particnlierc (iue nous vous
) les retlell1andons. »


Ici, lU. d'Yriarl.e se [;lisait des al'gumens de ce
qui avalt élc dit qllelque telllps auparavant it la
tribune menw ele la COllvcl1tion; iI citait avec
soín tOlltes If~S opi lIions des membres quí avalent
voté, soi t par un motif, soit par un aULl'c, pour
(lu'on renvoyal ces curan:; dn territoire fran\ais,
pour qU'Oll les l'C'UYoyüt ~l l'instant 1116me. « Au
)) surplus, conliuuait-il, je ne s3is pas ce qUl:' 1110n
" ministre In'¡;eril'<l sur ce qlW j(~ \'ais vous dire.
l) :\Iais jI me semblc qne, POIIl' l':Jssurel' la France,
)) OH pourrait illS(~rf~r atl traité une conveution
) publique ou secrete, COll\ue clans les termes les
)} plus forts. pat' laqllclle l'Espagne s'cngagerait
» 11 ne pas laiss('l' les cnfans dc Loui:; X VI sortir
) (le son terrlLoil'c, el 11 ue jamais permettr('
II (fU'ils pussent d(~v(~1l ir un centl'e inqll ietanL
') pOllr le> hOllYernCl11C'ut fr;tll\ais, »


La nCfíociatioll ayant pris celle lournlll'c vive
et précisc, il (;tait diHicile qw' le Comitt~ difle-
ra.!. plll~ ]ollg-lemp:-; de s\nT~t('r ;¡ HU pnl'ti. :\L11S
lIU 1~,("l1('m('llt ;Iu~si 1-\rav(' (l!l'impl'cvn slIrVieJlI




.\LL~ U se RIT
COllllnc Ü point nOIllIllé, et le tire rfeltlbat'ra",


Dans la séance du 21 pl'airial, Sevcstl'c montt'
11 la tl'iLune de la COIlvention llationale. 11 an-
nonce avec le plus gl'aIld sang-froid, au nom c/u
comité de SUl'eté Géllérale, dont il ('st meIll-
bre, (lue rlepuis <Iuelque temps le fiJs <1u clernier
roí Üait incommodé !l'lIne cnflurc au genou droit
el au poigl1ct gauche; que le J 5 floréal, les dou-
leurs a'yal1t aur;menté, ct la fievre etal1t surve-
nlle, le 111 ala de avait pel'llu l' appétit, que de-
Jmis ce Il1oment, son état s'était aggravé de plus
en plus, que sur ces entrefaites, le célebre Dus-
saux, 111édccil1 du Temple, étant mOl't, Pelle-
tan, non 1110illS célebre, l'avait remplacé, et
qu'on lui avait donné ponr adjoint l{~ docteur
Dumangiu, pre111icr médecin de l'hospice de la
Santé; qne par les Jm]]ctills de la veiJlc, dates du
20, Ol1ze heures du matiu, les 1ll(\d(~eillS an-
llon<;aient eles s'ymptomes inquiétans pour la vie
du malade, et que le merne jour, ü dcux llPures
un quart, on avait reyu la nO¡lvclle rlc" sa mort 1,


Le 21, avallt midi, ]es doct<~lIrs Pc]}etan, Du-


1 Louis-Char!es de l/ranee, en uaissant dile de Nol'-
mandie, pllis "Dallpltin ; captif daus la tour du Temple
ap!';'s IP.s événemcns dn 10 aOth 1792; ¡'oi, ,ous le tit.n'
d,~ Louis X YII, ll~ '~l jaJJYil'l' 17~¡";: nlul't;\ la toUI' dtl
Temple, le S juill ¡7~!"i,




215


mallf!;iu, J ea1ll'oy el Lassus sc réunissent dans la
tour du Temple pour proceder :1 l'ouverture du
eorps : leur examen a pour résultat que la mort
doit t~ll'e attrihuée a l'eHct cl'UIl vice serofuleux
existant des long-temps, et ils eonsignent ectte
opinioll clans un proces-verbal qu'ils rernettent a
l'autorité 1.


Le lenelemain 22, le eonunissaire de pollee ele
la st·ction du Temple, et eleux eommissaires ei-
vils, faisant les tanctions d'officiers muuicipaux,
présidellt a l'enlevement du corps, et lc font
transporter au cimctiere Sajnte-~larguerite, fau-
bourg Saint-Antoine ,ou il est inhume 1. ..


Dans ce premier moment, toutes les eonvenanccs
semblaicnt exiger que le p;ouvernemcnt fral1(:ais
fit partir pour Bide llIW eommunieatiün expressc,
ofliciclle et coIllpl¡'~tc, qui pút etrc transmise :'t la
cour d'Espague. Mais OH erainelrait d'avoir l'air
d'attaeher de l'impol'tanee a eette mort; ou veut
t:tre fiel'; I'cxag<'Tation répuhlicaiuc va teallil', par
son imp(~ltil1enc(' meme, reflt)rt qu'clle se ltlit
dan;; eette triste eil'collstanee. On n'a jama!s parlé
dan s la corrcspondance de Hale, de In lIIaJadie
du jCllne princ(·. Le hltal dénoument n'est pas


1 Ce T'l'Oces-,el'h;¡1 e,t au:.; Pii're, "i~l.ol'i'lll(~', ainsi que
le r"pporl dI' Selc;;trc i¡ la C(lI)ITlltiVIl.




MAJ\L SCRIT
méu:e le sujet d'une depéehe! Le jou!' q U'OH C11
donnait eOIlnaissanee au pubJie, le 21 prairial, ]e
Comite expédiait un courrier ~l l'ambassadeur de
la l1épublique h Bale, pour lui envoycr les rati-
íications de la deruiere cOllvcntion avec la Prusse.
011 se contente d'ajouter qllPlques lignes au bas
(le la dépecbe. Les tenlles en seront curieux sans
(lonte pour 1'histoire. Il faut done rapporter mot ¡,
mot eet étrallge post-scriptuIl1 ; il ('st ainsi con<;u :
« On a aUlloncé ce Inatin ;. 1a Com entíon natio-
n nale la nouvelle (le la morL du fils de Capet, (PÚ
)) a été elltendue avec indiHerence , pt de la ca pi tu-
)) lation de Luxembourg, qui a éh'~ recue avec
n les plus vifs transports! »


Au surplus, cet incident par lequcJ la politiqup
du Comité se croit mise a I'aise, rn(~IJace de faire
naltre de nouvellcs diflieuJ {h,.


La tour du Temple ue rcnfernw plus que l'in-
t(~ressante fiBe ele Louis XVI. Cctte priucesse est
la petite-tille !le Marie-Thérese: comment le seu]
ministre étranger qui repl'(>sente eu ce 1l10nlf'nt
a Paris uu priuce de la maisOll d'Autrichc, lW
risqllCl'ait-i! pas une (k'marche en favcur de l'au-
guste pl'jsonlli¡~re? Le G mcssidor, M. le corntc
Carletti, tout <.'11 déclarant qu'il agit dclui-mh11e
ct sans ponvoir de sa Conr, dCIlIalHle confidclI-
tiellement, dans unc note qu'il adrcsse au Comitt;.
(( Si le gouvcrl1cnl('Jlt l'l'pllhlicaill 1](' ~;('r;¡it p;¡:--




DE L'/".N TROJS.
» bíen aíse que la Toscanc lui demanJat Ja ljj)cI'tt·
» de la fi)lc de Louis XVI, et le Jébarrassát de ce
» dépót diHieile. »


Trois jours se passent, et 1\1. CarJctti ne l'(~<,,()it
pas de I'(;ponse. n eraint que la eléclaratiOll illsc-
réf~ Jans 5a note et portant qu'il agissait en son
privé nom et sans pouyoirs ll'ait dt~poui]]é cette
démarche elu earaetere ministCriel. n s'cmpresse
de remettre une seconde note pour dire: « que
» s'il n' agit pas en vel'tu d' orelres expres, il agi t
» né,:mmoills e0111me ministre de son A1tef'~c
» H0,Yale le Grand-Duc de Toseane, comme rc-
) présentant a P;¡['is un sOllverain proche parent
» ele la jeune prinecsse. »


Le Comité se voit done forcé de l'épomlre; mais
iI a des pr~jds fluí IW s'accordent glle1'c avec ceux
de J'envo) (; toscan, d il se borne a ] ui faire savoir
« que la Hépublique 8'étauI f:¡it la loi de ne 8'i111-
) misce1' en rien cbus les allilires illtéricul'es des
» nelltres, elle compte ~\ cet égard sur ]a l'ccipl'o-
» cité des puissilnces. »


Les projets an Comit(; .te sont pas de llature ¡J
rester seerets; mais c'n;t ¡¡la Convelltion elle-m{~me
qu'il jugc cOllveuable de les ü¡ire COlluattrc, eL
Treilhard monte:¡ la tribune.


(( Le momcllt est W'llll, flit-il , de fix¡~r YOS re-
Ol gards sur la f[lle clu de1'lliel' roi des Franc,ais
Ji pt sur les ,mlL'es ll1t'llibl'cS de edtc f:nniHe:




21~ :\IANUSC R lT
) La sLlreté de l'état a prescl'it leur rédusiOIL


\) et VOllS n'avez pas du permcttre aux gouverlll'-
)) 111ens etrangers d'intervenir dans ceUe mesure
) (lui tenait au régime intéricur de la Hépuhlique;
» mais aujoul'd'hui vous etes trop forts pour que
») cette rigueur soit encore indispensable; et nOllS
» venons vous proposer dc faire servir un acte
» d'humaníté a la réparaLion d'une grande viola-
)) tion du droit des ¡:;ens .... La plus noire trahi-
)) son a livré a l' Autriche des représentans 1 et des
» ministres de la Republique ~. eette meme
» puissance a faít enlever sur territoire neutre des
» ambassadeurs de la République 3. N ous offrons
» (le w~mettre la fille de Louís XVI en échange des
» captifs ele l'Autriche. C'cst au prinee C{ui regne it
» Vienne, ü decider s'il lui cOllvient (le sacrifier
» les liens du sallg et les senti¡llcns de fami]]c au
» elésir de proiongel' Ulle vengeauce ocLieuse et
) iuutile! »


La Convention approuve cette proposition.
C'est done a l'Autriche qU'OIl va rcmcttre ce


quí reste en france de 1a f;nni1l(~ de J'illfortune
Lonis XVI. Mais coml11cnt concilier eettc déter-


I Les l'e¡ll'[:se\lLanS Camus . Quinette. Bancal, Lama!'-
'1 ue et Droue L


:' Le' mini,tn' de];1 ~1I"I'l'e Ill'lIl'IIOll\illc,
" Le~ aIJlha"",,,lcul" :-l[:moll\ilk el }{;¡lct




DE r;.AN TROTS.
llllnaLioll avec les préteutions que l'Espagr1(' a
tléja mises eH avant? Les instructions IlP 1\1. d'y-
riarte [,l'posent, pour condition principale, sur la
rcmisc des prisollniel's Ju Temple. Cet expecta-
tive étaut d¡;truite, ne aoit-on pas s'attenclre a voir
le négociateur espagnol déclarer qu'il se trouve
dalls la uécessitó de demander asa cour un supplé-
mellt d'illstructions? C'est ce qui arrive en eITet;
mais ces reserves dilatoires déplaisent a Paris. On
s'étonne, OH s'jmpatiellte d'avoir encore it recom-
ll1eucer; le mecolltentemcnt retombe sur l'am-
bassadeur. La correspondance du Cornité a repris
la teillte de ses anciennes méfianees; le cl'édit
red de 1\1. d'y riarLe a Madrid est meme devel1u
l'objet d'un doute aawr. Dan:; ce mouvement d'hu-
meur, OH Il'est que trop disposé ir aeeueillir ce
'luí polll'l'ait cballgerd¡~ maill la uégoeiaLion et la
déplacer. L'occasion s'cn presente.




~"JANU se R' T


CHAPITRE VIII.


TROISd:JIE Nt:cocrATEUR ESPAG:"íOL. - IlOLBLE
"ÉG oc l ATION.


N OL'S avons YU presque en m!~mp. tcmps M. d'O-
earitz eorrespondre pa!' Figuieres avec le eitoyclI
Bourgoing, et M. d'Y riarte s'élab1ir a Bal!·, ,11l-
prcs du citoyen Barthé1emy. Un troisi¿~me né-
goeiateur se 1110ntre du e6t~~ des Pyrénées.


Le 2 J prairia 1 , le marq uis el'J randa est arriv(': il
¡':rnany, bourg espagnol quP. ]'arm('·(~ frau<;"aisp.
oeeupe. 11 est muni de passe-ports, eL rCCOll1-
mandé par le ministre, cluc de la Alcudia, alL
général en chef des troupcs n~publicaincs. SOll
voyage a pour prétexte de se conformer au décrt:L
de la Convention qui rappelle les propridaires
absens. Il n' en a pas moins pal'll sllspect; il Y
a plus de (lua1'<lnte annees que 1\1. d'J randa a
quitt.é le Guipuscoa; les biens qu'il y poss(;de
sont de peu de valeur, en comparaison de rilll-
111ense fortull(~ ~IOllt iI jOllit i, }1aclricl. Comnwllt
done eroirc <pw 1(· d{~sir ele renlrcr dans \l/l milin'
revclJu ait pu rlJ-termi!HT \la v lei lJanl sL'ptllap,(':·




· DE L'Al\ TROIS.
lJalr(~ i¡ faire ce traje!. de ceut cinquante licues
pour !'evcuir dans 1111 pays d'oú le tUIt111lte des
armes doit al! contralrc r C10igllcr pJ LIS fIue ja-
mai,;? Aussi, les représentans Chaud1'on-Rous-
scau eL l\1cilhan, qui se trouvent en mission de
ce coh~, ont-'11s jugó nécessaire que M. d'Irauda
v1nt ~¡ 13ayonne pour que sa conduite et ses rela-
tions pussent etre rnieux surveillées; Inais ]e voya-
geur cspa¡:;l101 s'est faít connaltre au rcpn\seJltaut
Mf'ilhall. Ce rCpr(\sf~lltant est un halJitant de la
fronti(\n~ des Pyrc'lJées. Une partic de sa famille
est en Espagne. D'anciennes relations l'ont re-
commandé 11 Madrid. Un Espagnol peut s'adres-
ser h luí avee plus de confiance qu'a tout autre.
M. d'Iranda n'a done pas manqué tle le prévenir
par 1111 ticrs, r¡u'il "iellt ¡mul' la paix, et que c'est
avec Jui Meilllall, avce luí seul fjlúl veut traiter.


Aussitót le rcpn\.-cntant est accouru. Il a 1'el1-
contre M. d'Jranda eH visite, an quartier-g¡"néral
d'Urtubie, cl!Cz J(~ commamlant eH chef, Moncey.


Apres les premiers mots d'usage oú]e désir de
la pa ix s' est exp['j¡né reciproquement d'lllle ma-
niere asseí'. vive, M. d'lrancla a engagé ]e repr(~­
sClItant It se procurer des pleins-polwoirs, se


jrtisrllltfort ([en ohtellir de semútables de son
C(){(!, el. des ectte cOllversation ,il ll'a pas fait diffi-
eul té d'(~tl tn~re1lll1ati(~re. O na parl(\ des prisonniers
du Tcmplr" des t-mig-n\s, des pn;tl'ps; l'Espagw:'




222 MAN ti SCRIT
a bean challge,' d'interprete , SUIl langage e~t tOIl-
jours le mernc, et::\1. eL'Iranda a déc1aré ~ coml11C
M. d'Yriarte, que le roí d'Espagne nc pOlllait
pas abandonner les malhellrellx. Il a eu soin dc
glisser dans le reste du discours que ]e Cabinct de
Madrid ne consentirait 1. aueull démcmhrement
de territoire ; il a répélé ¡¡ plusieurs reprises (LU'a
cela pres, il ne scrait pas diHicultueux) et que, si
]a Convention vcut traiter ayec sincérité, la paix
peut ,~tre conc]lIe en vingt-quatrc heures. Il a
fini par pxiger le secret, témoignant la erai nlf~
d'etre croisé a Madrid par les intrigues de rAu-
triche et de l'Angleterre. On s'est quitté en con-
vel1ant qu'i] fallait attendrc la réponsc du comité
de Salut Puhlic, et quc, dans 1'interya)]e,]p se-
jour de M. d'Jr~mda contil1uerait d'ayoir ponr pré-
texLe les moti(" d'affairf's particuJieres qui avaient
déj¡¡ couvert son arrivée.


C'est le 30 prairial que ]e comité dc Salul
Public reyoit ]a dépeche par laquelle MeillJall
lui rel1d cornpte de ceUe nouvelle onverture de'
l'Espagne. On se voit avec un sccret plaisir ma1tf(~
de reporter la négociation dan s la ligne direct(·
de París 1\ :\hdrid, comme 011 1'a toujours désin:,
et 1'on reprendles dispositions déjá plusicurs fois
commencées pour étahlir un pl{'nipotcntiaire an
pied des Pyrellécs. Maintenaut ce n'est plus Ro-
qnesallte , ce u'est memc pllls Bourgoing qu'il




DE CA.i\ TROJS.
~'agit d'fmvoyer il BaJolluc. Dans ce iJwbile Co-
mi té, la poJitiqllc sell]e reste /ixe; mais la con-
fiance personne]]c n'a guerc pi us d'un trimestre
de durée, comllle ]e pouvoir des Inembres qui
1'accordent. C' est aujourd'hui r eX-l1.1inistre Sel'('on
qu'on désigne pour plénipotentiaire.


La fluctuation qui résulte de ces nouveaux
arrangemens a laíssé inactive la premiere quin-
zaine de messiclor. Sur ces entref.1ites, la correspol1-
dance de 1\Téldrid a commencé il percer jusqn'1t
13ale.l\L d'Yriarte n'a pas encore répouse au pre-
mier courricr qu'il a expédié par la Suisse, Génes
et la mer. Mais le second qui, parti dix jours apres,
a suivi la rOllte directe, par la France, vient de
revenir. On apprOllve it Madrid tout ce que
M. cl'Yriarte a <lit el fait depuis SOB arriY(~c JI
Bale. On luí transmet IIn supplément d'instl'Ue-
tions; enfin on lui parle de la 1111ssion d'Iranda,
en lui dOIlllant que]clues explications 11 eei
égard.


LOTsque le courrier de Bale est entré 11 Madrid,
OH Y désespér:üt de savoir ce que M. d'Yriartc
était devenu. Ne saehant cIue penseI' de tant de
retards, on considérait eette tentative eonune
manquee, et pour ne pas perdre ]e temps davan-
tage, apres avoir essayé de nouveau la voie de
la correspondance par M. d'OcarÍtz, on venait
Je se décider a f¡lil'f~ partir M. d'Iranda pour




~¿2.4 :VIANUSC R 11'
i3ayonne. Ol! u'cst pas it la vérité sans clue1qucs


regrets a Madrid d'avoir par trop de précipita-
tion élevé ce douhle et triple conflit dans la né-


gociation: n.1ais enfin, le Inal étant fai t, on ne
veut pas risquer de l' augmenter en se pressant
trop de le répa1'er. On laisse les deux plénipoteu-
tiaires tendre une nluin amica1e des deux points


opposés. Le comité de Salut Public choisira. Il
résulte de ce nouvel état de citoses que M. d'Y-
riarte, avallt de s'ouvl'i1' sur le suppléInent d'in-
structions qu'il a reyu, se considere comme obligé


d'attendre ce qu'on aura décidé a Paris, entre


13;\1e et Bayonne. Le citoyen 13a1'thé1emy lui-


memc , qui rend compte des m06fs de cette
suspension, se trouve dans une position qui n'est
ni désintéresséc ni exempte de difficultés. Aussi
se renferme-t-il dans une grande réserve; mais


eependant i1 C1'oit elevoir rappo1'ter en toutes
lett1'es le passage suivant qu'il extrait de la de1'-
ni ere dépeche de Madrid: « Si le Comité p1'éfere


» Bale, écrit M. de la Alcudia 11 M. d'Yria1'te,
» ce qui est prubable, vous ne manquerez pas
» de HOllS en faire part ~\ Madrid par un courrier
» ext1'aorclinaire, afin qu'on puisse ordonnel' a
) 31. d'J,.anda de s'arreter daus ses démarches.
) - C'est, ajoute le citoyen Barthélemy, M. d'Y·
» l'iarte qui, clans l'intb'et dp sa propre déJica-
)) tessp et l1c la miennc, a voulu que jc lusse




n I~ L' \ ~ '[ ROl S,
" sur I'o,'igiwti le passage qUf' je viell'; de trall-
') sen re. ),


Voilil dOllC encore l!He lois le comitt; de Salnt
PI!!JI ic da IlS lo néeessi te dc faire un choix entr!'
les !1(;f-jociateurs quc l'Espagne lui présente. Mais
conH11ent deviner celui des deux avec Jequel OH
pourra conclure le plus vite? Avec d'Iranda? iI a
re<;u tout récemment ses pleins-pouvoirs; mais
il n'y a encore rien de commencé' Avec d'y-
riarte? les confercnces sont entamées; plusieurs
points litigicLlx sont déja concilies. Mois il n'a
pas ses pleins-pouvoirs, et ses courriers mettent
dix jours de plus pour aller a Madrid.


Tout balancé, le Comité sc decide pOUI' 1111
parti mitoyen. On est bien aise d(~ ue pas I'ompre
avec Darthé]cmy; mais on tient toujours a St~
ménaf-jer tme négociatioll Ol/verte du cú!(; des
Pyréuées. Le Comité ue doulle done pas de pré-
férence 11 un négociateur sur l'autre. n poursuivl'a
la uég-ociation a Bale et 1\ Bayorme.




:\IANUSC RJT


CHAPITRE rxo


",\IX DE LOESPAGNE.


4 tllennidor an llIo Fin ,le jllillet 1 i!¡C, )


LE comité de Salut Public a dit au négociatelH
qu'il envoie aux Pyrénées : ( Vous etes sur le
)) chemin dil'ect de París a M.adrid, vous devez
" avoir HU moíns l'avantage de la célérité. » En
meme temps, iI a ecrit a Bale ( qu'il espere bien
jI que ceux qui ont commencé le traitú, ne per-
)) dront pas l'avance qu'ils ont prise et le fini-
)) ront ~ » Ainsi le concours est ouvert.


Les diploma tes de Bale n' attendaient que le si-
gnal; ils sont prets; les six semaines qui vicnnenl
de s'écouler out. servi a preparer le matériel dll
tl'aité, de faf,:on qu'il n'y a plus qu'a le passer au
creuset définitif de la rédaction. L(~ 23 mcssidor,
on était encore a cxpédicr a Paris les instructions
de Servan pour Bayonne, que d(;jil, a Bale, 011
mettait la del'niere maill a 1a tache. Le retard des
pleins-pouvoirs de Mo d'Yriarte pouvait sf!ul é]oi-




DE L}d\¡ TROIS,
;':'lIcr la condusiOlI. l\lais le 1". lhermidol', Ull
eouniel' de l\ladl'icllcs appol'te entin. Apres que
les plenipotcntiaires ont procéde it l'échange de
leur titre respectif, le citoyen Barthélemy pré-
~(,llte un projet de rédactlon dans lequel iI a es-
~ayé de fondre les deux traites contradictoires.


Les articles qui onl pour objet le rétablisse-
ment de la prtix el de l'amitié; la ce8sion des
hostilités aussitót apres l'échange des ratifica-
¡ions; l'interdiction de tout passage a une troupe
euncmie de l'autre puissallce; la restitution des
prisonniers; la reduction des garnisons de]a fron-
ticre au nombre qui existait avant ]a guerre; la
main-levee des séquestres; le rétablissemeQt des
re1a tions commerciales; enfin lous les articles qui
sont pour ainsi dire de protocole ne cloivcnt pas
nOllS alTI!Ler plus qu'iJs n'arretent maintenant les
pIéllipotentiaires; ne 1l01lS occupons que des
points qui font diHiculté, el sachons en quels
termes on se trouve 11 eet óga rd.


~ TeT. ¡.la remise de Jlrzdame,fille de ¡,onis ,,\Vl.


Le citoycn Harthélemy ctecJarc que le eomite
de Sa]ut Public vie·nt d'ouvrir une l1l'gociation
pour l'échangc de eette princessc contre ]cs re-
présentaos et les ambassacleurs fl'allc;ais que l'Au-
triche retient en captivité dalls ses forteresses.


15.




lVIANUSCR1T
M. d'Yriarte n'en persiste pas moius a mailltellll
l'article au traite, en subordonnant touteiüi"
eette stipulatioll au sucd~s du enrtel d'éclwngl'
proposé a }'Autriche. On eonvient (l"insérrr Cf't
arrangement dans la partie secrNe du traj\(;.


A la suite de cet arlicle, It~ contre-projet de
I'Espagne en contil'rlt quatre nutres (lue le ci to.' en
Harthélemy n'a cessé de déclarer inadmissihles,
comme un empietement sur le régime interieul'
de la République.


L'un doit assurer une pension aux priJlces fl'an-
yais; le second porte que la religiol1 catholique
sera rétablie dominante en France. Le troisieme
accorde aux prétres émigres ]a permission de re-
venir a leurs autels. Le quatricmc est en faveUI' de~
emigres; la rédaction espagnole les l'appelle et les
reintegre dans leurs 1ien5.


Sur l'assurance réitérée que ce;; artieles feraienl
échouer le traité 11 Paris) M. d'Y riarte se decidp
enfill 1t les retire1'.


~ 11. llestitutio/l du territui/'e ('unguis.


Le plénipotentiaire fi';Hl~'ais ne parle plus de rp-
tenir la va]]ée d'Aran, ni le Guipuscoa. I'\lais iJ a
pour instruetions d'insel'er al! traité un artide qllí
;Jssure protection I't su reté aux IlClbitans f'spagnol~
r!Ol1t les hj('n~ pt b lihprt<' }wllvpnt ('tn' ('Omprll-




J)¡~ L'A~ TROlS. n~)
mis palo l'attachcmclItqn'ils ont montré 11 la cause
fralH;aise. M. d'Yriarte se refllse net 11 toute sti-
pulation et J'(;SCl'VC de ce genre. ( Ce sermt, dit-il
)J iI SOll tour, une interventioll de la Franee daus
)) le régime intéricur de l'Espagne. »


Cctte qllestion incidente clu Guipuseoa et de
~e:; habitans, si elle eút été agitée au pied des Py-
rpnées et sous les yeux des représentans qui ont
enx-mémes excitt'· le zele de la province 11 se (M-
elarer pOIlI' la R(~pllblique, aurait en des délica-
Wsscs cbns lesquclles tout le reste de la ncgo-
ciation se seralt peut-{~tre embarrasse. Mais, a
BaJe, il n'cn csl pas de méme. L'aflaire n'a pres-
<lue pas de gravité dans les mai.ns d'un homme
aussi. étranger que rest Barthélemy aux com-
plicités révolutiOlluuires. M. (l'Yrial'te a bien su
le d(;sarmer eH ajoutant qzt'au surplus, le minis-
lúe eclj){lgnol itait trop sage pour se souvenir du
passe.


Les GuipUSCOHUS et les emigrés seront done eon-
f()ndUs dans un méme saerifiee.


§ III. lJl vieille (~lrai,.e des limites des Pyrenées.
Les ancicnnes limites présentaient plusieurs


poitlts en liti~e: le moyen d'¡¡niver 11 un juste ar-
hit\'<lge M,ait de prclldrc pour base invariable la
loi 4!ps {'Cl'.\'(lllS. Mais ce pl'incipp ri~ourt'l1scl1lell(,




l\IANU SCR1T
appliqué peut J~lil'e perdl'ela Cerda~ne frau<;aíse
Ü la Répu11i(lue. Apres nivel's essais derédaction,
le plénipotentiaire du Comité se décide 11 consen-
tir celle du projet, avec l'arriere-pcnsée que lp
meme principe peut nOllS donnel' pour compen-
sation la vallée d'Aran.


§ IV. Les stipula.tiuns en j¿weur des allúis.
L'Espagne se propose de jouer dans le Midi le


r6]e que la Prusse s'est ménagé dans le Nord.
Mais eeUe an1bitiou ne repose que sur de f~iibles
liens de famille , tandis que l'autre a pour base la
communautc des intérets. Aussi le coruité de Sa-
lut Public ne prend-il guere an scrieux la vanité
de l' Espagne. Il n' admet pas cepenclallt les ter-
mes clans lesqllcls elle vourLrait se prodllire. La
Républiqlle franyaise vient (le stipulcr que le pn;-
sent traité de paix sera commllll Ü la n!publique
des Provinces-Unies. Le pléllipotentiaire espD-
gnol en conclut que la meme rédaction doit étre
employée pOllr introduire au traité les princes
d'Italie, allies au roi el'Espagne; mais la parité
n'est pas admise. L'article eles alli('~s du roí (l'Es-
pague ser'a calqué sur eelui qui se trouve au traite
de la Prussc .. En conseclut'llec, 011 comictlt scu-
lement que la Répuhli(lue acceplc la média lioll
de l'Espagu(', ('11 t:iVelll' (Lu Porwgal, dll roi d"
N aples el e1f' [' i n Ctnt '{(' P¡ll'HH' ...




DE L'AN TROIS.
011 accuei]]e en outl'e, et par un artide cxpl'es,


les bons oflices de I'Espagne en faveur de toute
autre puissancc belligérante; extension vague (luí
ne hlit que substituer de la politesse a un enga-
gerncl1t positif.


Cependant une Ilouvelle difliculté s'éJeve. Le
plénipotentiaire espagl101 déc1are que sa Cour at-
tache une grande importance l. ce que l'inter-
veution, en faveur du Saint-Pere, soit formel-
lelnent consignée au traité. Mais comrnent con-
cilier les egards clus au vif intéret exprimé par
l'Espagne et les aversions qui dominent en-
eore le comité de Salut Public a régard du pape?
Et meme, conunent concilier cette rnédiation
de l'Espagne avec la prétention que conserve la
Cour pontifical e de ne pas se considérer commc
étallt eu guel're avec la Frauce ?


Le pléuipotcntiairc fi'auyais montre lci une
grandc complaisallce: d'abord, 11 la médiation de
l'Espagnc pOU!' le Portugal, Naples et PUI'me, on
ajoute, el {lulres étals de !'ltalie; ensuite, par
un articlc secret, on expliclue ( que ces mots el
») !lutres etats de l' !talie Ile pCUVCllt étre ap-
)) pliqués qu'au pape, s'íl a besoin d'entrer en
)) ll~gociatiou avec la Répub1i f-{ue.


On parvient dOllc 11 se mettrc ainsi d'acconl
.~lIr tOllS les poiuts fluí ont été débattus. ~jaís il
PI! \'('slc llIl qlli f'~l pncot'(· illd¡\('is, ct qui !l·est. pa:-




\IANLJSCRIT
lc llloillS diHicile. C'est celui des concessions qUI'
ja Frailee reclame pour Índemnités de la guerre


Des lcs premicrs pourparlers ,le Comite a de-
mandé, eom111e OH se le rappellc salls doule, que
l' Espagne fouruit a la France llll ct~rtain llombre
d'étalolls anda]ous el df~ hl~licrs m(;rinos. On n'"
pas omis cd arlic1e, et meme J'Espafíllc s'y prete
de honne grace. Elle semhle consid(\rer ecUt'
eOl1eeSSiOll p]utót COl11l11C HU légel' gage de 1'a-
miti(~ d~tahlif', qm: commc lIue {(vanie. C'est
1\1. cl'Yriarte lui-rnemc quí íixe les Hombres. La
Frauce aura la pCl"l1lissioll el' ex t,l'H i re peudant
cinq ans, .iusqu'a la concurrente de einquante
éta]ont; et ceut cluquaute jumens andalous, mille
brebis et ccnt béliers merinos par chaque al1uée.
011 n'y met qll'unc restr·ictioll; c'est que l'artic1t'
restera secret. Aillsi les prerniers hesoins de 1'<1-
griculturc :;oul adrnis successivemellt ü préJever
Ulle prime dalls If's traites (lll eomité de Salut
Publico Plus tard, les be3ux-arts auront lenr tour,
avpc les nH~nws droib J.


J Le, circolIstance, ne pennirellt pas d' usei' de cet avall-
ta¡¡;e les trois ou ¡¡Ualre premien;s alll](~l's. Ce lIe !'-Jt tllie
vers la del'niiTC' des cifl(! années aceordp(~;;, qu'on COll1-
menc;a Hile extt'a¿tion qui fut cOllfit;e au\ soins de lH. G¡i-
bert, mell1b\"(~ de la eOlIllllissioll el dll cOllsl'il d'ar;ricul-
lure; ri'alltrcs fllrenl {'aite, Plhllítl' pai' dI', pal"liClIliel's,




DE CAN TROIS.
IVIais la France a ellcore J'autres prétentions;


dIe á demandé la cesslon de la Louisiane et dI:'
Santo-Domingo. Voilil les points douloureux,
et il faut se clécider a les aborder.
~_ ... _.,., ----------


On plaqa la majeure partie de l'importation Gilbert a
Pel'pignan, oú elle servit pour un établissement national ;
elle a si bien n'ussÍ, que le tl'Onpeau de eette bergerie
est IIn des plus beaux de Franee. (Gilbert est mort daus
le voyage 'lu'ÍI a faÍt en Bspagne. )


JI est hien eel'taiu qu'en Frauee les mél'inos se sont
perf¡,etiollllés : dans les premieres années , on les vendait
enviran cinquante fl'anes la piecc. En 1797 , on commenqa
a les vendl'e a l'cnean a Rambouillet, et voÍci les pl'ix
moyeus des mates et fe melles depui,; eette alluée.


1797 (au V). Béliel's, 72 [l'. lll'ebis, 107 fI-.
17~)8 (an Vl). (j~ 80
17Si9 (un VIl . DU 7i)
ISOD (an ViII. 80 60
ISOI (an lX). 333 209
1802 (all X' ). 112 236
1803 (an XI). 2·P 348
11l<r4 ( an XlI). 3tig '2~g
1 S·~5 (an XIU ). 479 4 1 3
1806 (an XIV). 394- 27 2
1.:l0:. í44 305
1 tlot). 605 286
Euíiu, 1,,-; \t:nlc:, :'¡' sont succcssÍyemcut éle,é"s, illl


poinl 'Pl'en 1818 il Y en t des béliers yendllS jllsqU'it dellx
mille tl'OÍs ccnt qllatl'e~"infl;t-dix frailes; et des brrbis ,
,Íus'lldl. ,¡nillZ" ('t~nf. <¡lIill'ante-dclIx rl'atH;s.




:l34 MANUSCRIT
M. d'Yriarte répete a plusieurs reprises que,


si 1'on veut consentir a ]a suppression de ces
articles, iI signera aussitót]a paix l Mais le plé-
nipotentiaire fran¡;ais, si conciliant dans les dé-
tails accessoires, s'arme de rigueur dans le mo-
ment décisif. Il insiste; il n'accorde pas mcme ]a
ren'lise d'une des deux cessions; iI veut et Santo-
Domingo et la Louisiane; et M. d'Yriarte, qui
semble poussé a bout, refuse tout.. . .. Ceci se
passait le 2 thermidor.


On ]aisse ]e plénipotentiaire espagnoI seren-
fermer chez lui toute la journée da lendemain;
iI a re¡;u de nouvelles dépeches de sa Cour; ii
parait pemé .... Le 4, Barthélemy va le trouver,
et ]e presse de se rcndre. Mais ce n'cst que le
soir, apres un nouveau combat qlli a duré une
partie de la journée qu'il parvient a gagner son
adversaire. M. d'Y riarte déclare hmsquemcnt
qu'il consent a céder un des dcux pays qll'on luí
demande; il vellt conserver la LOllisiane, et, s'iJ
abandonne la partie espagnole de Saint-Domin-
gue, ce n'est qu'il condition que le traité sera
signé a l'instant ..... Son désir est accueilli, ct la
paix de l'Espagne est signée 1,


Le traité arrive a Paris en n1(~me tcmps qlwla
llouvclJe el' une victoírc remportée P,H' k g(~lláa I




DE L'AK T ROIS.
Hoche ;. Quiberon, sur un débarqucment anglais
qui menayait de ral1umer le feu de la guerre
civil e en llretagne.


La joie qu'on rcssent de ce douLle sucecs est
d'autallt plus vive que les embarras se multi-
pliaicnt a un point trcs-inquiétant ... Mais iI est
des gens que les faveurs de ]a fortune ne font
que remlre plus exigeans, et le traité de Hile
trouve des eenseurs.


Dans ]e comité de Salut PuLlic, l'artic1e du
pape a paru ridicule; on remarque en géneral des
omissions et des incorrcctions qui dénotent la
précipitation avec laquclle iI a fallu conclure.
1\1ais la majorit(~ ll'en approuve pas moins ]e
traité. On sait gré au citoyen Barthé]emy d'avoir
obten u Santo-Domingo, au llloment OU Servan,
son concurrent, cmportait á Bayonne l'autorisa-
t10/1 secrete de renoneer a toute elause de cette
nature, si l'Espagne s'y refusait trop obstiné-
l1lent 1.


Dalls la Convention le traité est ega]erncnt en


1 Le Comité qui a déliLél'é sU\' le traité ele l'Espagne,
t;tait composé dc Camhacér;~s, Aubry , Tallien (absellt).
Vernier, Treilh~l!'d , Defermon, Rabaut-Pommier, Donl-
~et de Pontécoulant, :\Taree, B1ad, Gamoll , Hellri Lari-
\ ¡tTe. Lomet, Tloissy-d'An;.¡:las . .lean Dchr.y. el Lc~a¡;<'
,¡'Eu!'\, t'f Lnir.




MAXUSCRIT
Lutte a diyerses objections. A peine Treilhard
a-t-i] fait lecturc des articles, que Tallien , quí
arrive de Quiberou, qui a le crear encore ému
de ]a bataille, et la tete un peu étonrdie peut-
etre par l'ovation auniversaire de son 9 therrni-
dor, se leve et dernande qll'on ajoute au trai té
que le roi d' Espagne sera ten u de rendre les
I'aisseau,:c qu'il a enleve.l' rl Tuulon de compli-
cité aver l'Anglctcrreo .. On veut l'inte!'!'ompre;
rnais Goupilleau s'y 0rpose : (( Ql1arlll dans une
J) Convention natiorla le, dit-i], on f¿li t lecture
JI (1'un projct de traité, e'e,:.t pour entendre tous
\1 ceux qui ont quelque observatioll importante a
» presentero 1) - Delacroix Lláme a son tour 1'31'-
tide du I'ersant des caux. II Cl'ailll ({u'í] u'etl r(~­
sultl~ la perte de (ll1e]que tel'ritoi,>e, et, par COll-
séqucat, que c(' ne soit U11 attcntat a l'iurlivisibi-
lité de la Répub]iquc.- Boi~s.\-d'\.llglas nwt tiu
a ccs attaques en ,oappelallt fill'Ull traité ne 1'e3-
sprnhle pas a un projct de décret ordinaire, dont
OH pu isse conserver le foncl, en rei elant tel ou
tel a t°tiCJ e , Oll ell,y ajoutant tI~lle ou telle dispos;-
tiOll il faul. fadopte!' ou le rcietc!" tel qu'il esL
( \Cotre cornit¡~ de Saiut Public a t~lit pOli!' le


)) mie!!.\:, r,;pond-il aux eenscu¡OS; si vous ne trOll-
)) V("!, pas (iU'il ait n;u~'i, ne l'atillt'z paso Le Co-
., l11ih~ 011\ rit'a dt~ tlouvdles l[("~f)('iC\tiolls, )) La ma
.t0l'iü; IIp ti Couv('nlioll se I'allp;(' dI" ravi~ d:\




DE L'AN TROlS.
Cornité. La rai8011 (fetat l'emporte sur toutes les
objeetions, et le traité e~t ratifié avec des <lcela-,
111atioIlS UIl<l ninles.


A Madrid, le ministre et le plénipotcnti<lil'"
qui ont condui t la llégociation sont combl¡;s d'lloll'
ncul's. Don Manuel de Godo'¡, duc de la Alcudia,
devient le prince de la Paix ,ct M. d'Yl'inrte pst
Ilornrné pour ~'eprésenteI' 1e roi d'Espagne au-
pres de la Répllblique fi'auyaist'.


A Paris, on est moins disposé a s'occuper de
recompenses. On nc songe qu'il mettre a profit
cette grande transaetion. Le comité de Salut
Public a déja fait deux parts des armees qui
combattaient l'Espagoe. CeHe des Pyrénées-Oc-
cidentales est rappclée slll'Nantes pOUI' airler lf'S
vainqueurs de Quiberon á comprimer des haines
d'opiuion qui rendent toutes jes pacifícations
illusoires. Quant ú J'arIllée (les Pyrénées-Oriell-
tales, elle a Ol·dre de se diriger, 11 travers le
Languedoc et la Provence, sur Nice; les généram:
AU~f'reau, Victor et Sauret conduisent ces vicilles
bandes. Avec un tcl renfort, on se promet df'
prendre l' Autriclw de reverso La guerre des Alpes
va finir, et celle d'Italie se pl'épare .... Le capi-
taille qui doit cOl1dlllre cette expédition décisive,
n'f'st P;¡S f'ncore connu!


FIN DP. LA 'CROISÜ:ME I'AR1IE,






\\IIANliSCRIT


DE L'AN ~rROIS.


QUATlUEME PAllT1E.


ji E 1\ N I E 1\ F .~" ¡;; (; () (.1 AT I u'" S \) L (U Itl I T ¡;; /) L S ,\ Il T
I'[1BLIL






NI A N l T S en 1 T


DE L'AN TROIS4


QUATn"IJ~NlE P\BTiE.


CHAPITRE 1.


SOITES DE LA PAIX DE L'ESP,\GNE. - PA ROJ,!:."
D' ALLIANCE,


LA paix de l'Espagne est un grand évenement;
~~sliayolls de lire d'abord sur quelques physiono-
mies l'effet qu'elle produit en Europe.


A Bale, M. de Hardemberg a répondu par un
aeeueil plein de franehi:se a la communicatlon
du ministre de Franee. Il n'en a pas été de meIl1C
de M. Degelman, envoyé de l'empereur : c'était
M. d'Yriarte quí s'était chargé de la confidence;
e]] e a eté écoutée avec un grand flegme, et sans
qu'on l'intcrrompit ou qu'on répliquat par un
seul moto


16




JL\~TJSC fUT
En Suisse et Sllr les hords clu Uhiu, tous CCllX


qui font pl'ofession d'attachement a la cause des
royal ¡stes fi'anyais, exhalent un granel meconten-
tement contre ]a cour de Madrid.


En ltalie, oú les BO:J.rbons d'Espagne rcgn.cn t
sur plnsieurs trónes, le parti que ceUe branche
de ]a f;nui11e "ieut de prendre, excite (:galcment
une vive émotion; mais ce dont on S'oc(;upe avant
tout, c' ('s1 ]' aecroissement que les armées fran-
yaises d'ItaEe yont tirer des PYI'('.nécs.


A Genes, le ministre anglais Drake el le gé-
neral autrichien Dewins, dans le premier mou-
ven1f~l1t de lenr hUIl1cur, déclarcllt an gouvcl'ne-
ment génois que tont vaisseau nentre chargt; pour
l'Espagne, sera sais.i et jugé de bOlllll' prise.


Lord .B,lte, ambassadeur dc Londres 11 :\ladrid,
demande d'UI1 ton sec 11 i'f. de 1<1 Alcudia, si
J'Espagne a cédé aussi 11 la Fl'<lnce la pal'lie de
Saint-Domingue qui est occupée par les Anglais.
Le ministre espagnol sc coutcllte de répondre ti
ceUe iroll ie par des reproches sur la condu ¡te de
l'Angletcrre envers l'Espagne , jus(lue dans eette
::utre partie du IllOude.


H eurcuscment la cüur de Madrid a pris si hieu
ses mcwres, que son cscafh'e de la 1h;diLerranée
s'est détachée a tcmps de l' escadre anslaise. L'a-
miral anglais, qni est 11 MillOl'que, lui adrcssait
(~II vaiu appe! sur arpe]; on a ('1ud(\ (l'y satisf;tire,




DE L'AN TR01S. :\,'¡3
d la flottc espagnole est resté e en súrcté d:ms
ses ports.


En gélléral, iOus les homll1e~ eclairés de rEs-
pague voiellt un dénoúment heureux dans la
~onclusion de la paix; OIl était dégoilté, épui-
sé; on ne savait plus comment payer 1'armée;
il éta ¡t· dú deLlx mois de solde, meme aux gardes
dll corps; les soldats commen\aient 11 se cléLan-
del' et mena\,aient de ravager le pays. On ne
pouvait plus penser a défendre la Catdogne,
ct du cúté de ]a Biscaye tout était perdu. Le
18 messi dor ( 6 juillet) , Monccy étai t 1. Vi ttoria ,
a Mont-Dragon; il avait pénétré jusqu'aux défi-
Jés de Pancorbo. La paix 1'a arreté marchant sur
Burgos et Madrid.


Aussi les ratifications du roí d'Espagne ne se
font-clles pas attemlrc. On les reyoit a París le
29 thermidor (1 ti aout); Je caLinet de Madrid,
daIls l'impatience de voir a I'l'iver les nótrcs, a
envoyé des relais de chevaux, cinquantc lieues
en (lcC;¡t des Pyrénées, afin de rendre plus ra-
pide le courrier qui sera porteur de cette dé-
peche.


Les censeurs de Paris COlltinuent leilrs objec-
tionset]cs dévcloppcnt: 011 trouvequ'on s'est trop
pressé; qu'on n'a pas tiré parti de nos avantages;
'lue les derlliers surtout nOllS permettaicut d'étre
plus exigcans; qu'on n'aurail pa., (lu abandonner


16.




\ I A J\- U S e ]{ 1 T
les habita ns du Gil ipllscoa; (1'1'011 pOllvait mit'w,r


lI1énagcr nos int{>réts cOl1ll1lerciaux; (IU' Oll a 111<111--
qué ü un devoir rigol1rclIx en ne stiplllallt pns


d'une rnaniere plus ferme des illdemmtes an


proGt eles FrnJl(.~ais qui nvaient (:tl' cxpnlsl:s ¡l'Es-
pagnc; enfin, que méCOllnaissant nos s\Jeeps, les


dangers de nos amis, les e;;pI;ra11(':cs de nos ar-
mees, et les 11roits de nos commcr/;ans, on a trop


sacrifi¡; 1l un appetit de paix den;glé! . o o
Viennent ensulte les observations 111' ¡\¡\tail ;


l'article 6, dit-ol!, eontient une omissioll irnpor-
taute, en ne fixant pas lc ternlC des hostilitts hors


d'Europeo Ordinaircment on aeeol"de un mois pon!


les mers d'Europe situées elltre les mers rlu ~()["d
et les 1]es Callaries; deux mois dpp~lis les Ca/wries
jl1squ'a l'Écluatellr, et cillC{ mois pou!" les autres
p:::rties du 11l01Hle. On cl'aint que celte omissiül1


nc donne ]jea ;\ .bcaucoup de diHicultéso
L'article relatif á l'artillel'ie que HOUS devons


laisse1' dans les places espagnolcs, en nous reti-


1'3nt, est attaqll(~ eomrne présentant une réJae-
tion vicieuse; non s n'avons vo.'llu nons engagpr


qn'a rcmettre ces places <1vpc l'a1'tillerie cspagl101e


qui les garnissait quaml JlOUS y SOl11l11es entrés;
OH s('mb1e craindre d'Nre astreint ¡¡ y hlsser aussi
l'arlillerie et les mnnitiolls qll(~ nous y allrlOlIS
apportées.


On trollV(~ 1\1 (:111 e :1 rcdi Loe a la c('ssioll o!JtemH'




(le Santo - Domingo; 110US aVOlls. déja plus de
tenes a cultiver dallS les Antillcs que de hras a y
elllployer. VoiHt, dit-on, UI1 llOuvel accroissement
de territoire dont nous u'avions aueun hesoin ....
[J va J~¡]loir le cOllqu~rir, le pellpler, et iJ nous
restera ensuite ;i savoi1' COll1mcnt ilOUS pourrons
la mettre en valell1' el le eons-erve1' :


Cepelldant les deux gOllverne11lellS JW tardent
pas ;i répondre par lenr bon accord ~I toutes ces
argumenl.atious.


