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}

,VOYAGE
AUX


ÉTATS-UNlS D~AMERIQUE.




OUí'l'flges qui $e ll'ouve1l1 che:: le m(1me L/brail'c.


21°. Le Renégat, par M. le 1Jicomte d'Arlincourt; auteu!'
du Solitaire, 2 vol. in-B., papier fin, 9 fr.


22°. Le meme, deuxieme édition, 2 vol. in-12, 6 fi'.
23°. Séjour d'un officier frangais en Calahre, ou LeUres


propres a faire connaitre l' état aneien et moderne de la
Calahre, le caractere , les mreurs de ses habitans, et les
évcnemcns politiques et lllilitaires qui s'y sont llassés
pendant l'oecupation des Fran9ais, 1 vol. in-B., 1821 ,


4 fr.
2 JO. Nouyeau Manuel des notaires, ovo Traité tlléorique


et pratiquc du Notariat, par MM. J.-P. p'i-H. et
J.-B.-T.-A. de M"'H,avocats, deuxieme édition, revue,
corrigée et :c{)tlSi<;lérablement augmentée, 1 gros vol.
in-S. de gooa 1000 pages, 10 fr.


25°. V oyage aux Etats-U n1s d' Amérique, ou Ohservations
sur la société, les lllreurs, les usages et le goUYernelllcllt
de ce pays, recueillies en 1818, 1819 et 1820 par une
Anglaise, traduit par J.-T. Parisot ... aneien oIJicier de
marine, traducteur de Florenee',· Macarthy, Kenil-
worth, etc. , 2 vol. in-8., 10 fr.


26°. Mémoires sur les Cent Jours, en forme de Lettrcs,
par M. Benjamin Constant ... deuxieme el dernierc par-
tie, in-B., :3 fr.
La llremiere partie, in-B., en 1820, . .) fr.
Les deux parties réunies, fOrlllallt un volume in-B.,


5 fr. 50 c.
27°. L'Europe et la Révolution, dernier ouvrage de


M. Georges ( Goerres), mis a l'index en Autriche, eL
me me en Prusse, trad. de l'allemalld, par M. D'i-H,
1 vol. in-B., de 450 a 500 pages, G fr.


28°, Le Solitaire, par M. le vicomte el' Arlincourt ... sep-
ticme édition, ornée de vignettes dessinées et gravées
par A.mhroise Tardieu, 2 "01. in-12, 5 [1'.


Sept éclitions de cet intéressallt ouvrage en moins
d'un an; quel pompeux éloge vaudrait ce He simple an-
nonce!




\/


VOYAGE
AUX


ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE,
ou


OBSERV A'rIONS
SUR LA SOCIÉTÉ, LES l\HEURS, LES USAGES


ET LE GOUVEPlNEMENT DE CE PAYS,


RECUEILLJES EN 1818, 1819 ET 1820,


P AR MISS W,RIGHT;
,


TRADFIT DE L' ANGLAIS SUR LA SECONDE ÉDITION,


PAR J. T. PARISOT,
Officier de Marine éliminé en 1815, traducteuI'


de FLOREN CE MACARTHY, KENILWO:a.TII, etc.


TOME SECOND.


A PARIS',


{


BÉCHET alné, Libraire - Éditcur, quai des
Augustins, nO 57;


Chez ARTHUS BERTRAND, Librairc, ruc Haute~
feuille, nO 23.


1822,'


DE L'IMPRIMERlE DE HU ZARD<COURCmH






FII


1~ABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME SECOND,


LETTRE XV. Le lIaut-Callada. - M. Gourlay. -"
L1S pauvres émigrans. - Descente du Saint-Lall '
rento - Montréal et le Bas-Canada. Page :2


LETTB.E XVI. LelacChamplaill. -Dataille dePlatls-
hurgo -Incendie du hatea u a vapeul' le Phénix. 21-


LETTRE XVII. Burlington. - Histoire succincte de
l'état de Vermont. fi'L


LETTRE XVIII. Directioll (lonnée au génie ::tméricain.
- Fondateurs des répuhliques améric~ines.- Eta-
JJJissement du gouvernement fédéral. 5R


LETTRE XIX. Des adminÍstl'atioHS fétlérales. -
!vIo Jefferson. - Causes de la dernierc guerre.-ni>
glemens de la marine militairc et marchande. ~
Leu!' eil'et sur le caractcre du matelot. - Défellsc
du pays. -Armée de l'Ouest. - Politi<[ue des étal.,
de la N ouvellc-Anglelerre. - Efl'cts de la gucrre s lit'
le caractere national. ;-<"


LETTRE XX. Unanimité de sentimens parmi la na-
tion. - Gouvcrnement central. - Constitution fé·-
dérale. I ~~)


LETTRE XXI. Intérets des différentes parties de la
confédération et influcnec <]u'ellcs cxcrcellt dalls l(~
Congres.-Extinctioll totale du partí fétléralistc.--
Etats du ccntre. -l)olitiqllc et illIlucllccde la Vil'
;;inie. - Etats de l'Oucst. - POllvoil'S du Con¡;rc~
rclal.lvemcnl ~ll'e;)cltwage <'le;; uoil':).-Ohscrvatioll':>




( vj )
sur les hergers et les chasseurs des fronticr·cs.-
Anecdote de Lafitte. - Liens divers qui consolident
l'Uníon des Etats. Page 1(1-5


LETTRE XXII. Liberté illimitée de la presse. -
Elections. - Effet des écrits poli tiques. - Journaux.
Débats du congreso 18.4


LETTRE XXIlI.Education des Américains.-Colléges
publics. - Régime dea écoles. - Condition des
femmes. 19-8


LETTRE XXIV. De la religion. - Caractere des diHé-
rentes seetes. - A.necdotes. 218


LETTRE XXV. A.venture du colonelHuger.-Obser-
vations sur le climat. 230


LETTRE XXVL Le marché de Philadelphie.- Con-
duite des citoyens. -Maniere de dresser et de
conduirc les chevaux. - Conseil a un émigrant.-
Ce qui arrive lorsqu'on amíme des domestiques
étrangers en Amérique. - Les rédemptionnaires
allemands. - ManieJe dont se fait l'importatlon
des paysans européens. - Descente de la Delaware.
- Lettre du comte de Survilliers (Joseph Bona-
parte ). - Rencontre avec des voyageurs anglais. 249


LETTRE XXVII. Baltimore. - La m~vre jaune a
Fells-Point. - Aspcct général de la ville. - Re·
marques diverses. 276


LETTRE XXVIII. Washington. - Le Capitole. -
La salle des Représentans.- La chambredu Sénat.
- Le Président. - L'esclavage en Yirgillie. -
Concl usion" 306




VOYAGE
AUX


ÉT ATS-UNIS D'AMÉRIQUE.


LETTRE xv.


Le Haut-Canada. - M. Gourlay. - Les
pauvres émigra7Zs.-Descente dlt Saint-Lau-
rento - Montréal et le Ras-Canada.


Montréal, scptembre 1819.


J E ne vous envoie, 11m ehere anúe, que peu
de détails sur notre conrse le long de la fron-
tiere du Canada, paree que j'ai peu de loisir
pon!' faire des notes, et que d'ailleurs je n'ai pres-
que rien de nouveau a vous communiquer.


Je fus surprisc de trouver (lU'il régnait beau-
coup de mécolltentement parmi les pauvres co-
]OIlS du llaut-Canada; je n'ai pas toujours pu


2.




( 2 )


comprcndre le nlotif de leurs p!aiutes) mais ils
paraissaieut regarder M. Gourlay COlllme les ayalll
hien expliqués. Vous saurez que 1\1. Conrla y fut
I)oursuivi, et que ses écrits fnrent déclal'és li-
llelles ; ne les ayant pas lus, je ne puis porter
un jugement sur lenr plus ou moins de lllérite ;
mais ilIlle parait certaill qu'ils exprimaient, avcc
vérité, les sentÍlnens des pauvres colons dont
:1\1:. Conrlay défendait la cause contre les grands
propriétaires, les régisseurs et les agens du gou-
vernelllent. Un sujet de plainte auquel, s'il
était réel, o~, devrait apporter remede, et iI
selllble que cela se pourrait sans beaueoup de
difficulté, est que 1'011 envoie lcs émigrans trop
avant dan s l'intérieur du pays, et qu'on les
établit a une trop grande distan ce les uns des
autres, ce qui leur cause des difficultés presquc
insurmontahles et un travail excessif. Ce qu'un
élnigrant pauvre, mais intelligent, m'a dit de sa
propre situation m'a touchée de compassion.


On aimerait a penser que les souffrances de
ces pauvres gens (et je prendrai ponr exemple
les indigens irlandais, qui arrivent ici en foule,
~ans un denier dans la poche, et couverts a
peine de méchans hail10ns ) ; on ainlerait, dis-je,
a penser que leurs souffrances sont terminécs,
des qu'ils out nlis le pied sur ces rivages ; mais




( 3 )
trop souvent, elles augmentent an décuplc : en
premiere ligne, il fant mettre les horreurs du
voyage; mal nourris, mal vetus, et souvent en-
tassés sur les navires qui les transportent, comme
sur des pontons (l), iI n'cst pas rare qu'un qual't
et meme un tiers des n~alheureux qui compo-
sent cette cargaison vivallte, ne soient enlevés
par les maladies, pendant la traversée (2). J'ai
pensé quelquefois que si les sociétés ponr la
suppression du vice employaient une partie de
leurs fonds a équiper convenablelnent ces pau- f
vres gens, les placer a bord de navires propres,
et bien aménagés, les confier aux soins de capi-
taines proLes et humains, el lenr procln~er les
moyens de subsister dans ces colonies loin-


( 1) Ces affreuses prisons flottantes ne sont pati rnoins
en horreu1' aux Anglais philantropes qu'aux citoyens des
nations quí y ont vu périr l'élite de leurs matelots et de
Ieurs soldats.


(Note dlt traducteur.J


(2) Il ya dans Poriginal mid-passage, nom qu'on donne
généralement a la traversée des cotes d' Afrique aux Hes
d' Amérique; cette express ion, et celle de cargaison vivante;
montreht que l'auteur fait allusion a la traite des noirs;
trafi.c aho~inahlc contre lequc1 il est inoul que les amis de
l'humanité soicnt encorc ohligés d'élcYer leurs voix.


(Idem.)
L.




( 4 )
taines) jus(lu'a ce qu'ils fussent ~taLlls SUr lc~
terres qu'ils doivent cultiver, les memLres de
ces so cié tés rendraient a leurs semblables un
serviee plus essentíel que tous eeux qu'ils ont
pu lenr rendre jusqu'a présent. Vous eoneevez
les souffranees d'nne tronpe de malheurenx a
demi - nus, envoyés dan s eette Sibérie, solÍvent
a la fiti de l'automne; les délais peut-etre inévi-
tables qu'eprouve lenr départ ponr les stations
qu'ils doivent oeeuper dans le désert, en font
mourír quelques-uns et découragent les autres.
Beaucoup d'entre eux sont accueillis avec hu-
mallité par les propriétaires canadíens, tandís
qu'on eh voit un assez grand nombre qui réussis-
sent a gagner les Etats-Unis, et y trouvent des se-
cours dans la eharité des habitans de New-York.
Apres de terribles souffrancesieeux qui sont restés
parviennent en fin a avoir pour demenre une
hutte en boís, au milíeu des forets'; ils y sont
exposés aux vents, et aux neiges du pole, aux
fievres, aux terreurs de la solitude, et a tons
les maux et toutes les privations qu'on éprouve
dans un désert du Cana da; certes, il n' est pas
besoin que l'homlne se joigne a la' nature pOUF
accroltre les elubarras du colon.


C'est une ehose admirable de vo~r avec quelle
patience les hommes supportent les souffrances




(,5 )
physiqucs, lorsqu'ils s'y sont exposés voloulalrc-
ment, et quand iIs ne peuvent pas en aeeuser
leurs gouvernans. Sur les rives InéridionaIes de·
l'Ontario, nous avons trouvé des maladies ca-
pables d'abaUre les esprits les plus énergiques,
et Dieu sait si nous avons entendu une plainte !
Au nord de ce lac, nous avons vu le mé~
contentemellt partout; peut-etre était-il souvent
injuste; mais il est dans la nature humaine d'irn-
puter nos maux a d'autres, quand iI se présente
un prétexte pour cela. Le seul nlOyen assuré de
m~intenir la paix est done d' écarter tout pré-
texte de ce genre. Ceei ayant lieu aux Etats-
Unís, un homme trcluble la fievre, avale ses
drogues, se rétablit OH meurt sans avoir que-
rellé personne, exeepté peut-etre son apothi·
cmre.


Que les homulcs d'état emploient étral1gelnent
Icur argent! On dépense des centaines de nlÍlle
livres sterling en frégates plus grandes qu'on n'en
vit dans la fioUe de TrafaIgar, enmunitions de
guerre et munitions navales, en baUeries, en
tours Martello ( 1 ) •••• ; et óll? sur les rivages de


(1) Les tours Martello ,construites a l'instar d'une tour de
ce nom, située sur la cote de Corse, ont été emIJloyées par
le gouvcl'nement anglais ~\ fortifier tous les points vulné~




( 6 )
la Sibérie canadienne.... Pourquoi fuire? Pour.
empecher les loups etles ours d'etre plus promp-
tement délogés de déserts glacés, qni ne valept
guere la peine de les envahir, et ponr protéger
quelques . milliers d'individus, épars sur la li-
siere .d'immensesforels, contre la contagion des
pril1cip.es répuhlicains. QneIle ulagnifique idee
cela donne d'un pays ql1 i. peuL ainsi voiturer
ses trésors a travers l' Atlanlique, ponr les semer
Jans le désert! eombien il doit etre florissant!
eomme ses coffres doi vent etre pleins! A coup
~i'tr ses habitans doivent etre des princes, ses
lnarchands des rois, et ses rois les incas du
Pérou (1). Mais a quoi lnenc tout cela? Rem-


rabIes des cot.es des possessions. hr..it~nniq"Ues dans les di~
verses parties du monde, mais principalement les endroits,
les plus acce~sibles des c0tes dú. sud et de l' est de l' Anglc-
terre, a l'époque 01'1 une armée formidahle et une flotilIe
nombre use étaient réul1ies a ~ulogne et dans les ports
voisins, et mena~aient les Anglais d'une descente. On trouve
la description exacte de ces tours dans le hel ouvrage de
M. Charles Dupin, intitulé: royage dans la Grande-.
Bretagn,e) t~)In:e n , pages 251 et suivantes.


(Note du traducteur.)


( 1) Le lieutenant Hall porte les déboursés faits a Kingston.
pendant la guerre a 1000 livrcs sterling par jour, et la dé-




( 7)
plira-t-on le hut fjU'On se propose, et la dlOse en
vaut-elle la peine ? (( Les opinions pénetrent la 0':\
lme arnlée de soldats ne peut pénétrer.)) Un peuple
apprend a IllllrillUrer; que deviennent alors les
Lroupes, les frégates, les baUeries et les tours
Martello? Les querelles q~Ii troublent une eo-
lonie , resselllblent a ceHes qui fatiguen t les
oreilles dans une pe tite ville. Que ceux qui
écoutent, entendent; il Y a toutefois des gens
dont le devoir est d'écouter, et ils pourraient
bien trouver que prévenir les ahus' est un
moyen plus sur et moins dispendieux de con-
server leur autorité, que l' érection de forte-
resses, l'entretien de garnisons, et tont ce quí
~,'ensuit. Si les dellx Canadas ne sont pas les
plus couteuses de toutes les eolonies anglaises,
lle seraient-ils pas les plus inutiles? C'est ee
{lu'on serait tenté de croire en les visitant.


}lcnsc de la frégate le ~aint-Laurent, a 300,000Iivreso_
Une pcrsonne qúi a résidé long-temps au Canada, m'a
ac,suré que les batimcns de guerre envoyés d' Anglcterre en
morceaux pour etre aehevés ct employés sur lc lae On-
tario,étaienttous pourvus d'alamhies. Les habitans de Lon-
dres, s'écriercnt les Canadicns, pl'ellnenl-ils ce lae POU!' un
bras de l'Océan, qu'ils nOU5 envoirnt des machinc3 pour fIl
dcssalcr les eaux ?




( 8 )
Deux irnmenscs bateaux a vapeur, du port de


ql1atre a einq eents tonneaux, naviguent marn-'
tenant sur l'Ontario, an lieu des grands haLi-·
mens de guerre, qui reposent paisiblement dans
leurs havres, sur ehaque rive du lae. Le ba-
tean amérieaill présente toutes les eornmodités
possibles, eomme e'est l'ordinaire de . tous ces
h6tels flottans qu'on trouve sur les eaux des
Etats-Unis. Le bateau canadien, au contraire,
mais pI'obablem~nt paree qu'il a été destiné au
transport des troupes et des munitions de toute
espece ,pIutot . qu'au seryice des passagers, est
sale et 'mal tenUe Il y a aussi a présent un
joli bateau a.vap~ur, de moÍndres dimensions,
qui· navigue del Kingston a Prescott , village flo-
rissant ,situé dans le voisinage des rapides;
un autre sera. .. bientc)t lancé sur l~ lac Saint-
lrran<;oi~,e~ q~;{ renarala navigatiop de lariviere
encore plus facile.


Nous préférflmeS voyager plus a loisir et d'une
maniere luoins comluode que nous n' eussions
fait par le batean a vapeur. Notre curiosité nous
COtlta beaucoup de fatigues, et a moi un Iéger
acees de fievre, qui, toutefois , ne se trouva pas
etre la maladie du pays. Nous ~bservames que
la fievre intermittente, ou fievre des lacs, ainsi
qu' on l' appelle dans ces régions, était tres com~




( 9 )
mune, principalement le long des rives (lu Saint.;
Laurent. Jc ne conseille pas au voyagcur de
choisir l'autOlnne poul' descendre cette riviere.
Les vents froids et les brouillards épais de la nuit
succedent aux chaleurs hrillantes du jour, et ces
changenlens de tenlpérature sont de ceux que,
surtout si l'on voyage en Lateah découvert, peu
de constitutions peuvent éprouver in1punément.
011 ne se fuit pas d'idée combien, dan s cette sai-
son, iis sont brusques et variés , sur ces eaux et
dans les terrains non défrichés qui les avoisinent;
pour . moi, je ne voudrais certaínem'ent pas m'y
exposer une seconde fois.


A Kingston', nous montalnes sur un bateau
tres bien manreuvré qui, en quatre jours, et la plus
grande partie de trois nuits (cal' le défaut de
commodités 6t que nous ne primes chaque fois
que quelques heures de repos ), nous ~onduisit a
la Chine, sept lnilles au-dessus de Montréal.


11 y a quelque chose qui fait impression dans la
monotonie sauvage de la fronti<~re du Canada.
Le large fleuve, les cedres noirs qui hordent ses
rives et couronnent ses Hes, la cabane du colon
qui se moIÍtre a travers le feuilIage, et <;3. et la
un petit village et une ligne de champs cultivés
perdue au milieu du désert, tels sont les objets
qui fi'appent vos yeux:. Ajoulez a cela le profond




( 10 )


sileQce 11llerr0111pU seulelnent par les voÍx díscor-
dantes ele vos bateliers canadiens, quand ils he-
lent quelque canot -;:qui passe a portée, ou 101'8-
qu'ils levent et font retomber leurs rames en ca-
dence. Une sc(me semblable offre peu de cIlases a
raconter ou a écrire, et pourtant elle produit
Leaucoup d'effet ~ur l'esprit. Salvator pourrait
trouver un sujet quand la nuit étend son voile
~ur eette vaste solitude, et lorsque le batelier
canadien aHume son feu sur un rocher 'de granit,
t.uldis que les eaux du fleuve paraissent dormir,
el q~le l~s s.pm9r~~ ramea:t:tx d'un vieu~ cedre senl-
blent vaciller eo~me la flamme.


Les rapides présentent un singulier aspcct,
surtout lorsque vous. voua trouvGz au lnilieu d' ellx.
Les eaux formen.t des bri~ans a .dr(>i,te el a gau-
che; etdes vag:Q.~s,.v!ertes, courollBées d'éculue,
~'gitent votre ~arque dans tous les ~ens; vous
retrouyez alo1'8 le N.iagara daIU' toute sa ma-
jesté~


Le chemin de la Chine a Montréal est une jolic
petite pronlenade, quoiqu'on la fasse dans unevoi·
lure qui n'est pas des plus élégalltes; nlais cela se-
rait peu de chose si elle était plus súre. Le gréement
de notre coursier ( car on ne pourrait pas l'appelcr
harnais) , manqua une fois, et un de nos compa-
gnons de voyage fut jeté par lene a deux re=




( 11 )


prises ; mais ce n' est pas toujours ainsi (1), a ce
que nous assura notre conducteur. Au reste l
qlland cela serait, le cou du voyageur ne cour-
rait pas grand risque; car, bien que la vieille
caleche soit assez élevée, le éheval canadien va
si lentelnent, que si vous etes jeté hors' de la
vo~ture, vous tombez doucelnent.


C'est un agréable soulagelnent pour les yeux f(i-
tigués de voir de tristes forets et une vaste étendue
d'eau, que ~'apercevoir tout d'un coup la Lelle sei-
gneurie de MontréaJ : des terres agréablement on-
dulées, parfaitement (:ultivé.es, parsemées de jolies,
villas, et bornées d'un coté par ges colliQes bien
hoisées, et de l'autre par la lllasse grisatre des édi-
fices de la ville, dont les toits et les clochers de fer
hlanc brillent aux rayons du soleil couchant.; le
large fleuve, tantot transformé par des rochers ca-o
chés sous l'eau en rapides bruyal1s et éculueux, et
tantót présentant une Lelle nappe d'or couverte
d'iles, de bateaux et de navires; la rive éloigné«:;
avcc sa ligne de forets, coupée par de petits vil.,..
lages, et plus loin des montagnes isolée~. élevant
leurs tetes hleues sUr la pourpre, de l'horizon
comme des saphir~ entourés de ruhis : tont cela


(J) Ces mots sont en franeais dans l'original.
(Note du traductelll'.)




( 12 )


offre vraiment un speclacle cnchanLeur. Le IOl1g
de la route, des figures fi'aIH1aises, avec leurs traits
fortement pronon?és et l'ail' de bonne humeur
particuliers a la physionomie nationale, s'avan-
~aient pour nons voir, et nous adressaient d'une
fenetre, d'nne porte, d'nn vergel', ou d'une prai-
rie, un salut qni le nI' attirait facilement un
sonrire et une révérence polie. Nous ftunes pen-
dant quelques milles es cortés par notre joyeux
et loquace pilote, dont les chansons avaient tant
de fois réglé le mouvement des rames de natre
harque.llme sernblffencore entendre les bénédic-
tions"qu'il nous donna en partant, et voir les sin-
{,lUlieres grima ces Jont elles furent accompagnées.


Les populatibns dubas et du haut Canada
11résentent: ~tn1 \ léWange;é{)ht'r~s(e, et ,In'~me ne


. ...) _.. ... .


paraissent pá~ cónnaitre heaucollp de choses tou-
chant l'une l'autre. Sur un point seulem~nt elles
semblent s'accorder : savoir, la haine pour Ieurs
voisins les répub1icains. Néanmoins, si je puis en
juger d'apres ce que j'ai observé, ée sentirnent
hostile n'est pas beaucoup partagé par les pau-
vres colon s; du Hant-Canada. Dans l'une et l'au-
tre colollie, la haine dont je parle peut tres ai-
sémen t s' expliquer : dans l'une, par 'la jalousie
qu'inspirent la puissance et les richesses des états de
l'Union, et dans l'autre, par l'influence des pretres,




( 13 )
Pour l'ignorance et la superstition, le Cana-


(líen demeure ~dalls le lneule état que ses an-
cetres, lorsqu'ils émigrerent de France. Pré-
servé de la cOlnmotion par la protection b1'i-
tannique, son pays n'a ressenti, en aucune ma-
niere, le choc de la révolution; les pretres
continuent a aveu~ler et tondre le peuple, et
le peuple a engraisser et adorer les pretres,
COlnme au hon vieux telnps: On apprend icí
des })articularités curieuses tonchant la poli-
tique du é;abinet de ~9n,dr~s e~lvers ,la cour
de R~me~ ~~p~i~,(.,~~~~r~,~:~~!wf~,~tN~ ~).Pf~e~~\
dernierelne~~ .pne r~q1;H:~te .,;~~(.I?~AA,., ~p~r",k
prier d;érigcr l'év~ché de Québee en' a1'che~e­
ché; et le prélat de' ce diocese canadiell est sur
le point de s'embarquer pour.l'Italie, afin d'aller
recevolr, des nlains de Sa Sainteté, ce, sur-
crolt d'honneurs. En échange de ces aUentions,
ron exhorte le peuple a se souvenirdans ses
prieres, de ce prince pieux, qui, bien que ré:-
gnant dans un pays d'hérétiques, n'oublie pas
les serviteurs du Tres-Haut (1). Les pretres ont


(1) Quelle politique bizarre et souvent contradictoire
(Iue celle du gouverncment auglais! Il persécute les ca-
t.holiques en lrlandc, ct les favorisc au Canada!


(Note du traducteur.)


,,¡)~~~


'~~




( 14 )
entre leurs mains une portion des 111eilleui';es
terres du pays, et réclament, comme de rai-
son, quelques offralldes des fruits de ceHes de
leurs enfans spiritnels. Comme ils pensent que
la sécurité de lcurs possessions git dans l'igno-
rance du peuple, ils appuient toúte mesure
proprea la conserver entiere; c'est ainsi qu'ils
défendent les Inariages avec. les hérétiques, la
Iecture d'auciln livre sans la permissioll du
confesseur, et l'étude de la langue anglaise.
La proximité des Etats-Unis, leur prospérité
croissallte, et par-dessus tóut leurs institutions
civiles et religieuses, sont, pour ces pasteurs
d'un ignorant troupeau, des objets d'inquié-
tude et de tel'reur. Comnle la réunion du Ca-
nada a ces' belles l:épuhliques alll~nerait .né-
cessairenlent 1~ chute de l' empire des pretres,
l'intéret conlmande lenr fidélité au gouverne-
ment britannique; celui-ci, de son coté, étant
jalonx des Etats-Unis, et sentant c0111hien la
possession des deux Canadas est préeaire, mOll-
tre beaueoup de déférence pour les hOlnmes
qui exercent tout pouvoir sur l' esprit du peuple.
Ainsi va le monde! Et pourtant il semblerai.t que
le paysan canadien est tres heureux : il mange
gainlcnt son morceau de pain, ou le parlage
de hon crenr avec le passant; sa fidélité t1'ans-




( 15 )
férée du roi Louis au roi Georgc , pese tout aussi
peu sur son esprit léger. Quant au gouvernement,
s'il 11'y participe pas, iI ne le sent guere non
plus. Trop pauvre pour qu' on l' opprime, trop
ignorant pour etre mécontent, iI invoque son
saint, obéit a ses pr~tres, fume sa pipe, et
chante ses vieilles chansons; tandis que des
hOlnmes plus habiles, quoique avec un esprit
moins gai, font des lois dont il n' entend jamais
parler, et travaillent lJour gagner une aisance
dont il s'efforce a se passer.


On dit que généralement il nfexiste pas une
tres honne intelligence entre l'al1cielllle popu-
lation fi'aIH;aise et la nouvelle popuI~tion a11-
glaise; cette derniere se penuottant de rire de
la superstition de l'autre, et se lTIOntrant for-
malisée de la suprématie des évequcs catholiques ,
sur les luthériens. Le gouvernemcnt, au reste,
laisse la prépondérance du protestantisme se
frayer ici la route conllue elle peut; rnais, 11' é-
tant point soutcnue par la loi, elle ne fait pas
de rapides progreso Ces jalousies religieuses et
nationales produiscnt accidentcllenlent des dis-
cussions animées, qui dégéncl'ent merne en
querelles politiques.


Avant que la dcrni,}re guerrc n'éclatat, un jour ..
na1 anglais, publiéa Quebec, hasanla une attaque




( 16 )
contre la croyance politique. et religieuse, les
mreurs et les coutumes de la population cal1a-
Jienne. Cette circonstance nOl1-seulement provo-
qua des représailles de la part d'Ull journal d'op-
position ,impriIné en fran<;ais, et publié SOtIS le
titre du Canadien, mais encore donna naissance a
un parti appelé démocrate; ce nom fut pro-
hablement.~ppl~qu~ a hien des gens sans qu'ils
l'aien~.ln~r!t~, ,aipsi ,que;c~la ~~t arrivé sou-
vent ail1ep)?s~Quoi qU:i),. en ¡~it,.:les partis s'é-
chauft~r<i~1:~¡b~~~~nh~R.~';i~gouve~neur et l'as-
seln]:Vé~~8R~~~ln~nlv..l~~~\:'~,~~faire la guerre
entI~e ~u~", ,~t,,~ l.fl¡, f~ire' .. ~ux éditeurs de jour-
naux. O~ eut r~cours a des mesures vexatoircs :
le journal de J'oppositioll., fu,t,t,sl1pprÍlné, des
actes, arbitra~~e? ~~~~p~s,,:)~~ihh~O»rO~~:: ~xécutif
fit ernpri~oq.p,er:, .sans. as~igner de nlOtif et sal1S
qu'il s'el1suivit de jugement, ¡,les ll;lcmhres les
plus obstinés de l'assernhlée, et quelques autres
individus marquans. parmi lc$ nlécoutens. Les
Canadiens les plus riches et les plW' instruits qui
dirigerent cette opposition, furentguidés probable-
lllent par des vues politiques et des nlotifs patrio-
tiques; mais as ne se nl0ntrerent jamais hostiles
envers les intérets anglais, qu'autant qu'ils les trou-


. \aicllt injustelllcnt opposés a cenx de leur propre
llalioll. La 1Crlllclltation était a son plus haut




( 17 )
degré, sons l'administration de sir James Craig,_
depuis l'année 1808 ju~qu'a l'année 181 lo A l'ar-
rivée de sir George Prevost, un bill extraordi--
naire, pour mieux assurer la conservation du
gouvernement de Sa lfIajesté, n'ayant pu passer
a cause de la résistance opiniatre de l'assem-
blée, on adopta un systeme plus doux dans
l'administratlon. L'esprit public se trouvant ainsi
un peu calmé, a Pon verture des hostilités, qui
eut lieu l'année suivante'-entre'les -Etats-Unis
et la Grande - Bretagne, la législáturé ne té-
moigna' aueune répugnance. a-' seconder les vues
du pouvoir 'exécutif;i qnant'auX;paysáIls; 'la na-
tion f'cprésentée, par; leurs perés spirituels',
comme ennemie de Dieu, dcvint bientot l'en-
Iíemiedes Canadiens. Peut-etre le gouver~eur,
par excesde _J>rud~nce', évita-t-il plus qu'il ne
fallait, de mettre la fidelité des colon s él l' épreuve.
Les paysans n'avaient jamais compris la que-
relle de leul's représentans; et ces derniers, en
lcur supposant des vnes' plus étendues qu'il n'a-
vait paru; avaient trop la con:science- de lenr
faiblesse, pour hasarder de meCtre ces vues a dé-
couvert. La guerreprit done l'apparence' d'une
gnerre nationale, el la milice eutTáit volon-
tiers plus qu'on ne lni demandait. L'antipathie
cOlltreles hérétiques Américams fut un aUSSl


2. 2




( lB )
puissnnt véhiculc qu'aurait pn l'ctrc l'amitíé pour
les A nglais; 111ais il ne sera jaluais f.1.cilc d'ex:-
citer ce der!1ier sentiment. Indépendalnment
des préjugés religicux el nationaux, la presence
d'ul1e soldatesque hautaine n'est pas faite ponr
assoupir les jalousics.


L'ignorance des Canadiens, quand on parle
des paysans, peut, avec justice, etre déclarée
absolüe; mais que l'assemblée, comme l'affirnlc
géncralelnent l'J.....nglais anti-canadien, soÍl. com-
posée d'hoinmes qui ne 'savcnt ni lire, ni'écrire,
e' est ce qü' 011 ne saurait gnere regarder comme
exact:QueIQI1es exemples ;de ce gen re penvent
se presenter; luais qu'uncorps fOrIné d'indi-
viclus qui ont fi:équcmment combattu pour des
droits importans, et dont plusieurs membres ont
souffert une déteniion( árbitr~ire ;ipOU\, pnx de
leuropposition con'sciéricieuse et constitution-
nelle, 'HU dictU77Z du gouverneur et du conseil
Iégislatif, n'ait jamais' été qu'une masse de
paysans illétrés, c'est ce, qui n'est pas facile a
crOlre.


Le geuvernement des deux Cana das se com-
pose d'un gouverneur nornmé par la conronne,
d'un, conseil législ~tif, formé de sept membres
ponr le Haut-Canada, et de quinze pour le
Bas-Canada, ou le Canada' fran<;ais, lesquels




( 19 )
'netnbres sont 1100llmés a vÍe pa~ le gouver-


_ neur, et en fin d'une charnbre basse OH assemblée,
dont les membres sont choisis par les proprié-
taires des deux colonies, au lllo:yen d' élections
qui ont lieu tous les qnatre ans. Dans le Bas-
Canada, Oll: les Fran<;ais forment la majorité de
la population, ils sont a rneme de combattre
dan s l'assemblée, le pouvoii' ex~cutif anglais ~t
le conseillégislatif, qui fOrIne de,fáit une fractiop-
du pre~~~r. 11 e,s~ ~~~é, ~e ,~o~r; :a~~c : qtlelle caQ.~
deur cette ¡t,' sS,enlblée, ,d9it, e,~,Jr~ ,jl.lgée ,nar, le, narti


u'elle co~~~í1~" ~t~\rjj;~ ~tli~'b~ ;~ uW;'!'¡~'eh~> ~lt louéé J~~:.;i\~~~!;~~~i:lir~s~:~:'~ifpt ..
plus éc1airés.' "


Vous ¡~e,: ge?1.~J!d~~e.z, .peut~etre,., si l' on.ne
prendi.g~s ciH~~q~lS~iPlj\í~~ ~R~r _~~rlganierl'~U;7"
cienne el la nouvelle .pt;'pu~a~ion ~ ::~~!.I!.91rr ef- .
facer la p~us, ~o~t~ . qi~tirlCtion nationale, "celle


" J . > ' >.jI..,.: _" Ll tI·_ ~ {_' ~ , "
du langage., en ;établiss,antdes écoles anglaises.
J'ai déj~ dit qu~~es pretre~ ne' sont .n~llement
jaloux' d' éclaire~ "leurs' communians. If ne serait ,
pas tres politique'de la part des puissallces te m ....
pore~es, de réslster a'l'a1-üorité de ces pasteurs;
et peut-etre regarde-t-on qu'il est également' de
l'iIltér~t de ceux-ci et de celles-Ia de laisser le
Canadien chanter ses chansofis et dire ses prieres
dans la langue de ses peres. Il est curieux de




( 2"0 )
comparer l'état stationnaire du Canada, avec les
progres de la Louisiane; la différence est d' au'ant
,plus frappante, que ce sont' deux anciellnes
colonies fr~n<;aises. Il n' y a pas seize ans que 'le
vaste territoirede la derniere a été cédé aux
Etats~!Jnis, ét déja ses habitans sont nation a-
lisés. Ce territoire n'a pas été occupé militai-
rement;"ttrais'admis'oans la confédération comme
état:'!irldépJndá"t!l~;'La;: Louisiane sent qu'elle
existe~l et{IeUéi~~lá.¡T&]Jpm:ití.peser. et apprécier sa
ptopre i~opta~[llne~popnlatioIl,~llssi simple
él:' 'aússjgt~hl>r~J4u6 é~.W" (J~n¡tda fran<;ais,
aL ét~ 7f:ra~rttl~hdans} re CoU1"8 d'une géné-
ration, eu'® pétlpJe comparativement écIairé.
La. superstition 'perd chaqlle' jaur une portion
de son :eynpit-{JIgtw;:l~ eqirjt81nLa 2jepU€&se qui
croit:·estj;élévooi'&ruh dmHééulas~ 'fMlages, éta-
hlies p~r lóiit le Páys"íneme i dans les cantons
les ínoins peúplés. lles:diff~refuJq; t ,de, mreurs, '


,'de sentlmenset de langage, entre l'ancienne et
la nouvelle' popü.lation; disparaissent graduelle-
ment, et,' au bout de queIques générations,
elles . se confondront en une seuIe. Au lieu
d' etre pour elle des coIonies dispendieuses, les
acquisitions de l' Amérique soutde ,la sorte
transformées en états florissans, qui, ajoutent á sa
pUlssallce et a ses ri-chesses. ~lle n'y cantonne




( 21 ]


pas de soldats; pour obten ir l'obéissance par la·
terreur, mais elle leur accorde le droit de se
gouverner elles-Incmes, et elle les adt;net a son -


-. '


alliánce. Quel contraste étrange pl"ésentent les
deux Canadas! Annexes ruineuses d'un empire'
éloigné, ils forment des dépóts militaires owl'An-.
gleterre envoie ses légions arlnées, pour effray~r
la population paisible·des répuhliques voisine&.,


N'y a·t-il pas la un. faux calenl? ,En! QPposant'
a l' Amérique une frontiere' arm.ée"r, ne.'. l~" CO~_·
traint-on pas a' entre~nir ,í jusqJJ.'ilt,;.t¡Uíl i ~r~aiR
point, chez~; ,elle ,) l'esf*it mi}it~1~l~i~e,~ ,~ee,~
appareilnten~Qt ,'J!te>'6cta-t~lth~JroV~,\ d~,
tout ce qui stimnle' son ardeur JJilartial~ ~uSes
institutions, essentiellement pacifiques.,; :n'agi-:-
font-elles pasaIOJ;s' pl~ efficé'WemeD.~, ~qu'auiour­
d'hui., p0\'rr . FempecheI"l \ , ~ ;Jair0iQSag~ . de . sao,
force, an détriment des autres' nations,? Lais-
sez - la tranquilie',; ! ~ et -elle $' eI~dormira. Dans
l'état actuel des chos~, elleesú forcée de tenir
ses yeux onverts,.· el, quoique son, épée' reste dans
le fourreau, de la porter toujours a son coté.
Quelques personnes disent qu'elle ambitionne les
conquetes, et que l'invasion du Canada, dans.
la guerre de la révolution, et durant celle qui
vient de flnir, le prouve. Elle ambitionnait
cerlainement de déposter. une armée ennemi6,.




, ( 22 )


et . de transfornler des fortifica tions h08ti les . en
villagcs paisibles.Etlt-elle eonquis les Canadas , que
serait-il ürrivé? 'Elle aurait dit aux bahitalls de .
ces provintes l ;t:!0-rnrne a ceuX! de la Louisiane : ,
Gou'f)erne!Z~us 'f)oús-mhnes. Au líeu d' etre aug-
mentéés, cornme elles le. 80n1; aujo'llrd'hui, pour
aller de pair ttvéc celles de ses voisins, ses fortifi-
catiQllS auraieHt été démanteIées. ·Áu reste, jl
est probablemelit á'\'antageux pour elle d'avoir
un ennelnién afines «Ses port~s.:Pacifiqae eornme
elle est;:· ce ,voiS'itiggeisertlu"ré.eilléf1 ~:nJesprit mi-
lifui~e'(<ttlii álilreWt~lU, p~S\ittrtlltíf.rb~$e relacher ;
ifrqim ~ft,lfIll~ i@d~ei.í¡ÁtJ'~ll alWir le senti-
m~-!.clltl~e 11tile, en c'e qtle~ses institutions et
la poliHq?e:quien résultent, llempechent d'en ,
fait~e "u3age ·sá1!ls y .. av.o~J" ~ ~voqUée.·~4)·~~peut
presume:rj~oimn ~fJ~ ~t p~~cla'lce
qtie"y~fIh~itt, 'ls~S"~enbemis.·llg:·.ne dépensent
certainemimt· pas leurs :tr~otgupoürt sotlavan-
tage. Si; Ieur 'dessein ét.ait\ d'accroltre son éner-
gie el de t~nir s~ esprit llati6nal ~veillé, ils 'ne
pourraient adopter un plus Stlr lnoyen, que de
pointer le canon a ses portes. Delenda est
Carlhago ne devrait pas etre la devise de la
républiquc. Sa rivalité avec une puissance euro-
péenne, sur cette frontiere de la Sibérie cana-
dienne, est un excellent stilnulant qui corrige




( 33 )
l'effet soporifique, qu'autreInent prouuirail sa
sécurité et sa prospérité. Elles sont si grandes,
que ~ l'Europe entiere ne pourrait probable-
ment ))as les troubler aujourd'hui, quand elle
se liguerait eohtre elles. Il est pellt-etre aussi
hien que l' Amérique n8 sente pas cela; car,
si elle le sentait, eette sécul'ité et eeUe prospé-
rité ne seraient-elles pas alors plus en danger?


Je crains de vous avoir écrit- unc'lettre 00-
nuyeuse; ,lnais peut-etre qu'il eRest .toujours
ainsi; pourtant, si .vous me .. trouvez plus en-
nuyeus.e qul~¡l~Qrdin~~l J~r~~IJt~ fP~si(lér~~
tion le .toy~e pénibley-que j~ªi '~f~Dli~, ¡~~"
que l'état de convalescence 0\1, de "me trouve,
encore, et jugez-moi avec indulgence. Quelques
excursioDs 'dans :Ies . c;a;mpagnel) qui eI;ltourent
eette ville ,lont. termi~ nQ:\tevpy~ge en ,Ca-
nada. Le vent glacial de, l'équinoxe, etun .reste
de faihle$Se IlW .f1o:tl\tp.an'dant la 'prudence ,. nous
faisolls le sacrifice de l}otre v:isite a Quebe~, et,
nous nous dirigeons vers le sud, pour rentrer
aux Etats-Unis.




LETTRE XVL,


Le lac Champlain. - Bataille de Platts~
, ,~;;Q.u,rg. '-ntJ~W!ltit4~" d~, bateq.u ti vapeur. le
;,P;~ix~U;¡:'HiJ~rJr¿· 'l,


'" .ú-r:) :,~."[JrJOfll::Jé;" :~'!'j;llft;:!t~} '1:<'
;, ¡ .í !Jh¿m~tl1i)1iliJgJ1!Ht tdé~h~~inl'~~' 18'9'
~7 8I1l) ~~ jJJ((t ~jfJr·s!-'J '~',-·I ·-+.1"'1~-~.~'


Lli~;}i~es';de;-'Be lSeá'll iac,ma' chere amie, sont
une terre ~tassi(Iue pour i les' Amérrcains, et
'peut-Ctre':poú~J~M1~jtéSJílrl.di\fioosI.íQimunt la
li))e~te bf-!SfP~tttJ~e~t~ ~tJ~8{tfmmphes. QtÍant


, d 'íHot;'! j'a1néct¿'utelav~ ~heaucoup" (l'intéret les
hístói't.és' cdiltet'irá'tií :rleS' fdi~s\ !villages et les
:fOrts rhínes'qti:t:bcíitüébt ées ehux.'


Les' AriJiéflca'ins' t-iche's; et' pam,,~s¡,; gentletnen
OU artiSank:,:'ont tous' les déhiilsd~ ¡cette courte,
mais fertile histoire de 'lenr nation:; classés ,dans
leur esprit avec un' ordre et une exactitude qui ,
au premier ahord, he peuvent manquerde sur-
prendre l'étranger. Un citoyen pris au hasanl peut
généralement vous, servir de Cicerone ~ en quel:-




( :.15 )
que eudroit de ces états que vous alliez; et il
n' est jamais . plus content que lorsqu'il ~atis­
fait la curiosité de l'étranger au sujet de son
pays.Ille fait d'ailleurs avec tant d'intelligence,
et sait si bien discerner ce qu~ est intéressant
d'avec ce qui es! ennuyeux, que vous, vous
trouvez plus éveillé a la fin de l'entretien qu'au
cornmencement.


La petite ville et la jolie hale "de Plattsburg
sont indiquées avec une satisfaction' i particu-
liei'e, aux itrangers qui se montrent disposés
a sympatQ~titia'I~d~~ P~Me!f!uJ,:11R"lussant l'in-
"asion, et cornbaUant pour tout ce que la vie
offre de plusprécieux a l'horru;ne, 1 SOn. .h?n~eñr
flt sa liberté, sa famille et ses foyer~.


Au co~eD.pélMtltJ ~es ho~@t~s ,,~n 181.2, la
politique a-méFinaine' fitt .íl: él~k!i 1~~fCL~e~.1' enne~i
dans ses forterresses., On. croyaitque les " h~bl­
tans des deux Ca{1adas~ur~entétg ,di~pos,és el
lever l'étendard de l'indépenda,nce et a" se
rallier a I'Uui0ll; et l'on jugea témérairement
que de simples miliees ou des hataillons de vo-
lontaires . suffiraient pour déposter des troupes
réglées, composées de soldats qui avaient vieilli
sons les drapeaux (1). La tentative était hardie,


( 1) Le gouvernement américain ne. porta pas en céla un




(' 26- )
et si elle eÜt été eouronnée de sueeJs, elle a urait
parfaitement garanti le pays d'l';ue invasion, ct, en
coupant les communieations de r ennemi avee
les Indie;ns, on elit préservé les établissemens
épars sur la frontiere de rOllest, de la guerre
cruelle qui les menat;ait. Qu'on ait eorripté' sur
ce' sucees, cela prouve seulement que l'igno-
ranee est to:ujours imprudente; et, a cette'
époque, la republique devait etre presque comw
pIeiement . 'ignorante daris l'art de la guerre.·
Elle' se',· décidait, en' 'éffet, a. tentér le' 50rt des
a#lles(,:~p~§G~e~~:~~an~" 'd'uríe rpalx profonde,
peqdant~'laquene'Y ~~,e n'ávait'possédé ni armée'
rii.~ína:rine, . et n-t'a~rait co~nu de la' science mili-
taire que ce qui entre dan s l'órganisation et les
exercices d'tme niilice" pacifique. "La:malheu-
reuse· CatBJ*lgaEHiMt&J.es-Ganadas ne,futpas tout-'
a:.fait sans fruit pour la république. Elle servit
a rendte sa faiblesse apparente, eorome les
campagnes suivantes manifesterent sa force.
Dans les opérations offensives, sur ter~, elle


jugement si téméraire; il y était autorisé, d'apres ce qu'a-
vaient . fait des bataillons de vóloIitaires, au cominence-
roent de la. révolution fran~aise.


(Note,du traducteur.) .f




( 27 )
vit d'abord ses citoyens repoussés, landis que,:
lorsqu'ils eurent a résister, sur lenr territoire,
aux soldats les plus exercés qui existassent dans '
le nlOnde (1), elle les vit tOl"ljours vainqueurs.
C' est une utile lec;on ponr elle et pour toutes les'
autres nations.


La résisiance faite par les AUléricains a Platts-
buqf, fut aussi courageuse qu'importante par
ses résultats. Une armée de vétérans instruits a
l'école du duc de VVellington, vehait 'd'arriver
dans' ~~, fl~\lv~ Saint-L~u~~nt::. Slt.' pe?rge Pre-;
vo~t Jál~~t ,,~~?sí!'~~r',!ep ,,'~~:~h(( nbp:",_r;énétre~<: d~ns l' état q~: lNéw:~~r~,:,,~.~g~~~~¡¡tn~~'¡~~~l
reussi a obten ir lecommand..ement du Iac, '
Champlain, et la possession de la ligne de fort8 '
qui se, prolonge vers le sud, les AI1glais eussent


( 1) N ous croyons, en général J permis a une anSIaise de
s' exprimer ainsi; máis nous pensons que ce n' est pas par'
l'effet d'une de ces I)'réventions natio~ales souvcnt injust~s,
que l'aimaJ)le auteur de ces Lettres fa fait. Elle se rappe-
lait, n'en doutons pas, que vers la fin de la guerre que
termina le traité de l81!!, nos armées, beaucoup moins
nombreuses que celles des alliés, n'étaient d'aillears plus
compos~ en majorité de ces vieilles llandes qui avaien.t
conquis l'Europe en courant.


( Note du tradltcteur.)




( .28 )
pu tenter simultanément une attaque par mel1'
sur la ville de New·York, et, s'assurant le COln ...
mandement de }'Hudson, isoler les états de -l'Est·
du reste de l'Union. Vous remarquerez que ce plan-
était. -le meme _ que· celui tracé au général Bur-·
goyne, quoique pe~t-etre iI présentflt alors plus.
de: chances desucces que dans la circonstance
dont j~. parle. T.outefois, une fouIe, de choses
s~l~iept. (aYQr~r. Ventreprise. 1?'abord une
~~t~qet~'T~ ,~~,-"tait alors t()lJt-.a~fait im-
préy;u.~;; 3~q.'j. ~ ~-tPin.nWAh{CJf~. milles de·
~; frp~er*,_JÍffl ~l~~j@tai' .rSlt,dans les
fúrets. ~t ~J)nJeth:w.().nW~J r 1',~mée était -acti-·
v{!r.n~t;oct¿lpée ~ns des:.partiesde l'Union éloÍ-,
gnée~ .de ce! .poin t, . ~t une a ttaqu#· ~r< 1l1er,&ur la,
ville ,deNew:, Yqr~JÍt4rtYtlPItfhl1~nd~a"l~ mil~.e de'
cet_:él~t jil~~t;j~JijpJMci¡íal~U1H?lt~~JJ~rlong ~e
~~ oQ~tLQ~inz~ ce~ts hQ~mesl!d~,.troupes :ré-
glées ,_ eomposées' 'f!D . patti~ ! ;uer f~m~ 1 et, d~in­
vali<ks', étaientla seule,Joroo ~ponible" quand
l'a:rmée 3nglajse,. <,prit,possession de la petite
ville de (1hamplain, sur la fronti~re ,améri-
carne.


La, milice éparse des environs f\lt, sur:" le-
champ, appelée' aux armes, et tous les bras
s'occuperent a élever des foriifications, et a-
é<luiper une flotille pour combattre celle de




( 29 )
l' ennemí. Les efforts faits durant ces jours
d'anxiété, sont presque incroyables : nuit et
jour on entendít retentir la hache et le mar-
teau.


e' est ieí le lien de remarquer -combien la
population américaine est propre a ce gente
d'efforts. Dans ces états, tous les hornmes , 011 du
moins presque :tou3, 'savent manier}a hache ,le
nmrteau, la pIane " et, en un mót,. toUg: les OtitiJs
de l'artisan; Hs'savent enoutre se _ servitdufusil,
<lont rro~ ... soole~~t!:,on -lOOr a 'enseigtfé~' ~xe'rCiCtl
en en~rtf.-d\\f$ )áK~ilWé1¡,1~1 éi\oOf~!..!M\lt~ iM
ont· :apptis ~JrfhwiJ· rt~~~~1ft1~ñ.~ .. eJtrHíl


L'ennemi ~'avan~a biehtot~{te ~tf~'&s1J8rf{s
du lac, jusqói'aupres de lap~títénvieri~e'S~
ranac, a: l' €mhbúellttre' ,Je:laqml1e:'est si tuée'la
petite ·'villi· (}\nv1l111-gat~~,:F1Iáltghurg; a~sé1 a
la foret; ses jolies- maisons-, qÚé ;ténédiÍt la
surface 'argentée d'une :haie -qui re~oit les ealt~
de la riviere, coupeht'agl'éahlenient la' ligne in..:
terminable des foretsprimitives.Des . e~ári
mouches eontinuelles eurent 'líeu entre l'enn~i
et des détachemens de milíces qui, des fo~ets'
environnantes, se réunirent promptemeJít,· au
nombre de sept cents hommes. L'état de Ver~
mont, qui borde le· lac sur la rive opposée,
envoya alors ses lllOntagnards. On aurait cru


i.i_ . Jí ... ' \-".




( 30 )
tlifficile de réunir une' popula tion peu nom-
Lreuse, et dispersée dans une contrée monta-
gneuse; wais.le criannon<;ant l'invasion retentit
de colline en colline et de village en village :
tous l{jshabitans l'entendirent.· Les uns déte-
lerent leurs chevaux: de la charFue; les autres
partirent a pied:/' abandonnant leurs troupeaux
{lans les ptttluages, et prenaQt a peine le temps
d~ dire ~un tendreadieu a leurs (enlmes et a
l~rs meres,.qup,e1;l~ p~~s~ntaien~ Ie~~s arm~s (1).
Le fusil ,sur' l' épaule, lá poiI~J~~ú..:4~!~: a~ coté,
un .m61~!~~q d,~ ~ rF~lFb, <l~p~ ~ ,~~~~ pocl1.e , ils, se
dirigerenten : rúp~e 're~s B~lrlin(gtan, et. ,¡.ainsi
que me Íe ~ait ~ln"ami qllit en avait été, f:émoin,
ils . 8'y rendirent d~ taute la. vit~pse \,de le].]fs
jmnhes ou de <in~~.dé)~9r~~Jl~\t!l;H~· . ',L' ':'¡>~'"


. • .• ' " .... ;. ~ ''''.- ~<fi. ld., J . ..1 h·J,P.l~ -"'" roq ~ ... ~íJü.l~c-J~,
La ,)Ql~7 :Jm!~\~ . ,7lHe .. ?e .:atli? .til~t?~ ~t 81tuee


sur le penchant d'uné colline de La riv,e, QPposée,
et lID peu plus ·haut sur le lác qú~::p'látt~hurg.
Tous les h~te~ux et toutes les ·pirogues furent
mis en réquisition ~ poQ-r traverser le lac ; . et a
mesure qué 'des partis d'hornmes armés arrivaient
a Plattsburg, .. on les envoyait r€nforcer la ligne
sur le Saranac', pour s'opposerau passage ·de


(1) L'auteur cite ici quelques vers d~ Walter-Scott, que
nous avons cru pouvoir nous dispenser de traduire. .




( 31 )
l'ennemi, ou dans les hois, pou!' le tourner et
l'inquiéter sur ses de'rrieres.


La flotil1e était équipée, et quand celle de
l'ennemi parut en vue, 'elle se forma en ligne
pour défendre l' entrée de la baie. Les Áméri-
cail1s avaient déployé une telle activité daris
l'éqmpeírient de cette flotille, qu'un des ha"..
timens qui prit paft a l'action avait été' con"..
struit et armé 'en quinze' jours. :Dix-huit jours
avant le cOluhat, les arhres qtfOU' frtservira le
co~h~uire, ~roissaient enéo~' d~ris 'larórét <tUi
s'étend le lbng',dll:la:c.). ""L':~, l' - ,


La ~flotili~')dng1~l1e ;:~b~OOe~; P*'~é'~i:" .
• .' .• '.' _.: . . '1 , ...•. ,;! ..... ,,'_ <,f «<~ . "... 1: ':""1".1' .


tmue' Downle',' poI'tait~~atr~~~lngt::11dll~e ;ca!. .
nons ~t plus . de mille llOmrüés. CeUe . des Amé ..
ricains , SOU8 le ~OlÍllllandemen t ~ti· conllI1.odóre
M'Donoogh, pOl'tait!júáJre~viBgt ... sixJ)ouohes a'feu
et environnuÍfcents liofumes."Les pr.eiDÍers coúps
de canon; echangés par les flo'tilles servirent ,de
signal aux deux armées pour commencer le >cóm-
hat s~r terreo Une lutte 'déses.pérée s' eng~a.
Les Anglais ,avec une audacieuse hravo~ "ten¡.
terent deux fois de forcer les ponts, etd~tlX<f0is
furent repoussés. Alors ils r~montetel .. t,la rivier-e;
et un fort détachementessaya de la passer' a
gué ;ma1s une grele de halles commenc;a a pleu~
voir sur ,eux dti milieu des hois, et ils. filfen~




( 32 )
'Contraints (le se retirerapres avoir éprouvé une
pert,(ta~S~f~~pn~~,pr~q~e .. 'M' ¡'" t ;,. ~ 7, i < >' ,
,¡ 1';?-U~¡'~~i'fnfWfl,~,~~qJJ~fl~~Pt¡de la journée
~~~p~p¡~~ A~ ~'~H~ i tilí'~ cOJ~bat ~ qt.w. ,les flotilles
~~¡;;lj.y.fffi11ll~" l~l.m.·,vue ~des :deu:l. ·,8tmées.· TO.utes
,:~e~ ,Pm-~~~ :J;as;semblées .. pt~~ dt,lIJi~age' ~tour­
.~aiel;l;t.íry¡ec,~nfIqié~udp:leurli·J;~ard~:.,..Je$véa~~
:{l,e,04al1( Aep,x,Jwup;s)~: :~j~~ºir~. t¡l,em~JJM! ,in.,.
certaine ; tes blltim!ffi~pp.fp"afl»Et,.fJ~~ille ~;désem.;¡,.
·R~~ffl :q~t~~~ ~Vtf~~o~¡~()_1 ~aut¡,J et
~~fs§~~~'I~fAM JBg~~RYA •. 1iRm~~~ilimr
. ~~ ;;4~ ¡ f~Bfr.NÑ:r<YdJl~JM'MioIWt~"ÍAWt~.~lés
~~ttl~~i.ft¡ss4~ldfufJíUWnfiftfla~~tlwt, ~amé­
J:}~~?Jf~tJ~1 A<fHM fpjs,.ifl~~') f ~PQ~~'r étaifitlt
qépl9p~~s $ i~~ ¡~r~ f f}f,q.f?~,~~X~~ ,q.~) lwWel¡s'" l' eR-r
Df~~ ~ l~f~ff, f ~~ .lS~n~~) UlhnlMUjb Mm ..
~~~~~l~IPm~ttOOtM\~mSRlillliatdagl
119W;~~8lW81de~~1~~JfJqti~~i~ '~u<L~SJ;dmU:
CPc~m~~l:l~·~~W~lA~;~) firJhi,:, l'Kiéi mUuwiuvre
ffili, ¡~~:y¡~~~-,,:~~~y.lil~·)W.'~ft(ILf)?, eommooore
;t.~é~ip~l~ : P.~f~l1ft.~V~f! ¡:lJI#l,'j6:Jtreln~:'tlilliouIté 'a
V~~l\ ~ ¡pm:,d J .. \ ~a~! )'lqt~~i(Ul ;dft~._ g6tar"au
ppUep ~.l~llj.gne \~n\lemi',~"lie.Glvi"e .du~Cf).Bl4
m8,\l~~Jlt.fclli8lait\ t~ya vainelOObt·dlt3n·6iretau·
tant;., de npuvelles bordéet) i ku, ~nt?,tirlées,:dans
une position .désavantage.use!, .. -e:ti: \:il~tamena sou
pavillon. Il s'éleva. aussitót du rivage un, .cri epi




...


( 33 )
retentit dans toute l'étendue des' "ligri~s anléri-
caines, et domina ¡lour un moment. le fdb'as du
combato Pendant quelque tempsl, les effotts 'd~s
Anglais se ralentirent; mais ensuite', 'pátais~ant
ranimés plutot qu'ahattus par le ma:Uieur' ,ces
l1abiles soldats tinrentferme a'leur poste, et
continuerent de combattre júsqu'a ce que l'obscu-
rité vint mettte'fin' ti l'aétion:' ' ", )


Pendant ces lí~esméhior&h'Iés,;fa pktit~ villeíde
B\\¡'li~tbtl'P~b~~it ún~aspeOthibh¡dtfl'é~eWf;sMls
dóult,~\WM.8~tilftlobu/_~ñ~rrbusIe~llaiai-.x
avai8nV~~,_aliita~~ ttl\\úle\stcfH:ittltíé~~~
bauteur~ ;ltóbS' le~y'e~~ tó\i~~ l~brl!l,klHfié~!.
chai~nt>asaisir quelqhe' $ignarqtHa:lin~n~~t'le'~oH
d'unooMbnta~¡ depEffidaién't d~sÍgrana~tntér~~g~
Le ht\li~1()i"\\\itf~~la~~ii6nnade' etltle~ rtdágé~'aé
ftmÍée 'qui- s'01~w aiebi: ti. -1~16¡Li~6rf~'Bren~! cdbna1tfé
que les, ;floti}}~ étai~nt engagees. DeS ce:niom~tit~
les minutes serAhle~eiit;des heutes'; l'espétancC:et
la CI"dint~tégnerenttou'ti tour. Tottt'a coup la ca~
nonnade cessa'; mais, a l'aide des· nieilleurs té!
lescopes ,on . ne pouvait rien discerner' sur' ·13.
Yast~· étendue des eaux, excepté que le démier
nuage de· fumée s'était dissipé d~ns J~airs, et
que vie; :honneur et propriétés, tout > était perdu
ou sauvé. .,


On n'entendait pas le moindre bruit. Les ci-
2. 3




( 34 ,.
toyens se rega~daie~lt les 1,1ns les autres s~ns :par.;..
Jer; ] es. fe~nn;le~ et l~s e~fun8 etr~ie~t le long de
~ plage ,~v¡'~ qp.~l1,tité· .q.'~lO,IAm;~ de Veprnont,
.q~étai~nt Jl~'ri.Vé~ ~a~l~ l~ jou~~,é~, lIl:~is n'avaient
pa.s t.~pu,vé q\oyel1A~ p'~s~er l~ ~~c .. ¡<?,us le,s ba-
tfJau~. éta}~{lt s~r l'~utre rive, .etto~~ Ie~Qnde 'de
,ce coté était ,en~,re trop occupépou:r ql}-,~ q~el­
~ql~'un.pút alIerpOl:ter a )3urlington la nouvelle de
J'is~Qe '~!l ~mbflt· ,~e t50ir vint, et .al,leune tache
Jmopv~Jlt.e.-ue;¡~'ap~_q~v;tit f1IlePf~:!f'Qr)~& ,~\lX.
Une nu~t som~~gd1\i tbrw.n~,~)jrS!fDl~,~~>le' ,~ré­
pP~~; ~ JlllP}qu!!~~9,!eJl~Ji. ];.~,p~~t in,.quiet
f?t l.!f; ~q;J~f~" JPWlgp,~rRJ1.t.~ ¡pas;. J~ts leur
de~uJJe, taI:i.dis que ,d'autres ~es.lez:ent dehors,
pretallt l~.();l;ejJ~~ ~ll moigd.l!c,f3o,!ff)Je, se .pr.Qme-
'..1' • , d . , "1 p~qt ~~ W!J~-d'&ll~ t;·~<jh, ~~"~ ~rm.~ftl'i!J~~pr
,j~~Mm~~hP()JM'fi~~J~f:rft;r ~9"l'\~slle~ ~aqs.es
~f(~R~bt~~ e~~, Jl'?fi~W~ :qp ~~¡epg~ fllJi ¡ ayait :s~hi­
teme~1~ r~mw.ª~q~J.~:btW~¡ ,:JJJ.¡~A~·I'~(~OS com-,
pa!rio~~, .~er,.~~pf'til~ ,~éf~M ,'~~ tjlÁ~~i~nt-ils ? .....
pne p~r,~~~ .,c;l'¡el).~re ~Ux ap.raiept pris.J~fl:lite sur l~s


, pat.~ux. ?~ .. 5:E;r~i~nt .. ils yqinqJ¡letp'.$'?,t. quelqu'W,:l
~e fut ~mp;re.s~é d'~p v.enir4Qn~er l~ ~ou.velle.»
A onze. p.eures un cri 8' él eva du ~ilie~ des té-
~ebres qui cQuvraient, les e~ux. (;'éta~t UI). cri de
triomphe. Etait-il poussé par des ,amis ou ~es
ennemis? Il se fit entend~e ~e~conde foisplus




~( 3-5 )
fort·que la premiere, et tous les doutes cesserent:
-Yictoire ! 'l'icto,Íre! répéterent les citoyens qui
attendaient sur la plage. Ce cri retentit-<hientot
sur la colline et dans toute 1a viUe. J e he satlrais
décrir.e cette scene, ainsi qu'on me l'a dépeinte
a moi-meme; rnais vous pouvez YOUS imaginer
COIDm.e.c!Jacun sentit son cceur s'épanouir: jeunes
et v~eux, ,tous c'ouraient conunedes fQus; ils
Tiaient, pleuraient, chantaient, et pleu'raient
,rocore: ~n' moinsd'un'edemi' ... hetire, la petite
:vil1e:futj!~d -"V~tetritnlIíntlrrliliée~l ¡Ü'.~:~ J' u"; .; :":ot¡blÍl'á1~J ~m"~~é'~~ ~ ~¡~-
·pitaf~r~a~(n T~!&ur~ ~llhw~mtl~ l~ ,~-
yahisseurs teriteraien1: d~ p6tiksé'f1él'iavarit;'iiudgré
la perte 'de 'leurflClt111e ,"et:la ré~ístftIice:qh~dp­
pos~raietre lJes hHli~I-aIOrs :~leDlerit -animées
pat"lavibtófil~! (.el. '1~~iirrIOtrsIWé{"Le\lIeiid~malti.,
a~ point· d~1;,j01l1~ ,·'Óft ;rieli~ditv'a 'iJl'te leJ'hlJssés,
lesmorts 'e;t 'les'ín'tl1Üti?1fS' ab~rldOiÜiées par ren-
nemi. Ilavalt décampé'pelHlahti.'ánuit·, arres
avoir faifftlel~ scsbagages eí son'- artiIlerie;són


':armé'e était déja'S.:quelquesmilles'" 'se: dirigeant
'ver~ Jes fron ti eres ó Les Anléricains barasserent
cette"aflnée penclant s:;t re traite ;tnais-· 'ce qui
l' affaiblit le plus, ce fut la dés.ertiolfde cinq
cellts hdIIJ.ines qui jeterent leursfusils, et s'en-
fuircnt dans' les . hGis. Quelqtles-uíls de ces sm-


3 ..




, . ( 36 ) , , .
uats sontat)j9urd'huifermiers d;UlS l'~tat de'V~~
mont; les au.\r~s:pr{lsp~rerent,pjvefsement, se-
Ion leur. bQ~e( oQ. lnauv~se:conquite et ,leur
pl~ OU,:JllO~s:;d;~c.tivité.
;;Sil';G,eofg~J~l'evost fut beaucQ\1P.hlam~:, tant


au Can~da,: qu~n Apgleterre" sur sa ret~pi~Ef.lW~­
t;:ipitée. ,qJl ~ p~é1;enpit .qu'il aur:w~ .pu em¡:wf.M~r
le~ ;lr~~ra9-~~fPs~:~S ,Anlér~~n~ •. C~ux-q ,~n
c9ari~ellh~~-~I}~t~E!Il.~ffe.~ .,.d'ap:res J~,l:1~
oo~tJjf\e~WnIJ:~PHW-~h _rf~Jt1 ,j~ e;sb~~\>iAlttP:t
(q~~;~lis,.(;)YN}j'itWJ4\dli~rPH ~_~Ást~fl~~~ils le
:c.(U'Etp.t~l\fft~.~I~J(~nlffg~~ y; ~l!r~j.t~~; ~u.J~~ur}es
: Angl~&·4~ ~h~fr.l~,terre ¡ pe, )~ur~, mo~.ts, p~qr
emporter d.'a§&aut qyelques J~au!aise~ E~~~qu~~ ,
Qt ,etrj3 ."'Il!'W~~8B9JigAA,4~ ¡ ~~¡ r!l~r'l/j Jf>~,,5l\\; ,~e
reg.dre,,~! S'~hla8f~a4W1 ~iK~e oll?}i~~"l}l
,urtlJ~tota~, ,jWi~f1'lq~, sq~Wtts ~pl~~~; ~f. d~H?l'-


. ,agés, s~q~y~~' ·H!1J fQ!~~,J·Y?tfBa~~f,g~~ 4'f.lyws .les
. qois et ;l-MW' i rle}bf!~h~~~~~~.~ ~e trq~cs d' arbres ,
,.ya~t,a GPm.ptBf~..;'; El . chaque pflS., ~es masses
tQ»jQprs ~qpi&santes, non de soldats, mais de
pwes,,<,l.'époux, de citoyens défendant le sol de
leur p~tl'ie", et, animés de tous les sentiJIlens
qui peuvent élever l'hmnme au-des~~.~ de lui-
Ineme. Certes, le général ~ngl~is se conduisit
avee sagesse et humanité, ep préf~r~~t la re-
traite a une destruction cert~ine. «- L'ennemi




(. 37 )
elL~ pu attendre un jour plus tard, me· dit \Ul.
GlJi6ier amél~leaiÍl; máis iI aurait· été dhligé de
})áttre en relráite ou de se rendre, olÍ bien· il
ánrait été taillé en pieees peu a pello )) -,


La milice, en général ,p0Ssedeiune· force
tntirale qui, dans les grandes ()(l'~asioÍls,est·hien.
supérieure aux talens nüliiair~ ,et' a l'-ekpé-
rieoce' de la guerreo Les üéfaÍtes. " qúi déco{i-
h~gent 'les' meiHet\réS "~rotrp'e~=~&es ij;,cútnbfit-
t~nt, 'sur ¡ 'une ! terre(.~~l~lr/15Otir.:'~'; póint
YtPH. 'OtiiiéuV::'-Óu" ~.~ íM,Mi. et 'dttjIhút1~bt100'fiént


. - ,. 1:'~~ b .... 5.... ,
A'aélihPnmtwa~l&j8~ íru.l~fh§~§ 4~+.w'ffi\.


, U5U:':'. , .&;a~", <s~DltRtPlJfr1\!61Vé' l p&ft1flffiWtI~<j\ilíll[yjlltyItte 'pIÍlsé~et"atf'rf!a!~atf1fhbnInlerfJmb~~~b~\r
. lln motn~iú~;·· rapparenc~" :~teriéu¡:b -des 'detlX
armé~s 'qui(;se.!'. trouverent·· :'eng~gé~s i' ici. Vous


;, verré~i ltiHe cHHglie A'd~h)~ttoyehs!i; d~ht;'" les' 'y~te-
..• ' .......... ' '.: ,\ .r .-


:riiens simplea' et varies ánnou'Óéfit, t~;voisiñtige
de "'le~rs; fOy~; opptiséea,¡ une :raligé~ debfil-
Ians'\inifufllies, Lldiqtlitlit' ; de~rLhdmlnes vou~s
lÍniqueÚlent~ü métier'de la griéitJ' :¡'}é coour's(:tit
c')a'différen~~~ qui existe entre' 'de1telles: 'arriiées.
"1; ~l est ordinair~ dans l~s~ villes l~§plils riclies,


.r"l'-' \ . . . . '.. .... etj~eme aillenrs, de voit quelques compagnies
, ··1· .' . '


'00 la milice prendre des unifornle~; . nrais quoi-
: qiik' cela' 'protlve' un esprit générebi' de la pa.rt
'~de15 citoy~tls', je ll'ai jamais vu' ces réghuens




/


( 38 }
J)len hahHles; avec ;le Jnemc' intérét, que n/out
LoujolfllgLinspw.écelfiídont leshornmes étaient
revetu~ ¡ de'· lel1ts,tíftbits de tous 1~' jours, et des
rnarques de lk'ti~:~ivi~. -V()U~ avez hesoin qu'~n
van'g' i'dise'qííeJ I~s" premiers 'appatú.erinent a la.,
niiii'é~.'A l'égárd uecehx-cl, rl'en:ne<l'este a
dire.' Jé'rrle ·táp~l~ái:toriiourS·.la pÍ'emiel~ 'fros.,
qüé je visudéi !~hri~ dietcitoyeflg faire l?exe~.J"
cÍce :' le "ma'téél\ttt'so¡tt-hit de":acforgé ;'leimen,ui •. ·
sierilva:i,t s~~(tU~b)ts) ij()W.wts ··;déi stlih~a~ ~!b()liS!J;
le 'lab6'tlfelhUavfliV,~ 1lt~;t"Htl:aUN\ma,w,J( que) '.
pensez-vous d:é' noS sóldat:s?)) me dh m'¡ami,en
so"M~í1t. fjifIfl@f~1ts ~ 'lt¡ti~~·jW !~eng!U8;> ;:r.nais . je,
sais qUé''fé~St\y'ái etr'éád{~Ué'uÍie laTme qui cou:",
lait de 1l1bn: &iL' ,,' ". , ... ;" .,'¡.'-':"" r." ~


J e . snis" tent'él9' rdf éDlpl(~mb e~do{ij:)(~l'~ ~)dftbi~i-;
heme' de~"~1úimmll VW~ rotl'6fitOO uhe'1hi6bOiPe
d'ul\"Ctfraéte\f~f<tiWérel-\l, ceit;' qui~ne,"ra sa,nsl' iloute '
pas' cotisign4d~Yrgle~BItdhW6ldélmffpi1s,~ ~mais
q'tú n'estpá~'IIÍ~hHltdigIlerfde ~l~t,mVlque' 'la· vic-
toire d~ 'l\rDtlnóti~lí: -' '


lJn' dés'plu~beáux bá:teáux a v-apeur qu'on eát
jam~tis cOfistrhits" aux E,ats-Unis, naviguait der..,
níeremeutsüt' cé~tfmer intérieure; iI a été detrnit
i1 ya dix jours, pár le' fen ~ d'une manh~IJ!Yl'áiment -
terrible; Lé éápitáihe de Ce bateáll était tombé
malade, et en ávait cOnfié le co'nuhandement a




( 39 )
son 6ls, jellne homlne d'environ vingt~un a11s.
Faisant route poúr Saint-Je~n, av~c· plus. de.
quarante pasSagers, il fut surpris en route par
le coup de vent d'équinoxe. Le hateau résista
parfaitement a la violen ce du vent qui soufiÍait
dans la direction opposéé a sa rou~e, el a une
heure du matin, iI avait gagné: la partie la plus .. '
lárge du lac. Un matelot J).égligent~ qni avait
été chercher son soupcr a la. camhus~, ~ : y laissa.
suruue planche, une chatl . delleaJl\llÍl~e, q:l;I,im\t:.
leJ6!1 ~a,~¡.autr.e planchfl ~!l~~ iaurQ.~~~\l;;;~e;~
laqprflnii~e. .liJ i ~YfI ~ ~Jd,toa ¿Oil ~)L ,~JJU ¡ \¡,.;¡ ~ !
~. teS,;lpassa~,)~ta~Qit;l~~ í#Dd§r~'~, . JUl¡Alkl;.


moins r:~posaien:t tranquil1enient daIlS)J~t&J~a-,)
hanes, lorsqti'un hOffilne, occupéaupres de la. ,
~aclñhe ,,)aper'1ut,;·;d:Q~jl~ne.partie ,solnbre de
l'intérielÍr·Qu ooteal1r;;! \UW/ l\le~:v/:!extraor4.i-"t
naire. U se rapproch~ de ~téfidroit: f éqtC,ll"7;;,
dit le pétilJqnent i dú.' feu; et tro,uva la porte dC;r!
la calnhuse formant. une. ,mucaille de ~harhon r ..