NOllS JI'avous pas il redouter (Iu'on interprete
la lcttre des articles contre 1'esprit qui les a dic-
tés, et quant ~l l'artiJlerie des places, M. d'Y riarte
olfre de ~igner toutes les explications qui seront
désil'ées. La n'mise de la partie espagnoh~ de Saint-
Domingue pCllt prés-ellter des diiIicultés; jI va
111i-nH~nlU au-devaut de tout cc qui doit en évi-
ter jusqu'ü l'apparf'f1cf'. JI propose d'envoyer un
agellt qui sera le précurseur des nóLres, et aura
la mission expresse de p!'(~parer les esprits. On
cOllvient qU(~ le gouvernerllent espagnol conser-
vera encore (luel(llle temps dans cette eolollic ses
garnisons, ses vaisseaux etl'cxercice de la police,
et qu'il prt·tera aillsi l'appui de ses forees et de
ses habitudes á l'agent fi'an<;ais qui va se rendre a
Sauto-Dollliugo. eet af)ent p,lsscra par Madrid
Jet t(~ra la LraYCrSl;e sur 1111 vais;;cau espagnol.


Les d('!lx cahillet5 acll(\vent d(' rcduire les cen.




MANUSCRIT
seurs au silenee en développant une politiqul!
d'un ordre plus relevé que ceHe qu'on 1eur op-
pose; iI Y a toujours dans un tra ¡té de paix quel-
que chose de plus a considél'er que les couditions
qu'on y me1;, ne serait-ce que la paix en e11e-
meme, tous les maux qu'elle fait cesscr et toutes
les bonncs relations qui en découlent! iei, les
prineipaux avantages de la République sont dans
cctte partie sous-entendue que nos hommes d'é-
tat out su eomprcudre.


D' abord, e' est la reeonnaissanee de la Républi-
que par une branehe de la maison de Bourbou;
ce qui, pour ealme!' les diss~nsions intérieures
et soumettre la Velldée, doit etre plus cHieace cn-
core que les forces militaircs que le traité permet
de rappeler des Pyrél1(\es; ensaite, e'esí une ]nrge
breehe ouvertc llans ]e bastion de la coalition. La
guerre) qu'on a prételldu si long-temps etre ]a
guerre des penp]es contre les rois, n'était réel-
]ement que la gucl'l'e des roís contre la révolution
franr;aise; mais par les traités de la Toscane, de]a
Prussc et de l'Espagne, elle vicnt de perdre ce ca-
ractere; iln'en reste plus qu'une guerre ordinairc
de l'Angletcrre et de l'Autrichc eontre la Frallceo


Un troisieme avantage cst particulicl' i1 la cir-
constance. Il ne faut pas ouhlier que la Franee est
toujours sous le fleaú de la famine, el (lile de
toules les responsabililés du cumité de Salut Pu-




DE CAN T ROl S.
bIie, e'est celle qui parle le plus haut, le plus
souvent, et qui menaee le plus sa popuJarité.
Aussi compte-t-il avec une grande satisfaetion
tons les navil'es et tous les ports que la paix de
l'Esp<lgne rend a nos approvisionnemens clans la
Mediterranée.


Enfin, et c'est le dernier point de vne sur le-
quel le traite de Bale est si méritoire aux yeux
de nos hommes d'etat, la paix de l'Espagne nou:;
uuvre un vaste champ pour les allianccs.


Déjll des denx cotés, on s' accorde a ne la consi-
dérer que comme le préliminairc d'un traité plus
intime. 1\'1. d'Y riarte, en sip;nant, a fait entendre
assez c1airement qu'il était autorisé a resserrer la
paix par des liens défensifs et meme offensifs. A
son tour, le Comité, en accusant réception du
traité, a pressé son plénipotentiaire d' entamcr 1<1
m;gociation d'une alliallce ; le cabind de Madrid,
lui-meme, dans sa notitieation a la Prusse, n'a pas
JissiulUlé les eonséquences qll'il se promettait de
son ehangement de politique: garantie des pos-
sessions reciproque; égalité daus les prestations
de secours Je terre et de mer; mcnles amis, Ule-
mes cnnemis, telles sont les bases qui paraissent
se poser toutcs seules entre la République fran-
\,aise et l'Espagne.


Cctte granJe afiaire se poursnit i¡ Bile; elle est
;t peiue COl1ll11cncée que ]e 1l0LlVeaU prinee de la




2"ltlIlAJ\ U S e tU T
Paix va au-devant des ré,ulta ts; par son ordre,
M. d'Y riarte déclare les VCCllX d¡~ son cabillet .
« La Franee et l'Espaglle ont ]e 1116me intéret,


)} dit-il , a délivrer la Méditerl'allée de ]a prépon-
)) déranee de l'Angleterre. La France et l'Espagnc
)) ont ]e meme j¡üéret a déJiyrer ]a péninsuJe
» italique de la prépondérance autrichieJlue. Jl
)} faut done mettre nos flottes ensen1ble eontre
) I'Ang]eterre; iI faut(Iue, sous notre doubJe in-
» fluence, les princes d'Italie se formel1t en con-
» fedération contre l'Autriche! ))


On pense bien que le comité de Salut PubJjc
applaudit vivement ~l ce bl'iilant projet; il n'en
veut pas faire mystcre; e' est eneore un avantage
que de lui donner de la publicit¡', et Boissy-d'All-
glas en pa!'!e en ces termes it la tl'ilmne de la Con-
vention nationale : (( L'Espagne, saerifiant ses re8-
)) sentimens de f~nlille, ll'hésitc pas a déelarer
)} que nos intéréts COlIlmUllS eoutl'e l'AllglelcJ'J'e
» nons commandent dp nous rapp\'ocher ; elle ne
» déguise plus ses desseins sous ees voiles iUllti-
J) h~s que tout ]e monde pel'ce , et dont une diplo-
» matie vulgaire vcut be couvrir en vain; pIje
» ofirc aussi sa médiatlo11 pom les prinees d'l-
» talie. )¡


Barthélcmy est charg¡\ de presser M. d'Yriarte
rl'aehevcr cette ouverture. D(~jit OH en attrnd b
sulte avpe l'il1lp;¡tictll.:(~ d'ull ,,1Ii(\,




/)E L~L, TROl s. 24~J
Cependant on tlésil'crait oLtcnir aussi uu tl'aité


de C0ll1mcrce; ]e pacte de f~lmille est un précé-
dent dont OH eroit pOllvGir s'autoriser pOIH amal-
~amel' daJls le 11H~l11e acte les stipulations de l'al-
liance et celles du cornmerce. On l1C voit cl'abonl
dans la réunion de ces dellx eoutrats que l' avan-
tage de les cmpOl'tcr promptement ct J'un seul
coup l'un par Lmtrc; mais OH l1C tarde pas 11
s'apcrcevoir (11¡'011 a eml¡,¡rrassc ]a llégociation
pril1cipale qui était silllple par un accessoire ql\i
('st trcs-compliqllf\ ... Les gens ti" l11(\tie1' s'en sont
mél(;s; une fois intl'odlli ts, les gens du rnéticr
yont s'ell rendre les maitres et tout cmhrouillel' [


"Pour atteindre eulln le tcrme de ce rapproche-
ment avcc fEsp<lgne, si désil'é des deux cútés, el
pourtallt si souvcnt intcrrompu, llOllS aVOllS étf\
fortes de bissf'!' en arri('I'!? des reJatiotls secondai-
res a \t'C divcrses pI! issanccs. Venisc, Genes, la
Succle, le Dallcmarck, les Etnts-U uis d'Améri-
que el la Porte Ottomane BOUS oITren t lles omis-
SiOllS a r(:parcr. Les sucd::s qui ont désaI'mé (les
cllnemis, n'allrout pas manqué de l'approcher
les IIcutres, f't rétat (louleuxdalls Jeque] les gOIl-
vernemens les plus timides sont rest,{:s pcm1allt
le fort de la j uttc, aura prohahlement pcrJu de
SéI contrail1tc, s'i1 n'est redeveuu tout-il-faÍt ami-
cal. I1:Hons-noll~; dp ¡'pclwilJir les d(~Vlils qui peu-
yt:llt IlO1IS ;lyoi!" f'CI!;¡P])\'. Li' lllOIlH'nt ;¡pproclw




:l5o MANUSCRIT
ou les représcntans cOl1VentiOlll1cls SP proposent
de se retirer derriere un llouveau gouvernement;
nous voudrions ne ríen négliger de ce qui esl de
llature 11 donner une idée plus complete de re-
tat dans leqnel ils vont laisser les aflaires a leurs
succcsseurs.




D E CA j\ T H O 1 S .


CHAPI TRE ll.


LES l\ECTRES.


I~A République franc;'aise n'pst plus reduite a
tenir quelques plénipotentiaires sur la fi·ontierf'.
Ses légations se répanoent au dehors. Des rési-
dCIlS, des chargés d' alfaires, des ministres pléni-
potentiaires, des amhassadeurs meme oeeupent
Jeja tous les postes aeeessibJes.


Il1dépel1damrnellt de la grande légation de
Bale, oi! se trouvent Rarthélemy et les secrétaires
Baeher et Maranoet, la Répu1lique a deux n\si-
dens eH Suissf', qui sont Félix Desportes, a Gencve,
et Heflinger dans le Valais.


En ltalie, la Hépublique entretient a Venise
Lallemand comme envoyé, et a Genes Villars
coml11C consul.


l\1iot et le seerétaire de la légation 'Villot-
Fr(\ville composent la missioll de Florence.


Da!1s le Nonl, Lagau tient le consulat de Ham-
hourg, Grouvelle est depuis long-temps ambas-




:\J A i\ ! ~ S e n j T
ti<ldeur i¡ Copeuhague, et .&valz, mÍllisll'e pléui-
poteJltiaire il Stockholm.


Descorches-Saintc-Croix a résillé il COllstanLi-
lIuple comme charge d'afhlÍres de la République.
Verninac, (lui vieut de le remplacer, dépluie en
Oáent le caractere tl'ambassadeur.


Adet traverse J'At]alllicJue pour aner relever
Fauchct dans le poste de miuistre aux États-Dnis,
et Noel par-t accn~ditt\ pl'es de la J1.ollve]]e Hépu-
blique de J lullalHle.


En échange de ces I"f~latiolls, Ull corps lIiplu-
matiqne se reforme 11 Paris. Des cnvoyés des
États-Unis, de Geneve, de Vellise et lle lJam-
bOllrg n'ont pas cessé d'y reside!". ]X ous avons YU
aniver le ministre de Toscaue et ce1ui de 1101-
laude. La Conventioll él re(/u depuis un ambassa-
deur de SuedC'.


« La Sllede et le Dauemal'ck ue se sout jamai:;
II départís d'une sage et respectahle ueutralité ü
)) l'égard de la République 1. ») Aussi ]a politique
l'épublicaine a-t-e]]e ('té CUlIstal1lmcnt aHcctueuse
etm(~me confiante ü l'égard de ces deux Cabillet:s.
L'ambassadeur de Suede lW pOI¡yait lllanquer
d'etre hien aecueil1i, et l(~ bal'Oll de Sta¡:l-Jlols-
tein, clJarp;é de cette missiou , se recommauclait


1 Boj:,s)'-d'All¡¿las, I'al'!,urt du (; fl'ucLidor.




1-'11 outre par ti:'" titr(~~ (fui lui (~t;¡ie)]t pcrsolluds.
Paris l'evo}:lit Cll lui rancif'll alllba~sadpl1J' de
Suet!e a lIpr~~s de LOl1 i5 .X VI, le gendl'e de M. N ec-
k(~I', et le marÍ (le l11Lldamc de Stai!].


A pl'OpOS (le la réccption du harol1 de Stai!l ,
Merlin de Douai est vellu proposer Ull nouvcau
cérémonial. « Vous n'avcz eneore recu que des
)) cbargés d'amlires, des n'sidens, el des ministres
)) plénipotentíaires;!'t pour eLlX iI n'01 pas ét:\ qucs-
)) ti011 d'(~ti(ll1ctte. La fraternité seule a 1;lit les
) f['ais de la politesse, et en a improvisé le proto-
" coleo Aujourd'hui vous alJez recevo;r un ambas-
» sadeur, et ce qui a été fait precécleml11ellt n'est
» plus sufIisaut. J e sais hien qu'au pI'émif'r coup
» d'cril, ces dislinclions paraissent minutieuses;
)) l11ais qULlnd 011 pellse qll'elie~ exprimellt ]e de-
» IY'(~ de couliallce, (l'01ttachement et de respecl
» que les nations Sf~ t<~mojgnent ,il scruble indis-
)) pensable de s'), conformer. ))


L'asscmhléc a fait droit 11 ses observations.
L'ambassadeur introcluit a été concluit a un


fautenil qui l'attendait cn t..ce du pl'ésident, et
s'est vn admis 11 parlc!' assi" : « Les Suédoi¡,;, a-t-iJ
» dit, sont les F!'anyais du Nonl. » Voltaire l'avait
Jit avant lui, mais ce compliment n'en a pas
moins en un succcs completo


Sie)'es occupait le fimteuil. L'ambassadem cst
venu dans ses hras rceevoir l'accoladerépublicaine.




MA~USCH.jT
Les accJamatiOlls n' ont cesse que pOUl' entendre
un diseours prepare par le representallt Gregoil'e,
sur le droit des gens. Ce sujet paraissait choisi
pour la circonstance; on en avait d'abord or-
donné l'irnpression, mais il cause de la circon-
stance meme, des scrupules se sout cveillés; le
fait est remarquable par sa nouveaute. On a
craint de donner aux ycux de rEurope qllelqlle
importanee 1\ des id"es spéculatives qni n'etaient
que l'opinion personnelle de l'orateur, et l'auto-
risatíon d'irnprimer a eté rapport(\c des ]e lende-
main. A peine le millistre de Sucde cst-il reC011-
nu, que de:;; négociations s'entament a Paris pour
convertir la neutralité de la Suede et dI] Dane-
marck en une alliance protectrice du grand sys-
teme de la nelltmlité du papillon. La SII(~de ne
se refuse pas a faire les armemens néeessaires; le
comité de Salut Public ne se refilse pas a donner
un premier suhside de dix millions. Des arrange-
men5 du plm grauel jntérf~t se préparent 1.


1 Le traité a été conclu le 'lR fi'uetidOl' (1 septem-
bre 1795 ); mais le Dil'cetoirc, suceédant au comité de
Salut Pllblic, ne l'a ras ratifié. Quoi<Jue eette tI'ansae-
tion diplomatirlue ait été eonsidérée des 101'5 eomme non
ayenue, e'(>,t un docllment trop impoclanl po u!' que nous
ne l'insériolls pas ci-apres aux Picees histol'iques de ccHe
époque.




Delix J1loís ;:¡:rcs la réception de :\1. de Stae]
et sous ]a pr¿sidence de ReveiJlerc-Lepeanx, 011 a
procedé il la réception d'nn autre envoyé : « La
)1 République de Venise, voulant montrer ouverte-
» ment SOH estime et son véritable attachement
)) pour la RépuhEquc franc;aise, él remplacé le
» simple resident qu'el1e avait a Paris par un nu-
)) ble. )1 Ce titre, puremellt diploma tique , aurait
dé mal sonnant pour les oreilles conventionnel-
les si ]' usage ne I'avait eonsacré; iI a done été
pris en IJonne part, et le noble Quirini a été
rec;u all1icalell1ent en la place du résident Pisani.


Entre toutes les répuhliqnes nos ainées, celle
des États-U nis eÍlt eté notre sreur de prédilec-
tion si elle eút vouIn se rceonnaltre encore ponr
llotre alJiée. lVIais l'An)(;rique est hien loin des
senlill1ens Cju'elle nous portait du temps de
Louis XVI. Nos exagératioJls démocratiques ont
fini par indisposer les l10111me" raisonnables qui
formaient le parti franc;ais, et la balance eles
affect:oJls, aprcs avoir si long-tcmps penché pour
nons, se scrait relevee peut-etre en faveur de l'An-
gleterre, si l'intérct comrncl'cial n'avait pas étl~ a
Philadelphic, eomme it Londres, le n:gulateur se-
eret des aifections politiques. LcpavilloIl neutre est
le pluslucrat~l; J'Amél'ique a done arboré le pavil-
]011 neutre, en dépit de nous el de nos ennemis :
Toutefüis OIl commencei, Paris il n'ctre plus si mé-




con tent (le cette neutl'alité, depuis qu'Oll s'apcl'"
(:oit qu'elte HOUS l'emL oe<', sel'viccs (iue l'alliance
pent-etre ne nous aurait pas oftcrts. Nous devolIs
au pavillon neu t1'e des ressourccs Lien pl'!;cieuses
en subsist;¡'llces : aux plalutes mUfTes ont succédé
des reproches adoucis, et le bngage de l'amitié se
conserve du moins dans les rapports plus Ji:'oids
({ui se ;.;ont établis eutre les deux nations. Le gou-
vernemellt des États-Unis HOUS a envoyé son dra-
peau. Depuis long-temps , i1 e:;t s't:;pendu en signe
d'al1iance aux voutes de la sane. On se déeide eu-
fin a envoyel' en retour le drapeau tricolore aux
Arnéricains: ( O fI'rons-le, dit le comité de Salut
» Publíc , COl11me un gage réciproquc !.le l'estime
» et de l'amité du peuple fraJH;ais. )) C'él.ait s'ac-
quitter un peu tarcl; Merlin de ])ouai en fait un
ingénieux aveu: (( La victoire !flli IlOUS a c1istraits
» de l'envoi de notre drapcau, dit-iJ, semble 1'a-
)) voir fait expres pour 1'0rner de nouveaux Jauriers
) et le rem1re ainsi tout-a-fait digne d'etre échangé
)) contre eelui de nos aneiens amis! ))


La République hatave, qlli suceede a la Hol-
1anue , est devenue, sous ce nouveau litre, la filIe
aJoptivc ele la République frauc;'aisc; mais elle
ne connalt cncore que les douleurs de l'existcncc.
Tandís que la cércmollie de l'ül1verture de l"Es-
caut se fait ayec pompe sous ses yeux, elle ¡'cporte
tl,istement ses regards sur ses ports nagub'c si




DE LAJ\' TROJ~ :~57
t}orissans et qui lJr rpnfermcnL cléjü plus que des
hatimcns vjde~ d hloques. Ses libémteurs ]'Ollt
ran~'ol111éc; lIlais la conquete IlIi coúl,e encore
moius elIe!' que l'avidité de ~es ei-devallt amis le,;
Angl¡¡is. On dirait que 1<1 malhcureuse HoJJande
a faiL uilufrage sm leurs cotes: íls Ú~11 atljugellt
le "allveta¡.;c : v<lisseaux, capitaux, débris, tout
ce qui danoS rintimit(' fl'une alliance a pu etre
confié en dépot, est impitoyablcnwnt "aisií et les
fiottes hritanniílucs, éployant leurs voiles eommc
les ¡¡iles du vaulour, s'é]ancent sur le cap de
Bonne-Esperance et sur les alltres colonies bata-
ves pour en fair(~ leur proie.


Quaut it la 'Porte ottolllanc, elle u'a guerp
comprls de la revolutioIl de Franee que les Sllp-
pliccs et les victoires. Le· honllncf' de la Hépu-
LJiquc u'ont pas el1 de grandes ¡lversions a vaincre
de ce coté; cal' s'jl est un coin de l'Europe OÚ
ron ait pu compter sans hOTT(mr les tétes que
llOS malheurellses dissensions Ollt filÍt tomber,
c'est sans doute iJ Conslantiuople. Des qu'un mi-
nistre de la Répuhliquc s'est pr(seJltl'~, les rela-
tÍons, tenes du moins qu'il est permis Ir en avolr
avec l('s Tures, :;e SOllt rétablies sans diHic!lltés.
Le divau s'est empres,,(o de {aire a nos nomelJes
habi tudcs toutes les cOllc('ssions po:;:;ibl ps. N otre
ministre Descorches-Saintc-Croix a cdébré nos
\ ictoircs par une f(~te dont 1'h vmne des Marseillaís




MANUSCRIT
était l'ouvcl'ture. L(~ signal en a été douné par
vingt et Ull coups de canon, tirtos a Lord du seu]
vaisseau fran9ais ({ui fút dans la r"de, et la fete
s'est termiuée par des mndes dansres ~lIItour (1'l1n
arbre de la Libertp! 1'arbre de la Liberté iI Con-
:-;tantillopIe! tlulle part lE:' rapprochcllwnt des
extremes n~ pouvait produin~ un contraste plus
bizarre! Dernierelllent cnfin, l'ambassadE:' repu-
blicaille a été rcmise en possessiol1 du palais de
Frauee ú Peril, et notre ambass~ldcur Verninac,
qui remplace aujourd'hui Descorclws.Sailltc·Croix,
vient d'obtcntr du divan tous If'S hOlllleurs dOlllll'
réception solennelle.


Ainsi , r aspect du dehors, Vil eles iellelres de~
Tuileries, est deja bien diileJ'(~nt de ('P qu'il élait
au commeucement de ceUe allllée. 11 ne reste
plus au comité de Salut PlIhlic qu'il achever
l'reuvre des pacifications partieIJes que les lraités
de la Prusse et de I'Espagne lui ont prornises;
on se présente de toutes parts pour traiter. En ce
moment, des négociations sont ouvertes a Baje
avec l' Allemagne, a la Haye ave!.: le Portugal,
a Venise avec N apIes , 11 Sion avee la Sardaigne,
de plusieurs cótés avec l'Autriche ellt'-memc .....
Parmi ces diHerentes ouvertures, en est-il qui
promettcnt une heureuse conclllsioll;l




DE L·Al\' T ROl S.


Cil \PJTHE fTI.


LES BJIS DE L\ I'RflSSE. LA B\VIERL - LE
W¡rRTElIB¡';I\(~. - IlFSS E-e \SSEL. - LA nd;TE GER··
\1 Pil(ll F.


TOlTE I'Allem<JglIP a d'abord semblé s'él1\OU-
voir pour profiter des bons oflices d(~ la Prusse.


l\I. de Salabert est Jrrivé Ü Hale de la part du
duc de Deux - POllts, héritipl" présomptif du
rOyJume ele BJviere.


Un ministre deWurtr'mberg s'y trouve égale-
rnent.


Mais comme ](~S armces autrichiennes ont en
ce moment a leur discrétion la Haviere et le
vVurtcmberg, les p!énipotentiaires envoyés a
Bá]e ne se prcssent point de conc]ure, et sem-
blcnt seulement placés la pour voir venir les évé-
nemens.


La diete germauique a pourtant [ait un paso
Le 3 juillet, 1:) mcssidor, elle a réclamé d'Ull


vote unanimc J'interveutÍon de la Prusse, et le
cahinet de 13erhn, qui u'attelldait que ce mot,
s'est empressé d'agir. Le 24 juillet, 6 thermidor,


17




l60 MAl\TSCRJT
M. deHardember~ a demalHk Ulie treve, au nom
de 1'empire ~ermanique, camme moyen preLimi-
naire de migociation. Mais si 1'on se rappelle 1'a-
version du comité de Salut Puhlic ponr ce moele
préparatoire, OIl devine déja la réponse qu'il a
faít {aire par Barthélem.y. c( Le comité de Salut
)) ])nblic, a dit cel ui - ei , (~prouve le dé sir hien
)) sincere de cOllcourir chus toutes les occasiolls
) au sucd~s des vues de S. rv1. prussiennc; mais il
») ne peut eonsentir l. un armistice. Loin de favo-
) riser la né~ociatioll qu'on se propose (l'entamer,
» ce serait un moyen certain de la ralentir.))


On en reste la; il est évident que la cour de
Víeune contrebalance par ]a crainte qu'el1e in-
spire,l'attraction que la Prusse ex cree depuis
qudque temps sur l' opinion.


De tons les princes a)]emands, le seul quí se>
décide franchement , c'est le land¡';Tavc de Hesse-
Cassel. Le 11 fructidor, 28 aout , sa paix particu-
licre est signé e ~I Bale par son plénipotentiaire,
M. le baron de Waitz-d'Eschen; j] n'en coúte au
landgrave que l'engagement de romp1'e ses 1'ela-
tiOllS de suLsides avec l'Angleter1'e, et d'aban-
doune1' les petites portions de territoire qu'il a
sur la rivc gauche du Rhill. Mais l'avantagc prin-
cipal que cette paix presente aux yeux du comité
de Salut PuLlic, c'est une nouvelle garantie dI-'
spcurité pour la Hol1ande du cúté de l'AlIemilgne.




DE L'AN TR.OIS. :l6r
La Conventiou nationa]e ratifie ce traité le 4 sep-
tembre, 18 fructidor suivant 1.


Ainsi , les hons offices de la Prusse n'ont encore
produit depuis quatre mois que la paix de Hesse-
Cassel.. .. Yoyons si l'interventioll de 1'Espagne
promct une cfficacité plus rapide a l'égard du
Portugal et des princes d'ltaJie.


1 Voir le texte du traitt; ci-apres aux Pieces historiques.




MAJ\USCRIT


CHAPITRE IV.


LE rORTI:GA L


LES pourparlers avcc le Portu~al sont entames
depuis Jong-temps, et jusqu'i¡ présellt dans dr~
termes tout-a-fai t indépendans de l'influence cspa-
gnoJe. TIs datent ele 1'occupation de la Hollandr.


Le 25 janvier de cette :mnéc, M. d'Aranjo, qui
résidait a la Haye COl1l111C Ininistre du Portugal,
a fait UBe premierc visite aux representa ns du pell-
pIe, dans le 11l011le/lt OÚ ils veDaíent de s'instalJer
au paIais dn Stathouder'. IIlí~lIr a pl'csque adressé
des félicltations sur ]'(vénement; et ses compli-
n1eDS, disait-i 1 , pauvrtÍent étre regardes camme
d' autant plus sinceres que sa Con!' n'Ctait entrée
dalls la cuaLitiun (Iue malgre elle, el cummp
entmÍlzee partascendallt de [.,Ingleterre.


Six sernaÍlIes apres, dam; le CUlll'ant de vcntósr,
le ministre de Portugal a La Baye se cOlIsiclénlit
tellp111ent ~ur un piccl amical avec la Républiqlle,
qu'il a CI'U pOllvoir parler it 1I0S r('pd'sentans de
la p:lix qlle la Frall('(' r!('vrail /'011('1111'1' av!'!: l'E:---




DE L'Ai\ TROlS. 263
pagne. Mais ectte iudiscrétion Jl'a eu pour ré-
sultat que de ¡¡¡iel' éclatel' les métianccs dOla le
ministre portugais était roLjet. Le comité de Sa-
lüt Public voyait eH lui Ul) agent de l'Augleterre,
et, daJls ce SOUP\,Oll, iJ l'apportait la démarche
hasardt'-c dli Jipla/nale au seu] dési¡' de surpren-
dn~ le sccret de notre POSitíOll avec l'Espagne,
01', a ceUe (~poque, Oll etai t su l' le point d'en-
voyer Bourgoing aux Pyrenécsj on s'cst done bien
gardé (le se laisscl' penetre!'. La réserve dont on
usait avec le ministre portugais n'a pas paru le
l'efl'oidir; peut-etre l'a-t-i] attribuée aux formes
peu oLEgeantes qui passaient généralement pour
étre le earactCl'e distinctit' de la diplomatie eOI1-
ventionllelle. Ainsi, conservant toute confiance,
i 1 a remis, le 1 oc. Horéal, aux repréEentans Ri-
chard et Cocho n , il la Baye, une lettre qu'il
adressait <lU comité de Salut Publico C'était un
plaidoyer en formc, destiné it établir que le Por-
tugal n'avait jallJais eté en élat de guprre avec la
RépuLtiquc, et qtúm rontraire eette COI1I' avait
tOlll bit pom rester neutre; que le contingent
portugals lourni aux ann(;es d'Espagne et aux Cti-
l';Hlrcs d'Ang1ctcrrc, n'avait pu altérer cette
neutralit(;, pas plus que la prcstation de secours
accordée par le,; états du Norcl dans le contingent
~el'JlIa tllqIH~, n'alti·¡'p la ncutl':di tl~ dOIl t i Is jouis-
_,/'J J t.




:\L\NV se RJT
Le comité de Salut Public a délihéré le 10 fIo-


réal sur eette ouverlure. Toutefois, la question de
:;avoir si ]'on est ou si ron n'est pas cn fíuel'l'e
lui a paru UBe subtilité, d (~(~ u'est pas de cela
qu'il s'est occupe; il s'en est ten u au {¡¡it; 01', OH
se hat; pon!' faire cessel' le eOl11bat, jI a dl'mancl¡"
les LlYantages suivans :


1°. D1Ie indernuité en hl(;;
2". Cne iudel11nité en chevaux ;
3". La cession du Paraguay et du Fel'nal11bouc


dans le Brésil.
eette deluande sur le Br{'sil dail un capl'iee


de la force; i} aurait falln du llloitls lui laisser sa
frallchise; mais une petite érurli tion de 1 lUreau
s'en est mé'lée: ce sont les Frau\,ais qlli ont b;Hi
le fort Saillt-Lollis dans le Fernambouc; e'est
un Frall\~ais, \inc(~ni, Pins01l, qlli a deco!lvel't
le ilcuve eles Amazolles; et de ('I~S vicllx souvcuil's
mal digérés, OH a vOlllu cl(~dujre des dl'ojts; cnlin,
c'est ¡¡ tltre de restitution qu'oll a rt~clamé ces
deux proviuces du Hrl-sil.


11 en est resulté ulle dis(~ussion oú le Iwau r(¡le
u'a pas dé pow' la (Iiplomatie cOllstiLutiolludle.
« YOIIS parlez d'Ull rort Saillt-Louis llans le Fer-


») nambouc, a rt-pliqué }p Portup;ais; mais il Il'y
)) a iamais eu Lle ¡(lrt Saillt-Lollis dans eette eOll-,


J


" tr(\e. Le lort Saínt - LOllis dOllt vous voulez
" p;\rit:>r est ~itllt'· dans r¡ll' ti,· \1a\'a~1I011. ()uallt




DE L'AN TROIS.
» 11 Vincent Pinson que vous rappelez, e' était un
,) F'ran<;ais, j'en conviens; mais il était au service
» cl'Espagne, et c'est au nom (les Courolllles de
) Castille et d(~ Léon cIu'il a pris possession de
» la rivi(\re <les Amazones. Cristophe Colomb était
» Génois; ü ce titre, Génes aurait dOllc, selon
» vous, des droits sur Saint-Domingue !


J) Au surp]us, disait tOlljours M. d'Aranjo, le
)) Portu~al u'a foul'l1i que six mille h0111me5 anX
» Espagnols, ('t quatre v<lisseanx anx Anglais. JI
» fl'a pas fait plus de mal ;1 la Frauce que la Tos-
» cane et Ja Pl'llsse; il ne doit pas étre traí.té plus
» défavoraLleruent que ces pnissances. J)


Le comité de Salut Public n'ayant tenu aucun
eom pte de ces comparaisons, 1\-1. d'Aranjo a cru
devoir recourír a une demarche décisive. Son se-
erdaire d'ambassac1e, M. Brito, est parti pOLlr
París; i] yest arrivé dans le courant de thel'll1idor.
Arlrnis en préseuce du Comité, iJ a éte salue par
cettebrusque ({I[estion: «M. d'Aranjoquivous en-
» voi e a-t-il des pouvoirs? » Ai nsi interpelle, le sc-
créla ire Brito u'a pu que repondre que son ministr~
n'en avai.t pas encore. « Si depuis dix 1110is qu'il
» uous Li l ouvertUl'e sur Ouycl'ture, a-t-on repl i-
») que, sa COl:r fI'a pas tl'ollve le temps de le mettn'
J) eu regle, llOUS en devolls conclul'e qu' on n' e~t
l) pas ('ncore hien clécidé chez vous 11 traiter; as-
,) sure:t,-volls-pn. " Et ]p scc!'(;taire Brito esl oblig(;




\1 A 1\ U S e R 1 T
de continuer sa route pour savoir ce que défi-
n itivernent son nli II istre et lui cloivent fairc.


On le voit; le temps n'est plus OU le gouVCl'-
uel11cnt de la Répllbliqlle consentait il sc désistcl'
de toute exigenee meme avec les plus iaihles,
pOllr pl'ésentel' 1:1 la nation fl'aw;ai:.e el il 1'Europe
uu nOllveau traité de paix. Le Portugal pil ie iei
le tort de s'etre 1aissé prévellir par l'Espagne;
depuis la paix de Bálc, OH ll'attaehe plus d'im-
portance a traiter directement avec lui. L'Espagne
désire etre médiatriee; e'est une satisfaetion qu'on
n'e5t pas üleht~ de lui donner. Le Portugal He
peut plus guere se présenter que derriere elle;
au pis-aner, se dit-on dans l'intérieur du Comité,
le Portugal ne saurait plus étre pour Hons ni
un ennemi bien dangerenx, ni un ami bien utile.


Passons aux puissances d' Ita lie.




CHAPITRE 'V.


>; \ l' LES.


A NAPLES, comme it Lisbonne, « 011 ne veut
), pas ~tl'e confoudu avec les ennemis de la France.
) On a été jeté, il est vrai, daos la coalition,
) mais par des circonstances impérieuses, et llU]-
» lenwnt par des motifs de haiue, de rivalité on
)) d'jlltPl'éts opposés. Le roi de Naples a toujours
) compté sur Ja générosité de la Hépublique, it
» l'égard des puissances Iaibles entralnées malgré
}) ell es ! .. , »


Voila ce que disait an pI'intemps dernier M. le
chevalier de Micheroux, dans les cOllférences
qll'il avait it Yenise, avec le citoyen Lallemand.
N ons avolls d(;jit parlé de celte llégociation , eL 011
ll'a peut-t~lre pas oublié que h~ prix mis it la paix
par le comité de Sallll PuLlic était , comll1e pour
la Toscane, llf/ vcrsemcllt de bLe. 11 y a en un
ll1()meut oú le chevalier Michcroux s'pst dit an-
loris(~ iI terJl1iner sur-Ic-champ, si ron COnSl~ll­
tail I1 ~(' d,;"isll'l' ,k ]'"rti,·ll· des bIes. :\lais ('('1




MAN USCRIT
article était trop impératif dans les instructíons
de Lallemand, pour qu'il pút ü¡íre autre chose
que de s' en référer á ses commettans. Ce délai
a suifi ponr douner ]e temps de tont rompre!


La politique du eahillet de Nap1es cst variable
comme les événemcns de ]a M('diterl'aw'e. Que
notre escadre sorte ou rentre it Tou]on, que les
amiraux anglais s'approchent 01'1 s'éloignent,
chaeun de ces mouvemens ~e réf1(~~chit dans la
(liplomatie napoJitaíne. Le vent qui soutne de
Viellne, ou celui qui vient de Madrid, produi-
sent aussi des effets alternatifs. II faut prohable-
ment attribuer 11. l'une de ces e:lUses ]e reviremenl
qui s'est operé a Venise. Toutefois, on 1'a JIli~
sur]e compte de ]a reine de Nap]es et d'une in-
discretiou échappÉ!' a la femm!' du cheva]iel' '\1i-
cheroux.


« Le cabinet napolítain est plac(~ sous IIlle dou-
n ble inHuence, a-t-on dit. Le roi voulait la paix ;
1) la reine, qui est Autl'ichienne, voulaitla guerreo
l) Pour conrluire la J1(~gociation de Venise a son
,) terme, il eut étéindispensabJe que]a reineu'en
') fut pas prevenue : e]Je 1'01 étl'. La fenune du che-
" valier Micheroux avait cru pouvoir mettre dan~
» la confidence ']e comte d'Entraigues, agenl Gil
)) roi Louis XVTTI iI Venise. Le comtp a commll-
" lIiqué l'avis au résirlent britanniqlll'. Cp)ni-ri
\) n'a ras manqué ¡['en inforllH'f' lord Hamiltoll.




l>~: CA N T ROlS.
» ambassatleur (rAllgletern~ a .Naples, et la reine,
» avel'tie par lady HamiltoH, s'cst aussitót mise a
» ]a traversc. )) Le ehevalier ~jicheroux, assurait-
OH, est tombé en (lisgrace pour cette amlire; quoi
qu'il en soit, ii n'a pas été rappc1é; seu1elllent
plusicurs mois se sont écoulés sansqu'il yait eu
un retour de sa part vers le citoyen Lal1emand.


Le comité de Salut Puhlie u'avait pas une foi
assez rolmste dans les paroles des diplomates,
pOUI' acconler Ulle grande importanee a ectte his-
toil'e de l'illtervelltion de la reine de Naples. Il
n'ignoI'ait pas d'ailleurs que la reine n'avait pas
besoin des indiserétioIls de madame de Miche-
roux pour tout savoir, eL que le premier ministre,
Acton, lui était d(~vollé. Soupyonuant quelque in-
trigue ;\ Venise, iJ aurait voulu déplacer la lle-
gociation. Aussi-hien, eutrait-il dans son i'ystt'~l11e
de tendrc it la fois plusieurs fils. A cet cHet, il
avalt autOl'isé le citoyen Cacaut 11 se remire 11 ~a­
pIes, si on l'invitait iI y venir. Cacaut était a Flo-
renec; IBais le diilieile était de se bire inviter :
voici le moyen qu'il essaya. Le eapitaine d'artil-
lerie Pommereuil se trouvait a1ol's retenu et SUl"-
veill('~ ¡¡ N aples 1. En lni ér.rivant, on était súr


I Le gouvcrnClllent llapulit<lin <nait fait clemallder it
cclui de Fl'ilncc un oflicier habile pOli!' ol'gani:ie!' son ar-




:'\1 A" [ S e R ] T
que ce ne serait JlI1S lui qui décacheterait le pre-
miel' la Jettrc. Cacaut lui écrivit done par la
poste, de maniere a mpttrp ]e ]eeteur interme-
diaire au eourant. L'avis a sans dOlite passé SOliS
les yeux de M. ActOll; maís i] n'a produit aucun
rrsultat.


C'est a Vellise qu'cst ]e parloir de prédilection
du cabinet napolitain, et M. de Micberoux
vient tout ü coup d'y recouvrer ]a parolp. 11 ne
craint plus d'encourir la disgracc de sa reine;
quoique malade ü Pacloue, il a envoyé dans les
premiers jours de fructidor (fin d'aoút) un mes-
sage au citoyen Lallemand, pour luí témoigner
un vif désir de le revoir, eL l'espémnce de le
retrOl{('er dan.\' les mémes dispositions. La paix
de l'Espagne cst évidcmment la cause de ce
brusque rappt"OclH~mellt. Dps avis (lu'on re<;,oit
presque en rnéme temps de YiellJw d de Lon-
dres achevent d' en don ner ]a certi tude. Le ma1'-
quis de Gallo, ambassadeur de N aples, a no-
» titié a ]a cour de Vienue « que son maltre est
)) déterminé a profiter du droit qu'il s' est ré-
» servé daus les traités, de quitter la coalition,


tiJleric. IH. dt' Pummereuil, choisi pour eette missioll,
s' était rClldu a N aples, au commcncement de J 7!)O. -
En 1814, il était, a Pat'is, ¡¡:énéral de divisioll, et dire,·-
tenl' ¡¡;élléral de la librairic.




DE L'A~ T ROIS.
)) qlland il le jllgera Ü propos; que ce llloment
)) est vellu , et qfle la rou/' de .l'{aples aime mieux
)) prevenir la mCihation de t'Espllglle que ([en
») profiter. ))


Cf'nvoyc dI' N aplcs 11 Lowll'PS y a falt une sem-
b1ab1e d(~claL'atioll.


Naplcs veut dOllc (;chapppI' ¿¡la mécliation d'Es-
pagne ! Qllelintc1'ét le comité de S¡llut public
au1'ait-il 1\ p1'éte1' les mains ü cette malice poJi-
tique? Nous <lvons Jéja pu rema1'yuer, a l' OCC¡¡-
sion du Portugal, qu'uD grand changel1lent est
survenu dans la manieI'c Jont Oll envisage main-
tenant a Paris la pacification des puissances se-
condaires. Naples nous st't'vírait ieí de nouvel
indice au Lesoin! ....... Toutefois 011 <1l1torisc
le citoyen Lallemand I1 tout écouter, mais a nf'
repondre qll'autant qu' Oll par/era net : cal', dit
le Comité, en Jaissant échapper un mouvemellt
de lassitude, nous aimons gu'on en vienne Qll-


fait.




MA:\ U SCR1'f


CHAPITRE V 1.


LA SARDAIGNE ET LES !l.VfRES l'lJlSSANCES n'ITALlL


h n'y a pas que le Portugal et Naples qui pré-
tendent n'étre pas serieusenwlIt en guerre avec
la Républiquc. Depuis que l'Espagne a fait sa
paix, l'infullt de Parme croit avoir fait la sienne.
Quallt au pape, nous 1'avons déjil vu aflecter la
meme pr{~lention.


Sur la fin de thel'miJor, une corvette et quatre
tartanes franyaiscs qui avaient pris port 1\ Civita-
Vecchia, y ont été hien acclleiIlies et prot¡'.gées.


La position particuliere oú se trouve le roi de
Sardaigne ne lui permet pas d'étre aussi hardi que
ses voisins. J] craint trop les yeux et les oreilJps
de l'empereur d'AHemagne. Tant que le Pipmont
restel'a occupé par les arrn('es autriehienues, la
cour de Turin n'osera se permettre que des ten-
tatives iTHlirectes et bien secretes. El1e para!'
meme avoir rcúoncé il la voie de 13ále, a insi qu'a
celle de Gellevc, cornme tro1' ('.vcntécs. C'cst
maintenant par ]1' Valais C[u'elle cherche il fai!'!'




DE J:"U~ TROIS. 2¡3
s:lvoir qu'el1c cst toujours dans les mÓlles dispo-
sitions pour trn itero Le citoyen Hctlingcl', rési-
d('ut ele la Répuhlique 11 Sion, a rec;u tout réccm-
mcnt 11 ce sujct des comrnunicatiolls qui lui ont
été apportées par une femrne dont le mari est
cmployé a Turin , pres du ministre; mais ce n'est
!Ji/S seu]ement la paix que le cahinet de Sal'daigne
se propose. Il croit que le moment est venu cl'ex-
ploiter l'ouverture des portes d'Italie, et tI'en tirer
bOll profit. C'est done un marché qll'il veut fáire,
seJon ses vieilles habitudes; il demande qu'on lui
rende Nice et la Savoie, et qu'on luí accorde en
outre une indcmnité de quelques millions.


Le comité de Sa]ut Public croit avoi .. répondll
d'avance a cettc proposition , cn faisant filer 1'ar-
mée des Pyrénées sur les Alpes.


En général, le changement survenu dans la
politiquc de 1'Espngne se f~lit depuis un mois res-
sentir dnns toutcs les eours de]a Péninsule Íta-
lique. M<li8 il HC f~ut pas s'y tromper; ce n'est
pas la puissance des liens ue famille qui agit ;
e"en est une autre qui a bien plus d'empire sm'
les gouvernemcns faibles; e' est la erainte ; dans
la paix de Rile, ils ont entrevu l'invasion de
J'Italie.


L'Autriehe est en ce moment occupée a parer
le coup.




',\7 '¡


CHAPLTPtE \'11.


LIt 'f 1\ I e Il t:


L.\ COlll' Ile Viennc a (k la peine il contenir
I'humenr que toutes ces dd'ectlOllS lui lont ('prou-
ver. Mais elle n'ose s'en prelllll'c Iju'mlx pelits.
Elle tourmente la SU1sse; elle la p;cne dans ses
approvisionnemens el se venp;e, pa r toules sorte~
de mauvaises représail1es, de l'accueil que les né-
gociateurs out reyu a Bále. Illl'est pas jusqu'au
salon de l\I. de San-Fermo qui n(' soit en blltte 11
ses ressentimens. Elle exige de V¡;nis(' le rappel
de ce ministre qu'el1e accuse de partia]ite pour la
caUse rcvolutionnaire; elle veut meltre le land-
grave de Hesse-Cassel au ban de 1'Empire pouI'


avoir fait une paix séparée avec ]a Hépuh]j'Fw;
elle déclare au roi de Naples «( que s'i1 se (l(~te]'­
» mine a négocier, comme ill'annonce, celte dé-


» marche sera considcree COInme lllf(~ hostilitó par
» les allil'", el qu'en cons{'qUf'llCP, on lp traitera


. l' 1 1)" " '
¡) en enllPllll. \) ja!l~; I(~ - H'lllOnl, el l' C0111pl'1ll1,'


le mOill!lre villap.;l' -.IlllS 1(' ]luid,'; dl' >!'o.; trolljw'




DE L L\ T ROt~.
'¡le Illssimlll(~ p;:s .~('s rll(~(iauccs, cornmaude sL'u!e dans le; C:II11pS d{'.~ n:outagnes el, (blls jps plaees d(~ la plaille, ('t 11(' 1'en1 pas ac \llC la COlll' un seul instaul. A Flore/lce, elle ex i¡:sp qll'on rc, ¡cnlle
sur le pa¡ti qll'OJl a pl'is; mai::; }p Gl'and-Duc, !l(;sj t;w t ¡J'a borel ('j¡ t1'P les ol'drl's de sa famiJle et les collseilc; du s:q:;c l\IaIlJi"cdini, S(~ décic1e I1 res-
ter /lcutre. 11 JW pcut cCpe1Hlallt sotlslraire Li-
vourue a lJ/lC influencf' ('uncm;c.


La rnollcssl' avec ];Hlucile nos opé/'ations rnili-
taires sout rl;l'ig(~rs d(~puis lJue1ques mOlS, et des intrigues, pratiquécs dans nos états - llwjors ,
ont perlllis a l' Autriche , qui en a la cOllÍidence, d'élcver aussi le ton; pJk vient d'ailleurs de res-
scrrer ses gruwles alJiances et croit pOl1voir braver desorlllais Ja fioagilit(: (l('s petites. l:Jnc sonven-
tion, COl1c)ne le 4 llIai ;¡ve(~ l'A/lg-letcrre, main-
tient le S)SU\lllC de la prolougatiol1 Ile la guerreo La Russie, qui a tcrmill~ ce qu'elle voulait [aireen Pologne, promet maiiltenaut Oc ne plus se tenir ~I l'écart. .L'Alltrjche se vojt dOlle en mesure (1'(-
chappel' aUlle paix (lout dIe JlC dit:terait pas les
cOlldiliollS; elle ne s'oceupe plus que des grands intérets (lue Sil po!itiljllC s'd!()rcc de sallver.


Apres s't}trc trop loug-temps flattér, ¡J'obtcni¡' la Lorraillc el l'Als;l(''', elle a fill! p:11' pe1'(1re le llrubant, et dlc le regarcle coml1lc ppnln sans rc-
tour. La nome!l!, inílucncf', ql1i s'e"t e:llparoéc




276 J"IA~ U seRIT
desétats de l'Empire, Be permet plus de penser1t
prendre des dédommap;emens sur la Bavierc. n ue
reste plus a ]a cour de Vienne qu'a reporter tou-
te~ ses vues uu coté ue )'lta\le, et e est a qUOl e\\e
est décidée. Entrainée daIl~ eette nouvdle direc-
tion, elle aspire a ne gardel' sur le Hhill qu'ulle
attitude défensive. L'irl1Illobil ¡té des armées rc-
publicaines luí donne de grandes facilités pour le
revirement qu'elle médite, et les renforts qu'el1e
fait lileI' tous les jours sur ses armees (l'ltalie, lui
amaient déj~\ assuré la supériorité dans lariviere
de Genes, si, au meme moment, par une com-
binaison oppo:"ée, les dcmi-bI'igadcs des a rmées
d'Espagne n'étaient vcnues a Nice, doubler la
force des ligncs fran\·aises.