... . ... ''')


ardent. Bientót il se vit entouré,de flammes; -¡e
i~ les traversa et se précipita vers 'tille porte 1 ~e
lá chamhre' des dames, qui communiquait avec ,
r entrepont; mais cette porte était fermée, etil
frappa et appela en vain: le bruit du vent et
des vagues ne permit d' entendre ni ses cris ni '
ses coups. 11 s'élan~a sur le pont, donna ¡'alarme




( 40 ).
au capitain,e",et. <;~:y<tQta ll,lJ~lH!mhr~ de$ q"mep'~
n]~is.;. ~yá~t~l q~';~:,!'J~#' ,~'p~&~~~d;~l: l' es<;~ier., J~~
flamrpe~:,i éHie!?-¡~J~~~ jour ¡L~rayefsJa porte de ..
cqI!lm~n~R~;~i(Htl e~\~.y~ieut ~tteip.,~)es J~deaux de
l~r cap~n~; l~\ :l?~M~,pr9che ... y ~uspo~v~z. imflginer
l~ sc~p~Y}n1i' l eu&ui vi~. . , , ., ; ,. ~ ; .,1; ; 1 • L ;
~~,~d~~~ S~;\~~BS:?'lej~upe capitaip~ éYeiJ.~ªittion;


éq ~iP,~ g~ ,~t ltr~ .P~ss~g~~sJn,3.Jes "'. ,e~i Qr:<,lcp npai t ,JUj. •
pVP:~~ ~~l, ?u.:m~~l~.kf ~em-l:;v,~1-~ l'M~! lrnlp~" I»'pohe,,¡
A~¿;:fs ~vo~~itgielJ!Pl~ ~m::JHil~19~ aq!ftllf~~IUÁ ,.~J+,
l~:N~jlKo~')~f!lu~Jhs ~n.!M~ P5Wr~!!t ~~I\teDWj:
~~-g~f;l~-a~JP~SOM~é!~ ~.~[ tr~A~ltpf.ft) h~'d 'i 1l.~t~tq'J 4~aG§ ~~néNIl§'1BH!~¡ a¡J(Jl~.m: l~$.;
ra,~ag~m, í~le ".~~u~~:b ~t,a. ra\t~ud1:~ Ja; mott .aV80 ,
lqi. TOU8 " y l .. ~o~s~ 9.gren t ,. !f~ ,: _ ~pt:~lte~aLn,p; ¡ ils.
s' oceJIR~fe~l~:A'lPe~~FAeS¡fj~n~~~ftB r eªJhl¡Ul'
c,e"W?D?1Jnft19Itfj!)~~fJa3rsH~~~;11~9iAAt~ri\J;,.
s ~~~~~~e;~g~q. ql}Hf i¡:fur,~Bnt')\W!1n§O~Uft ,. ~ln­
mens~ ']'! a1k~M~eq},de; ~,?H,Ip.eIJH.I~j~19~~j(H~e mat
e~I~~p.éfHiR~~ ~ t~~qve.r~-ffi..#HJve!~PIW§~ M'Jl,QIUrne
ql.J~.~e~~~~t.l!jlg9j~YG~~!iLli~fltr ¡{~fl~ ~1fi9P',.¡poste,
jusq»'aJ:te .. ~H';l,e~~ l~ ~J1ft~']fi> ~tj}mJYÁS~~ rótis,.
el .&~~v:et,~m~ns . a , qe~~-.<;crnS.lÚ1~,! ¡~ : chale\lY
extraordm~~r~ "q1,li: régnait. aQto~r ,de la· pO\lil-
loire, hnprilU~nt un redoubleIUe~t de force et
de vitesse a la machine, le ,batean, tel qu'un
rnonstre lnarin en furie, sillollI,laitJcll cal~X avee




(' 41 )
une,·t!frrayantevélocité; hientot ir ne,'se' irouv~'
plws qti'a 'quelques 'ibises de la térre!.' Les; 'canots:
ét~ient disposés," et le 'capit~itiéILét' ses'!irt~~;;
rios tenaient dans leui'sbras"1Ie~;:~:rtHrt~r'ét'
les enrans éplorés, qu~nd ·le;goli~~rri.~irifiht' ~.',
manquer. Le bateau céda au véñt; ét fcifrepotlssG"
dUTfvage ,dont il s' éloigniétl", tourn¡ü{'sa~k ,
cesse' Sllr lui;'meme.'P'ei~soilile 'n'dsáit ápprodh'e,F!',
de; la·'tnáchihe 'nonr: l'rlI'tet~r¡·¡' Ibdlsí:&llé,iilé;; tiítd~: 1:" .
páS, a ":s'arh~t~Í'¡" d'~ll~umeñié ;1I(~t"'lá¡-S$~: le ~·b!a.!..r
tenú'la\\lam~~PJdéS: ;v~1~t~ak5j1f'a~e~:oKvíU?í
dei:~rfus1 fiHfi~'l,j l~~ ~áRs~MO~ll(Béilli-ntlsr;)::


I ptir.tifi~Mitila.i} ~tlrerr~n~~ ~s~~~ el!xpJ-h
~úre'at 'les" felnm~~r~i !~IÁ Jenen~JJd~s ~1~~6ff'tf'~
cápita:i;n~'~t· des'"Íilatélbtsl; . cétlx2éil,O~i~1 '~~dJ' le~"d
flatrtmés ' vohi~eáSs~lt~'srlt; letít~'" t~t'e~¡; ¡'rephtl~ ~
serenet\5\\tesllJ~ls&1lfaí¡tioílYT~JtorrletiFfifd'en~! '
trer 'daI1s d~;emh~c~tionsíá~jr¡fKll,l ICllatgees' ¡ '~e'
ils lés pou8~~~ht'~ati.l~'I~rie; du i -}j(\tea\f' quelti!l'
feu' contiin\lá'it:' J8~' aJé\rtH·é't'."Onrt S"ápíWdit "~ldts¡'
qu'une Jemlneet! rih Jjhiln~: horrrme' de; ~eiie' ~l{g:L
av.aÍent étébúbfiés~ Aptes' les: avoir tires 'dri' Wi1:: q
liétt des flamníés,' 'Oh' attacha le jeúne"l{omme l
a libe plaúche, et un lnatelo.t, habíle' riág~ür,: se"
jeta tlvec hÍi dans le lac. Le capitaine~ 'tenant,
daos Ses bras la pauvre fernme, rerriplie d'u'ne
terreur frénétique, denleura sur le bord de son lla-




( 42 )
vire emhrasé, jusqu'.a ce qu'il eut vu le dernier . de
ses 110lnmes', inriní d'une piece de hois, sauter a'
l'~u. Alors, il jeta ho1's du hord une table
qu'il" avait; tiéservée; pUÍs, chargé de son fardeau ,
i~ s'élan<;a al!' ~ilieh des flots. La' p~l1iv1'e' femme , , (fans l'éxcesde sa frayeu1', ,lesáis!t 'fortement a
la'.gorg~., áti moment 011 il la pla<;aitsur',la
ta~le:F oree' de' Se degager' dé eette infortunée ,
ene fui ~r,ée de~lui 'par les vagues; iI s'ef-
fOrlm· d~{h:': sül~ él la'lV1t 's~ccrochera un dé-


,.a


b'rlsJ en&m~)jime~i()t, .el~; pOUsBá/ün dérnier
cíi~: ef('Éli~irát>!Jd¡ffiili't~'lf\~S)naMmeS et dés
fIotiS.·· bl) cnpitiamtll. flt, · en, .nageant; le tour . du
n"avire en fen>, crian!' a ceux dé ses matelots qui
étaient a portée de voix, de ne pas:s'en écarter~
Il resta 1ft' lui-meme;¡ :abllat1~t ,{ti! ébwti~5-de;qneI­
que morééau:"·Jd~!:'í~ls·rénfln ,'il 'en -tómba. 'un;
ir l'éteignit' . et- s'y' acproclla,-demeurant aupres
d"u ,hatean,. dans l'espoir qua l~·Tutm.l' desflammes
guid'erait les canots, 1orsqu'ils seraÍent a meme
de revenir; maÍs ces' faibles esquifs, dont la
marche étaÍt ~considérahlerherít ralentie par la
charge extraordinaire qu'ils portaient, avaient en
outre six milles a faire, par une mer extre-
mement agitée. Ils furent, en conséquence,
l?ng-temps avant d'a~teindre la terreo Apres
avoir déposé les passagers, pres(lue nus, sur le




( 43 )
rivage(l'une lle déserte, par une nuit sonlbre
et tempetueuse, ils retournerent .. pour .. tAchero
d'arracher a la mort les nobles victimes d'un
dévouement si hérolque. Le jour parut pen-
dant qu'ils lqt~ieiit. contr~ l~ .flots, cher-
chant vainemelit le fanal éteint, qui devait les
guider. dans leurs recherches. A la fin, ils "
aper.t}llfent un point noir sur' le somInet d'Ulie
vague: c'était une piece de;boiJ) S1lppor~an,t u~
homme., etcet homme· était le je.l.n~e, C#lP~aiqe,,'.:;
privé, de ~nti~\¡~ lllAiJ) '( ~(lJ\ª~pta:t.l1~OO:9re~ ~lJ
restA:,~, v¡~!) \l~Jiíªt ~~9Piubi~~~\~lJe "Q4-1:1\
autre de ces braJ/~f,,;rp~reIQtJftfYklMRf~~,s.J:fl)n
matinée, et rappeléa la víe, jlpr~s,~v;o:ir,~t6
huit heures sur l'eau : sept autres périrellt ..


Les) ,citoy~&~ <le ,~.BQ.~dWlt9\V.ttÁ.s'empresser~nt
de po~ter desvivres el de~ ;v~temeJl~]~~ Ulal .....
heureux qui .' avaient été déposés sur 1'1Ie; apres
quoi, ils les emmenerent chez eux) et leur;prodi-
guerent les soms les plus .empressés el l~s plus.
aft' ectueux. .


La carcasse a demi-consumée du PMni~, s,e
trouve maintenant au milieu du lac, sur.~ Un
récif ou l'a jetée la tempete.




( 44, )


,;


; ",¡LETTRE ~VII.
'¡ t


!/lI:rJi,plJ!wz. tm~2~!Ji-§(:lJ.¡re .. 8ltCcmctB-· de.l3 état! de'
,.,:,,~~,. "s 'JífJ."n V~Llm.··: ~ i f, 1I '(r NAJ- Jo - '.- t-J{!.",-,~.~_ .. ' ..
, cr:'1f!nld I?' t1 'UJI.H >~~il .J~~ 3'YI~tHI~1 _"Ji }¡,'
j<'~I'l'!;;rm 29liov 29I'In~ j3 ~~)Ik.r (ir 3b .::::l{;.~~!,',{
",:~~Ü~ jrr~)iBí~Ú,lrJjP.lp>IfJj_dtIV~~1 Odta1lt,i~~ "'.',;
c?,~}jf1.G8€ibfI9Jqc.~'1 ,:~}r)no ¿~l '1H~ i¡"'::¡, ,F;


EN, <remohtahfl}é- ChampIaihf;r'nfá;\lchete 'arllie
les' rtvés):{le '~~'ac pn;nfleút1ab ~~t'lilús ~~'ü~
vitte'l:'et;~p!fBB~ ~ ~jaw<m~~it~
Vtlle~lNJÁ~&*e ~~J!Hgtb'W e~f<H'Hne ~ga:"
Ii~te""b~kit~!jtata Úpt~é Da Jq'el~~hce' de~ hfd~s'dnS'¡ tIbPJHf5h~s' . qHi 'rwe~véHf~-Hu (6'vágépar
fuie péht{rl31iS§étÓ~~aptde ('¡pKtMi Jées" ~aiBces. ,
deJ '''btnUX¡'J,1tthtéS "e plabtés'~' W~C-r 8~he···: ~ymétrle
ijúi '~cahiHt&i~J;les ndü.veauf'(nom~gst ét "vilIiiM~s
de ces'-etat~¡ :'Ili~:J·ólie~ Hate j;é~~d~pt'Hiflhin :1'im:" , , "
lllense miroir que présentent les eauxd\i. lác,
etdont la bordure est for'lnée par une chaine
de montagnes 'derriere laquelle",~' áu moment




( 45 )
ou notlS 'tournames pour la premie re fois nos
regaras -de ce coté, le soleil·se ceueháit daris
toute sa splendeur : tous ces objets offraient
véritablement une scime enchantée. Leur aspect
nous parut sbrtóu(ravissarH; ldrs4ue le disque
solaire, dont l'éclat eut pu éblouir des aigles
memes, descendit majestueusement derriere le
rideatt de pourpre qui réf:lécl}íssait,"ses'·.;tmnt~
brillantes sur la surface' tttílriquille du vaste lac,
sur les fenetres et les murs si blancs des jolies
maisons de la ville, et sur les voiles argentées
des ~<JUe8;G ehl<tit!S'ma_etJ!~¡ltfissaie_nt silen-
cieusement sur les ondes resplendissantes .


. IJ.¡PY;;t, P~-1ltquaI'a:q~~.,aITIl qPf:l.~, te,ilfaln ;RCf-
c,!pé lWr I ~1tíf~ jRI~~,' ;p~ti~ . r~le, ~,'cOlltenant
un~,!J?9PU}~t~9R8 qe, ~~í~9m: a~~ ,¡n'~~~
l~.~b~~~nw.tp~r ) q~~¡;9'lr~~ ,'* :~Sl ~.t~s •. ~~
A,pléf¡~~~I;9Pt .Bn JPFkf,·qpi·~igni~~f~~re ik~
P'lfg1)~~:·~~)~,~'hl~E!~qr.fl~, ce \mq~, mej.paJ;~j.t
,SufIi~~lllpt,e~t ,jWMpé~ ;'1 ~~, l'ét:r~ge~;_,~e~ p~
:~'e~cherlA~ conxenir, ,que les Pfqgre.s, .. c~raqf;/
c;\\]~tres et ep. ,~ou,s; genres, qui _ fra pp~~t : ~~
yéUf" ~,deQl.~~daient un nouveau mot pour l~s
peinc4¡e. . .


. (~) Quel(}¡ues persoJl~es de cepays _néanmoins ni~nt que
le verbe to progress soit une locution américaine.




(46 )
. La. jel)ne . vi~le ,de Burlington possede l1u
coll~e·,qtli'futfondéeJt· 1791, et a derniere-
me~t r~u ~~egratl;de .e~tension. L'état de Ver-
'mont, c~uqtte18ppartieI)..t lavill~, et~ont la' po-
.p~latio;u· '~;eSt pá~ tQQ.t-a·f~t 4e trois eef:1t
~l1e ti~es , <:r,~reti;e.nt q.eux ,établisse~ep.s de
:ce gen re , e,t dans aU9un endrQi,t de· l'Union,
ron I;l'apporty p~~t.-etre ~n ,plus grand süin 'a
Yéducatior;tde Iajc\1nesse.


Le territoire connn sous lellom de Vettrtti'rlt,
~est 't~aié~ ','ah :"h¿fd"~W,:Yftd 1-~~ iiho,Eclihine
de ~onta~~~f~HW~rf.~~l:d~ tbr~fS loUJourS\1ertes:
c' est~ de;~!"~e~'~~S?n~ i).P~. :~es 'D;loritagnes,
}es Alpes de'éé'j)~ys J s'élevent 'quelquefois jus-
qu'a trois et q~~re ni~lIe pieds'f ,elles occupen.i
~)resque to~te .~* 1~!g~~":~eü~'~~H~~~t~~1~és
,sont pattÓijt·'J~é~f~~~h~ll~(Il~so~·a~~;¡Iá\t t<#Id
',desqtléHes 'bouleptqrrantiré : d;e··f~&~ap.x ),: ét de
;riyiere~, qui vqp.t s~' ~~~arg~~::~,~f J'est\ ~~~s
l~ belle rivi,er.«; 4~ ~onnectictit?et ,3. l'ouest,
daps' le lac' Ch:aJ:npl~jp. Les ·hatit~s forets de
pros blancs', ,de cedres et d~autres arbres vetts,
qui q~uvrent l~ s.o~nniet ~e ces mOl1tagnes . .' ~iiis­
sent parfois leurs teintes sombres avec l~ verdure
plus variée du chene, de l' orme, dl} hetrc et
de l'érable, qui croi,ssent dans les vallées. Ces illl-
n1euses olnbrag~s SOI).t coupés en divers endroits




.c 47 )
_par d.es pa,turages; les belles terFe~ qui <hor-
d,ept les ruisseauxet 'es ri.viex:~s écha,ngeI;lt
c~aque jour l~u~~ arhres ,ant~qu~s ,ppur les .t¡;é-


,SQfS de l'agricult~r\e. ~a ,yille la BI~s ;pop,ule~se
de to:ut l'état contieQt a peÍI\e ~rois mille a~,es,
'la ma,sse des habitans, laboureurs ou herha-
~ . ". '.' ,; , '" .! . '.. ~ ,,> .,~"- t. .. ::


gers, étant ~Ear,se ~ans les y~!lé.~~ ,et s~ les
m~ntagnes, ou ~ass~!lll?~~ par PP\t~~e,sp()rtj~n~,
~a~~ les villages ~atis ~u.r .~,~ \~lJ.4'i9~J~~ et._d~s
f~X~fes., , '",.yt :l1tUií,lJ:L'