Placee au centre de ces mouvemens, la répu-
bli(1I1e de GelleS est bien ü p1aindre ~ Elle voit, du
baut de ses muI'ailJes, cent mille 1x1~;OI111ettes
prétes ~l livrer, sur son territoire, les comhats
dU1lt l' ltalie dvit ctre le prix. La neutralité dans
l¡u¡uelle son gouverncmellt voudl'ait se mainte-
llir ne satisfait personne. EJle a de tristes p['es-
s(~ntirnens; elle soup<;onne la fin prochaine de son
e;..istcllce; elle tremble c!'étre sacri{tée al[ Pié-
munt. Le do¡.;e a envoyé 1l Bále le sieur Assel'eto,
secrétaire de la légation génoise 1\ Vienne. Il est
chal'gé de vei 1]P1' Ú el' que }('s in tel'pLs (le sa 1'(~Pll­
h1ique !1P soient pa::í compl'Ol1lis dallS les ,1lTau-




DE CAN TROIS.
geUlcns que prPIIdront les grandes puissances;
mais la mission d'Assereto n'est considérée h Pa-
ris que comme un moyen peu adroit employé
par la politique génoise pour dépister oú nOlls
en sommes avee le Piémont. Le Comité veut que
Genes renonce aux doubles ménagemcns dans
lesql.lels cHe concentre toute 13a po1itique. II de-
mande qu'ellc se déc1al'e pour la Franee ou pour
l'Autriche; i1 la menace de notre alliance ou de
la guerreo


Au m(~me moment, le généraJ autrichien De-
wins, qui est. h l'autre porte, s'exprime en ces
termes: « Pellple génois, vous ne devez qll'a la
)) honté de l' empereur de n' etre pas t.raité pn pays
» eonquis : montrez-vous done reconnaissant de
¡) ce que votl'e territoire est oecupé par des llf'-
) mees chréticnlles. »


S'il était possible de désarmer enliu celte puis-
sanee altiere qu i s' obstine a rcster le dernier
champion de la guerre cont.inentale , le comité de
Salut Public pourrait COlll'Onller ses travaux par
]e grand amvre de la pacification de rEurope,
qui est l'objct de toute son ambition. Il désirc ne
rien négliger du moins pour y panenir. Tout. ce
dont iI peut disposer en moyens de négociation
et de guerrc, va etre mis en action pour atteindre
1In si grand résultat. Ce sera son dernier etforL




.~H/U\ LSC!UT
Parlolls {l'ahord d{~s n{~gociatiollS; les opéra~


tior' militaires viendron t etlsui te.
Que]que iIl1pOsant que pui:3se {~tre au pl'emier


coup d'mil l'appareil de eette triple alliance, dans
laquelle les COUl'S de Vienne, de Londres et de
Saint-Pétersbourg se tiennent embrassr'.cs, ji ne
sera pellt-étl'e ras impossihle el' en dissoudl'c le
ureud, a raielt~ des intéréts eontraires (pi s'y
trollvent compl'imés.


L'Angletcrre ne voit pas salls ['ef-jl'f'l.s la ruiuc
de la Po]ogne. L' :\ulriehe est jll'1t1i(~tc du contre-
coup qui mell<lCC la TUl'qllic tI'Europe. Des pmis-
saires seerets de .i\l. Piu discut á 1'orcille ~t qui
vellt les entendre qu'il lIe ticrait pas si dilliciJe de
s'arranger qU'Oll se l'imagine. Un llommé JIi/es,
qu'on peut a la vél'1te regarder pIutót C0111me
tln e5plOll que comnw uu agcnt seCl'et, viellt
Lllcore une {(Jis (1'étre luis eH avallt a ee sujet,
el le citoyen Barthélcmy (~n él rendn compte,


De son coté, 1'Autriche, qui. est si hautaine á
Dále, ne l'est pas autant chus les detollI's que sa
pol ¡tique croit dcvoir premIre pOll [' [aire al'l'ivcr
ql1clques mots de conciliatioll par la yoic du Da-
nemarck et ele ]a Sueele. NOlls-mél1lcs, dans cet
échauge inelirect de boml('s paroles, nOllS ll'avolls
pas été les derniers ; l10tammeut a l'épogue de
la rcdtlition de Luxcl1Ibourg. 1 .. e lb prairial,
:; juin , quancllc ,ieux g-élléral Hender, s: céJebrr·




J' E L .\ 1\ T H () J S
par sa bulle) S'('st pt'~sellté pour sí¡.;uer la capi-
wlation, le repl'éscntant Medin de Thiollülle,
t'll mission pn\s dc l'al'm(~e du siegc~ ,Iui a
dOnl](~ un dlncr ppudant lequcl 011 lui a fail
(~ntcndrc qU'OH devrait bien S'al'l';llIger, qu'oll
le poul'rait, fúl-ce aux Jépcns de tluelque ti e !':,! !
Bt>nJpr, en saLlant le Vill de Champagne (Iu Re-
présentaut, avait pris feu il ectte propositiOl1 , et
s'étaÍt promis de la tranSl1wttre Ü SOll gouveme-
mento Mais le vicux géneral est morL quclql/(~
temps apl'cs: ces pourparlers n'ollt pas cn de
:;ui (es illnnédiates.


La rt'mise de la prineesse, fiHe de Louis XVI,
a It)Ul'lJ i l' oceasion de reveni l' sur ce su jet. Le
gcnéraJ en chef PichegI'U avait d'abord été eharge
de raire passcl' aux A ntr;chiens les prcmieres pro-
positiollS du comité de Salu t Publico De fréqucntes
allécti eL VCI1UCS s'c'u étaicnt suivies entre les deux
camps. Des eommunieations de ectte nature n'é-
taieut pas sans inconvt'l1iens; peut-étl'e le Comité
s'en esL-il apert;'u trop tal'el? Quoi qu'il en tóoit, la
négociatiou yiCllt J'[>tre retil't'e Jes maius <Iu
géneral puur étrc transporl!~e 11 llúle. Une COl11-
mission s'est étahlie dans cette ville; clle a pour
instructions (['arrcter un cartel d'échange entre
les prisonniers de guerre frall<,:ais et alltrichipllS;
c'cst le citoyen Hacher, prcmier secrétaire inter-
pl'Üf~ d(~ la léfptioJl d(' Harth¡'.lemy , qui ) sous l.,:,




:lHo :\1..el 1\ U S C.R 11'
yeux de l'ambassadeur, est a la tete de cette af-
faire. La condÍtion premiel'e du cartel doit etre
l'échancre de la princesse contre les I'cIJrcsentans o ,
ministres et ambassadeurs n\publicains que }'Au-
triche tient daus ses prisons. Les autres princes
de ]a familJe de Bourbon qui sont encore en
France, seront égaloment compris au traité 1.


Cepel1dant ces transactions sont liées trop in-
dircctemellt a l'omvrc de la paix pour suflire a
l'impatience du Comite. On se décide a entrer
dans ]e droiL chcmin, celui dc Vionne a París.


Boissy-d'AngJas, qui se trouve diriger en ce
moment la section des relations extérieurcs, s'est
souvenu d'un spéculateur avec leque] i1 a en des
relations dans le travail des suhsistances. Le ci-
toyen Poteratz, livré aujourd'hui au commerce
extérÍeur des bIes, a eté employé autrcfois sous
le ministere de Durnouriez, ü des missions sccre-
tes dans le Nord, et n'a pas cessé de cultiver scs
liaison s poli tiques cn Allemagne, 11 travers lcs


1 Voici en quels termes des lettres de I'al'mée de Condé
parlent de ce pl'ojet : " 11 est question de I'échange de
» lVladame > corltl'e ces coqllins de députés; ji est bien
" a désil'el' que eet éehange nc s'eflcetllc pas ... Je verrais
~ avee plaisil' JHadame sortir de Franee; mais je ne la
» verrais pas ayee plaisil' dans les mains alltl'ichiennes, '
( Carre5pondancc de Lernaitrc, )




DE L'AN TROlS.
voyages qu'i1'y fic¡isait pour ses aflaires particu-
lieres. I1 a souvent parlé a Boissy-rl'Angbs de
M. de Thugut, premier Illiulstre de l'Autriche;
il prétend le connaItre personnellement, et s'cst
mis en avant pour aller traiter secretemellt avee
lui. 1.1oissy-d'Anglas a détermine ses co]]egues a
ellvoyer Poteratz aupres dc 1\1. de Thugut.


Cependant, avec un ennemi COllune J'Autri-
che, Ja victoire est le mei1leur moyen pour faire
murir promptemcnt un traité, On ne s'est done
pas oceupé, avec moins d'ardeur, de toutes les
dispositiolls qui doivent rendre décisive ]a fin de
cette cam pagne déja tr¡'~s - avaneée. On veut du
moins faire tombcl' Mayence et menacel' d'une
double invasion l'Allcmagne et l'ltalie. Le recit
trop long-tcmps intel'l'ompu dc nos opératiollS
miJitail'es va se continuel'.




\1\ ,\ r ~C [{ I T


CHAPITRE VIII.


j) J S P o S 1 Tl o N S ;\1 r LI TA J R 1, S l' () 1! H L,\ F 1 '1 JI L L \
CAMPAG'I E.


IL Y a SlX 111ois, lorsque Carnot est so1'ti llu
Comité (le 15 ventose), tont dait disposé pOli!'
que nos armees de Sambrc-ct-Meuse et de Hhin-
et-Moselle effectllassent le passagc du Hhin. Apres
Carnot, :\Ie1'lin de Donai aVilit fait signer, vers
la fin de floréal, un arrété qlli ordonnait expres-
sement le passage. Les représcntans entt~és un
moi" plus tard au Com ité (13oissy (l'Anglas, Lou-
vet, Lesage d'Ellre-ct-Loir(~ el: .lean Dchry), éton-
nés de ce que ríen n'avanc;ait, avaient demant!¡;
CjU' OH prit un secollll a ITét(\ ponr presspr l' execu-
tion da premier. Malg1'é ces orrlres r(~itér{>s, on
n'al1ait ras plus vite , et ]e mois sllivant, il Il'y
avait ellcore aUCUll batean de prét. De clélais en
dé]ai", rété s'¡;tait ¡;cou!ó sans l'ésuhaLs. Le repl'é-
SClltatl Anbry, qlli dirigeait le eabinet topogra-
phi que , avait ainsi al1l1ll1é, par une opposition
sOllrde, tOI1S les projels de la majorité. Cepen-
dant son tour d.e sortie ('st al'J'iV!~ le J:í tlw!




DE L'AN TR.OIS,
midor. Doulcct de Pontécoulant, qui l'a remo
placé, n'est pas de la faction des ancienner
limites; il tUsire au contraire que 1'Allemagne
soit forcée de IlOUS céder la ligne LIu Rhin, el
tuut son zéle s' est mis a reparer le temps pcrdu l.


Sur ces entreLtites, il n' était brui t que des
projets de l\I. le prince de Condé , qui, déterminé
par des illtdligences jusqll'alors inconnues, et
soutenu par le genéral Wurm:ocr, Alsacien de
naissance, devait passer hardirnent par la Su.isse
pour eutrer en Frallche-Comté, pónet1"er en Bour-
gogne et marchel" SUI· Paris. Au prernier avis, ]e
comité de Sall1t Public avait eu la pensée de pré-
venir la violation de la neutralité helvétique par
une violation plus prompte. L'invasion suLite du
13risgaw et dd Frickthal par le pont de Rh1nfeldt
avait été COIlVCllue. Pichegru devait fral1c!lÍr avec
rapidité le tel'l'itoire intermédiaire du canton de
núlc) et l'on se promcttait d'apaiser la diete
helvétique, en lui o(li'anlle Fl'ickthal, possessiou
autrichiellne (lui est it sa convenance. Les clis-
positiolls avaient été prisps dans le plus graml


1 Aubl'Y se l'cpent.lit d'ayoil' voté la mOl't du roi, fjuoi-
que avec restl'iction , el il était entré dans le pl'ojet de ré-
tablü·ja maisoll de BOlll'bon, quelque périlleuse que dút
eU'e pour lui l'entrepl'ise. (lH. Salgues, lIisloire de [fa·
poléon ~ tome 1, pase 136. )




MANUSCRIT
sccret; mais a peine les ordres du Gomité avaient-
ils pu parvenir au quartier-général de Pichegru,
quel'ennel;lli en avaiteonnaissaneeil'état de Bale
était averti ; des seeours étaient réclamés des ean-
tons voisins; la Suisse eutrait en alarmes, et
notre ambassadeur Barthélemy écrivait lettre
sur lettre a Paris pour qu'on lui permlt de la
rassurer.


Le projet etant éventé ,il a faBu l'abandonner
et reprendre celui de Carnot. Graec a l'activité
de Dou1cet-Pontéeoulant, le temps avait éette
fois été bien employé, et les bateaux du Rhin
étaient prets; le mois de fructidor (aout) ne
faísait que de commeneer; on avait encore l'au-
tomne tont entier devant soí .... L'ordre de pas-
ser le Rhin a done eté cncore une foís donné,
mais d'une fa90n te]]ement impérative ql1'il de-
venait diffieile de ne pas s'y conformer. On neo
tarde pas a apprendre qu'il est enfin exéeuté.


Le 20 fruetidor (6 septembre) Jourdan , dont
la probité se distingue tOl1jours par l'obéissance,
ne se voyant plus retenu, a franehi le Rhin eu-
tre Duisbourg et Dusseldorf_ Le représentant
Gillet est aupres de lui 1 _ En meme temp~, Pi-
ehegru, sans plus d'hesitation, a effeetué son pas-


~ Ce repl'ésentant est mOI-t quelque temps apres, au
camp de Sambre-et-Nleuse, des suites de ses fatigues.




DE L'AN TROIS.
sage 11 Oppenheim, non loin de Manheim. Les
représentans Merlin de Thionville et Rivaud sont
de ce cote, et par leur ordre le halJoIl aérosta-
tique s'éleve des lignes de Mayence, p]ane dans
les airs, et cherche 11 découvrir quel effet nos deux
grandes diversions produisent dans ]a place et
(lans ses environs.


La campagne d'Al1emagne est donc ouverle.
Quoique ReubeU et d'autres Représentans, qui
ont des relations suivies avec l' Alsace, commen-
cent 11 avoir des inquiétudes sur Pichegru, on ne
doute pas généra]ement que les progres de nos
armes ne soient rapides, et Letourneur de la
Manche, du haut de la tribune, montl'e 11 ses
collegues, dans le passage du Rhin, un now'eau
passage que nos armées se sont fazt pour attein-
dre la victoire et la paix !


Du coté de I'Italie, on n'a pas moins d'espé-
rances; mais le moment présent est encore diffi.-
óle. n était t~mps que les troupes des Pyrénées
arrivússent. Kellermann , depuis deux mois, avait
perdu l'oflfmsive. Dewins l'avait successivement
poussé sur Savone, sur Vado, sur Fina]e. A lexan-
drc Berthier, qui est le chef d'état-major de Kel-
lermann, ccrit qu'on a été 11 la veille de se repller
sur le Val'.


Le Comité a pris ]a résolution de changer
comp)étement tout le systcmc de guene sllivi




MANUSCRIT
jusqu'a présent sur cette frontiere. Kellermaml
ira remplacer le gimeral MouJin á Chambery,
et restera charge de la defensive sur les Hau-
tes-Alpes. L'armée qui se rcorganise dans le
pays de Nice, se reportera sur les montagnes; on
la confie au général Scherer, qui vient de terminer
la guerre aux Pyrénées-Orientales. L'irnportance
des opérations que Scherer doit entrepl'éndre est
viveruent sentie, et pour l'aider pflr des instruc-
tions, le Comité veut ¡¡'entourer lni-meme de
toutes les ]umieres de l'expérience; il appeHe au-
pres dc lui les Representans qui out relupIi des
missions a eette armée. Tous s'aecordent a indi-
quer un jeune général de brigade, en ce moment
a Paris, « cornme l'homme qui connait le mieux
» les localites, et qui úst fait les idées les plus
» lIettes sur ectte guerreo »


« Il a comrnence, disent-iJs, a se distinguer
» au siége de Toulon, oú jl n'était encore que
» capitaine d'artillerie; c'est a lui qu'on doit l'idée
» des batteries dont l'heureux emplacement a
» tout fait evacuer en vingt-quatre heures! De-
l> puis, iI a organisé avcc le n1(~me sucd~s les hat-
» teries de la cote du Var, et plus récemment,
l> il a commandé l'artilleric dans les montagnes
» sur lesc!uelles il s'agit de sc replacer aujourd'hui.
» 11 faut l'appe]er ponr le consulter. On doit
)l le eonnaltre dans les hnreaux de]a section de




DE CAi\! TROIS,
l) la guerre, ou il est depuis deux rnOlS Pll re-
l) c]amatioll. »


On l'y connait en efiet. Aubry1'a rayé de l'é-
tat de J'artillerie. Non ~ seu]ement le lIénéral,


</


trap jeunc, a en le tort, aux yenx de son juge,
d'avoir été protégé les années précedentes par
des hornrnes tels que Gasparin, Salicetti, Ri-
cord, Hobespierre jeunc, Carteaux, Dumer-
bion , etc. , mais son rapide avancement se trouve
entaché d'une grande irrégularité : chef de ba-
tail10n , iJ a été promu général de brigade sans
avoir passé par le grade illtermédiaire de chef de
brigade ( colonel. ) Vainement il est accouru a
París; il Y est arrivé vers la fin de prairial, et
depuis ce temps iI réclame. Tout ce qu'Aubry
consentait a faire pour luí, c'était de le repla-
cer a son rang, mais drms l'ti?/tmterie,. encore
exigeait-il qu'il allat servir dans la Vendée 1.
Le genéral s'est refusé 11 eette transaction, et,
rougissant d'etre méconnu a ce point, il a formé


1 Aubry, proscrit au 31 mai, é lait un de ces Iteprésen-
tans qui, eUl'ent!'ant dans la Conycntion, pl'OmÍl'ent d'ou-
blier le mal que lem avait fait la terreur, et qui prouye-
rent ensuite qu'ils n'en avaient pas penJu le souvenir.
Agent de la réaction dans les comités du gouvernement,
il s'était chargé d'épurcl' l'al'mée des hommes ignoran s et
exagél'és que la ten'em y avait intl'oduits. Ji destituait
des géllér'aux républicains; ji nOllllJlait ¡, ¡eu .. place des




MANUSCRIT
le projet de por ter son talent d'artilleur a Con-
stantillop]e.


Gependant Aubry n'est plus au Comité. Doulcet
de Pontécoulant et Letourneur de la Manche,
qui reyoivent ces explications , 80nt des hommes
bienveillans; a leurs yeux, les jeunes services
íJeillissent 'promptement sur le champ de ba-
taille. D'ailleurs, dans une mission récente sur ]a
fiotte de Ja Méditerranée, Letourneur 1 a entendu
parler du commandant de l'artillerie de l'armée
du Var; le retrouvant a Paris, il est disposé a
l'écouter avec intéret; il le fait done venir. A
peine admis dans Je cabinet topographique, le
jeune général, saisissant déja la p]ume du gou-
vernement, eomme si elle lui était familiere ,
minute d'un seul jet, 10. un plan de ca m-
pagne ; 2°. l'instruction a donner au général
en chef qui va etre chargé de l'exécution ;
3°. la lettre a écrire aux représentans du peup]e
en mission aupres du général en chef; 4°. les
ordres accessoires pour les généraux d'artillerie,


adhérens du royalisme , et lui-rncme, qui ne comptait au-
ct:.n service de guerre, s'élevaít du grade de capitaine
d'artillerie, a eelui de génél·al de dlvision et d'ínspectem'
de son arme. ( Voyez Thibaudeau, tome 1, page 95. )


1 Entré au Comité, par le renouveliement du 15 ther~
midor (2 aout).




DE L'AN TBOlS,
et ponr l' ordonuateur en chef; 5°, les divcrs arré-
tés nécessaires ponr coordonner les parties d€
eette grande opération .... Le Comité signe tont.


A son premier essor, l'homme de génie s'est
révélé. On ne pent plus le méeonnaitre et sans
donte le lecteur a déja dit comme, le poete
j( J eune homme , tu seras N APOLÉON ! 1 )


FfN DE LA QlnTRIt;ME FARTlll,


1 S ler, Etat des services du général de brigade
Bonaparte, ti l'époque de l'an IIT


Né le t5 aout, 1¡'Üg
Entré a I'École lVIilitaire de Bricnne, en, 1779
Passé a celle de Paris, en. . 1783
Licutenant au ler. régiment d'artillel'ie de La Fere,


le 1"', septembre. , . . . . . . . , . 1';85
Capitaille dans le régiment d'artillerie de Grenoble,


nO,4, le,o février, . lí92
Chef de bataillon devant Tottlon, Íe 19octobre, . Ií93 ( entré .tans Toulon, le 19 décembre 5uivant. )
Général de brigade d'artilleric, le (j pluvióse an II


( :6 janvier J. 1794
§ 11. « Si ce I1e fut pas le chef de batailIon Bona-
~ parte qui prit réellement Toulon, il cut au moins la
.) plus grande influence sur la conquete de cctte place.
'" Ccpendant il ne fut pas I1H~me I10mmé dans la ¡cttre


19




:¡go MANUSCRJT


II des Représentans qui annonc;aient la prise de Toulon a
II la Convention nationale. II (Thibaudeau, ríe de Na-
poléon, tome 1, page 75. )


§ lB. " Apl'es le siége de Toulon, Napoléon fut
" nommé commandant de I'al'tillerie de l'armée d'Italie.


II Cette armée était commandée par le vieux et brave gé-


» néral Dumel'bion, Napoléon donna le plan qui 6t tom-


» her Saorgio, le col de Tende, Oueille et les sourees du


" Tanara, au pouvoit' de l'at'mée franl{aise, en octohre de
)) la m~me année 1794-. On attribua a ses conseils les mou-
)) vemens de l'armée sur la Dormida, le slleees du eombat
" de Dego, et la prise de Savone, en février 1795 ; il
)) devait commander l'al'tillel'Íe de l'expédition maritime
)) réllnie a Toulon eontre la COl'se ... Par sllite du com-
)) hat de Noli, ou le 9a ira fut pl'is, l'expédition fut
" contl·emandée. n (Mémoires de Sainte-Héléne, éCl'its
par le général Montbolon, tome JI, page 211. )


§ IV. Donaparte, en 1793, s'était donné avec fran-
chise a la cause répnblicaine. Sa jeunesse et le séjour des
camps l'avaient rendu étrangn' a toutes les suhdivisions
des partís. La prise de Toulon lui avait valll des protec-


teurs dans les hommes de cette époque qui avaient été


en position de l' apprécier, tels que Carteaux, Dumer-


hion, Dug0mmier, Gasparin, Ricord, Rohespierre jeune
et Salieetti. Il n'en fallait pas tant pour le compl'Omet-


tre , quand la réaetion thermidorienne se mit a reviser ,
non pas les services, mais les opini.ons des principaux offi-
ciers des armées.


~ V ({ 11 fut mis en arrestation quelques instans a
" Nice. )) l. l\'I. de Las-Cases, tome 1, page 215. )


S Vl. Dan'as et Fréron. qlli l'avairnt connu a TOlllon




DE L'A~ TROIS,


et a l'armée, ne se souvÍnrent de lui qu'aPl'eS leur scission
avec la réaetion royaliste,


§ VII, "Napoléon, ayant été exclu du tableau des of-
,) ficiers généraux d'artillerie, dut quitte1' l'armée d'Ita-
" lie, .. En route, pOUl' venÍ!' l'éclamer a París, il apprit
» a Ch.3.tillon-sur-Seine, ehez le pere du capitaine 1\'la1'-
" mont, la joumée de prail'ial, ce qui le décida a y res-
» ter quelques jours pOll!' attendl'e que la tranquillité
» fUt rétablie dans la eapitale. Arrivé 3. Paris, il se pré-
l) senta chez Aubry, membre du comité de Salut Public,
» qui avait fait le travail des ¡.;énéraux j il lui observa
l) qu'il avait commandé l'artillerie du siége de Toulon et
l) ceHe de l'armée d'ltalíe depuis deux ans; qu'i1 avait
» armé les cotes de la Méditerranée, et qu'illui était pé-
» nihle de quitter un corps OU il servait depuis son en-
l) fance ... Peu de jours apres, Napoléon rec;:ut l'ordre de
» se rendre a l' armée de la Vendée , pOUl' y commander
» une brigade d'infanterie. En répunse, il donna sa dé-
l) mission ... l) (lffémoires de Sainte-EIélime, écrits par le
» général1\'Iontholon> tome III, page 88. )


§ VIII, ({ Les réclamations de Napoléon aupres d'Au-
• bry furent une véritable scene. N apoléon insistait avec
Jl force; A1'Ibry s'obstinait avec aigreur. Celui-ci disait de
» N apoléon qu'il était trop jcune , et qu'il fallait laisser
» passer les anciens. N apoléon répondait qu'on rJieillissait
" sur le champ de bataille, el qu'il en arrirJait. Aubl'Y
» n'avait jamais vu le feu. Les paroles furent tres-vives, II
( 1\'1. de J~as-Cases , tome 1, page 219, )


§ IX. Aubry, apl'cs avoir été proscrit au r 3 vendé-
llliail'e et au 18 fructidol', est mort a Démérary, n avait
pOUl' principal secrétaire a la section de la guelTe du co-


Ig.




292 MANUSCRIT DE VAN TROIS.


mité de Salut Public M. Gau , que N apoléon, auxjoul'S de
la puissance, admit sans l'ancune dans le conseil d'état.
S'il oubliait les mauvais services , il se souvenait des bons.
Pour ne ras sortir des premie res années, nous citerons
Carteaux, qui a joui, jusqu'a sa mort, d'une pension de
trois mille francs sur la c,assette de l'empereur, et Ri-
cord, a qui N apoléon a rendu, en 18 [3, un service
d'ami sur sa bourse particuliere ... On connal! les beUes
lignes du testament de Sainte-Hélene, en faveur des en-
fans de Gasparin et de Dugommier.


§ X. Un hasard, que nous ne savons comment ex-
plique¡' , a mis aujour en r8'22 le broltillon de cepremier
travail du général Bonaparte sur la guerre d'Italie.
M, Dzialinsky, amatem' polonais, en est devenu ac-
quérellr, et le conserve sous une dehe eouverture de
velours brodé d'or. Les brouillons des diverses notes
que le général a rédigées vers la meme époque, relati-
vement a son projet d'aller en Turquie, font aussi pal'tie
de ce précieux portefeuille; et le troisieme fragment,
qui n'est pas le moins curieux de cette eolleetion, est
un roman intitulé, Clisson el Eltgénie, dont N apo-
léon parait s'etre amusé a traeel' le canevas, Tout est
de la main de N apoléon, a l' exeeptioll de quelques 01'-
dres militaires qu'il a dictés a Junot, mais qui sont su\'-
eha¡'gés de corrections, Nous avolls la eertitude que ces
fragmens n'ont jamais fait partie des papiers du premier
consul, ni de ceux de l' empereul', Resté'; probablement
an fond de quelque aneienne malle, ils s'y étaient éga¡'és .. ,
Lenl' authenticite n en est pas moins évidente.




~lANlTSCH T T


DEL'AN TI\OIS.


CINQUIEME PARTIE.


CO:lfMENCEMENT DE L'AN IV, ET FIN DV RÉGIME
CONVENTIONNEL






i\'l ANUSC R 1 T


DE L'A.N TROIS.


ClNQlllE ME PA RTlE.


CHAPITRE l.


PROGRES DE LA RÉACTION ROYALlSTE.


h faut laisser de cóté les affail'es extérieures:
cette longue série de négociations, de traités et
de combinaisons militaires, a jeté sans doute une
lueur brillante sur la derniere époque du comité
de Salut Public; mais ce ne sont plus maintenant
que des éclairs qui jaiIlissent d'nne atmosphere
orageuse, et la Convention, surprise dans les
brouillards, a peine elIe-meme a s'y reconnaitre.
La question importante n' est plus celle du dehors;
la vie politique a quitté les extrémités pour re-
fIuer au ccpur : tout nous rappelle a Paris. Jamais




MANlJSCRIT
enfantement ne fut plus laborieux que celui par
leque! la Convention s'etTorce de produire le gou-
vernement qu'elle veut laisse; apres elle; ]a Ré-
publique n'a pas encore été si pres de sa perte;
la contre-révolution , depuis l'invasion de la Cham-
pagne, n' a pas encore été si pres du succes.


Avant d'entrer dans le récit de eette crise, nous
devons faire un appel a l'impartialité du lectellr.
Deux grandes opinions poli tiques sont ici aux
prises. Chacuue a sa langue, ses louanges, ses
reproches. Ce qu'on Llame dans un systerrie peut
etre toléré dans l'aútre, et réciproquement ce
qu'lin partí approuve, conseille, ordonne, peut
etre repoussé, combattu, condamné par le parti
opposé. Enfin , ne perdons pas de vue que, dans
les débats politiques, tout ce qui n'est pas du
ressort de la délieatesse et de 1'honneur joue
san s cesse eOlllme la ]umicre, a travers un
prisme, qui se colore des nuances les plus va-
riées.


L' opinion quÍ a triomphé en prairial, échauffée
par le succes, a promptement trahi les secrets
desscíns de la faction qui la pousse.


Apres avoir déporté les restes de rancien comité
de Salut Public en germinal, avoir proscrit eeux
qui essayaie~t de revenir sur cette eondamnation
en prainal, on a eontmué de c1éeimer l'assemblée,
et l\m est revenu sur la conduite de tous les




DE L'AK TROIS. ~97
Conventionne]s quí ont siégé, en 1793, dans les
comités du gouvernement, ou rempE des mis-
sions. Une nouvelle liste d'arrestation .a retran-
che ainsi quarante autres membres, au nombre
desque]s se trouve le célebre peintre David. On
n'a plus ménagé personne. Andre Dumont, qui
jusqu'alors avait marché dam les premiers rangs
de la réaction, s'est vu dans la nécessité de se dé-
fendre. « Si j'ai faít beaucoup de bruit clan s mes
» missions, c'était pour faire moins de mal, »
a-t-i] dit, et pour excuser ses phrases revolution-
naires, iIlui a fallu faire le compte de ses morts.
Tallien lui-meme ne s'est pas trouvé a l'abri
sous le bouc1ier de thermidor. Les souvenirs de
septembre ont été réveillés a l' occasion du député
Sergent. .... ; enfin, ce n' était plus assez de pro-
serire, de déporter, de mettre en arrestation ;
dans le triomphe des partis, les esprits rai.bles
ne sont pas les derniers a croire qu'il est néces-
saire d' Hre cruels; on a envoyé chercher au fond
de la Bretagne les Conventionnels sur lesqucls
on avait mis la main dans la nuit du 2 prairial.
Cctte prison lointaine 11'a fait que les conserver
pour la vengeance, et des qu'ils ont (;té ramenés
a París, vingt jours apres l' événement, OH les a
livres de sang-froid 11 une commission militaire.
I1s out vou]u préveni!' le eoup du büurreau, et se




298 MANUSCRI T
sont passé un morceau de fer qui leur a servi a
se poignarder run apres l'autre.


Les eonventionnels Rhull et Maure, se voyant
poursuivis pour leur mission de 1793, a l' oeeasion
da scrutin épuratoire dont noas venons de parler,
avaient aussi préféré se tuer plutot que de se ren-
dl'e prisonniers.


L'esprit de vengeanee contre les hommes (lu
gouvernement révolutionnaire s'est ainsi animé
par ses reuvres. Une jeunesse arden te , dont les
sentimens ont été exahés, a eru etre juste en s'a-
bandonnant aux représailles 1.


Dans le Midi, les actions n'ont que trop ré-
pondu aux paroles. Les Vengeurs se sont réunis
en eompagnies sous le nom de Jésus et du Soleil :
trente eités, dix départemens, ont vu se renouv~ler
les scenes de la Saint-Barthélemy; le Rhóne a


1 n n'étaít pas douteux que le royalisme ne cherchat a
profiter des conjonctures pour fail'e le proees a la Répu-
blique. Tous les hommes de la révolution étaient flétris
comme terroristes par les hommes de la contre-révolution.
Les royalistes se faisaient oratem's des sections, et leurs'
troupes légeres se composaient de bandes de jeunes gens,
se disant de hon ton, qui se distinguaient par des eade-
nettes poudrées, des eravates vertes, et des collets noirs
a lems hahits. (Thihau deau , page 143.)




DE VAN TROIS.
roulé des cadavres comme la Loire' en roulait du
temps de Carrier ;


Et du fleuve fran~ais les eaux ensanglantées
N e portaient que des morts aux mers épouvantées.


( Henriade, ch. 11.)
Les cspérances les plus audaeieuses se relevaient
de toutes parts: e' était a qui jetterait plus promp-
tement le masque. 011 eut dit, a lire les écrits
des partis, a entendre les gens quí se eroyaient
dans ]a confidenee, que e' en était fait du gouver-
ment républieain, et que la Convention n'avait
plus qu'a proclamer la royauté 1.


Les domaines nati.onaux avaient eessé de se
vendre.


Les assignats étaient tombés dans le plus grand
diserédit.


Les approvisionnemens dont le maximum s'é-
taÍt saisi avaient été eonsommés; le pain meme
du soldat n'était plus assuré.


Les armées, minées par une effrayante dé ser-
tion a I'intérieur, ne reeevaient plus rien par le
recrutement 2 , tandis que tous les nerfs de l' état
se trouvaient eomme paralysés á la foís, et que
la dissolution intéríeure semblait repousser tous
les remedes.


1 TI'ouvé, Moniteur du 18 prairial.
2 N apoléon a Sainte-Hélelll'.




300 MANUSCR1T
Laissons Boissy-d'Anglas achever lui-meme ce


tableau :
« Ce qui fait la prin~ipale force des agens de


j) la contre-révolution, c'est qu'ils sont soutenus
j) par des gens honnetes, d'un caractere faible,
» qu'on peut bien appeler royalistes si ron con-
» sidere leurs opinions particulieres, mais qu'on
» peut encore appeler républicains si ron consi-
» dere leur respect pour le gouvernement étab1i.
» Ceux-lil n'aiment pas la République, parce que
» cette idée se lie dans leur esprit avec celle des
» troubles et des factions. L'ombre des Décem-
» virs les poursuit; le flambeau dévastateur de
» 1'anarchie les effraye; et, trompés par le sang
» qui a rougi le bonnet de la liberté, ils regar-
» dent le régime opposé COlllme la seule base
» possible de la tranquiJ1ité qu'ils desÍrent. L'or.
» ganisatton d'un bon gouvernement ramenera
» ces citoyens trompés 1. »


1 La perte de la République se tramait publiquement.
La révolution était vieille ; elle avait froissé bien des inté-
rets. U oe main de fer avait pesé sur les individus. Bien
des crimes avaient été commis ; ils furent tous relevés avec
acharnement, pou.!" exciter tous les jours davantage I'a-
nimadversion publique contre ceux qui avaient gouvemé,
administré, 011 participé d'une manier~ quelconque aux
sucd:s de la révolution. Tous les partis étaient fati¡;;ués dI'
la Comention : laComention I'était d'elle-meme, Elle




DE CAN TROIS. 301
Cette conclusion l'évele l'unique espoir qui reste


aux amis de l'ordre : encore, faut-il le dire, ils
sont divisés sur la maniere dont ils entendent ex-
ploiter oette planche de sa1ut.


A ceHe époque plusieurs Conventionnels, et
meme plusieurs membres des comités du gouver-
nement, s'étaient engagés dans de secretes intelli-
gences avec le parti roya}jste. Sans doute les
évéllemens subséquens prouveront que s'ils ont
abandonné le systeme republicain, ils n'ellten-
dent pas du moins sacrifier les libertés nationales,
et qu'au contrailY~ ils esperent trouver dans une
prompte transaction des garanties qu' on risque-
rait de perdre par une résistance trop prolongée.
Toutefois, de semb1ables traités, par cela meme
qu'ils obtiennent grace dans le parti qu'ils secon-
dent, n'en trouvent aucune dans celui qu'ils tra-
hissent: aussi les transactions aout nons parlons
sont-elles encore enveloppées des plus épais mys-
teres.


Les moyens que ce tiers parti préfere pour arri-


vit enfin que le salut de la patrie, le sien pl'Opre, exi-
geaient que, sans délai , elle remplit sa mission ; elle dé-
cI'éta la (~onstitution de l'an lB, qui eonfiait le gom'er-
nement a Cillq personnes, SOIlS le noro de Directoire, et
la législature a deux conseils, un des Cinq-Cents, et l'autre
des Anciens. (l\Jontholon, tome nI, page 102. )




302 MANUSCR1T
ver a son but, sont ceux que les voies legales peu-
vent fournir dans la nouvelle constitution qu'on va
mettre en aetivité. « Ne parlons pas, se dit-on, de
)) rétablir un roi. La masse quí doit nous aider n'y
» pense pas encore; mais attaquons la CO!lven-
Jl tion et la Révolution; avec ce mot d'ordre nOllS
lJ ne manquerons pas d'auxiliaires. Ce qui presse
JI le plus, c'est de dissoudre Ja Convention et de
» nous débarrasser des hommes qui ne veulent en-
Jl tendre a rieo de ce qui n'est pas ]a Republique.
Jl Ce premier pas fait , les éleetions [eront le reste.
lJ L' opinion s' est nlOntée a un tei degré d' aversion
» contre les hommes révolutionnaires, qu'elle pro-
Jl met tout ce qu' on voudra en fa"eur des hommes
)1 quí ne le sont paso 11 sera [aciJe, a l'aide des ex-
,1 clusions de parti, de resse1'rer le cercle des éli-
» gibles de te]]e fac;on, que les choix ne placent
JI que des ami s Ol! des dupes dans ootre systcme
Jl transitoire. Jl


Ce que le tiers parti redoute le plus, e'est 1'io-
terventioo du glaive. On oe veut admettre aueune
de ces combinaisons qui [out courir pour secoude
chance a leur auteur le meurtre ou l'échafaud.
On se flatte d'éviter les combata et les désordres
de]a guerre civile. Émigres, Chouans et Vendéens,
sont des secours dont on croit pouvoil' se passer.
On désirc surtout échapper a la protection des a1'-
lllées étrangeres, el, sous ce rapport, l'achevement




DE j,'AN TROlS. 303
des traités qui restent a conclure pour désarmer
l'Europe, entre parfaitement dans Je systerne du
parti qui ne désire rien tant que d'échapper a l'in-
fluence des gens de guerreo Le licenciement des ar-
mées débarrasserait de la seule opposition qu'on
ait a craindre. Enfin on est persuadé qu'on n'a
besoill ponr reussir que de la (Joie ci(Jite, et que
des qu'on aura une fois mis ]a rnain sur la ma-
chine aux décrets, OH sera maitre de tout. Tel
est le reve des hommes de loi. Derrihe eux sonL
des hornrnes d'exécution qui sourient de cette
confiance, rnais qui l'encouragent et s'en applau-
dissent, paree qu'el1e leur fournit d'excellens
préliminaires ....


Encore un pas et le gouvernement des Comités
va se trouver enlevé aux répuhlicains ; cal' tous se
sont plus ou moins compromis dans Jes temps
de la terreur. Poussés a ce point, ceux qui ont
fondé la Répuhlique sont forces d'ouvrir les
yeux.


Ces meurtres, ces suicides, cette violence de
ressentimeut qui ne fait plus exception de per-
sonne, ce délire des sacrificateurs, cette énergie
des victimes, ce hourdonnement de ton tes les
ambitions nouvelles, (1nissent par produire une
sensation profonde sur Jes Thermidoricns , qui se
sont crus a la tete de r opinion et gui se voient dé-
passés par e)]e. Jls n 'ont plus a se méprendre sur




30á MAl\USCRIT
le coup d'état dont ils sont le point de mire.
« Avant trois mois, dit Tallien, la contre-revo-
» lution sera faite constitutionnellemcnt. »


« Il faut savoir, dit Thibaudeau, si, lorsque
» nous signons des traités glorieux avec l'Europe,
» au llom de la RépuLlique fraDl;aise, on espere
)) rétablir la royauté dans son sein, et nous faire
» trembler par des moyens impuissans. On croit
» nous obliger a renverser la République de nos
» propres mains. Renverser la République! que la
» foudre nous écrase avant qu'aucun moyen, quel
» qu'il soit, puisse nous en donner la pen:->ée! ))


Les agens de la contre-révolution ont eux-
memes indiqué ce que les républicains ont 11 faire.
lls ont placé leur espoir dans l'éloignement des
Conventionnels; des lors les amis de la Républi-
que doivent mettre lous leurs effOl'ts 11 maintenir
les Conventionnels au pou¡Joir, assez long-temps
du moins pour atteindre des temps plus calmes.
• On se rallie 11 cette idée. Les Thermidoriens ont
déja quitté le parti qu'ils n' espéraient plus con-
tenir; les répuLlicains se comptent; ils sont en-
CDre nombreux; ils auront la majorité a l'aide
d'une portion de l'asselnblée restée jusqu'alors
incertaine mais que les violences de la réaction
royaliste ont 'épouvantée .... « V otre premier mou-
» vement, diseut ces hommes sages aux énergu-
)1 menes qu'ils abandonnent, a été pour la jus-




DE L'AN TROIS. 305
), tiee; mais votre seeond est pour la haine. )
Fatigués de s'entendre demander les tetes de
leurs eollegues, ils n'en aeeordent plus qu'une,
encore n'est-ee que eeHe de Joseph LeLon!


Ainsi, la Convention a fait ce retour sur e)]e-
meme; elle n'admettra plus pour regle de sa-
lut puLlie que la eonservation au pouvoir des
llOrnmes qui offrent au gouvernement établi les
garanties les plus solides, et e'est dans son propre
sein qu' elle est décidée a les prendre.


Cette résolution peut avoir l'ineonvénient de
paraitre dictéc par l'intéret personnel p]utót que
par l'intéret de I'État; aussi ce eóté délieat est-il
habilement saisi par les adversaires. Ce qu'il y a
iei de personnel et d' ex clusif est bientot resscnti
par un peuple ene ore plus susceptible sur les eon-
venanees qu'il n'est jaloux de ses libertés. « lIs
» veulent done se perpétuer ? se met-on a crier de
» toutes parts. N ous ne serons done jamais débar-
») rassés de ces hommes qui nous ont déja eouté
») tant de sang par la guerre et les suppliees, eL
)) tant de milJiards par les assign~ts et le maxi-
J) mum? S'ils pretendent maintenir la Républi-
» que, e'est done pour nous imposer leur ignoble
» aristoeratie? J)


Quoi qu'jl en sOÍt, les déerets du 5 fruetidor
ont tranché la question. Les Conventionnels eom-
poseront les deux tiers de la nouvelle Jégislature.


7.0




306 MANUSCRIT
Cette disposition inlprévue a jeté la réaction
hors de toute mesure.


La Conven6on donneelle-nleme le signa] de
l' explosion , en appe1aD't, da'ns detelles circon-
stances, le peuple 11 délihérer. La république se
trouve tout 11 coup remise en question dans les
assemblées primaires des sections cl dans les col-
léges électoraux qui s'ensuivent. Torites les idées
politiques tourbillonnent; mais, áU scin oe 'cette
incohérence turnultueuse, les fermens secrets
travaillent, el bient6t l'opposition excitéecontre
les Conventionne]s va se trouver rattachée 11 des
fils dont les extrémités sont par deH\ nos fron-
tieres.


Le dé sastre de Quiberon n'apas décoliragé
M. Pitt : Pas une gozitte de san§'dnglais n'a
coulé, dit-il tranquillemeilt dans le parlcinent.-
Oui, luiréplique l\J. Shéridan, maÍ5 l'lwnneur
angIais a coulé par tous les pores .L'hbnneur ,
en politique, se réhabilite par le sucd~s, et
M. Pittest pret arecommencer. JI va répandre le
Pactole parmi la ligue, ecrit-on dans les corres-
pondances secretes. n n'abandonnepas pour cela
la voie plus franche des armemens mari times.


Les préparatifs auxque1s on se livre de nouveau
dans les ports de l' Angletcrreattesterit que l' entre-
prise qui a été un momen t compromise 11 Qtiiberon
présentecncore des chances attrayantes, 11 5'a-




DE L'Al\i TROIS.
git toujours d'un débarquement sur nos cotes de
rOuest.La partie paraitfortementliée avecles chefs
des arméesroyales de l'interieur. Deux divisions de
troupes anglaises, ceHe dugénéral Doy]e et ceBe
(Iu général Moyra, sont désignées pour l'expédi-
tion,et M. le comte d'Artois est déJh abord d'un
des vaisseaux. Ce prince est accompagné de M. le
comte de Sérent, de M. de]a Chape]}e et de M. le
comte de Maillé. On nomme parmi ses aides-de-
camp MM. de Durfort, de Sablacourt, Charles
de Damas et de Pllységur. Les autres officiers de
J'état-major du prince sont l\f. de Rosü~re, quar-
tier-maltre géneral , M. de Chabenf, major géné-
ral de la cavalerie ,M. de Raigecourt, commissaire
genéral et M. de Rhol1, adjudant genéral.


'M. le duc d'AngouJeme reste pour s'ernharquer
avec lord MoyI'a.


Enfin, le cabinet de Londres, en l11eme temps
qu'íl menace la Bretagne et le Poitou, porte ses re-
gards surlafrontiere opposée, et, pour la tlixieme
'fois, l'armée de Con dé , dont jI fait la solde, est
prévenue de se tenir préte a passer ]e Rhin.


L'attentede ce dernier effort tient l'Enrope en
suspens; mals les armes qui sont le moins en vue
sont peut-etrc ceHes qui menacent des coups les
plusdangereux.


20.




308 MANUSCRIT


CHAPITRE n.


FRAGMENS DE LA CORRESPONDANCE DE VÉRONE,
ET DE QUELQUES LETTRES DES BORDS DU RHIN.


LA mort du jeune roi Louis X Vil vient de
faire passer sa couronne sur la tete du prince qui
était déja investí de ses pouvoirs. Il n'y a plus
de régence, et le regne de Louis XVIII a com-
menee.


Cette circonstance a da rendre un nouvel essor
a toutes les entreprises qui ont pour objet le reta-
blissement de l'autorité royale en Franee. De
V érone, ou le roi reside, les correspondanees
les plus actives se sont établies avec Londres,
avec l' armée de Condé, avec la Vendée, avec
Paris meme; mais du point de vue OU 110US
sommes placés pres de la Convention, eomment
apercevoir ce qui se passe SUJ' le revers au-deli:t de
l'horizon? C'est une lacune qu'il ne nous appar-
tient pas de<remplir. Peut-etre quelques fragmens
publiés apreso coup pourront-ils y suppléer, et
jeter un jour vrai sur la partie qui reste obseure




DE L'AN T ROIS. 3°9
dans les événemens de eette epoque; je suspends
done mon réeit pour les intercaler a cette place
que la date leur assigne.


§ 1. FRAGMENS
DE LA. CORRESPONDANeE DE VÉRONE.


(N°. l.) Premieres paroles de Louis XVIII
a son avénement.


Les impenétrables déerets de la Provídence, en
nous appeJant au trone, oot établi une eonfor-
mité fra ppante entre les commencemens de notre
regne et ceux de Henri IV, eomme s'ils eussent
\1oulu nous avel'tir de prendre ce grand roí pour
modele. Nous imiterons sa noble franchise ...... .
Les abas s'introduisent dans les empíres qui
atteignent le plus haut degré de gloire et de pro-
spérité ..... Quelques-uns s' étaient glissés dans le
gouvernement franc;ais; ils pesaient non-seule-
ment sur le peuple, mais s.ur tousles ordres de
rÉtat. Le feu roi, notre frere et notre souverain,
les avait reconnus et s'occupait tout entier a les
reformer. Dans ses derniers momens, il a chargé
!ion successeur d'exéellter les plalls que sa sagesse




3[0 l\IANU seRl'!'
avait con9us poul' le honheur de ce peuple qui 1'a
laisse pel'ir sU!' l'echafaud. En descendant de ce
tr6ne, d'ou 1'0nt precipite l'impiété ct le crirne ,
pour montel' 11 eelui que le ciel reservait a sa vertu,
il nous a indiqué notre devoir dans cet immortel
testa1nent, source inepuisable d'admiration et de
l'egrets ......... Ce que Louis XVI n'a pu faire,
nous le ferons; mais si ron peut concevoÍr des
p}ans de reforme au nlÍlieu de la eonfusion, on ne
peut les exécuter que dans le sein de la paix ......
Les implacables t)'1'ans qui vous tiennent sous le
joug retardent cet heureux rnoment ....... Ils nous
representent a vos yeux comme un homme
altére de vengeance, qui n'aspíl'e qu'au plaísil'
barbare de vous óter la vie, le seul bien qu'ils ne
vous aient point enlevé; mais connaissez le e(Eur
de votre souvcrain, et laissez-lui le soin de vous
préserver des machinaLÍons de vos cnnelllis. Non-
seulement il ne'transformera point des erreurs en
crimes, mais il sera toujours pret a pardonner
aUx crimes qui n'ont leur source que dans 1'er-
renr. Tous les Fran<;ais qui ne sont devenus cou-
pables que paree qu'ils se sont trompes} loin de
trouver en nous un juge inflexible, n'y trouve-
ront qu'ull pere pIein d'indulgence........ Les
triomphes (ie l'armee prouvent que jalnais le
courage ne s'eteindra dans le emur des Franyais;
maí:> eette armée ne sanrait· reslel' plus IOIlg-




DE L'AN TROIS. 311
temps l' ennemie de son roi: elle a conservé son
antique bravoure; elle reprendra sa premiere
vertu; cHe entendra la vojx de l'honneur et du
devoir, et suivra leur8 conseils. Non, nous n' en
saurions douter, bientót le cri de Vive le Roí gUC-
céd~ra a des clameurs séditieuses; et nos fideles
soldats viendl'ont autou1' du tróne cOlnhattre en-
core pour sa défense, et lire duns nos regards
paternels, l'oubli du passé ......


(N° 2.) Le Roí,
Aa gérieral Charette.


( Envoi de la déclal'ation ci-dessus. )


Vérone, le 8juillet lí95 .
........ Il est possible que votre treve subsiste


encore lorsque cette déc1aration vous parviendra.
Alors iI serait peut-etre imprudent que vous la pu-
bliassiez vous-n1eme; mais faites-Ia circuler .......


(N° 3.) Le comte d'Avaray,
Au général Charette.


V érone, le I I aout 1/95 .


........ Depuis long-temps, enflammé d'une
ambition de gloire dont iI ne peut pardonner
qu'a vous de lui avoir donné l'exemple, le Roí se




312 MANUSCRIT
voit prive du moyen le plus noble, le plus sur
et le plus favorable a ses intérets, d'aller vous re-
joindre !. ... L'Empereur ne parait pas disposé 11
reeonnaitre eneore l'autorité légitime. Le deseen-
dant de Louis XIV et de Philippe IV a fait sa
paix. Il ne nous reste done que les Anglais ! Atté-
nuez le mauvais effet que peut produire en France
la eonfiance apparente accordee aux Anglais ...... .
Si vous appl'enez que le Roi soit a l'al'mee de
Condé, que cela ne vous étonne pas; car, sans
laisser soup90nner son pl'ojet 11. qui que ce soit,
il quitte sa station pour allel' passel' quelques
jours 11. son al'mée du Rhin. Il est essentiel que
l'Anglelel'l'e n'en soit pas prévenue; cal' voyant
le Roi avee M. le pl'ince de Condé, non-seule-
ment elle ne se pl'esserait pas de répondre a sa
demande, mais elle pourrait meme le laisser sur
le Rhin dans la dépendanee de l'Empereur !. .....
Que eette lettre reste secrete entre nous : Je ne
l'ai communiquée qu'il Sa Majesté.


(N° 4.) Le Roi Louis XVIII,
Au général Charette.


Vérone, le3 septembre I~95.


Vous jugez sans peine, Monsieur, de la dou-
]eur avee laquelle j'ai appris la funeste affaire de




DE L'AN TROIS. 313
Quiberon, el ses affreuses suites. Mon cceur est
déchire, mais mon courage n'est pas abbattu; il
existait en vous avant cette cruelle journee, iI Y
reside encore. Faire pleurer de braves et fideIes
'l',\l)('.t'i'> l. l('.'i'> ~'d"\:('.\.\~, \('.~ ~\\1~ 'PYt>che~ panms aban-
donner ma cause! Charette et sa vaÍeureuse ar-
mee me restent L .... Je charge mon ami de vous
écrire plus au long, comme je vous ai prevenu
que j'en userais.


Le Comte d'A(!aray,
Au général Charette.


Vérone ,le 4 septembre líg5·


Le roi me donne rordre, mon géneral, d'ajou-
ter quelques mots a sa lettre. Je dois commencer
par surmonter mon trouLle et mon ivresse de me
voir en tiers entre le roi et vous ....... Cet affreux
désastre de Quiberon, resultat nécessaire de l'im-
peritie du chef, ne nous permet pas d' espérer
une reponse favorable de Londres a la demande
que je vous ai aIÍnoncee ........ Nous ferons tout
au monde pour que l'AngIeterre ne soit pas im:\-
venue de l'intention OU est le roi d'aller passer
quelques jours a son armée du Rhin ...... .




314 MANU seRl T


(N°, 5. ) Le roí Louis XVIII,
Au général Ch,arette.


V érone, le 18 septembre 1?95 .


...... La malheureuse affaire de Quiheron, ce
contre-temps, n'est pour rnoi qu'une preuve de
plus que la providence veut que je ne doive rna
couronne qu'a mes braves sujets ...... Je travaille
aussi a pl'olonger la guel'l'e extérieure que je re-
garde comme un mal nécessaire pour empecher
les rehenes de réunir trop de forees eontre vous.
Ceux que vous jugerez dignes de la el'oix de Saint-
Louis, je les nommerai tout d'un temps; cette
forme est moins réguliere que eelle d'envoyel' des
hrevets a chacun, rnais la difficulté des commu-
nications l'exige ..... .


( N°. 6.) Le roí Louis XVIII,
Au duc d' Harcourt,


( Chargé de ses affaires politiques a Londres. )


Vérone, le 28 septembre 1?95.


J'ai re<}u ,nlOn cher Duc , votre réponse a ma
lettre du 25 aout. J'ai voulu prendre quelques
jours de réflexíon avant d'y répondre. Je ne puis
qu'etre tl'eS-reconnaissant de l'intéret que prend




DE VAN TROIS.
le gouvernement anglais a ma conservation. Ma
situation est semblable a eeHe de Henri IV, sauf
qu'il avait heaucoup d'avantages que je n'ai pas.
Suis-je, comme lui, dans mon royaume ? Suis-je
a la tete d'une armee docile a ma voíx? Ai~je
toujours porté les armes depuis l'Age de seize ans?
Ai-je gagne la bataille de Courtras ? Non: je me
trouve daus un caín de l'Italie. Une grande partie
de ceux qui combattent pom' moi, ne m'ont ja-
mais vu ! Je n'ai fait qu'une campagne, clans 1a-
quelJe OIl a á peine tire un coup. de canon! Mon
inactivite m'expose 11 desjugemens défavorables
de la part de ceux qui me~ sont restés fideles,
jugemens que je ne puís pas appe1er temeraires,
parce que ceux qui les portent ne sont pas in-
struits de ]a verite. Puis-je conqlléril' ainsi mon
royaume? Et, supposé que mes fideles sujets
olltiennent un tel secours que je n'aie qu'a me
pl'ésenter pour recevoir ma COUl'onne , pourrai-je,
par-la, aequerir la considération personnelle qui
me serait si necessaire?


On vous dira que sí les progres de .MONSIEUIt
me promettent une entiere seeurité , on me eon-
duira daus mes états; mais cela signifie unique-
ment que ron me fera venir, lorsque les grands
dangers scront passés. Dieu m' est témoin, el vous
le savez, mon cher Duc , vous qui cOl1naissez le
fond de mon camr , que j' entenJrais ave e la plus




316 MANUSC RIT
vive satisfaetíon repeter le eri des Israelites:
{( Sa üI a tué mille hommes et Da vid dix mil1e. ))
Mais ma joie eomme frere ne fait rien a ma gloire
eomme roí; et, je le répete , si je n'aequiers pas
une gloire personnelle, si mon trone n'est pas
entoure de considération, mon regne sera peut-
etre tranquille par l'effet de la lassitude génerale,
mais il ne sera pas long, et il sera peut-étre plus
malheureux que celui de Henri JII.


Le passage du Rhin, la saison qui avance, tout
se reunit pour me persuader qu'au moins pour
eette annee le eorps du prince de Condé n'agira
point. D'ailleurs, M. de Thugut a dit depuis peu,
sans y etre provoqué, que je ne jouerais pas
aupres de ee corps un role convenable, et je sens
en effet que j'y serais pour le moins aussi déplaeé
qu'a Verone!


Que me reste-t-il done? la Vendée. Qui peut
m'y conduire? le roí d.' Angleterre. Persistez de
nouveall sur cet article. Dites aux ministres, en
mon nom, que je leur demande mOn trone!
Tout autre parti, quel qu'il soit, est dangereux
pour ma gloire , dangereux pour le bonheur pré-
sent et futur de mon royaume , dangereux meme
pour la tranquillité de l'Europe, incompatible
avec l'état présent de la France.


Faites sentir tont ceci au cabinet de St.-James;
ajoutez une réílexion moios importante puis-




DE L'AN TROIS.
qu'elle ne regarde que moi. Dites que j'éprou-
verais une bien douce satisfaction de devoir mon
treme, ma gloire , le salut de mon royaume a un
souverain aussi vertueux que le roi d'Angleterre,
et a des ministres aussi éc1airés que les siens.


Portez-vous bien, mon cher Duc, et eomptez
sur mon amitié.


Signé, LOUIS.


(N°. 7') Note.
( eette note, attribuée a 1\'1. le comte d'Entraigue, ré-


pond a des communications qui avaient pour objet une
amnistie, du moins partielle. )


Le !O octobre 1795.


Je ne erois pas que le Roi puisse , par un
acte public, e' est-a-dire par une nouvelle décIa-
ration, pardonnel' aux juges qui ont voté la mort
du roi; mais le Roí regarde comme une chose tres-
différente de cette déclaration, le pardon accordé
a eeux qui, ayant commis ce crime, rendraient
de si grands services, que ce serait a ]eurs forces
et a leurs actions que le Roi devrait le rétablisse-
ment de la monarchie. En ce cas, on aurait bien
des moyens dont on pourrait convenir pour as-
surer l'existellce de ceux qui auraient rendu un
pareil service, et je ne erois pas que personne




MANDSCRIT
désapprouve ]e Roi en cela; ce ne serait pas
1110i, au moins. Mais vous sen tez que pour pa-
reille chose 11 fautdes faits meme pour la justi-
fication du Roi, et des faits te1s que ]a grandeur
<Iu servÍce fUt 11 la feJÍs lemabile et l'excuse du
Roi ..... Mais ,en me me temps que le Roi désirc
que vous écoutiez et mainteniez les propositions
sur les demandes qui peuvent vous etre faites,
Sa l\fajesté croit qu'il ne doit pas echapper a
votre sagacité que ces nouvelles négociations
peuvent fort bien avoir pOUI' objet d'allunguir
par-la meme les efforts que va faire MONSIEGR
et saMajesté Britanniqu~, et sous ces rapports,
les vues cachees n'auraient aueun sucees; cal' le
Roi n'a reco11unandé rien tant a MmSlEuIl que
d'aller en avant , de seconder ]e zele de ses sujets,
'et de n'entendre aucune des m\gociations. La
coudnite de Tallien a Quiberon , a prouvé quellc
foi on peut leuraccorder. Ainsi refret de toute
négociation ne sera jamais d'arreter ou ralcl1tit
un seulmoment ce qui se 'passe en Vendée ; 'le
Roi le leur enjoint expressément, impérieuse-
ment, absolument.




DE L'AN TROIS.


§ lI. NÉGOCIATIONS SECRETES
AVEC LE GÉNÉRAL PICHEGRTJ.


Des inteHigences ont éte pratiquées entre les
royalistes et le général Pichegru. On en fait re-
monter l' origine au 3 juin 1795 ( 15 prairial an3).
11 Y a meme des écrivains quí prétendent qu'elles
datent de plus loin: pcut-etre du séjour de Pi-
chegru a Paris, au milieu des troubles de gel'-
minal, peut-etre meme du temps qu~il comman-
dait en Hollande l. ... Quoi qu'il en puisse etre, la:
Pl'emiere lcttre directede M.lepríncede Condé,
a été apportée a Tichegru le 19 aout ( 2 fructidor),
par le sienr Fauche Borel, libi'airede NeufchateL


On promettait 11 Pichegru le baton de maré-
chal de Frunce, le gouverneIllent de I'Alsace, le
cordon rouge, le chateau de Chambord avee son
pare, un hótel a Paris, la terre d' A rbois , . son
pays natal, érigée en duché sous le nom de
Pichegru, un million. en argent eomptant,
200,000 franes de rente reversible par moitié a
sa femme et par quart 11 ses enfans.


On offrait ponr l'armee la eonfirmation de tons
les offieiers dans leur grade;


Et poude peuple, amnistie entiere et sans
reserve.


On n'offrait pOUl' le géneral Moreau, que le




3:10 MANUSCRIT
grade de lieutenant général des armees du Roí,
et la décoratÍon de commandeur grand' croix de
l' ordre de Saint-Louis. Pichegru demandait pour
Moreau le baton de maréchal de France.


M. le prince de Condé voulait que Pichegru
lui livrát Huningue , vint au-devant de lui tic
l' autre cóté du Rhin , et arborat, avant tout, le
drapeau blanco Pichegru desirait éviter ces préli-
minaires qu'il jugeait inutiles et hasardeux au
point de tout compromettre. Il demandait que
le prince vint tout simplement se joindre a lui
pour marcher sur París ...•. Mais la confiance que
le prince mettait dans les promesses de ses agens
de Paris et de Lyon, lui faisait accorder peu
d'importance a la défection de Pichegru.


§ III. FRAGMENS
D'UNE CORRESPONDANCE SECRETE DES BORDS Du


RUIN AVEC PARIS.


( Sans date. )


........ Le partí dominant de la Convention
veut rétablÍr la royauté : e'est sur. Celui qui m'a
porté la lettl'e était envoyé par les chefs poul' voi!'
s'il y aurait moyen de traitel' avec le pl'ince pour
se procurer des suretés. Je l'ai vu. Il m'a tout
communiqué; il a vu ]e representant des princes




DE VAN T ROIS.
ici; iI etait porLem d'écríts qui ne laissent pas de
doutes ........ Y aUl'ait-il un moyen d'avojl' un
passe-port du comité de Salut Public? .... Mon
llOmme, qui te remettra ma lettre du 12 maí,
m'a promis en partant de rapporter, dans huit
jours, mes passe-ports .....


Huningue, 19 aout 1'/95 (2 fructidor an III ).


W urmser arrive! On craint que les Lyonnais
ét les mOlltagnes n'éclatent avant le temps. On
fait tout ce qu'on peut pour les retcnir ... :L'Em-
pereur entl'era-t-il en conquérant? ce systeme
nous parait impolitique. Il peut faire manquer
l"entreprise et donner de la fOIrCe a la Convention
contre les assemblées prímaires ...... N ous devons
entrer sous un mois probablement par le Poren-
trui; alors la grande armée passera le Rhin, et
nous, nous agirons par la Franehe - Comté ,
pourvu, toutefois, que ces messieurs (les Autri-
chiens) ne nous laissent pas tOllt seuls, en nous
disant : Vous y voila, tirez-vous en! Vienlle et
Londres ne s'entendent pas tropo L'Empereur n'a
pas voulu qu'on répandit de son coté ]a déclara-
tion du Roí. La Vendée! la Vendée! e' est la notre
salut! ou pIutót c' est París; c'est la chute des deux
tiers eonventioDnels qui doit tout terminer! si Pa-
ris vou]ait aIler t Nous n'avons d'espoir que dans


21




MANUSCHIT
les troubles intcrieurs! dans Charette, et dans
l'horreur qU'OIl a de ]a Convention [ Au surplus,
les armees sont en présenee, et les sections scront
aidées de la eoalition ....... .


Bale, le ro septembre ( 30 fl'uclidor ).


. ........ Si les sections sentaient ce qu'el1es
pcuvent devenir: le point d'union de ]a France
entiere ! ..... a vos sectÍons, 1t Charette a reparer
tous nos maux! Il faut un eoup d'eclat. Cela tient
a un btouhaha de Paris ! Je ne eonseillc pas au
Roí ]a place de maire pcrpétuel de Paris. Verone
est nne bonne positÍon pour rejoindre Charette.
Rien n'empcche d'y arriver, au lien que d'un
autre coté l'Ernpereur peut barrer le chemin.
J'aime Lien mieux voir le Hoi dans la main des
Patriotes, quc dans eeHe des pllj~sance,'i qui n'ol1t
ni foi ni 10i!


1#




DE J,'AN TROJS.


CHAPITRE IIl.


U;f15 SECTTONS DE PARIS


CE quj se passe derriere la toilc vient d'etre
entrevu. Reportoos maintenaot nos regards sur
la scene ou les evenemeos vont s'achever.


Le recensement des votes a ete proclamé. Le
peuple accepte la nouvelle constitution, et la loi
des deux tíers,. maÍs ce qui n'est qu'uoe formule
republicaine est pris au serieux. Des hommes
d'état out la bonhomie de croire que pour ren-
verser une grande repubhque, ii peut suffire de
queJques scrutins; les voil1l. qui fouillent dans
l' urne du moilHJr.e village, et qui, sans au tre
preuve que lem defiance, contestent l'exactitude
du depouillement,


Depuis la fio de fructidor, on ne voit que des
oratenrs sectionnai"es qui se succedent it la barre
de la Convention. Cf~s memes sections qui~ trcis
mois auparavant, ne parlaient que de leul' dé-
vouemcnt a la representation nationalc, ne ]lli
apportcot plus que des remontrances et des re.


:J,[,




3~4 NIANUSCRIT
proehes. Par un coneert habilement menage
entre les assemblées des quartiers les plus riches
de la eapitale, les memes propositions sont faite s
et adoptees partout, el au meme moment j une
eonfedération de sauvegarde, de seeours et de
garantie s'est établie entre toutes; on prend des
mesures pour faire entrer dans eette alliance les
assemblees de la viHe qui hésitent encore, et
ecHes des departemens voisins. Le langage et
toutes les habitudes de la n~volution 80nt mena-
gés. On éebaufie les esprits avee ces memes mots
de souveraineté du peuple, de dangers de la
patrie, de résistance ti l' oppression que les
republieains ont rendus {imüliers, et qu'on se
plait a retourner eontre eux. (( Le peuple a res-
saisi ses droits, dit-on bien fort; i1 n'y a plus d'au-
torilé légale devant le peuple réuni en assemblées
primaires; tous les pouvoirs sont alors suspendus,
et la Convention; qui refuse d' abaisser ses fais-
ceaux devant nous, usurpe la tyrannie ! » Ce lan-
gage est un moyen de guene, il a le plus grand
sucd~s; les classes Íntermédiaires, quí sont eleve-
nues les hautes classes, se persuadent qu'une levee
de bouc1iers est nécessaire pour voter avec plus
d'indépendance. Cette jeunesse fl'an<;aise qu'on est
toujours sur d'animer un seul mot d'oppression,
a déja pris feu. Les plus honnetes gens croient
avoir encore la terreu1' a combattre. Dans les




DE L'AN TROIS.
salons des propriétaires, dans les études des gens
d'affaires, uans les comptoirs, et jusque clans les
magasins du commerce, ce n'est qu'un cri contre
la Convention ! elle est meme condamnée par
que]ques républicains respectables quí la jugent
d'apres les 10is d'un ordre théorique ~ quand elle
est aux prises avec le chaos d'ou ene s'efforce de


. P , , d sortIr. ourtant, ce nest encore qu une guerre e
plume et de paroles; la presse en gemit, et les
quarante-huit tribunes des sections en reten-
tissent 1.


De son eóté la Convention essaye de répondre;
mais elle renferme dans son se in une opposition
qui la gene, l'intimide, l'embarrasse, et meme
l'affaiblit 2. Elle veut écIairer, se defendre, se


1 Sans doute, tout le monde soupirait arres un onh'e
de ehoses réguliel', apres le retoUl' de la justice et. de
rordre, mais ron se tromperait étrangement en pensant
que l'esprit public se prononltait a 1'époque du 13 ven-
démiaire, en faveur du rétablissement de lamaison de
Bourbon. On aurait une bien fal1sse idée, et du temps
et des ehoses, 'si ron pensait que le ::nouvement contre-
révolutionnaire des seetions, avait pour objet la restau-
ration" de l'autorité royale. (Histoire de l'abbé de lV10nt-
gaillard, tome IV, page 381. )


2 Les sectiollS avaient '1ue1ques partisans parmi les Rec
présentans. C'étaient le petit nombre des adhérens dll
royalisme, ou des répuhlicaíns modérés 'luí étaient avel'·




MANUSCRIT
disculper. Elle oppose des argumens a des argu-
mens, des principes il des principes; elle lait
ecrire ses plus habiles publicistes'; mais Daunou,
Lenoir-Laroche et Trouve, sont a peine ecoutés.
Je passe par-dessus cette controvet'se qui est bien
pale daos de pareilles extremites. Ce qu'il y a de
posititif, c'est que la Convention a le desirde cal-
mer ses ardens adversaircs; elle semble leurdire :
(l Prencz Un _peu de patience ! si vous etes las de
)) nous, nous sommes nous-memes tout disposés a
» HOUS en aBcr.UlJ premier tiers va se retírer; les
» deux alllres tÍers wivront. Dans peu, nous serOIIS
)) tous remplacés. POUl'qlloidoncprovoquer une se-
» cousse publique quí peut tout compromettre?
)) Ne précipitons ríen, et laissons s'operer graduel-
» lemcntet dans l'ordre prescrit, ce grand renou-
» vellernent que nous désiroIls tous 1. »


g lés par la flatterie ou les élogcs des scctions. ( Thibau-
deau, page 112. )


1 La Comentioll nationale s'était décimée; elle était
usée; tous les partis en étaient las, elle était fatiguée de
son puuvoil'. (Thibaudeau, Vie de iYapoléoll, tome J,
page 110. )


Dans tout autre temps, on n'aurait pas soufrert les dis-
cours insolens des sections; mais la foudl'e révolution-
naire s'était presquc éteinte dam les mains de la ConycrJ'
tion , elle ne \'OllJait pas la raHumcl' au moment 011 elle
allait luí substituc¡' un l'égime cOllstitutionncl. (LI..'
lIle~lIIe, page 112,)




DE LL\ T nOl~.
C'e:;t <lllbl que les avocaL:; dcs dcux partís


,,'épuisent en vaines disclIssions, en pctites chi-
canes et en transactions iHusoil'es! Le point eSS211-
ticl pom lequel on est allllloment de se tllel') reste
seul svus-entendu.


Ce qlli importe uniquement UlI. parti qui est
del'l'iere les sections, c'est de se rendee maitre du
raye de Pal'Ís. Alors iI placera au plus vite des
royalistes au gouvernail de la RépuLliquc, et
quand le vaísseau am'a ehange d'équipage, on
u'ama plus (Ill'iI le pOllsser a pleines voiles snr
l"ccuc.il de la contre-l'évolulion ..... Voill.t tout le
secrcl! Cependant on ne veut pas se demasquer
trop tót, et ron s'est bien garJ~ de Iuettl'e d'aLord
en évidente des personnages q ui nlarqucraient
déj~l panles scrviees, ou par un rang dans la cause
11 laqucIlc il suflit aujourd'hui de surprendrc le
POUVOil'. On s'est done contenté de donner l'essor
;1 des citadins qui se sentent du mérite, et qui
s'il'l,itent de n'etre encore rien 101'Srluc tant de gens
sont quelquc chose. París regorge de ces hommes
de Lonne yolonté. Ceux qu¡ ont répondu Ü l'appel,
sonl ponr la plupart des gens de loi, des gens <.!P
lettres, des ríens d'afIail'cs; ils sont mainLenanl
établiti dans les bureaux des sections; iIs pro-
cedent aux rect'nsemens; iIs président aux SCl'U-
tins, s'agitent dans Jps députations, courent d'nne
section a une autre, minutt'ut des projels de dé.




lHANUSCRIT
crets, revent une organisation nouvelle dont ils
auront les premÍeres pIaces, faLriquent des pro-
clamations, rédigent des correspondances ét
portent eux-memcs leurs ]ettrcs, sous le titre de
commissaires, I1s sont partout, memc a la barre
de la Convention, et dans les corridors des co-
mités 1,'


1 Voici les pl'incipaux noms qu'on tl'OUVC au bas des
délibél'atiom des sections :


Quartier du Palais-Ro.yal.
Sectiolls : LcpeIletier. . .. , Delalot.


Mai!. . . . . . .. J3udant.


Quarlier Saini-HOlloré el Jauúourg du Roule,
Scction : Place Vendómc. . . Saint-Didier.


Quartier Poissonniere el CAaussée-d'Antin.
Sections : Mont-Blanc. . Cadet-Gassicoul't.


P oissonniere. . .
Bonne-N ouvelle.


Salverte.
, Vaublanc .
. Cheret.


Quarlier de l'Odéon el du fallbollrg Saint-Germain.
Sections : Fontaine de Gl'enelle. Qn atremere de Qui ncy.


Thé~tre Franc;ais.
Leroux.
Lebois, président dll


tribunal criminel.
Archamballt, avocat.
Dl,ltrone, médecin.




DE L'AN TROIS.
De son cóté, le gouvernement conventionnel


ne veut pas se trouver au dépourvu si la nécessité
se présente de repousser la force par la force :
(( La république n'est plus un jéu d'enfans, dit
Thibaudeau a ses collegues, c'est la volonté clu


Qllartier Saint-Denis, Saint-lIfartin, el des lfalles.
Sections , Halle-aux-B1¿s. . Saillt-Venant.


lHarchés. . . . . . . Buisson.


Qllartier du Temple el du Marais.
Sectiolls : Amis de la Patrie .. Duchosal.


Arsenal. . . . . . . Gauthier.
Charpentier.


Qllartier de la Greve el de l' /le Saint-Louis.
Section : Fraternité ...... Domanget.


Dureau de la lVlallc.


Quartier du Panthéon el des fallbourgs Sainl~Viclor
el Sainl-Marceall.


Section : L'Oursine. . . . . . BOllché-René.


Les écrivains et les journalistes qlli sonnent la trom-
pette sont nombreux! Nous ne citerons que lHM. De la
Harpe, Richer Serisy, Ladeveze, Poncelin, LanKlois,
Souniguieres, Lacretellc jeune, Fiévée et lVIarchena.


Enfin, la commission centrale d'exécutioll s'est établie
dans le local de la scction Lepelletler. Des membrcs qui
la composent, les seuIs dont le nom ait été publié sont :
[ulV!. de Castelanne , de Vaublanc, Ladeveze et Duchosal,




330 MANUSCRIT
peuple, et vous seriez des traltres si vous ne fai-
siez respecter sa volonte. J)


Depuis les evenemens de prairial, les comités
ont toujours eu Sf>in de garder quelques troupes
dan s les environs de París. Sous pretexte de con-
tinuer l'École de lJIJars, iI ya un camp au TI'OU
d'Enfer pres Marly, sous les orrlres des represen-
tans Letourneur de la Manche et Thabaud. Le
commandement de la division militaire, dont le
chef-lieu est a Paris, a pris J'importance d'un
cOl1unamlement d'armee. Le general Menou en
est investi; il a toujours pour chef d'etat-major le
general Baraguey - d'Hilliers. Leurs bureaux et
ceux de ]a ¡..;arde parisienne ont ete etablis dans
un hótel de la rue des Capucines, 'qui donne sur
les Boulevarts. Les trois representans chargcs de
la direction de la force armee, Del mas , Laporte
et Goupilleau de Fontenay, ont quitte l'hóte1 de
N oailles ponr se réunir au quartier-genéral de la
rue des Capucines. La ils exercent une haute sur-
veil1ance; ils sont parfaitement d'accord avec
leurs collegues les plus fermes des comites; ils
ont des chevaux, des armes, des cavaliers d'or-
donnance, et sont les veritables géneraux. Ce
sont eUl( qui répondent de la surete de la rc-
présentation n"ationale. Un appareil de défense
commenyuit tI se dévcloppel' sous leurs ordres,
quand, le 3 vendémiaire, nne premihe rcncontr'e




DE VAN TROIS. 331
a lieu au PaJais-Roya1. Des coups de pisto]ets
sont tires sur des grelladiers de la Convention
qui dissipaient un attroupement. Des jcunes gens
sont arre tés ; on les conduit au Comité de súrete
Sénerale, et, ce qu'on aura peine 11. croire, mais
ce qui peint mieux que tout ce qu'on pourL'ait
Jire ]a sourde dissidence qui enerve la Con ven-
tion, c'est que dans ce comité merne, un membre
qui y siége ne craint pas de réclamcr ces jeunes
gens comme faisant partie de sa milice, les absol-
vant de ce qu'its ont tire sur ceHe de la Conven-
tion natlonale: ce membre, c'est Rovere t 1


Au premier récit des rixes du Palais-Royal, la
Convention cwitvoir éclater la guerre civile.
Elle décrete aussitót, que si on vient a succorn-
ber a Paris , le nouveau corps législatif et le nou-
veau gOllvernement directorial auront it se reunir


1 La plupart des soixante-tl'eize gal'daient alors le
silence. C'était de leur part une défection ou une fai-
hlesse; i1s dcvinl'cnt deslors suspects, et I'on finit par
les aecusel' de complicité avec les sections. Qu'il y en
ait eu plusicul's de venclus alors a la royauté, e'est ce
(lile la suite a p·onvé..... Cepelldant, l'influence des
soíxante-trcize diminuait; le royalisme était si décrédité ,
qu'i1 eompromettait alors ses partisans 100'squ'il les met-
titít en avant. (Thibamleau, COllventiolt nationalc,
pa¡.;e 200.)




332 MANUSCRIT
a Chalons-sur-Marne. Dans toutes les armees,
des colonnes republicaines doivent se tenir pretes
a partir a la fois au premier signal, pour venir
punir les revoltes et délivrer ]a représentation
nationale attaquée.


Ces dispositions, loin d'intimider. les section-
naires, semblent, au contraire, les presser d'agir.
Le lendemain 4, on parle ouvertement dans tout
Paris de mareher sans plus de délai sur les Tui-
lerÍes, et ]a Convention passe la nuit du 4 au 5,
entouree de quelques troupes de ligne qUe les
representans charges de la direction de la force
armée ont fait arriver sur le Carrousel et dans
les Tuileries.


Cette premiere démonstration, n'est suivie
d'aueun resultat. Cinq a six joyrs d'un calme
apparent se succedent. « Dorment-ils? - Non,
) dit un membre de la Conventíon a ses coIlegues
) dans la seance du 7, n' en croyez rien! Il ne se
)) passe pas un seul instant que les sections ne 80n-
) gent a notre destruction [ Et moi , je demande
) qu'il nc se passe pas un seul jour sans qu'il nous
» soit fait un rapport sur la situation de París! »


Cctte attitude dans ]aquelle l'assemblée reste
vis-u-vis les sections est pénible: ]a Convention
perdrait trop u' n'etre considérée que sous ce poinl
de vue; mais il y a des contrastes qui peuvellt
(listraire. En voici un auquel on ne s'attend pas :




DE L'AN T ROIS. 333
la guerre civile est au Palais-¡Royal, sur le Car-
rousel, dans les Tuilerics, aux portes et jusque
dans les trihunes publiques de la salle, et dans
cette crise meme la Convention passe deux
séances a deliberer si la Répubtique s'adjugera
définitivement les champs de la Belgiqne et du
Rhin.




334 l\lANUSCRIT


CH APITRE IV.


nÉn\ION DE LA BELGIQUE ET DP PAYS DE CIEGE
A LA FHANr.E.


CETTE importante délibération a commence a
la maniere des jurisconsultes. On a parlé des con-
trats qui engageaient la Republiqlle envers les
peuples Belges et Liégeois; on tenait a ]a main
les volumineux Jossiers des votes qui avaient eté
émis par les assemblées primaires des pays, ainsi
que les proc1amations et ]es decrets qui leur ont
promis la reunion; rnais une a1L1ire de cette 11a-
ture se decide cl'apres d'autres élemens. Vaine-
l1Je11t le rapporteur eleve la voix pour Jire que
les contrats SOllt obligatoil'es entre les popula-
tions comme entre les particuliers ; ]a délibera-
ti011 quitte bicntót ce terrain pOUl' s'établir sur
ccJui des eonsiderations politiques. Ilarmand de
la l\Ieuse et Lesage d'Eufe-et-Loir combattent
]a reunion par des argumens qui [1'a ppent l'at-
tel1tiol1 : «( La Convention, Jit Harmand de la-
)) Meuse, peul-clle se persuade!' que les cabinels




DE L'AN T HOIS. 335
» de l'Europe resteront spcctateurs tranquilles
l) de cet aeeroissement prodigieux de notre te1'-
») I'itoire? La maison d'Autriche est-elle done
)) tellement epuisée qu'el1e soit ho1's d'état de
)) pro]onge1' eette guerre? Voulez-vous la pousser
» a hout? Quoi! e'est a répoque OÜ ron se pré-
) sente pom traiter de ]a paix, que vous nc c1'ai-
») gnez pas d'indisposer les puissanees par des
» vues ambitieuses! n'est-ce pas le moyen de
» rompl'e toute négociation ou de ne faire qu'une
» paix plátree ? .. »


Le raisonnement de Lesage d'Eure - et-Loir
appartient 11 un autre ordre d'idées. « Vous oeeu-
)) pez militaircmcnt la Belgique et]e paJs de
» Liége, clit-il; mais cette oeeupation, quí est
» provisoire de sa nature, OH veut que vous la
» ehangiez en occupation définitiye ! Eh bien! je
» dis qu'on veut une ehose absurde, cal' e'est
)) demal1der que vous vous déeidiez sur un point
» que. vous 11e pouvez pas meme examiner! Il Y
» a deux manieres cl'oceupe1' un ter1'1toi1'e: par
» conquete, OH par traite; par cnvahissemcnt,
)) ou par cession. La conqulhe est le droít de la
» force; elle suppose 1'etat de faiblesse de ceux
) <¡ui possédaient, OH, ce qui est la meme ehose,
)) rétat de supériol'lte de eeux qui pretendent
J) posséder; 01', eette reJation de faiblesse ou de
)) superiorité n'est pas invariélble; elle a úes vi-




336 MANUSCRIT
» eissitudes, et pa'r eonsequent elle ne peut don-
» ner naissance a un droit fixe. N'est-il pas ri-
» dicule de decreter que la Franee qui desire s'ac-
» commoder de la Belgique et du pays de Liége
») sera toujours plus forte que la maison d'Au-
» triche? Voila pourtant ce que l' 011 veut que vous
» prononciez 1... L'état de guerre est un état de
» violence; iI doit finir. Vous aurez heau dé-
») eréter, il faudra toujours, poor la validité et
» l'execution de votre uecret, que le Gouverne-
») ment Fran~ais revienne a négocier avec les
» agens de la maison d'Autriche, et de l'éveque
» de Liége, Ce ne 50nt pas les declarationsisolées
» d'nne des puissanees inü\ressées, ce sont les
» traités qui fondent le uroit publie, et qui legi-
» timent les ehangemens de possession, De par-
1) tieulier a particulier, on ne dit pas : Ceei m'ap-
» partient paree que je suis plus f01't que mon
) voisin; mais ceci m'appartient par mon eon-
)1 trat d'acquisition, de donation, ou de suc-
n eessioll. De meme en Enrope et de puissance a
» puissancc, les traités seuls etablissent desdroits,
» les legitiment et les sanctionnent ... Pourqnoi
» eette affaire qui est l'estée indecise depuis deux
)) années, ne le sCl'ait-eHe pas cncore pendant
» quelque temps? et d'ailleurs, pouvons-nous,
)1 dans la erise ou nous sommcs, IlOUS oceuper
» avee maturi.té d'une des questions les plus épi-




\


DE L'AN TROIS.
)1 ueases qui se soient jamais présentecs? Ríen ne
» nous presse : rcvenons aux prmclpes; ne noas
» embarrassons pas par des actes intempestifs;
) et sachons attendre que l'lJeure de la paix
)1 vienne a sonner. Alors notre diplomatie pourra
» n~gler d'une maniere solide et dlJrable ce qui
)1 importe, sur eette matiere, a nos veritables
» intérets. )


Les partisans du projet parlent a leur tour:
« Si les pcuples de la Belgique et da pays de
) Liege, disent ceux-ci, ne pouvaient pas etre
» reunis a la France, ils ne pourraient pas du
» moins etre replacés sous le joug de leurs an-
» ciens maltres; il faudrait bien alors leur assi-
) gner une existence indépendante : or, cette idee
» plairait beaucoup a l' Angleterre, et par cela
» meme nous ne devons pas núus y arreter.
» M. Pitt n'aspire qu'a reunir la Belgiquea la
» Hollande, et deja il tient un nouveau Stathou-
j) del' tout pret; gardons-nous bien de lui ouvrir
» le ehemin.oÓ. » - « Et pourquoi craindre tant
j) la reunion des Belges aux Hollandais ? replique
JI Lesage d'Eure-et-Loir; pourquoi se reporter
» aux projets de Guillaume-le-Taciturne? Quand
ji meme de tels plans viendraient a se realiser,
j) de qui la nou·velle republique devrait-elle re-
» chercller le plus soigneusement l'amitié, si ce
» n' est des Fran~ais, ses VOIsms, ses appms, ses




338 MANUSCRIT


» déftmscul's naturels? La Hol1ande reunie a
la


» Belgique n'en deviendrait que plus intél'essee
a


» rivaliser avec l'Angleterre; elle la halrait pu
is-


» qu'elle la craindrait, et ce serait une nouve
lle


» raison pou\' resserrer ses liens avec la France
. ))


Cependant les préventions de l'aosemblée oont


toutes en faveur de la reunion. On ecoute av
ec


une bienveillance marquéc les repliques tl'cs-h
a,-


hiles de Merlin de Douay, ainsi que les disco
urs


d'Eschasseriaux, de Portier de l'Oise, el de Rob
er-


jot; en fin , apres deux jours d'une discussion qui
a répandü de vives lUIl1ieres, les adversaires


du


projet conviennent eux-memes que les avantages
l' emportent sur les inconvenicns. Voici les prin-


cipales considérations quí détC'rIninent l'asse
m-


blée.
La réunion ne saurait embarrasser nos négo-


ciations pOUl' l'avenir; elle doit au contraire
les


aplanil'. Il n'y a pas de voie plus courte ni p
lus


eflicace que la franchise d'un tel procede pour
de·


jouer les chicanes diplomatíques, prévenir les
longueurs qu'elles entrainent, et fixer 1'atten


tion


de nos ennemis tant sur les vrais moyens d'en
fi-


nir avec nous, que sur le parti qu'ils ont a pren
dre


pour s'índernniser entre eux. « Peut-etre ne s'
at-


» tache-t-on pas assez, dit Roissy-d'Anglas
, 11


» l'idée que la pacification genérale tiel1t a ce
tte


» reunÍon memc. Au surplus, ]a Convcution ne




DE L'itN TROJ S.
» doit pas se dissimuler que si la reunion peut
» étre remise en question J iI n'est pas moins in-
)) teressant de la prejuger des aprésent, dans
» l'intéret de notre organisation interieure. Il ne
» faut pas que le Directoire et la législature, aux-
» quels la nouvelle constitution va confier les
» renes de l'etat, puissent considérer la Belgique
» autrement que comme partie intégrante du
» territoire fran¡;ais. En resumé, le droit des Bel-
J) ges est d' étre Frall(~ais, et notre in teret est
» qu'ils le soient. II importe a la République que
¡) la maison d'Autriche ?-e se retrouve pas en con-
» tact avee nous; iI importe a la République de
)) profiter de ce He occasion pour rectifier l'arron-
) dissement de notre frontiere du nord, de ma-
l) niere a ce que la position de Parjs soit plus
» centrale j iI importe a la République d'cnrichir
» son commcrce par les nouveaux débouchés de
» la Meusc e.t ele l'Escaut : nous n'avOTIs pas ro u-
)} vert l'Escaut pour l'Autriche. Enfin, la ques-
)} tion de la Belgique intéresse moins I'Autriche
}} que l' Angleterre, et, sous ce dernier point de
l} vue, il importe a la République que les Belges
}) et les Liégois ne soient libres qu'autant qu'ils
)} seront Fran¡;ais. }}


Carnot acheve de vaincre les dernieres hési-
tations, en dédarant (lue sons les rapports mili-


22




MANUSCRIT
taires la reunion de la Belgique est avantageuse.
V oici sa péroraison :


( Vous devez, dit-il, a vos gencreux freres d'ar-
» mes de conserver 11 la France le prix glorieux de
» leur courage et de leur sang; et j' ose dire que,
» sans cela, on serait en droit de vous demander :
» Oil est donc le résultat de tant de victoires et de
» tant de sacrifices? On ne verrait plus que les
» maux de la revolution, et vous n'auriez rien 11
)) offrir en compensation .... rien que la Liberté!
JI Mais, aux yeux de vos adversaires, la liberte est
JI un bien imaginaire ! Sans doute il faut terminer
» la guerre , et promptement ; mais il faut baser la
» paix sur la nature meme des choses, qui est in-
)) variable, et non sur la fidelité de nos adversaires
» qui est incertaine. Coupez les ongles au Léopard;
» abattez au moins une des deux tetes de l'Aigle,
JI si vous voulez que le Coq puisse dormir tran-
» quille. »


Les plus vifs applaudissemens accueillent ce
discours, et la réunion est votee par acclamation.




DE L'AN TROIS.


CHAPITRE V.


PRElIlrJ;;RES ÉTINCELLES DE GUERRE CIVILE.
AFFAIRE DE LA RUE VIVIENNE.


LE calme u'a pas été de longue durée, el la
Convention ne tarde pas a se rctrouver dans le
tumuIte des Sections qui éclate avec plus de
fureur 1.


Les assemblées sectionnaires se sont déclarées
permanentes. Pour détendre tous les ressorts de
la police urbaine, elles ordonnent aux officicrs
civils, composant l'autorité municipale, de se
soustraire a l'obéissance de la Convention ; elles
fant ]a meme injonction aux commandans des
bataillons des Sections; enfin, pour substituerun


1 L'agitation était concentrée dans l'intérieur des Sec-
tions ; on ne s'en apercevait ras pour ainsi dire extéríeu,.
rement.On allait et venait dans les rues, aux spcctacles,
a ses plaisirs, a ses afl'aires, eomme a l'ordinaire. Le peu-
pie se livrait a ses travaux habituels, et ne prenait allcune
part it ces discussions. (Thibaudcau, COlweluion natio-
llale, pagc 209. )




~IANUSCRIT
centre a un autre, elles al'retent que le corps
électoral, qui ne devrait se rassernbler que le 17,
se reunira des le 1 1 au Théatre-Franf{ais, salle
de l'Odeon.... Lanjuínais I'a bien predit. « Le
» corps électoral place a París dans une atmo-
» sphere corruptrice, disait-il il n'y a pas en-
» core deux mois, voudra contre-balancer la
» législature. » Cette comocatioll illegale de
l'assemblée de l'Odéon se distingue par la vio-
lence des expressions. « •••••• Considérant, disent
» les sections, que c'est 11 l'imperitie et a~ bri-
» gandagedes gouvernan"s actuels que nous avons
}) éte "redevables de la disette, et de tous les
» maux qui ront accompagnée; considerant qu'il
» est ternps que le peuple lui-meme songe h son
)) salut, puisqu'il est trompé, trahi, égorgé par
» cellx qui sont chargés de ses intérets .... , etc. »
Ce manifeste porte la date du 10 .... La déda-
ratíon de guerre est lancee.


Le 11, la Convention se dü;posait a célébrer
une fete funéraire en l'honneur des victimes de
la terreur, lorsque Daunou vieut l'avertir, au
uom des Comités, qu'elle prélude peut-etre ti ses
propres fu nerailJ es.


« Les l'unemis de la RépuLI.iqlle se pressent a
» vos portes, dit cet orateur qui est egalcment
» respecté eles deux partis; raHions le bataillon
)) sacn.\. Les royali::;tes aigl1isent lc~lrs poiglwnIs;




DE VAN TROIS.
)) que les républieains préparent leurs baucliers.
II Laissons aux malveillans l'affi'euse initiative de
J) la guerre eivile; mai~ s'ils asent tenter ce qu'ils
)) méditent, s'ils asent sautenir par les armes
1) lellrs rasscmblemens séditieux, dannans le si-
l) gnal d'une caurageuse résistanee .. RépuLlicains,
J) accourez autaur de naus, et, puisque les amis
» des rois l'exigent, dannans-Ieur le spectacle de
JI natre tl'iomphe ! »


La Canventian se livre 11 eette impulsion. Elle
enjoint aux Seetions de se séparer; elle défend
aux électeurs de París de se reunir avant l'épaque
fixee; et, pOUl' prix de la soumissian, elle off re
l'ollbli du passé. Il ne sera fait aucune recherehe
contre ceux qui jusqu'a ce jaur se sant laissés en-
trainel' dans des mesures illégales.


Dans la soiree, les aclministrateurs du depar-
tement de Paris proclamaient eux-memes aux
flambeaux les décrets de la Convention, lorsqu'al'-
rives sur la place de rOdéon, leur cortege est as-
sailli·par les huées d'un attraupement qui s'est
établi sous le péristyle et les galeries ex térieures
du théatre. Déja soixante 11 quatre-vingts élee-
teurs y tenaient séance. Des détachemens de la
garde nationale de la section sont prcs de la pour
les protéger, et les porteurs de la pl'oclamation,
ne pouvant plus av:meer, sont l'cpoussés pal' la
damem publiclue jllSquC par-ddü le Pont-Neue




34t} MAKUSCRIT
Les Comités, a u premier a vis de eette résis-


tance, requierent les Représentans qui dirigent la
[m·ce armée, de [aire executer les déerets et de
maintenir force 11 la loi. Le géneral Menou en-
voie aussitót vers le Théatre-FraDí;ais une colonne
de troupes qui trouve 11 son arrivée le rassemble-
ment dissous. Dans la nuit on croit pouvoir faire
rentrer les troupes a leur camp des Sablons.


Sur ces entrefaites, qUÍl'lZe cen ts Patriotes, en-
viron, répondant a l'appel, se S011t réunÍs sous
le~ fenctres des Tuileries OU la Convention se
tient en permanence. Elle fait donner des armes
a ceux qui viennent la défenelre. Ces hommes sont
des tétes chaudes qui ont pris part avec plus ou
1110ins d'ardeur aux evénemens ele la révolution.
Ils se donnent eux-mémes le titre de Patriotes
de 1789; dans le nombre figurent beaucoup d'offi-
ciers (Meorés par d'honorabJes cicatrices. On en
forme trois bataillons, puis on les place sous les
ordres du ¡:;énéral de division Berruyer, vieillard
11 chcveux bIancs, dont l'úge, les services militai-
res, la belle ligure et les formf:s affectucuses et
polies offeent déja la garalltie que cet armement
n'est destiné clu'a l'appareil de la défense. Les
meneurs des Sectlolls ne trouvent pas moins dans
cette mesure un nouveau pretexte pour porter au
plus haut degré l'initation (les e~!prits. (( La Con-
» vention, f'ont-ib críe!" pal'lollt, ne cache plus




DE L'AN TROIS.
:1\ son jeu; elle rassemble autour d'elle tous les
» suppóts de Robespierre, et prétend recommen-
») cer avec eux le régime affreux de 1a tl'rreur_ ))
Ces paroles sont magiques, tant le souvenir de
la terreur est encore présent aux esprits! Entre
ennemis tout moyen de ce genré est de bonne
gu.erre ; toutefois, gardons-nous bien de confondre
les ruses du moment avec les véritables élémens
de l'histoire.


La journée du 12 commence sous les plus si-
nistres auspices. Les Sections qui se sont mises a
la tete de l'insurrection n' out pas tardé a rece-
voir l'adhésion de leurs confédérées; elles font
proclamer audacieusement, par les rues, qu' elles
De reeonnaitront plus aueun des décrets de 1'a8-
semblée, et bientot eette proclam:ltion est suivie
d'une seconde, par laquellc sommation est faite
a tous les eÍtoyens de se rendre en armes auchef-
líeu de leurarrondissement, pour etre prets 11
repousser les Terroristes qui menaeent d'égorger
lesfemmes et les enfans. De tous cotes, le rap-
pel bat et la générale se fait entendre. A leur
tour, les comités de Salut Public et de Sureté
Générale ordonnent que les tambours et les of-
ficiers qui font les proclamations des Sections
soient enlevés. Les Représentans chargés de la di-
l'{'ction de la force armee envoient, 11 cet em~t, des
patl'Ouillcs dans tous les qllartiers. Cependant




346 l\'JANUSCRIT
les appels et les proclamations continuent ; aueun
tamboul', aucun proclamant n'est arrete, et les
éleeteurs ont repris sans obstacle leur seance au,
Thea tre-F raD<;ais.


Des deputes des Sections ont poussé la har-
diesse jusqu'a venir declarer aux Comites de Gou-
vernement qu'ils ont perdu leur confianee, et ils
ont pu librement se retirer !