n la' , 'l'¿rl . d
' '~I , t~ BU~, ¡ft ~~tl,;~pqf~e i~~:1 '1tpc;9.PR L.~ e J,~YS
,8~~YF~~ ~_'!~~"~ ~~l1fb' OOIOOGf}~Q9~~~I¡~LiILstj ..
t~IO~Sj~ i,~PIfl~ ,J/RRf .~~ (m.q;ws!J~íi~: .. ~"f~P
,active iI}~~stri.e, l',état de Y~;r;rp.op,t. ~~ ,JI)pn,~re, Je
digne ,enfant de laNouvelle-~llgJ~terr~. I~ s(! .<;lis-
tingu.~, p~;rl!li, ~;~~; ~p.,~~~s E~Jl9JjCJ.ttes p.e cette, p~tie
'd~ l'U~olh~r ~0!l~ ¡pa~~~p~ffi~~ jJ~¡t<?Hi9Hrs ,s~rvi
de tou~.sesm:<?yeIl,s, ~a c,~~e g~-9.~r.~e" e~j~is
on n'a pq l'~e~?~~f \~~ ~~pár.er ~s i~téFets.4~ c~px:
de l~ cOl1fé~,ér,a~ion.
PendaI?-~ l~ ~utt~ révolut"ionp~re, ~a faib~e p~
J.>~ation, dis~érn.-iJ?ée Je long des rivieres? et ,<}'~9s
~~~~;mont,agne~~t les forets, mo~tr~ tm.~ pCJ.~le
a~~~Jtr,. ~~ ,lJn s~n.éreux, désiJ?t~ressemep.t.. ;La
court~ ~s~oire de cette courageusc républiquc
est ~emplie j ,d'in~ér~t, et tres hopo~able pO~lr le,
caractere ~~ son p~uple. .




( 48 )
Pendant son e,xistence coloniale, elle se trou,a


e.ngagée ,'a~el ~:~s p~ovinces v:?i~in~~~ dans une
dispute' dfi' ~i1 s'~gissait Honr" elle' de "la "défense
de' ces e gr~nd~'¡p~ihcipes: s~rtIe~qtiels, plus
tard,s~apjniY~rent les colonies,.~an~ Ieur que-
relle avec la m~tropole. : SOlls)a do~ination de
la Grande-Bretagné, les, terres a,e Vermont, en
cotiséquence' 'dedl~~r~ actes cQntradictoires pas-
ses' . a dltré~~ni Jp?~~~~~", ~t. 'so~s différel1s r~~s~ ¡;~yll!1~Jtv~~~~t',·¡~~~W·~.~(~, 11¿'~,. Jes ~deux ptbf,~h~~s~~I~\~~~pl~~~H~er~~~:~a:I#p:shife et. de
Ne,,:-Y?r.K~.I· .uil,e,,,~~n~e ,lf1rt~e ,des 1 premlers
colons}:)1;tí~~~íeÍil" a~ 1eurs ;prQpriétés, en vertu
de la "paten:ie ~c~ordée a' 'la' premiere de ces
provinces, quand,la ~ernie~~ fit valoir un titre
antérieur;, e,t essay~ ~étyin~~r~ Jes propriétaires.
La problamation 'düJlgoii~er~eur royal de New-
York r~~lÍt ~;pour réponse ~~(! ~roclamation du
gouverneur' royal de New"':iI~lInp~hire; et ·l'af-
faire ayant éié soumise aú gouvernement de
la métropole, sa décision fut en faveur de New-
York, contre les vreux et les réclamations des
Vermontais; mais cet édit impérial fut aussi peu
respecté par les fiers montagnards, que l'avait
été la proclamation du gouverneur. « Les dieux
des vallées, s'écria le courageux Ethán AlIen, ne
sont pas les dieux des mOIltagncs. » Une ví-




:( ,49 )
gour~use o'ppos~tlOn ,s,e forn)a ,s~u·-:-~e-~llf~n~p,. ct
l~~(préterítions 'de Ne\v·York fure~t. rep?us~Gs
a~e~ t~lIit d'énergie, qu'ulleguerre ~ivile lllan,qq.a
d'édater. Les Verrnontais fúndaient leur rési-
stance sur lé droit qu'~ uu ,peup~e: de se gO?:-'
verner ,. ~t, en . conséquence, : ils 'q~gaJ?isere~l.t
léllrg¿tivernement, en dépi~ .de~;inl~n~,c~s~ d?
Ne~'~York el de s'on 'g(}u~~rn~ur~ ,,~~~~s UI~~
cinis~, plu8'gran~e récÍal~l.a 'hient~k)~s ';effo,rl~
de ,ce peuplé rliaglja·Íiíní~.", Au;mil~~u el,e ,~s
a~tsaVbl~ p '~~~~ í \ j e¡~~ 11 ~Y~rk .i~.J~~cor9c
é.'bla. ia ~WY~~;W~~1~é~!It;~tflri~i9~6 '.;i.'. ~ p&tfplé'lI¡ni~f~«<aPri~'lrtks ~l)~~~aa:~rds:)t'fX:. v ~~;


, h, ; .• ('·1 ;¡'i' 1~)I'{(TiJ'{~:1" .~·nI·lt '.3Ji .. . }t.19rr.~2IV.H.i'f 81th. lID') ..
mont ;eus.s?~ . P?, f~9Ienle~t~, ~~~U~~~1.~~'fr~~~~
pa~t~ '~~~l~,~~tt,e Hra~1,~7, q~erell~·~~?,ig9.C~. ,del~
ln~r ~ sahs"~ón:llnél'ce', saJ.l~ taxe~ ~tAan~; g<;>uver-
netii~tl/ \ l~~~I ;~~~~!~~:l) ~l~~~it~'m~~~~')¡ ~}~j 1 ~';t~fséter~
á61gtais . he! 'froissáieúf 'pas -imrnédiatelP,~I1.t~ I~Jl:r1
ititéd~ts:r~gf;: ~~Hka~~; ~é~l'rufie ~ ~r~'~ l;~t,!~e~t,. 9.,aIl~.


: l,·· .rn,,-,¡iIÍI~' ,;, 'A" ';.. ..,.. .' d'autres disputes, on eut pu suppos~r que ce~
.. 'J}." ¡.;'" ,~, , . ,. .".", '.,.. . .. lnesuí'es>ntetá'ú~)lt~ gt1C¡epr?pres a e~citer .~~u~~
opp6~iti~n ~,¡f l~Ú: bl~~~!lt; leu~ . fierté~_ ptais ". ~l;
pélieurs 'li' ~~pte considération d'intéret.p~Fth
cnli'ér';,ils' ~ ~uhlierent leur querelle .POUl: ,e.~ ...
hÍ'asset ee.Jre de la conlnlunauté.. La nOllveUe.
de; la bat~ine:~~ . Lexington n'eut pas })}utot


'" été répaí~due, '.qil~on vitEthanAllen, a la tete.
2. , ..... ' , 4




( 50 )
irune troupe de lnontagnards de Vermont,
surprendre le poste important de Tyeonderoga.
11 vint, pendant la nuit, sommer le fort de'
se rendre. « Au nom de qui? répondit le eom-
lnandant , f;lussi étonné qu'irrité de eette sou-
daine et audaeieuse sornmation. » - « Au nom du
grand Jehovah et du eongres continental (1),
répliqua le patriote. ») Ce eongres continental ne
contenait pas de représentans du peuple de
Vermont .. n n'avait pas prononeé su.r la jus-
tiee ou l'injustice des réclamations élevées contre
lui, ni reconnu la jurisdiction indépendante
qu'il avait instituée; mais e' était une assemblée
réuoie sons les auspices de la liherté; elle dé-
c1arait pour d'autres les droits que les Vermon-
tais avaient déclarés pour eux-memes : aussi,
saos hésiter, saos attendre qu'on les sollieitat,
et sans essayer de faire aueune stipnlation, ces
champions des droits de l'hornme , abandon-
nant volontairement et sans eonditions leurs
eharrues et leurs eognées, recommanderent leurs
feromes et leurs enfans a la proteetion du Ciel,
et partirent pour aller eombattre avee ~eurs
freres.


(1) C'est le nom qu'on donna primitivement au pre-
luier congres amer,icain.




( 51 )
'Apres la déclaration d'indépendance, les Ver-


'monlais s'adres'serent au congres, comIne au
gouvernement supreme, et demanderent que
leur pa ys fut' admis dans la. confédération,
en quafité d'état indépendant; ilsforiderent leurs
réclamations sur les memes principes que les
autres états invoquaient pou'r' justifier leur
résistance a la Graride - Bretagne; savoir: le
aroit .qu'a un peuple i d'iitstitu~l' ¿óri gouverne-
ment et l'invalidité des ~Óntt~rs nou'cimentés par
un mlÍtUel :~éé6rd~~tfe ·te~;.baiti~g~ ~ew·::Y or~~
de son ·C6te\.~gr~pb~lNt~ ~t ~all~lgi. 4~~a ',~~~
donations toya'1&J ;et' ¡f ilés q~~~f~~~{~ .1¡'fJ~
tot avec légalité qu'avec justice.L'opinion du'
con gres penchait en faveur des Ilahitans' ~e
,Vermónt; mais rétat ~e "New-York' était un
allié trop inlportant, p~'r;r qu'on déCid&tavec
précipitation contre lui. Le jugement fut, en
conséquence, ajoul'né, jusqu'a ce que les deux
états en vinssent a un accommodement; ou
jusqu'a des jours plus paisibles, 011 le congres
pourrait examiner a loisir la question sous toutes
ses faces. L'état de Vermontayant été ainsi rejeté
de l'U nion, l' ennemi crut qu'il serait facile de
l'attirer dan s son parti. On lui promit de
grands priviléges et une existence particuliere,
comme province royale. ~Iais cette génél'euse


4··


o




( 52 J
république lle se laissa pas détourner du cIle~
nlin de l'Jlúnneur : elle: se montra aussi fulele
a la cause de l' Alnérique, que i ferIne dans sa
résistancé aux prétentions de New-York. On
vit alors Qne poignée d~hommes libres défendre
leurs droits et ceux de leurs freres, dans cette
] utte opiniatre. Lorsqu' elle fut tenninée, et l'in-
dépendance l1ationale définitivement établie,
la république de Vermont s'arrangea avec celle
de New-Y ~rk, etse joignit ensuite yolontaire-
ment, corome quatorzieme état, aux treize qui
s'étaient primitiv~nt~-confédérés, et dont elle
avait épousé la C3me aVEJe tant ,de zele 6t de
magnanimité.


En eonséquence de sarésistance aux . pr~­
tentions de·rét~~de.~W'1YpB~':Utl1ays de;Ver-
mont :arait!"' ~)tl~1me'existencl! 'independante,
plusieurs anQ.ées avant lasépavation ,des colo-
nies d'avoo la , Grande.&aqtgne r umis 'sa' con-
stitution, teUequ' elle est aujourd'hui, ne fut
ré~lée dé6nitivement que dans l'aunée 1 793~


Le plan de gOtlvernement de cet état est
l'un des plus simples qu'on trouve dans la' con-
fédération. La .législature se compose d'une
,seule chambre ,dont les memhres sont choisis par
toute la .population male de l'é_tat. Dans ce pays
montagneux, peuplé par un~ race d'hommes iim~




( 53 )
pIes cultivateurs, on peut supposer que la sCience
de la légisIation ne présente guere de questions
difficiles; et iI n'a pas été jugé nécessaire de
retarder la confection des lois, en faisant passer
un projet par deux épreuves. On trouve, dans
la constitution de Vermont, une autre parti-
(}ularité qui montre que le peuple de eette
république a des yeux d' Argus pour ce qui
louche el ses libertés. Dans les autres états, les
citoyens ont jugé suffisant de se réserver le'
pouvoir de eonvoquer une eonvention, pOUl'
amcnder leur systeme de gÓllV'ernement, quand'
ils le jugent convenable; mais les VermoÍl1:ais,
comme s'ils n'eussent pas ",ouIu se fier el' leur
propre vigilance, out décreté l'élection d'un
conseil de censeurs, qui d<>it etre convoqué poul'
nn an, de sept en sept an~ées, afin d'exalni-
ner s'il n'a pas été fait quelque violation el la
constitution, si les pouvoirs législatif et exécutif
ont rempli leur devoir'~ comme· tuteurs da
peuple ~ ou se sont arrogé et ont exercé d~ a u::"
tres ou de plus grands poupoirs que ceux qui
leur sont attribués par la constitution (1); en


(1) Art fI-S et dernier de la constitution de Vermont.
V oyez l' ouvrage intitulé: Constitutional Law , etc. Was-
bington 1819. ~




( 54 )'
un mot, de, passer en revue tous les acres pu-
blies', et,l~eIlsel11hle,des mesures administratives,
prises • depuis ,la;' "derniere l'éuIiion des censeurs.,
Si" ~U:e\~ue~' oo\e~' \e\ll''Pa:raissé'nt''inconstitution-
nels,'leur,l ae:tolr '~st:d'eu 'référer 'a l'assemblée:
~slativ~ quilSiégepOurle lriom'eitt, de mo-
tivér,leilr":ppiDwlff~tde recommnnder la 'révi-
sion de ces actes. lIs ont, 'en out re , 'le ~pouvoir
d~ 'jugerIide¡1a ffinvf!nanté' de réviser la' consti-
tliti{)l\; ~~i)~t4q~ ~ticlaSJeti~ pafhissent'dé-'
fecu.reirx~j fooifIi~\l~ m~ytfiart~f' ~ leg"p1Ihlier-
ay,ee;~Ii4iiiiHeb~rltemf~'és, j:w8qirels ';' étant
é~-am~~J~H ~ápfjtáü~lfS:,~ü~' ,té: ~ple\ 116nnent
lieu a la, convocation'd'autre&délégués, pour les
décr,éter en ''COnve~ti()u, d'apr~s·:',:¡l~s itislittc-
tions 'qÍl'íls; :e1itJ'W?~ui$"~¡ ltHn'§ ~~ •. ~.{;
~ ;!Y~J& g~tlWlndiht~fitt~kfari§l'fii~~íte
villif'aeí-;M~Tdpéli~r; situéé-~ \datis~ne- vi:tHe~' 'qui
se trouve fa\1 ~et1tt.~~HeJrétilt. J!Aif;pdSi,lbIn Ué eette
1IÚle:permet ;tlé(pe~er;·-qu~i4~n~iégé}?'8U:· gouv~""
neútenty demedrehFfif~. e' est:tlli~1~lt%tJgg~,oou;.
veauterpour,'un Europoouj «1# J:lrouver'@S'Aé ..
gislateurséssembMs dang,'~ tlhviltáge; isolé;' 'Péur
y discuter les'affaires de l'étát •. COmbí~la li-
berté a été calomniée! Voyez-la, dans' les rnOll-
tag:nes de Vermont" animer des bornIlles qui, él
la premiere apparence d\)pp'ressien,' se leve-


_.' ~




( 55 )
raient comme des lions; Ibais qui, jouissant dtl"
libre exercice de droits incontestés, et marchant
tete levée et avec un creur indompté, an. mi-
lieu de leurs montagnes, miment une vie a la fois
paisible et active, sans faire de mal et sans en
recevoir, fiers cornme un noble dans son manoir
féodal, et doux cornme les agneaux qui paissent
sur leurs. nlOntagnes.


Les hommes de Vermont sont connus sous le
nom fallülier d' enfans ele la m,ontagne verte "
nom dont il$, sont fie:r:~,,~~~~'i'aientendu pro-
noncer.~~~AAt\ a'l~~ sqr~fti~lfh-j)9mplajsance , '
et d'LJnrton,j~~ ~fld.mtr~WR.~p;,aie~!PQ.;, p'ár ..
les citoyensi des états voisins.,; ! o: .•


Avant determiper.ce q,ue,j'ai a diresur le pays
de V~e~mollt~)í:W ~~~. dftvog!.:'{We~ ,J;emarquer qtw
r4~jgrant;,éc~~tJftn\Il)lJY~~ :B!'pp;ililement
C()llV,ew ~ a, )~~mmurs,. f3t" a ~n.: tempérament;: .
SOUS~ un ~\nla:~~illi" el a\l ,mili~u d'une contréf3'
moutagneuse, iPfl'vant¡, ,et:d~" paturages et des
terres labourables" le fermier·, ééossais, frugal:,
,rigoureux et actif,. pourrait se croire chez lui"
ol!;l?lutot un peu mieux que chez lui. Il y 'a ,dans
les v.aUées les plus hasses,quantité de hons terrains
non récla'més, et beaucoup de terres, d'une
nl~diocre bonté, sur le penchant des montagnes.
Ní?s enfans da brouiHard pourraient voir ici leurs




e56 )
Grampians~11eursCh~v:iots(I)S6i'Lir du seind'nn
IIleilleur: 8o~,,}:,"~t,s'élever",versunciel plus puro
I1s . tr~~~~:;~~i: JHl~' r,cé.(1'!\oounes d'une
aºt¡~ité :~t, ~ m~,( . int~lligenee égales QU supé-
rietg~~ijux..lenr~,· et anitné~<l'~espr¡t d'indé-
pendance dont ils pourraieBt se pénétrer avec
avantage (2). '


Les émigrans européens sont peut-etre dispo-
sés a trop s'avancer dans l'intérieur de ce con-
tinent. Les anciens états ont suffisamment de
terr~ins Don défrichés, pour y établir une. Inul ...
titude- d'individus, et, comme je 1'ai déjit fait
r'emarquer, les hommes ontordinairement bean ..
coup de choses a apprendre en arrivant dan s ce
pays. L' Arnéricain, en entrant dans les districts
de l'Ouest, est habitué a vaincre toutes les diffi-
cultés, et sait ilispirer a: sesenfans un amour
de leur pays, fondé sur la connaissance de son
histoire et du mérite de ses institutions; il est


(1) Les deux principales chaines ,de montagnes de
l'Ecosse. -


(Note du traducteur.)
(2) Il Y a dans l' état de Vermont un établissement écos-


sais qui se trouve dans une condition tres florissante;,.et
je crois que de temps en temps quelques émigralls vitm-:
nent isolément le rejoindre.




(57 )
propre a former l'avant-garde de la civilisation;
l' étranger sera, en général, mieux placé· . atl
corps principal, 'ou il pourra recevoi:rdesle<,;ons,:
et se pénétrer de sen timens . -convet'iables a' son
nouveau carnC!erede cit~1en ti?une1t§ptíbliquéL


. .~ '.1


,~,; J:,¡:¡b i!; 1 :Jj SnUíiü~) f J9 ~ ¿UbrvIL.íi.d¡ :JI);,:
.... .' - .


,()t,' t"''lTI'n;l¡fJirntJ .'llL; ¿:)!llfllcHf (::'jl ~'!.~:HjFjBf1.l:J!
• . ,f.




( 58" J


~-'LETTR'E "XVIII.
""J' ::,,:" . ." '.


iJlrectíon"~9iihl(FaitjiétízOfe dinlricain,. -, Fon~'
"t,Jur$·· :a~~~fipu6tiqu~f' dm'éricaines. -' Eta~
'"hlissem~llJf:,-tili o ''ou~~rileWt1nt'JéiIeral. ' ",\
" 'h~ ?i.H:iR ?~J;';,-;') ,,;i',' ~·lq'i:.~ j.(. ,
'·>j,';,,'.1:; ~j9i:.)()¿, d:ú, ',í


,Whitehousc, New-Jcrser, décembre 18JO-'
~ i .


J ~ regre.tte)'~f;~~t. ~~"f~IJle~.u~ir~ct~-,
~~"fq~!DjpwMJG9Jl~t,~Ff~~~figer.1::11~~.
v:oyage .rlms le~ états 4e l'Est,m'a~~nt aiusi em ..
pechée, dep!lis quelque temls, ;p.~ ~ ,v~us écrire


ti ' , avec; .ma ponctua te, accoutumee. • • • • .. ' .


Apres ce court préambule, vous me per-
nlettrez de passer par aessus le reste de notre
tournée, et d'en venir tout de sllite au sujet
de votre lettre que j'ai en ce moment sous les




6 5'9 )
YCÚl:. Je ferni de mon nlÍeux pour répondre auX'i
questions de **** , ne prétendant pas, au snrplus,
en donner une-meilleu:re solutiáiique cenes que
d'autres peuvent avoir données avant moio-


n est devenu HSsez o:rdinaire,;;d~ng. ces, der-
nieres années ~ de traduire "la liUéfature amé-
ricaine a la barre de l'Europe, et de porter
une st:ntence contre l~espri~e~,J~\ ,~c~.~~ce <;le$
Américains. Les étr~ng~r~~~,~.plfls 1i~~r{lPx,: en
parlant d~ petit. pJ}W,h~~ A~p1¿.,~fag,((~y~ .. ,so~t ".en
vers, soil en' prose,restés' . <1a~s l~ 'iiti~rature
de ce pays, ont coutume d'att,ribuer cette di-
sette a l'état d'enfance de la société eh Amé-


,;"/' , ..' '4~~ \I'I,f
rique; d'autres, du moins Je' suis portée a le
penser, lisent cette explication sallS assigner aux.
mots leur 'juste'valeUr~ N'est-ilpas généraletnerit
r~u' en:'\Arigl~erre ~ que M.!nation américaiñé' est
dalis une sorte d'état rnitoyeri entre la barbatie
et la civilistttion? Je me souviens ,qüe lorsque je
vins. dans ce pays, jen'avais moi-metne que deS
notions tres confuses sur le peuple 'que je devais
y trouver. Quelquefois 00' m'en avaitdépeint
les habita,n.s comme une troupe de poulains sau-
vages rongeant le freill qu'on venait demettre
dans leür bouche, et s'agitant violemment pour
rompre la bride de 10j8 négligelnment exécutées,
et néanmoíns- trop strictes pour Ieur caractcre




( 60' )
ln(tomptaple; d'antres fois, on me' les avait re-
préS'entéi' C6IUm'e unérace d'ouvrjers adroits,
dtr.tUífth~Iids spécl1Jatenrs et de fermiers labo-
rieui~,:a.~ttObt ruste áSsez d'usage pour ma~her
mitj'~:It~- qtmnd ón les intertogeait , et assez
iPMstrtlctibt1 ponr'lireun journal, farre un marché,
ten'irun CdIflpte; et ráisonner phlegmatiquement
'Mttt l~btages de la liberté du commerce et d'un
~duveffl(!ftient pbpnlairé. Ces portraits me parais-
saient n'offrir 'güer~' de' ressemblance ; l'un m'a-
~alt 'l'mr ~dtf¡dfu~eHifi a un' Hollandais, et l'au-
ffiY lt'tirl kta&~/td\hiés~rt. 11 n' était pas possible
mf' ~on~óif¡ 'une; cómbinaison des deux carac-
teres ;' j'e les comparai cependant, lnais je ne
pus rien faireni de'l'un ni de I'autre.


L'llistoire' de ee petlple semblait téD10igner
qtfit était'~aT~~'~finitne et ánÍmé de resprit
de libertél ; ses institutioIlS , qu'il était éclairé; ses
10is, qu'il était ll'Uttrain; et 5a poli tique , qu'il
était pacifique' et plein' de honne foi; mais OH
me disait qu'il Ii'était rien' de tout cela. Jugez
un húlhme par ses reuvres, nous dit-on; mais
jttger nne' nation par ses ceuvres n' était pas
un adage, ét ron tn'avait appris que c'était tout-
a- fáitf ridicwe. Juger rule nation' sur les rap-
-P0l'ts 'de ses ennemis me seulblait toutefois éga ...
~ment absurde; de sor te que je roe décidai a ne




( 61 )
pas juger du tout , mais a débarquer dans le pays
sans savoir rian sur son compte, et a attendre
qu'il parIat par lui-me~e. J'ai cheJcq.é Qi1e1que-
fois a vous peindre les il~pre~s~~~~~ j!lH-~~(ai!}'~
~ues. EJIes furent de natll~e-. ~ ~JEe..;~.\WJlI'~1l4E.~
considérablement au rre'ri~r &.B?r~ '.~;W:;1M:· .~~~
guere possible que l'esprit neo soi~.·~s;'iW- p.~~
influeneé par les rapports courans ;quelque.cQn-
tradictoires qu'ils soient, et qu~lqué"'4essein 9.U'OI1
ait .. de n'y faire aueune atten.tÍQTL .' , .,
. ,1\ y a i~i: peYf4~ ~ose,'q:ffi>~B~9nJ~ \~~f~~
~e, ; la,. ~Oc~~tA .ti ~ 4~~~ ~¡~í~~BSnRttfüH~ S!rap~rs
pretent oraiI}.~r~w,~~ 'l~nR~&t~ll~~~i9&J ~
mreurs plus simples, les fortun.es plu~, égal~,
les habitudes. el les liens domestiques plus' forts,
en ~én:~ral ~¡ ~f;l~·ce ,pays, qu'on ne les trouve
en Europe, aDnonc~nt 'san~_., ,dou,te p.ne ., nation
jewle dans les raffi~emens el le luxe, eompagnons
ordinaires d'une extreme civi!isation; mais an-
noncent~ils une nation jeune en connaissances 1
S'il en était ainsi, cette circonstance parlerait peu '
en faveur des eonnaissanees.


Il est vrai qu'écrire n'est pas encore un. ~é-
I tier dans ce pays ,; peut-etre pour le pauvre est-ce


un pauvre métier partoút; et si les h.0mmes pou-
vaient faire mieux, ils voudraient rarement en faire
leur étató Quoi qti'il en soit, quantité de causes




( 62 )
oht agi jusqu'ici, etqueIque~unes ne cesseront
peut-etre' jamais d' agir, pour empecIier le génie
américain de 'sé'tbontrerdans d~souvrages d'ima-
ginattonou.,·'de; grands'travaux 'littéraires. Au
reste, iI faut se souveriit que ce pays ne 'compte pas
encore un demi-siecle d'existence. A.'¡jeine si l'on
a vu passer la génération dont toutes les facultés
furent absorhées par une lutte pour l'existence
llationale. A 'la guerre pénible de la révolution
succéderent' les"í(;ravahx de l'étahlissement du
gouvernem:ent'éenlfrtiát';'et de la 'réorganisation des
divers états; et iI n~ faut pas perdre de vue qu'en
Amérique, JIQcr guerre"'nr·1alégislation ne sont
l'affaire d'une certaine portian de cÍtoyens, mais
ceHe de toute la société. Elles ~ccupent toutes
les tetes et tous les creurs; réclament toute
l' énergie " et ahsorbéh't it\}Ut .1é'géIH~;de la. 'na-
bon. "/' < '


L' étahlissement du' goilvernement" fédéraI ne
fut pas l'oouvre d'un jour; meme apres qu'on
l'eut con~u et adopté, on eut a combattre milIe
opinions qui se contrariaient. La guerre de plume
succéda a celle d' épée, el le choc des partis po-
litiques a celui des armées. La lutte continua
pendant tout le cours -de l'administration sur-
nommée fédérale. A pres l' ~lection de M. J efferson
a la présidence, elle se ranima pour un lnOmellt




( 63 )
3vec un redouLlement de violence; et quoique
ce ne fut plus que l'agitation d'une flamme sur
le point de s'éteindre, elle excita l'attention du
peuple, et continua jusqu'a l'instant ou éclata la
secollde guerre, qui contrihua a rallier, les partis ,
et dont l'issue consolida l'indépendance natio-
nale, et cimenta l'union entre tOU8 les .citoyens.
Il n'y a par conséquent guere que quatre ans que
l'esprit public est en repos; et ce n'est que ,depuis
eette époque que les Etats-Unis peuvent se flatter
de jouir d'une existen ce natio~ale entierement
reconnue. ,.


Ce fut la derniere guerre",J~~i,peu .rftJla~q.uée .
en Europe, mais si importante pour l'Amé-
rique, qui rnarqua définitivement le caractere
du peuple de ce pays, et l'éleva a la place qu'il
occupe maintenant parmi les nations du monde. J
Me trompé-je, en pensant que les Européens.~
et je parle des plus instruits, n'ont jusqu'a pré-
sent apporté que peu d'attention a l'histoire des
Etats - Unis? Lorsque ces états se trouverent
engagés dans la lutte' révol utionnaire" ils exci-
terent une sympathie passagere: le sort de I'hu ..
manité dépendait de ce combat; c'étaient la
tyrannie et ses légions aguerries opposées aux
cohortes sacré~s, mais sans expérience, des en-
fans de la liberté; et les patriotes de tous .19S




( 64 )
dimats sentaient .que l'isStle de ce gr~nd conflit
de\raÍlt¡ ~errdus 'fu.t1Ires: destiBtJes du mbnd~.
La ~~!tm8¡foie 'gagnée ,ceueiJl8tion jeune ~
loiiltaiae,aeiubla¡ :~. ,dansl'oubli; la tem. ...
peteis'.éIá'it 'lwée~'&aope, ettoutes les t8tes
pÉinsaut$,fle.eette 'partie~u ··BWnde· ·étaient
'o~a¡ mettre dans la: OO1«noo létat· cantre
état, .. entpire'contre . empire·, ou' t)Tm contre
tyl%U}) -fbtpdis. que , l~ A~riqúe, éloignée 'da f'tu-
lttlfllw,' ~littAe8Jph\ies:, et)ireméttfti;t: ·teut en.
otdre'·(f}¡eW':.....tótr:.fesJJp~e8J:1 tl'E.~e
eurellt; pt'$\1W! ¡ooMi' ~. ejt~~ce,' el: 'l~s-goU'­
'V~lbétnétuti,",f Itfe jM,,~i~I1tj~Wlé';; 'de" :telhps
efi.1i te~, qué" ~~\tui ;.- dirEJ : qt1"ell~ fufl1l'éri,,-
taÍt pas qu'on la r{Jspectat'. On' pill~l" ses navires
sur les lftenF-et'On: ~~ ,in&nlta1 ¡IDlMi : les' :péJ"tls. ,
qu'-en ~:~ ~ar:lA!rrwer)_{fMl~~~ ~
;tMIitt.ittí~,lWiáís~gfi ¡t~ ~qü~í d1Jnef; iftdignée
de ces lOtitragCS" ;1 {!lle-' ,'éW' enfilit t}er; gMtt &ux· ~p­
pres~éu~, et~I'df1i8'élf.iét6ti\iKi~;':W) Wlinistere 'qui
avait provóqné <:éfte' ~Uerétfe~; ~irá' négligemnlen t
utr 'Jriillion ~tté'¡gnítláes 'de'Satt~orerie, expé~
diaq~lqú.es: 'détftChemells de' ses' flottes ··et :~ de
ses at>mées, et ;sPasSit tranqnillement, cómptant
que teS' republiques américain~s allaient «re de
nouveau tmnsformées encolonies anglaises. Quel ...
(lueS politiqtl~ plus généreux 'jeterent de temps




(65 ) ,
en temps Ull:cOllp-d'reil a travers_l'OCéan, cu-
l'ieuxdevoir,coInlllen~ uuejepne nauon, quiavait
déja montré la .vigueur: d~Hercule au"bcrceau, lut-
terait encore une fois contre la force ,d'un grand
empire dans toute sa matw:ité set pellt-etre ne fu-
rent-ils guere moins surpris que le cé\llinet de Saint-
James, quapd ils virent l'issuede. ce grand combato


Si ****,veut'étudier~l'histQi~e.p.e ce pays, il la
trouvera ple~ne, p'e ~ch08eBt', L'Amérique . ne s' en-
dormit pa~:; t\u~apt, ~es., ~r.ente années ou l'Eu-
rope ,ravai~~~it} ~ §lMg\}P!f!Jp.Y~ activité
a perfectio~~f~OAt~~~, ,oij.~<JJ~' a f()r-
mer et el épro~ve\'n des: s.y~~S,r<J.e ,gouverne~
men t, a déraciner des préjugJs, ~ vaincre des
ennemis inté~'ieurs,. a rempJir ses coffres, a payel'
ses dettes, a ~~~r, ,~,~lois~ ~ ~ s~· rendre digne
de jouir de. la liberté· qu' ~lle~vait achetée al~
prix de son .. s~g, . a fonder. des écoles , et el
faciliter la propagation des lumieres; on ne la
vit pas lnoin~appliquée, afaire revivre son com-
nlerce, a défricher. désert apres désert, a ouvrir
de nouvelles voies a sa navigation intérieure,
a accroitre une population d'hommes faits pour,
jouir de leurs dl'oits et de leurs libertés, et
sachant respecter les institutiol1s adoptées d'apres
le vreu de leur patrie ; tels furent les travaux
de I'Amérique. Elle présente partout les reuvres


2. 5




, ( ,66 )
(le sop.:gé~~,: eJ nous ne devons pas; les 'aHer
cl~er~1im-(,4~ult);, il~s voluqleB. entassés· sur' les
J~yQn& . (l~"n~i~lHbliotheque. Touté Ba scienceest
.1llise . ~n·.actiM.i elle se montre' '($06.: ses insti-
tutions el dans ses .Iros; daos son, séaat, 'dans
son cahinet,. et"meme jusque sur •. les,~mparts
de ses .cités tl~.surles pÓnls de ses vaisseatlx.
Voyez cei'lJ,l'a:ri'Ji\: .1'Atntwiq1:ile, et ce qu'el~, est;
comptez . ~~faQl1ée~:~~fr '}lQrtez: un jugement sur


, son g~We •. ~~$iP@nt~et\líl~~ pulnt d!ib~nieux
.théoriG~WMd::~&fd@s jhomm~"dfétat,versés dans
J;l. pra~~e,?~klgotl~er~elll~t.;~¡ soldats n' on t
p~s été· C0J;lq~r~ns, mais' 'pat1'iotes;, ses philo-
sophes ne son! pas des raisonlleurs bahiles, mais
de sages législat~ars! J:.:..eur~)i~,fat-et:e.st .encore
l'qniqu~f~WI\'~ Itmmefti:wl;s JJroUkttrles ~ :et
WJlsI~br-assoD't.¡dévoués-a.son·.service. Tels sont
les hommes puhlics américains : le·lll()nde ne reten-
tit pas du hruitde leurs exploits, et la renommée
ne proclame poiQtleurs.scientifiques travaux; mais
leurpatrie re.cueille les fruits de leur 'sagesse, et
sent toutcequ'elle doit a leur bravoure, et tout
ce qu'elle en peut attendre.'C'est dan s la puissance,
la prospérité, l'esprit pa~ifique, le hon gouver-
nenlent et la sage administration de ce pays
que nous devons découvrir· et admirer )a force
et le géuie de ses habitaus.·




( 67 )
;En Europe, on est porté a juger du degré
~dtinstruction d'un peuple, par le nombre plus
()u moins grand de ses littérateurs;-mais, melue
dans votre hémisphere, c'est peut~treune ma-
niere de juger peu équitable. PerSOIine ne -C(mtes-
tera que ,la France ait fait'~de -gran.dsprogres
-~8·1es sciences depuis la révolutioo; -et eepen-
~ant":sa réputatiol\.littéfart-e" est< r~tee'-$tatíon­
,;naire~,duy¡aJlteetteél>oque, Ji'.tJ~"'r'áisoji ',Cft est
.. .t¡rU~.ire ~': ~le,:: génie:aéj~&i lighitIíBS~¡ípa5Sá~''du
;4'ah~~.~~ le ~ífto. 8~ltre~1!chWtWp)!(}eJta-


i ¡táille:j ~;.G 00ft;®tmsnM1%~§opo~sS~t8ht
ai dOUp métadm'rphúsés;'~n~ wMittw~~JeW~6Iiíh­
ques; ses pacifiques n.oro m eS> de' 'leUres :devhi-
rent d'-actifS 'ci.toyéQS ,: qui se firetitcón'nattre par
lemsw~(ll5U ¿~liLleQ\fSlI ~;;aú-lieif de
tragédies;tde sonnets et 'de trait-és'-de philo~'Óphi~ ,
ils-fahriqufJrent des, lois,ou·; ~ganiseren t"des
années';;, it~ .res~ant aux'tyrans,'Ouidennrent
,leursviotimesf 00 bien ils deviui'ent tyrans'cu'x-
"memes. Lorsqu'une· nationest- engagéedans 1Ihe
·guerre politique, , il n'est guere prohable' qn'elle
soit"Visitée par les Muses. Ce SOJilt des ;.faináantes
quiaiment le repos et qui chantent sous·l'oJI?-
hrage; elles ne viennent sur le' champ de ha-
taille que long-temps apres que le carnage a cessé;
et avant qn'elles necélebrent les exploits· des


5 ..




(6'8 )
lTIorlS; la nióusse a couvert leurs :tombeaux. La
hataille'est' terlninée- en Amériqne, mais rien de


_ phls, et' il y" a -'peut~tre lieu de penser que son
gotlvernemerlFaura tOl1jours quelquechose de trop
hrhyallt 'P()tll~' Jes timides filles de ,Mnémosine.
Id, un jimnehbittme qui se sertt "du :mérite¡/et
quidésire -Se distinguer, voit 'une ·large- car.nitu-6
ouvette-'devanllúl; les plus hauts emplois de,la
répttbliq~'¡séíh~imt'¡:umt~ '-son-,ambiti0n",.,~t
lé'pfertfU!pqs.i~(AI~Hson I'Jt!(EUll ,ast ,:,~'et1ie
HoirtHHH<d'~taf~Cf~ m.dr~.bde1tq\i~J-assure 3U
p'J.od~~il!~r~r\lWeJlrSf,; ~t stlmule J'-énergie
ef]'r:lifelligérlc~tti~ira)i rfatibn"entiere; :mais il en
résulte qtle :t()W3~S talen&' Solilt appliqués: a J~af­
fáil~e tUl jotir1;;;'et tei)(t~\1;f.)-plutooallhOOQr«Jrt-~
paU.¡iP l<1ii~A .~~I\t;elllhfs ilDdiNi.d\lsJ ~~~1ér'
rídains':~I~M\hUs';;l~Ii, Etirppe ¡comrh~· Qfttewrs "ont
é:té i ':(lItis! ebrlllus' !d9'ti~!'lletuf ~payAJ~~Amme .. ci-


< t()yért~f aistingtiés~j~ 'mQHméDhhir8,' neme l.four-
nit· pa.s;tí?outhl~·"cntdlMnti~ pJwj Pte!:deUX, :excep~
tioos} a ce"tte" regle';( 1:). ,;~es)(ha>hile&¡· ,éprivains
politiques de la révolution et de l'époque suivante,
étaient: ¡' -tO\\8 ,- des militaires ou des hommes


( 1) Brown~-: ~uteur de plusieut~ 'ronians tres connus :
Artlml' ' Meryyn, Wieland, etc;; et M. Washington
Irvine. Quul1l1 ce llernicr quitta sol1 pays pOUl' venir en




( 69 )
d'état, qui dél'oLaient avec pCUIC aux devoiriJ
des emplois que la patrie lelll' -avait ,confiés,
un moment pour' éclairel' leurs .concitQyens; ~\U;
des objets d'une _ gránde importauce nationale.
Barlow, connu en Angleterre, comme .. aute~u'
de la Colom,biade ,. était lID diplo~ate et un
hon ,écrivain politiqueo Levén~l'ahle Dwight fut
!:fonoré ici, 'Ron comme auoour de la COl~q..uéte
ele ~Cana6tJJ ,. mais· cOlllme- ht;; p.t;9~<?teu~ _ ,d~s
sciellces,; . l'ins tructeur , :zélé.,deda,,: jeu~~~$~" et
e4m\me··i tth ci(!s!'crivain~\:Jesífp~~~PQIHH~ir~s ~t,
les p\u~:é~i4p:1(~hd~n~ W0P!1-!;j~,) PRur~~l~'
e~l~~irll~ ctit~~~I_qWi,"~ ~ft~~~OP.~1~~1'
Vlvans ·dónt: :lest gr.allds¡.¡ t~I~S:l}Q~ ~~~ I ~FEr~Pr~
dans les· divers- cahillets -de l'EnX:Qpe" etqui.l.es
déploient ioi dQn$H tou,.t¡es J~s brallcll,es du gou-
vei"IÍerlieh t~Jthrw¡ ,6lIddn~}mJJl;f!SH~ . ,pliofessions
libél'ales. :Ces ·homUleB' q-ui;~. dflns:,:p';~~~~es PAY,t? "
cussent 'augm~nti las-;;richesses,:d~ -la littératu,re
natitmale ,.'travaitl-.e1l\' iG~a accfoll,.te la _prospérité
publiqllle ::éloqueDs dans, .Ja"sénat;, sages d~~lS
le . cabinet, ils occupellt les plus hauts enlplois


Europe, il était trop jeune pour etre confin autrement
que comme auteur. Son charmant ouvrage intitulé Tlle
SJ:etck-BQok ~ .est également admiré eles deux cótés de
},' A tlan tiq ue. _,




( 7° )
\ de larepribliqne,i et'sont 'rétompensés de léurs:'


constarls ei'/pénibles 'trav'aUi, 'par l'estime de
leurs c6IWit'óyen~;et le" spectá-de de la puis-
san'ce :~6issatit~ de leur patrie.;"
:A~cun~>:lliiiíbnpeu.t~tre n'a jamais produit,'
daii~f'le 'mcrrie eSpaee'de temps, pluS de' grands


, patnüiest:uét ',iffidriünes d'étafhábiles,:qttff' leí
natióri ,améribainéi.i Quels furent~cétix qüi foW..L '
derétitl·~est%pttDliqd~ ,1 ce:. ; rféta'iettt' ni" ~'déS-·~
hHg.iluIW'llii6¿'¡llta~ils;} . 'eb~ qt.~'*"
Uii~1H~ l.~~jfbWrda\1Q dñ'Hist~1ias j\fJtMM~tit!i~'
fa:W~P,ctnWt- ~91~dleCt~ut~; 2~WJ}~s(enoyen~
lésH·pl~ sftIg~~:l}¡'}i t&s¿l~age)~ij~lt1&'i·ttlli : én;';·í
st~'al6PS s&tJ'lé ¡ gItibe~' ub· Rltídat~tftl· fle'la' ViP.,¡,'
ginie (i )! éf¿i'f ''nn 1héros 'angláí!r digne1 de; nguter'¡
dáhs liti: ttWnaltt~~tde'uetíéftléfm ~'ratitl pTéWtv:'qtW'
coumt- apl es l'honneui, pal le niOnde, el v int
enfm',/íaniiIJé d fUD!(flUt"lDmoUr ~U8; lallirb~q,et
d"rtn' iar8etit-1 ;e~Y'd' étif.OOiiI~efU u~ ~~ r
lónl~ ¡~tí'h~' J~~itéS~tt~)~m~tr8áffl~ ~E&'rJ~d1r~W~j
d\(tMa~,r't~~~t~rl"¡~:'ftl' 1~~df 3Ir:)'~'J~~aj'~s3:Jet1!a~\ ,j~ bi2
, " '" y, "~,o ~'>~~- ,'. ,,:q. ... , ~ d. '''r' - .P"


,-,1,.,,, .Ve,."").'''''''''' , •. í~,( .. L ,.I,,,,.J?H¡e,,f),I~)!lJ\~\},f. .. J ~, :.. - - - ,--
. y J ¡ ~, r_ ,


'( 1 )'Le:dtpitaine JoÍl'nSmith.'- '."';' ,,3r: ,i,'!:. Illr Í""l,,;,,:f~'.,
'(2) Getftg~sj,ét: tJéciIeCalvert',; 'leS I6rtIiJ ',Balt~dlÍOTe el


Léonard C'alve~t ,'fr~i'es de Cécile. eette:Í\lmiUédistinguée
était attacheea l"église de Rome. Ta~dis que~t6utes les na';'
tions européennes et les autres colonies amérj.caines se




(7 1 )
laqtr.qpes quipl~aie.nt la liberté de conscience
au ... dessus des ,priviléges de l~ . naissance etdes
jouissances du luxe;. d~ nohle~anglais dont
l' origine était la moindre de leurs distinc-
tioQs, quipr6cber~nt l'égalité religieus~ dans
UQ :;;iec]e ... (Hl. elle était ineono.ue, et ouvl~ireIlt
l:lJl asile ,sur .ce. continen~ loi!l!ain ,auxpersé-:
cu~s .d~ toutes les, ~ctes ',et <;lCto9S. les pays •.
~J~o\lvelle ... Anglet~rre fut fpml~~¡Mr l~$ Hamp~'
d~~.I~ .. l~ Grande-BretagJ;l,~·," 'ijqi:Lvii1re~t .. ,jQ\:li\· .•
~ 1t.i)~~',~ ~~~y~l'~~~j Q~~~!WMterie, ~r9-}b
~,~ ,~~ ~§t\'!Y~s ~"~!J~~lh~(l-i Jl~:-~s~~~,t
v~i~s' iA~G~írMa~~iIs?I~i~ 919. %I.fflll~i~
supporter ~plptó.t rqu~ q~ S{t:!~l~P~ ~f!%'1"
prices, de. la tyranrúe eta}il j~ri~dictio:p. c;l~~ ..
h~érar~e~~; P~f!l1~ ~~.s~ trouvaie~tdes. homule~·,


quereUnient le,. utiftS ;~Sdlutres ;plur;.vts- Qpilli{)p.s 1;héo"" '
logiqu~J'.~'.~tJWl~<w~.~é).itl. pr~jWlait .Ja.dQCtri.lle ~.
non.d.E; la.~oJ~r~ll:~, :r9Ai.s~d.~·1'ég3~té feljs~~~se,Les puritains,
5OU~ le rCgn~ de ~r()m~ell, .tl'Oukler~n! d'abord Ia,pai~'
dé la-col~nie náisS'~~t~ e d U J.\l~ry lana; 'mais ce De fútqú'apres'
la··révolutioD.ftBglaÍSti que ses- institutions sages et.philaD-.
uopi'lues fureD! abolies .par un .décret ~oy~. vuill<\,ume ~II
anéal\~(totalell1eut la suprématie du catholicisme en.Am-
glet6l"m.~:~t :établit la ~uprématie .dupr{)tesbllltisme en
lrlallde et~ns-1e Maryland : 1688 De fut -une lieureusc'
auuéC aue P9Ur ,uuaportioa. de l'empire britauruque.




( 72 ).
qui,····par"·t~tir;rsavbir'··et 'lettrs' 'opinions'vd~van­
«;aient·}éti1únst&~é~; IJévénerable 'Roger:' ,wn;;J
liams ,'dété,:!setir·;' z·élé ' de'la 'liberté religieiis~: ,e:
córtÍíl'Íe; dé<ta '~liberté' . tivile; proclama d/es prin .. ;
cipés: atix~u~lsl'adhét~erent plús táTd' Milton et
Loble (I).t>gIethorpe, fondateur de: la Géorgie,~
reuhissáit' tes ··qua'lités· de militaire:, de' ·tégisla~
teur; d'homirie'~ d'éfat . et de phila1'ltrópe. D~ils
sa jeunesse,il·apprit l'artde la guerre sous le
pl'~~·~~~ll,~:.;rWq.~r; t~~d;" jl,: ~~fen§ib. )f~~,n~)~
parl~IIl®~¡lH:i",ª~~~J ~fill~é;~w(~f!.~'r~trie 'et .
les, ldl'bitsr ~ Jlltmruwit~.2:"ll~Ñ~ fl~" Gbef~ 'de; eette·
trotip& g1M"'e'fj~ff)i¡iii'J ?f;(jUch:t!tJ~ des, :mi~e,.e8 . hu ..
.¡fuliiiég~ ¡clrial1~il¡'dliércher' Un' remede daizs les
horreurs d~une sQmbreprison.(2Y


. ) ~ ; , " . . . . - ¡ ..--=-~.' ... ~; :.i:. (: ~ , . I •


. :'~;<,¡r~" .'¡,.¡.í.I"'il.~,J 1.!".Ibfl:JHffflq·j ',. 1,,"
, . (t), U1l6~lIJ~~ ~tJ¡~J,,8~}~~";dfl.,R»Qd~-l&ljlJld


etm \CW~\t1!U~! p;r::~~~tf.e; ~.la¡ ¡Caz;~l~ o par Lockc, nOU3
porterait.a.iug~f ~q.ue,&g~/.\;W.u~\a~.~~~"rM plpshabile
légi~~teul'1 que.sQ9 i1,lll~t~fl 4i$q~rlll: ""LÍ"""
c.;¡(~) ~t~citél,\Ínu¡~sbtit;~:q~,Saj~AAs.,de Tho;mson, et
fait, allusion,a., la. \~c~J4-,dc p~ilfl.»'''op~s t'p,rgc:w.isée, par
Ogle.thorpe poUf 'Yisiter l~s p:risons .aI,lglaises, et s'ooc:upel1
des moyens propres a améliorer le sort des détenu~ q est
en imitant ce noble. exemple ,que. Howard s' acquit une si
juste célé~ité,!lon-seulement en Angleterre, ma;,s encore
dans toute l'Europe. , (Note du t!,q,ducteur J
Da~s la quarante-cinquieme anné,? de son age, le généra.l




( 73 )
'"l.f;lllensylvanieporte le nomdu:sag~q~ilafon~;
Eb~omme, iln'est auenne de ees,co).Qllie~qui.n'ait
été fondée par des hommes.,libr:~s 'i~t" comptés
pan;i les sages de ]eur génératio~.;~es; révolll-
tions politiques de l' Angleterre, eoqti.~\l,~I;'ent A'y
jeter quantité de ses meilleurs;.e.t ,de', ses ,.,pln\
hravescitoyens,et, meme heaucoupde p~r~Qnn~S,;
d'une naissance distinguée',et~d~ mrew:s raffiné~s"':.


Ógl~t\iorpe se '~H tli' tMe d'urie' n6~hH.eu~b; i'rdtt~ed1nd'i'~
vhlÚ'sMklb-Ái1é~lp~~ 'ííffÓH:~Íle¡, el! f?'~arq\ili l¡Milf.ilxAb1~u:
rique; Atke~avh1rttIa.fi sije~Ia, ~al\tlde!l>r~
mierSmQlÍi~'~e&~\~~(\\Wfts ¡~e~,~~~,~ ~~~~
d' ennemisextér~eurs, il,re,tqurlla. ~n,A;~t~,I~~~~~~ ~
suerre de la révolution ~clata, on lui offrj,t Ie . .colnlP:~~de\
llicnt de l'armée anglaise, comme au plus~~cien officÍer g¿-
néraI. «Yentrepreildrai I'expédition san s un vaisseau de
gue~rb ét sánslun~solaát/tépbtta¡t'le 'vim\ii'!g¡t.errIeP '8.11 minis-
tre, pOUrl"ll que vous m?autorisiez iiprortIm~' ai:it \~óloh8;
en arrivant parini~ux, qitevous leur r4ndteziá8tice~ »La. i
Géorgie se montra anidiw' d~ Pésptit tle"'son'fondateur,
la pOigllée de pattiotesqtlelle put mettre' sous les armes
( sa popnlation ü?alIait pas a cinqtlante'milleames)' se
jpignit a ceux des autres colonies, et déploya te drapeátt
de l'indépendance. Le vénérable Oglethorpe -vit la colome
qu'il avait fondée, érigée en république lihre;'ilvitl'in-
(lépendance de l' Amérique reconnue, et mourut a' r age de
quatre-vingt-seize ans.


~.¡:~,;~".


~




( 74)
La révocation· de I'édit·, de' Nantes y fiFpáiJSer
aussi qU6Iques:"11.fis· des plus éclilirés et des pluSl
vertueu1C' :6tifans··· de la Franee," et de semblahlés
édits heaUooup des· plus nobles enfans' de l'If~:';
lande: éeS éxilés enfanb~rent les héros- de la ré-
volutiolt. Jusqu'aü commeneement de;laqUe~lle
qni éleva . J' Aínéríque' au rang de nlátibn~(lüd&.,
pendante, qUántitédefattlillesdesplusdisting~d!
de i' Angleterre véD'altntnxerleurs péft:at~fldi$4e.t·
Nouv éa\1"'Mtílit1fl;Isbit ~ guldées ,:-p~r utt"ésprit·!\fa:L,;
velltdre,;,suitJáltGáe&pii:la ¡l5éá'átó ~uai \~tíÍe('
~f~~ i!Mw~~~.~l\li1i~~,íOn\11t1
eDf~· «mm j}lfltef-rÜS'ent®t . dé·i la> Iilobl~i nialaÓl~ ;.:
de 'ail'~xr aHlltidótinér leSl h61'1l1ebrs1 ' nppartenant'
a un ha'ron de son pays natal, pout la libert~·'
et la simplicite des; citoyen.~F ,,:de': :J':A:mé#iqtk ~
mettl'e de'cQté;$0"L'!ittéii~f%'~eff ~lliie;'t' i
ou .. il.,déplo~a unamagnificencepatriarchale ;SOU~ .
leuir dans sa vieillesse la.c~~e, dela . .libe.rlé, et
se. glormerdc8' .dignitésmodestes. et lihrement,
conférées d'une jeune république, au lieu des
titres: orgueilleuxd'une autique aristocratie (1) .. -


}, " ~ '. i' ¡ . r


• , •. 1 i ~


(1) On trouve dans l'ouvrage de W ood ,\l1ti~ll\~!&otch
Peeraga (la.patrie écOSSili&e), une COllJ'te., mai5¡ intéressan\e
llotice sur Thomas, sixieme lord Fairfax. Le représentant .
actueI de cette nol>le maisou' préferc égalcment le rans de"




( 75 )
Tandis que le séjour de l' Amérique était rc-


cheJ'ché de la sorte par des hOIDmcs, éclairés,
les. ~discours parlementaires et, les 'pamphlets de
cette époque montrent combien la nation an-
glaise connaissait peu le caractereet la conditiQn
des colons. Parce que le gouvernement avait jugé
apropos, a une époque , de faire. de l~ Virginie un~
Bot~yrBay {I}, .insulte qui ne cootrihua pas. peu
a4~~el'-~tte colonie ala révolt~,,1a¡patr~ da:
Frª~M~ tcW~~bipgt9J:l,.Patrj~T~fj;J4erS9P,"
Sq\lp,¡ _~maw f.Gt~, ~~lJ,:Qj~p~p",~aQ .. ; .¡
l'~Wf1bi~,~~~"m&f'j
~1MttflV~~ "MI.lª~·j~.EtJltMJm~~~'
lita¡Ífl1s1QrAltaurs,i philoSClpheu~t:h~~Rdj.s.rt .
tiugués, fut considérée comme un repaire,de-tilous
et d?q()Blmas grossiera·.et méprisables. J amais une
révol\lt~on naticma).e,' ne· fut<4~P;Wt~· par de plus,


citóyeriamericain a celui de noble anglais. Il' pourrait
yavoir dans catte ioonduite plus de cálcul que de philo-'
sopbie; car , .. apres' t~t, c'estpPéf~reU un sceptre. a une '
C(lUronn~, ~e,pa~"Le ;citOoyen américam ":a J)ai,:d~ $\l~
périeur, et il appartient a une raee de souverains~ le ba-
rOne\lfopéen abeaucoup de supérieurs, et il fait pártie
d' utle t-ace de sujets. -


(1 )'bieu de déportation, situé dans la Nodvelle-Hol-
lande ..


(Note d", trf!4ucteul'.)


ir"~




/ ( 76" )
grands homme~, des hotn,mes plus géuéreux,.,
plus' devoués, et plus profon4ément sages : c~s,'
:Qommes,de, ,plus, ,ne s'étaient pas placés d'eux-
nlt~mes , ou n'avaient pas été portés par lehasard,


, au\iOlon4n:vaisseaude l'état; ils furent appelés,
par ,les'" suffrages libres de' l€urs .couéitoyens, a,
occuper' les' divers postes les plus ,cqnvena:ble&, a,
lem génieet el lenr caracti~re. Le peuple se mOTltr~~
aussi intelligent ,'!ue' ses, serviteurs hahile~;., ce
n'était " páSJ.J.Q\e m~ltitJld~ :ignopan te ~.poU$~~;. p,a~.
qu.elques .~ bl-il t~J.Ulil (.~19f1U6M'í i>\L, tpaelq~$} 71lér.os,
génél'etat,.;1i *' ~1ÑHia _U~~q~I~. ~~; ~portée;..
c~t1bit>~lIuh so~ :!hi~ orrganisáe~un, as~mhlage
d'liOmtne.f'nktI'Ditsieta-llim~-,de.¡ l'amour de 1a\
liberté, mais surt.;>ut COllnaissallt leurs devoirs de-
citoY€l1s ",et"lq:, ,n<ltur..erl a~il, qu#: lal·wt"d,',l,llh
~UYin,{ub6EJ»loiml-!udl 8h tucHfnod ~II J,~I ;.; :;, "
:)G{'mm.ei~ú :l~éta~,d' Amériqlle .avaicut


pour laplupalit'été¡ ~égis¡,pa~1 de~ ,ao~titutioIls
aussiessel1tie llena~n tdéIUOJlrfl~~qpes.~que ,ceHes_
d' au jourd'hui;l.tbutéJai -Q,\fféteQC6! (lQJlsjste en ce
qu'elles étaient~engagées.idan8l:des!,íluttes conti'!'""
nuelles pour;défendre ceseonstltu,tions. Dana leur
enfance , on ne prévit guere leurs destinées fu-
tures; les patentes accordées sans attention aux
prenlÍers colon s de la Nouvelle-Anglel~rre ~om­
prcnaicnt des droits au.:\quels les-monarql1es ab-




, .( 77 )
soltlSqtli les'signere-nt u'avilient jall13is songé ;
mals' ¡ls se repentirent tres prOlnptement de cette
iUádvertance. " ',;


L'histoire coloniale de l' AmériquesufÍirait seule
pourmarquet le caractere des Stuarts:: non con""
tertsde:torturer les consciences et·d'outrager les:
droitsdu peuple anglais dans son He, nous les·
voyons poursuivre jusque dalls:les:déserts. ·du·
Nouveau-Monde, les patriotes' qüe'Mur.·tyrannle¡
a:Wit ¡ foretis'·.' s"'~patriel',i·comm.eíis?ils ;-en$~nt
r~olfii'épi'fl~fiJ~-Jnnt8 liiwWtfe ~ 1t~hiteltúm~"
l~shtfJ.e@1ÜUJJglij~j.1Qno.idt ~é8 deHsdild~~ .
en 'voyant1les ;ac1fes"éórttrádiút()ii-vs~eLharlm(lr!~
insonciant libertin-et tyrnn rapace',si',ces .actes'
concernaient d~S/ oh~ts llloins importan s 'que ,les
droits et le bonheur de l'huItUdlÍté.duet 'Cl1Faut
gaté' du pouvoir" signa:; négli~nt·les,;; plus
belles· chartes quí jamais, aient .. étéi.octroyéespar
un roia; son' ~ pehple' ,;. ét ensuité; -,déclara . une
guerre éternene;a:laipoignée.;¡d~homnles. lim~~
et .relégués dansun autre IDonde,qui v:owaieut
lesool1server (t). La lutte opiniatre dans laqüelle


(1) Le présent d'un anneau curieux falt par Wínthrop,
le fomlateur éclairé de la colonie de Massachussets, oMint, .
c.lit-on , la signature royale a la charte démocratique tiu
Counecticut.




('78 )
lés jeunes'oolooies se ttouverent sans cesse -. en·
gagées avee -les -monarques qui -se succéderent -et
avec les~diverses administratio~s (1) de la mere-
patrie'~'oúVTit resprit de léurs haliitans. Quelque-
fois'leurs <chartes furent--wrogéespar la,·,force;
maÍs jamaiselles -ne céderent ,d' eUes-menWs 4ine
fraction -deltin:trliherté ,ni 'OD ne;}elir enlléroba
1'ioo' a laur mSlÍ '; elles- cornhattirent etverseren t


, laur salig 'pffurítiháqUe dmitqui'leur- futenle\re :
fmfUl'ir· :diJtJdfTitk:tln jt1$wutY~:wJ~lplUJ6t'f"1 Ud!c~ 'la
j~Ul'p~p~Jtidléviltt de ~~ heuieGltr:8évise fles
'Améritf~~ ~9tWJ~ ~eftet :fi~s~entj -"ilséptr. en
adóptet;¡thié \p1us¡'~apable d~fle~" rendre fnvin ..
cibles~ .
. _. Ce qu?il :-y a '~e '-p}~g ',~~íWf ~~tlnüratioW~éh\ns
l'histoi-M' ~~')l\t\n~~b ~f Iffbñ~tfirrerlt
-l'éSptit'~éiti}J~I .. if\]tñt df t'6tij'6iáfs ~aWi~ ~le~~ttpIe
~e ce-paysjlllt\m:elIDdre l1ne~&ntilfissaWce~aHaite
de la séien'Ce dtl ~u.Vernewt~f ¡,;~1~ 'enípeché cet
esprit de seidétrttitéi lui~~ Lesstlg~qui pose-
rent les fondemens de b grandeuf. future des Etªts-
U nis, possédaient a la fois la tierté d'h9n1mes


( 1) Le'ledeur se rappelle s.ans élbute 'qu1im' parlant de
l' Angleterre ce mot, est synonymed,e min,is't?re.


>o.b·1 (Not, du traducteur,)




(79 )
libl'~set les ~ connaissances_ el' AngIais libres. En
. Latissant Ieur édifice, ils connaissaient les moyens
de le rendre solide; en conservant intacts les
droits de chaque! inwvidu , ils surentJ'empecher
deporter atteinte a ceux de, son prochain; ils ap-
l?orterent avec eUK l'expérience de la nation la
mian. gouvernée qui existat alors; et ayant été
per~~ellement. victimes des ·erreurs ,inhérentes
";c,,t,t~constitution qui les. ~vait¡édairés 1 mais
na.\~~\~~ait p~~égés que partiell~m~nt,ils surent
~ qq'i\ \f«\ll~ !Jmt ~Í\*~ q\~ ml·lim.i~et\: ~~" les
ql~S 'lu'il~ ~~j~n\_~l~c ~~Ullje~ #H\~~Kb_tW)S
un mondenouv.ea~et, lointai~{Af~la~~~pPl~­
sédé des le principe des institutions lihérales, ou
plutot ayant été CRll~~nu~m~nt Qc~upéesa se
lesFI'pcu,ref1:t\u ~J.es; dé"e;K~~.s rC~~ni~i ~ºgIQ­
américaines se trouv,erent' parf<YWU1ept prapl'es.a
prendre le, role .d'états indépendans. CeUe dé-
marche ressemblaitheaucoup moins a Wle expé-
.flence, que leursennemis ne le supposaient (1).


(i) M. Burke, qui para!t avoir possédé une connaissance
plus-exacte des institutions et du caractere descolons qu':iU-
cun autre homme d'état anglais, insista heaucoup sUl'la
"forme de leurs assenlb~ées législatives , lorsqu.'Ü indiqua ~es
conséquences q~idevaient , selon toute probabilité , resulter
des actes oppresstt's ~llu' parlement, t( IJcurs gouverne-


o:




.~~" ¡di!., ,~\ orateur., sont ,opulaives,aiin 'mut' d~~é;
que~ues:-}t\'l~,: ¡sont .p,urement ~ ¡P9PU'\air.fs ;, :<lans\ ' mu.s', la
branch~¡ P'?v~~~i!e: de la ~'el}résen~<!-tiQn eS,t; 1'1-;, ;rJ.ut: furtc ;
et ceUe 'part que prenel le peuple au~. a~t~. ordinaires
de son gouvérnement, ne peut manqué~, d~' itii 'inspirer


. 'j J ~. , ¡. "
des sentimens'élevés, et une forte averSIÓn pour tout· ce
qui tend a le dépouiller de· sa principále importance; >t




( 81 )
posséder toutes ces qua1ités, la. cJlose n'aurait
!pii~";til6ihs' lieu' de surprendre qu'e~le ne serait
li'tiffiiljánte; Enportant Un I:egard s,ur l'his-
'tri,iré civile de 'ces républiqu~'i depuis ,l'éta-
)hlissemen~ de leur indépendance, ne, troqvo;o.s-
.~9Iis anenne traée de leur carac,te~e ,Erimiti(?
. Quarii . nous : n' examinerions . 'qite . IE!s' institu-
'#onsnatlonale~, les . ~~is !d?uc~s,. ,~~ 5wpart\al~s,
,rEmt~re;>'1í~~r~~ .,,~~.;co~¡~~iel~~e.J t¡!~ ,~p.ltip)ip~­{ion ~aes ¡ 'acotes el; aes coiléges a un degr~i}~-
.connu daI\s. tout aulfp t)avs t1umondp . e.t tous


; • "H~ftunJ~ b ~.ruOJ~.uld;¡~) ;:l..U;}l1HlJ :YIm, !,.\ .• '1~1l:l~ x~~f,=~ r '~~JJ'f~!W~llb:5~~,P¡~jl~- .
:,,~~n,l~~~;~~, ¡~~te~wu (~?¡ i~l í?;llt ~Re ~~(Jle4Rle fl~~rl.~?~? ,~~~s~~-n. ,et,at a()tu~~; qe pa~x." et de
prd:~f.er~té .. ,~a~~l ~q~~es" .Ifo~~~ ,.~eri~?s for~és ,de
~~~~~4n~~~~) e~ft;o/(u!~wen 1..fl9- ll¡ e~n~i~'~ bl:ll ),es lnt~ets, :~a.lS; .. ~ncR~~~l;l:¡~lf,~~t., s~»~b:~e;a .. to~t
ce' qqi tient a ~~ux; de )~, ~ace)llunaineen.:gé-


• r , ~. i.; i l. ~ \ \ ~ l, ."'.~ 1'· ¡ : '. ~ " ~ ." , ~éral. ~o~~,~~~)w',~9'3~rjOt;l\~.l?<lS ~l'.e~emples d'uÍle
politiqueO encore plus libérale.
··t:omiJien·;-I---m' "ráré'-que Tbistoire nous' pré-
.~te cdui· d'un sacri6ce volontaire, pour le bien
comm'Un, de 'la part de sociétés séparé~s! 11 Ille
semh~e :que la courte 'histoire de' l' Amérique n¿ils
fournif plus d'exemples de ce genre que celIe
d'auclme autre natiol1 ancienne ou moderne.
Pendant la guerre de la révolution et les au-


2. 6


,




( 82.J
nées qui 1'0nt imlnédiatemellt précéJée, Qll peut
dire que l'e~prit publie se montra singuliere-
ment' excité. Aumilieu de sem~lables circon-'
stances, le,s h~m~es, ainsi, que les sociétés, sont
capables a\iétions a~ dessus de leurs rorees et de
leur vertu daos des momens plus calmes., N ous
passeron~, en < conséquence , par dessus l'époque
de la révolution, póur arriver tout .de suit~ a


'la paix ~,~ :¡1 ?83~ N,~~~ : trouvons alors une masse
d~ J~Pllh~i~~,~~r~~\1l?é,e~l ,«;OJ?-ciJier.,par ,qeg~~_s
leurs intérets separés et' SOUV~,Jlt:9.i~.~~fdaIls.; -cb,~-
cune, c~~~ap!l~~~~~wrfl~llP~~ ,~9~f l'~y~»:tage ~om:
mun', etJeno~c,¡an\ ~ ,J'orguell de,la souvermnete.
indfvídueile,'poüi'donner plus d'éclat augouver~.
nement général. Les remarques faites par Ramsay,
SUl~ l'adoption de la constitution fédérale, se pré-
sente~t ~i ~,E~~pds!~ti~'je~ep~is ,IIl'~mpecller
de les citer :' '. '


« L'adoption de cette constitutionfut un triOln-
) phe de la vertu et du bon sen,s sur les vices el
) les folíes de la natul~e humaine. , Les pires de
) tous les hOlnmes peuvent etre portés a ,op~
) poser une éourageuse résistance a l' envahisse-
) ment de leurs droits; mais ii faut un plus
) haut degré de vertu pour engager des hom ...
:» mes libres, en possession d'une souveraincté.
)) limitée, a ahandoRner volontairement une por-




( 83 )
» tion de leurs libertés naturelles, pour s'im-
)) 'po ser eux-memes ce frein d'un bon gouverne-
» ment qui bride la férocité de l'homme,
» le force a respecter les droits des autres, et a
» soumettre ses' réclamations et ses plaintes a
" la décision de ses concitoyens. Les exemples
» de' nalions qui ont conquis' leur liberté a la
» pointe de l'épée, sont ~ombreux; on trouve
»infiniment moins d'exemples' de nations qui


. » "düt su faire un hon usagede la liherté 'q~'.e~le~ .
»'lWieÍ1f·cóhqÜi~e. "» , '. {"\;' . ','.. «,


E" ¡·)e.·Spt.it·llné~'a.;.,1 d, ~~~.).~s ~~,~~p~brt~~~lh~" ~j~.~i p(l~,
maiiit'este :~éúténi~ht: ~~tis' '1'~J~p6~~1~'d~.gbu~


, , • ! ,f '< • - .' ", .: ~ '. ; ;
vernement general; nous en voyons quelques-
unes faire volontairemel1t la concession de vastes
territoires pour servir a des objets d'utilité na-
tionale;~ d'atitresrelevant; tIne partie de leur
population de ses engagemens , et la laissant con-
sulter ses vreux et sa convenallce ponr former
une société nouvelle.