Cependant, des midi, les Comites se sont dé-
cidés a prendre les granel:; moyens. La section
Lepelletier et ceBe du Théatre-Franyais recelent
le foyer qu'il s'agit d'éteindre : la direction de ]a
force armee fait marcher dessus; l' ordre est donne
d'enlever les chefs. Les Representans ont mis de
I'empressement a faire leur::] dispositions; mais il
n'en est pas de meme de tous ceux qui sont au
second rango Les chefs militaires voient avec re-
pugnance cette guerre des rues. La plupart doi-
vent leur emploi a]a révolution de prairial, OÚ
leurs auxiliaires etaient prccisement ceux qu'il
est question de desarmer aujourd'hui. La poli-
tiq~e de la Convention a changé depuis; ]eurs
amitiés n'ont pu changer de mcme, et beaucoup
d'entre eux hésitent sur ce que le devoir militaire
leur prescrit ..
l~es troupes out marché toute la nuit. A peine


reutrces au cmnp (les Sablolls, 11 a faUll les
I'aire revemr; le gónél'al Despcl'l'ieres, epli doit




DE L'Al\ T.R 01 S.
diriger une des colonnes, ne se trouve pas ,i
son poste; le general Debar, qui est 11 la tete de
la légion de poli ce de Paris, et le général Duhoux,
qui commandait au camp des Sablons, ont éga-
lement donné lieu a de graves mécontentemens;
enfin, ce n' est qu' entre 9 et 10 hiomres du soir
que les troupes arrivent sur la section Lepel-
letier, encore n'arrivent-clles point par les rues
Cfui ont été indiquées pour tourner la position
des Sectionnaires; elles se rencontrent et s' en-
tassent dans la rue VivÍenne, ayant en tete,
devant elles, la force armee de la seetion Lepel-
letier; qui vient défendre son quartier-général des
Filles~Saint-Thomas , et derriere elle, en queue ,
a l'autre extrémité de la rue Vivienne, les nom-
breux attroupemens qui remplisscnt le PaJais-
Royal. Le géneral Menou se trouve la de sa per-
sonne, et le representant Laporte, l'un des. tI'ois
de la directíon de la force armée, est 11 cheval
aupres de lui; leuI' position devient de moment
en moment plus embarrassante par la résistance
qui leur est opposée de toutes parts. Les ordl'es des
Comites de Gouvernement sont formels : iI faut
faire mettre has les armes aux Sectionnaires;
mais ces ordres ont cte donnes dans la matinee;
la journee devait éclairer leur execution i on ne
pouvait pas pl'évoil' les retareIs qui sont sur ve-
BUS; dallS]~ situatioll actuelle des cboses, ces 01'-




MANUSCRIT
dres ne peuvent plus s'exécuter sans effusion de
sang, et qui peut prevo ir les suites d'un premier
coup de fusil? L'heure avancee de la soiree, cette
foule qui s'agitc inconsiderement autour d'un
grand danger qu' elle ignore, tout ce qu'un com-
hat de nuit peut avoir de déplorable dans un des
quartiers les plus riches et les plus populeux de
la capitale, parlent plus haut que les instructions
du matin, et rordre de faire feu ex pire sur les
levres du genéral Menou. Il vent du moins que
les troupes se retirent avec honneur; mais illaisse
parlementer avec les Sectionnaires 1. Des deux
cótés on se dit egalement disposé a s'en aller.
Cela parait convenu; mais Menon seul tient pa-
role. Tandis que ses tronpes se replient sur le
Carrousel, la force armee de la section Lepelle-
tier reste au poste qn'elle s'applaudit d'avoir
conserve. Les membres du Comité Insurrection-
nel commencent a se croire les plus forts, et , dans
la confiance qu'ils ont acquise, i]s ne pensent
plus qu'a passer de la défensc a l'attaque. La
nuit est employée par eux en préparatifs. Le
lendemain matin, 13 vendémiaire, l'armee des


1 1\1. Charles Delalot, agé de vingt-trois ans, était un
des chefs de l'ínsurrectíon , c'est luí qui, dans cette cir-
constance, parlcmenta avec les otficiers du génél'al Me-
nou. (Voyez la Biographie Michalld et celle d'Arnault.)




DE L'AN T ROIS.
Sections doit se trouver toute entlere cn armes
aux portes de la Convention. Le commandcment
général pour cette journée, qui sera décisive, est
déféré de la part des sections au géneral Dani-
can 1,


1 Auguste Danican, né en 1763 d'une famille noble,
mais pauvl'e , avait d'abol'd été soldat dans le régiment
de Rarrois, infanterie, et ensuite gendarme a Lunéville.
A la l'évolution, son avaneement avait été rapide. De-
venu colonel el'un régiment ele hussards, puis général
ele brigade, il avait été employé dans la Vendée. Le 15
j uillet 1793, il s'était faít battre par les royaIistes pres
de l\Iartigné-Briant. Enfermé ensuite dans Angers, iI
avait été publiquement aeeusé d'avoir vouIu Iivrer eette
place aux Chouans. Destitué a cette époque, il était par-
venu depuis quelques mois a se faire l'emettre en aetivité ,
et commanelait a Rouen.




350 MANUSCRIT


CHAPITRE VI.


JOURNÉE DU 13 VENDÉMIAIR E,


LA re traite de la rue Vivienne depouille le
general Menou du reste de confiance que les Co-
mites de Gouvernement avaient en luí. On le
destitue an 1110ment me me ou il rentre avec sa
troupe dans les cours des Tuileries. Les genéraux
Desperrieres, Debar et Duhoux sont également
destitués. Menou est en outre mis en etat d'ar-
resta tío n , cal' pour les chefs iI n'y a pas de demi-
disgraces dans les discordes civiles; on crie contre
lui a la trahison; i1 sera j ugé.


Cependant le temps presse; un nouveau g~­
neral est necessaire; il en fant un dans la nnit.
meme : la cause est devenue tellement person-
neHe pOUI' les Conventionnels, qu'ils ne veulent
plus abamlonuer le commandemcnt a un étran-
ger; c'est un Representant qu'on desire en charger,
et tons les yeux se sont tournés sur le general dll
9thermidor. Le représentant Barras est uon¡;
investi dn commandement supérieur. Les repré-





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DE VAN TROIS.
sentans Delmas, Laporte et Goupílleau de Fon-
tenay, qui jusqu'it ce .moment ont été chargés de
la dil'cetion tle ]~ force armee, lui sont laisses
pour adjoints.


Lé nouveau genéral n'a que la Huit pou~ faire
ses dispositions de défense. Tous le$ officiers sans
emploi, qui se trouvent en ce moment a París,
se pressent sur ses pas pour recevoir des ordres.
Il les destine aux divers postes exterieurs; mais
il a besoin d'un second sur Jequel il puisse se re-
poser des détails du métier, et dont le coup
d'reÍ] Boít sur. n se souvient alors du jeune ge-
neral Bonaparle, qu'il a sous la main au cabinet
topographique. Ill'appelle , et le fait agreer pour
son lieutenant. Cette adjonction a lieu dans l'in-
terieur du Comité. 1\ u - dehors, on ne connalt
que Barras; tous les ordres se donllent en son
nonl 1•


1 Les détails que contiennent les Mémoires de Sainte-
Hélene, sur cette époque de l'aycnement de N apoléon a
la célébrité, préseutent ici quelques inexactitudes qui
déja Ol1t été rclevécs. « II n'est p-as étonnant » , dit a ce
sujet Thibaudeau , Víe de Napoléon, tome 1, page 115,
« qu'apres vingt-cinq ans , et dan s les circonstances ou~ a-
H poléon dictait, il ait été trahi par sa mémoire. H Nous
en sommes encore aux temps OU les généraux étaient
dans la poche des Représentans; la supériorité du général
flonapal'te n'a pas Lesoin d'etl'e antidatée ; elle ne saul'ait




IVIANUSCRIT
n est une heure du matin quand le géneral


Bonaparte se met 11 la besogne. Bien des rensei-
gnemens lui manquent; mais iI apprend que
Menou est détenu dans une piece voisine: iI va
le trouver, et celui-ci luí donne avecune franchise
toute militaire les premieres indications dont
iI a besoin.


Les defenseurs de la Convention consistent
dans ce petit nombre de soldats qui dorment sur
le pavé des cours et sur la terrasse du jardín, au-
tour de la salle; ils ne sont pas cinq ou six mille
hommes de toutes armes; encore faut-il y com-
prendre les grenadiers de la Convention, la lé-
gion de poliee, un bataillon du faubourg Saint-
Antoine, et les trois batailIons des Patl'iotes de
1789' L'artillerie suppléerait au nombre,' mais
les pieees de position sont restées au pare des
Sablons. Il y en a une trentaine; elles ne sont
gardées que par un poste de vingt-cinq 11Ommes;
rien de plus urgent que de prevenir les Sections
quí pourraient mettre la main dessus. On de-
mande pour cette expédition un officier intelli-


l'etre d'ailleurs qu'aux dépens des supériorités antél'ieu-
res, et ce lle serait pas seulcmcnt Ulle illcxactitude , cc
serait une injusticc. N ous marquons ici les degrés de
eette grande aseension ti'apres nos propres souvenirs.




DE L'AN TROIS. 353
gent et actif. Le représentaut Delmas appelle Murat du vingt-unieme de chasseurs: ( Je t'ai )) vu gagner le graue (le chef d'escadron aux )) journées de prairial, lui dit - iI avec l'ac-
j) cent de l'amitié : il s'a~it aujourd'hui des
» épaulettcs de chef de brigade !' J) Murat re-~oit done, pOOl' la premiere fojs, les ordres du géneral Bonaparte, et la rapidité avec laquelle iI court les exeeuter, promet que ee ne seront pas les derniers ! .... II né suffit pas d'avoir des


canons, il fiwt des munitions : Ordre au general Durtubie, quí eommande l'artillerie, d'envoyer
en toute hate aux Tuileries les approvisionne-
mens necéssaires. Il faut des vivres : les magasins
sont disperses dans Paris; Ordre a l' ordonnateur Lefebure d'envoyer des rations an camp du Car-
rousel; Ordre de faire fabriquer du biseuit ; Ordre de preparer le service des ambuJances. Lcs troupes
sont pele-mele; on reetifie la ligue des postes; les commandemens ne sont pas bien determines:
on les partage entre les géneraux quí sont presens; des reserves sont etablies, et des mouvemens de troupes q uí s' exccutent, dérangent l'emplacemcut que les afIidés des Sections out pu l'e{;onnaltle la
veiUc. Deux lignes de dófense se forment : rune du coté de la rue Salnt-Honoré; l'autre du cote de Ja riviere.


Les débouchcs du Carrouscl par la fue Saint-
23




354 MANUSCRIT


Nicaise et la rtlc de Rohan sont eonfies au gé-
neral Brune, qU1 a sous ses ordres le géneral
Gardanne.


Les generaux Dupont- Chaumont et L01son,
qui on t avec eux l' adj udant general Blondeau,
prennent poste a la rile de l'Échelle et dans
la petite rue Saint- Louis.


Les portes de la cour du Manége qui donnent
sur ]e cul-de-sac Dauphin, et sur le passage des
Feuillans, 50nt gardées par le genéral Berruyer.
La, se trouvent cncore le général Vachot, et les
adjudans genéraux Huart et Mutel.


Sur les quais, un fort détachement est placé
a la hauteur du Louvre. Il est commandé par le
genéral Carteaux, qui a son avant-garde au Pont-
Neuf. A ]a tete d'un autre dctachement, les ge-
neraux Verdicl·e et Lestranges ferment le Pont-
Royal et veillent sur les débouchés de la rue du
Bae et- du quai V oltaire.


La reserve aux ordres des genéraux Mont-
choisy et Duvigneau, est stationnee sur la place
Luuis XV, couvrant le Pont-Tournant des Tuile-
ríes, gardant le pont Louis XVI, et observant
les avenues de la place dú cote des Champ-Ély-
sees, de la rue Royale, el de la rue Saint-Flo-
relltÍn. La reserve est la, surtout pour conserve!'
au besoill la retraite vers Saint-Cloud. Ce village
est le rendez-vous qui vÍent d'ctre assigne a toutes




DE VAN TROlS.
les troupes quí sont en marche sur París, et sí la Convention se voit un moment forree de ceder
nu nombre, e'est a Saint-Cloud que ses défen-
seurs doivent se raBier pour ressaísir l'avantage [ Le trnvail de l'etat major eesse avec la nuit. A la pointe du jour on monte 11 eheva1.


Barras va vi si ter tous les postes; il rectifie ee que les hésitations de la nuit ont pu laisser de défectueux dans les mouvemens des troupes. Son
commandant en seeond est prineípalel11ent oe-
cupé des positions a as~igner a l' artillerie quí ar-
rive. A ]a tete du Pont-Royal, il place une batterie quí enfile la rue du Bae et hat le quai V olt,üre et le quai d'Orsay. Cette batterie est soutenue par
une seconde, établie sur le quai du Louvre, qui d'un cóté prend en éeharpe le quai Voltaire,
et de l'autre balaye le quai de l'Éeo]e jusqu'au Pont-Neuf. Vers la rue Saint-Honoré ;on pointe, a l' ouverture de ehaq ue défile, des pieees dont la ligne de tir se prolonge jusqu'au bout des rues de Ricbelieu, de la hutte des Moulins, et de Saint-Roeh.


La réserve du pare est rangée au Pont-Tour-
nant; aupres de chaque piece, la mec11e est aHu-
mee.


Ces dispositions terl11inees, on reste 1'arl11e au bras a voir venir un ennemi qm ne parait pas
,l'humeur a se faire üttendre.




356 MAN U seRIT


La gene¡·alc n'a pas cessé de battre dan s toutes
les sections. Depuis qu'il fait jour, l'insurrection
preml un caractere décidé qui ne menage plus
rien. Les tambours sectionnaires' poussent 1'au-
dace jusqu'a venir battre sur le Carrousel et sur
]a place Louis XV.


On proclame par toutes les rues rOl·dre de
marcher contre la Convention; les Comites de
Gouvernement sont mis hors de la Loij quelques
represeutans qu'on peut surprendre par la ville
sont retenus pour otage~. On ne veut excepter
que cent Conventionnels de la proscription dont
l'assemblée esl menacee,. Un gouvernement pro-
visoire essaie de se former a la section Lepelle-
tier. On intercepte les armes que la Conve'ntion
cherchait 11 faire passer aux ouvriers des fau-
bourgs; on met ·la main sur des dépóts de che-
vaux ; on e.nHwe des munitions á l'Arsenal; 00
arrete les voitures qui portent des vivres aux Tui-
lcries; en écrit a toutes les communes voisines
d'accourir. Des bataillons de la sectlon Lepelle-
tier prenncnt posses::.ion des batimens de la Tre-
soreri.e. Enfin, depuis le matin, les colonnes
d'attaque affluent par toutes les directions qui
aboutissent sur les Tuileries.


Le moment ou ces colonnes se rompent pour
se former en lignes Ilevant les avant.-postes de la
Convention oilrait sur elles une grande prise;




DE L'AN TROrs.
c'est l'instant critique, meme pour des troupes
aguerries. Les chef s mi]itaires demandent a com-
mencer le feu; on est sur de tout foudroyer; mais des
considérations moins ennemies dominent encore,
et commandent de négliger ce premier avantage.
Ce que ]a majorité de la Convention craint par-
dessus tout) c'est de donner ]e premier signal de
]a guerre civile. Elle se Hatte toujours d'échapper
a cctte extrémite. Si les chefs n'ont plus cet espoir,
ils veu]ent du moins conserver les apparences et
menager les scrupules du plus grand nombre.


Les seize membres du comité de Salut Public ,
les douze elu comité de Sureté Génerale, et les
douze du Comité militaire, composent par Ieur
reunion un gouvernement de quarante membres
que Cambacéres préside, et qui devient le cen-
tre de tous les incidcns de la matinee. Ce Comité
ne cesse de recommander qu'on s'abstienne de
toute agl'cssion.


La Conventiol1 elle-meme , qui ne s'est séparée
qu'il cinq he ares du matin, vient de rentrer en
séancc a midi. Barras s'y montre un moment
pour rassurer ses collegues : « Restez a votrc
» poste, leur djt-iI, je me rends au mien. )}


Le danger est devenu imminel1t. L'avant-
garde que Carteaux avait sur le Pont-Ncuf s'est
rep1iée sur le Louvre devant les sectionnaires de
la rive droite, qui efl'eetuent par le Pont-Neufleur




35t:\ ~1 A l\ U S e R 1 T
jonction avec les sectionnaires de la rive gauche.
Un Lataillon de eette troupe, poussant tou-
jours le général Carteaux, s'est étaLli au jardin
de l'Infánte. D'autres sections prennent posi-
tion sur les marches de l'église Saint-Roch. D'au-
tres essayent de s'introduire par le jardin de 1'hó-
tel de Noailles jusqu'aux portes de la cour du
Manegc. La plus forte masse des Lalonnettes sec-
tionnaires est groupée sous les galeries du Théa-
tre de la RépuLlique, prete a s'élancer de la rue
de Bichelieu sur le Carrousel. Une foule de· non·
COInhattans et de curieux encombre les rues ad-
jacentes et force les généraux de la Convention a
resserrer la ligne de defense autour des Tuileries.
Par suite de ce mouvement retrograde, les 25 a 30
mille hommes des seclions peuvent done s'avan-
cer jusqu'aux demiers coins de rue qui sont rex-
treme limite entre le Carrol/sel et la ville. Amis
et ennemis, on n'est plus qu'a quinze pas les uns
des autres. Barras se porte encore une foís aux
avant-postes; il faít sommer les Sections de se re-
tirer, mais la sOl11mation est aceucillie pal' des
huees. Ce qui importe, e'est que les troupes ne se
Jaissent pas éLranler par la population qui s'a-
gite antour d'elles. Barras lem' pl'escrit de ne pas
bouger; il harangue les officiers et les solJats.


Ces précautions ne sont pas inutiles cOlltre le
systeme de pal'lernentage que l'cnnemi panlit




DE L'A~ TROIS.
vouloir employer. Les femmes sont mises en avant
pour entrer en conversation avec les solda ts. Des
pelotons de ganIe nationale deposentleurs armes,
sortent des rangs el, elevant les chapeaux en l'aír,
demandent a fraterniser. Un bataillon tout en-
tier, prenant une attitude amíe, veut penetrer
dans le cul-de-sac Dauphin; l'adjudant general
Huart se détache 11 leur rellcontre : « Puis-je
» avancer? ou veux-tu avancel'? lui dit le chef
)1 de la section? - Ni l' un ni l' a utre, » repond
Huart, et l'on reste stationnaire. Au poste des
F euillans, le commandant de la section de la place
Vendóme veut egalement essayer de fraterniser.
Enfin, au poste de la rue de l'Échelle, un parle-
mentaire se presente avec toutes les fOl'lnes d'u-
sage au nom du général en chef Auguste Dauican,
quí prend le titre de commanclant géneral de la
force armée de Paris. On le COllUUit les yeux ban-
dés jusqu'au Comite des Quarante. Le parlemen-
taire demande que les troupes de ligne se reti-
rent; qu'on désarme les patriotes de 1789, et que
]a Convention se confie aux sectious. Cette pro-
position rend aussitót la parole aux homrnes mo-
deres pour lesquels tout est honorable pourvu
qu'on prévienne l'effusion du sang; {( !I ne s'agit
ras de douner aux sections satisfaction complete;
mais il y ú peut-etre des concessions q u' OH pour-
rait Úúre il l'exasperalion des esprits : OIl voudrait




360 MANV SCR]T
du moins que le parlementaire remportat de
douces paroles. » On parle d'cnvoyer des conven-
tionnels dans chaque section, pour éclairel' les ci-
toyens et les tranquilliser. On députerait de pre-
férenee ceux des membres de l'assemblée qui sont
restés agreables aux sections. « Il y a quarante-
» huit seetions, répond brusquement Tallien a


1 • • \
» eette ouverture; envoye!' (¡eux eommlssalres a
» chacune, e'est filire passer quatre-vingt-seize
j) conventionnels de l'autre cúté. Sont-ce des ota-
» ges qu'on prétend donner? ou n' estoce qu'tin pre-
» texte menage pour que les cent conventionnels
}) que les sections appel1ent a former le noyau de
)) 'la nouvelle assemblée puissent nous quitter? »
Cette délihération du Comité a des echos jusque
dans la Convention nationale. Gamon arrive avec
un projetde proclamation aux Sections. On a
déja fait la veille au soir une proclamation a ]a
section Lepel1etier. Deuxjours auparavant on en
avait fait une autre a la section du Théatre-Fran-
((ais. Les meneurs des sectÍons ne sont pas non
plus restés en arriere. Enfin, tout ce qu'il y a de
bonnes gens compromis dans cet imhroglio poli-
tique croit qu'on en sel'a quitte pour se hattre a
coups de pl'oclamations. ({ J e suis étonne, dit
» Chénier, qu'on vienne nous p:lrler de ce que
» demandent des sections en revolte. Il n'y a plus
» pour la Convention que la victoil'e ou la mol't.




DE L'AN TROIS. 361
)) Quand l'assembMe aura vaÍncu, elle saura dis-
)) tinguer les hommes egares. )) - « Mais, je vois
)) la guerre civile, replique Lanjuinais; elle est a
)) nos portes! )) - « Ce que tu devrals voir, Lan-
)) juinais, ]ui erie Garrau de Coul on, e' est qu' on
)) veut décimer I~ Convention, et' renouveler le
)1 31 maÍ dans un sens oppo.sé. ))


Ces diseussions ontbientót trouvé leur terme.
La séance se prolongeait en conversatÍons parti-
culieres, quand tout á coup, it 4 heures et de-
mie, on entena crier aux armes! Les membre~,
de l'assembIée reprennent leurs places; un pro-
fond silence regne dans la salle! quelques minu-
tes s'étaient écoulées ainsi dans de vives angois-
ses, quand un sourd frémissement repond aux
premiers coups de la mousqueterie; elle éclate du
coté du cul-de-sac Dauphin .... « Hcstons en place,
)) s'écrie Legendre, et s'il faut reeevoir ]a mort,
)) recevons-Ia comme il convient aux fondatcurs
:» de la Répuh1ique!») Cependant, le bruit du
fen gagne du coté de ]a rue de l'Échelle ; bien-
tót les décharges se succedent avec redouble-
ment. Le combat est engagé dans toutes les di-
rections, et le canon tonne a la fois sur la rue
Saint-Honoré, sur le quai du Louvre et sur le
Pont-Royal!


Quelques voix timides essayent de demander
que l' on constate d'ou sont partis les premiel's




MAl\USCRIT
coups. Alors une voix feI'll1e s'éleve : « Les pré-
» tentions des sections etaient sans fondement,
» dit-elle; mais, dans tous les cas, nous serions
» des insenses, si nous consentions a traiter
) comme une affaire judiciaire l' établissement
» d'une grande republique! Il n'y a plus de me-
» nagemens a garder! il faut l'éduire .les revol-
1) tes par la force, et vaincre ou peril' 1. »


Le bruit du combat ne cesse plus de retentir
dans la salle, et le calme de la plus profonde dou-
leur depose son empreinte sur toutes lesphy;-
sionomies. « Les repl'esentans qui sont officiers
» de sante, crie-t-on (l'une extrcmite de la salle,
» sont invites a sortir pour pal1ser les blesses. »
Aussitót quelques Conventiol1nels sortent, et les
femmes de deputes qui 50nt venucs chercher un
refuge sur les banqucttes de l'assemblée, les sui-
vent pour offrir leurs soil1s aux pansemens. On a


1 Les premiers coups dc fusil partil'cnt, non de l'hotel
de Noailles, non, comme on le dit dans le temps, de
l'hotel occupé par le restaurateur V enua, mais d'une
maison voisine ... Ces coups de fusil eurent pour but de
faire cesser l'irrésolution des comités et d'emp~cher
qu'ils consentissent 11. quelques transactions qui auraient
évidemment assuré le tl'iomphe des seetions. En efl'et, ce
fut le signal du combat. Ronaparte laissa JlH~mC croirc
que c'était luí qui avait fait tiro'. (Thíbaudeau, ríe de
Napoléon, paves J':l J • 122.)




DE l..'A~ TROIS. 363
établi l' ambulance dans le salon de la Liberte, qui
sert de vestiLule a la salle des seances.


Cependant, la fusillade semble redoubler du
cote <In cul-de-sac Dauphin. C'cst la que le com-
bat paralt etre le plus acharne : c'est d'ailleurs le
point le lllns rapproche de la salle. On voit les
coups de feu partir des fenétres qui dominent
l'entree de la cour du Manége. Les baIles arrivent
jusqu'au grand peristyle du pavil!on dn miljeu ...
Diverses nouvelles se n\pandent dans l'assem-
hlec. 11 y a eu un moment d'encombrement au
cul-de-sac Dauphin; on s'était trop presse de
déhoucher sur Saint-Roch; on a etc ramené. La
piece ele huit qui defenelait ce défilé a cesse le [en
pendant quelques minutes j tous ses canonniers
avaient éte tues ou blessés. Le general Bcrruyer
a eu son cheval tue sous lui. Si les sectionnairé'S
s'étaient precipités, ils auraÍent pu penetrer jus-
qu'aux portes du jardin. Mais les bataillons ele
1789, qui etaient sur la terrasse , ont eu le temps
d' accourir; ils ont entl'alné la troupe de ligne,
et sont ponr beaucoup dans le retabli.ssernel1t du
combato Deux pieces de plus qui viennent d'étre
mises en batterie contre Saint-Roch, ont rendu
a la defense la supel'iorité du feu. D'autres nou-
.elles arrivent du coté opposé. On assure qu' une
colollne qui se presentait par le quai Voltai!"c,
pour attaquL'l' le POllt-Royal, a (?te repousscf'.




364 MANUSCRIT
Enfin des eris de Vive la République! s'elevent
tumultueusement de la terrasse du jardin, qui est
sous les fenetres. Le combat du cul-de-sac Dau-
phin est heureusement termine, et les section-
naires se renferment dans Saint':Roch.


Des ce moment, le bruit des coups de fusil I
commence a s' eloigner, et le canon ne se fait
plus entendre que par intervalles.


n est six heures et demie du soir; les comitesdu
gouvernement n'ont encore rien fait annoncer.
MerJin deDouay, appeIepar l'inquieteimpatience
de ses collegues, monte enfin a la tribune. « Le
)) succes n'est plus douteux, dit-il d'une voix dont
)) iI ne peut dissimuler l'emotíon, la Republique
)) triomphe sur tous les points de l' atta que ; mais
JI ce n'est pas sans douleur que je puib vous le
)) dire, puisque le sang franltais a coulé. )) L'assem-
blée qui se sent sOlllagée se contÍent assez pOut'
ne pas applaudir, tant cette joie de guerre civile
est doulollreuse au fond de tOllS les camrs ! mais
deja l'attitude si lüng-temps mome et silencieuse
a changé, et dans l'empressement qu'on met a
reclleillir les recits particuliers, l'agitation des
groupes devient generale et brllyante.


L'attaque a ete engagée a la fois par les sec-
tions, sur toute la ligne de la rue Saint-Ho-
nore.


Le combat a éte tres-vif dans la rue de l'ÉcheHe.




DE L'AN,TROIS. 365
Barras a fait avancer les gendarmes pour y soute-
nir l'adjudant general Blondeau.


Brunc a repoussé de son coté toutes les attaques
qui ont été tentées par la rue Saint-Nicaise et ]a
rue de Rohan.


Sur l'autre rive de la Seine, la colonne de sec-
tionnaires destinée a forcer le Pont-Royal, débou-
chait par le quai en bon ordre. Elle était COllJ-
mandée par le colonel Lafond de Soubé, aneien
officier de ]a garde du roí Louis XVI. Trois fois
elle s'est ralliée sous la mitraille. Mais écharpée
par les feux du Pont-Royal et par ceux du quai
du Louvre, elle n'a pu tenir d'avantage, et s'est
dispcrsée par toutes les rues transversales qui
aboutissent au quai Voltaire.


Une autre colonne d'attaque sortant du fau-
bourg Saint-Germain, s'est f¡¡it voir du coté du
paIais Bourbon. La présellce des réserves qui gar-
daient la place Louis XV, a suffi pour déjouer
eette diversion.


Pendant l'aetion, Barras, ses collegues ad-
joints, et Ieur état major> se sont portés partout
ou leur présence pouvait etre le plus nécessaire :
on les a vus successivement au cul-de-sac Dau-
phin, 'a ]a rue Saint-Nícaise, aux batteries du
Pont-Royal.


Depuis sept heures du soir, la fusillade a en-




366 lHANUSCRIT
tierement cessé : cependant, on entend encore
queIques coups de canon éloignés.


A neuf heures, Barras se présente 11 l'assem-
Llee. 11 descend de chevaL « J'ai opposé la force
» a la force, dit-iI a ses comgues, iI a bien faUn
» combattre ceux qui s'avan<;aient obstinément
» pour s' établir sur vos banquettes. Maintenant
» iI ne s'agit plus que de dissoudre les restes de
)l la rébellion. Les assail1ans de Saint-Roch se
» sont retranchés dans l'église. Ceux de la rue de
» l'Échelle et de la rue Saint-Nicaise, se sont re-
» pliés sous les galeries du Théatre de la Répu-
l) blique et du Palais-RoyaL !ls sont encore trop
» voisins, et voici les dispositions quí vont termi-
)1 ner la journée. Duvigneau et Montchoisy, qui
» ne sont plus nécessaires a la place Louis XV, se
» sont mis en marche avec deux pieces de canon,
» par la grande rue Royale. Ils tournent la place
)1 Vendóme par le boulevart de la Madeleine. En
» meme tem ps Berru yer déLouche des passages des
» Feuillans sur la place Vendóme; Brune, sorti
» du défilé de la rue Saint-Nicaise, pousse devant
» lui des obusiers qui achevent de balayer la rue
» de Richelieu, et Carteaux, qui n'a plus rien a
» faire du coté du Louvre, passe sur la place du
» Palais-Royal pour dégager la rue Saint-Honoré
» jusqu'a l'Oratoire. Le succ~s n'étant plus co-
» testé, on ne tire plus qu'a poudre. »




DE L'AN TROIS.
Barras avait ~¡ peine quitte 1" tribune qu'on


apprend l'heureux resultat des dernieres mesures.
Il n'y a eu de resistance que sous les colonnes du
Theatre de la République, et dans la rue Saint-
Honore, au corps-de-garde de la barriere des
Sergens. La df's obstines ont vOlÍlu former des
Larricades, l1.1ais quelqucs coups a boulets ont
suffi pour l'ompre ces entreprises qui ne se rat-
tachaient plus a aucun plan serieux.


Le reste de la soiree est employe a parcouril'
la ville; a disperser des rassemblemens; on re-
tablit la correspondance de la Convention avcc
les chefs-lieux des sections ; on ramasse les armes
dont les rues sont semées; on lit aux flambeaux
des proclamations de clémence et de concorde.
Chacun se retire, et la violente commotion de la
journée acheve de s'amortir dans le silence de la
nuit,




368 MANUSCRIT


CHAPITRE VII.


FIN DU RÉGllIIE DE LA CONVENTION. - CONCLIJSION.


CETTE erise est la derniere du régime eonven-
tionnel. Abrégeons pour arriver a la fin.


Les troupes de Barras, apres s'etre avancées
dans . differentes directions, sont revenues sur
leurs pas , pour passer le reste de la nuit dans le
quartier des Tuileries. La plupart ont bivouaqué
sous les galeries du Palais-Royal et du Théatre
de la République.


Cependant quelques sectionnaires étaient res-
tes enfermes dan s le clocher de Saint-Roch; ils
avaient continué de tirer pendant la nuit deseoups
de fusil insignifians : au petit jour , ils trouvent
des issues secretes qui leur permettent de s'évader
par les derrieres de la Butte - des- Moulins , et
sous leurs pas disparaissent les derniers 8ham-
pions de la querelle,


Le 14 au matin, tous les services publics rc-
prennent leur allure. La trésorerie est retrouvee
intacte. L'administration des postes n'a pas VII




DE L'Ai'- TROIS.
s'intel'rompre un moment le <lépart et J'arrivée de
ses courl'l ers.


Apres avoil' clonné aux chefs de l'insurrection
le temps nécessaire pour se separer et mettre
leurs tétes ~¡ l'abri, on se décide a occuper mili-
tairement le chef-lieu de la section -Lepelletier ,
et 1'on n'y ramasse que des armes et des chevaux
abandonnés.


Des le matin OH a relevé les morts: on en
compte environ 400 des deux partis.


1l nc reste plus qu'a faire disparaitre les traces
hideuses que le combat a laissées sur quelques
édifices. Les colonnes dll Théatre de la Républi-
que ont éte échancrées par les boulets ; on se ha te
de les réparer. L'empreinte des balles sur les
murs des maisons est promptement effacée; les
vitres brisees sont enlevees, et les trous que les
obus ont pel'ces au corps-de-garde de la Barriere
des Sergens sont bientot bouches 1.


On regrette que trop de sang ait ete répandu;
et cepehdant, par un reste d.'habitude révolu-


1 Le 14, les eurieux affluaient dans les rues qui avaient
serví de ehamp de bataille. 11 n'y I'estait aueune tI'ace.
La nuít meme, on avait enlevé les morts. On en ex a-
¡réra beaucoup le nombre ... 11 ne périt pas un chef, pas
un de ees orateurs furibonds qui avaient allumé l'incendie,
et qui, Jandis qu' 011 cn venait aux mains, faisaicnt en


24




MAl\USCRIT
tionnaire, ce qu'on appelle ]a vindicte publ.i--
que, reclame encore la part Ju bourreau !l Troi:'>
cornmissions militaires 80nt établies sur 1'empla-
cement meme des foyers de la rébellion. L'une,
presidee par le general Loison, siege dans l'eglise
de Saint-Roch; le genéral Lestrange preside la
seconde a la section Lepelletiel'; la troisienw
ouvre ses sel'lnces au Théatre-Fran~:ais, sous la
presidence du general Ducoudray. Les condaIll-
nations sont nombreuses. Mais hatons-nous de
le <1ire: pa'rmi tant hommes marquans qui St~
sont compromis, on ne trouve 11 mettre la
main que sur deux qui n'ont pas fui. Lafond ,
commandant de l'attaque du quai Voltaire, ct
Lebois, l'undespl'ésidens de la sectiondu Théatl'e-
Fram;ais, paient poul' tOllS. Les autres sont con-
tumaces, et oe sont executes que sur le papie\'.
Danican lui-méme o'a pas été atteint 1. Une mo-


sureté des vreux pom' le meces de lem parti. Le soil' ,
les spectacles étaient remplis, comme s'iJ nc fút rien
arrivé. (Thibaudeau, lJlémoircs sur la COllvention, page
2 14. )


1 Le génél'al Danican parvint a s'échapper dans la dé-
route de ses troupes • et a passer chez l'étranger. JI aIla
d'abord a Blankenbourg, aupd~s elu \'Oi Louis XVIII, re-
vint secl'ctement a Paris en j uin 179" sortit encore de
Franee apres le .8 f,'uctidor, fit la campafllle de 1799 en
Suisse, dans UII corps d'émif\rés, fut accusé ¡J'ayoil'




DE L'A~ TRO IS.
deration, inconnue Jusqu'aloJ's, vient de prendre
le dessus; et la Convention, bien 10ín de se
plaindre d'une justice qui ne frappeque dans le
vide, s'occupe d'abolir la peine de mort. Disons
mieux : la peine est abolie en principe; on ne ]a
conserve que provisoirement, et seulement jus-
q u' 11 la pa ix genérale 1.


Apres la part des punitions, vient celle des
recompenses. Les generaux, les officiers, les fonc-
tionnaires destitués ou sllspendus, qui ont pris


trempé alors dans I'assassinat des mInIstres fran«ais a
Radstadt, passa en Piémont en rSor , et joignit ses ef-
forts a ceux du général Willot pour agite,' le midi de la
Franee. Il était en Angleterre en 18 r4. Depuis le réta-
blissement des BOUI'bons, ses tentatives p01l1' l'eeOllvrel-
son grade dans l'al'mée fran¡;aise ont été vaines; il s'est
définitivemcllt fixé en Angleterre, oil le gouvernement
bl"Ítannique, plus reeonnaissant des mauvais serviees
qu'on ne I'est ailleurs des bons, lui fait une pension de
trois mille livl'es sterling.


On se 'montra si peu sévere, que le comte de eastel-
lanlle , condamné a mort paJ' contuLllace, ne quitta pa~
Paris , s'y laissa voi,' publiqnemcn t, et que, rencontré par
une patrouiJle la nuit, il répondit au qui "ipe: "Eh!
n pal'bleu , e'est moi, Castellanne le contumacc ? »


1 Ce décret fait partie de la législation qui a été adop-
tée par la Charte (art. 68) ; et cependant , depuis la paix
fi,énérale,ol! continue de sacrifier des hommes a la jus-
tiee hllrnaine:




:~)2 MANUSCIUT
la défense de la representation nationale, sont
rendus a Jeursemplois par les Comités. lUais il est
des services superieurs que la Convention veut
recompenser elle-mcme. A cette occasion, dans
la se:mce du 18, cinq jours apres l'evenement,
le 110IIl du general qui a commande en second
sous Barras est enfill prononci:.


« N'oubliez pas, dit Freron, que le general
» d'artillerie Buonaparte 1, nommé dans la nuit
)) du 12 au 13 pour remplacer Meno n , n'a eu que
) la matinec du I3 pour faire les dispositions sa-
) vantes dont vous avez vu les efrets ! )) Quelques
instan s ensuite , Barras vient appeler formelJe-
ment I'attention de ses colJegucs sur les serviccs
de son lieutenant, et fait rendre le decret qui le
confirme dans l' emploi de commandant en second
de l'a~'mee de l'interieur.


De la trihune, le nom el u general de brigade
Bonaparte passe daus les journaux, et sort des
ce moment de l'obscurité qui ravait jusqu'alors
enveloppe.


1 A cette époque, le général signait Buonaparte. Buo-
naparte ou Bonaparte sont le meme mot; seulcmcnt, la
prcmiere maniere de l'écrire se rapprochc davantage de
la prononcia"tion italienne. Quand ce nom fut dc\clm
populaire , le général se conforma a la prononciation ele
ses concitoyens, et ne signa plus que Bonaparte.




DE L'AN TROJ S.
Le 14 vendémiaire, 16 octobre 1795, Bona-


parte est promu au grade de géneral de division ;
enfin, dix jOUl'S apres (le 4 brumaire, 26 octo-
bre ) JI est définitivement nornmé géneral en chef
de l'armée de l'intérieur. Cette grande faveLlr,
qui éclate tout a coup sur un homme 'nouveau, et
le contraste de ¡;a jeunesse avec ]a haute position
qu'il vient d'atteindre, fixent sur luí l'attention.


Il est a peine agé de vingt-six ans; sa taille est
petite et mince; sa figure creuse et pale; des
cheveux longs luí tombent des dcux cótes du f'ront,
le reste de sa chevelure, sans poudre, se l'attaehe
en 'queue par del'riere. L'unifor~le de genéral de
Lrigade dont j1 est encare revetu a vu lefeu plus
d'une fois, et se ressent de la fatigue des bi \ouacs.
1.a brodel'ie du gra¡}e s'y trouve représentée dans
toule ]a simplicité militaire par un galon de soje
qu'on arpelle.~::rsthne. Son exterieur n'aurait ric:n
d'imposant, si ce n'était la fierte de son regal'd!


On se demande d'ou il vient? ce qu'il était ?
par quels services anterieurs iI s'rst reconunandé?
Personne ne peot repondre, excepté son aneien
general Carteaux et les Représentans (lui ont éte
au siége de Toulon ou sur h ligne du Val'.


QuancL le nouveau general de l'arrnée de 1'in-
térieur prend possesslon du quartil:'r de la rue
des Capl1cines, il amene a\'cc lui le général
DIJvigneall enmnte chef d'f~tat major, et n'c~L




MANUSCRJT


accompagne que de deux aides de camp : Junot,
officie1' qUÍ lui est att?che depuis long-temps, et
LemaroÍs, eleve dt1 rEcole de Mars , que Letour-
neur ele la Manche vient de lui donner 1. Le géne-
ral n'a pas encore de secretaire; jI emprunte dans
ce moment le secretaire des Representans charges
de la direction de la force armee, et celni-ci tÍcrit
les pl'emiers ordres que le géneral Bonaparte signe
cornme Féneral en chef 2. Tout Paris s'étonne de
vOlr sortÍr des batteries de vendémiaire nn état
major si jeune et si peu révolutionnaire.


Le premier usage que Bonaparte fera de son
crédit sera en faveur de son prédécesseur M enou.
L'équité clu general Loison qui préside le t1'i-


1 Peu de jolll's apres, le capitaine d'artillerie lVIarmont,
de l'a1'mée d'Italic, et le sous-liplItenant ue d1'agons
Louis Bonaparte, sont venus Frenclre r:mi-! parmi les
aides de campo Plus tard, au moment ue son départ
pOUl' l'armée d'Italie, le général s'est attaché le chef de
brigade Murat du 21 C. de chasseurs; la sixieme place
était l'ésel'vée au capitaine lVIuil'on, de l'armée d'Italie.


2 Quatre ans apres, au 18 Lrumaire, le mcme se-
erétaire, transporté a Saint-Clouu aver: 1a minorité Un
Directoire, écril'a les premiel's mdres dll général Bona-
parte cOlllmc· COIlsul, et, par suite d'une fatalité singn-
lii~re, apres un intenalle d(' quatorze ans, Fain se
trouvera encol'c a Fontainebleau , pour éCI·irc les derniel's
Ol'dres de l'EmJ1Vl'eUr et son abdicatioll '




DE L'AN T ROIS, 37 5
hUlIal, et I'energiqllc amitié (lu representant
Thibaudeau f'eront le reste. Le general Menon
:iera acquitte j.


Le nouveflu general en chef de l'armee de l'in-
terieuI' acheve de se l'ecommander par la ma-
lliere dont iI procede au désarmement des Sec-
tions. Tout ce q1.li est rigueur daus ses ordres
cesse de l'étre dans l'exécution~.


Le., depeches favorables q u'on a re~ues de divers
cotes n'ont p¡.s peu contribué a tout adoucir. Il
n'.Y a plus d'inquietudes su!' les mouvemens et les
défectious qui pouvaient elre combines avec les
derniers evénemcns de Paris. Des le 14, on a eu
reponse aux demllndes de secours adressees aux


1 Quelques jours apl'es le 13 vcndémiai.'e, le général
Bonaparte avait fait passer a lUenou un avis COII(,!u con ces
ter'mes' " J' ai tout ~'u, on veul vous perdre; maib je
"ferai toul pour vous sauver. en dépit de la rage
" qz/ont ccrtains représentans de faire rel{)mber leur
» sQtti~e ;ur la téte des généraux." lVlenou se plaisait a
raconter cette anecdote.


J « On avait exécuté le désarmement général des sections.
II se présellta a l'état major un jeune hommc de dix a
douze ans, qui vint supplier je général en chef de lui
faire rend.'c l'épée de son pel'e, aneien géné¡'al de la
République. Ce jcune homme était Eugene de Beau-
hal'llais, depuis vice-roi d'Italie. N apoléon , touché de la
lIall/re de sa demande et des graces dc son ag-e, lui ac-




3í6 M.A l\ U S e R ] T
armées. Jourdan écrit que toutes ses djspositions
sont ü¡ites pour mettre en marche la colonlle de
Sambre - et - Meuse au premier signal qui sera
donne. Merlin de Thionvil1e répond en ces termes
au nom de l'armée du lihin : I( Les braves qui out
» défendu Mayenee ont déja marché sur la Ven-
l) dée : les braves qui font aujourd'hui le siége
» de eette place sont prets amarcher a leur tour
)1 sur le meme ennemi, s'il est a Paris. »


Des le .5, la Convention a su que l'expeditiou
a nglaise a échoué devant l'ile de N oirmoutiers, et
que Charette, qui avait fait Iuine de s'avancer 11 la
rencbntre du débarquement , a été prévenu par
l'activité du général Hoche : trois colonnes arri-
vant par des directions diHerentes out renferme


corda ce qu'íllui clemanclait. EUf\ene se mit a pieul'er en
"voyant l'épée de son pere. Le général en fut touché, et
luí témoigna tant de bíenveillance, que madame de Beau-
harnaís se crut obligée de venü·le lendemain lui en faire
des remel"Ciemens. Napoléon s'empressa de luí rendre 5a
visite. Chacun connalt la grace extreme de l'impél'atl'iee
Joséphine, ses manieres clouces et attrayantes : la con-
naissanee devint bientót intime et tendl'e, et ils ne tal'-
derent pas a se mariel·.» (Mémorial de" Lns-Ca~es,
tome n, page 258 , édition de 1824. )


Le directeur "Barras, et le eapitaine LemalTois, furel1t
les témoins du général dal1s l'acte eivil de son mal'iage ;
les témoills de J oséphinc , étaiel1t les citoyens Tallicll et
Calmelct i cc dcrnic¡· tuteUl' des mineurs Beauharnai"




DE L'AN TROIS. 3)7
le géuéral veudéen Jans ses call1onuemens de
Belleville, l' ont a ttaqué et ne lui permetten t
plus de penser a autrc chose qu'a S3 propre
sureté.


Les lettres (le laSuisse sont également rassu-
rantes. Naguere ces lettres étaieut pleines des
esperances que le parti de l'étranger annonc;ait
hautement. (( La Convention uationale est au
» rnomeut de se yoir chasser de París, disaient-
) e]les, et u'aura de refug(~ (lu'au mi1ieu eles ar-
)) mees .... )) Aujourd'hui le découl'agement a suc-
cedé a la confial1ce. Les commissaires autrichiens
qui 50nt a Bale pour l'échange des prisonniers
viel1nel1t eux-memes de faire une l'évélation im-
portante. «( La conspirallon de vendémiaire , ont-
)) ils dit, avait le projet oe se servil' des prison-
)) niers étrangCl's. Les prisonniers autril:hiens,
)) cantonnés ü Chalons - sur -l\1arne, ont cntre
)) autl'es été pratiqués et travaillés dans ce des-
)) sein : la con11nis5ion autrichienne fait deman-
)) dá qu' on éloigne de P aris ces inalheureux. )


Maintenant que la Conventíon est certaine que
ses derniers mo01ens seront tranquilles, elle
trouve la victoire suffisante, et pOlll' le peu de
te01ps qui lui reste, elle dédaigne de la rendl'e
plus complete. Comme les O1oribond5, elle est
plutót disposée a apaiser les ressenti01ens qu'il
Jcs élugmentcr. C'est donc en vain que quclques-




MANUSCRI T
UWi de ses membres méditent d'ajoumer la mise
en activité de la ConstÍtution, pOIl!' pl'olonger eo- .
eore Je gouvel'llement revolutionnaire; elle ecarte
toutes les propositions de cette nature. Son der-
nier jour est détlnitivement fixé au 4 brumaire.
D'ici la, les ambitions et les partis n'ont plus
(l'autre point de mire que la place qu'ils occupe-
ront dans le nouvel ordre de choses. La Con-
vention va s'écI'Ouler sur les deux tiers de ses
membl'f's, et la premien: affaire de ceux-ci est
de combíner l'élo:x:tion des cinq directeurs de ma-
niere 11 la soustraire 11 l'intluence du uouveau tiers


. . qm va anIver.
Le pal,ti thermidorien eroit pouvoir réclamer


le pl'ix de Ja dernierc journee. On est géné-
ra]ement disposé a pOl'ter au Direetoire Barras,
J'homnw du d velldémiaire; mais il s'agit de lui
aceoIer TaUicn, l'homme du 9 thct'midor, el
e'est plus diflicíle. Talli<'o n'a pas encore calmé
toutes les haines qu'il a encourlles dans le parti
républic3in, et la miss ion de Quiheron vient de
lui en susciter de nouvelles da liS le parti oppose.


De son coté, le tiers partí ne se tient pas pour
battu et se prepare a disputer l'éleetion. Camba-
cél'es, Boissy -. d'\nglas et Barthélemy, ont re-
trouvé de grandes chances de r,;ucces dans l'es-
prit de modération dont on est généralement
animé .... \lais une circoni'tance de poliel' SIII'-




DE L'AN TROIS.
vient qui rompt toutes les mesures prises par
les principaux candidats. Le bureau établi par
le Comité de surete générale aupl'ps de la poste,
a sllrpris une correspondance suspecte ql1i de
BaJe était adressée 1t un nommé Lemaitre, a Paris.
On est parvenu ü se procurer la elel' des chitlres ,
et la correspondan ce placée sons les yeux des Co-
mités s'est lrouvee celle que le roi Louis XVIII
fait entretenir avec ses agens secrets a París, par
l'intermédiaire de M. le eomte d'Entraigue et
de M. le comte de Montgaillard. La découvertt~
promet d'etl'e fécoude en rév~]ations : muis on n'a
ni le temps ni la volante tie la pousser a bout. Au
premier aperl{u, on est tombé sur des Índices
qui compromettent les eanclidats du parti mo-
deré. Le parti thermidoripn s'en saisit et se con-
tente de voir el' qu'il a hesoin d'y voir ; Tallien
demande un comité secl'et, et fait donner lec-
ture de quelques lettres interceptées 1.