Si nous comparions cette politique a celle em-
ployée par les antres nations, nous pourrions
nous h~tter de déclarer que ce peuple est singu~
lierement affranchi des passions les plus ordi-
naires a l'espece humaine; mais il n'en est pas
ainsi ': il n' est que singulierement' éclairé dan$
l'art du gouvernement; iI a appris qu'il n'~xiste


6 ..




{ 84 )
pas de force sans union, pas ,d'union sans bonne
amitié" et pas de bonne amitié sans franchise;
-et -apr~s-::av~iracqUiS ·ceUe cóntiaissaIice, ifa e\l
le singulier honheur ,d'.ebrecapable de la mettre
en pratique. t' ~ " ,,;;\


R 'f;¿' 9' ," i .. ~. 1,


Ces ohserwátiótis détachéd' 'terliüneront au-
jourd'hui ma lettre. Quand mes loisirs me le
perme,ttront, je répondrai a vosquestiGDS sur
l'ét~t ,,~acft\el "--~a~{'pattis; '·et :de" '1' esprit' publib~
Pourrena~ de'\~\11et' ,iiítelligible;-':ll~ sera neces-
sai"ttf ~e ~"j\F)P~~~ tap~eh\ ,~~ ~Pi*~ ~ttfhte
r~dm"MstfáU~n~~ailietK\f¡\e, ;~,~wsc l~abñsse-.
rlié~~S'd~goüV,erh~~~féd~5): "


.: ',1, ,n\ ','''\t\\\ ~,'\; ,


'. ,:, "j,




( 85 )


LETTR.E XIX..


:Des .. ¡admin¡$~rat¡ons. fiderales~,...- 1fl:Jej[er~
.. ~~~. ~ -c(lu,~$. ·cWl1ff ({~f{}ie~<: -g~f!r;'!.~: ___ _


.. ¡ ~rrlClPlm.S .de JQ.: ,(11p,T:Í~ -!llil;~ai,l'.e .. e~ mar-o "~tfJ5._ ., .< c,, L", ".f'l'd U8?!t_i l!. ,jr~ _. '.: .. , ..
.. J:..hrcn""A:. ?J' _I~~J.r _n~t18ur le 1JaI:{U!(flr:~~il(4 ~. --~t!d'~r.f~ GIJJ~Tl""" ': '!fIItrna 'I~lIC norJi:;'TIE.c,.at~L. '4 "
matelot. - D~'iqfPúdJ!f:~~9wo{rirP~flc~
l"Ouest. - Politique des états, de' la Nou-
1Ielle - Angleterre. -, EJfets de la guerre sur-
lé caractere national;


/"


New-Yol'k, janvier 18:ro.


L'mSTOf:ItE du parti fédéraliste, qui, apres un
eourt regne et une'lutte de quelques années,
l'endit le dernier soupir dans la convention
d'Hartf0l'd, ruérite principalement qu'on le cite
COlnme une preuve de la facilité avec laquello
marche le góuverll€ment de ce pays. Une révo-
luüoa complete 'oanS les partis, opérée par le




( 86 )
paisible'exereicé'du droit "électoral, est unendu-
veauté dans "l'histtHre desnatÍ'ons. Cette liberté
extreme 'qtúdevaitproduire tant de maux, d'a-
l}t~s les 'préUictlons de ceux qui confondaient
les' détnocraties américaines avec ceHes de la,
Greee '( quoiqtl'eUes se ressem1l1assent autánt
que le gouvernement de la Chine 'et celtii tde
l'Angleterre )', cette' liberté s'est montrée ici"'la
sauve'gá~a~ dé"'lá ';:paix 'publique. Pourqtiói se-
rait-~ntj\;é~:~fupI6y~r l'épée:,;qtiand~'Oh pJut


.' 'éffe~t'u~d8i!) ~dfOñJ7vlffit:,'" a-- l"aítle "d'tih 'IDot ?
1F'faúF tiií81mYitOfio?abtlb~1 ;'tJli::(~6it ;eontraint de
)réSí~er,b dVaH'trae(!récburi~; a\lh. 'fhtce :ce pouvoir
roán~Ue\eIF1\tnétiq~e~ " '


Les' 'nottÍs de' p'artis indiquénf I Ira'telllent des
'prjncip'es~'fuais ~eur-etré' auerdth'Ofui!(lé eegenre
, ~e!.fut rii~~~ ~ignmcá\it~¡P~iL\!é! fmé'Nllí~~es
'tJf'd.'tifífi\l:,fttléftíliités}/'tels Jqu'bl}rHles ' connut
autrefois' 'daÍl's.'í ce' páy~'I.f]áb'stlraite¡' dl1 dérnielOc
fut bienfot: recoilt1ue ,éticitem~flt méme par le
patti oppó~é, ¡ \~t ~cetté" 'tet6niHrlssance' mit 'fin a
tout. Qua.nd le- p'át·tiféd1}¡ali8~eisé tnbÍltra: 'opposé
áU partí' '. dérh'Ó'dtatii , ~, ét~it" le' 'gortverne\nent
opposé au péuple, c'est-a"':direl'ombre atl eorps
qni la produít. ' , :


Je n'ai pas l'inleIition d'éntrel"dans une fus-
tidicuse description' de partis auj"ourd'hui étcints;




(.87 )
je, veux seulement faire relnarquer que , daus
l'extjnction graduelle de l'opposition fédéraliste,
on peut suivre la formation progressive du ca-
ractere national. Je me souviens d'une chose
que vous m'avez répétée cornmevous ayant été
di te par un des sages de la révolution anléri-
caine : « Je ne veux pas qüe nos citoyens soient
J) ni Fran<;ais, ni Anglais ~ ni fédéralistes, ni dé-
» mocrates;je veux qu~ilssoient.Américain'8. )
,~h hien ! ils sont Américains au}oUJ'4'bui. Lagé-
nérptiqn ,act~ll~ s;',est¡ ¡él~VtWlit.iTombt~, ~dest ip.-
'sti~qt~Pl\S~a~~~!es r.~}~1J~i~om~~~feft:~ s~Jew.,
;n'W .par la .~~ jlle~~;A~·PJ;fP.,ffiJñ ~'ic~,~t3ge,
sur l~squels elles sont fondées, rmai~;.pa~l'e~pé­
rience qu' elle .acle leut' sagesse; elle comprend
tous les ulOuvew.ensde ,la m{l.c.4ipe .simple el su-
hlime du g(nlVeJ'lleIll~~ ¡ iI;l~~on_al; ,~~ll{! a appris
, a ne redouter ni sa force ni sa faihlesse, toutes
deux ont été éprouv~es. Si quelqlle ' danger ,me-
nace l'état, ce gouvernement peut. réveiller
fénergie de toute la natiQu; s'il empiete sur les
lihertés du peuple., ilest arreté a l'instant.
, "L'établisseluent de la constitution fédérale fiút
époquedans l'histoire de l'homme.C'était une
expérience qu'on n'avait jamais tentée, et d'Ol\
dépendait la liberté d'une uation, et peut-etre
d'un monde. II était naturel alors que chacun




( ~.8)
la regllf.aAtí~ ft/fRG¡", :ll~,ifté" ,:!~,~qp.~:,H~~~',
gens, ~mJWMt :~1le se~;"r~~~ats. '~ors~~: J~¡
peuple ,~~_:4'ay~i~" délégu~. tfl0P depotwl\~r' ,
au nou~~lJ~~UNMnem~n~ "jJ. se ,Q;ouva" pa-r un
singqlier hG:a.l~,eur,:exister un honun~ ~ont l'inté-
grité!)' était pas,moms éprouv'ée que s~:nom ~tait
populaire~Quelque divers: et~p;pos~s qu~ rq~~epJ
les i1iltért\tset;~~~pipions dq,jour, lellom dl1pr~­
miel' pr~jdfl~id~, ~~t$,'" V~i$",~erv:.it toU}OUI'S de
m0trder~~gtig~~~~ld!~~S~:1m~~s ~~~~I?!~,
o:pJ>o&é*r' Ml f~1tvgr~m<mt{r~~~i~jp~~ ~~
verltJ¡íd~ ~~hl#_~Jc~~~ft~~ll~ f~üt.plu~
d~Jl'O~tl!Jl~t~~t:~4!~~ ~~m~r~a¡~s, :q\W
la, riSé},e~tin~~~un~pinlede.t;é vénérahle patriote"
a l'épot¡ue oU.lesrangpde l'oppo.?itiqn,se r.enfor-
eai~nt to~.l6S<jf>lil:li'.~ ,:,;: ":'J' il ", 'Ii' í " i, l' "1'
.a ..... , - . . . l '- 1 __ -ti. i Ji ,,¡; "./ ,f-1, "


:,:&tte }qp~i~~~SRflmej3v~ {ifR~ ~t9Jl$.:
en, s0Ú'fe$l?H éJai-\fpJt~¡wl~ent rl¡r,ig~" c;on ~re
le syst6me~de. fig~Ulé.e~;. j~$txqqm~ J~fl)Yl'~~Q;é,t;út'f!
~amilton,,~ L~;lÍ!e~u.r~·:~~.l'tqt ip~~e,.; d'~tat h~ ..
hile: r.elevenm\> , ffl Qmq~~n~~~.w'1 ¡n9:tH!,QI;)~eSSUSC17
terentt le oommel'ce;¡ ~rqQim~r~m~ Jl~~~~Üture e.t
crrerent .des,revenus a. la répuhlj.que., Quelques
personnes. p~~serent toutefois qU,e ce sy~teme
allait trop loin, et q~'il tendait ~. renfofcer le
gouvernement au point de le: r~pp.rocher en
{lue1que sorte de celui .de .1' APgleterr~~ ,Qu~l-




( 89 )
q~p6efnes'qtte Pl!issenf pátaitre' aifjorlttÍ'Ii\li' ces;
~Uinté'g.,··el1es étáÍellt; alo'tS tres "'·nliftjreUes ;' le .
petlple, qul' 'Venait de' donüer rirttptlhJ.i()n.;a.~ 'la'
l'Ilacmne d.u' gouvemement , 'étaít!1~Payéi 'de ,sa
puíssance, et ne pouvait erdir'é' t' ~; sí d'urt
s9tlffl:e jíll'a"mtmise en ritouvemenf, (Pun sóuftle.
également il pourrait l' arr'éte- tdut coart.'


11 serait possible qUe les: premieres adminis:..
trations eussent eprouvé qué}qtlff desir; d?étendre:
attssi'le}'n qOOfuire¡ Sé potttrait }"arltbrit~qa"onleur;)
a'Vilt tr~~~ét!fll' ~embUitl!Weffit! ttlo~ qu'iI)~,t!ftl,
~~iM~it~l a~_té'~~~M6.Jlt~'~itlété ~
te1N?n1~~'):}!i!iwálaQh ~HtJ~J~l1r~\.
de'la.' ré'voltitlbh·; 'iji'l"étl& i~~it: rtlésnmkiftif:ba .. d'
hiles et nerveUses' pour'entreplacer' t0utes 'les"
parties et en faire jouer tous ·}e&>!0ú8ges.La vi-
gtt-éur ¿pft'á'fiiltót{/er1l\I,;prad~ftijé',;'f,}fV¡VV ashiÍllg-
ton' semblaiéilt se' co1thte-haJtaneer-:'? Ils1efubtitrent '
un gOtÍvernenteíít;a~ti91f}'irtt~teitv, -at quicolIl-"
lnand'a le' r~st>eCt,:a 1'extérÍ~. ,Qu~llés qtt'aienf"
été les opinions' póllitiquesidtr preinie~', ou' pu~
remen\: répuolÍcaines,' ott inclinant' 'Vers l'ans:'-
tocratie, ainsÍ qu'on l'a soup<;onné, 00' s'accoooa
bient6t a reconnaitre que ses nlesures avaient
servi ·les intérets et acero la prospérité de sa
patrie. Cest ici le cas de rematquer un carac-
terepartictilier d'excellenee de-la constitution




( 9° )
américaine ~isavoir que, si: un-homnled'élat ha.-
hile a tont, pouvoir pour travailler au bien
public, il lui est extremement difficile de faire
)e mal ~il ne peut travailler pour lui~meme ,
ni pour un{! partie de la société ;.il faut qu'il tra-
vaille pour la société entiere, ou· qu'il renonce
to~t-a-fait . a travailler : c'est ce qui devint sen-
sible lorsde l' évincement du parti fédéralist.e,


. ¿;ous l'adnún~&trati~n de; M. Adaros ..
; Le parti .f~R-~r-(Jli~t~ ~ Qu , 'PQUr.:paf~Jl·, pl .... " cqr-
;r.~c,tenlent, le,~r~¡Q:Jl fQ¡1t,gQp.y~r~ment., comp--
t~i~ d~QS _ ~§ ¡f~qql¡lJnj;~.\ d\\:p~iotes.purs et
d'hOlllmes d' état habiles: Leurs erreur.s furent des
erreurs de jnge.went, ou pourraitdire d'éducation.
lIs étaient nés sons, un ordre de ruoses difierent
de celui qui devait son exis~enoo.a lasévolutlQtl.
lIu'ils ayaieut:. ~ ~¡Airjger~nQ\lel~$ res~;de
préjugés pouvaient naturellement avoir conservé
de l'empire sur l'esprit et influencer les senti-
lnensd'hommes qui, dans~eur jeunesse, avaient re-
gardé avec admiratiou l'expérience politique ainsi
que la science de l'Europe. Il fallait etre autant
philosophe qu'homme d'état pour prévoir qu'a.
l'aide des simples élémens d'un gouvernement
franchement représentatif, l'ordre sOl,tirait du
scin du chaos, et qu'u~e société pourrait se
dirÍger elle-meme, av~c calme et justice, saus




( 9 1 )
aVoiT; besoin du frein d'aucun autre pouvoir que
celui exercé par la collision des divers intérets de
ses memhres ( 1 ).


A ces hommes, qui par leurs éminens serviées
s'étaient acquis le· respect et par cOllséquent les
suffrages de leurs concitdyens, bien qú'on sut
que leurs opinions différaient sur quelques points
de eeHes de la majorité, se jóignit graduelIement
un parti assez nombreuX et possédant l'influenee
que donnent les richesses. Cette ififfuence, toute-
{Gi"'S, fut'iplt'rS ~·appa.reilte 'que 'Péelle, et proba-


. 'hlem6nt¡~lí1iS9.ql~¡túin(fldt1l>~: qutcl'avait pnse .
, l' .', .


. pom 'apt)1iiv~n~rj JI' .;'.H.i.~I,uL'::I·I·I}'c<l,u"j,:."
La révolution a'rtléricaine ;·qndique: éóhouite


avec un aecord sallS exemple dans l'histoire des
nations, . ne laissa' pas. de compter quelques en-
nemlS i,: 50it. ! déclares ,Sürt 'secl'cts .. L'état de


\.f (1) Parm.i"les dloses qu'on peut alIéguer en faveur de
l' opinion "de;qu~lques-uns des pretníel'~' hommes d' état
américains . qui désiraient un gouvernement fort, nous
citerons principalement les iúconvéniens qui, durant la
lutte révolutionnaire , résulterent si souvent de la fai-
blesse du gouvernement central. Quand on rempla~a les
articles de confédération par la constitution fédérale ,
C{lUX qui avaient reconnu les défauts du systeme primi-
tif purent natul'elIement tendre a faire tomber le gouyer-
llCmcntdat"ls l'exces contraire.




( g2 )
New'-Yor¡-¡partiCllli~tílent renferm~it' -tine as--
sooiatíott; IÍom})reuSe et puissante de 'torys, qui,
jouissant sous: le got1Ve~ement anglais d'une
gralrdgi«~ee, ain1si fttied~ places émi-
nante:r' 'ct hrerdti~', et pool" la plupart de'
freís 'héréditaires, , . n'ét~ient guere disposés a


. ttansféterkn:r'obéissanc~, de' George IRa: leurs"
CéJJ€i:lf1yens, jl1sqtla: ce que' ' tes: circon~anc~~
les1'ConttaYg1íis~t'a:hs:6hthiént.' Ces cií'con-
gt1Yucés.~ p1é~titetEt.nr ;''e'f; '~~ tit~r~e\ 'mei~eut:
Fti:~ble,ia~!qWitl m~~Wiu~é~3tJ¡ls '5'att~~­
él~ré~ j~etíHtlij~d 'l'3~oifP(i1M:tttit, ét, 's~·
r~ngeant du parti _ du gouverll,eméHf> ~" 'se pro~'
é)am@teilf :'legi~5·tzélé's Hi' Ui'\lóuveH'e ~ongti ..
tútión;' Ceci mffrappelltfqtr~}e m~l1e' jeu ftlt
~ielijAngl~~i~~' .~f~il ~s: l)~étés
T'f>r1sil1dé,¡; ~1fti8 2yWp1r.ítlP~ntJ;11!lrii~l\brlg
lés"tetrlps!J~} dJri§ t8tl~'\lés lié~, '{es hOIlÍmes·
exclltsit1eIri~:fitf\(fojlJúx (i}i"ét ¡ tenis' ~ii3ver.saires
sMIlA eBtiémis:;-' ~Íl;:deA:-\f,~\:k~; diJ·, gouvérlle-


J ~:'L' J ~ L 1 ~ d, • ~.',.. '.


¡


( l}. Les ~~ts lo)'al et, lQJ'auté , fla~, ce,~ns; QU :011 l4!1t
fa,it synonymes defidele etfidélité, ont été fréquemment
l'épétés- lA la tribune par nos ministres, nos ministériels,
ct surtoutnos ultras; ili paraissent forme.r un cortége
,indispensable a celui de légitimité.


( Note, du traducteur.)




( 93 )
m~nt, maisd" .gouv,ernement Jui ... m~me. IeI,
aq .. reste, la par.tie fut assez :innocente; ils re-
In~~~llt les dés dans le cQrnet, mais personne
ne put D;lettre d' en jeu. Dans le paisible exer-
cice de, son pou voir, lepeuple ;~u~erai.nl'ang(!
tputes les Gho~es a leur place. La ma:jQrité ;nu.,
~ehorsest tqujollfs ,maj.orité .au;.<k~ns(~}. Le·
párti d~mo.cratiqQe prit l'asceQtdant,et. M. Jef-,
ferson, ré~acteu.rde la :déelarp,tiqrJ,.t1/i1Jdé'peu~
~,n.~ . .t;i,mi".~.t;qispiple.de,~.r:mkli~.,\ ppliJ.iqQe:
ha~vp l" '~~~\dmtfh?~~" PkMpsgphe~,~~~é~':.m.,
~é,1p'h~~Bie1i~4e~\1d?q~,lH--!!l-agi~tJflt.'J:~f:~ l~ .:rf(plJ~ll9ltmm0n1~VD():J i~'H1q .uh jrrf;~f~\iF~:
.l\t,;Je~rsq.n. Joltrnit '.:an .~nt,;:reX~~Pffl8(l,


l'appui d'une ,remarque ico.ntenue dans.,ma,doc .. ,
ni~re:,~~tg.~: :~,_~y~ir ' qll~)e~s:'ptal~; }ittéra~s
(~~ l'AtQé,n;·HuCfr··:&Qn~nal?sp~~· :·MlrJ:~~( affilires.de
la r~RW:lliqq~. ~9,\l~ vQ{YQn.~, ~J~~flettr;'ld~· ,~;
&ge" .pe(,gc.~n~'ippilpsophe ,,, ;,c~t honuue .si ,ént"",,
dit, passer . de. sa.pWliotheque"dans le .. séllat, «
parvenir graduellement aux plus .hautes chargas'
de laconfédération. S'il Ulí né' en' Eur.ope, if·
eut augmenté les trésors de la science, et lé.gué


i (2) Cect doit s'entendre de la nation,et de lalégislature
(Note du traducteur.)




(.94 y
a la postérité ,les résultats de ses actives ''1''e:.'
cherches et des grandes conceptions d'un esprit
fertile et original, non pas daIls des notes tra-
cées a la bate, mais dans des vohnnes composés
a loisir et· écrits avec ce nerf et ceUe simpli-'
cité dassique qui distinguent la 'déclaration
d'indépendance. Pour l'homme né en Am'ént'rne, '
le poste d'honneur est un emploi public (1'_
J efferson y fut done, appelé, et il" le quitta chargé
d' années et d 'h,oJ;lueurs,pour, aHer : l)léditer' sUr
une, vie bien ,emplÓY'ée;~tl sar :lé· bÓDheUt:·¿r-itn~'
peuple .~ J~J !P~~¡ufit.éJanqnt!i"¡havait(tant : con~
trib\lé. ,L~s ¡l)lIit~! ,desa ,sagesge,'.cxistent datIs"
les lois de: sa.;. patrie ;et cette' patrie elle-meme
servira de monume~t a sa gloire.
, Les élections, qrn porterent;¡l\Í. \ ,J(df~·.a la'


prenüere lllªg~~w~t"ntn¿amew!ueftt Ewobhlh:~~~ ~
mentd'honHla~:,.et de,·mesures .. :La.·'plus stricte
économie fut adoptée dans chaque branche du
gouvernement ; quelques emplois inutiles furent
supprimés; l'armée de l'Union\; déja,si. fuible,. fut
encare réduite; des actes .émanés':,du preIuier'
congres furent rapportés, et; la constitution


(1) Par?die d'un vers du Caton d' Addison :
The post ofhonour is a priva te station.


(Note du traducteur.)




(.95 )
amér~caine mise en action dans toute sa simpli •
. cit~.i·


Comme on devait s'y aUendre, une révolu-
tion si complete dans les partis ne put avdir lieu
sans quelque cOln~otion; le courroux de la
minorité désappointée s' exhala dans une guerre
de pamphlets : .quelques écrivains sonnerent le
tocsin aux oreilles des hommes religieux, en
peignaut le président comme un déiste; d'autres
a c~JJes des partisans d'vnhou' goúveruement,
eni\~q\l~lif~lW d?anarchiste., Ce' sagemagistrat
se:rpPI~t~ª.i.SP1\Jdl.aÍlxJfi:~meurSppa!tooiqu'il savait
qu~\! g(nl}v.~rn~l'llen~ 1, dont ctk,usJ ¡ ¡}és raetes . se
fDnt f aJl grand. ,jour" :dont: les,"melh:bies·¡ vÍVent
au mílieu de 1eurs· concitoyens , auxquels toute8
leurs paroles. sont . adressées, et :sous les yeux
desquels toutes reuDs¡ ·mesures· sont .. : exécutées ,
n'a rien a craindre que de' samauvaise' ~on- .
duite.


Il est curieux de. voir les gouvernemens de
l'Earope entollrésde légions armées tremhler
au moindre pétard lancé sur eux par une mul-
titude ,désannée, tandis que celui d' Atnérique
demeure nu au milieu d'une nation en arnles,
ne fait pas plus d'attention aux cris de la calom-
nie qu'au murmure du vent, et n' emploie d'autre
lnoyen pou!' repousscr ses attaques que de




· IX >.(j~qiJ.; •
," .' .. ·(M~,t;'..'ii !-JL .. H" r2._·~:.ill.t\ Hb'rd·~ JffDiGJt) !tt(Iill J;¡ 'lb ;;~ 11lll(l·J •• --.-H'~IeIl'1JUt P" sse"Imelix aemon rer 1 an§ur-
, diw..desdén~a1ño~s:de ':f*I~~ lfllostí1\~ lnesJjJdé-
r~ljst~~;fnvq:~; •. ~~ll'.dwn8tibnr4~ i'~a'it ~,eclhré
s,()~: r~f.es~d~nt~)~~l~~~(' qq¡!fi"~it,, éttLIe principal
~~~i,~ate.~~ ~?¡~~ rétj\Bli~~w~:mt~ 1~lffirs~~tll1iAy.,~dérale,
qtll le ,pre,ml~ proposa d.e conr9flp:el~ rlf ~ppjV~n~ifW- ;,.ftUi
Ji{' foí'ni:t /et ruClui-meme un des sage~ c¡uil ~OBppu:t:llrent
al!e ~and ~ire t : G estaihsi ~;e~ Anglétc:~~' les Wl;lÍgs
q.ui onVpJ:ocuré a lenr patrie une 'constítuitoI; , ~t qui ont
Olllployé tous, leurs effor,ts :pour la~r', . sont dé-
llQl.lcés CQnune les, eJluemisde ooUiepatrie.




( 97 )
; ~~W~~-s'q~le; je , \' ieus de citer,', plein~ d'uue
Lc:\iwtité' convenable a leurcaractere' et a leur
position éminente, ne firent·, aueune attention
,ap:~ outrages dirigés contre eux; ils laisserent
au bon sens de la nation qui,par ses sur ....
lr~.ges libres, les avait placés a sa tete, le süin
,.:d'éx:nou~ser, les traits de, la calomnie, et de
,qéj~ll~ les ma(JhÍ).)atiolls .d'hommes que leur
,,~r;qbitiQn.,d~lt~ ,avait.p,!ussés. au dernierdegré
,~~p.~l':w,4n9.S\t~if!\ d~ la!,'violence. ¡.tett~ ,l'0litique
"l~,<~qr~ ~Ly.étitahl~bsp,it1;de!la- cdri'sti- ,
.' . rs


: ; ~~4p.o~n:~ain'l~~~ Jeiirdmlbat~)I'PMttváf~. qtrélle
~~lff.'hitimtel~diootOrm¡ ,,:U)V'I'IID~~~ éf a


, L., .v.prifoYh~p-cpb-AIosonh'ie.', di" n (F .1:1 .. ',-,',[:
, ~~.,;tJi'" ._:"ffL' _ nI.' ,.1. -' ~')·..:I" .
,,' ~e~, cla;rp.eul'!i,;~utréeB de la: miilorité devenaÍlt
R:~HsJ>r~iY~~t~~dtJ ¡m~J!re-;.},q1lil:'ffllEf devenai~ plus


· .. r~~~~lr~n~_~!Qj~il'.ennemi--.que--les- eolonnes
del'Uni?n.~.t~ien,t ~pr~rnl~~s~,.Si ,enes l'étaient; en
~«.~·t; il'p~i~:A~['¡MW~Ur lhoyen ,pour les raffer-
mil', en rotfraat. 'son' ~sistahCepour les 'réil-


" ~erser.Les eunenlis' extétíe'cirgt de rAnlér!q~e
~::(mt: souveut'plns' t'lÍt'que ses'amis: ~le, rinté-
\itiettr:, pOllr lhi dünner de la raison. L'~9sti:rw­
·tI~.l(d'·un: 'mi~li~Ú~re anglais la for¡;a, de pro-
,clamer" S?~ ,indépendauce, les. intrigues d'un
atÍtre l'o~Jig~r~,nt á re,sserrer les -liens de 1'E ...
uiou ;" l'Ul~ lujuppl'.it a songer a ses drolts, l'autre


7




( 98 )
, '


el J~fendreses illtérets et, son honneur' oUlí'agé,.:
tous deux en 'ont fuit une nation. '.


Cette république a aussi en le honhcur de
,s'attirer des hostilités de la part de tous les gOl;l-
-vernelnens européens. Si la France eut conti-
tllué de la favoriser avec autant de ' constance
'que l' Angleterre en mit a la maltraiter,' elle eut
pu se laisser guider par ~e" puériles pI:édil~S~,
tions, et, ~ut-etre, all!ait-~lle pri~ parti" <lan~ la
'gnerre, f4ri,~~s.~j~q\li.,f:,j RfP-q~.,siJ:e~Hild~Jte~J>s?
cessé. de, d~vJ~\~ D l'~lWPl,>ey ~,,/~ ,~~tré~it~ " ,a:
l'autr~~';'¡;'i"'Ir:¡¡;':l r::;: L ,,' ", " ;! ,.,,' .
,~:l, n.,~~ralité: ;;si s~~Jllent ,waintenue par


Washington avec les puissances'h~nigér~ntes de
l'Europe, rellcontra dans leprincipe une,forteop:-
l)osition. Les JlO,~6d,., ,ff~q.q~,h~afav~~(~.et í~


, ,'~ L:"~"" \ .,J),LU,:< ~.i,J~ t.<;,)L tliYD1U.,U\.i ~(,,¡'1'
ber~~, J)a~kai~ttJ~ t!&~<;~1!r ~,4~)1o~~f}~éric:ai~; ,e,~
si ,l~ republique. fran'1~ise n~ el~t ,pa,s été sitot
déshonorée pa.r des cl'i~és el d~~folies, toitte
l'influence de Washington 'n'a~~~it' 'pu empe-
che~. sescon~itoye~~ de prendre ~af.ti, pour,~
peuple qui avait si récemment versé son ."s~ng.
pour -leur cause. La poli tique uÍté~ieur~ -d~ la
. Franee la rendit presque aussi odieuse q~le son
ennemie ; entre les ordres du conseil et les dé-
crets impériaux, iI l1'y avait guere de choix a
faire. L'Amérique ressembla a un volant que




( 99 )
Se 'TetWoyaient 'les deux empires helligérans; et
si l'un fi'appamoins fortque l'autre, ce ne
ful pas qu'il mlt des intentions moins hostiles,
ínais c' est qu'il avait la main moins vigo'u-
reuse.
'Qltoi qu;il'én soit, l'une des deux puissances


fita, l'Amérique une insulte qui tourna la ba-
lanc~ éontré ene'd'une'm'anit~re plus'décidée que
léS'ehtraves miseS' au~cdminerce des' 'Etats-Unis:


, é~' '~f ' 'la ¡ 'ptes8e, d~s niat~i?t~ 'américaíns. . En
ébt1¿tH~~:áil(la ~Htt~e'paHi1ilÓe aif'g6lÍvernement
de rUnion, con tie sait s'il faut,r~dmirerotien .. :
rIYtf' : ;)8f{}.l¡{a~\freJ !laírfjffii~e u~foi')/4~'1wúW dt6it,
~t'sdriout1é~:aÍ'glÍmens justes e{fefln~s d~ c~
goúv~rrieinerit ,; ~ais ne ~eviennent-ils pas ridi-
culés, quái\d{<>íftbs:vM~ etíiployes 'par le~ cahinets
eüfóp~éH[ tl'¿ls~é:'·beih~·'ttépui)li<fo~'\he· jam~is
troqcler' 'sa 'síínplicité ~ pour: la politique subÜle
dés·~tatsp1t.s' v}eux:qu'ellEi t


Il'setait ámlge~I1t :depa-sser en revue les causes
qUi provoquerent la jeune Amérique' a jeter une
seconde fois le gant au plus puissant empire du
!, ' .


monde. Quand elle le fit, les chances ne parais ..
saient gitere moins défavorables pour elles qu'a.
l' époque ou elle se rangea pour la premiere fois
sous l'étendard de la liberté. Si elle avait accru


7"




( 100 )


sa force" i1 'en étalt de I rneme de son' eril1emi;
J'un ,~utre: ¿bie, }tous ses pr8gres, elle les avait
faits dan~' '1~~" arts . de la paix, tandis qu'il avait
fait les '$'i~ns; dans la science de la guerreo Les
vétéra:Os' d~l~ révolution dormaient a coté de
leuJ's peres, ou étaieJ?t accablés sous, lepoids des
~n~ées;un inUIwnse territoire dont l'étendue
pt:i~i~~X~;~Ípit~lus 'que doublée, dont les cotes
et 'Jes {t~~~i!~i:es J~'étalént pas fortifiées ,et qui


, cP11Pt~~~,¡';pa:~~)~~~J~;op,~~~t!f~ ,; l:~éI.~ues ,!etn1~m~s
s~c~e!~f:~;~tB}!}H~1\~l~~¡~~~:}1~?~~¡ (,~?;~?frotiVa' tont
,4~HP.,~Olil.P. o~v~~t}ux lncurslollS de vleIlles troupes
~(,4~"~ t;;1fo,sd&i~di~ns téfó({J~,~íhsf qu'aux des~


iI J¡t~~_¡~~ "":._i(} 4 'i .~
centes de llbttes qliI' avaient jusqri'alors régné
sans rivales~úr l'Ocean. Tontee que I'Amérique
POU~q¡t oppo~~f~:et~irtiri~ ~~tr~ rHiís&tilte; dont
l'iiabil~tij~ttI~-Llbrg~Ó«t!~ lliv~iifitr AA~ '~r68vees
~ '._' ,!" ,f:'j f-l: .-.... ·IJlt~'~~;:;··f1'~,~" ; ." ,,=
dans une ·'l11tte -cóúrté, !mais' teítible; avec les pi-
rates 'de 'i~ M~<iiterráh~~¡,' l'r'rlé¡~iórine cause et
un grand courage: liberté du' c071tm'erce et droits


. " (1) )?en~l;n~ la guerre, la lihérali t{ des Américai-hs serithla
fournir des. armes contre eux : des· étrangers " et' dans' plu~


\ sieurs cas, des citoyens naturalisés, re~urent 1'01- de I'en ..
nemi, et firent le métier d'espion sur la.. terre qui leut'
avait dOl1l1é asile.




( 101 )


fl4fumarins, tel fut son eri de guerreo C'était
une guerre, de défense et non d'agression; uile
guerre déclarée par une nation dout les eitoyens
avaient été arrachés de dessous son pavi.llon, et ce
,pavíllon insulté sur toutes les mers etdans tous
les ports.


,Les out.~~ges qui avaient excité l'iridígnatio!l
.de la république étaient surtout de nature a en-
~flammer le eourage de ses l11arins.Je' ptlis dire,
:surJ'a,utor~t~ ~e beaU~O~lp(~~~ ~~~oy~~s;les plus
,<1istin~ué~, -4~, r f\~~~~~W¡ ?/~t~~niJ~:i.'J1~~ai~. :~aIls
sa,mar;tne gt;W:re!,de bfÜlment~tll n7eut 'pár"iñisón équip~ge, r ~~.,~ RH ~ ~}~:~i;~l~~l ¡~~f/m~lfp(:~~i¡f;~,~d¡ie~t


,rentrés dans lenr pays ay ce 8e~' p~lnes el- dés
périls sans nombre, apres dcu~, 'ql~aire' et meme
sept a~Ilées~~. ~~r.vi~~ fRrSé i~. \~o~·,1.d,e~ batimens


. de"guerl'~ qngl~~ •. ~:ai sq~~Y,~~l~(¡e~~~~~·ú:.~ttrlbuer
a" ce eoncour~ 4~.griefs per~onnels et' liationaux,
la bravoure plusqu'hulnainc qui anima les équ~­
pages américains (1).


,(1) Un ami de l'autenr 'Vit dernicrement dans son
pays~ ~ pu il s' est retiré, le Scévola américain. Ce marin .
avait ét~ pressé sur un des navires marchands de rUniou,
et contraiJlt de servir sur un hatiment de guerre lJri-
tannique. Apres que tI répuhlique eut déclaré la guerre a
l' Angleterre, iI sc coupa la main d'un coup dc hache,




( 10:1 )


On peut a11 surplus trouver dan.s les rCg~:,
IDeos de ... la JQ~¡n-e améric.aine. d' autres causeSt
s~antes 'pour ,expliquer le courage de cetta,
ma:rine •. l~~ul·ho.nlme 'ne sert sur les vaisseaux, :' '. ·i'" .' j ~. :. .",.. •
d~gueJTe~lIléricains que de son propre COllsen ...
tement. ~i l'engagement du matelot est. volon ...
taire, et neJe Ue ,quepour trois ansiJA'aiJ~urs
en s'éIoignantdesTivages de sapatrie, il deJn~
sous J'émqeq~h~~~ lQ1s. Á.;~Q.rp d'un, hatimeIlt
de WI~rf.~ d~ ~111t~l}~,JJ~u9~JI9~qtE!J~ .. f; p~t
etve punl.§~iYAntJ~liaDT;!pi;>dcr~p>~éx;l~ur. Poun
d~¡p~~ ~JY~'JlMUA \~~~tj9n, ,(~st iofligée
q~ pl~~!:-.>-il~r\~f~ier" d6cQlJ4rt k. de .. ~r,vJ<;e):;
PQur d.es d~l#s ,graves, il ne.pe\ltpasmeme etre
jugé a hord du hAtiment Otl iIles a: commis; son;
jugemellt ;'t~t ~sH~pe;g·~p.ipju~¡qy'A 2~HHH~5Wi JPJ4s~~
trq,"veJ;¡ ;t¡lA¡¡\rj~~~fJfPl!~rtMl tI"ffih.fqf.)~¡ ,te\'Pr""
toire ~q~"Etats~VRr~,,¡so~t¡~ l>~1fHn4~~ vai~u
de guerre .. de )'lJJÚ~n .. 'SQRi i{JqlA~md~t la. met
alorsen a,cC\lsat~9~\. f1.~ se?,~amp.r.ades deviennent
t~mºinspour , Pll . C9UJre 1ui. Il ne faqt qu'une


et laprésentant au commandant anglais, lui dit que s'il
. ne croyait Fas 'que cela fut suffisant pour le' faiTe ren-


voyer du service des ennemis de sa patrie', et lni obtenir
sa liberté, illui restait encore unlmai:a pour se couper
une jambe.




( r03 )
faihlc connaissancc de la natnte humaÍnc pou!'
voit°' comhien l'absencc de jllgemensarbitrairéS
eldc «?batimens corporels, qui ne'sont enaucun ,
cas tolérés iei, ni dan-;; la marine, ni'ailIeurs, doit
tcndre a élever le caraetere de' I'hómme:En,Ett-,
rope, ou les assertions tiennellt • si souvent líen
de raisonnemens , on nous dit qu'une coÍltrainte
brutal e est nécessaire pour obteni~ de la, d~sci­
pline dans une marine. La ín~ri#eárnéricahlé'
dffrtr une ié-xtelleiiteréflitátiblí' 'de ct'r ptioc~ ..
tJ'ii"-~as' ¡:de'~éln'bl\tty:>estl>m&hnüi~, 'ét' 'liF 'd~j
serli~n' ~t:rélli\!ffl8\t l'~J k1JJor(P~ ~sse"~
a~étiéains ;' "~ ~l~'ri\rellftl~ll1Jzili(IutWftmfJ;
proprcté, de Ia.'di~~ipIirié ,-dé'ráetlVB1é iél!~dW1S:
bravoure. Leurs équipagcs, il cSlVTai, sont'com ..
posés d'húrritnes 8\'tt1é,'classe' pl~s' rdcvée que
eetixqtloti'h4:lü~e Útrle~Ft1~~iréW'd'h'uCtlnéatitte
nation ; d'hómtneS nés, de parens 'h¿n:ri~tes-:ef
ayant re<;u' tll1e'cértaiúe:'éducaticrh. ; ,de cítoye~s'
libres, et 'fiers d'uD ljays aux frais' duquel , s'ils
sont pauvres ,ils: ont apprisa :litc 'Son histoí~
et a coulprendre ses lois, ainsiquc tous les ,droiLs
q~'~ll~s leur eo~fercnt. Ces équipagc,s ~o~.t encQr¡e,
reeruté~ . par. des volontaires tirés des;nayires dtÍ
cornmerce, navires sounlis a des reglemens incoa;.
nus aux marines ntarchandes de toutes les autres




( 10 4 )
nations; ¡ eL qtli l 'expliquertf haturellement cctte
intelIigerice~' '~b~t~ '~'dre8se 'el ce'hon ordre dont
tóus;le~ :étraúgérs'sont étónn:és, en mettant pour
la preriiie~e, füis le pied sur un n~:lYire marchand
aniédcaln. .


; Avant 'qú'un natiment marchand puissepartir
pour un, voyage ; certains employés' salariés pour
cela 'c1~~sserit 'tIne ,liste de toutes ~ les pers'onnes
erriba~qüé~s;;;i ~bifip'a~sflgers ';'s'oit '~ens d'équi-
pá~~. Le' ri~rh.Tl,1;k e J; l~ Ili~~ a~il '!~y~ra~~~:;' é'(' ~u-' t~~~:r~h'séiYri~!rifh~fg8ii¿~~'h~lW/~~' íd~r~í~rs Cso~t' ~?t~J!:' ~r:~~I'~~~~~~~\~H?{4é)~· ~ie.· de tout
lUdlVl'(fU musl enreglstre. Qüelque longue que
soitl'absence du hatilnel1t, et en quclque pays
,qu'il ahorde, le capitaine est obligé de pOQrvoir
a 'la' subsistalÍce' ~:,a l' eh tret~n·dJ:) ses bO''rrinl€S-~: al
térrecot11lrt-é 'fi! la;ru~; ~tia,Sbti'tétdtlÍ,,;1 il'doit l~s
rc,pteséiÜ'ér 'toÜs ,"6'ü e~l} iDér (fé~l ~c~rtUlca t8 signés
"".' ,', :; ~ ".>.~.-!:'.~ ·d~ i';..¡H~·-. "nH¡ ~.~j,.~¡. ,


par les consuls alnerlCaHl~ des, ports ~trangers OH
~. 1 f ' !" ~ ¡ ,t t~¡ ) i, -', ~. , , ' >


il s'est arreté, et constatant que ceux ([u'ils ne
rametl'e pasJ, sdrlfín6Hs, en 'ront ql1itté de leur
propre: volon!é. Si le capitainc IIlalHlue a ses en-
gageme~s.?óu s'll traite un marin avec une sé ....
vérité outrtc ct capl'icicuse, la partie lésée pcut
le f:"irc meUre en accusation au prcmier porl amé-
ricain otl le navire entre' , el toutt's lc:-:, ptTSOilJKS




( 105 )


qui, se trouvaient a bord so:p.t cil~es comlne t.é ...
moins ( 1). Ces reglemens , m,ainte.l)~s ave~, la plus
grande rigidité, mettent les, marins en: qu~lque
sorte sons la tutelle du capit~~ne ,etJ;PR1~g~nt en
"t ' "t d 1 1\ meme emps a e re un tuteur oux et lonn~te.


Un ,capitaine américain , lorsqu'il se t~o.lly'~ da~s
les ports étrangers, veille sur les marins de son
équipage, cornme un Ulaltre d' éco~e ,~hargé d~s
enrans des autres, paree qp'~l ~~.i~ bi~Il,; que s~ils
éprot;tvaien~q~elqu~, ~cc~d~t?~~fet, il, ~e;, sa~~~-:­
fér~itp' ásl~¡~~p~h~~e',l~~bín~J~ fui;~~o~~att~e~ d'ün·e'ri-:~rii~~~¿:':~¿U¡i~{J~tj~~~lJ·n·t{~'J~;2~~~~rt~í. ~ti~~~' l;.,t '~rri~éPI ~f:'W~f')~e G~l;~!I;'Jl':,t j~fCS,',' Geu,:)J t,-~,'


:'1' -, .,npL~f.) "qL'i:J'rmq t~nIr. tJllr7¡t¡~11
,: \ i " .! J!!' ~ ,~. ! ! .. - ~


( 1) Parmi les dispositions réglemtmtail~es ,dn rCmal'qM'
celle qu~ I ¡{jJ.e ,-11\ qilanUté .. et. la flualité, des, :vivres, clont
cllaquenavire do~tse pourvo~, ~imiqqe J¡,.,FqtjOIl il ~-r
louer a c~laq~~ homme. Le capitaine e~t en o~treol?lig~


j ,'., I ~ , ¡ ¡ ,. I }:.' • f' . .' .: . - , .


d' avoir a hord une caisse de médicamens, et de savoirles
administr~r' dans ies 'cas' ~rdinaires. ' ' ' , "


(2) Un capitainc améric':lin connu de l'auteur pourun
h,omme singulierement intelligent, integre ,et humain,
perdít au large de Lima un cuisinier l1egre qui fut frappé
dé mort suhite ten présentant une tasse de café a Son
maltre, qui se trouvait seul a écrire dan s la grande ca-
bine du navire. Un jeune mousse qui était entré ·aycc le
cuisinier, et était ensuite passé uans une cahillc yoisinc ,
cntendit le hruit (le la chute, et accourut ~t la voix de son





( 106 )


unesécurlté inaccoutumée a la v ie el aux mceut'S
durnatelot; Fon donne asa profession une sorlet
de digriité qui engage les fils des plus rcspectabj'uS'


ÍnaItre. Le' capitai~e fit venir son équi}Jagé, et, apres avoir
cssayé en vain tous les remedes qu'il put imaginer, nota
sur le iournal du hátiment la mort de son cnisinier; avec
un détail exact de la maniere oont cette mort était, ar·";
rivée. Il fit a,ses'lDatius ,un rap¡nrt semh1able qui se trouva'
ap>pvyé ~\\t~~ 'Ílie(P9¡;ijibl~ ¡ ~~ le· témQiS~.Q 1JU)U~.
A. ~t~, ,;~~p~~Jkj ,rip\\hHq~!OOé ~ml»Q'ij$t:·}P.!\ a:\Jea.
~ima,,~t: l~pA:!j~,~ .SD i)~tion\l}~tait,6nt~é:dans ce por.~
(jl,W p<mI.¡J ¡y AA~JCltt V~Jl:~fllr;ue~a ltNqyait.par conséquent
pa:;Mi~oWt\\l:.~llel!~, (',apitai~pi\tr's'adrcs5er. Av~
quelque difficulté;"et moyennantquelquc. argont, iI par ..
vint a amener a, bor<1 lJnchirurgien espagnoJ.., n luimontra
le mort, etIo J?ria dUlui~~,qu'cil put~aOOsJsaIWtgpel(tJu?a~
ayait apprise. ~\dC!ll~j qU~th,1JD~ ',coor,\(H ié9ideooe'
d~nsl' Amm-iqJJe.:m4f~nftlf1Jb defuioo 11' oqvetturcdul ca ...
d~vre , . et . denoter ., sJlr. le rjA.1iW·~l í dUi hAt.illJent, en; 'pré-
sence de.l'éql1ipage.,C41quiln¡.pitll1ltri\it avoor,causé l~
mort. Sangra~lo ,.Oq~f~t ~f} rS'?Md$ yeu'i., branla la tete, ci
prQoonsa gravetllBut, que le. corps; qU'.on~J}ll'i i présentait
était mort: Quelques moyens qu'oal'6nl~tiJ'c.D ;ne;fut
jamais tirer de luí aucune autrerépt:mse¡ISH'EspagnW:,e-at
été plus halJi1e en chirnrgie, ainsi qu'a manier la plume,
il est encore douteux qu'on eat pu lui fáire comprendre le
cas,ou qu'on l'eut amené a faire ce qu'on luí demandait.
Bref il s'enfuit. Le capitaine eut á.lots recbnrs an pricur
ti'un couycnt; el, au moyen d'un préscntde 'cinquante





( 1°7 )
citoyens;" servir en avant dUlnrtl (1). 11 n?cst ras
rare de voir des officiers de la marine Inilitaire
fuire leur apprentissage (In métier. de la mer
cornme mousses a hord des. navires.. ma.rchands;
et,d'apres ce que j'ai rapporté, vous jugerez ql:\'ici.
iIs, le peuvent sans deshonneur (2).


doUars, il' ohtint l'inhumation de son cuisi'nier', confé-r-
mément auN. rites' de ·la religion catru,lique" el: 'un' ~certH
fio;lt des ~~trésqui~'en étaientChár~Sr¡l)e ratdur a N6'VV!..
"Yerk ,.il¡e'ÍihibaJSun' journal' et¡~lff' ~tHicat¡d~5(rprMi¡'es' e?
pa~ab ;,m¡iis 'l\uoi<ttfe'c()[{n\ii-p~ u\\ ~tttYen5 ~e!;pectame!
~t:8.1pn1Jde bo1t!l 'répon&at'lS 1Ja~ iJ.~~ liib~ '4é1I~Htitf~'
on I1e regarda' pa~,",g:a }5bróté 'cotWnl~LrgtIffisJine.oTót\.~ 1~
gens de I'équÍpage fúrenf intetrogés ~épa't~ilt l 'el '~tt!fjj
dépositiol1s comparées entre eIJes' aVánt"qu'on 'n'nequit-"
tat~ecapitaine. Celui-ci , en raeo:ntant une partie de cette
hiatoire a l'allteur ,avait!pOuv but'dt!lÍl~ntt'er l?ignoranee
des Espagnols qui ;hahitent 1'Amérique-méridiomde';mais
comme cetteperSonnelá trouva curieuse S()us d'autres rapl'
ports , elle tira da ~nteur les détails consignés ici~


(1) Cctte partie d'un Mtiment, appelée'gtziUard d'a:.
-vant., est le' líen ou se' tiennent d' ordirtaire les mat~lóts,
ils:nepassentsur l'arriere (réservé pour la pÍ'omenád~
(N··.éapitaine' et des officiers) que .lorsque lamalloouv're
Pexige.


(Note du tradu:cteur.)


(2) En qualité d'ancien marin, nous croyons devoir
déclarcr que les reglemcns auxquels l'auteur donne tan!




( 108 )


Ccttc discipline' étahlie ahord des' hatim~,,,
et non pas (cornme' on le suppose en AngleteITe)
la désertion des marins anglms, fut le pouvoir
magiquequicréala vaillante, marine des Etats-
Uni'S~"Un déserteur anglais ne fut jalnais, du
ruoins sciemment ,employé pendant 'le 'cours de
la guerre~ C' était.a'hsolument défendu par' les lois,
tant par des' matifs:d'humanité·-que pour éviter
des -disputes"aV'ee'l~ennemi:;Je me tappelle:tUie
'aÍlecdoteq~ pt6ÜV~I:;~ec" qttel 'st>lr{ ex·ltet:·::et
:riretrt~ 1ÚitittbilM.tt¡~ oPiSffltt¡¡tj'cé~feglemeht;:


La frégate l' A dams , sons leg.~8jJes' dücommo-
dore MlÓrris; [á~im-f}e~h quelqttéSJ avaries en sortan t
du poh ,et' falsaít de l'eau lm'~(lu"elIe prit un,
hatiment de l'escadre ennemie. La prise futahan--
donnée dans titi étafde délabrettierlt'cthnplet) et
les priS'onniWSilrNiispifi'téstt H~'fd 8éI17Ji~~; '"<tUi
n?était""gtlétb¡l~h!'¡¡nhi1flftft~l dond1ti(fn';;'·'L'escaare
enneníie cha5~aüt "la fregate;' ¡'et 'cMle:"ci ; mena-


d''élogcs s'ont' a peri' (le' chose pres' ceux (ie 'lá' marine mar~
chande fran(]aise~ La Seule diltérenceclul nous frappe, est
que les enquetes ayant pour ohjet de constater le 5()rt 'de~
hommes partis sur des hAtimcns marchands, sont in-
stituées 'en Fral1ce a la diligcl1cC dcs familles et non du
Gou VCl'llC mento


(Note da lrac{ucleul'.)




( 109)
,~n~ a; chaque instant de coulel' has, les Améri-
~aiIlsavaient a opter entre deux ·maux; comme
de raison, ils préférerent la noyade, et résolurent
de forcer de voiles autant que possible, en se
dirigeant vers les cotes de leur paJ8; top.tefois,
il leur semhla dur de condamner des homm,es
dont fhonneur n'était pas engagé' dans cette
affaire,a se noyer avec. eux.' Tputl;etaf9, étai~
dangereux; mais comnw les \q6t~~ r .<4~J~msip:r;ts
~glais~s ~étaie.Qtpas\ fJoigJ;lt~!~ lti\fo~9r~
se d~H~~#h~~Jf!S~dlwr~!ll q~rA¡'t~lJ}\ q~r
q1l6r, ,~~ ~p'\,i~'Ml~~i ~~jJ08 ~ ?,s\,,\l)\::' ~ .. '1 &JJ;~~ri h;~ 1
.:'" ,P,élr~:, le~,,~t1i~pgl11i~mp ~,)t¡~~i~i'R~lIl~~qi
dais, véritable,Paddy:(,) 4~ m;\l¡~:!P?ip~·J'~~ ffi-
pitaine Rog,ers , . cO~llmandant"e,n, "e(Fond q~eJa
f~·ég~~:" aluérjRa~nf1,: entenda~t; A~. b:C\lit &u~ .le
g~inal'd,,4~av~~, ,'$~Yl ,t~~n~¡W'~~~';.PPAr.::~voif; ,~~
quoi ils'ag~s3;it;, ii trouy~ f~rl.a~df!.+s)~re¡, ,et ~e
querellant,:ayec ses compag~ons d'infortune. Le


(1) No~ familier employé au lieu de Patrick: ceJ?~~
,cst tres commun en IrlanJe, dont Saiut-Patrick est .le
patl'O~. Les Auglais out fait du mot Paddy ., ~t ~ltf ~~n
.wréviation Pat, un sobriquet ridícule sons lef!~e~ ils
désignent le peuple Irlandais personnífié , com;me le peuple
anglais est désigné sous celui de John-Bull,


(Note du traducteur.)




( 110 )


capitaiue ~le 'prit par les, épauIeset-.le 'Úollouisit
en prisQu. Au oout· d'une heure bu d{!ux, ,il
alla, le. voir et le trouvant désenivré, ie remit eri
liherté,enluirecommanaant de s'ahstenir désorl.
nlais .de Doire, trop de whisky ( 1)' et de jurero Les
promesses qUf} 6t alor8 Paddy.ne furent pas mises
a une longueépr.euve. La ':&égate'arriva·pl'~.des
cotes d~ .1aNouvelle ... EcosSe, et les prlsennieJB
fureu.t·8Vll~fqu~s;aft4 desivivl'eS daDa ~lescanot8
qui dav~IQDgtrol(f,riv~ jusqula Une j)etite;yiUe
peu élojgll~e,,¡ riEcndantufueJen ft1'1'Ót8' gaglt-aient ;
la teIlve,¡I~r~pi~ineI!togemfqmse~prómel1ait sur'
le po:pl ·dBnladftégtité., . tlpel'~t un hOJIlmeiqui
cherchait a. é~ter,. ses regards en se cachant
derriere un lIla!; « Quoi, Paddy.f s'éeria :le
» capitaine ,est-~e¡ VOUS;~»;!,,",,,, .:~;Oui¡, lpl~Í8e<Ai·
J)votre hon~w -(QF'~;l.aiasez....j¡to~~5eule~~M\ 'me
))·Doyeravec;vo.us. »Le .éapitame lni expliqua que
cette fin n'était,pas aussi·inévitahle qu'il'pot1r~
14it le croire, et,lui. qommanda aJlec \douceur.de
s' embarquer dans un dernier can()t {qui . allait


"., ..


(1) Eau~e-viede grain fabriquee le p]ús so~vení" dans
<les distille:i-i~s 'clandestinés; les 1 rlandais ; de la hásse élasse
'; . . .!
sont passionnés pour.le whisky., " ,


( Note dlt tradzwteur.)
(2) Locution irlanda~e. ,




( 111 )


'partir. L'lrlanuais s'obstina .1 res ter. Si la fré-
gáte f~isaitdc l'eau, représclitait-il au capitaine)
il.fallait plus de bras p'our faire jouer les pOn1pes-;
'et si l'enuemi la joignait,. plus iI y en anraitel:-
mieux cela vandrait ; quant a lni, il, donl1ait sa
parole de se battreconllne un diableo «(Oui,
Paddy, Tépliqua l' officier; maison vous pendra
'3: la grande vergue , ,aussit6t qllefious aurons éte
faitsprisonniers. Non, mon brave gur<;on, cela ne
sera. pas; il fa:at vousenaller a' terreo •. » OH forc;a
l'JrIa_!s:,~3.: rlescendre'q,ans;:Je ic~otl mais tni
bout mt qnelqqes~ut~iJiUl)rurit ,.aJ l-1'afterl ...
tion, du mpifaine- ;Jtt'vit .Paddy;;~n~lnrut~1:'na-l
geant vers la frégate, tandis qüe: if~' canotcller-:
:chait a le rattrapper. « Jamais ,lue dit le capitainé'
Rogers, e~ me racontant cétte histoire, janlais de
nnrvié' ; je ne sentis mon' crenthattte; comme
'lorsque je :refusai de le laisser moIiter a hord
de' la frégate, et que je l~ vis conduire aterre
lnalgré luL Ponr ma part, }'eusse consentí a l~
laisset se noyer avec nous 3mais l'ennelui nous
cllassait de pres, le langage du pauvre diable
-1'errt faít rer.onnaitre pour un déserteur, et, ({ans
tous les cas, nous eussions enfreint nos ioi~ .. » ,


Maintenant, treve aux digressi.ons. Une ma-
'fine formidable fut bíentót organisée; iI n' était
l~as aussi aisé ue former une anuée. La premicre




( 112 )


, difficulté'¡éta:it"'ja dímitiution subitedes;.lt~ent.1s
publies' qni;,: depuis plusieurs: ánnées,avaierif ~
pour' 'prltldipále ,source , la "prospérité 'd~' eom.~
nÍeFte~) ~es jmpots >próprJírient dits déplaisertt
danslow; ~s paY's, inais :sttl1.bUt~ la: oU "'existe 'une


, déJfio~ra~ie."lci'; lesch~fsdtl 'g'6livernenerlt; pá-
"ftraissent ü'a-volr' ,pas voulurecriürir rt/desii'heSUr~s
j qui ·.eussentopU,refh>idir ; l"enthóttsiá:smébdi:i;la
nation. ,00: Jles- en ')a blamés;· -'mais: :peut-etre a
tort. Eíl GonísiJbt:ánt<Ws ~~fuewFt~s~ituti~~lle
~tte Ml1gun~l~'i"éphbHquer, (jri~ipéité::~r~r
"'q{l'iiy~ ~<dej~réV()ytiiteé qtte~eítérhérité a
la laisser se réveiller toute seuIe. ~:"';,
'~an«tlk~L'bqstilités :oorn*tétleerefif;flariÍ1~rine
américainé'colll11tait 'di~ ·frégates,~t"tlné ~entaine
,de hateaüx' 'mnonhier~'; ;;}!artbéeJ"t1thlt ffirt~,I;de
trenté ... cinq mitlei'hMftIit~lF:~ríi~~ú',(Jltéli~,


-: etplá~sJ SUt~ lesldrdtW~cl"omcter~f~i '; la-'que'lqtles
exce¡lti@s.{ pres!t íl"élái~-=gtlel(¡; ~íidsthiits
dansl'art inilitáiré ':qttet~\i\}thmés'fatMirieJg' ils
devaient 'conllnátider~111'; étdW;bdUWe1Jclle'voÍr les
obseryateurs" Stlpepfi~ls; f i'~btlrtTtIrbit 'Jtreíjil;Ier
(suivantleur ·caractere ) ~ a 'títir!parJl~;;dehut ;
mais les homnies, quicorirlaiss~lieht PeS¡)rit ila-
tional des' Américains et lesressdii.rces cachécs
de leur répuhlique, purent prévoircomment'l'ull
mettrait les autres en évidence. QueIques mOlS




( 113 )


,s:~oulenl, et les arhres des' forets amel'1CalneS
. flottent sur l'Océan ,portant des creurs de flamme
diglle..~ de Jeur eause et de leur. origine ~nglaise.
Les:efforts das g,raudes villes maritimes el. meme
des particuliers, seconderent C6UX du gouvm.:~~­
mento A mesure qtle la. guerre se prolongea ,
l' on viL des c<;>r.saires , incolD:patahles pour la
mal'che et montés par des citoyens courageux
qui .av~Úent ~bandonn~ leurs oceupations pai-
sihle8.~ cQAAvrir \()utes les. mers..Ces ~orsaires,
. qu.pic¡ue:¡J~~¡é\~ .~~tic,Qli~s" .fur~llt rangés
. ~ns,,~ ;Dl~~" ~~,\,t<,fO~ .u.J( ¡~,es
reglemens. , .. \;})( '.J i;J:.')'i'.\:ii) i:)! ~).:: .' ,


Pour lese\''1ic~ de, ¡ tare, :l~pt$.lple:eu..l~.f(faire
un plus loug apprentissage. On trouvaimpos-
sible de I'~l~lplir les rangs d'une année réguliere.
QuOiqu'oll p~ "d.~and~~ ~tl~itoyeJil H.u~ de s' en-
roler pOllr ,deu~al1s e~ a Ve4 une· baute·. paie, Oll
pul a. peixJe: fo~{!rWl' Fégiment~ On pou:vait se
proCl#'cr .des vplp~taires~n foule,· et les nülices
étaicllt par,tQut pl-etes a ptarcher; Illais ·se battre
p~ur de l'argent inspire ici une aversioll que ricll
Jle~saurait vaincre. Le gouverlleluellt doubla ]a
paie sans plus de suc~es. II fallut 'done, de toute
nécessité, coníier la défense dupays aux ci-
toyens eux-memes. Ils se comport.erent, ain'si
qu'on pouvait s'y attendre ,avec heaucoup de
~. 8




( 114 )
lnalailr~~~;, beaucoup d'imprudt:mce ,et beauco:up
d'bér~~Ille. '


Une milice, J;louvellement levée forme une sin-
guliere armé e., Les horo,mes qui la composent
sontquelq!l~fQi~, : braves a l'exces , quelquefois
tirp,ues., compleUll troupeau d'oies, et, dans


'l'un et l'autre cas, volontaires cornme un~ b~!lde
d'écoliers. On"oe peut ~'enlpecher de sourire4e
qllelqu~;-¡uJl~S -!.}1\e~ m~~pHS~fll1~~s. ~ la premiere
caWR~,g~f;IJt~~~TR'~~tl}P . p.~9.r,e. désagré~ble
dpnIté" par: 1~:g~?~!aJ j et t~I)t6t,,:un officie,r po-
pulair.efE~.pl?WF~;A~~' . sp~,J~Q,~map~,ement; o~
bi(!u il Jaqt fajÍre, unem~rch'; ~;x.tl'a~rdi~~irement


• " ¡. :. • -' ! <~." ~ > f _".l' .': f -¡ : \, ! ,,' ., ," ~ - Jo ~' • ~ '} ",", '> ';


fa~igan,t~ ?,iB~\J~?;U ;:r~p~voie l$fafil/1, ~,!8 tentes.
Un,e foi~,~oll~; Y5?ipn~)~ géné~~l' all~~'d'un cót~
et les troupes ",01,1, pp~rparler J~!~~ p~oprement ,
la ,mql}t~h~~$1!I)A'~g:¡ ~n~f- r(r~n) ~~\~~, Ue~. ~ares,
les prier~s, tQjQ.t. est. inutile; les cay~liel's se jet-
tent dans les forets e,t g~l~p~tfx~r?:Af'~~?h~~bi­
tatioDS, ~y~~tJrHr ~?JI!H~~~p,)~pn ,~111,~¡·~ :,~;t?r tete,
mais derrie~e, ;;trJ.\J ,_ Kw:m:)nt l'arri~):~í~arde '(1).


(1) PencJant une campagne pénible contre les Indiens,
dans les déserts d'lndiana et d'Illinois·, le gén~ral Harrison
n'osa l)as allerplus loin que de [aire des propositions a
ses volontaires du Kentucky; et il termina sa dépeche en
demandant poliment a se,s soldats la permission <le leur
donner des ordres pour un jOUl' seulement.




( 1"15 )
Dile fititre fdis, lestroupes'et 'le g~llériil ~sotit~~
obligés de s'arreter subitement fautedé~--m.tlni~ ~
tions et de~ objets les plus, iri.dispensábles 'ponr ,
faire la· guerre; leurs sabres et 'leurs· 'l'li'stolets ,':~
par exemple) sont encore aPhiladelplüe ,'~ tanUis',
q~'eux,se trouvent déja sur les frontieres'duNtlt<t'·


Nohobstant ce manque de discipline;~ d~exp~(
rienée et dé lalens militaires de lapitrt des fuiiices ;,
américaines " elles Hons offrent ,-'des;;I~sOpretnierg
jours de Ja gu~tt~, 'des exerhp!~s nd\ln~ Á\1.aleur: "
aua~deil¿~L ee lboiir~nnée clk'suéces;: En'! etret'{
enes pécherent plus gériéralem:ent1.hlIi·le~ibártttt1~{,
d1ex;PtWlen;~kL'q\\~i Vár 1~~ifMárre8~~~ ~JeP~lJ
est ilamiraJ)le de' ~"oi/av~C' trllélIé~p'~bIf1:tfB'taa~~tt!~
multituéÍe' fiei,~í bt.iridqcile fut 'soumiié;;~ou:'pfut:~t-!
se ~~~mii el,eln1áill(?á{{J¡'u~pe H(§Ub6~Hih~tion:
. Peúdan:t'íe ¿óti¡.s d,i:!1al,hHt~~ fJ~ fidtWi!afifét~ts:';


de l'01.~esttQ\Wbl~eÍitl'asM~t~Hdfla~tiis g'édere~s&;"
a l~ cOIlfid~r~H()~! fEl~~é5i S'ouS;lé's :aÍles de]a -1i~}:
be~té'répi~hlica¡iie ','éloig'nés: dh ilh"xedes gratl'des1
vilIes ,'et exposés rde~'~tt~ques cnutilinelles de' tt:~
part de leurs féroces voisins les Tndienso,'les habi==
taos de' ces états sedistinguent par une actifité ,
un pátriotisme , un désintéressement, UIl"courage"
etc une sorte d'esprit chevaleresqu~, a la fois en~
treprenantet généreux, qui ne 80nt peut-etre
égalés sur aucua point du globe. Les outrages faits


8 ..




(116 )
a<lw.;natitbo)atVaientr~rávolth·I.;fi~~té de oo,q ¡,d~es
citOJPnSl plmmilrst :mtJ'ée~',ava.tltb.' déclara ti~de
guerreo Le Kentucky ell particuliér ; avait otganise
dflri:t'QpnsiJde vol!On:tai.l1~,.dmlt la'fhrces'életait
a~plmP,dé)citiq;milbihommas, :'~lutsque les' h<M:"
,~té~éo~erentil' eiithousCism¡r;dás 'oitoyeus
~ ;eeU.(t; ;pef.;be' l~l1ibliqnC' ~éclataa unl·;te}~,
que~intelÑemioll¡dq.poUiVoir, 'f}xócuti{?;parut*
oessairei pohn ~IIJ.Radterítoq.te·la· ,@)puMtiolf aitile
c:Lt}s' emOU!rtG~l.lás . 4mtmeS.t;m.vdisirenl d~ ,~atitib­
,.ti&mq~pven:des~hóktpnes ; Gmle$~elieHai:&t ;~a' l'envi
lhUMhfims~t2rummieD11de!aenrs'!~epre8 mains
Ql~~umtilSé,'sdelemtsépotutl'L~íat ~e~l:Olrlo,
'Voismd.<K.aDtúckY'11e·territoire ¡d'lndiana (élévé
aujourd'huisuuang d?état), imíterent cet exemp1e;
eJib générBl'1ítoute" !a;rsgiF4,u i l?OumtfSéj,montra
auiniéeliD'.&md tlf¡priti. liAJlifittég¡menS1~bwpar
ceSi étnt, ,se joigowent ¡presqJJe)~\lSJiesII'Odeur.s'des
fpontierds~,' Hal>it<U;fB oosf:le~ i e~ime rQ l'usage de
,la ,ear&hine, et1 Jamiliarisésdliec ieS',fatigues .et les
péri!S:de·lav~,duchassenr; tireurs qui, en ajustant
un, ,Oisea.\l8IU vol Jlourua.ient dire avec un arcl1er
fatal aPlülippe de ~lacédoine:d lJ(lJiZ droit:J cava-
liers qui peuventparcourir san s reUwha les forets
el les: marécages, traverser les rivieres et franchir
les ravins, conlme ces anciens bandits fameux dés
frontieres de l'Écosse, les habitans de la lisiere




( 117 )


JJQCidentale de l'Unian .étaient particulier.ement
pr:opres a pOU8ser avec activité la guerre, fatigante
.dont Ieur pays était luenaeé.


, A l'ouest des Alleghanys (1), iI eut été'superflu
de tirer la lnilice; toutei les demandes d'ho~es
f~ites par, la république furentremplies et pllÍsqué
J'emplies par des volontaires. En intt'épidité, ailisi
(jU' en audaee, eette armée de pa triotes n'avaitpoint
d'égale; Jnais elle ne pouvait appr~lldre)a disci-
plin.e rau'itl'écolede l'adversit'é.llest roeme doti ....
,,\tallf qu' elle :J'ait '}amros, complefument. app~":~
dans l~ se~ :quednaI1enti{,\oo~tt~tmjlmüteS·dk
prófession.. Eri~fltit,~{ ~'~étai:1:pllÚótf¡hlw~a~~
de sentimens'que la SDunlÍ8sÍQIiit,fQtdorité," qui
produisait l'ensemblc dans les mouverneus; c'€talt
l' enthollsiasme qui suppléait alL talent, et une
50rte de géuie inhtitif qlli tel'l(,lit lieu d' expécience.
Nous voyons tlue poignée de jeunes gens dont le
chef aV;lit a peine v lugt ans, meltre' en fuite une
trollpe d~.vieux soldals et de gue.triers indiens',
exaltés par la victoire, et dix fois plus nombreu,x
que leurs jeunesadversaires; ITmis ceux~ci avaient
juré de saerifier leur vie ponr racheter l'honl1eúr
de la république, terni dans la préeédente carIl-


(1) Les plus hautes lUont<lgnes de l' Amérique seI,ten-
trionalc.




( ,118 )


. pagne;::eF€n:O\ltre de·venger;]a mort ,Jeleurs pa'"
'rens"oet; '(le"le'llrs;~tlnis, massacrés par les féroces
allié~·de leursennemis (1); iI est el remarquer 'que
l'empIoi des Indiens au service britannique a tou-
'jours 'eu~n;effet différenbde ceIui qU?Qn se propo-
sait: 11 riefiiappe pas de terreur,ulaisau'coD,traire
iI exéÍte fa valenr des hommes qui ont a cürnhattre


( ;. .


. , : .~ ... ; ,-- ,


Ü) ¡ ~~:f~~fr.?f ,9.~llj~u~e~ p.éros n,~, s~ ;~ls~.i.ng~a~,~ ;pas
~)<?}~~}~flr .1iQ~¡ ~~:~J,ra~it,,1 ~~ei ~a~ ~ s,~ ¡v~~e.~~, ch~':fleres~ue.
9n l,m a,yalt coDJie1.a ~eferise d'utl tórt qm commanoalt le
.~~~~~ ~'<~n~l1\~~!tvt~'~e~l~r s'é~jJtteÍiidaris lclac Erié; Son
général ay'ant été riífbrmé' qu'un;fortparti d'ennemis
·itllai(m.v~it'ée;fort; expédia a la. gárnison l'ordrede dé-
. truire les ou vj~ges ~t.· de se retiI:er e~. bon .ordre¡" Le j eune
C.rpg4'!n~is~M-t X~p.?rm~~,~ ~;~ ~??I~~íq~:HRc~~~~,~.t,
,t¿~ r!ffiffiWHhff s~~rfRm1?~~n~w,~ r~~~~~~l~~l~ ~ap;e 5~'Jlg ,~ya~nt ~ri~, résolut de désoheir ~ux orares' ~u généól, et
¡l'~tt~'~dr~ i;e:~m~~CLe sen~l~~ts'olehitét quiliaít ces bravcs


. jeunes gens ~ (i 'le c'alnie avec lequel ils' prirent toütes lenrs
mesures, les affranchirent du reproche 'd'imprudence. Sans


. antt·es -armes < quelenrs Ct\lsils ,el. une pi~e. de; canon, et
cernés: par des hateaux canonqiers" de vieilles tro~.l)e~, et
des sauvages, 90nt ils connaissaient, la cruau!é ~ leur vic-
toire ne semble ,guere moins que miraculeuse. Quol'qu'il
en soit, elle fut complete, ei ouvrit la carricre a" eeUe
série' de meces qui couronnerent 'les armes amérieaines.
sur les frontieres de l'Ouest et llu Nord, et qui se termi-
llCrent par la bataille de Platt5burg.




( t¡'9 )
dé si féroccs enncmis. Apres le. massa~re ,sur la
1'¡viere Raisin, dont j'ai fait mention daus une
lettre préc~den te, la victoire vint se fixer sous
les-drapeaux des Anléricains.,


L'enthousiasme dalls les états dl1 Midietdll
Centre ne fut guere moins ardent q\le celui des hª-
Litans 'de l'Ouest; mais en eut-ii été autreluent,
les descentes faites sur leurs rivages par les bati:·
mens ennemis, le sac des villages épars sur
une, ételldue de cotes de deux mille milles., et
enUn l'incendie9.e la.nouvel1,e·, capitale., 'auraient .
suffi pour éveiller ,r;é~~r~~',:-A~Rl~¡~~n!~r,~~~-
more et a la Nouvene-Orléan~., tmwr; -


Quelque mortifiant que flit dalls "le·moIn~nt
rin€endie du siége du gouvernement, i1 produisit
peut-etre ponr la république un avantage plus
durable qu'~ucune de ses plus brillantes vic-
toires. Une partíe.de eeUe grande' confédératioll