1 Pieees de Lemaltre, lues le 2 brumaire par Ysaheau.
Extl'ait d'une lettre de 1\'1. le comte d'Entraigue : -


« Je IW suis nullement étonné que Call1bacéres soit du
" nombre de ceux qui voudraient le retour de la l'Oyauté.
» le le cunnais, et je I'ai vu souvent. C'est un honlme
" uc heaucoup d'esprit, et si quelque chose m'a úonné
" de lui, (,;'a été de le voil' s'asservÍl' a obéil' a ues gens
') 'In'en tout autl'e lemps il eút vonlu commalldel', et
" :t1l\quels il ".'tI, en el!'ct cOtrJmalldé. »




380 .:\'IANU SeR] T
Quand on accuse, il faut etr'e soi-meme lrre-


pl'ochable, et Tallien a meconnu cettc premie.l'e
l'egle de la prudence, en se laissant emporter par
le elesir trop ardent d'ecarter des rivaux.


Le parti qui s~ VOlí: soup<;onne n'apas oublié
les lettres surprises au mois de 111a\'s clernier
sur le paquebot de la princesse Charlotte, dans
lesquelles Tallien est nommé de la main de
Louis XVIII lui-m.eme 1.


Les resultats de cette querelle interieure retom-
bent sur les dcux partis extremes qui s'y sont com-
promis. La Convention nationale en a assez en-
tendu ponr cl'ainclre que des deux cótes il n'y ait


1 « La lettre saisie sur la princesse Charlotte n'était
l/ pas le seul document C[u'on eut contre Tallien. 11 y
l) avait des rapports absolumcut conformes des agens di-
" plomatiques de Id Franee en It;¡lie, et d'un afjent se-
l) cret a Londres; on avait une lettre du comte d'Entrai-
» guc, dans laquelle il disait en parlant des révolution-
l) naires : D' apr'es la conduite de Tallien a Quiberon ,
» comment sefiera leurs promesses?


)) Lorsque RcuhelI et Sieyes l'cviment de leu!' missioll
» en HolIande, ils dirent qu'ils y avaient recueilli des
» renscignemens précieux contre Tallien et Fréron.


» J'avais entendu Louvet dire qu'étant en Suisse pe n-
» dant sa proseription, il avait connaissance dc concilia-
» bules d'émigrés dans lesqueIs on arrctait des résolu-
» tions <Iu'il voyait ensuite d<tus les joul'naux , pré,entées
H par Tallieu ¡¡ la COllventioll. "IThihaudean, pap;o ~~·'h.·




DE L'AN TROIS.
égalcment partie liée avec la contre-revolution,
et que ce ne soit I1 qui s'empal'era du directoire
pour achever et executer son traité plus a l'aise ! ...
01', la majorité de l'assernblée est républicaine, et
consid~re comme un devoir de probité de preser-
ver avant tout la République de l'effet de ces di-
verses intrigues. Il est évident que les dernieres
elections vont intl'oduire dans la legislature un
tters qui sera favorable a des transactions avec le
systeme monarchique. Peut~ctre eut-il été d'une
saine politique de brisel', apres la vietoire, des
choix hostiles qui faisaient partie de l'attaque. La
Convention CL'oit opposer an mal un palliatíf suf-
fisant, en prenant la résolution de n'appeler an
nouveau gouvernement que des hommes surs et
qui soient franchementrepublicains. A cet effet ,
une association d'environ quatre cents membres
se forme: elle se promet de considél'er comme
dOltteux, et par conséquent d' écarter tous ceux qui
viennent de s'accuser 1. La liste des candidats a
presenter par le conseil des Cinq-Cents pOUl' le
Directoire, doit etrede cinquante, entre lesquels le
conseil des Anciens choisira, necessairement, les


1 Tallien arrive ici au terme de son existence potitique;
i! n'a plus fait que végéter sous le Directoire et sous l'Em-
pire: il est mort obscurément depuis la Restauration. La
Illunificencc du roi Lonis X VIII lui faisait une pensiono




3th MANU seRl T
cinq directeurs. Or, les suffrages du nouveau tiers
pourraient appórter dans la formation d'une liste
de cinquante noms, des combinaisons nouvelles
qui derangeraient la majorité republicaine. Pour
jouer u coup sur, on convient a'éluder la condi-
tion des cinquante candidats. On n'en presentera
réellement que cinq et ce sont ceux sur lesquels on
vient de t.omber d'acco.rd; savoir : Revelliere-Le-
peaux, Sieyes, Reubell, Letourneur de la Man-
che et Barras. Ces noms sel'ont en tete de la liste;
on remplira les quarante-cinq autres lignes par des
noms obseurs destines a rejeter hors des limites du
scrutin tOut veritable concurrent. Il resulte de ce
procede que Cambaceres , qui eí't le premier can-
didat de la liste opposée,n'arriveque le cinquante
et unieme dans l'ordl'e des suffrages,au lieu d'y
arriver ]e sixieme, et que ni lui, ni ses amis, qui
le suivent, ne peuvent penetrer dans le Jémé de
]a candidature 1.


Sur ces entrefaites, Sieyes refuse. Une rivalité
qui existe depuis quelque temps entre Reubell et
lui ne leur permet pas de siéger autoUl' du meme
tapis; la porte du directoire va done se rouvrir, t'l
Cambacéres se represente. Son travail sur les
eodes le rceomrnande en dépit des préven-


1 La rninol'ité po,'tair Cambacéá~s, Doissy-d' An~las .
llarthélemy, ViI\al'ct Joyeuse ct Pichegl'u.




DE L'AN TROIS. 383
tions; mais en ce mom.ent, il n'est bruit que de
la retraite de nos armées en de ya du Rhin , et
des tristes effets du systeme quis'est introduit
dans la direction de.s opérations militaires. Un
tacticien est devenu plus nécessaire qu'un juris-
consulte pour ceux qui veulent que la République
SOlt préservée aussi bien au dehors qu'au dedans.
Les républicains font done un dernie1' effort pour
porter Carnot an directoire.


Cependant le mcmb1'e de l'ancien comité de
Salut Puhlic ne J'a emporté que de cinquante voix
sU/' Cambaceres, et la contre-rtwolution se consoJe
en voyant que eette grande partie qu'elle croyalt
perdlle est seulement remise aux futures élec-
tions. De son coté, le Directoire, inflexible dans
les dogmes du répllblicanisme, promet de ne re-
culer devant aucun coup d'état qlli serait neccs-
saire pour le sall1t de la ca use dont il a le pou-
voir ... Mais a travers les deux opinions opposées
qui vont continuer la lutte, la commotion de ven-
démiaire alance le géneral Bonaparte et sa for-
tune!


FIN.






s u P P L É M E N 1'.


PIECES HISTORIQUES.







=


PIECES mSTORIQUES.


§ 1. TRAITÉS
CONCLUS


PAR LE COl\'IITÉ DE SALUT PUBLICo


1°. Traité de paix avec la Toscane. -20. Traité de Bale avec la
Prusse, da 16 germinal an III. - 3°. Conventions du 28 Ha-
réal avec la meme puissance .. - 4°· Traité avec la Hollande.-
5°. Traité de Bale avcc l'Espagne, da 4 thermidor.-6o • Traité
de B.l.le avec le landgrave de Hesse-Cassel, da 11 fractidor
'7~' Traité avec la Sukde:, du 28 fructidor, non ratifié.


l°. Traité de paix avec la Toscane.


Entre lés représentans du peuple franltais, com-
posant le comité de Salut Puhlic, chargé par le
décret de la Convention nationale du ? fructidor


25.




388 MANUSC.RIT
dcrnier, de la direction des relations extérieures t
soussignés ,


Et S. Exc. 1\'1: Fr:mc;ois eorote Carletti, envoyé
extraordinaire du grand:-duc de Toscane, ebargé de
ses pleins-pouvoirs donnés á F]orence les 4 novembre
et I3 décembre 1794, qui demeureront annexés a
la minute des présentes, également soussigné :


n a été convenu et arrété ce qui suit :
ART. Jer. Le grand-due de Toscane révoque tout


acte d'adhésion, consentement ou accession J. lá
coalition armée eontre la République franc;aise. En
eonséquence, il Y aura paix , amitié, et bonne in-
telligence entre la République franc;aise et le grand-
duc de Toscane.


ART. JI. La neutralité de la Toscane est rétablie
sur le pied ou elle était avant le 8 octobre 1793.


ART. JB. Le présent traité ll'aura son eHet qu'a-
pres avoir été rati6é par la Convention nationale.


F.ait a Paris, au palais national le 21 pluvióse de
l'an III de la République franc;aise une et indivi-
sible (9 février 1795 de l' ere vulgaire).


Sif)né, CUIBACÉRES, PELET, CHAZAL, C.H.NOT,
FOURCr,OY, 1\'IERLIN DE DOUAI, BOISSY-D'AN-
GLAS, MAREc, DUBOIS-CRANCÉ, LA COMBE SAINT-
MICHEL, BRÉARD, ANDRÉ DUMONT.


Signé, en regard : FRAN~OlS CARLETTJ,




DE L'AK T ROIS.


2". Traite de Bále avec la Prusse.


La République fran~aise et Sa Majesté le roi de
Prussc, ég'alement animés du désir de mettre fin a
la guerre quí les divise, par une paix solide entre
les deux nations, ont nommé pour leurs pIénipo-


" tentiaires, savoir :
La RépuhIique fran~aise, le citoyen Fran~ois


Barthélemy, son ambassadeur en Suisse , '
Et le roi de Prusse, son ministre d'état, de guerre


et du cahinct, Charles-Auguste, haron de Har-
demberg, chevalier de l'Aigle-Rouge, de l'Aigle-
Blanc et de Saint-Stanislas j


Lesquels, apres avoir échangé leurs pIeins-pou-
voirs, ont arre té les artieles suivans :


Art. ler. 11 Y aura paix, amitié et honne inteIli-
gence entre la République fran~aise et le roí de
Prusse, tant considéré cornme teI, gu' en qua lité
d'électeur de Brandebourg et de co-état de l'Empire
germanique.


ART.ll. En conséquence, toutes leshostilités entre
les deux puissances contractantes, cesseront a comp-
ter de la ratificationdu présent traité j et aneune d'el-
les ne pourra , a compter de la meme époque, foumir
eontre l'autre, en queIque qualité et a quelque titre
que ce soit, aueun seeours ni eontingent, soit en
hommes, en chevaux, vivres, argent, munitions
de guerre ou autrement.


ART. III. L'une des puissances contractantes ne




MANUSCRIT
pourra accorder passage sur son territoire 11 des
troupes ennemies de l'autre.


ART. IV. Les troupes de la Répuhlique fraJH;aise
évacueront, dans les quinze jours qui suivront la
ratification du présent traité, les parties des états
Prussiens qu'elles pourraient occuper sur la rive
droite du Rhin.


Les contrihutions, livraisons, fournitures et pre-
stations de guerre, cesseront entierement, 11 comp-
ter de quinze jours apres ]a signature de ce traité.


Tousles arrérages dus 11 cette époque, de meme
que les hillets et promesses données ou faÍles 11 cet
égard, seront de nulle valeur.


Ce qui aura été pris ou pen;u apres l'époque sus-
dite, sera d'ahord rendu gratuitement, ou payé en
argent comptant.


ART. V. Les troupes de la Répuhlique fran¡¡aise
continueront d'occuper la partie des états du roi de
Prusse, située sur la rÍve gauche du Rhin. Tout
"dU"d~~~m.~~\. ~i~~'\\.)'-\ ~ ~ i~"d'l:u. ~e ~es -pl'o"Villces sel'a
renvoyé jusqu'a la pacification générale entre la
France et l'Empire germanique.


ART. VI. En attendant qu'il ait été fait un traité de
cOmmerce entre les deux puissances contractantes,
toutes les communications et relations commercialcs
sont rétahlies entre la Franee et les états Prus-
sien s , sur le pied OU elles étaient avant la guerre
actuelle.


ART. VII. Les dispositions de l'article VI ne POll-
vant avoir Ieur pIein eflet qu'en t;lllt (Juc la liherU;




DE L'AN T ROIS. 39[
du commerce sera rétahlie pour tout le nord de 1'Al-
lemagne, les deux puissances contractantes pren-
dront des mesures pour en éloigner le théAtre de
la guerreo


ART. VIII. Il sera accordé respectivement aux inui-
vidus des deux nations, la main-levée des efIets, reve-
nus ou biens, de quelque genre qu'ils soient, déte-
nus, saisis ou confisqués a cause de la guerre quí a eu
lieu entre la France et la Prusse, de meme qu'une
prompte justice a l'égard des créances quelconques
que ces individus pourraient avoir dans les états
des deux puissances contractantes.


ART. IX. Tous les prisonniers faits respectivement
depuis le commencement de la guerre, sans égard a
la différence du nombre et du grade, y compris les
marins et matelots prussiens pris sur des vaisseaux ,
soít prussiens, soit d'autres nations, ainsi qu' en
général tous ccux détenus de part et d'autre pour
cause de la guerre, seront rendus dans l'espace de
deux mois <lU plus tard, apres l'échange des ratifica-
lions du présent traité sans répétition quelconque,
en payant toutefois le~ dettes particulieres qu'ils
pourraient avoir contractées pendant Ieur captivité.
On en usera de meme a l'égard des malades blessés ,
d'ahord apres leur guérison.


II sera incessamment nommé des commissaires,
de part et d'autre, pour procéder a l'exécution du
présent article.


AH. X. Les prisonnicrs des corps saxons, mayen-




MANUSCRIT
'{ais , palatins , et hessois, tant de Hesse-Cassel que
de Darmstadt, qui ont servi avec l'armée du roi de
Prusse, seront également compris dans l' échange
susmentionné.


XI. La Répuhlique fran'{aise accueillera les bons
offices de Sa Majesté le roí de Prusse, en faveur des
)lrinces etétats de YEm-pire germanique qui désire..,
ront entr~r, directement en négociation avec elle,
et qui, pour cet eflet, ont déja réclamé ou récla ..
meront encore l'intervention du roi.


La République frau~aise , pour donner au roi de
:p~usse une premiere preuve de son désir dé con-
courir au rétablissement des ancieus liens d'amitié
qui ailt subsisté entre les deux nations, consent a
ne pas traiter comme pays ennemi, pendant l' es pace
de trois mois apres la ratification du présent traité ,
ceux des princes et états dudit Empire qui sont
situés sur la rive droite du Rhin, en faveur des-
quels le- roi s'intéressera.


ART. XII. Le prés~nt traité n'aura son eHet gu'apres
avoir été ratil1é par les parties contractantes, et les
ratifications seront échangées en cette ville de Bale
dans le terme d'un mois; ou plus tot, s'il est possible,
a compter de ce jaur.


En foi de quoi, nous soussignés ministres pié ni-
potentiaires de la République fran~aise, et de Sa
Majesté le roi. de Prusse, en ver tu de nos p leins-
pouvoirs, avous signé le présent traité de paix et
d'amitié, et y avons fait appo,ser nos sceaUx res ...
~ectifs.




DE L'AN TROIS.
Fait a Bale, le 16 du mois de germinal, de l'an 3 de la Répuhlique fran~aise (5 avril 1795).


Signé} FRAN~oIs BARTHÉLEMY.
Et en rega\'d :


CHARLES AUGUSTE, baron DE HARDEMBERG.


A rticles séparés el secrels.
ART. Ier. Sa Majesté le roi de Prusse ne formera


ancnne entreprise hostile sur les Provinces-Unies el
sur tous les autres pays occupés par les troupes fran~aises .


ART. n. Si, a la pacification générale entre l'Em-pire germanique et la France, la rive gauche du Rhin reste a la France, Sa Majesté le roi de Prusse
s'entendra avec la République fram;aise sur le mode de la cession des États prussiens situés sur la rive 5auche de ce fleuve, contre telle indemnisation ter-
ritoriale dont on conviendra. Dans ce, cas, le roi
acceptera la garantie que la Répuhlique lui offre de cette indemnisation.


ART. IIl. Afin d'éloigner le théatre de la guerre des frontieres des États de Sa Majeslé le roi de Prusse, de conserver le repos du nord de l' Alle-
magne et de rétablir la liberté entiere du com-
merce entre cette partie de l'Empire el la France,
comme avant la guerre, la Répuhlique fran~aise
consent a ne -ras pousser les opérations de la guerre,
ni faire entrer ses troupes soit par terre soit par




394 MANUSCRIT
mer, dans les pays et États situés au del a de la ligne
de démareation suivante : Cette ligne eomprendra
l'Ost-Frise et deseendra le long de l'Ems et de I'Aa
ou l' Alpha j usqu'it Munsler, prenant ensuite sa di.-
reetion sur Coesfeld, Borken, Boekholt jusqu'it la
fronliere du duché de Cleves pres d'IsseIbourg,
suivant eeLte fronLiere a Magenporst sur la nouvelle
Issel, et remontant le Rhin j usqu'a Duisbourg; de la
longeant la frontiere du eomté de Lamark sur W 61:-
den, Gemarke eL le long de la Wippar a Hombourg,
Altenkirehen, Limbourg sur la Lahn, le long de
eette riviere et de eelle qui. vient de rdstein sur
cette ville, Epstein et Hoehsl sur le Mein, de la
sur Ravenheim, le long du Landgraben sur Dorn-
heim) puis en suivant le ruisseau qui traverse cet
endroit, jusqu'a la frontiere du Palatinat, de la ecHe
du pays de Darmstadt eL du eerele de Franconie
que la lig'ne enclavera en entier, it F~bersbaeh sur
le Neeker, continuant le eours de ce fleuve jusqu'il
Wimpfen, ville libre de I'Empire, et prenant de lit
sur Lowenstein, Murhard, Hohenstadt, Nordlin-
gen, ville libre de l'Empire, et Holtzkirch sur la
Wernilz, renferman! le comté de Pappenheim eL
tout le eerele de Franconie eL de la Haute-Saxe, le
long de la Baviere, tIu haut Palatinat et de la Bo-
heme jusqu'aux frontieres de la Silésie.


La République frans:aise regardera comme pays
et États neutres tous ccux qui sont situés dcrriere
ccHe ligue, i:t condition que Sa Majcsté le roi di'
Prussc s' engage i1 leur fiúrc ohscrvcr une stricte




DE L'AN TROIS.
neutralité, dont le premier point serait de rap-
peler ]eurs contingens et de ne contraeter aucnn
nouvcl engagement qui pul les autoriser a fournir
des troupes aux puissances en gucrre avec1a France.
Le roi se eharge de la garantie gu'aucunes troupes
ennemies de la France ne passent eette ligne ou ne
sorlent des pays qui y sont compris , pour combattrc
les armées fram;aiscs ; et a cet cffet les deux parties
contractantes entretiendront sur les points essen-
tiels, apres s'étre coneertées entre elles, des corps
d' observation suffisans pour faire respecter eeUe
neutralité.


ART. IV. Le Comté de Sayn-Altenkirchen sur le
Westerwa]d, y eompris le petit district de Bendodl"
au-dessous de Coblelltz, étant dans la possession de
Sa Majesté le roi de Prusse, jouira des memes SU-
reté s el avantages que ses autres élats situés sur la
rive droite du Rhin.


ART. V. La République fran9aise désirant eon-
tribuer, en tout ce qui dépend d'eIle, a l'affermisse-
ment el au bien-cire de la Prusse, avec laquelle
elle reconnaH avoir une grande idenlité d'intérét,
consent, pour le cas OU la FraIlce étendrait, a la
paix future avee l'Empire germanique, ses limites jusqu'au Rhin, et resteraÍt ainsi en possession des
États du duc de Deux-Ponts, a se eharger de la
garantie de la somme de quinze eent mille rixdalers
prétés par le roi a ce prince , apres que les titres
de eeHe eréanee auront été produits, et sa lég'iti-
mitú reconnuc.




396 .:vlANUSCRIT
ART. VI. Les dispositions de l'article Il dU'pré-


sent traíté ne pourront s'étendre aux États de la
Maison d'Autriche.


Les présens six articles séparés et secrets auront
la méme force que s'ils étaient de mot a moL insérés
dans le traité principal conclu et signé cejourd'hui,
et ils seront également ratifiés par les parties con-
tractantes. En foi de quoj, nous soussignés ministres
plénipotentiaires de Sa Majesté le roi de Prusse et
de la Répuhlique fran~aise , en vertu de nos pleins-
pouvoirs, avons signé ces présens articles séparés ;
et secrets, et y avons fait apposer nos sceaux r~s­
pectifs.


FaitaBale, le 16 germinaldel'an III (5avrilI795).
Signé, FRAN~OIS BARTHÉLEMY , et CHARLES AUGUSTE,


baron DE HARDEMBERG.


3'. Convention du 28 floréal avec la PI'llSSC.
A rticles patens.


La Républíque fran9aise et Sa Majesté le roí de
Prusse, ayant stipulé, dans le traité de paix et d'a-
mitié conclu entre elles, le 16 germinal dernier,
5 avril 1795, des clauses secretes qui se rappor-
tent a l'arLicle 7 dudit traité, et qui établissent une
ligne de démarcation el de neutralisation, dont le
hut est d'éloigner le théatre de la guerre de tout le
~ord de l'Allemagne, ont jugé convenable d'en ex-




DE L'AN TROIS. 397
pliquer el d'en arre ter définitivement les condítions
par une convention particuliere.


A cet effet, les plénipotentiaires respectifs des
deux hautes puissances contractantes , savoir :


De la part de la République fram;:aise, le citoyen
F ram;ois Barthélemy, son ambassadeur en Suisse,
et de la part du roi de Prusse, son ministre d'état ,
de guerre et de cabinet, Charles Auguste, baron de
Hardemberg, chevalierde l' Ajgle-Rouge, de l' Aigle-
Blanc et de Saint-Stanislas , etc. , ont arreté les ar-
tides suivans :


ART. ler. Afio d'éloigoer le théAtre de la guerre
des frontieres des États de Sa Majesté le roi de
Prusse, de conserver le repos du nord de l' Allema-
gne, et de rétablir la liberté entiere du commerce
entre cette partie de l'Empire et la France, comme
avaot la guerre, la République fran~aise consent a ne
pas pousser les opérations de la guerre, ni faire t:n-
trer ses troupes , soít par terre, soit par mer, dan s
les p:lyS et États situés au delit de la ligne de démar-
cation suivante :


CeUe ligne comprendra rOst-Frise, et desceodra
lelong de l'Ems, et dé l'Aa ou l' Alpha, jusqu'a Muns-
ter; prenant ensuite sadirectioo sur Coesfeld, Borken,
Bockholt jusqu'a la frontiere du duché de Cleves, pres
d'lsselbourg j suivant cette frontiere a Magenporst
sur la nouveIle Issel, et remontant le Rhin jusqu'a
Duisbourg; de la longeant la frontiere du eomté de
Lamark, sur Werden, Gemarke, et le loog de !a
\V'ipper il IIornJ)ourg, i\ltenkirchen) Limbourfr




398 MANUSCH.IT
sur la Lahn; le long de cette riviere et de ceHe quí
vientd'ldstein, sur cette ville, Epstein et Hochst sur
le Mein; de la sur Ravenheim, le long du Landgra-
hen, sur Dornheim; puis, en suivant le ruisseau
qui traverse cet endroit, jusqu'a la frontiere du Pa-
latinat; de la, celle du pays de Darmstadt et du cercle
de Franconie, que la ligue en clavera en entier, á
Ebersbach, sur le N ecker, continuant le cours de
ce fleuve jusqu'a Wimpfen 7 ville libre de l'Empire ,
et prenant de la sur Lowenstein, Murhard, Hohens-
tadt, Nordlingen, ville libre de l'Empire, et Hc.lz-
kirch sur la Wernitz, renfermant le comté de Pappen-
heim, et tout le cercle de Franconie et de la haute
Saxe, le long de la Baviere, du haut Palatinat et de
ia Boheme, jusqu'aux frontieres de Silésie.


La Républir{ue franpise regardera comme pays
et États neutres tous ceux qui sont situé s Jerriere
cette ligne, a condition qu'ils observent, de leur
coté une stricte neutralité, dont le premier point
sera de rappeler leurs conlingens, et de ne contrac-
ter aueun nouvel engagement qui put les autoriser a
fournir des troupes aux puissailces en guerre avec la
France.


Ceux qui ne rempliront pas cette condition, se-
ront exclus du bénéfice de la neutralité.


ART. III. Sa Majesté le roi de Prusse s'engage a
faire observer eette neutralité a tous les états qui sont
situés sur la r.ive droite du Mein, et compris dans
la ligne de démarcation sus-mentionnée.


Le roi se chargc de la garantie qu'aucunes trou-




DE L'AN TROIS. 399
pes ennemies de la France ne passent cettt:) par tic
de la ligne ou ne sortent des pays qui y sont COlll-
pris, pour combattre les armées frafl(;aises; et a cet
cOct, les deux parties contractantes cntrctiendront
sur les points essentiels, apres s'ctre eoncertées en-
tre elles, des eorps d' observation suffisans pour
faire respeeter eette neutralité.


ART. IV. Le passage des troupes, soit de la Répu-
hlique fran/faise, soit de l'Empire ou autriehiennes,
restera toutefois libre par les mutes eonduisant sur
la rive droite du Mein par Franefort : .


1". Sur Krenig'stcin et Limbourg, vers CoJognc;
2°. Sur Friedbcrg, Wetzlar et Siégen, vers Co-


logne;
3°. Sur Hadersheim , Wisbaden , et Nassau a Co-


1lentz;
40. Enfin, sur Hadersheim a Mayenee, et vice


versá;
De meme que dans tous les pays situés sur la rive


g:lUche de eeHe riviere et daus tout le cercle de Fran-
eonie, sans toutefois porter le moindre préjudice a
la neutralité de tous les États et pays renfermés
dans la-ligne de démarcation.


ART. V. Le comté de Sayn-Altenkirchen sur le
Westerwald , y compris le petit district de BendorfI;
au-dessous de Coblentz, étant dan s la possession
de Sa Majesté le roi de Prusse, jouira des memes
suretés et avantages que les autres États situé s sur
la rive droite du Rhin.


ART. VI. La présentc conVCl1tÍon devra ctre rati-




400 MANUSCRIT
fiée par les parties contraetantes , et les ratifications
seront échangées en ecHe ville de Bale d,ms le terine.
d'un mois, ou plus tot, s'il est possib]e, a compter
de ce joul'.


En foi de quoi, nous soussignés plénipotentiaires
de la République franl{aise et de Sa Majesté le roi
de Prusse, en vertu de nos pIeins-pouvoirs, avons
signé la présente convention particuliere et y avons
f~it apposer nos sceaux respectifs.


Fait a Rile, le 28 floréal an 3 de la République
franyaise (17 mai 1765).


.
SigmA, FRANyOIS BARTHÉLEMY .


E t en regard :
CHARLES AUGUSTE, baron DE HARDEMBtRG.


A rticles séparés el secrels.


ART. le .. Dans le eas que le gouvernement de
Hanovre se refusat a la neutra]ité, Sa Majesté le
roi de J;lrusse s'engage a prendre l'électorat de Ha-
llovre en dépot, afin de garantir d'autant plus effi-
cacernent la République franl{aise de toute entreprise
hostile de la part de ce gouvernement.


ART. lI. Quoiqne le passage des troupes, soit
franyaises, soít de l'Empire ou autrichiennes, par
la ville de Francfort, soít stipuIé par 1'article 4 de la
convention particuliere de cejourd'hui, entre le roi
de Prusse et la RépubIique franyaise, iI ne pourra
etre pIacé ni garnison franyaise ni autrichienne dans
cette ville.




DE L'AN TROIS. 401
Les présens deux articles séparés et secrets auront


la meme force que s'ils étaient de mot 11 mot insérés
dans la convention particuliere conclue et signée ce-
jourd'hui, et ils seront également ratifiés par les
parties contractantes.


En foi de quoi, nous soussignés plénipotentiaires
de la République fran~aise et de Sa lVIajesté le
roi de Prusse, en vertu de nos pleins-pouvoirs,
avons signé les présens articles secrets et séparés,
et y avons fait apposer nos sceaux respectifs.


FaitaBAle,le 17mai 1795 (28floréalanIlI).
Signé, FRAN~OIS BARTHÉLEl\IY.


Et en regard ,


CnARLEs AUGUSTE, baron DE HAR DEMBERG.


4°· Traité de paix et d'allianee aree la répu-
bliquc des P rovinees-U nies .


La République franc;aise et la République des
Provinces-U nies, également animées du désir de
mettre fin a la guerre qui les a divisées, d'en ré-
parer les Inaux par une juste distribution de dé-
dommagemens et d'avantages réciproques, el de
s'unir a perpétuité par une aIliance fondée sur les
vraís intérets des deux peuples, ont nommé, pour
traiter définitivement ces grands objets, sous la


26




MANUSCRIT
ratificatlOn de ]a Convention nationa]e et des États.
Généraux, savoir :


La République fran~aise, les citoyens Reuben et
Sieyes , représentans du peuple;


Et la République des Provinces-Unies, les ci-
toyens Peter Paulus, Lestevenon, Mathías, Pons
et Hubert, membres des États-Généraux , lesquels,
apres avoir échangé leurs pleins-pouvoirs, ont
arreté les articles suivans :


ART. ler. La République frant;aise reconnah la
République des Provinces-U nies comme puissance
libre et indépendante, lui garantít sa liberté, son
illllépendanee et l'abolition du stathoudérat, décré-
té6 par les États-Généraux et par chaque province
en particulier.


A RT. JI. 11 Y aura a perpétuité, entre les ueux
Rélmhlques fran~aise et des' Provinces - Unies,
paix, amÍtié et Lonne intelligence.


ART. 111. n y aura entre les deux Républiques,
jusqu'it la fin de la guerre, alliance oITensive el dé-
fensive contre tous leurs ennemis sans distÍuction.


ART. IV. CeUe al1iance ofI"ensive et défensive aura
ton jours lieu contre l' Angleterre, dans tous les cas
ou l'une des deux Républiques sera en g"uerre avec
elle.


ART. V. Aucune des deux RépuLliques ne pourra
faire la paix. avec l' Angleterre, ni traiter avec elle
sans le concours et le consentement de l'autre.


ART. VI. La Républi(lue franc;aise ne pouna faire
la paix avec aucune des autrcs puissances coalisée5




DE L'AN TROIS 403
sans y faire eomprendre la Républi<lue des Pro-
vinees-Unieso


ART o VIL La République des Provinces-U nies fournira pour son eontingent, pendant eette eam-pagne, 12 vaisseaux de ligne et 18 frégates, pour
etre employés prineipalement dans les mers d' Alle-
mas'ue, dn N ord et de la Baltiqueo


Ces force s seront augmentées pour la eampagne prochaine 8'il y a lieuo
La République des Provinces-Unies fournira en


mItre, si elle en est requise, la moitié au moins des troupes de terre qu'elle aura sur piedo
Al\T o VIII. Les forees de lerre el de mer des Pro-


vinees-Unies qui seront expressément destiné es a
agir avee eeHes de la République fran({aise, seront
sous les ordres des généraux franyaiso


Al\'f o IX. Les opérations militaires combinées ¡;eront arretées par les deux gouvernemells. Pour
cet effet, un député des États-Généraux aura séanee
et voix délibérative dans le comité franltais chargé de eette direction.


ARTo X. La République des Provinces - Unies
rentre, des ce nlOment, enpossession de sa ma-
rine, de ses arsenaux de terre el de mer, et de la partie de son artillerie dont la République franyaise
n'a pas disposéo


ARTo Xl. La République franl(aise restitue pa-
reillement, et des á présent, a la Répuhlique des Previnces-Unies, tout le territoire, pays et villes Li!isanL partie ou dépendant des Provinees-Unies,


20.




MANUSCRIT
sauf les réserves et exceptions portées daos les ar-
tides suivans :


ART. XII. Sont réservés par la République fran-
~aise, comme une juste indemnité des villes et pays
conquis restitués par l'artide précédent :


10. La Flanclre hollandaise, y compris tout le
territoire qui est sur la rive gauche du Hondt;


2°. Maestricht, Venloo et leurs dépendances, ainsi
que les autres enclaves et possessions des Provinces-
Unies sÍluées au sud de Venloo, de l'un et l'autre
coté de la Meuse.


ART. XIII. Il Y aura dan s la place et le port de
Flessingue garnison fran<;aise, cxclusivement, soit
en paix, soit en guerre, jusqu'a ce qu'íl en soií
stipulé autrement entre les fleux nations.


ART. IV. Le port de Flessinguc sera commu~
aux deux nations en toute franchise; son usage sera
soumis a un regJement convenu entre les deux par-
tíes contractantes, Jeque! sera aítaché comme sup-
plément au présent traíté.


ART. XV. En cas d'hostilité de la part de quel-
qu'llne des puissances qui peuvent attaquer, 50lt
la République des Provinces-Unies, soit la Répll-
blique fran~aise ~ du coté du Rhin et de la Zélande ;
le gouvernement fran<;ais pourra mettre garnison
fran~aise dan s les places de Bois-le-Duc, Grave et
Berg-op-ZoOln.


ART. XVI. A la pacification générale, la Répu-
blique frans:aise cédera a la Répllblique des Pro-
vinces-U nies; sur les pays conquis et restés a la




DE L'AN T ROIS. 405
France, des portions de territoire égales en sur-
face a celles réservées par l'article XII, lesquelles
portions du territoire seront choisies dans le site
du pays le plus convenable pour la meilleure dé-
marcation des limites réciproques.


ART. XVII. La République fran<;aise continuera
d'occuper militairement, mais par· un nombre de
troupes déterminé et convenu entre les deux na-
tions, pendant la présente .guerre seulement, les
pIaees et positions qu'il sera utile de garder pour
la défense du pays.


AH!'. XVIII. La navigation du Rhin, de la
l\leuse, de l' Escaut, du Hondt et de toutes leurs
branches jusqu'a la mer, sera libre aux deux na-
tions fr,lll<;aise et batavej les vaisseaux fran~ais
el des Provinces-Unies seront indistinctement re<;us
d aux memes conditions.


ART. XIX. La République franvaise abandonne
il la République des Provinces-Unies tous les hiens
immcuLles de la maison d'Orange, ceuxmcme
meubles el ellets mobiliers donL la République
fran<;aise ne jug'cra pas a propos de disposer.


ART. XX. La République des Provinccs-Unies
paiera ¿l la Républiquc fran<;aise, a titre d'indcm-
nité el de dédommagcment des frais de la guerre,
ccnt millions de florins, argent courant de Hol1ande ,
soit en numéraire, soit en bonnes lcUres de cIJange
sur l'élranger, conformément an mode de paiement
(;OIlvcnu entre les dcux RépubJiqucs.


ART. XXI. La Républiquc fran«;:aisc cmploicra




.{06 MANUSCRIT
ses bons olfices aupres des puissances avec les-
c¡uelles elle sera dans le cas de traiter, pour faire
payer aux lJabitans de la Républiquc batave, les
sommes qui pourront leur etre ducs pour négocia.
tions directes faites avec le gouverncment avant la
présente guerreo


ART. XXII. La République des Provinces-Unies
s'engage a ue donner retraite a aucun émigré fran-
c;ais; pareillement la République franc;aise ne don-
nera point retraite aux émigrés orangistes.


ART. XXIII. Le présent traité n'aura son effet
cfu'apn':s avoir été ratifié par les parties contrac-
tantes; et les ratifications seront échangées a París
dans le terme de deux décades, ou plus tot s'il est
possible, a compter de ce jour. En foi de c¡uoi, nous
soussignés représentans du peuple fran~ais et nous
soussignés membres des États-Généraux, en vertu
de nos pleins-pouvoirs respectifs, avons signé le
présent traité de paix, d'amitié et d'alliance, et y
avons apposé nos sceaux respectifs.


Fait a La Haye, le 2.7 floré al , l'an troisieme de
la République franc;aise (10 maí 1795 l.


Signe, REUBELL, SIEYES, PAULUS, H.-A. L:ES-
'rEVENON, B. ]\'[ATIlIAS, PONS, HUBERT.




DE L\N TROIS,


H;'~glemenl pOil/' determine/' l'usage da po/'l de Flessingue, en conséquence de l'arl. 14 du lrailé depaix et d'aZZia71ce du 27.floréal ani! 1,
entre la République fralU;aise el cellc des PrUí'illces- Unies.


AI\T. }e". Les deux nations fran«;aise et baLave se
serviront également du port et du hassin de Fles-
singue pour la construction, la réparation et l'é-{Tuipement de leurs vaisseaux.


ART. n. Chaque nation y aura séparément, et
sans mélange, ses propres arsenaux, magasins,
chantiers et ou vriers.


ART. III. Pour faire entrer des a présent la nation fraw;aise en communauté d'avantages dn port de Flessingue, la Républi({lle des Provinces-Unies lui
cédera sur le hassin le hatiment qui sert de magasin a la compagnie des Indes-Occidcnt.1les ; en outre il luí sera assigné le ter rain nécessaire pour y établir des chantiers et des arsenaux; et jusqu'il ce qu'elle puisse en jouir, elle aur't l'usage des chantiers ac-tueBement existans.


ART. IV. Quant aux acquisitions de nouveaux terrains et constrllctions de hil.timens que chaflue na-tion voudrait faire dans les ports et })assins de Fles-
sillgue, pour agrandir ses propres magasins, arsc-
naux et chantiers , ou en créer de nouveaux, les frais de renouveIlement ou de réparation desdits arse-
naux , mas"asins et chantiers, el les frais gui regar-




408 MANUSCRIT
dent les constructions, réparations el équipemens
des vaisseaux respectifs , avec toul ce qui en dépend,
resteront a ]a charge de chaque nation respective-
ment.


ART. V. Les frais des réparatÍons nécessaires au
port, <lU bassin et aux quais, élant pour l'avantage
commun des deux nations, seront a la charge des
deux gouvernemens.


Ces réparations seront arretées > ordonnées et
conduites par la direction des Provinces-U nies.


La direction de ]a République fran9aise sera seu-
lement prévenue des réparations a faire, etse bor-
nera, quand elles seront achevées, a en constater la
confection, a en faire pass el' le proces verbal a son
gouvernement, y joinl l' état des frais , afin {[u'il soit
de suite pourvu au remboursement de la moitié des
dits frais.


ART. VI. Il est convenu qu'aucune des deux na-
tions ne mettra dans J e port lJi vaisseau amiral, ni
vaisseau de garde.


ART. VII. Dans tous les cas OU iI s'éleverait des
contestations qui nepourraient etre terminées a I'a-
miable sur l' exécution du présent reglement, ces con-
testations seront décidées par cinq arbitres qui se-
ront nommés, savoir, deux par la direction fran<;aise,
d.eux par la direction batave j poul.' le cinquieme,
chaqllf! direetion nommera un nelltre, et le sort
déterminera ·cntre les deux neutres nommés, eelui
qui remplira les fonetions du cinquieme arbitre.


ART. VIII. Le présent reglement sera exéeuté




DE L'AN TROIS. 40 9
suivant sa forme et teneur, comme f~lÍsant partie
de l'article XIV du traité de paix et d'alliance de ce
jour entre la République fran~aise et ceBe des Pra-
vinces-U nies.


Fait a La Haye, le 27 fIoréal, l'an lII, etc.
Signé; REUBELL, SIEYES, P. PAULUS, H.-A. LEs-


TEVENON, B. l\'1ATHIAS; PONS, HUBERTo


Articles séparés et secrets.


ART. ler. La Répuhlique des Provinces-Unies 0[-
fre a la Répuhlique fran~~aise en pur pret, et pour
toute la durée de la guerre, trois vaisseaux de ligne
et quatre frégates, pour agir soít avec l' escadre des
Provinces-Unies, soit séparément, seulement dans
les mersd'Allemagne, du Nord et de la Baltiquc.


Ces vaisseaux et ces frégates seront }Jrctés tout
gréés, armés et en état de tenir la mer POut· cette
campagne, en meme temps que l' escadre des Pro-
vinces-Unies. Le gouvernement fran<;ais les appro-
visionnera, et les fera monter en officiers et matelots.


A la fin de la présente guerre, ils serant rendus
á la répuhlique des Provinces-Unies.


Dans le cas OU ces vaisseaux et frégates ne feront
pas partie d'une escadre fran<;aise, et agiront de
eoncert avec l'escadre ou partie de l' escadre des
Provinces-Unies, le eommandant de la fIoUe, en
cHeption de 1'ar!. 8 du traité patent , et pOllr ce cas




410 MANUSCIUT
seulement, sera dévolu a {'amiral des Provinces-
Unies.


ART. II. Les pays énoneés dans l'art. 12 du traité
patent, ne sont réservés que pOUl" etre unis a la
RépubJique franc;aise et nona d'autres puissances.


ART. IIJ. Un mois apres l'échange des ratifications
du présent traité) 1'armée fran~aise, rlans les Pro-
vinces-Unies, sera réduite , en exécution de l'arL 17
du traité patent, it vingt-cinq mille hommes , qui
seront soldés en lluméraire, é<{uipés et habillés,
tant sains que ma]ades, par la RépubJique des Pro-
vinces-U nies sur le pied de guerre, conformément
au reglement qui sera convenu entre les deux gou-
verncmens. eeHe armée sera laissée en tout ou en
partie, apres la paix, 11 la république des Provin-
ces-U nies tout le temps qu' elle le désirera, et elle
sera entreLenue sur le picd qui sera réglé 11 cet 'effet.


An-r. IV. En exécution de 1'ar1. 18 du traité pa-
tent , portant l'obligation de la part des Provinces-
U nies de payer a la République fran~aise la somme de
cent millions de florins, argent conrant de HolIande,
soít en numéraíre , soit en bonnes leUres de change
sur pays neutres; ladite somme sera divisée en deux
parties, dont la premiere , de cinquante milIions de
florins , sera payée de suíte 11 la décharge de la tré-
sorerie na tionale de France, sur les place s dans l' é-
tranger qui seront désignées par elle.


A cet effet, la trésorerie nationale fournira in-
cessamment aux eommissaires des États-Généraux ,
nommés pour eette négociation) un tableau de ses




DE L'AN TROIS.
dettes actuellement exigibles dan s l'étranger, pour
une somme supérieure a eeHe de cinguante mil-
lions de florins.


A mesure que les obligations seront retirées des
mains des eréanciers aeeeptés par la RépubJique des
Provinees-Unies, elles serollt rapp.ortées a la tré-
sorerie nationale de Franee pOUf déeharge.


Quelle que soil l'époque des paiemens eonvenus
entre les Provinces-U nies et les susdits créanciers ,
les ¡ntérets courans des créances acee ptées seront
a la charge de la République des Provinees-Unies,
a dater du jour de la présentation du susdit tahleau
par la trésorerie nationale.


Et néanmoins la totalité des décharges des sus-
dits einquante millions ds florins sera rentrée en
entier a la trésorerie nationale, avant le terme de
deux ans, 11 eompter de la ratifieation du présent
traité; faute de quoi, les sommes dont il n'aura
pas été rapporté décharge, ainsi que eelle des in-
térCts eourans oeeasionés par les retards des paie-
mens, seront sans autres délais mises a la disposi-
tion de la trésorerie nationale de Franee sur teIles
pIaees étrangeres qui seront designées par elle.


Piemiere moitié ci . . . . . .. 50,000,000
Quant aux autres cinquante millions
de florins , ils seront payés á la tré-
sorerie nationale Ol! a ses ordres.


Savoir
En prairial prochain. . . 10,000,000




lHAN U SCRlT
j)'aztlrc parto . .. 60looo,000


dont neuf millions en lcltres oe
change et un en argent numéraire.


En messidor proehain. . . . .. 10lOOOlOOO
dont huit en lettres de ehange et
deux en numéraire.


En fruetidor suivant. . . . . .. 10,000,000
dont sept en leUres de change et
trois en argcnt numéraire.


En pluviose quatrieme année ré-
publieainc. . . . . 5,000,000
En floré al meme année, pour fin


de paiement. . 15,000,000


Total. 100,000,000


ART. V. Les réquisitions faites direc1ement aux
lhats-Généraux par les représenlans du Peuple,
avant la signature du présent traité, seront remplies
en totalité sans retardo Le remboursement de eette
dépense prise dans sa totalité, est réduit et fixé
a la somme de dix millions de florins, lesquels ne
pourront etre imputés que sur le paiement de flo-
réal quatriemc année républicaine, dernier terme
dont on est" eonvenu par l'artic1e précéJent.


ÁRT. VI. Les deux Républiques .contraetantes
se garaulissent mutuellement les possessions qu'elles
'lVaicnt avant ~ette guerre Jans les deux lndes et
sur les cotes d'Afrique; les ports du Cap de Bonne-
Espérance, tIe Colombo et Trinqucmale seront




DE L'AN TROIS.
ouverls ame vaisseaux fram;:ais, comme aux vais-
scallX des Provinces-Unies ct aux memes conditions.


ART. VII. La République Jr:mc;aise se réserve
sur les biens des émigrés franc;ais dans les Pro-
vinces· U nies et pays en dépendant? tous les droi ts
qu'e11e y avait avant l'entrée de l'armée franc;aise.


Les présens sept artides secrets font partie inté-
grante du traité arreté ce jour entre les deux Répu-
bliques. IIs auront la meme force et seront aussi
ponctuelIement exécutés par les deux nations que
s'ils étaient formellement insérés dans le traité patent.


Fait á La Raye, le 27 floré al an In de la Répu-
bJique franc;aise une et indivisible ( 16 mai 1795).


Signé, REUBELL, SIEYES, PETER-PAULUS,
LEsTEvENoN, MATHIAS, PONS, RUBERT.


5°. Traité de paix avee I'Espagne.


LA République fran<;aise et S. M. le roi d'Espagne,
également animées du désir de faire ces ser les cala-
mités de la guerre gui les divise, intimement con-
vaincues qu'il existe entre les deux nalions des
intérets respectifs qui commandent un re tour réci-
proque d'amitié et de honne intelligence, et voulant
par une paix solide et durable, rétablir la banne har-




4r4 MANUSCRIT
monie qui depuis long-temps avait constamment été
la hase des relations des deux pays , elles ont Ch¡lfgé
de cette négociation importante; savoir :


La République franpise, le ciLoyen Fran~ois Bar-
thélerny, son ambassadeur en Suisse; el Sa Majesté
Cat.holique, son ministre plénipolentiaire et envoyé
cxtraordinaire pres du roi el de la république de
Polog'ne, don Domingo d'Y riarte, chevalier de l'or-
dre royal de Charles JlI , etc,;


LesCfueIs , apres avoir échangé leurs pleins-pou-
voirs, ont arreté les articles suivans.:


ARTICLE le .. , Il Y aura paix , amÍtié el honne inlel-
ligence entre la Républiq ue frauyaise et le roi d'Es-
pagne,


ART.lI. En conséquence, toutes hostililés entre
les deux puissanees contractantes cesseront a eomp-
ter de l'échange des ratifications un présent traité,
el allcune d'elles ne ponrra, a compter de la meme
époque, fournir contre l'autre, en (1uclrfLlC Cfualité et
:t quelque Litre que ce soit, aucun secour" ni con/in-
gent, soit en hommes', en chevaux , vivres, argent,
Jllunitions de guerre, vaisseaux ou autrement.


AnT. IIl, L'nne des puissances contractantes ne
pourra arcorder pass:lge sur son territoire a des
t1'oupes ennemies de l'autre.


ARTo IV. La Républic¡ue fran~aise rcslilue au Roí
d'Espagne toutes les comluetes qu'elle a faites sur
lui dans le cours <le la s'uerre actuelle.


Les place s el pays conrplis se1'ont éyaCllés par le:,:




DE L'AN TROlS.
troupes franc;aises, dans les quinze jours quí sui-
vront I'écllange des ratifications du présent traité.


ART. y. Les pIaces fortes dont iI est fait mention
daus l'article précédent, seronl restituées a l'Espagne
avec les c:mons, munitions de guerre et efiets a
l'usage de ces pIaces , qui y auront e,xisté au moment
de la signature de ce traité.


ART. VI. Les c~ntributions , livraisons, fourni-
tures et prestations de guerre cesseront entierement
a cornpter de quinze jOllrs apres la signatllre du pré-
sent aete de pacification. Tous les arrérages dus a
ceLte époque, de meme que les billels et prom€sses
donnés Ol! fails a ret égard, ~eront de nul ef!ct. Ce
qui aura été pris 'ou pen;u apres I'époque sllsdite,
sera d'aJ)ord rendu gratuitement ou lJayé en argent
comptant.


ART. VII. 11 sera incessarnment nommé, de part
el d'autre, des corllluissaires pour proré<Ier a la eon-
feetion d'un tra; té de limi tes entre les deux puis-
sanees.


lIs prendront , autant que possihIe, pOllr l)ase de
ce traité , a l' égard eles terrains CJui étaient en litige
avant la o'uerre 'iCluel1e, la crete eles mont;¡gncs qui
formelltles vcrs,ms des eaux de Fr:ll1ce et d'Espagne.


ABT. VIn. Chacllne des puissances eontractantcs
ne pOllrra, a da ter d'uIl moÍs apres l'éehange des ra-
tiflcations du présent traité, CIltrdenir sur ses fron-
ti eres respectives (1 ue l~ nombre de Lmupes (lU' on
;¡,'ait cout;HlIe d'}' teuir avaut la gllcrre aetuelle.




MANUSCRIT
ART. IX. En éehange de la restitution portéepar


l'article IV, le roi d'Espagne, ponr lui et ses suc-
cesseurs, cede eL abandonne en toute propriété J a
la République fran<;aise, toute la partie es pagnole
de l'ile de Saint-Domingue, aux Alltilles.


Un mois apres que la ratifieation du présent traité
sera eonnue dans eette He, les troupes espagnoles
uevront se tenir pretes a évaeuer les plaees, ports et
établissemens qu' elles y oceupent , pour les remettre
aux troupes de la République fran<;aise au moment
ou eelles-ei se présenteront pour en prendre pos-
seSSlOn.


Les places, ports el établissemens dont il est fait
mention ei-dessus, seront remis a la République fran-
<;aise, avee les canon s , munitions de guerre , et ef-
fets néeessaires a leur défense, qui y existeront an
moment ou le présent tmité sera connu a Saint-Do-
mmgue.


Les habitans de la partie espagnole de Saint-Do-
mingue, qui, par des motifs d'intéret ou autres,
préféreraient de se transporter avee leurs biens (lans
les possessions de Sa Maj es té Catholique, pourrollt
le faire Jan s l'espaee d'une année, a compter d~ la
date de ce traité.


Les généraux et commandans respeelifs des deu\:
nations se eoneerteront sur les mesures a prendre
"{lour l'exécution du présent article.


ART. X. Il sera aceordé respectivement aux indi-
vidus des deux nations la mainlevée des eUets, re-
~\'enus, biens, de quelque genre qu'ils soient, détenus,




DE L'AJ\ T ItOJ S.
saisis, ou confistlués h cause de la guerre qui a eu lieu entre la République franc;aise et Sa Majesté Ca-tholique, de meme qu'une prompte justiee a l'égard des créances particulieres quelconques ijue ces indi-


vidus pourraient avoir dans les états des deux puis-
sances contractantes.


ART. XI. En attendant qll'il soit fait un nouveau traité de commerce entre les parties contractantes , toutes les cotnmunications et relations commerciales
seront rétablies entre la France et l'Espagne sur le pied oú elles étnient avant la présente guerreo


11 sera libre a tous négocians frall(;ais ele repasser
et de reprendre en Espagne leurs établissemens de
commerce, et d' en former de nouveaux, selQn leur
cünvenancc, en se soumettant, eomme tous les au-tres in,lividus, aux loís et usages du pays.


Les négoeians espagnols jouiront de ]a meme {¡¡-
culté en France, et. aux memes conditions.


ART. XII. Toas les prisonniers faits respective-
ment, depuis le commeneement de la guerre, san s égard a la difierence du nombre et dtes grades, y
com pris les marins et matelots pris sur des vaisseaux fram;ais ou espagnols, soít d'autres nations, ainsi qu'en général tous eeux détenm· de part et d'aulre pour e<luse de la guerrc, serontrendus dan~ }'e~paec de deux mois an plus tard , apres l'échange rtes rati-fieations du présent trailé, sans répétition queleon-que de part ni d' autre, en payant toutefois les dettes partieulieres qu'ils pourraieut avoir eontractées pen-




MANUSCR1T


dant Ieur eaplivité. 011 en usera de méme a l'égal'll
des malades el bJessés aussit6L apres Ieur guérison.


JI sera nommé incessamment des commissaires de
part et d'auJ.re }lour ]Jfocéder a l' exéclltion d u pré-
sent artide.


ART. XIII. Les prisonniers portugais, faisant par-
tie des troupes portugaises, qui ont servi avec les
armées el sur les vaisseaux de Sa Majesté Catholique,
seront égalemcnt eompris dans l'échange snsmen-
tionné.


La réeiprocité aura lieu a l'égard des Fran\,ais pris
par les trollpes portugaises donl iI esl quesLion.


ART. XIV. La méme raix., amitié el bonne intcl-
ligenee, stipulées par le présent traité entre la
Franee el le roi d'Espagne , auront lieu entre le roi


d'Espagne el 13. république des Provinees-Unies,
alliée de la République fran¡¡aise.


ART. XV. La République fran~aisevoulant donner
un témoignage ¡{'amitié aSa Majesté Catholic{ue, ae-
eepte sa médiation en faveur du roi de Portugal,
du roi de N apIes? du roi de Sa.fllaigne, de l'infant
due de Parme, c·l autres étals de I'Ilalie rour le ré-
tablissement de la paix entre la Républiquc fran~aise,
el ehaeun de ces prinees et états.


ART. XVI. La Républicfue fran¡¡aise, eonnaissant


l'intérét que Sa Majesté Catholique prend a la pacifi-
catioll génÚa]e de l'Eurore, consent également a
accueillir ses bons offices en faveur des autre~ puis-
sanees belligérantes qui s'adressel'aienl a elle poul' eIl-
trer en négociation avec1e Gouvernement fran~ais.




DE L'AN TROIS. 419
ART. XVII. Le présent traité n'aura son efIet qu'apres avuir été ratifié par les parties contractan-tes, et les ratifications seront échangées dans le terme d'un mois, ou plus t6t, s'jl est possible, a


compter cte ce jour.
En foi de quoí, 110US soussignés plénipotentiaires de la République fran~aise et de Sa l\-Iajesté le roi d'Espagne, en vertu de nos pleins-pouvoirs, avons


signé le présent traité de paix et d'amitié, et y avons fait apposer nos sceaux respectifs.
Fait a Bale, le 4 du mois de thermidor, an HI de b République franpise (2.2 juillct 1795),


Sigilé, FRAN~OlS BARTHÉLEMY.
Et en regard ,


DOMINGO o'YRIARTE,


Articles séparés et secrets.


ART. le,. La République fran<;aise pourra pendant l' espacc de C'inq annécs conséculives, a dater de la
ratification du présent trailé, ülire extraire d'Es-pagne des jumens et étalons andaloux , de meme que des brebis et béliers mérinos, jusqu'á la concurren ce de cinquante étalons, cent cinquante jUllIens, mille brebis, et cent béliers par an.


ART. n. La République fran{jaise, en considérat.ion de l'intéret que le roí d'Espagne lui a témoigné
2.':'.




MANUSCRIT
prendre au sort de la filIe de Lonis XVI, consent
a la luí remettre daus le cas 00. la cour de Víenne
n'accepterait pas la proposition qui lui a été faite au
sujet de la remise de cet enfant par le Gouvernement
franlfais .


. Si a l' époque de la ratification du présent traité,
la cour de Vienne ne s'est pas encore expliquée sur
l'éehange qui luí a été proposé par la Frauee, S.
M. C. s'adresseraa l'empereur pour appremlrede lui
si positivement il est dans l'intention de refuser
d'accéder 11 cet arrangement, et dans le eas d'une
réponse affirma ti ve , la République fram;:aise fera
remettre eet enfant a S. M. C.


ART. nI. Les termes de l'article 15 du présent
traité, et autres etats de ['[talie, ne pourront etre
appliqués qu'aux états du pape, pour le cas 00. ce
prinee ne serait pas considéré comme étant aetuelle-
ment en paix avee la République fran~aise, et 00. il
aurait besoin d'entrer en néS'ociation avec elle pour
le rétablissement de la bonne harmonie


Les présells trois articles séparés et seerets aurout
la meme force ({ue s'ils étaient de mot 11 mot inséré5
daos le traité principal, etc., ete.




DE CAN TROJ S. 4:!1


6° . Traité avec le landgrave de H esse-
Caj'sel.


La Répuhligue fran-;aise ayant accueilli les hons
offices du roí de Prusse en faveurde Son Altesse
Sérénissime le landgrave régnant de> Hesse-Cassel,
et étant animée des mémes sentimens que le land-
grave, pour faire succéder une paix solide et du-
rable a l'état de guerre qui les divise, les deux
parties contractantes ont a cet efI'et nommé pour
leurs plénipotentiaires , savoir :


La Républigue franpise, le citoyen Fran¡;:ois
Barthélemy, son ambassadeur en Suisse.


Et le landgrave de Hesse-Cassel, son conseiller
privé, Frédérick - Sigismond, baron de Waitz-
d'Eschen.


Lesquels, apres avoir échangé leurs pleins-pou-
voirs, ont arrété les articles suivans :


Art. ler. Il y aura paix, amitié et bonne inteUi-
gence entre la République fran¡;:aise et le landgrave
de Hesse-Cassel.


ART. n. En conséquence, toutes hostilités entre
les deux parties contractantes cesseront a compter
de l'échange des ratifications du présent traité, et
aucune d'elles ne pourra, a compter de la meme
époque, f'Üurnir contre l'aulre, en quclque qua-
lité et a quelque titre fjUe ce soit, aucnn secours
xü conlingent, soil en hommes, en chevaux)




MANVSCRIT
vlvres, argent, munitions de guerre ou autre-
mento


ART. IJI. Le landgrave de Hesse-Cassel ne pourra,.
tant ,!u'il y aura guene entre la RépuhJique fran-
~aise et l' Angleterre, ni proroger ni renouveler
les deux traités de suhsides exist:ms entre lui et
l' Angleterre.


eeUe disposition aul".l son effet ti compter du
jour de la date du présent traité.


ART. IV. Le landgrave se conformera strictement,
ti l'égard du passage de troupes que1conques par ses
états, aux dispositions stipuJées dans la convention
conclue ti Bale le 28 floréal dernier ( 17 mai 1795),
entre la Répuhlique fran~aise et le roi de Prusse.


ART. V. La Répuhlique fr:wplÍse continuera d'oc-
cuper la forteresse de Rheinfels, la ville de Sainl-
Goar, el la partie du comté de Catzenellenbogen si-
tuée sur la rive gauche du Rhin. Tont arrangement
définitif a l'égard de ces pays sera renvoyé jus-
qu'a la pacification entte la RépuJJlirrue franr.¡isc
et les parties de l' Allemagne encore en guerre a vec
elle.


ART. VI. Tout~s les communications et rela tions
commerciales seront rétablics entre la France et le
landgrave de Hesse-Cassel sur le picd ou elles
"étaient avant la guerre actuelle.


ART. VIl.ll sera accordé respectivement aux gou-
vernemens d individus des deux nations la main
levée des cffets , revenue. Oll hicJ1s, dc C¡Ucl'{lle f!CDlT




DE L'AN T ROIS.
f[u'ils soient, détenus, 5aisis ou contlsqués ti cause
tic b c"uerrc qui a eu lieu entre la Franee et la Hesse,
de meme qu'une prompte justiee ti l'égard des
créanees l~uelconques qu'ils pourraien t avoir dans
les états des parties contraetantes.


ART. VIIl. Tous les prisonniers faits respeetive-
ment deImis le eommencement de la guerre, sans
06"ard a la di.flerence du nombre et des grades, seront
rendus dans l'espaee de deux mois au plus tard
apres l'éehange des ratifications du présent traité,
sans répétition (lueleonque, en payant toutefois
les dettes particulit':res qu'ils pourraÍent avoir coo-
traetées pendant leur eaptivité. On en usera de
mcme a l'égard des maJades et blessés d'abord apres
leur guérison.


11 sera ineessamment nommé de part et d'autre des
commissaires pour proeéder a l' exéeution du pré-
sent artide , dont les dispositions oc pourront ctre
appliquées aux troupes hessoÍses au serviee de I'An-
s'leterre, faites prisonnit'!res de guerreo


ARl'. IX. Leprésenl traíté n'aura son cfIetqu'apres
avoir été ralifié par les parties eontraetantes , et
les ratifieations seront éch:nrgées en cettc ville ele
Bale, ouns le Lerme d'un mois, ou plus tal, s'íl est
possible, i.t compLer de ce jour.


En foi de quoi, nOl1s soussignés pléllipotentiaire5
de la République francaise et de Son Altesse Séré-
nissiml:! le landgrave de Hesse-Cassel, en vertu de
nos pouvoirs, avons signé le présent traité de paix,
el Y avons faÍl apposer nos secaux respectif:",




MA~ U SCRIT
Fait a BaJe, le 11 du l1lois de fructidor de Lm ]]1


de la République franvaise (28 aoút 1795).
Signé, FRAN~OIS BARTHÉLElIIY,


:Et en regard :


FRÉDÉRICK - SIGISMOND, baron DE W AITZ-D' ESCHEN,


A rticles séparés secrets.


ART. le". Si , par l'arrangement définitif renvoyé
par 1'art. 5 du traité apres la pacification entre la
République franvaise et les élats unis de l'AlIema-
gne encore en guerre avec elle, la partie des états
du landgrave de Hesse-Casscl, située sur la rive
gauche uu Rhin, reste définitivcment a la France,
le landgrave pOllrra s'indcmniser en possessions ter-
ritoriales ecclésiastiqlles ou autres sur la rive droite
de ce fleuve, ~uquel cas la République fraw;aise
consent a les lui ¡j'arantir.


ART. n. Les deux bailliages d'Armenehourg et de
Fritzlar, dépendans de l'électoX"at de Mayence, se
trouvant entierement enclavéa daus le pays de
Hesse-Cassel, la RépuLliqne fran<;aise s'emploiera
de tout son pouvoir pour déterminer l'électeur a
consentir une cession ou tout autre arrangement,
qui assurera ces dellx bailliages au landgrave de
Hesse-Cassel.


ART. III. Comme trois régimen s hessois, a la
solde de l' Angl eterre el pri80nniers de guerre en
France, ont été reJa.chés sans avoir preté sermen!




DE L'AN T ROl S. 425
de ne pas porter les armescontre la République
franlJaise ni contre ses alliés avant leur échange, le
landgrave garantit. que ces troupes ne seront , sous
aucun prétexte quclconque, cmployées contre la
Ré publique fran<;aise, ni contre ses alliés , pendant
la guerre actuelle.


ART. IV. Comme il est stipulé pár les deux trai-
tés de subsides , entre le landgrave de Hesse-,Cassel
et le roi d' Anglelerre, que les rccrutemens ne doi-
vent s'efIectuer qu'au prinlcmps de chaque année,
le landgrave ne fournira aucunes reerues aux corps
hessois qu'il tient a la solde de l'Angleterre j usqu'a
l'expiration de ces traités, qui aura lieu au mOlS
d'avril 1796.


Les présens quatre artides, séparés et secrets,
auront la meme force que s'ils étaient de mot a mot
insérés dans le traité principal concIu et signé ce-
jourd'hui, et ¡ls seront également rati6és par les
parties contractantes.


En foi de quoi , nous soussignés, plénipolentiaires
de la RépubJique fran<;atse et de S. A. S. le land-
grave de Hesse-Cassel, en vertu de nos pleins-pou-
voirs, avons signé ces présens artic1es séparés et
secrets, et y avons fait apposer nos sceaux respec-
tifs.


Fait a Bále, le ) 8 fructidor an III de la Ré publi-
que fran¡;aise




MANUSCRJT


7°, Traite avec la Suede (non ratifié par la Re-
publique ).


ART. le f • En attendant un traité définitif d'al,.
liance et de commerce, dont les deux parties accé-
Iereront la conclusion, Sa Majesté le roí de Suede
s'enga~e d'armer dix vaÍsseaux de ligne et cinq frég'a.,
tes quí entreront san s délai en campagne.


ART. JI. En mettant cette flotte en mer, Sa Ma-
jesté le roí de Suede déclarera a l'Angleterre et a tou-
tes les pui-ssanees avec lesquelles la République
franc;:aise est en guerre, qu'il est déterminé a 50U-
tenirles droits de la neutralité.


ART. IIJ, Sa Majesté suédoise demandera au roi
d' Angleterre la restitution la plus prompte des ha-
timens et cargaisollb arre tés sous pavillon suédois,
el conduits dans les ports de I'Angleterre, ou la va-
leur des carg'aisons sí elles n' existent plus en na-
ture.


ART. IV. Dans le cas OU la Suede, a cause de ]a
restitution qu' elle demanderait a l' Angleterre ou
paree qu'el1e userait de représailles, se trouverait
entrainée dan s une guerre de terre ou de mer avec
l' Angleterre, la Russie, ou toute autre puissance ,
la France lui payera la sornme de ({uatre cent mille
livres pour chaque vaisseau de guerre et deux cent
llliJle livres pOUl' ('baque fl'égale,


AH. V. La Répuhli(Iue ahandoune:1 la Suicde le
diücme de la valeur ,les cal'gais;ms, c{ue Sa Majesté le




DE L'AN TROIS.
roi de Suede parviendra a faire l'cstituer a la Franee.


ART.VI. Sa Majesté le roí de SuMe fera remettre
immédiatement a la République ou aux FralH;ais
propriétaires toutes les eargaisons ou les produits
don t la restitution lui sera faite, a J' exeeption du
dixicme de leur valeur, qui lui est. abandonné par
1'article précédent.


ART. VII. Sa Majesté le roi de SuMe promet
d' employer tous ses efIorts et de se réumr a]a Franee
et a la Hol1ande pour engager Sa Majesté dan0ise a
un concert d'opérations communes, qui puisscnt
assurer la liberté des mers et la réparation des at-
teintes quí lui ont été ou pourraientlui e1re porté es
par l' Angleterre.


ART. VIII. La République fran~aise, en consi-
déralion des armemens faits par la Suede pour
maintenir le systeme de neutralité dont elle ne s'est
point écartée uepuis le eommeneement de la guerre,
et voulant donner il son al1ié un témoignage d'inté-
reí et d'amitié, s'cngage a payer a la Suede une
somme de dix millions, savoir, quatre millions au
moment de la ratification et un million tous les six
mois a compter du premier janvier proehaill jusq u'a
l~expirati()n de la somme stipulée.


ART. IX. Si ]a SuMe et la Fl"allce se trouvaient
engagées dans une guerre commune avec une ou
plusieurs puissances, elles s'ohligent a ne faire au-
cun trai té de paix Jéfinitif dans lequel l'alli~ de la
puissance conlractanle 1JC serait poillt compris.


AIIJ'. X. La COJi\'cnÜon du 10 aout 1787, entre




MANUSCRIT


la SuMe et la Franee, re]ativement au port de Go-
thenbourg, sera exécutée.


Paris, ce 14 septembre 1795 (28 fruetidor, an III
de la Répub!ique Fran¡;:aise).
Signé, CAMB~CÉRtS, Borssy , T. BERLIER, J. -B. Lou-


VET, LESAGE (d'Eure-et-Loir), MERLIN (de
Douai) , LETouRNEulI. ( de la Manche ).
Et en regarcl :


Signé, E.-M. STAEL DE HOLSl'EIN.




DE L'AN TROIS.


§ lI. PIECES OFFICIELLES
RELATIVES


A LA1.\'I O R T D U. ROl L O U 1 S X VII.


10. Rapport de Sevestre. - 2°. Pro ces verbal de l"ouverture
du corps.


1°. Rapport de Sevestre au nom du comité de
Súreté Générale, el la séance du 21 prairial.


Citoyens, depuis queIque temps le fils de Capet
étuit incommodé par une enflure au genou dl'oit et
au poignet gauche. Le 15 flol'éal, les douleul's aug-
menterent, le malade perdít l'appétit et la fievre
sul'vint. Le fam~ux Dussaux , ofliciel' de santé, fut
nommé poul' le voir et poul' le traiter; ses talens et
s~ probité nous réponrlaient que rien ne manque-
rait aux soins (lui sont dus a l'humanité.


Cependant la maladic prenait des caracteres tres-
graves. Le 16 de ce mois, Dussaux mourut. Le Co-
mité nomma, pour le remplacer, le citoyen Pe]]e-
tan, oflicier de santé tres - connu, et le citoyen
Dumangin, premiel' médccin de l'Hospice de San té ,
lui fut adjoint. Leur bulletin d'hier, onze heul'es du
matin , annons:ait des symptomes inquiétans poul' la
vie du malade, et a deux heures un quart apres-
midi, llOUS avons re¡;:u des nouvelles de la mort du
fils de Capet.




430 MANUSCRIT
Le comité de St¡rcté Générale m'a eh argé de


vous en informer. Tou! est constaté. Voici les pro-
ces verb<lUx qui demeureront dépos¿s a vos ar-
chives.


---


2°. Proces verbal dressé ti la tour du Temple,
ti onze heures du matin , le 2 I prairial.


Nous soussignés, Jean-Baptiste-Eugénie Duman-
gin, médecin en chef de I'Hospice de Santé, et Phi-
lippe-Jean Pelletan, chirurgien en chef du grana
Hospiee de l'Hnmanité , accompagnés des citoyens
Nicolas Jeanroi, ancien professeur aux écoles de
médecine de Parj.s, et Píerre Lassus, professeur de
médecine légale a l' école de santé de París, que
nous nous sommes adjoints en vertu d'un arrclé dn
comité de Sureté Générale de la Convention nat10-
nale, daté d'hier el signé Hergoing, président ;
Courtois , Gauthier, Pi erre Guyomard, a l'cffet
de procéder ensemble a l'ouverturc du corps uu fils
uu défuut Lonis Capet, en consta ter l'état; avons
agi ainsi qu'il suit ;


Arrivé:; tous les quatre , it onze heurcs du matin,
a la porte extérieure du Temple, nous y avons été
re<;us par les commissaires, CJui nous ont introuuÍts
dans la Tour .. Parvenus au dcnxieme étage, nous
sommes entrés dans un appartement, dans la se-
conde piece duquel nous avons trouvé dans un lit le





DE L'AN TROIS. 43l
corps mort d'un enfant qni nous a paru agé d'en-
viron dix ans, que les commissairesnous ont dit étre
ceJui du 61s de défunt Louis Capet, et que deux
d'entre nous ont reconnu pour ctre l'enfant auquel
ils donnaient des soins depuis quelques jours. Les
susdits commissaires nous ont déclaré que cet enfant
était décédé la veille, vers trois heures de relevée;
sur quoi nous avons cherché a vérifier les signes tIc
la mort, que nous avons trouvés caractérisés par la
paleur universeIle, le froid de toutc l'habitude du
corps, la raideur des membres, les yeux ternes ,
les taches violettes ordinaires a la peau dll cada-
vre, et surtout par une putréfaction commencée au
vcntre) au scrotum et au dedans des cuisses.


Nous avons remarqué, avant de procéder a I'ou-
verture du corps, une maigreur générale quí est
ceHe du marasme. Le ventre était extremement
teudu et météorisé. Au coté interne du genou droit,
nous avons rernar(Iué une turneu .. , sans changernent
de couleur a la peau, et une autre tumeur moins
volurnineuse sur 1'os radius pres le poignet, du cóté
gauche. La tumeur du genou contenait environ
deux onces d'une matü':re grisatre, puriforme et
lyrnphatique, située entre le périoste et les muscles;
ceHe du poignet renfermait une matiere de meme
nature, mais plus épaisse.


A l'ouverture du ventre, il s'est écoulé plus
d'une pinte de sérosité purulente, jaunatre et tres-
fétide; les intcstins étaient météorisés, pales , ad-
bérens les UDS aux autres, ainsi qu'aux paroi"s de




lVIANU SCRIT
cette cavité; ils étaient parsemés d'une grande quan-
tité de tuhercules de di verses grosseurs, et qui ont
présenté a leur ouverí.ure la meme matiere que celle
contenue dan s les dépots extérieurs du genou et du
poigneL


Les intestins, ouverts dan s toute leur longueur
étaient Lres-sains intérieurement, et ne con.tenaient
qu'une pctite quantité de maLiere hilieuse. L'es-
tomac nQUS a présenté le meme état; il était ad-
hérent 11 toutes les parties environnantes, paje :tu
dehors, parsemé de petits Luhercules lymphatiques
semblahles a ceux de la surface des intestins ; sa
memhrane interne était saine, ainsi que le pylore el
l'ffisophage; le' foie était adhérent par sa convexité
au diaphragme, et par sa concavité aux visceres
qu'il recouvre; sa substance était saine, son vo-
lume ordinaire, la vésicule. du firl médiocrernent
remplie d'une hile de coulcur vert foncé. La rate ,
le pancréas, les reins et la vessic étaient sains.
L'épiploon et le mésentere, dépourvus de graisse,
étaient remplis de tuherenles lymphatiques, sem-
hlahles á ceux dont il a été parlé. De pareilles
tumeurs étaient dissséminées dans l'épaissellr dl!
péritoine, recouvrant la f:1ce intérienre du dia-
phragme. Ce musde était saino


Les poumons adhéraicnt, par toute leur surface,
11 la plevre, au. díaphragme et au péricarde; leur
suhstance était saine et sans tubercules, il Y en
avait seulement Cfudques-uns aux environs de la


. trachéé~.<!,ftere et de l'ffisophage. Le péricarde con-




DE L'AN 1'ROIS-
tenait la quantité ordinnire de sérosité; le ccenr était pale, mnis dans l'étaL naturel.


Le cerveau et ses dépendances étaient dans la plus parfaite intégrité.
1'ou8 les désordres doní nous venons de donuer le détail, sont évidemment l' efIct d'un vice scrofu-leux, exisíant depuis long-temps, et auquel on doit attribuer la mort de l'enfant.
Le présent proces verbal a été fait et clos a París, au lieu susdit, par les soussignés, 11 quatre heures et demie de relevé e , les jour et an que


<lessus.


Signé) J.-B.-E. DUMANGTN; PR.-J. PELLETAN, P. I,Assus, N. JEANROY.


".1:\ DU St:I'PLÉI\1E!I'T






TABLE ALPHABÉTIQUE
RAlSONNÉE


DES MATIERES CONTENUES DANS CEl' OUVRÁGE,


ADET ( le citqyen ) va l'emplarel' le citoyen Faucllet comme mi-
nistre aux Etals-Cnis, p, 2,")'2,


ACR1CULTr RE. Don de br'l iers merinos, élalOlIs ct, jumens d'An-dalousieá ragriculture fran~aise, par le tráité d'Espagltc, 23.?, ALBITTE (le represenlant) compromis Jans les affaires de prai-
rial, 191.


ALCCDIA ( don Godo·¡, cinc de la), premiér ministre d'Espagne.
- Re<;oil I·e lilre de pl'iuce de la Paix, 2,)7.


ALLE:lfACNE, Im¡lJ'ession <[lIe l'aITiv~e des armées fran<;aise·s SUr le Rhin IlI'oduit au del:' de ce f1euvc, -Les peuples elles princes
cherchenl un refuge dans la polili'll1e de la Prusse, 36. - Pre-
miere idée du sysleme des indemllitCs au I'rofll des princes de la rive ¡;auche tI u Rhin, par la SI'eularis.1fion des biens eccle-
siastiques en AlIemag-ne, 47. _. Prenliere idee de !VI. de lIar-demberg, sur la neulralilé d" uord de I'Allelnagne, 123.-Termes dans les'}uels eeUe neufralit<\ du Nord est assuree par le traité de Bale, 148, - La diete de Hatisbónue réclame l'in-
tervention du roi de Prusse, ¡>our un armistice '}ui es! refusé, 259,


AMNISTIE, Note aUribn<!e au éomte d'Ehlraigue, relalivcment a l' amnistie des conventionnels, 317.
AMSTERDAM, Prise d' Ams(erdam , 61,
ANGLIlTERIIF .. Elfortsde I'Angleterre et de r Aulriche pour ranimer la coalHion, - D~bats parlementaires au mois de janvier, iO.


- Le cahinet de Londres se s¿paré de bonne gr¡'¡ce de la neu-
tralilé hauovrienne, et transfére l'entrepot de ses hostilités á Cux-Haven, 204 ,-Le systéme de la prolongation de laguerre
esl mainieuu par la triple alliance de l'Angleterre avec l'Au-f.riche et la Russie, 275. - M, PiU ne se décourage poin! par I'é('hec de Quiheron, e! prepare un nouveau débar'Iuemelll. su!' les cok. de rOues!, 306. - L'exppdition all¡¡;laisc echone dé-


" 28,




·f36 TABLE AL P H ABf: Tl Q U E
unt ril~ de :\'oirmouliers: Chareite, qui devail seconde/' le
déLarquemellt, a él,; cont"nu par Iloche, ::¡¡ (l.


,\RAN, QlIesLion incidente de la lJ'~gocialiou d' Espagnp, re];"i, .. -
meuL a la vall.,;" d'Aran , 228.


ARANJO (~f. d:), minislre du Portugal a La Jlay". - Ses de-
m3rehes aupres du comité de Salut PuLlic, pOUT' retaLli" "étal
d" paix entre la France elle Portugal, 262.


ARCHAMBAUT (1" ciloyen) corrpromis dans "affaire de '''lide-
miaire, :\28.


ARTOIS ( M. le comle d' ) est a hord de r!'Xpédition anf"aise SUI'
les cOtes de rOLles1, :30i.


ASSERETTO (M. ). Sa mission it B.lle, 2iG.
AUnRY ( le /'eprésentalll ), memLre rlu comile de Salul PuLlic, du


15 germinal au 15 tl1ermidol', 12. -EsL adjoint h Delmas da",
les journées de prairial, 192. - Son oppositioll sourde au pro-
jet de passer le Hhin, 2R2. - Son iujusle sey';ri!" en,ers 11'
general Bonaparte, 287. - Sa discussion aye~ le gpneral Bo-
napade, rapportée par M. de Las-Cases, 291.


AUBI'S60l'i; (le citoycn ). L'un des ehefs des LureulIx dn comité ,le
Salut PlIblic, 5.


AUI;ERE,U' (le général ) eonduit une divi,ioll de I'armée ,les p.,.-
rénees dans su marche sur le5 Alpes, 2:>i.


At:Gms (le representant ) est releuu prisonnier dans le quarlier
du l'anthéon. -Affaire de prairial, 137. - Cünduilles colon-
DeS de garde nationale 'lui reprennent possessioll de la salle des
séances de la Convention envahie par le ]leuple, 190.


AUTRICHE. Dissentimens survenus entre les cabinels de Prusse el.
d'Aulriche el. lenrs gél1eraux, 27. - Progre, de eeHe di"i-
sion, 36. - Subsides de six milJions sterlin!i 'lccordés it rAu-
triehe par l'Angleterre pour eoutinuer la {lu'enf', 70. - EITet
prodnit a Viennc par le traité de la l'russe.·- Mission de
M. de LerLaeh a Berlin et a Bále, 204 et 205. - Humeur que
l' Autriche resseut des défections qui se déclarenl dans la coa-
lition, 2i4. - Triple alliance concilie entre les conrs de Lon-
dres, de Vienne et de Sainl-Pétershonrg, 27 5.- L'Autriehese
,lécide a reporter ton Les ,es YlleS du d.te de l'Hillie, 276. - Der-
niers eflorts du Comité ponr desarmer ceHe puissance, soil.
par des "icloires, soit par des négociations, 277. - Pal'oles de
paix portees par Merlin de Thionville ¡'U w;néral Bender, 2i8.
- L'Autriche elle-mcmc fai! arriver '¡uel(/ues notes de conei-
liation par la voie du Danemarck ,,1. de la Suede, ibid. -
::'IIégociations pour l'échange de Madame, filie de Louis XVI.
279. - Mission du citoyen Poteralz a Vienne, no. - Les pri-
sonniers anlrichiens "omrromis dans les lronhl,," de vendé-
miair.."377.


A V.'RA y ( lel tre du eomle d' ) au g-éJlera l Chal'etLP , ::111 d sui.,




1<::1' RAISONN ÉE. 43 7
BleHEH, sccl'daire intprprCte de la Itlgation de fl'anc~ a Bate


re<;oit les prcrni,;res COlIllIlullicalion~ de la Pl'us,e par l'intel'~
rnédiaire dll sieul' Schmertz., .21. - E,,[ chargé de negocie!"
I'échange de "'Jada me , fi!le de Louis XVI \ 279.


llADE (le Landgrave de) appuie les propositions pacifiqucs faites
a la dicte de Halisbonne, 3(,.


B"ILLY DE l\/ONTHION (le eomte), aide-majol'-g-encl'al de la grande
al'll]';e, élail secretaire au comité militai!"e de la Convention, 5.


lJALE d,~vienl le rendez-vous des ncg·ociateurs, 84. - On J
('ommence la ncgocia!ion de la Prusse, 83. - Et eelle de
I'Espagne, 1li8. - Conclusioll de la paix de la l'russe, 143. -
Conclusioll de la paix de I'Espaple, 226. - L'éta! de Bale
voit sa neuÍl',>iitéll1cnacée par lees deu" ¿U'llu'es bellig"runtes, 28a.
B.L~CAL (le représcnlallt l esteomprisJans I'eehange pl'oposé contr(l
~fadame, filie tle LOLl is X VI , 218.


BARAGl'A y Ji HJI.J.JERS ( le général) est non1l1}(; chef d' etat-major de
J'armee de !'intérienl', In. - Est remplacé pa,' le general
Dllvigneau, 373.


BARRAS ( le rcpl'éscnlan t ) est adjoinl it Pichegru dans les joul'nées
de germinal, 138. - Es! investi du commandement superieur
dans les jOlJrn~es de vendémiaire, 350 et suiv. - Rccommallde
a la CO!lvention le F(~lleral Honaparle, son lieulenanl, 372.-
~~st porté au dir'ccloil'c, 378 et :~82.


BARaERE (le representant) c01uparait devalll l'assemblée, 128.
- Conduit a Rochefort, 137.


llAn'J'uÉLEMY (le cito'yeu), ambassadeur de la R"publirl',e fra'H;aise,
l>l'es les caIltons h"'vetiques. - Re¡;oit nn premier message
,le la l'l'us~e, 21. '- EsI ebargl' de t.'aiter aye~ nn Ilégoeiatcnl'
prussien, 48. - Entre CII conf,"renee avec M. de Goltz, 83.
-"egocie cll"úte avec M. de lIardemberg, 121. --' Signe la
paí" de la Prusse, 113. - Son entrevlIe avec M. cl'Yriarle,
env[)'y~ d~ l'Espagne, 168. - 11 est tlesiré eomme ambass"dellr
pa" la Prussc, 209. - 11 signe la paix de Rile a vec l' Es-
pugne, 234. - La minorile de la Convenlion veut le porter an
di rectoi re , 378.


RATilVE (la I'él'"bli,{ue l. V'!1'e::; Hollallde.
l-lAVIP.RE. L'eleelcuI' ap¡lllie les proposilions paciJirlues it Ratis-


bonne, 3fi. - Desseins de I'Autriche snr cel électoral, 2011.
- M. de Salaber!, envove du tille de Denx-Ponls a Bale, 259.
- L' Autriche aballdon~le ses pl'ojels Sllr la Baviere pour ne
plus penscl' <[u'a t'ilalie, 276.


BEAUHARNAIS (ElIgene ) reclame l'epée de son pére aUpl'é5 du ge-
neral Bonaparte. - Note de la page 37S. .


IlELGI\!I'E. La Convention delihi>re Sil" la r<'llllion de ee P"}S au
lt'lTitoire fr·.1n¡;ais, 334. .


!;HI.EGARnE. Helll'isl' el" ,· .. He 1'1;1('1) (lui s'aPl'eller" SlId-LillI'f, ;H.




~8 TABLE ALPHAB~TIQUE
HENDEn (le géneral) se cllarge de transmettre a Vienne des pa~.


roles de Merlin de Tbionville, pour la paix, 27 8.
BERLlER (le représentan!) est membre du comité de Salut Publi~, depuis le /.5 fruclidor an 1lI, jllSl]U'a la fin du comité, 12. BERNADOTT:E (le general). La division qu'il commallde <lrrive sur le Rbiu, 3,).
BERNSTORFF CM. de), premier ministre a Oopenhague. - Confianc!! dñ comité de Salu! Public dan s cet homme d'état, 49 et suiy. BERRUYER ( le géneral ), l'un des commandans de l'arm,;e de la Convention aux journées de prai:rial, 193. - Commande les bataillons de 89 aux jOIlI'nées ele yendemiaire, 344. - Dé-fend le cnl-de-sac Dauphin, 354. - A un che val tué sous lui, 363,
RERTHlER ( le general Alexandre ), chef d'étal-major de Keller-


mann, écri! qu'on es! a la H,lIc (le se replier sur le Val', 285.
BEURNOXYILE (Iegénéral), ci-devant ministre d~ la ¡.;uerre, doi!


etre compris Jans l'échange contre Madanle, filIe de Louis XVI,218.
BILLAUD D:E VAR:ENNE, membre de r aneien comité de Sal"t Public.


- Comparait devaut l'assemblée, 128. - Sera Mporle, 137. BL~D (le representant) est mcmbre d" ('omit.e de Salut {'"blic, depuis le 15 l'rairial an JIl, jusqll'au 15 fruc!idor suivant, 12, BOISSY n'ANGLAS (le repr~sen t.allt) esl. membre du comité de Salut Public, depuis le 15 frimail'e an 111, jnsqu'au 1:' ger-
minal, lJ.-JI est reélu le 15 messidor, 12.-Pode la parole
au Ilom dn comité de Salu! Puhlic, 1'0111' nil'0ndre á M. Pilt, ¡.s. - Preside la Conveution dan s la fame"se séance de prai-
rial,' ISi. -Insiste po nI' la rél~IJion de 1" Belgiqlle, 338.


BON HARTE (le ¡;éJ;léral de hrigade) est consulté Sur les ordres a donuer pour la guerr~ d:ltalie, ·286. - E~t en reclalllat.ipn devallt le comité de salnt Public , 287. -;- Etat de ses services it ce!te éI)Q(lue. (Note de la page 289. ) __ Titre ¡l'un roman dont iI s' était amusé a tracer le canevas. (Note de la page 292.)
_ Es! nomme <lans la nuit <lu 12 tlu 13 vendemiaire, pour
commander en second, sous Barras, 3S 1. - Freron el Barras ie recommandellt a la Gonv'GIl!i~n, 372·. - Est promu au grade de géneraJ de division, et dix .ionrs aprcs an commandement
en chef de I'armée de l'inthieur, ¡"id. - La journée ele ven-démiaire le lanee a travcrs les opinions royali,tes et le gouver-llernent repnhlicain, 383 ..


BO:HPARTE ( Louis), appeie comme. aiele de camp aupres de son
. frere, 3i4.
B~n;cHÉ-HENÉ (le citoJen ), compromis d,1ns I'a/J'aire de vendé-


miaire, 328.




El.' R-AISONNÉE. 439
lloURBOTTE (le representanl), mis en jugemellt dallS les journées
, de prairial, 190.


BOURGOING (le citoyen) est appelé de Neve!'s a París pour la ne-
o'ociation d'Espagne, 89. ~ Esl euYoye a Figuieres, 112. -
Suite de sa corresl,ondance avec M. d'Ocarílz, 161. - Se
concilie l'eslÍme du Comilé, l11G. - La négociation de Hale
lui enleve J'honneur de finír {'elle ([u'íl a commencee au pied
des Pyrenees, 17 8.


BRÉARD ( le représentant ), est membre du comité de Salut Public
jusqu'au 15 frimaire an 111. - II Y est r:i.ppelé le 15 nivuse
suivanl, 11.


BRISGAW. Projet du comité de Sah.il Public pour l'invasion de ce
llays, 283.


BRlTo. Secretaire de la légation portugaise a La Haie, se presente
au comité de Salut Public qui le rcuvoie a Lisbonne, 265.


BRUNE (le géneral) commande une partie des troupes de la
Couvention au 13 veudémiaire, 25,2. '


BUDAVT (le citoyen), eompromis dans les alfairp,s, du vende-
miaire, 328.


CAC LU (le eitoyen) esl autorisé par le comité de Salut l'ublic a
se rendre a Naples , 269. .


CADET-G .I.SSICOURT (le eiloyen), compl'Omis dans r affaire de ven-
demiaire, 328.


CALENDRIER repu'hlic4in de l'an 1II. - Sa concordance avec le
calendrier grégoríen, 7,


GUIBAC.ERES (le represen~ant) est memhre du comité. de SaluL
Pubhe. du 15 brumaIre an 111 au 15 yen lose sUlvant. -
n est réélu deux autres fois, le 15 g-el'minal el le 15 fructidot,
11 et 12. - President de la Convéntion, il proclame daos le
Champ-de-Mars la deJivrauce du territoire de la Républi!{ue ,
34. - Son rapport sur la ,{ueslioIl de savoir si les enfans de
Louis XVI doivent etre mis en liberté hors de Franee, 68. -
II preside la reunion des comités au 13 vendemiaire, 357. -
11 est le premier c~ndidat de la minorité pour le Dircctoire ,
378: - LeUre du eomle d'Entraigue <¡ui lui faíl mamluer l'e-
Ieehon, 379.


CUIUS (le representant) sel'a compris dans l'échange proposé
contre Madame , fille de Louis XVI, 218.


C.lRLETTI (le eomle), envoJe du grand-duc de Toseane, signe
la raix a ~aris, 95. - Es.t re\:u, Jlar la Convention ~ationale,
10 . - Rlsque une premlere demarche pour la dehvl'ance de
Madame, filie de Louis XVI, 216. '


ClRNOT (le representant) eeRse d'e1re membre du comité de Sa-
¡uf. Pnblie au 15 vendemi;lÍre an 1Il. Est réelu le 15 hmmaire
iuiv.., 11 ,-An'n'oncc ¡, 1;\ Conven1ioo la I'cpl'i¡;c de~ qu;¡lre vill~s




440 TABLE ALPHABÉTIQUE
de Flanúre, 34. - Sa eonduite úans le proces úes membres úe rancien Comilé, 1.29. - In:luence de son opinion sur la question de la rive gauche du Rhin, 339. - Par un dernier
effiJit, la majorité rppublicaine le porte au· Directoire , 383. CARIIIER (le represcntanl). Son proces, 66.


CARTEAUX (le general) a joui jusqu'a sa morl d'une pension sur la casselte de !'ernpere",', 292. -11 avail de SOH "eneral au
siége de Toulon , 287. -11 eommallúail une partie des troupes de la Convention au 13 vendcmiaire, 31)4.


CA8TELLANNE (le comte de) ,compromis dalls l' affaire de vendé-
miaire, 328.-Sa reponse a un qui pipel (Note de la page 371.) GERDAGNE FRAN\lAISE. Question relative a eette }lrovince dans la
négocialion d' Espagne, 230.


CHABEUF (le eitoyen ), chef dans les bureaux du comité de Salut Public, 5.
CHABOOUF (le comte) accompagne Monsieur a bord de I'expédilion


anglaise,307.'
. CHANElO (r adjudanl-géneral) est un des comrnanuans de la garue


nationale de Paris, dans les jouruées de ~erminal, 13:'.-Dan s ceHes de prairial, 190. <
CUAPELLE (~1. le comte úe la) aceompaglle Monsienr a bord de l'expédilioIl anglaise, 307.
CHARPENTIER (le ciloycn), coml'romis dans [' aITaire de vendé-


miaire, ;328.
C'UARETTE (le general). Lcltres de Vérone, {['ti lui son!. adresslies .• 311 ~t suip. - Est empSehé par le géuéral Hoche de seconder le débar'1uernent anglais, 37G.
CUAZAL ( le representan!), membre du comité de Salut l'ublie du 15 nin)se an IJI au 15 flodal suivant. 11.
CUENIER (le representant Mal'ie-Joseph), rnemLre du comité de Salut Publie, depnis le 15 yendémiaire an 1 V j usqu' a la íin, 12. CHÉRET (le citoyen), compromis dans l' alliüre de vendemiaire, ~28. CLAlIKE (le général), en:ployé au comité de Salut PuLlic, 4. ' COCHON (uepuis eornte de L' Appal'cnt) cesse d' dre memhre du Comité de Salnt Public au 15 frimaire an IIl, 11. COLLIOURE. Dillicultés que la violalion de !.~ capitnlalion de


eette place apporte dans les eornrnencernens de la nego~ia¡ion de rEspagne, 23.
COLLOT-D'llERBOIS (le représentant). Exorde de sa défense en pré-


sence de la Convention, 128. - Sera d~porté, 137. COMITÉ de Salut Publico Citalion de diverses pCI'sonnes emploJees dans ses bureaux., 4. - Etat nominatif pl'cscntant la compo-
sil ion sueccssive dn Comité, 11. - Pr~mieI'c Melaration faite
en son nom par Merlin de DOllai, sur les pl'ineipes de sa poli-
tique, 44. - Secunde déclaration de PúncLl,es, faite e n son
110m pal' BoissJ-d'Anglas, i 5. - Dans les ¡,·"it<:, " conelure.




El' RAISONNÉE. 441
aura-t-il le tll'Oit de consentir des al'ticles sccrets? Discl1ssion it cet egard, 9i. - Ses del'llicrs elfo!'ls pOUI' desarmer l'Au-
triche, soit par la guerre, Boil par JfeS llcgoeiations, :277. COMITÉ miJitaire de la Convention. Citalions de di verses per-
sonnes employees dans les bureaux d" ce Com ile, ;). COMMERCE. l"égociations commencées pOllr HU traite de commerce
avec I'Espague, 249.


CaNDÉ (la viII e de J. Reprise de eette place, qui s'appelIera dé-
sormais lVord-Libre, 34.


CONDÉ (l'al'mee de) doit entrer en France par la Franche-Comté, 283. - Est prévenue de se tenil' préle a marcher, 307. CaNDÉ (M. le prince de). Sa nt'goeiation avee le genéral Piehe-gru, 319.
CONVENTION. Un souleve la queslion de savoir quand elle tel'mi-


nera sa session, 131.-Elle se decide aconse.'ver les deuxtiers I de ses m'!mbres dan, le gouveI'nement 'lui doit lui succéder, 304. - Fin uu régime ue la Convention, 3G8.
CoNVENTIONNELS. N;te attribuée au comte d'Entraigne, relati-


vemellt a l'amnistie des conventionneb, 317.
COURTIN (le citoyen), secréfaire au Comilé mÍ'litaire de la Con-


vention, 5.
CREUZÉ DE L.I. ToncHE (le I'eprésentant). Membre du comité de Salnt Public derlUis le loS germinal an 1Il, jus'!u'all 15 Ho-


réal, 12.
CRILLON (MM. de) pere et Jils. PlOcédés obligeans du comité


ue Salut Public a lenr égal'd, 90.


DAMAS (M. Charles de) accompagnc i\JnNSIE¡;R it bord d" l'expé-dition anglaise, 307.
IhNEMAncK. Communicat.ions amica]es el confidelltielles d" co-


mit,; de Salut Public avec le cabinel de Copenhague, 49. -Le cifoyen Grol! velle esi ambassadeLlr du comit,; de Salut Public
en Dallemarck, 251. - Pr~jet de lraité cntre le comité de Salut Public el les cabinets de Stockholm et Copenhague pOLlr la neutralilé du pavilloll, 254.


DANleAN (le géneral) est nommé general des sections au 13
vcndémiaire, 349. - Ellvoie nll parlementaire a la Con-
ventioll, l;59. - Parvient a s'échapper, 370.


DUNOU (le represent.ant) est membl'e du comité de Salut Public deJmis le 15 fructidor an IlIjus'lu'a la fin, 1:2. DAVID (le celehre peílltre) est exclll de la Collvenlíon , 29/. DEBAR (le genel'al) cncoml la disgrace de la Convention, dans la journee de \'endemiail'e. 346.
DEFERMON ( le repl'ésentant. ) est memb!'e du cornil!! de SaJul l'ublic. depuis le l!i fI ore., I an \IJ jns'Iu'au l.S feuelido.· SU;-


"1111, 12.