avait jusqu'alors m~ntré une déplorable ab'senoe
de patriotisme.


La conduite de quelques-unsdes états de 11.
~ouvelle - Angleterre, an commencement de la
lutte, n'est pas tres aisée a expliquer. Que cet
état de Massachussets qui, trente ans aupara·
vant, s'était placé él l'avant-garde dans l'armée
patriote, et dont la cause avait été si généra-
lement épousée par l~s autres répuLliques, ait




( 120 )


subiterdent'ohhlié:son prériliércaracteré, poür
deineurerttanqnillespectalellfd'une guerre d'ob.
déperid'á'MntiPl\bnheuY· et l'existence nationale de
bi1gründ~~~~hMiqúe' donf jusqu'alors il s'était
íñM't~~:~~n'~~nHjre 'si distingué, .tül~ ce qui
~~<&:' ;ta ~Jfui~;: la plus extraoromaireet la
ptfi~' aftligeárité ahjufationdeprincipes :q:n',on


• ptÍIsse trótlveí: dáns'l'es-annál€s:des naiions !Les
citb'yértsj,at?:cM;'iet~rvt\riis'Selrt avoir été dupes
d!íití 'pg~ti-!·afult; 4e~ ifuftl';: lfflqu~lí~t~'@poque,
a\Í~H:t: ét~ ~Pe!~et@ nt~~;jdWi~~ riltífruh' áii-dessus
del'liJqtleIféPi,qlfftkH\Wi~i ~e~ "p~fr et 'fflls'tlite
s"-étré itrlt~~t8eo&'qt\~ d'Wt1t'res:~'efr! étaierít aper-
~üs ;;'er~~l{íhleflf de;"#nr" LOJ)hotl1ie;,
L'auai;ch·ie:~f~e;ctrrwlge qlli süivi~nt la bril-


lante ilttttWeJtn~qlt l-evbltitiUtr fr.i~~~~ ,-ptodui..; .
sitelh ,atUi#~6\W~~JtEitf~~ 4.1ue)'~étiel1ón fuolllen-
hinée,'etrfav~li-p/ltltt¡desíjOtisÚl~\ Mgitítne et de
l'atistocrdtíeréb~hHe; étt Ahléritlue, ils arreterent
l'élan du seutimeut nati01lal '(PÚ s'était manifesté
av.ec enthollsi~iSnl.f.en faveur ou peuple fi'an<;ais,
et sem~lE~rcnt pOl~r HU Il10ment emlccr le souvenir
d'.injures récclltes et dispuser les esprit.s de la
jeune llation en féwcur de la tueee dout el1es'était
séparée. Les soldats de la révolntlon allléricaille
lWpllrelJt s'enlI)(~cher de détourucr lCllrs y(!UX
avec horrenr, de cette l~'J'allce qni avajt pruscrit




( 121 )


Lafayettc et souffert l'a.ssassinat de 4 Rochefou-
cauld; et si l'incarcération du 'M~riGte pr~crit,
dans les hastilles de la coalitioll"u'out ré.v.-élé'llu
monde la poHtique de~.puissances·lisuée$ .. contre,
la répu~lique fran<¡aise, ~uc~Ile .. ame génére~
n'a~ait ;hlamé la prédil~tio~ d'~e !portio.Ddei
citoyens américains pour U~~. ppissaJlpe qUli, ~Íl.
qu'ennemiede.s liberté,'3 ,et.~e l~· P¡;osp~l'ité de
leur patl'ie,résista a l'anarchique férocité ·d~s
tribunaux.f~vol!J\io.~ir~{f{~ ~.)'~~tiqble (imbi·
tion de Napoléon. Peut-etre les lIleIJlbr.es da parti
démocrat~ fur.ell~,-ils, pen<l(lpt.q~lelql.W temps ,
aus$i abu~~. ~n;;~pq~fallft \.lf)¡ ,at\aQh~lp~A~ ,opi-
nitüre pour la France, que leurs adversaires le
furent ensuite dans. ~eurpeD.c~~t:po~l' Angle-
terreo Les }Jl:erpiers , tout~fois ~ r~connurent leur
erreur et con~e,ntirent a l'<;tVOUCI>;; ta,ndis que, dans
certains ~s, le& del'nier~ se laissereutqveugler par
l' esprit de parti sur leur~ devoit~s d'h9m1nes aL de
citoyens (1).


(1) Quelle que pnisse etre la tendance de l'auteur V{~rs la
lluance d'opinion qui a distingué les Franklin, les Jef-
ferson et les NIadison, il serait injuste de ne Jh1.S l'CCOll-
-naitre avec quels égul'ds et quel respect elle parle de l'an-
cien partí fédéraliste , composé aussi de beaucoup de vé-
térans de Ja ré"yolution; c'cst ainsi qn'cn s'cxprimanl avec




( 1:)2 )


Ah rang des prelniers fédéralistes se trouvaient
~des homlnes non moins respectables par leu:n~
vertus que par leurs talen s ; mais ces hommes se
'séparerent graduellement de la minorité pour
se meler parlili la masse de la natiou., laissant
de "ienx Torys· et quelques politiques désappoin-
tés, décréditernn titre que des patriotes:avaient
porté, et sons ce masque trompenr travail1er.a la
ruine de leur pays~ Heureusement, ils échoue-
rento 'Puisgte¡'~ette;ex:périence servir de .le~on,
non a Massachussets senl, mais a tous les états
de la conféderation!


"]'ai déjaetl occasion de vousfaire remarque:r


une sévere franchise sur l'esprit et les actes de la trop
fameuse convention d'Hartford, contré laqti~l1e s'élevercnt


, .' ,-:i ~ r" ,t :'~ ']. r { ~-. ...; ..' . ,-
llautement les Rufus Kmg, les Jo1m Adams et autres fé:"
déralistes des plus distingués, et qu'en attribuant a des
intrigues de Torys et d'Anglaisdé~uisés', ·Ce5.erreurs po-
litiques dont l'impression était alors toute récente, elle
ne perdpas l'occasion de rendre en maints endroits,
hommage aux vertus politiques el privées d~s hahitans
de la Nouvelle-Angleterre. Sa?.5 doute, si elle eut visité
eette partie de l'Union) une Iettre datée de Boston,
herceau de la liherté américaine, et des champs de Lexing-
ton et de Bankershill, n'eut pas été une des moins 111~
téressantes parties de son ouvrage.


(Note dl¿ traducteu1'.)




( I:l3 )


les clmngemens que laderniereguerre a: apportés
,dans la; situation de la république. Nan.,.sellle~
. nlcnt elle s' établit d'unemaniere stable a la place
'qu'elIe avait prise parmi les nations, mais encare
'eHe ,·resserra, a l'intérieur, les liens de l'Unian •
. Les, hommes n:lt~mes qui, il1dispasés par l' esprit
~de 'P~úti, avalent refusé de cancourir aux'mesures
f GU; gouvernement·, et' de sympathiser avec,leurs
: cOI1citoyens, se seritirentgraduellement échauf-
fés'par-l'enthousiasme, qúiéclatait a~tour d'eux,


'et :sevirent forcés par ,1'imlUi-nenc~.··~udanger
commun, de se rallier a la cause cornmune. A


¡ la mil:de Ja-lritte 'une ~ parfai.-t~)"Dali.liJ».itéde ~sen­
, timens régnait dans toute l'Union. Le llOro d'Ull
parti jadis respectable" mais qui depuis s'était
ruiné lui.- meme ,. devintgé~~ralement impopu-
laire; et ses membres; pour se releve!' dans 1'0-
pinion, jugerent a propos de se déclarer con-
vertis aux principes du gouvernement populaire


. et de 'l'unionfédérale. .
On peut dire que le parti, autrefois si mal


, nommé fédéraliste, a cessé d'existcr aujourd'hui.
, On remanlue sans doute une diflerence de ca-
raclere politique ~ ou pour 'm'exprimer 'mieux,
une différence d'intensité dans les sentimens ré-
publicains des différehtes parlies constituanles
de ecHe grande confédération; mais toutes sont




( 1!24 )
mainfenant également dévouées aux institutions
llationales, et, dans toute mssidence d' opinion ,
admettent cornme de nécessité que la minorité
cede ~ la ma\ol'l.té; et ce qu?il -y a ue I>lus im-
portant, ces, düférences d'opinion ne portent
pas sur des qualités ou des défauts des peu-
pIes étrangers, des Fran«;ais, des Anglais, des
Hollandais . ou des. Portugais; le vreu de votre
vénérable a~}~~~'J~al~é aujour&hui : tous~es
compatriotes sont .A rnéricains. Genet peut main-
tenant faire le tour des états, et Henry celui de
la Noov€lle,rAngléterre, avec toute sécuritépour
la paix de leurs citoyens; et les habitans de Mas-
8achtlsséts"eux.:..m~inés . rougiraientau nom de la
~()nventi6n' d~Hayti)rd (1).


(1) ~el1etest maintenant, ou da moins était, a l'époque
oil l'auteur passa par .A.l~a~~y , u~ ,'p~~~:ir~;~\{~~~,~ur~~toyeD
de rétatdeNew~York. n est curieux de voir combien, dans
une démocratie, Ié~ f~cticux tombent vitedans l'oubli et
la nuIlité. On me morrtra Aaron Burr, dans 'la cOur du
maire, a New-YOI'k ;é'était'llnvieillárd" surlequel per-
S.OJU1C n'arretnit les regards ,excepté un puéril étrariger.
En ELR'ope, on envoie le démagogue turbulent en pri~
son. ou a Véchafaud, el 1'on en fait un martyr; en Amé--
riq ue, on le lai~:;c libre, et hicnt6t personne ne reuse- plus
a luí.




( 125 )


LETTRE XX.


Unanimité de sentimens panni la nation.-Gou-
iJerliement central. - Constitution fédérale.


, ,;


~~- n'y a maintenant, ma cll{~re amie, nfille
apparence d'une minorlté ~t~~!~:, qaps ,.la nation,
ni par conséquent dans ]e congreso On ne se
disputeplu.s'pour savoir comilleí:if la nation doit
etre goovernée. La souverairieté,' est reconnue
-tésider essentiénement dáns'le petipte, qui est
convéilll de n;exercer cette ~ouvel~aineté que par
,des représentans,' obligés de s~ conformer aux
instructions des électeurs qui les ont n{)mmés;
s'ils ne le font pas, ils sont mis de coté aux élec-
tioos su1vantes et remplacés par d'autres. Une
opposition de la part des gouvernans aux désirs
des goü\Ternés, ne serait ici qu'absurde. Les pre-
miers sont les serviteurs du peuple et non ses




cr 126. )'


111altres ; il~ ;sont investisu'autant de pouvoh.'
tout juste que leurs eonnnettans ont eru eonve-
nable de leur en confier, et foreés d' exercer ce
pouvoir, non pas a leur fantaísie, mais au gout
de la nation (1).


Le gouvernement des Etats-Unis a été qualifié
de gouvernement faíble; nlais seulel11ent par les
hommes habitués a eonsidérer un gouvernement
cómme devanttoujours etre en garde contre le
peuple. C'est tout autre ehóse ici; le gouverne-


(1) Les représentans doivent, par conséquent , sentir"
queIquef()is eneux-memes s'établir une l~ltt.e ,entre .. le~~
propre conviction et les désirs formels de leufs commettal1s,
et consciencieusernent céder a la prem·i~l:e. j~ me ~ouviens (le'
l'exempI~'d'un memhre distil1gué du con gres , nornrné par un:'
cornté de l'ouest tIe la Pensylvanie. (M. BaJdwin), qui ~ota
d'une maniere entieremel1t opposée aux instructiol1s qu'il
avait re~ués.A son retour, il fut somméd'ex.pliquerou de':;'us-
tifier sa conduite, sous peine d'etre rejeté. n réponclit qu'au
temps Ol! iI avait voté, il avait exprimé le regret que son
opinion différat de celle de ses commettans; mais qu'il s'erait
indigne de l'emploi érninent qu'il occupait, et de la con-
iiance publique dont il avait joui pendant si long-temps,
s'il pouvait s'excuser d'avoir voté d'apres son jugement;
que ses concitoyens étaient parfaitement libres de transf~
rer leurs suffrages a l'hornme qui pourrait se trouver plus
d'accord avec_eux qu'il ne l'avait été; que pour lui) tout




( 1 ~7 )
ment agit de concert avec le peuple; jI esl . une
partie du peuple; en un :mot e'est le peuple lui-
meme. Il est aisé de voit, qu'un tel gouverne-
ment doit ctre le plus fort qu'il y ait au monde,
et le plus capable de remplir tous les objets poul'
lesquels les gouvernemens sont visiblement ip-
stitués. Les partisans du pouvoil' arhitraire nous
diront: les hOInmes sont méchans, et par eonsé-
quent ne sauraient se gouverner eux-meules ;
nlais si réellement ils sont. nléebilns, jI est clair
{IU'ils sont eneore moins faits pour se gouverner
les uns les autres. Quand les gouvernans sont
ooués d'unehónté parfaite et d'utl.jugement in-
faillibÍe, iI peut ctre raisonnable-d'abandonner les
intérets des houllues a lcul' 111erei; 1113is ieí on
suppose' que les gouvernans sont infIuencés par


ce qu'il pouvait promettre étaitd'examiner, attentivement
et de bonne fui toutes les questions, de peser serupuleu-
sement les désirs de ses eommettans,. mais de ne jamaiD
voter d'une maniere déeidément opposée a sa propre opi-
nion. Ses coneitoyens aeeueillirent cette déclaration par
des applaudissemens ; et eomme dans toute sa earriere
poli tique , ses aetions avaient été d' aeeord avee leurs sen-
timens, ils regarderent la dissidenee dont ils avaient cru
ae'Voir se plaindre d' abord, eomme une nouvelle preuve
de son intégrité, et ils le réélurent a l'unanimité.




1{ 1';8))
-.,>,;i.; "t :W;:t .; 'i' ,\:fl,':;~i:~" d ~1t ?,~p~jt:ri
. iouf.es _les P~SSlOqs cOJ:mnunes a l'humalllre; on


". - .. ~) "'f rt:'1 :.~.l ;\',.- ~: _~-".(!~~ ;{:; j~ '~'} ¡f(":~J.J :"':"1,:: pr~n~( ~Oln: ~1~ ,?o?sequ,enc~ t?? f ¡~~p~~, _ ~~~ J~~~
síOns'; _ ou pltitót -OH, s'eff'orcé' de le~ fáire' servir
a ravantage';'ah1ieu, de tourner' au detritrtent ~e
la s'ociéte:'. 'Sr' h~ -bÓlnme' est '~Jnbitieux, il : nk


_ p~t'; a~qu6rir~ dé l~imporúln~' q~'~ri 'aéfehdá~t
les' ínté~étsdes autres; du mo~eni qu'il oppose
d'une maniere ostensible les siens a ceux' de ses
co~citoyells ~itf~ut qu'it ~a~a~~onne l~ parti~. ~ -


\. !; j } < II ' f l·: ~; " . ~.: '. i .
:, Il ne para~ pas _ évident ,qrie . Já vertu soit -in-
dispensal~le ,:a~JllairÍUen' de l'égalité 'p~litique;
l'envie'pe~t:s\uffire;, et'tóut'hó~mé' esfpret a'dire
'a un autre ':'tu~~~era~i)¡áJ plu8'ql/enioi'-L~Jgalifé
P?l~tique ?, ,J~~i ',~o~.i~'a}~i~ ,~' e~f~eY~:':~~~f'i. r~us ~ln;
dIspensable au malutH!n ,de la vertu;' part'oUt' OU
1'on admet un principe d'exclusion, l'on souIeve
de i'1fn:.estes p~ssions;.qivisez une"s~ciété eu classes,
et l'i~~ole~éé, p'r~'~d' 'ná~~a'ri~~' ÍJa'fúÍí !~;(pIUs\e1e:-
~ .. .' , ~. ;, °.° ~".;; 1-, ,,; p~}J ... ,L:' .~L:)L ".:"';~ ~: ~1


vées, tandis~<.q1J.~ I~ ,s,~rr(~)JM~fR;J~~1J9~'~~!~i~~~in~
t()utes.d~~,se .mallifes~ent~~q ~9-,d~ .plusJ)a~~es:
.' ,Dans toutes-des.·autres républiques:;anciellues
()um-ode'rries ,: il y a euan levain:d'aristooratie_;
l' A mérique, par bonheur pour elle-,eut des son
enfance assez de ,rertu pour repousser' J'iÍllro- ,
duction de dignités héréditaires. I1 y eut" a, i~l~
d'autant plus de vertu de sa part ,qu'~lle 'a.vaiti,
a résister llou-seulenlent a l'exemple de to~t~s le~




( 129 )
natiQQS de la terl'e, mais en cote aux iuvitations
persuasives et níe,lnes au~ ordres, form¿Is de s~s
~ouverains. SielJe eut re~u ceÜ~ so,~~.i,llure, duns le
príncipe, iI est probable qu'anqun effort n'arír~it
pu ensuite la lui enlever. Ses républiqtiés, ser~iel~t
eucore aujourd'huides provinces hrita'iuliql~es\
ouLien ses citoyens n;aurai~nt cessé' ti.e cabal«:!r
les UBS cOlltre. les autres, cmlune'les. patriciel~s
et les plébéiensdel'an'cienue ROl¡lC,'o~'eonllÚe
ceux ue ,Florel~~e','Ü)~'.~" ....,..,., .. ;; "," " .


Le. gr~~i r #~t~~~!{ i~i~~~¡~7~ ~~i:{61uj' ir~' gli
UOriUlll l}op~lq~i', e' lloúil¿' ~ C(;l~~~{tf~)'~l;d v~lir
<J~íf.:Jt,J~~f{?~¿~f.~~~ ~;~~}~~ .. )l~f~~i~~i&.~fJ~ !'!?ir:
c.aglOTll. d/, t(J,t,lt! 1l1:aZt e'he. TUISCOT1:P ne1!e .c1fta.


, .' ' • • ' .c . ' ( • " •• " , - ! 1.' ; " _ T,: ,~t ~.',. ~


Si les t~Q,~lf:\Pie J~i ré"Hlbh(IUé.~(!~:171({re;lce; E~~L
" 1 ... : J;' " f'· i ;


'. ',;';:,); ·:.~;_:.JJ_·"._t'.J.l\·.~:Jr··.~···f"',',:,~(~- ~ .. .,-¡J l~
.( lJ L~sS(t~~H~~~~~e,~!:t ~~:~J7;u:l,ie~'~~;~l~,t a,.~~uf ~l~h~t~r~


l'esprit démocratlqqe'de 1a N au velle~Aúgletérré, par la créa-
ti~n d'úne n8J)t~¿~é: té~tg()'tivel'·n:éúr~í'o)';aáx·tthrterent lJ'~>I:_
gueil des' grands'pTtiprletaife8, en Ie\trirlsinuant depren-
dre le litre de lJái'ons.Les,córHltH3tOílsde tetre$ pool' 'étre
tNl1smises ea ligne maso\lline, concessions qui f.uren". si
fréquentes daps les 'Colonies lHt~ridionales el dans la pro:vince
de :New-York, étaient pro!)nblcment f:lites dans la m(~~ne
vlfé. Ces propriét::lirrs h{~r<S<litaircs furent les Torysde lá
révolution; iI Y eu t, co~me de mison, parmi eux. a'hoÍlo-
'1'al)les exceptions.


2. 9




( 130 )


tífient eeHe ass.erlion de son llistonen philosoplre,
la paix de l'Amérique ne tend pas moins a la
confirmer. La liberté est en stlreté dans ce pays,
parce qu'elle est également le lot de tous. L'état
n'est sujet a aucune convulsion, paree qu'il n'y
a aucnne usurpation a maintenir, el que tout in-
dividu a a perdre une égalc portion de souverai-
neté (1) : aueun roi ne dépose voIontairement
le sceptre , et dan.s une dénlOcratie tous les
hornmcs sont rois.


On éprouve une sensation singuliere en pro-:-
menant ses regards sur un pays ou les utopies de
quclques ; pl~ilantropes seluhleut parfaitemcut
réalisécs. Un peuple se SOlunct voloptairemellt ~
des lois qu'il s'est données lui-merne; ses lnains
sont arnlées, et pourtant iI respecte la voix d'Ull
gouvernement .que son sQuffi.e a eréé, et. que ce


(1) On trouve une déplorahle exception a cette regle
dans l'escIavage des noirs sur le territoire des ~tats du Sud.
Puisse la sagesse des maitrcs les préserver de cette révolu-
tion de la roue de fortúne envisagée par le vénérahle
philantrope M. Jefferson , comme étant au nomhre des
évenemens possihles ou probahles par une intervet~tion
surnaturelle. Tout homme impartial s'accordera avec l'au-
teur que nous venons de citer l)our penser que le Tout-Puis-
sant ne saul'ait, dans une tclle úccurencc, se rangt~r du cóté
des l)lanteU1·~.




( 131 )


men1é souft1e peut détruire en un 111Oment! Ily a
quelque chose de véritablement'grand dans ce frein
moral qu'une société s'irnpose ene-nH~lllc.


Je ne ln'étonne pas que les EuropéelJs refusent
d'ajouter {(Ji aux pel'sonnes qui kul' lout un rap-
port exact de la condition de ces républiques.
Qu'une nation composée de sonverains indépen-
dans, soit, de ton tes , la plus tranquille et la. plus
unie , cela pcut hien passer l'intelligence d'hommes
accoutumés au pouvoir du sabre. On peut luettre
en question si les institutions uel' Ameriqüe pour-
raient etre transplantées en Europe. Unetentative
de ce gente: a écno'ue enFran~é';¡'(jt: les ·nlemes
causes peuvcnt produire les mernes résultatspar-
tout ailleurs; lnais surement on se propose ele
forcer' a fhire le memeessai autre parto J'avais posé
]a p]urne potir parcourir une file de joufnanx.
de Londres qui venaient d'arriver. Je n'ai pas
besoin de vous dire avec quels sentimens je les
jetai loin uenloi : ]curs colonnes contenaient le
récit ele l'évenement du 16 aoal (1). Quoi! le
l)eupl~ anglais écrasé ct sabré par des soldatsl
Saville, Wlíitbread, Rornil1y, vous etes heureux
d'etre au tornhcilU !


(1) Le 111assacre (le l\Jallchester.




( .32 )
'Laissez U'11;' gouvernertrent s'appujer sur llÍle
arrnée;efn~s? lib&·t'es qui resténta rtn peuple ri~
'sbhfp~cls-:ro~sé(lées- ~e pleiifdtoit,'Ifiais cOlI1me
P'~H; gra@et ¡jiú' f¡t"e'llt. Id, IÍbn~seulementTcette
ffi~~1'ml ést reconriü~ e'n tb€órie ',r lnttiseÍ1coreon
:~sy (t~nfbfhi~ :d~r~slapratiqüe :<tex;~~úple °tiertt l'~pée '~n'tJ.e s~s' maios et n'cn laí~-'pá\r::a:~
g!~}llvern'aíis.·'Les'! dto1eriS ,se, chargent ain~ 'de
v~ineFe'itx;::frl@fhbs:ni riuHhÜerf de leursdroits:et a
Pe:k.ecdtibn"d~ léiW~folH {i J.: '~
'J-~é;:sripi1óSe"q{ie vDiis;conhaiss~z passáblement la
'cúhstitttt¡ori-;des'Etat~lJnis,'et *~·*aussi, quoiCfu'il
's~'fjllf tt!atl,ealiJt\1'éf~ la ·forCé 'dtiHeh qu'elle éta-
blit erltrldéFa¡~;érses parfies da I'Union. Les artit


'\ . ,


: ,; (~)Jl.~~r~~~)j'?:'Hffmis'.~~Jí~R13~~~f-;a,~~el1e é~o:~ue) que
les- eri;mjnels détenus a la geole 'de Philádel'ph~c ténteren t
de foreer leue pr'is~ri. ii~ ~vaient réussi a gagner la cour ex-
t~rieure avantquel'alarme ftit donÍlée: Les 'citoyens , qui
deJ'lleuraient dans lé,\ iyoi~nage p'¡irerlt leúTs'fusils, etcou-
~~l~nt ''Ver~ la 'rpisebJ qUétq\leS!':Ulls'e3-rvinJ."e~ta~eo,agili\é
a gagner le haut <Iu mur de la cour O~,~lWJ),~rti'ejde~,.qoru.­
pirilteurs~~e eqtiaiCJ1t avec lClJrs ~eoliers, tanuis que ~'au~
~r-esrtravaill~i~nta ,forcer les portes. On les coucha en joue,
,~\ eomme de 'r~ison , la })reH;liere sommation les :fit rentrer


I ,: i -- - , , , ', '
dans l'ordre et rctourner a leurs salles. De tcls eitoyens ne


, S{;llt~ iIs ras aussi Lons ponr maintenirla ,tranquillité pu-
hlique que tous les soltla!s uU,lllonde?




-( .J~3 )
',,"8 det-Co~'¡'ération !rld.optés"pté?ip~t.alll~_e~,--t:, a
rl~époque de;! la ,révolutjon, n'agirf1H~"fln:effet que
sur les états et non sur les indi~idu~.En v:ertu de
ces articles , le congres général, qui ll~ était alors
composé que d'une seule chambre, ne pouvait
lever des hommes ni percevoir des taxes, que par
l'intermédiaire des législatures des différentes ré-
'publiques. Le p'euple de chaque état réglait son
commerce par le luoyen de son gqq:yernemcllt ,
et non par celui de la co~fédér~tiOP)t ~evait $~n.<:ol,1.j
tingent de troupes, percevaitl$esrev~l~,~J~ ma~
nierequ'iJjugeaiteorn:~nable,etpr()~lOn'c;'~i~m-e1p-~
surlanée~sit~ ~dejfournir.le c~#qg~n~,~ID_
Cette méthode produisait heauc()np,de.'SI?~ffJt
sion en te!l;lj>~_ª~_g~l~rr~, et E~~lS encore en temps
de paix. Lorsque'a c;onstifution.fédi;:;ie rc'ill1llaga
. ~esa'l~Íicle~,\ J6S citoj~~~s (re~f d1V erséÚlt,s hJ:[fir~nt
pas .une ll?úvt;llc Aqh~g~lliórl ~Te p'(;'~~(;j t~~;- íiitlis lts
tran~~rer~Rt .i)eu~~ rcill'és~X.,l tU!ls' a~l. C;?,n:g~~~- ;gé:"
néral, une. partie,de~eux (lu'ilsavaient áq~é­
riellrement délégués a len!' repréientans dans l~s
assemblés 'locales.


Le gouvernement central se trouva alors exer-'
cer son autorité sans appel, el l"exercér non súr
les législatures <les différcn,s- états, mais sur les
c~loyens eux-:"'nH.~nles, réunis pour la premiere
foi~ en une grande famille. Il se livra a ses tra-




( 134 )
vaux' 1Cgi:s[ltit~ ~ dans le congres , san s égardpour
l~s fi.'á~iions uu grand tout, quoique le~ limites
territoriales des diverses républiques fussent de-'
me'ur~es les 'luelues.Ce gouverneluent central
regle le commerce, inIpose et perc;oit les taxes,
hai 'monnaie, établit le's bureaux de poste' et
les rontes de poste, déc1are la guerre, leve les
armees, entretien t une marine, rassernh!c les' mi-
lices, regle leur discipline et exercC l'autorité sur
elles, lorsqu'elles:sont réunies ponr le service des
Etats-Unis'. Ses pouvóirs, en un mot, s'étendent
sur tons les objets qui ont rapport a la défense
cornIÍlllne ~t' ~u-' 'bien géneral de la confédératÍon;
et comme ils sont claireluent définis, iI peut
faire les 10is nécessaires pour les rendre eHicaces.
Quanta l'usage qu'il fait' de ces pouvoirs, il est
directemerif 're~pcohsR}jie ''en\l~el~S ré' pebple; rl'mI il
résulte que tout en étaut jncalculablclllent plus
fort que dans l'origine, on pourrait 'dire qu'il est
aussi en quelque sorte plus' faibUf 'Les 'articles de
confédération seníblaiel1t l:iisser' au gouvertremcnt
qu'ils organisaient, la possibilité d'excrccr une
influence ilIégale sur la natíon, a l'aide des légis-
latures des différens états. II possede aujourd'hui
simplement le pouvoil' direct; mais pour exerCCl"
une influence quelconque, la chose est impra ...
ticable.




( ¡,35 )
Les'dcux charubres législatjyes i.nv~sLies de ces
~rands pouvoírs représcntcnt, l'une la population
de toute 1'Union, l'autre les dífférentes répuLli-
ques dont elle est composée. Pcut-etre est-ll per-
luís de dire que la challlhre des représenta.lls ex-
prime l'opioion de la nation, et que le sénat ha'~
lance les intérets locaux. des différelltes seclions
de ce vaste territoire .. Un meulhre, dalls la premicre
de cesassemblées, représente quaranle nülle ~'nnes;
deux Hwmbres dans l'autre, repré?~:mtent un ét~t,
quelles que 80ient sa grandeur et sa,populatiDn.lI
~Llit de la qu'aucune 101 n~ pcut etre rendue sans
,réunir,;~~~ J;l;\~·j9Ji\~., ~~n~}e~ .~Hlt~j H911~~ne, ~an~li
le peuple, ce qni doit toujours assurer ,ulle tres
grande majoriLé de la llation a toute mesilre
adoptée, par le congreso DallS un.p~y s oú le peu-
})le se gouycrne lui,-Incme, c'cst, .un p~int tr<~s
important~ .


eeUe représentatiou du pcuple , par s~ p~s.ií·ion
Jucale, ainsi que par le nonlbre de ses membl'cs,
11l'oduit encore d'autrcs efiets salutail'es. Elle ~a­
lance parfaitelnent les diffél'ens intérets qui divi-
scnt plus ou moins toutes les socíétés civilisées,
Jllais qui, sur un territoire aussi vaste que celui
de l' Amérique, sont peut-etre susceptibles d\~tre
arrangés plus géographiquelnent ( si je puis ITl'eX-
I)r11ner ainsi), quedans des paysnloinsétendüs. Les




e r36)
éthlS'idc' IfOü~tttj '1td croiSsell ttapidementen foreeet l
etiiiliébe~~ptltrP0hthien.tot un ititMet pttissant ~,et~
ex~l\l5ifas0UtmjJra.griculture et l'industrie mantl'".
:fué{üriere~~Qtiéléür:popülatíon vienne aexcéder
ceÍle des;états<~qtii'hordent l'Atlantíque, les inté-
~§"'cofuniereiliux' ·p'0urraientetrenégligé~ dans:
l'ássemblée'háfíonnle;et coIrtme actuelletnent la
po:pulatioIi dé ces états surpasse cene de la section
deFUniQh,l~-pttisree~eíttpetlplCe, les intérets
decette ;~ñi~~~~ijnrráíent:et~e",o1.fbliésatipoint
defaire hMitr¿áes: mécontentéIÍ:1E~lts chez ,ces ré.J.
publiques· llaissft:nte~. ,'Le lÍ1OOécdé-':rep'réscrítation
adopté dans le sénat semble obvier a cedánger,
etl'~vatiti1ge :~qu~a' presetitede'VíerMra'prohable-
nietrt d~·:pli\,§~~tf~lh~ áppatentJ:¡8' m~~ure-queles­
éhíts"de l~~ féNW.~ \letiei1dro"t:pl~ i1ÍlptwtIIDs •...... ~ .. )
~; LegAtfgRi1~ t!t~ K~l~I~'á~~b~épeitt ..


etre- lee: seitFes,i rlátions :: ql:ñ,,':stl6hefilf,mcer.:unc).
ligne de-~émarcati.on,~l~ulraJes ... ,pílu~oir~légis __
latu" ,.~¡éQ\Jkií\fltj.w!¡f¡i!ke~l !lHiGjffiq;fl,p._~·· dal1~' la
formatión,dfa'th~:ernerrlelit.,Che1tla;premiere, ... .:
les distinctións'cntre' ces' potlvoirssbnt fort- bien
coinprises; "clH~Z raütre, elles sont parfaitement
étahÜes. En Angleterre, le pouvoir Iégislatif et le
pouvoir exécutif SOl1t nomillalemeqt séparés,
lnais effect1vemeut l'éunis, lorsqu'une majorité
peut etre achetée, et <{ue les llllllistrcs du cabillct




( J37 )
Qhlt\1Jl;' vote:direcl sur cháque qnestion disclltée~
Iei, uon"'~6\l1~me{lt l~ président lui~m~me,e$t:po ...
sitivementexolus des· deux ch.anll)f~s.i du c()Dgl!es~ ,
mais il en 6St de meme de toute ,pel'sOllne cm"
ployée sous les ordres du gouverJ1e~~,(I). ~.,'aij
en ooca$ion, da ns ltn.eptécédent~~~ettrf}" dey~~,
faire rematquer que cette distmctwll,eptre les dif~
férentes btanches da ~uvernement,est.maintenue ,
par les cpn$titutioo~ pal'ti,mM~r~ f~ ;é~~~,.(!OiOl~a
pat ce¡le .~~ ~t~\s.-:UAi~ ;iqji~Ji-mtril4i~~}~.1~,ti~~
c1árationd~ droiJo·de l'éta,t,.{\,ª~,~~i.l~cpus~ets"
que CrJ s()it ,un , gou"erneqzent,ti~ ,/Gis,.el non
d/holnt'1'f!.l3~J {i '.I:')i'I'k, >::.,l((nEY;:; :fnn.?"a 91 ~flbh
··-L'él~ctio~, ,d,uprés.ident~st: r'gl.w ,,~!~,i~gb-,
nieus~n,~ ,oo:,nlaoiere a .. ce qu~el~:paI\tiápe aUK:'i
deu~,Ul~~sjl~: ~P-f~~tªti9:n gy' 9.!A'!!8~ ~~ ,s~na_t e~
la ~ham:Qre4~!i.l'f:pt:é~lltansr"Jt .~J;a~~ ~~t]:ss~ire ~e
se mett(~~:n ~J.~e,d.,'a1.lo~'d¡;ontr~~ lél:',~'_~~ grande:


(1) Le pr&iderinles'État5~Unisnéparaitjáma1sdans ren":',
ceinte du CapitoletttCépté lejour de soninstallation. Slil assi~
tait párhasatd a quelque débat, ce ne pourrait etre que
comme simp1e citoyen parmi l' auditoirc; mais ce serait mema
l'egardécomme une inconvenance, et parconséquent cela n'ar-
rive jamais. Je ne me souviens pas d'avoir été questionnée '
depuis mon retour en Angleterre, sur laconstitution améri~
caine par un seul individu qui ne confondit le présidcnt des
États-Unis avecle président du sénat.




e 138 ) ,
ínfluence d'UIl état plus populeux queses,Yoi.sins~
et qui eút pu commandcl' le choix. du magislrat
supreme, si la nomination avait été laissée a la
masse de la population anléricaü;e, sans égard
pour la position respective des parties qui la
composent; et en second líeu, de se garantir d'une
coalition d'états liés entre eux par ccrtains inté-
rets particuliers ou par des relations de voisinage;
coalition qui eut pu procurer a une portion de
l'Union un injuste, avantage, si l' éleclÍon eut
été faite par le vote des états. Je ne suis pas él
Dleme, au reste; de juger jusqu't't quel point on.
a réuni et jusqu'a quel point il était possiLle de
réunir ces deux modes d'élection (¡).


Les pouvoirs du président sont grands ;.nlais


(1) Quelques amemlemens aux élections ponr la prCSl-
<.lence ont été faits par diverses conventions dcpuis l'étahlis-
sement de la constitution féuérale; mais je pcnse qu'ils ont
eu uniquement pour objet de statuer qu'il scrait procétlé sé-
parément a l'électioll d'Ull vice-président. Autrefojs eet em-
ploi était dévolu au candidat qui avait réuni le plus de suf-
frages apres celui élu a la présideuce. Une fois , ..... les votes
furent part.agés également, et ron jugea a pro pos d'éviter
toute confusion a l'avenir, en spécifiant queBe personne on
elltenuait nommer présidel1t, et quelle autre on nmnmait
vice-présiclent. Quelques autre5 amel1demens import.ulls out
été proposés dernieremcut, et, je erois, soumis au pcuplc.




( 139 )
ils' sblIt toujourssoumis au conh;üle de la ~égis­
-latl1re. Il nOnlnle les anlbassadeurs, les' consuls,
les juges de la cour supreme et autres fonction-
l1aires ges Etats-Unis; mais c'est seulement avec
1'approbation du sénat, a moins 'que les deux
char.nbres du con gres ne jugent a propos, dans
'des circon'stances qui exigent une célérité par-
ticu1iere, de l'investir du pouvoir disctétion-
naire. Il peut .f:1ire des traités, mais seulelllcnt
de l'avis et avec le' concours des ' deux, tiers
du sénat. Sa signature renel 'valide un acte de
la législature; mais s'i1 la refuse, une 111ajorité
des' deux tiers· 'dans chaque chambre -donne-force
de 10í a cet acte, san s son concours., 11 peut
convoquer le congres entre les époques fixées par
son ajournement, lorsque des circonstances cx-
traordinaires l'exigent; mais il ne peut jmnais
le renvoyer; seulement, si les deux chalnhres
ne sont pas d'accord sur la durée de l'ajourne-
ment, il devient arbitre eutre elles. Le président
est cornmandant en chef de l'armée et de la
marine, ainsi que des nlilices, lorsqu'elles· sont
appelées au service de la nation lmr une 10i du
congl'cs; dans ce cas, son autorité remplace
ceHe des gouvcrneurs des différells états qui sont
cOHllnandans en chef de leurs milicGs.


Les pouvoirs du présidcnt ont élé jngés trap





~ i4ti Y
"gr~I111~'pnrttjh~fities hÓmmes ;~etr~~d~;r~ibl~9 pa~
(faUtr~s ;" m~~je-'penséqn'a present'~;pe1l ,Jae 'pt;t4
sonncs sont'de~fun ou l'autre de ces avis. UIl ma~
;~lstrat<supreme qui n'exerce ses fonetionsqu~,
pendant :quatre ans, et qui peutetre accusé d~
malvetsation, pourrait, a ce qu'il sémble, jouit
'du ponvoir de conférer tous les emplois pUblic&
dont la conservation dépend uniquement dela
honne coIidUite, dit fonctionnaire, sans beaucoup
'de risqui de'Ie-;i~-abttSer: de'cette prérogative~
Au surplus, en sotlTnettant sa volonte a fassenti":'
:ment d'nn,e branche de la législáture, on obtient
une" ddt1HYé ,gatáhti~ de ~l"imp~rfialité .: tl~s' IÍomil
natiotr~; ,';; Jj~at¡¿b11p'¡d;e petile~' tracass~riespour
'arriver a'ni etnplóis sont 'évitéÓs,'eF]e'president
se ti'ortve ~ol~l~gJ' truil;~ pél1ible.'resptJli5aói1it~> .~
. ;L~f; pb~vólY'jÍÍt1i8mtféj d~~ Et~~s~(fhiS') est;°á:íti-í ..
hucf ~' p:né¡ cQbtíl~hpr-¡'rile-' qlli' 'siege II W~Shinga.
tot..Cetlecoúr de jnsti~e.ú'es~phs' l~1noin~ hétf~
des : institittib~s qu' dn réhÍ~tql{l~il (fán~{'~ ~~drgá()ll
satiol) singó.liér~~ du gottvérnement 'américáin;
Elle resserre les liens de l'unioh 'tedérate, lmiin~
tiClit la paix entre les diverscs ré}}llhliques, et
entre ces fractions du grand tout et le gouverne-
ment qui en forme le centre. Ene juge toules les
conlestations entre les différens étals, ou entre
les citoycllS d\m élal et le gouvernement Oll:




( 14· )
~~~; citoyCl1S d'~_ autre~d~¡ m~~,4uc:ceUe~, q~
~t?l~ ,s';~Jev~Iept;r~des particiW~-et l~ .~q~
y;~r~e~;t,,;,;ceutral , . 011 entre Jé~o C!JnY~s,~~
~~~Vniset des .états.,. descitQye!1~,ou.4es :;su.j~t$
~~a~g~rs. Enfin,:sa ljuridietion eiMra~seY>l.'té~
~$,~qsesf!Ui dérivent de la constitutiOn.JédéraIe
~~E~ Jpis rendues par le g?,uver~'ernentéta?ii
~n, evertu ,de .. cette cOllstitution,; tous, les·' ca~
.d~amir~uté el' de législatioIl, ~ma5~~~!~et ,tous
ceux qui con~er,ne~ lesap~l>~s~el~r~~ tninistres,
consulset autres agens pub,lies.


On trouve fréquemlllcnt ~ dans le~ ,éeri~setdans
les~isc()~rs, i :~'f 11~~wiem \ l~~Nmtr~ ~~lP.Bfé<l~
ralistes, des paralIeles établis: ~Qtx~ l~ g9u~erne~
~ent amé~ica~n et legouverneLUGJ~tá~glais; mais
ces eompa~ai~()~l!S ,-<,pnt~ "n~c~~~Hirérrent tres éloi-
gnées ~:ee q\le~ l';~-fi ~~; ce~:,sqH~;~fI~fP1ens. est, en
f)raliqUih' l;~n~~~~: J'f1~t r~rJ;~dJ~~ll~?t~.en. théol'ie,
ti:lut 6DJ,t J~. ,taconstitu tion des '. Eta ts,-Unis est _.,~.!", \:1":.\)./' -tl' .• (.:~~, ~'í_' .~~...> '\ __ ".~:: \ .... : ·:~1~~i,.~· ._."~ ,;.c_' .. ~ , ', . .',
formé~ 6ur~le llJodelede e~llédesdjfféFe~s états ~do.~('i'Q.~i~~~· . e'~('Folllp:?sée.,:·'~apt·:~~;elle attri-
hu~;,J s_~ fq~~tionn,aire3' de~ pouvoirs différeUf
,et l;ill;~'~tendus que; ceux exercés pa( les gonver:-
neIll~ns des- états, sans contrarie!' ni anéantir ,ces
d@rniers"Tel1e qu'un'des corps de notre systclne
planétaire, chaque républiquc tourne sur son
axe, nlais se lneut arce toutes les autres, exer,.,.




{ f4~ )
~nt sa force ,centrifuge et. cédant~ a l'attraction~
qui la retient dans le cercle magique de la con"""
fédération.


La position singuliere de ce gouvernement,
centre d'une masse de républiques qu'on voit
croitre en nombre et en force a· chaql1e lustre
qui s~écoule, 1 ui don n e un cara ctere particulier
de grandeul' merveilleuse et imposante. Je ne
saurais peindre l'effetque produit sur l'espritl'exa--
men attentif du lnécanisme de ce gouvernement.
Cet effet peut se comparer a celui qu'on éprouve
en contemplant ponr la premi(~re foís une des
Lelles lnachines a vapeurs du célebre Watt. Son
action siInple, antant que pnissante, s'excrce
également, silcncieusenlent et irrésistiblement;
et, quand l'esprit demeurc efll:ayé en pensant a
sa force eta l'imlnensité d'objets qu'eHe met en
lnouvement, soudain arri ve l'idée que la nIaill
de l'ouvrier peut l'arreter a l'instant meme!


Il faut que j'a ppelle de nouveau votre attention
sur ce trait du gouvernement anléricain qui le
distingue si élllinemment de'ceux de tous les autres
pays; savoir, qn'illui estimpossiblc de rien ajouter
ni retrancher a ses pouvoirs, et que cependant iI
peut toujours etre fagonné de ma!tiere a réflécbir
l'imagc de l'opinion publique. E11 Europe, une
cOllstitution cst souvent un n10t vague; l'nn ~lit.:




( 143 )
c'cst ceci; l'autre. dit : c'est cela; un troisieme
cherclle la chose et ne la trouve nulle parto Une
constitution signifie parfois d'anciennescoutumes;
d'autre fois d'ancicnnes chartes; ici les choses telles
qu'elles sont; ailleurs les choses tel1es qu'elles fu-
rent jadis. Chacun parle de constitution, entend
ce nlot a sa maniere, et peut-etre melue ne saurait
pas l'expliquer du tonto Dans ce pays, la constitu~
tion est eutre les mains de tout le p~uple; illa
donne a ses représentans et leur .dit.:.roici votre
guide; nous jugeons de sa capacité pour dirige!;
1)OS acles ~ cO.7JZnze de votre capacité pour gouver-
ner par elle; si, en. l' ép ro u v.a.n t ~11,o.l!i~}(I croyez
cléfectueuse, exposez vos objections;et nous déci-
derons si elles sont raisonnables. Le représentaut
du peuple ne peut ici ni altérer le nlotle de son
élection, ni accroitre ses pouvoirs lorsqu'il est élu.