442 TABLE A.LPHABE TIQUE
DELAcnOI,X (le representant Charles), parlemente ayec les fRu~_


hourgs le 4 pr<\iri1ll, 195.
DELALOT (Charles), comproQlis dan~ les affaires de vendemiaire,


328 et 348.
DELBREL ( le representant) dicte a Dugommier la réponse a faire


aux premieres ouvertures de I'Espagne, 23.
DELECLOIX (lt~ representant) se met a la tete d'une des colonnes
q~i reprenDent possessioD de la salle de la Convention le '2 prai-
rIal, 190. '
DE~MAS ,( le representant) cesse d'etre membre du cOl;nité de


Salut Pul,lic au 15 nivóse an 1lI, 11. - Monte a eheval dans
les journées de germinal, 136. - Esi chargé de la direction de
la force armée dans les journées de prairial, 186 et 330. ~
Est adjoint a Barras le 13 vendémiaire, 351.


DllSCORCHES-SAINTE-CnoIX (le citoyen), chargé d'alfaires de la Re-
publique a COllstaniill()ple, est remplacé par I'ambassadeur
Vernillae, 252.


DEsPEllI,m¡:s (le genéral) encouri la disgrace de la Convention
dans la journee de vendémiaire, 346.


DESPORTES (le eitoyen Félix), resident de la République a Geneve,
104 el25t.


DEWJl'iS (le general autrichien). Sa l'roclamation aux Génois, 277.
PIRECTOJRE EXECUTIF (brigue pour l' éleelion des membre~ du ) ,


3i8.
DOMllROWSKJ (le general) est un des chefs de l'insurreclion polo-


naise que Kocziusko dirige, 28,
DOMMANGET (le citoyen), compromis dans l' affaire de vendé-


miaire, 3'28.
DOUCET (1' adjudant-géneral) l'un des commandaDs de la ganle


nationale de !)aris en gerroinal, 13il. - En prail'ial, 190.
DOULCET DE PONTECOUL.\NT est membre du comité de Salut


Public depuis le 15 f10real aD llljusqu'all 15 fruetidor sui-
vant, 12.-Rép!lre le temps perdu par Aubry et rait passer le
Rhin, 280. - Ecoute avec LieDveilIance la niclamation du
général de brigade Bonaparte, 288.


DOYLE (le general anglais) commande une, division de l"expé-
dition sur la eMe de N!lirmoutiers, 307.


DROUET (le representant) sera compris dans I'échange proposé
contre Madame, filIe de Louis XVi, 218.


BUBOJS ( le genéral), employé dans les journees de prairial, 192.
DrnOIs DE CRANcE (le represen lau!) esl rnembre du comité de


Salut Public, 'depuis le 15 frimaire an 1I1 jusqu' au 15 ger-
minalsuivant, 11. - Esl blesse dans la salle de la Conven-
tion, en défendant feraud, son coIlégue (affaire de prairial) 18i.
))!1~HOZAL (le ciloyen), compromis dans l'affaire de vendémi¡tirc,


329.




ET RAISONNÉE. 443
DUCOUDlIAY (le general), aprés les journées de vendemiaire, pré-


side la commission militaire du Théatre-Fran(;ais, 3iO. DLGOMYfIER (le general), arrivant de Toulon , aUaque la Cata-logne, 20. - Re¡;oit un message elu general espagnoI , conle-
nant un symLole de paiA, 22. - Est enseveli dans sa vic-
toire, 39.


DUHEYf (le represcntant) se déclare con/re le systeme d'une pa-
cifica!ion partieIle, 43,


D¡IHOUX (le gencral) encourt la disgrace de Ja Convention aux journces de vendemiaire, 346.
DVMANGIN (le eloeleur), médecin ele I'hQspiee de Sante, est ad-joint au celebre PeIlelan ponr soigner Lonis XVII dans sa derniere maladie, 214.
Dm{ONT (le rcpréscnfanl André) es! Qlemhre dn comité de Salut Puhlic dCjlllis le 1.'i frimaire an III jusqn' au 15 germinal sui-


vant, 11. -Est I"cduit á se ddcndre devan! la réactioll dont il avai/. jus'lu'alors suivi le mouvemenL, 2~J7. DVPO~T (le géneral), employe au comité de Salut Public, 4. Dno:w CUALMOC'iT ( le general), reere du précédent, commande
une parlie des lroupes de la Convention dans la journée de
vendéllliaire, 354,


l)UQUESNOY (le re¡m!sentant) , vietime de la révolution de prai-
ria!, 190.


DUREH DE LA M '¡'LE ( le citoJcn), compromis- dans les affaires de vendémiaire, 328.
DVRnJRT ( le eomle de) accompagne MONSIEIJII a bord de I'ex-pédiLion anglaise. 307.
DVROY (le représentant), victime de la revol" tion de prairial, 190. DURTUBIE (le f;'énéral d' ad ¡IJerie ), employé a Paris a ¡'ép0'lue du 13 vendémiaire, 353.
DUT~ONE e le eitoyen), compromis dan s les affaires de vendé-


miaire, 328.
DUSSAUX (le docteur), médecin du Temple, meurt; il es! remplacé par l'elletan, 214.
nl2VIGNEAU (le génp.ral de hrigade) est employé dans la journee du 13 ve¡}(lémiair~, 354. - Devienl chef d'éLat-major uu ge-


néral BonaparLe , 3i 3.
DZHLlNSKI (lVI.), devenn possesseur de plusieurs manuscl'its uu géneral Bonaparte , 292.
É~)f¡GRÉS. StiplIlalion proposée par I'Espaglle en leur faveur, 228. ENTRAlGUE (le eomte d'), agcllL du roi Louis XVIII a Venise. Surprend, dit.-on. le secret de la negocia/ion de la Républi'Iue ilvee la eour de Naplcs, 2G8. - Nole 'lui lui esl aHribuée, l'e-lative it J'amnislie dcs cOllvelllionnels. 317. - Découverle dr Sil cOJ'J'e~I'ondance avec le cituyen Lewailre, 3i~).




444 TABLE ALP HA BÉTIQUE
ESCHASSEBIAUX (le represcntant) cesse d'dre membre du comité


de Salut Pu1lic au 1,,) hrumairc aH lll. 1 ( .- Est reé lu le J.')
vendémiaire an IV, 12. -l'rcsente nn travail sur les principes


, 'lui doiveul diriger nos relatiolls exlerieures. 4 J.
ESPAGNE. Premiere ouverlure faite au cito,Ycn Simonin poue la


palx, 22 .-Disposilion du cabinel de Madrid a sc rapprocher de
la.Répu1Iique, 28. -PI'ojets d'articlesl'cmis a Simouiu, 32.-
Dugommier et ~r(jncey eLllr~!lt slIr le lerriloil'c espagnol, 39.
-:- CorI'espondance po!ítico-mililaire entre le general espagnol
Urrutia et le general fraIll;ais Pérignon, 51. - DCmarches dll
comité de Salnt l'ublic, pOllr arriver a une negociation, 88.
- Rcprise ele la cOl'respondance d" général Ptirignon el du gé-
neral L:rrulia, 106. - Bourgoin!; et RO<luesantes sont envoyes
a Figlliél'es, COlnme négociatenrs. ROllJ'going cOl'rcs[Jolld avec
M. d'Ocarilz, 112 et suiv. - Reprise dc la corl'espondance
entre :\>1. d'Ocal'ilz el Bourgoin« 141. _ Roquesantes est au
moment de partir pou!' Ma&id ,"I'G3. - La quesLion des'enrans
de Louis XVi occasionc une rup!ure, 1(j4. - La nég-ocia-
lion de I'Espagne se rel'roduit i, Bale, 168. - M. d'OcariLz la
reprend ri'un autre cMé, 17(j. - La (Iuestioll des enfans de
Louis XVI devient une seeond,. fois la ditlicultc priu!'ipale de
la négocialion , 210. - Un lroisieme né!;')ciateur se moníre, de
la part de l'Espa!;ne, a Ih,Y0nne, 220. - Le comilédésigne l'ex-
ministre Servan, pour traite,' avee M. ,I'Yranda, a Bayounp,
2.23. - Tlollhle négocialioll, a Bale et á Bayonne, avec rEs-
pagne, 22,~. - Pai" de Bitle, 226. - Observations critiques
sur ce trait", ,23.1 el 243. - Premiéres paroles d'alliaIlce
entre les deux nations, 24 J. - On s'occupe de négocier un
Imité de commeree, 249.


ETATS-UNIS. Lc citoyen Adet va remplacer le ciloyen Fauchel,
comme ministre de la Républiqueá l'hiladelphie, 25,2.-Envoi
amieal uu drapeaIl fram;ais aux peuples des Elats-Unis, 255.


F UN (seerétaire des I'el'rés~[ltaus ehargés de la direction de la
force al'mee, it I'aris.)·- ECl'it les premiers OI'dres de BOIlaparle
comme g'éneral en chef, 3.74.


F,WCHET (le ciloyen), remplacé aux ~:lat--trnis par le cilo,Yen
Adet, 2.')2.
FAY~Ol'LT ( le ciloyen ), chef de hureau, atl comité de SaluL


l'uhlic,5.
FERAUD ( le repl'ésentant) es!. lu'; dans l'enceintc de la Con-


vention ,en prail'ial, ¡8i.
FUlVÉE (le citoyen ), ('ompl'omis dan, le, am,il'cs de yendé-


miaire, 328.
hGl'IERES. Prise.le ('cUc place p'lI'le gen(;l'al l'érif.:'tloIl, 10: - Des


tlégocialctlt"Y ,onl envo.\P, pat' Iecomi¡,' de Sahlt 1'111.1"" 112,




El' RAISONNÉE. 445
fOURCnOy (le representant) ('esse d'etre membre du comité de


Salut Public, le ¡5 nin)se aIJ 1lI. - Est reélu, le 15 pluvióst'
suivanl" 11.


FRANCE. Situa1ion ¡nterieure de la Frauce, aH TIlois de janvier
1 i95, G3. - A repollue du 13 vendémiaire, 299.
}'R~~CHE-COMTÉ, Cette provinee est menaccc d'une invasinn par


I'armpe de Condé, 283.
}'REVILLF. ( "i\lot de) , secr~laire au comilé militaire de la Con-


vcntion, ,~, - Seeraairc de la légation de, la République, a
Florence, 251,


FRICKTALH. Projets d'invasion sur ce pays, 283.
GAl\ION (le representant) es/. memhre du comité de 5alu! l'ublic,


depuis le 15 prairial an llIjusqu'au 15 vendémiaire au IV, 12.
GARDANE (le general) SOtIS les ordres du general Brune, au 13


vendémiaire, 354.
GAU. Aneien secrétail'c du représentant Aubry. N'en est pas


moins appelé dermis au conseil d'élat par I'ernpereur Napo-
leo n , 292,


GAUTHIER (le dtoyen) , compromis dans les affaires de vendé-
miaire, 328.


GENES. Le citoyen Villars estle consul de la Republique fran<;aise
a Genes, 251. - Triste posi1ion de retal de Genes au miliell
des armées belligerantes, 251. - Mission de M. Assereto a
Bale, 276.


GENEVE. Le resident de la Répllbliq~e a Geneve est le citoyell
Félix Desportes, 251.


GERMIN A.L (journces de), 12i.
GILLET ( le représentant) est membre du comité de Salut l'ublic


depuis le 15 germi "al an lB, jus'lu' au 15 messidor suivant, 12.
- Est adjoint á Delmas dans le commandement de la force
.1rmee, aux journées de prairial, 192. - Meurt des suites d"
ses fatigues au ('amp de SambI'e-et-Meuse, 284.


GODO'j., Voyez ALCUDIA.
GOLTZ (le comte de) es! Ilomme par le cabinet de Berlin pou/'


traiter avec la Republique fralll;;aise, 46. - Commence la ne-
gociation de Bale avec le citoyen Barthélemy, 83. - Tombe
malade et meurt dix jour's apres la premiere conferenee, 8i.


GOI'PILLEAU DE FONTENAY (le representant). En missioll it I'armée
des Pyrénées, fera reconduire le jeuue Crillon au camp espa-
gnol, 90. - Dirigera la négocialion dOTlt Bnurgoing el RO'lue-
sanies 50nt chargés, 112. - Est un des 1rois representaus qui
dirigent la force armée de Paris, 330. -- Est adjoiu! a B1)-rras
au 13 vendémiaire, 35 J.


GOUJON (le représcntant,), vietime ,le la revolution de prai-
ri:, I , 191.




446 TABLE ALPHABJ<'-:TIQUE
GOSSUIN. (le reP,résentant) monte it cheval dans les jour!lees de


, germmal, 1.36. - Parlemente a vec les faubouras dans les
. trouLlcs de prairial, 195. ~


GOURDAN (le représentant) est memLrc du comité de Salut Pu-
Llie derlUis lc 15 yendémiaire a!l IV jUS![u';'¡ la fin, 12.


GREGOIRE (le r.epI'é~elJ~ant). Son discours sur le droit des gens
ne sera flas ImpI'IIIlC, 254.


GRTvtL (le contre-amiral) a été secretaire au comité militaire
de la Convention •. 'l.


GROUVELLF., elHuyc de la Republique i. Copenhague. Commu-
nieations dont il est charge par le comité, 49.


GUYP¡;SCOA. Question~ relative a ecHe province dans la nérrocia-
tion d'Espagne, 128, t>


G¡;nON !lE MURVEAUX (le representant) est membre du comité
de Salll! Puhlic, dcpuis le 15 vendémiaire an III juS<[u'au 15
1'Iuvióse suivan!, 11. - S01l discours en faveur des memhres
de rancien comité, 129.


HUIBOUI\G. Lagau, consul de Franee á Hamhollrg, 2.51.
H,lNOVRE (le). Pl'ojet de M. de Hardemberg. dc neu!.raliser cel élec-


torat .. 123. - TernlPs dalls lesquels celle idée est realisée par
la neutralité <lu Nord, 150.


HARCOURT (le due d'). Lettre qui lui est adl'essee de Véronc, 314.
HARDEMBERG (M. le hal'on dc) remplace M. de Gollz comme né-


gocialeur a Bale, 121. - Y signe la paix de la Prusse, 143.
- Et la eonvention additionnelle, 208.


HARMAND, de la Meuse (le representallt). Son opinion contre la
réuuÍon de la ri,~e gaLlchc du Rhin, 331.


IIARNIEI\ (M.), secretaire de la legation pl'llssienne a H,.le, esl.
envoyé a Paris pour parler de la paix, 4ti. - JI continue la
mlgociation de Bale apres la mort de M. de Goltz, 119.


HEFFLINGEI\, r¡(sident de la Répuhlique franc;aise dans le Valais.
251. - Rec;oit des communicatious de la Sardaigne, 273.


HESSE-CASSEL (le landgrave de) se place del'riere la neutralité
de la Prusse, 201. - CODclut sa paix particulihe a Bale, 260.
'- L' AlItriche veut le mettre au han de l'Empire, 274.


HESSE-DARMSTADT (le landgrave de) se place derriére la neuLra-
li Lé de la Prusse, 204.


HOCHE (le général). Sa vietoire de Qlliheron, 235; -11 empeche
le gellér~l Charette de secollder le déhan]uement de l'expé-
dition anglaise, 376.


HOLLÁNDE. Le slathouder envoie MM. Branlzen el Rel'elaer a
Paris pour traiter, (jO. - COIl<luete de la Hollande par Piche-
gru, 61. - StiplllatioIl relative a ceueJJUissallee dans le traité
de Prusse, 152. - Traile de paix el 'alliance avec la HuI.
lande, 200. - Réception á la Conycntioll de ses deux en-




ET RAISONNÉE. 447
vOye5, 203. - Sa situation pénible depuis la conquete : I'An-
gleterre confisque ses dépo!s el ses colonies, 256.


HORTODE ( l' adjudanl-génpral). L'tm des secrétaires du comité mi-
litaire de la Convenlion, 5.


HUART (l'adjud.mt-général) es! emploJé a la Jefense de la Con-
venlion, 50llS le genéral Derruyer, aux journées de vendc-
miaire, :3fd. - Son collo«(lIe avec ('UH des chefs des see-
tions, 3.'í!/.


lRANDA (M. d') e;,t,. envoyé ,. Bayonne : ,Iouble négociation, 220.
hALlE. Dispositions des pllissallces u'Ilalie a regaru de la Rlipu-


bliCfue, 105.-- L';¡rmée des Pyrénées esl destinée a I'invasion
de ce pays, 237. - L'Autriche, de son cOté, s'y fortille et
prend l'olTcnsive, 276. - L'armée u'ltalie recule un moment
sur le Val', .285. - Ordre uu comité pour qu'clle se reportc
en ,1V.ln!, .?H6. - Conseils uu g-éneral de brigade Bonaparte,
rom celle nouve!!c campagne, 286.


,IE.':>ROY ( médecin ) , sigue le proces -verbal de la mor! de
Louis XVII, 215 .


.IUN DE BRY (le represenlan!), membre Ju comile dc Salut Pu-
blie, dn 15 messidor an 111 juS«(U'a la fin" 12 .


.JOURnH¡ (le general), vainqllellr i, Fleurns, s'avance sur le Rhin,
20. - Passe la '1ellse et marche SIlt' Mayence, 35. - Passe le
Rhin, 284 .


.IV:>1OT, aide de camp du gpnéral BOllaparte, 373.


KELLERMAN ( le genéral). Remplacé par le f;cnéral Scherer dans
le commandement de I'arrnée d'ltalie, 286.


KERYELEGAN (le relmc:sentant) se met it la tete d'une des co-
lonnes 'lui, en prairial, reprennent possession de la salle de la
Conyention enyahie, 190.


Kd:BER (le géneral). Sa diyisioll arri ve sur le Rhin, 31,
KOCZIUSKO, le chef de l'insurreclion polonaise, 28.


L':cmrnE-SAI;>iT-MrCHEL (le représentaut), membre du comité de
Salut Publie <lu 1.') pluyiose au IJI, au 15prairial suiy,~nt, 11.


LACRETELLE jeune (le citoyen), compromis dans les alTaires de
yendémiaire, 328.


LADEvEzE (le citoyen ), compromis uans )es alTaires de yendé-
miaire, 328.


LAFONT DE SoUBE commaude l'altaque du Pont-Royal au 13 veu-
démiaire, 365, - Est eondamne a mort, 370. .


LAGAU (le eitoyen), consul de }'rance a Hambourg, 2.') l.
l .• HARPE (le littcratcnr), comprornis dans les a/hires rle Yl'ndé-


'miairc, 328.




448 TABLE ALPHARf~TIQUE
LAJAUNAIE (pacification de), dans la Vcndee, 100.
LALLE"AND, envoy" de la Rcpubli'lue á Venise, traite avec le


chevalier Micberoux, envoye de Naples, 103 el 267.
LALOI (le représentan!.) cesse d'Cire membre du comité de Salu!


Public au j 5 brumaire an 1lI, 11.
LA"ARQUE (le representant) sera eompris dans f'échallge pro-


pose eontre Madame, filie de Louis XVI, 218.
LANDR'ECIES. Repri~e de eettc place, 34.
LANGLOIS, homme de leUres, compromis dans les affaires de YCI1-


démiaire, 328.
LAPORTE ( le représentant) membre tlu comité de Salut Publie.


dermis le 15 ventose an llI, jusqu'au 15 messidor suivant, 11 ..
- Est l'un des trois representaJls charges de la direction de
la force armce, 330. - Esl á cheyal aupres du general Menou
dans la rue Vivienne en vendémiaire, 347. - Est adjoint a
Barras au 13 vendémiaire, 351,


LARIvIlbm (le représentant lIenri) est membre du comité de
Salut Public, dermis le 15 prairial an III, ,Íusqu' au 15 Yen-
démiaire an IV, 12.


LASSlIS (le doctenr) signe le proees verbal d~ la mort du roi
Louis XVII, 215.


LEBOIS, president du tribunal criminel de la Seine, compromis
dans les affaires des sections en vendémiaire, 328. - EsI
condamné a mort, 3iO.


LEBON (le représentant Joseph). Sa tete est la derniere 'Iu'on
sacrifie a la reactioll , 305.


LECARPENTIER ( le représentant ) , proscrit en prairial, 198.
LECOURT-VILLIERS, l'un des eommandalls de la garde nationale


de Paris, dans les jouf'm;es de germinal, 135. - Dans celles
de prairial, 190.


LEFEBVRE (le general ). Sa division ar.,.ive sur le Rhin, 35.
LEFEBURE, commiss.aire ordonnateur de I'armee de J'interieul'.


Ordres qui lui 80nt donnes le 13 vendémiaire, 353.
LEGENDRE (le representant) conduít les colonnes qui reprennen!


possession de la salle de la CouventioIl, envahie le 2 prai-
"ial, 190. - Ses paroles au 13 vendémiaire, quand les pre-
miers coups de feu se font entendre, 361.


LE"AITRE. Découverle d'uDe ~'Orl'espondauce de la cour de V é-
rOlle qui Íui est adressée, 378.


LIl"AROIS, aide de camp du geuéral Bouaparte, 373. - Signe
comme temoin áson mariage. ( Note de la page 3i6.)


LEQlIESNOY. Reprise de eeHe place, 34.
J.ERBACH (M. de). Sa missiutl b Berlin et a Bále, 205.
LEROUX, compromis daD~ L,ffaire de vcudcmiaire, 328.
l"ESAGE, d'Enre-et-Loir ( le reprpsenlalll) elltre au eomit'; de




E'I' RAISONNÉE. 449
Salut Public. le 15 germinal an III; est r¿élu 11 15 messidor
suivant, 12. - Vote contre la reunion de la rive gauche du Rhin, 335.


LETOURNEUR de la Manche ( le repr¡>sentant), membre du comité de Salut Public, depuisle 15 thermidor an m, jusqu'itla fin du Comité, 12. -Aeeueille avec bienveillanee la réc1amation du géneral de brigade Bonaparte, 281. - En mission pres le
camp sous Paris, 330. - Est porté au Directoire, 382. LESTRANGES (le genéral) employe sous le general Verdiere le 13 vendémiaire, défend le Poni-Royal, 35,j. - Preside la
commission militaire qui siége a la section LepeIletier, 370. LINDET (le representant Robert) cesse d'étre du comité de Salut Public au 15 vcndémiaire an m, 11.


LrVOURNE (le port de) est abandonné a l'influence anglaise, 27;) LorSON (le géncral) commande une portion des troupes qui defendent la Convention au 13 vendémiaire, 354. - Pré-
side ensuite la co=ission militaire qui siege a Saint-Roch, 370.


1..aVIS XVI (les enfans dn roi). On commence a parler des ri-gueurs de leur détention auT!'mple, 66. -La cour de Madrid demande leur delivranee, 28, 164, 210. - Dcmarches de l' envoyé de Tosc,me, pour la dé/ivrance de MADAME , 216. -On convient de proposer a l'Autriche, J'échange de MADAME
contre les représelltans que cette puissauce reliellt prison-
niers, 217. -Stipulalions qui concerllent celte princesse dans la paix de Bále avec l'Espagne, 227. -Le general- Piehegru
es! d'ailord ehargé de traiter avec les Autrichicns pour l'é-
change projelé, 279. - Cette négociation est transférée a. BMe , et confiée au citoy~n Bacher, ¡bid.


Lours XVII. L'Espagne demande eomme condition de la paix, la remise du jell/le prince, 32. - Reproche fait au Comité de lni avoir donué un institntenr, 43. - Inquietudes que donne le voisillage de la prisou uu Temple, 66. - Lonis XVI1 meurt dalls Sil prison , 214.
Loul'S XVIII. Ses premieres paroles a son avenement. Fragment de sa correspondan ce de Verone, 308 et suivautcs.
LOUISIANE. Question de la Louisiane daus la négociation d'Es-pague, 233.
LOUVET (le représentan!), membre du comité de Salut Public , du 15 messidor an 1lI, jusqu' a la fin du Comité, 12. LUXEMDOURG (la place de) enveloppée par les armées francaises. 35. -Capitule, 216. -Paroles de paix dites dans eette cir-


constance, par Merlin de Thionville au genéral Bender. 27.8.
MADA.lI!E, filie de Louis XVI. rey-ez Louis XVI (les en-fans de).




450 TABLE ALPHABÉTIQUE
MAHO~ (le <!te de). r'!J'eZ Crillon.
MULLE (le eomle de) aeeompagne Monsieur a bord de 1'expé-


dition anglaise, 307.
MANFREDINI, ministre dn grand - duc de Toscane. - Son in-


flucnce pour la paix, 94. - Ses eonseils maintiennent la
neutralité ,275.


l\fARANDET, secrétaire de légation du citoyen Barthélemy, 144
et 1 i2.


MARCHEN A , homme de letlres , compromis dan~ les a/faires de
vendémiaire, 328.


MAREC (le repr~sentant) est membre du comité de Salut Pllblic.
depuis le 15 nivóse an 111, jus(lu'au 15 floI'éal suivant, 11.-
JI esL reélu le 15 prairial, el reste au Comite jusqu' a la fin, 12.


MUET (depuis duc de Bassano), sera wml'ris dam l'échange
pro posé contrc Madame, filie de Louis X VI, 218


MARMONT (le capitaiue) , depuis dnc de Raguse. - Le general
Bonaparle s' arrele chez son pere a Chatillon, 291. - Le ge-
neral en fail son aide de camp, 374.


MATHIEU ( le représentant ) conduit une des colonnes 'lui re-
prennent possession de la salle de la Convention , emahie le
2 prairial, 190.


MAl'RE (le représentant) se tue plutót que de se soumettre a UIJ
décrct d' arrestation, 298.


l\hYENCE ( la place de). Jourdan s'en approche, 35. - Cette
ville devient la premiere dillicuhe de la nég-ociation de la
Prusse, 38 et 85.


MAYENCE (l'eIecleuI' de) tlemande, a Ratisbonne, qu'on negocie
avec la Republi'lue, ;)6.


MAYENRIENCK, adjudaut-général du maréchal Mollendor/f , vient
a Bale pour s'aboucher avec le citoyen Bacher, 37.


MAZOYER, seeretaire au comité mililaire de la Convcnlion, fío
MEILHAN (le representant). Son entrevue avec M. d'Iranda, 220.
MENOU (le général ) , nommé commandant en chef de r armec de


l'intérieur, 192. - Compromis dans l'a/faire de la rue Vi-
vienne, en vendémiaire, 347. - Destitué, 350. - Jugé el
aequitte, 374.


MERINOS (belier;') obtenus all profit de l' agrieu hure franc;aise dans
le traité de 1'Espagne, 232.


MERLIN, de Douai ( le repn'senlant) cesse d' ctl'C mcmbl'e d"
Comité, le 15 nivóse an IJJ. - y rentre le 15 pluvióse suivanf.
EsL rédu une troisieme fois, le 15 messidor, 12._Expose les
bases de la politi'lue du Comité, 44. - Son influence dans la
delibáation (lui reunit la rive gauche du Rhin, 338. - II
annou(,e a la Convention les prcmieT's sucees .tu combat de
vendémiaire, 364.


MERLlN, de Thionville (le representant). Contraste ,[ue l"i pN'-




ET RAISONNÉE. 451
seu tent les tl'oubles du dedans avec la gloire dn dehors, 64 ~
- Est adjoint it Pichegrulors des troubles de germinal, 138 .
. - Ouverture de paix qu'i1 fail au general Bcnder, 278.


MICHEROUX ( le chevalier de ), envoyé de Naples a Venise. -
Negociar,ion ouverle entre cel envoyé el le citoyen Lallemand,
pour la paix de Naples, 103 et 267.


MmI (massacl'es du) par les compagniesde Jesus et du Soleil, 298.
MILEs, agent de I'Angleterre, 278. '
M/OT (le citoyen), envoye de la Republique a Florence, 251.
MOLLENDORF ( le general prussien) fail des ouverlures pour la


paix. 21.
MONCEY (le general) penetrel en Biscaye, 39. - Marchait Sur


Burgos quand il a re\(u la nouvelle de la conclusion de la
l,aix avec J'Espagne, 243.


MONTCHOISY (le qeneral) commande la reserve de la Convention,
au 13 vendemIaire, 354.


MONTGAILL.lRD (le comle de ). Sa correspondance a Paris, avec
le sieuI' Lemaitre, 379.


MORF.AU (le général). Ses troupes atteignent les bords du Rhin,
31. - Slipnlation de Pichegru en sa faveur, 319.


MORT. Abolition de la peine de morl, 371.
MOYRA ( 101;d) commande une division de l' expeditidn anglaise,


destiuéc con tre les cotes de Bret.agne, 307.
MUlRON, officier de l'armee d'ltalie, Une place d'aidede camp


lui esl réservée par le general Bonaparte, 374.
MURAT ( le capilaine) commande un détachement du 21" de


chassenl's, dans les journees de prairial, 193. - Rec;oit les
premiers ordres dn general Booaparte, dans la nuit. du 12 au
13 veodemiaire, 353, - Devicut aide de camp du general
Bonaparte. (Note tic la page 374. )


iVI¡;TEL (l'adjndant-géncral) est employé son5 le géneral Berruyer,
au 13 vendémiaire, 354.


NULE.S. Commencement de la négoeiation de ce cabinet avee la
République, 103. - Médiation de I'Espagne en sa faveur, 230.
Suitc de la negociation, 267. - Le roi declare au cabinet de
Vienne qn'il veu! se retirer de la coalition, 270. - L'Autriche
répolld que, dans ce cas, on le lraitera en ennemi, 274.


NEUTRES. Revue des dernieres relat.ions de la Repuhlique avec
les pllissanccs neutres, 251.


NUGUES SAlNT-CYR elait. emplo'yé au comité de Salut Public, .~.


OCARITZ ('VI. ,d' ). Le cilo'yen Bourgoing' luí ecrit, !)O. - Re-
ponse, 11 b. - R"prise .Ie eeHe correspondance, 1 61 . -; Ru p-
ture, 164. - M .. el'Ocaritz repara;t eomme negoci'üeur', 174.


ORANGI' ( le Jll'ince d' ), n'a 'I"e le temp, ele se Cjeter ,bus nol'




452 TABLE A.LPHABÉ'l'IQUE
• harque pour gagner l'Angleterre, quand la Ho:llande est enra-hie, 61.


OTTO ( le citoyen ). Était chef de bureau au comité de Salut Pu-hlic, 5.
PAJOL (aide de camp de Kleher). Présente a la Conventinn les drapeauxde l'armee de Samhre-et-Meuse, 35.
PAIX,PAIlTIELLES. Systeme comhattu par Duhem, 42.
PArE (le). Ne veut pas étre considere comme en guerre avec la France, 102. - Médiation de l'Espagne en sa raveur, 231.-Des navires fran~ais sont re~us amicalemellt a Civita-Vec-


chia, 272.
PARIS (Troubles de). En germinal, 127. - En prairial, 184.


- En vendemiaire, 295.
PUME ( l'infant de). Médiation de l'Espagne en sa faveur, 230 et272.
PELET de la Lozere (le representan!). Memhre du cOilité de Salut Puhlic, du 15 brumaire an III au 15 ventase suivant, 11. PELLETAN (le docteur) remplace ])ussaux comme médecin du Temple, 214.
PENIERES (le represen tant ) court des dangers dans un attroupe-


ment populaire, en germinal, 138.
l'ÉRIGNON (le general) succede a Dugommier dam le commaU-dement de l'armée des Pyr~nées, 39. - Sa corrcspondance


avec le general espagnol Urrutia, 51 et 106.
PETITOT (le citoyen) était chef de bureau au comité de Salut Puhlic, 5.
PEYSSAUD (le represent.mt) proscrit en prairial, 198. PICHEGRU (le general) rcc;oit l'ordre tI'entrer en Hollande, 35.


- Sa campagne d'hiver, 58. - Esl llomme au cornmandement de Paris, en germinal ,¡138. -Inspire des inquietudes, 285.-Note sur sesarrangernens secrets avec M. le prince de Conde, 319.-11 commence la negociation pour l' échange de MADHIE, filIe de Louis XVI, 379.
PI ERRE (le citoyen), chefde hureall au comitede Salut Public, 5. PISANI, resident de la République de Venise a Paris, est rem-placé, 255.
PITT (M. ). Ses discours au parlernent d' Angleterre pour la conti-


nuation de la guerre, 71. - Mol qui lui echappe a la nouvelle du desastre de Quiberon, 306.
POLOGNE ( la) s'insurge sous Kocziusko, 27. - Succombe sous les


coups de Souvar~ff, 38.
POMMEREUIL , capilaine d'artillerie. LeUre qui lui est écrile, a Naples, par le ciloyen Cacaut, 269.
PONCELIN, homme de lettres, compromis dans les affaires de


vendemiaire, 328.




ET RAISONNÉE. 453
PONnTOWSIU (Joseph) est un des chefs de l'insnlTection polo-


naise sous Kocziusko, '17.
PORTUGAL. Médiation de I'Espagne en sa faveur, ,230. - Démar-


ches faites antérieurement par M. d'Aranjo, '16'1.
POTERUZ ( le citoyen ), envoyé a Viennc par le comité de Salut


Puhlic, '180.
PRAIRIAL ( journées de), 184.
PnETREs ÉMlGsES. Demande de I'Espagne en leur faveur, 22 8.
PRIEUR, de la Mame (le représentant), membre du comité de


Salu! Public, depuis le 15 vendémiaire an lll, jusqu'au 15 plu-
vióse suivant, 11. - Est compromis dans les alTaires de prai-
rial, 191.


PRIEUR, de la Cóte-d'Or (le représentant) cesse d'étre membre
du comité de Salut. Public, au 15 vendémiaire an IlI, 11.


PRINCES FRANQAIS. Demande de I'Espagne en leur faveur, '1'18.
PRUSSE. Premier message de paix remis all citoyen Barthélemy,


'11. - Le comité de Salut Public hesite a répondre, '16. -Dis-
sentimens survenus entre les cabinets prussien et autrichien ,
'17 et 36.-Mission de l'adjudant-géneral Mayenrienck a Rile,
37. - Nomination de M. de Goltz pour traiter avec la Répu-
blique, 46. - Voyage de M. Harnier a Paris, ibid. - Bases
posees par le comité de Salut Public, qlli nomme le citoyen
Barthélemy pour plénipotentiaire, 47. - Premierc negociation
de BMe: M. de Goltz et le citoyen Barthélemy, 83. - Aprés
la mort de 1\1. de Go1tz, M. Harniel' con tinue la négociation,
119. - Seconde négociation de BAle: M. de Hardem'berg el le
citoyen Barthélemy, 1'11. - Conclusion de la paix, 143.-
Convention additíonnelle, 204. - Premiere ouverlure pOUI'
une allianee, '105. - La Prusse demande un armistice pour
I'Empire germaniqlle, '159.


PIJYSEGI;R (M. de). Accompagne MONSIEUR a bord de l'expedí-
tion anglaise, 30i.


QUATREMEnE DE QUINCY, homme de lettres, compromis dans les
affaires de vendémiaire, 328.


QIJIBEROX (aff.~ire de), '135. - Mot de M. PiLL, 306. - Douleur
du roi LOllis XVIIJ, 312.


QUINETTE (le représentant) sera compris dans l' échange proposé
contre MADAME, filie de Louis XVI, 21 S.


QnRINI (le noble), envoyé de Vcnise a Paris, 255.
RAB.llm-POMMIER (le representant) , melllbre du Comité de Salut


Publie depuis le 15 f10real an III jusqu'au 15 fructidor sui·
vant, 1'1. .


RUFET, l'un des eornmandans de la garde nationale de Paris,
13.1 et 190. - Esf blessé d'nn coup de pistolet, 139.




454 TABLE ALPHA n ÉTIQ VE
RAIGECOURT (M. de) accompao-oe 1fol1sieur it Lord de l' expedí-tioo anglaise, 307. o
RATISBONNE (la diete de). Inlluence de la Prusse en favcur de la paix, 36. - Conclusum pour arriver a une npgociaLion, 83. RhcTION thermidorienne, 65. -Royaliste, 295.
REINHARD (M.) était un des chefs de hureau du comité d~ Salut Public,4.
RllLIGiON C.l.THOLIQUE (demande de I'Espagne en faveur de la), 228. RUBELL (le representant), membre du comité de Salut I'ublic depuis le 15 ventóse an III j"s'l"'au 15 messidor, 11.-Réélu le 15 thermidor, 12. - Presente a la Convcntion le traite de la ~russe,. IS;;. - Veut envoyer l'adjlldanl-gcneral Roquesantes


a MadrId, 163. - A conelu le traité de la HolIande, 200.-Commencc a a voir des inquiétudes sur Pichegru, 285. - Est porte au Directoire, 382.
REVELJ,"lRE-LEPAIlX (le représentallt) est memlJre du comité dc Salut Public depuis le 15 fructidor an III juscfU' a la fin , .1.2.-Est porte au directoirc, 382.
REYNIER (le general). Sa division arrive sur les bords du Rhin, 35. RHIN. Les armées francaises arrivent sur les bords de ce lIeuve, 35. ~ La cession de la "ivc "auche est exigée eomme base de touLe négociation, 47. - Te~mes daos lesquelS le traite de la Prllsse s'expli({ue sur cet abandoll, 14i. - Premier passage du Rhin par les armées de Samhre et Meuse et de Rhin et Moselle, 282. - Delibération de la Convent.ioo sur la reunion des dé-partemens de la rive gal1che, 334.


. RnULI, (le representant) se tue plutot que de se soumettre a un deeret tI'arres/ation, .298.
RICHARD (le reprpsentant.) est mcmbre du comité de S~lnt P~­Llie, dcpuis le 15 vendcmiail'c an 111 jusqu'au 15 pluv]()se SUl-


vant, 11. - n presente a la Convention le traité avee la 1'05-
cane, 95. .


RICHER-SERJZI, homme de lettres, est compromis dans les affaires de vendémiairc . 328.
RIVALz. ministre plenipolentiaire de la RépuLlique frau<;aise a Stockholrn, 2,';2.
HOLL ( ivl. tic) accoIOl'a;ne MONSIEIlR a !Jord de I'expédítion an-


glaise, 307.
ROME. Voyez le }).l.PE.


. . ROM"E (le représentant.), victime de la revolution de pramal , 190.
ROQI:ESANTES (I'adjudant-géncral) cst e.nvoyé.a Figuieres pour'


néO'ocier 112. - On veul l'envover a MadrId. t 63. ROZIfRE (1Vr'. de La) aeeompagne M¿'NSJErn iI bord de I'exl'édiliofl
aTldaise, 307. BOFX~. (le la Hallle-~la['[1e (le n'I,rr's(,ll lanl ) ('sI ltlcmhI'P el" eo"




ET RAISONNÉE 455
milé de Salut Public "depuis le 15 germinal an 1JI, jus'lu'au 15 messidor suivant, 1,2,


ROVÉRE (le representanf) reclame la liberté de quelques jeunes gens, arretés dan s les aUroll pemens de vendémiaire, 331.
R"SSIE. Elle étoulfe I'insurrection de Pologne, 38. - Triple al-liance conclue entre cette puissance , r Autriche et l' A ngleterre, pour la prolongation de la guerre, 275:
SABLACOVRT (M. de) accompagne }TONSIEt:R a bord de r expédition


anglaise, 307. '
SAll'iT-DlDIER (le citoyen ), compromis dallA les affaires de vendé-


miaire, 328.
sUNT-VENANT (le citoyen), compromis dans les affaire~ de vendc-


miail'e, 328. ,
SALLABERT (M, de), envo)'e par le due de Deux-Ponts a Balc , 259. SAL VERTE ( le citoyen ) , compromis dans les affaires de vendc-


miaire, 32a.
SAN-FERMO (M. de), ministl'p de Venise eu Suissl', ti O, - L' Au-


triche demande son l'appel , 271. S~NTO-DoMIl'iGO. L'E~pagne c¡'dp eeHe colonie par le traite de Bale, 234 el 2,15,
SARDAIGNE (le roi de). Ses '¡émarches ¡lOUr entrer en commu-


ni('afion avec la Répuhlique, 103,272 et 274.
SAURET (le general) passe, ¡¡yee sa diyision, de l'armee des Py-


rénées a l' armee du Val', 23 i .
SUE (l'electeur de) se place derriere la ligne de neutralité de la l'russe, 204,
SCHERER (le general) remplace le general Kellermann dan s le


cOIDmandement de l'armee d" Val', 286,
SCHMERTZ, negociant des enyirons de Francfort, sert d'inter-


médiaire a,,'x premicres communications de la l'russe ayec le
ciloyen Bal'thelemy, 21 et 37.


SECTlONS de Paris. Leltre du Lord du Rhin, sur les chances que promet a la cause royaliste le mouvemenf prochain des sec-
tions, 321. -Insurrectioll des sections, 323.


SÉClJLARISATION des hiens ecclesiastiques en AlIemagne. Premiere idee mise en ayant it cet egare!, 47.
SÉMONVILI:E (1' amhassadeur ) C sera compris dans l'échange pro-posé ,'ontre MAOH!E, filie de Lonis XVI, 21H,
SERtNT (1\'1, le comte de) acompagne MONSIEUR iI bord de l'ex-pédition anglaise, 307. .
SERVAN, (l'ex-ministre), envoyé a Bayonm', pour traiter ayec 1\'1. d !randa, 223.
SEVESTRE (le representanf ) annonce a la Convention la·mort de Louis XVII, 214.
SIEYES ( le represf'ntanl) esl memhre du (omite de Salut Pub/ic,




456 TABLE ALP HARÉ TIQUE
deJluis le IS ventose an IlI, jusqu'au 1 S messidor, H.-Il est
redu le IS thermidor, 12.-A conclu le traité de la HolIande.
200. - Le presente á la Convenlinn , 201. - Porté au Diree-
toire,\ il refuse, 382.


SIlIIONIN, payeur des prisonniers de guerre a Madrid, 22.-
Symhole de paix qu'il envoie.- Articles de paix dont il re.;oit
la proposilion, 32.


SOUBR.l.NY ( le représentant), victime de la révolution de prairial •
190.


SOUHAM (le general). La division qu'il commande arrive sur les
hords du Rhin, 3S. '


SOURRIGUIERES. homme de leltres, compromis dans les aft'airesde
vendemiaire, 328 ..


STAeL CM. de), amhassade:ur de SnMe a Paris. 2S3.
SUBSISTANCES. Pénurie, 61!. -Stipnlation ponr un versement de


blés avec la Toscan", %. - Idem avec Naples, 103 el 267.
-Idem avec le Portugal, 264. - Avantages de la paix .avec
la Prusse sous le rapport des arrivages des blés. 157. - La di-
seUe sed de pretexte aux troubles de Paris , 185.


SUEDE. La Répnhliqlle fraw,aise est representce a Stockholm par
le ci/oyen Rivals, 252. - Arrivée de M. de Sta el , amhassa-


. deur de Suéde, a Paris, ¡!,id. - Projet de traile enlre la Sncde ,
le Danemarck et la Repnhliqlle pour la neutra lité du pavillon,
254:


SUISSE. La neutralité du territoire helvdique est a la veille d'etre
compromise, 283.


TULlEN (le representant), memhre du comité de Salut Puhlic
du 15 germinal an ¡JI, au 15 tLermidoI', 12. - Propose, 11 la
trihune, de diviser la coalition pUl' des traites partiels, 41. -
Entre au comité de Salut Puhlic. Lctfre de Louis XVIII, qui
le compromet, 142. - Il demandé que I'Espagne soit tenue
de rendre les vaisseaux enlevés a Toulon, 236. - j'\'est plus
a r ahri des reproches sous le bouclier de theI'Il1idor, 297. -
Compromis, de nouveau , dans une note attIibuce au comte
d'Enlraigue, 318. - Pretend au directoire, 378. - Fin de
sa carl'iere politique, 3R1.


TERRITOInE FRAN"AIS. Sa délivrance. - Rapport de Camot. Fete
elu champ de Mars, 34.


TUA.UUD (le représentant ), en mission, prés le camp sons
})aris, 330.


TUE..TRE FMN"AIS (Odeon). Expédition dirigée par le general
Menou, ponr di~soudre \' assemLlée qui se reunit a ce thé:itre,
en vendémiaire , 344.


TuÉuRE DE LA. RUE DE RICHELIEU. Ses colonnes son!. échancrées par
les houlets lte vendémiaire, 369.




ET RAISONNÉE.
'l'SIBAUDEAU ( le representant ). Citation de ses mémoires sur la


Convention. 6. - Il entre au comité de Salut Public, le 15
vendémiaire an IV, et reste jusqu'a ]" fin, 12.


THUGUT (M. de), premier minis~re a Vienne. Le Comité lui
envoie M. de Poteratz, 280.


THURIOT (le representant) sort da comité de Salul Public, le
15 frimaire an 1II, 11 .


TOSCAl'<E, Traité de paix avec la République, 94. - Réception de
M. de Carletti, ministre toscan, a Paris, 1.01. - Premiere
démarche de ce diplonrate pOUI' la délivrallce de MADUIE, filIe
de Louis XVI, 216. - Le citoyen Miol est envoyé de la Répu-
Llique fran~aise, a Florence. Le citoyen VilIot Freville est secré-
tair\! de la légation, 251. -L'Autriche veut, inutilement, faire
rentrer le grand.duc dans le ~ysteme de la coalisation, 2i5.


TREILH.lRD (le representan!) sort du comite de Salut Puhlic, au
15 Lrumaire au IJI. Y renÍl'e le 15 /loreal suivant, 11 ,-U
presente la convention additionneHe au traité de la Prusse,
208. - Il propQ!;e l'éch1!:,nge de MA.D.l.ME, contre les repre-
sentans et les ambassadeurs détenus en Autriche, 217.


TURQUlE. Le citoyen Verninac remplace le ciloyen Descorches
Ste-Croix, a Constan1.inople, et prend le titre d'ambassadeur,
252. - Rétablissement des relations de la Franee avec ce
pay., 257.


CRRUTa (le general espagnoI) prend le comn,andement de l' ar-
mée espagnole, á la mort Ju general La Union, 40. - Entre
en correspondauce avec le general Pérignon, 51. - Suite de
eeHe correspondance, 106,


VACHOT (le general) es! employé sous le general Berruyer, le 13
vendcmiaire, 3.54. .


V.!.L.l.IS (la république du ). Le citoyen Heffiinger y reside, al!
nom de la Repuhlique fran\)aisc, 251. .


V A.LENCII¡NNES. Reprise de cette place, 34.
V.l.NDAMME ( le general ). Sa division arrive sur les bords tlu


nhiu, 305.
V.l.UBLANC (le citoyen), compl'omis dans les a/faires de vendé-


miaire, 328.
VERDIERE ( le général) défend le Pont-Royal, 1m 13 vendli"


miaire , 354.
VERONE (fragmen~ de la corresponclance de), 309.
VENDÉE (pacification de la), 100.
VEXDÉ'oIIAIRE (.iournce du 13), 350.
VENISE. Le citoyen Lallemand, envoJé de la Républiqlle a


Venise, 251. - Réceplion clu nobl~ Qllirini, envoy" a la plac.:
.In risidenf Pisani, 2.55.


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458 TABLE ALPHABÉTIQUE, ETC.
VERNIER (le representant), depuis oomte de Montorient.


membre du comité de Salut Publie, depuis le 15 floreal, jus-
qu'au 1,'} fruetidor, !2.-Préside la Convention, le 2 praí-
ríal, 190.


V ERNIN.i.C (le citoyen) remplace le citoyen Descorches-Ste.-Croix.
a Constantinople, et prend le titre d'ambassadeur, 252.


VICl'OR (le géneral) condnit une partie de l'armée des Pyrénée¡
sur le Val', 237.


Vrn'L (le representant) intervient dans les communications l'a-
'cifiques qui arrivent de Madrid, 31.


VlGl'IET DES ETOLLES (M.), minish'e de Sardaigne en Suisse, essaie
de communíquer avec le citoyen Bartbélemy, 104.


VILL.i.RS (le citoyen) reside a Genes, avec le litre de cOllBul d~
la République fran«;aise, 2.S 1.
VIVIEN~E (affaire de la rue), 340.
y nIARTE (M. d'). Leltre qui lui est cerite parle citoyen Bourgoing,


90. - Il se presente a Bale pour traiter au nom de l'Espagne.
168. - Instanee de ce ministre en raveur des enfans de Louis
XVI, 210. - II signe la paix, 234.


ZAYONSCHECK (le général) est un des chcfs de l'insurrection 1'0-
lonaise, sous les ordrei de Kocziusko • 28.


FUI DE LA '{ABLE ALPHABÉnQI.JK.