Le peuple ne réclame pas des droits, mais confere
de l'autorité a ses gouvernans. L'expérience fart
voir quelle quantité leur est nécessaire. Si on leur
en a dOllné plus qn'il ne fant, on repl'end le sur-
plus; s'ils en ont ret;u trop peu, on leur accorde
eeHe qui leur manque. Les propositions pour des
ehangernens ou des additions a la COl1stitutÍon
prennent naissance dans le con gres , et requieren t
une majorité des dcux liers dans chaque cha11lLre
pour clre atloptécs. Les 3mcndcmens proposés de




( 141 )
la sortesont soumisau peuple qui, s'illesapprouve;
convoque des conventions dans les divers états;
le consehtem-ent des trois quarts de ces conven-
tions fait IJasser une proposition, et l'annexe cornme
un nouvel article a la constitution.


J'ai, a votre demande, touché 'un sujet heau-
coup au-dessus de mes forces; mais l'esprit le plus
ordinaire se sent entralllé a examiner la machine
poli tique quí est en jeu íci .. La simplicité et l' é-
tendue de sestnouvemens le:&appent d'étonne ..
tlleIlt :il se reporte avec actmitmÍon au génie qui
-}~a cOl1(]ue, el contemple avec ravissernent ]a paix.
{iu'dle aSSU1'e etle bOBheur qu'elle l'épallcl.




·;c!\::, :.; ¡;~~"j¡H;;Uí~ jfttl:~,:)hoad
,,!',~ •• 1OJ :~:~t4 :3!;P::V(!l¿X::',


,¡ ;,:,,! f , I ÜH.! ¡ 1 ; , ". ) L} ¡; ,H. AJ L;.F. i < ,j ,$ i


~ • I " ( • ....~ ~ -~ vil ~ .: 1 ~; , ' " l ... , ~ \ LETTRExxí:)':~ ',VP.',~;


I~ter.Gt8 7 ~~ ~ 'cfiffé.¡;lfZ~es,· PClr~i~s :4e" ¡ ?~: AonfédP~
'('dtian e~, illfl.~~n8f 9J{;~n~f;(l1,fP':~~~~¡ )dq?f~ ·~fI


; . PQ¡ngt~sr ~}~~~~ff~~?~/Rtq.#l:)df.!tY 1!.~'1i~~f~~~
raliste. -Btat~ du-,aen,tre. --:-;Poli~i2ueetini
flue~~r{!frlqur::~lfff~~:¡;';,~¡ ªt~!~dt?-,~;}"ºft!~~·
- Pouvoins du Uongres relati1Jement ti l~ es-
clafJage des noirs. - ¡: Obserflations 8ur les
hergers et les chasseurs des frontieres. -
'Anecdote de Lafitte. - Liens divers qui
consolident l' Uníon des Etats.


N cw-York, févricr 1820 •


. SI VOUS considérez, ma chere amie, le plan gé-
néral du gonvernement central, vous verrez avec
quelle extreme adresse les divers intérets des
nombreuses parlies de cette grande cOl1fédération
sont balancés et employés a se contenir les nns


2. 10




( 146 )
les autres. Par la suile des temps, ces inl.éreb
poutront etre lllarqués un peu plus distinctcment
'\' 1 " qu a present; que ques personncs mcme ont


pensé qu'ils pourraient etre plus forleluent op-
posés l'un a l'autre. Ceci parait plus que aou-
teux; mais, en admeUant cette supposition , nous
ne pouvons calculer les effets probables de cet
arrangenlerlt, sans compter pour quelque chose
la force graduel1e que recevra l'U nion par la fu-
sion qu'opereront les tnariages et les autres liens
contractés entre les habitans des différens états,
le flux de l'émigration qui transporte la popu-
·lation de l'un dans l'autre, et surtout la pros-'
périté constante due a un gouvernement qui ae-
vient de plus en plus aüné et respecté, a mesure
que le temps éprouve sa sagesse et lui imprime
un caractere de sainteté. Il fut une' époque OÚ
presque aucun de ces liens sacrés n'existait, el
pourtant une sorte de sympathie régnait entre'
des sociétés séparées les unes des autres et dis-
séminées le long des rivages de l' Atlantique.


Durant l'existence coloniale de ces états, leurs
habitans n'eurent guere de relations entre eux. De
vasles forets séparaient souvent leurs populations
pcu nombreuses; la diflcrence de climat et de
rcligioll, influait aussi sur leurs nlreurs et leur ca-
ractere : mais pourtant, quoique séparées pm:




~( 147 )
d'immenses déserts , et pcu uuies lneme par les
liclls de l'amiLié indiYiduelle, elles avaicnt deux
choses en eommnn, leut' langue et un male es-
prit de liberté: e' en était assez pour lier par une
chaine ~olide, quoiqu'invisible, tous les l11erll-
hres épars de la grande famiHe amérieaine. La
force de cette chaine a rarement été bien con-
nue des ennemis de l' Anlérique. Ils eomptaient
la briser pendant la guerre de la révolution, et
regardaient cornme certain qu'elle se rOluprait
d' eUe-meme , quand les nobles sentimens éveillés
et entretenus par une lutte pour l'indépendanee
se ealmeraient, on lorsque, le danger commun
ayant cessé, la nécessité d'une coopératioll fran-
che et unanime ne serait plus aussi apparente :
heureusement l'expérienee a jusqu'a présent
trompé ces calculs. Les avantages dérival1t d'uIl
gouvernement vigoureux et sage, qui emploie
toutes les forces et toutes les ressources du grand
tout ponr son hien etre, ont été de plus en plus
compris et appréciés, en mellle tenlps que l'in-
Hueuce de lois justes, et encore plus l'extension
donnée aux relations entre les divers états, ont
détruit des préjugés el en grande partie effaeé
des nuances de earaetcre qui distinguaient d'une
lnaniere trop trunclmnte les habitans des diffé-
rentes partics de ecHe grande républi({ue.


10"




( 148 )
CeHe des parlies de l'Union qui a le plus gé-


l11éralement conservé la physionomie lnorale quí
la distinguait anciennement, est la Nouvelle-
Angleterre.On en peut trouver la cause dans
l'austérité de eroyance de ses premiers habitans,
et dans l'isolement mI se trouve son peuple du
Teste de la nation. Rigides sur la 1110rale, instruits,
actifs et intelligcns, mais circonspects, et, .. au
dire de leurs voisins, singulierement prévoyan~
sur ce qui concerne léurs intérets, les citoyens
de laNouvelIe~Angleterre sont les Ecossais de
l' Antérique. Comme eux, ils habitent un pays
pauvre comparativement aux autres', et envoient
des légions de vigoureux aventuriers ehercher
fortune dans des contrées plus riches. Il y a
toutefois eette différence , que l'Ecossais cou,rt
le monde et amasse un petit tréSQr pour venir
le dépenser an milieu de ses nlontagnes stériles,
tandis que l'hahitant de la NouveIle- Angleterre
emporte ses pénates avec lui, et fonde une co-
lonie sur les bordsde l'Ohio, avec non nloins
de satisfaction qu'il ne l'ei\t fait sur les rives du
Connecticut.


Pépinieredes défricheurs de forets, la NouvelIe-
Angleterre perd des milliers d'habitans et naturel-
lmnent en re«;oit peu; de sorte que ses citoyens
sont nioins exposés a la visite des élrangers, et




( 149 )
meme a se nl(~ler avec la population des autres
états, que le sont leurs voisins du Sud. Cette
circonstancc a peut-etre ses avantages et ses dés-
avantages : elle leur conserve toutes les verf,us
d'un état peu avancé de la société, mais en
meme temps quelques-uns des préjugés quiappar-
tiennent el cet état; elle les protége contre le
l\lxe , luais donne a leur caractt~re quelque chosc
de provincial. Fortement attachés el leurs insti-
tutions, ils se sont quelquefois 11lontrés tiedes
envers ceHes de la nation. L'opposition fédéra-
liste est prineipalemoot venue de eette partie de
l'Union .


. La conduite poli tique de la Nouvelle .. Angle-
terre, postérieurernent a l'établissernent du gou-
vernament fédéral, lui fit, pendant quelques
années, perdre un peu dalls l'estirne de la nation.
Sa politique étroite fut imputée a une certaine
dose d' égolsme partieulier a son peuple; mais sa
conduite pendant la lulte révolutionnaire le jus-
tifie de cette aceusation, et 110US porte a attri-
huer ses erreurs el un défaut de jugernent plutót
qu'a une déviation de prineipes. Depuis la guerre,
le parti libéral, toujours nombreux, a obtenu
l'aseendant; et conséquernment les états de l'Est
rcprennent dans les conseils de la nation la place
flu'ils y avuient tenue prinüÜvcnlent. 11 est difficile




( 150


de trollvcr lnalntcnant un f(~d~ralii'llc fluí lu('rile
absohunent ce nomo Une cer!aíne susceptihililé
sur les affaires politiques, et une sorte de froi-
denr en pronon<;ant le nOHl de Jefferson et (aínsi
que je l'aí observé) celni de Frank1in, sont
tout ce qui peut parfois rléceler un ci-dcvant
rnemhre du parti tombé (J).


L'état de New - York et celui de Pensyl vanie
peuvent étre regardés comrne les plus influens de
toute 1'Union. L'élégante expression employéc
dernierelllent par 1\1. CIay, en payant son tribut
de reconnaissance pour les importan s services re11-
dus par le deruier de ces états, peut tres bien
étre appliquée a tous dcux : Ils sont les elefr; de
la voúle fédérale. Leursvastes et riches territolres
semblent réunir tous les intérets particuliers dont


"' (1 )I/hostilité secretccntrctenue par quelques membrcsdu
parti fédéraliste contre Frallklin cst un peu singulierc. Cct
homme doux et sage , dont les derniers efforts eurent pour
objet l'organisation du gouvernement fétléral, et qui suc-
cO~JPus le poids d)l années et des honneurs a van t que la.
lutt,~tse~ crmmens-at entre les deux partis, aoit etre rc-
gard~ c~mme n'ayant pudonnerde l'ombrage ni a l'un ni a
, .1'1 9 2.1 ". '.' " , 1 autre. a vep.eratIon qu a touJours montrec pOU!' sa me-
)'ÜM~91&~&f\'tJtM.h~átc qui.fut élevé a son école cxplic(uc
a!iRilti'~~.U .tI1~H11~·ÚJil1Ú:HI ~JJHJ.




( i S 1
:je compose Pinlérel général de l'Onioll. Le COill-:
nlerce, l'agl'iculture et l'industrie lnanu{aclu~
riere, sont 11lüssammeut représentés par eux
an congreso Lenr région occidentale a heancoup
de confoflnité avec les états du Mississipi, etl'o-
nentale avee ceux de l'Atlantique. Leurs popu-
lations se distinguent par l'esprit d'entreprise eL
par une politique éclairée sur ce qui concerne
les afütÍres intérieures de leurs républiques. Ces
puissans états ne fournissellt pas moins de Cill-
quante membres an congres, par la raisoI,l qu'ils
fornlCnt plus du quart de l'Uníon (1).


Soit par l' eHet dG leur richesse ou de ~eur po-
sitio n plus centrale,-qui lenr procure l'avantage de
communications libres et I::lCiles avec les cÍloyens
de:} autres états, et des étrangers de loutes les
parties du nl0nde, les habitan s de Pensy lvanic
et ceux de New-York, mais plus particulierement
ces derniers, ont acquis une libéralité de sel1li-
lllcnsquiimprime dela dignité auxmesures delleur
gouverl1ement. lls votent des fonds considérahles


(1) Il Y a a présent dans la chambrc des representans
. ccnt quatre-vingt-quinze membrcs et trois ou quatre dé-
légués. Ces délégués, envoyés par les districts qui n'ont
fIue le titre de terrÍLoire ~ et n'ont pas encore été élcvés
¡,Hl rang rl'états , ne votcnt paso




( 152 )


non-seulement pour l' éducation publique des jeu-
nes citoyens (ce qui se pratique partout), pour
l'établissement de hihliotheques, et la fondation
d' écoles savantes, mais encore pour curer des ri-
vieres, ouvrir des routes, creuser des canaux, et
exécuter d' autres grands travaux d'utilité publique,
qui feraient' honneur aux plus riches empires de
l'Enrope. Les progres de l'état de New - York,
depuis trente ans, sont vraiment étonnans. Pen-
dant ce laps de femps, sa population a plus que
qnadruplé , et la valeur des propriétés plus que
doublé. Elle a ahattu les forets de I'Hudson jus-
qu'a l'Erié· etaux frontiCres du Canada ,et au-
jourd'hui elle s'occupe a compléter la navigation
sur toutes ses grandes eaux, et a les l¡er entre
elles.


Les revenus'l\ationauX' setjmnt" :principale-
ment des'donanes:, dépendent heaucoup de l'es-
prit cOlnrnercial des habitans . de ~Ne~-Y ork. ~ Ce
heau port a quelquefois fourni le quart du re-
ven u des Etats-Unis. La derniere guerre a né-
cessairement pesé sur son capital maritime; mais,
quoique son COlnmerce eut été ruiné, cette ré-
publique ne montra aucun penchant el faire tort
el la cause COIDITIUne , en séparant ses intérets de
ceux de la confédération. Son opposition dans le
congres était. grandelnent en nl!norité; mais, la




( 153 )
guerre une fois déclarée, l'opposition passa du
coté de la majorité. La conduite de M. Rufus
King, le vénérahle chef du parti fédéraliste daos
le sénat, est digne d'etre conservée dans les an-
nales de son pays. n s'était opposé a la déclara-
tion de guerre, uniquement par la crainte que la
république ne fut pas en état de lutter avec
son ennemie; mais , la voyant résolue a hraver
tous les !tasards, plutot que de se soumettre
au déshonncur, il se sé para surMle~champ de son
parti, déclarant que le devoir. de toutpatnote
était d'assister son pays de tons ses moyens pour
le mettre en étaLklesoutenif" 'li,t," ;t~mpete,et i.l
offi-it :decverser d21ns le tréSQr .. uDéfpa.rti~~>
sa fortune privée, qu'il disait excéder ses ,he-
soins (1).


Aucun état,· ne- peut présetilte1t. c\l.Df-, plqs, 10DKtle
liste de services rendus . 8. ·la confédération'i que la.


( 1) J e tiens ectte anecdote d' un senateur qui, je dois
le faire remarquer, était ordinairement en opposition aTeo
M. King sur les matieres politiques, et qui siége encore .
avec le partí le moins démocratique du sénat. Un patriota
de ceUe trempe est une vénérable relique de la vieille'
J)ande fédéraliste de la révolution, et doit commander
le respect de ceux. qui diiferent, tout comme de ceux
qU! sont d'accord ave e lui pour les opinions politiques.
Un exemple non moins frappant de bonne foi et de




'l 154 )
V irgíulc. Elle dOJlna le premie!' signal de la rcvu··
lutlou par la bouche de Patrick Henry; elle con·
duisit l'armée patriote, dans la personne de
Washington; elle rédigea la déclaraLion d'indé-
pendance avec la plum e de Jefferson, et elle fixa le
premier anneau de la chalne fédérale par ]a nlain
de Madison. En un luot, elle a 'donné a la répu-
blique quatre des patriotes les plus purs el des
hommes d'état les plus sages qui aient jamais ten u
le tÍluon d'aucun état.


La politique de cctte mere de 1'Union a tou-
joUl'S été sillgulierement luagnanime. Elle dunna
aux autres états l'exenlplede ces concessions de
territoire qui ont si richernent doté le gouverne-
luent géuéral, et out donné naissance a celle
quantité de républiques qu'on voit s'élever~ous
les jours. Les concessions faites par la Virginie
comprennent les états actucls de ],011io, tI' lu,·
diana el. d'Illinois ,et le territoire de Michigan.


patriotisme fut offert clans la Nouvclle-Anglctcrre par le
vénérahle ex-président John Adams, qui, fidele aux prin-·
cipes de la confédération et a la cause de sa patrie) désap-
pro uva puhliquement les mesures de son parti qui telldaicnt
~l contrarier les efforts du gouvernemcnl national, ct
donna son suIfragc a une administration qui ayait été
avec SUeCe5 la rivale de la siennc.




( 155 )
Ponr la millieme partie des terres concédées Lci
en clon gratuit, ]es hommes ont souvent inonde;
la tcrre de sango La libéralité de la Virginie se fit '
encorc mieux apercevoir dans sa conduite en-
vers un état voisin, peuplé dans le principe par ses
citoyens et soulnis a ses 10i8. La luaniere dont
elle affranchit le Kentucky de sa juridiction, en
1110tivant ceHe mesure sur les inconvéniens qui
résultaient ponr les habitans de ce territoire de
leur éloignement de la capitale de la Virginie, et
en les invitant a organiser un gouverncment indé·
pcndant,ofli'c un l>el exelnplc de générosité na-
tionale.


L'csprit puhlic de la Virginie s'est constatu-
ment fait sentir dal1s les assemblées nationnfes, et
conséquernment lui a procuré une influencc plus
fIne proportionnée a la force nUlllérique de sa
représentation dans le eOlIgreS. II s'est élevé
deruicrement dans le nord de l'Union un cri
partiel contre l'influence de la Virginie. Jc ré-
peterai a ce sujet les paroles d'un fermier de
Verrnont, avec lequel il m'arriva d'entrer en
convcrsation sur les affaires rl' état. « Qllelle que
50it, m.e dit-il, l'inflllence de la Virginie, elle
paralt en ÜtÍrc hon usage, cal' cCl'LainClUel1t Hons
prospérons asscz; je la' vojs pas d'ailleurs com-
ment elle pourrait exerccr (l'jnnl1('nC(~ autrc-




( 156 )
nlent. qu'en s'accordant avec l'opinion de la lna-
jorité. » Vous reconnaitrez que les mots inflztence
de la rirginie expriment (si toutefois ils ex-
priment quelque chose ) le hasard qui a tiré de
eette république quatre des cinq présidens qui
ont dirigé les affaires de l' Amérique fédérale (1).


Je ne connais rien qui place le caractere na-
tional des Anléricains sous un plus heau point
de vue, que le résultat des élections ponr la
présidence. On voit les préventions locales et
meme l'esprit de parti luis de coté, et les citoyens
de cette multitude de répnbliques jetel' les yeux
sur le plus distingué d'entl'e les serviteurs de
1'état, et payer a ses ver tus le plus noble tribut
qu'un patriote puisse recevoir et qu'un pays
puisse offrir. Tous les magistrats supremes des
Etats-Unis étaient des vétérans de la Févolution ,
et se faisaient autant remarquer par lcurs vertus
privées que par leur caractere publico On avait
pensé que, comme la Virginie avait déjil donné
trois présidens a la république, l'électlon du
colon el Monroe rencontrerait une forte opposi-
tion : lo in de la, ancun président ( Washingtoll


(1) La réélection unanime du colonel Monroc, qui a eu
lieu dernierement, prouve que le hOl1 ICl'lllicr uont il esl
parlé ci-dessus cxprimait les scntimens de la natio n,




( 157 )
cxcepté ) ne réunit un nombre de suffrages
plus approchant de l'unanilnité, et son nOll est
prononeé avee respeet et meme avee afFectlon du
Maine jusqu'au lVlissouri.


La position énlinente prise par la Virginie
dans les eonseils de la nation l'aplaeée a la tete
des républiques du Sud, dont la politique, ainsi
qu' OH peut le remarquer, a eonstaIllllent été
libérale et patriotique, et, sur tous les points es-
sentiels, d'accord avec ceHe des états du Centre
et de rOuest. Quel que soit l'efret de l'escla-
vage des noirs sur le caractere moral de la popu-
lation des, états du Sud, et hienqu'on:Qe puisse
mettre en doute l'efret per~ieieux qu'il produit
sur la masse, eet effet ne s'est jamais fait sen-
tir dans le sénat. Les dispositions qui tenlpe-
rent un peu la démoctatie.dans les états mé-
ridionaux qui honlent l' Atlantique, o,nt peut-etre
été prudentes ou tout au moins heureuses. D'a-
pres les eonstitutions actuelles de ,la Virginie
et des états plus méridionaux, les conditions
exigées pour etre élu représentant remettent le
pouvoir législatif entre les mains des planteurs
les plus riches, classe d'hommes non moins
distingués par leur éducation et leurs maniere~
polies, que par des opinions lihérales et une
philantropie éclairée. lIs ont en général voyagé




( 158 )
oans leut' pays el en Europe , possedenl suC-
fisamlnent uc richesses pon!' ponvoir exerCCl"
l'hospitalité, lnais non pas assez pOUl' étaler du
luxe, et sont ainsi, par leur éducation el par
lenr position, placés au-dessus de la dégradante
influence que la possession du pouvoir arhitraire
prentl sur l'esprit el le erenr hnmain. C'est done
pent - etre a la légere dose d'aristoeratie lnelée
aux institutions de la Virginie et des deux Caro-
lines qu'on dOlt attribuer la eonduite géné ...
reuse et concilian te des memLres d~ ces états dans
les assemblées nationales (1); nons ne devons pas


(1) On a fait o})server a l'auteur que ce passage pour-
rait ctre interprété en faveur de l'aristocratic. Il se peut
qu'elle ait trop compté sur l'csprit général de son on-
vrage poul' prévenir une semblahle interpl'étation. V ou-
Jant expliquer la génél'osité de scntimens déployée val'
les états du Sud dans le congd~s national , elle a -préféré
l'explication qu'on trouve dans le texte a ceHe donnée
autrefois par M. Burke, et adoptée par les plantcurs cux-
memes. L'orateur anglais a prétendu que Fe~jstencc de
l'esclavage des noirs tendait a exalter l'csprit de liherté
chez les planteurs américains, de l¿¡ mcmc maniere qu'on
regarde la condition abjecte (les llotcs commc ayant COll-'
tl'ihué a élever le caractcrc dcs allcicllS Spartiatcs. QU'OH
se reporte a la gucrrc dans laqudle l' Amérique a conr!l! i~
son iIHlépcndanc~) et l'oH ne trOUYi~ra l'iCll qui appnic




( 159 )
lH~arH)lljins ouLlicr de nlettre en ligne de cinnpte
l'effet prouuit par les progres de l'éducation, ni
eelui d'institutions libérales sur ]a population
blanche en général. A vant nlcme que se termi-
nat la guerre de la révolutioll, M. Jeffersoll crut
déja remarquer un changelnent dans le caractere
de ses concitoyens, et I10US avons une pteuve
palpable que ce changement n'était pas imagi-
naire, dans la conduite de la législa t~lre de l' état
oe Yirginie, dont le premier' acte fut l'abo-
lition de la traite. Puisse cet état donner au- > '


cet argumento Les simples agricultcurs de la Nouvel1e~
Angleterre (cbez qui l'esclavage des noirs exista a peine)
nc le céderent pas en énergie aux riches planteurs de
la Virginie. Si l'on étahlissait une comparaison entre les
constitutions actueHes des républiques du Nord et du
Sud, on pourrait peut-étre tirer une conclusion diree':'
tcmcnt opposée a ceHe de M. Burke; cal' la légere dose
d'al'¿stocratie dont iI est parlé dan s le texte n'indiquc-
t-clle pas, dans la massc de la population du Sud,
une cedainc indifférence touchant l' exercice de ses droi ts
politiques, inconnue dans les autres parties de l'Union?
Quant a l'opinion de l'auteur sur les institutions de la.
Virginie et dC3 deux Carolincs, ellc se trouvc &xprimée
vol. 1, leUre VI.


(Note foumie par l'aut,?llr pou/' l' édition franraise.)




( 160 )


jourd'hui a ses vOlsins un exemple pareil a celui
qu'il donna alors au monde, et combattre avec
persévérance les ohstacles que ses craintes et . des
intérets privés peuvent opposer a l'afiranchisse-
ment des esclaves!


La portion du vaste territoire de l'Union vers
laquelle l'étranger tourne ses regards avec le plus
de curiosité est ceHe qui s'étend a l'ouest des
Allegh~nys. Le caractere de ces répuhliques est
nécessairement extraordinaire comme leur po-
sition ; quant a leur influellce, elle est déja
puissante dans le sein du congreso En observant
leur situation, géographique, l'étranger pourrait
se htlter de conclure qu'en elles croissent plutot
des rivales que des soutiens des étals de l' At-
lantique. Il trouvera, an contraire, qu' elles COll-
tribuent puissamment a. resserrer . les, liens de
l'Union, et queleurs sentimens et lcurs intércts
sont de nature a attircr l'une vers l'autre les
divisions septentrionale et Q1ér~diolHlle de la con-
fédération.


Les nouveaux canaux ameneront prohahlement
les productions des corntés occidentaux de l'élat
de New-York al' Atlantique , quoiqu'il y en aura
une grande partie qui des cendra les rivieres de
rOuest, quand la navigation aura été cOlnpIete-
lllent établie du lac Érié a la Nouvelle-Orléaus.




( 161 )


Dans tons les cas cette ronte continuera d'etre pré~
férée par lescOlntés occidentaux de laPensylvanie,


_ destinés a possédcr sons pen, s'ils ne les possedent
d.éja, des manufactures florissantes. Les progres
faits dans ectte branche d'industrie pendant la
derniere guerre, et lneme quelques années aupa-
ravflnt, ont été un peu arretés depuis la paix ; mais
il est probable qu'ils vont recornmencer avec une
nouvel1e activité.


Il est hon de remarquer qu'il y a dans le carac-
tere de la na tion américaine, ainsi que dan s les
divetses productionsdu: sol, '(luelque chose qui
semtile favorable atl. développetí1.~titdeJ~industrie
Inanufacturiere. Je ne parle pas de l'adresse pu-
relnent mécanique des Américains, qui s' est 111a-
nifestée par tant d'inventions importantes et de
perféctionnemens dans la construction des navires
et des ponts, dans la navigation par la vapeu!', la
fuhrication d'instrtunens aratoires et de machines
de toute cspece, mais de ce sentinleut de fierté ct
d'indépendancc qui les détourne de beaucoup
d'occupations auxquelles ontrecourslesEuropéens,,'
Il y a quelquesantres particularités dans le carac-
tere et la condition de. la population éparse des
districts do l'Ouest, (lui y filit éclorc l'ind astrie
nlanufilctul'ierc en n1(~lne telups que l'agricultnrc.
En s'étahlissallt au milicu d'un tlé;crl , le colon S!.~


2. 11


,


.' ~
.-10
" :~




( IG2 )


i.fouve souvcut ré<luit a sa propre indüstric ponl
se procurer les divers objets qui Iui sont nécessai-
res pour se no~urrir et ~e v etir ; tandis qu'il manie la
hache et la beche, sa femme pousse l'aiguille ou
tourne le rouet, et sesenfans tirent dusucre de }'é-
rabIe ou font courir la n3vette.L' état de 1'Ohio est si
bien arrosé et offre <les moyens si faciles ponr l'ex-
portation <le ses productions, que ,si ses habitans eus-
sent pu trouver un marché assuré pour leurs den-
:rées, i1 est peu probable qu'ils eussent jamais essa yé
d'établir de gl'andes lnanufactures. Mais la politi-
que des naLÍons étrangeres a tellement frustré l'es-
poir des agriculteurs , et si completement suspendu
le conllnerce, que le nouveau véhicule donné a
l'inuustrie hun1aine s'est [(,lit sentir jusque dans les
coins les plus reculés du territoire de l'Union.


L'effet subit produit par les mesures comlncr-
ciales adoptées en Enrope peut a peine se con-
cevoir. Des filatures, des moulins a foulon, des
distiIleries et des fabriques de toute espece sem-
hIerent 80rtir de dessous terre, dans chaque viIle,
beurg et village, et mClne an sein des forets
qui bordent les eaux de 1'Ouest. Le jeune état
de 1'Ohio, par exemple, dont l' existence ne
datalt guere que de huit années, en ISII, ex-
¡:ortait par les lacs, rivieres et canaux de 1'0uest
des étoffes de laine, de coLon et de lin, d'un




( 163 )
tissu admirable, quoique grossier, des liqueurs
spiritueuses , des sucres, etc., pour une valenr de
deux millions de dollars (plus de 10,000,000 fr. ).


L'étonnante aptitude des Ámérieains pour les
travaux de toute espeee, quelque étrangers qu'il~
paraissen~ a leurs habitudes, s' explique facilement
quand on songe d'abord a la vigueur mentaJe
conulluniquée par leurs institutions libérales,
et ensuite a l'édueation pratique qu'ils rec;oivent
généralement. Un jeune Áméricain est ordinai-
rement exereé a frapper un hut avee la certitude
d'un aneien arbalétrier anglais; a nager ave e eette
adresse qui valut au jeune Franklin; a Londres,
le nom de l'Alnéricain aquatique~· a manier le
fusil e0111me un soldat, les outils eornme un ar-
tisan, les instrumensaratoires eomme un fermier,
et assez souvent l'aiguille et les eiseaux eomme
un tailleur de village. J'ai ehoisi l'Ohio pour
exemple; nlais les habitan s de la région oeeiden-
tale avaient généralement pris l'habitude de fa-
briquer ehez eux les vetemens de laine et de
coton dont eux et leurs famil1es étaient couverts.
eette coutumc les disposa a suivre la nouvelle
direction industrielle que la politique des pays
étrangers rendit indispensable de prendre.


Les ports ayant été rouverts a la paix, qnantité
de nouvelles 111anufilctures eommenc(~rent a tlé-


1 I,.




( 1 G!t )
clwer; Lcaucoup tLnJlrcs uéaUllloÍllS se lTl.11U ,'o
¡inrent par la bouté de leurs prouuits ( plus par-
ücu1ierCIUeUt ceHes de urosses étoffes de }aine et n
de coton ), en dépit de l'imprudence avec laquelle
011 enconlbra les Dlarchés de marchandiscs étran-
geres, lllesure qui consomm~ la ruine 'de la lTIoitié ..
des négocians des grandes villcs de COlnmerce.
Les €hoses COlllUlencerlt a prendre lenr nivcau, et
les citoyens s'aper<;oivent que les spéculations
mercantiles sont un jeu ruincux, quand les dcn~
rées et llwtieres hrutes récoltées dans lenr pays
ne sont pas prises en échange pou!' les produits
des fabriques de l'Europe. Il se peut que l'Enrope
trouve également qu'elle penl a cela; mais je ne
suis pas assez savante ponr parler sur ce sujeto


Les habitans de l'Ouest 011t vu avec un 'mécon-
tenterncnt extraordinaire la décadence de leurs
établissemens nlanuf:'lCturicrs; non-seulelllcnt ils
ont été forcés de retourner a l'agriculturc, sans
trouver de marché ponr leurs dcnrées; rnais ( ce
qui vous fera peut-etre sonrire) ces simples nlais
fiers républicains ne sont nullemellt 'satisfaits de
voir leurs étoffes COlunluncs aLandonnécs par
leurs filles poul' les soieries de France et les mous-
selines des Indes, Beaucoup d'entre cux opposent
une résistance formelle a cet abandon des prin-
<:ipes et du bon gout, et maintiennent slrictelllent




( \G5 )
la COUlLUllC d'ha]nllcL' tons les lnemllí.-es llc IClH'
filmille ayec les produits des lllanufaclures na-
tionales'. Nombre de propriétaires ont l'habitude
de [aire [aire chez eux tons les objets simples de
vetement et d'alneuhlenlent : on voit, par ce
nl0yen, des jeunes felumes d'une éducation soi-
gnée, et de lllanieres élégan tes porter des robes
de coton tout unies, et des hOlllmes présider le
sénat de leu!' pays avec des habits de laine fabri~
(Iués et confectionnés par les mains de leurs do-
mestiques, ou Ineme par ecHes de lenrs enfans.


La prépondérauce renaissantc des intércts iu-
tlustriels sur les intérets cornmerciaux produit un
accord dc senLimens cntre les divisions de l'ouesl
eL du ¡ nord de l'Union (1). PiUsJJurg, le J\;lan~
chester des États-Unis, doit toujours consel~ver le
caractere d'unc ville de l'Ouest, son port élaulla
Nouvellc-Orléans. Corinthe ll'était pas plus véri~
tahlenlent l'reil de la Grece, que Pittshurg celu!


( 1 J Quelq ues scmaÍncs apres la date ele cette leUre, \' "\U.--
teur a entend u toute la représentation de N ew-York, ainsi
que celle de Pensylvanie et de Jersey, soutenir dan s le seiu
<Iu congrcs les intérets "industricls contre lc~ intérets com~
mcrciaux. l7oye: a la fin du volumc UlI morceau cllricu~
sur la siluatiou ('emll1crci¡lle C't indu:;tridlc el'.::, EtL'.ts--
Unis e11 1820.




( 166 )
de l'Amériquc. La Pensylvanie, a laquelIe il ap~
partient, offrc le double caractere d'un état de
l'Ouest et d'un éta t de l' Atlan tique, et est ,;rai-


<' ment la ele! de la voúte fédérale.
Si les nouveaux états sont liés de la sorte aux:


états du Nord, iIs ont aussi quelques intérets en
commun av€c les éLats du Sud, et, par cette
double liaison, senlblent consolider une confédé-
ration dont les Européens ont souvent prédit le
démelnbrement. Le Kentucky et le Ténessée, les
plus agés de cette jeune famille, ont non - seu-
leluent été peuplés par la Virginie et les Ca ..
rolines, mais faisaient originairement partie de
ces états. Généreusenlent affranchis de leu!' juri~
diction, ils conservent une affection hien pro·
noncée ponr eux ; iIs sont aussi affiigés d'un fléau
commun, l'esc~avage des noirs. Il n'est pas du
tout improbable que le mélange, a l'ouest des AI-
leghanys d'états, ayant et n'ayant pas d'esclaves,
contribue a balancer, dans le congres, les intérets
des divisions septentrionales et méridionales de
l'Union.


Je dois réfuter une étrange assertion que j'ai
vue répétée dans je ne sais cOlllbien de journaux
étrangers : savoir, qu'on peut imputer an gou-
vernement des Etats-Unis l'extension de l'escla-




( lG¡ )
'~atge des nOll'S (1). Tous les acles ele ce guuver-
nenlcnt, an contra!re, ont toujours lendll VCl'S
l'abolition de l'esclavage; mais l'étendue ct la uu-
tUl'e de ses POUVOi1'8 80nt probablenlerlt filal com~
pnscs par ceux qn! lni imputent l'existence de


(1) J'ai tl'Ouvé dernierement une des plus extravagantes
erreursde ce genre dans l'Histoire tI' Amérique par 1\1. Kensie,
ouvrage qui contient beaucoup de notions précieuses sur la
topographie et la statistique des Etats-Unis, mais qui ren-
ferme aussi sur leur situation morale les détails les plus con-
tradictoires et ies plus ridiculcs (du moins pour ceux qui la
connaissent ). Le passage dont je veux parler est ainsi
conc;:u: « L' esclavage des noirs a étendu ses funesles eIfets sur
la plus grande partie de I'U nion. Quelques écrivains, parti-
culierement des Anglais flui désiraientreprésenter les États-
U nis conUl1e une sceol1de Arcadie, ont cssayé de justificr
cette <.létestahle mesure en soutel1ant que cela faisait partie
de la politique du systcme colonial existant avant l'indé-
pel1danee : cette excuse ne saurait s'appliquer aux nouveaux
états; car le congrcs a condamné es hahitans de ces vastes
régions aux effets démoralisans de l'esclavage. » Maintenant
si c'étaitla tout ce qui empcchit les États-Unis et'ctre une
seconde Arcadie, ils ressclllblcr.l~cnt plus a un paradis ter-
restre que je ne l'avais imaginé. Il n'y a pas un seu ues états
(Jlli se sont élevés sous les auspices dueongrcs qui n'ait été
positivelllcnt et ahso]ument préservé par ses 10]5 áe l'es-
davag~, SOllS quc1quc forme que ce pút ctrc. Les au··
h~ul'S évitcraicllt bcaucoup d'crreurs s'.!s "otdaicnl, aV.111t
d\~Cl'irc sur un p:\)S ) prelldre la reine el' en Ere les IoÍs.




( 168 )
ce flrau , soit :-tu K.cntueky , soÍl ~l la Loui;,Íane, (!t
il faut n'avoir ancune connaissanee de ses aetes
pour ne pas lui atlribuer le Inérite d'en avoir
préservé toutes les républiques qui se sont élevées
sous ses aus-plces.


A l'époque Olt les États-Unis se séparerent de
l'enlpirc britanniquc, toutes les parties peuplées
de lenr territoire étaient infeetées de eette pesté ;
11 n'y en a pas tnaintenant la moitié qui le soit,
quoique, par;l'acquisition de la Louisiane, le mal
ait re<;u une augmentation considérable. Ce n'est
que depuis l'adoption de la constitution fédérale
que le congres posseue quelqne pouvoir ponr
f~tire des loís sur le sujet de la traite. CeHes qui
fnrcnt rendues avant eette époque .le furent par
les -états , en Vertu de leur autorité individuelle, et
ne pouvaient etré exécutées an-de1a des limites
de lenrs territoires respeetifs. Les pouvoirs con-
ferés par la nouvelle constitution au gouverne-
roen t général , lui permirent d' obtenir la cessation
de la traite, majs ne 1n1 donnerent aucnne auto-
rité pour faire cesser l'esclavage la OLl il existait.
L'affi'anchissement déja opél'é dans huit des treize
états primitifs l'a été par des actes de leurs lé·
gislatures respectives.


Il y. a a présent vingt·deux républiqncs dans
la confédération ; douze d'entre elles out dé-




( IOD )
daré les 1l00l'S el les hlancs égalcmcnl lIbres;
les dix nutres 50nt plus ou 1110ins déshonorées
llar l'esclavage. Panní ces dernieres, cinC[ sont
d'anciens états, et les cjlHl restantes ont été f()l>-
mées par le déinelllbrement de ceUes-ci ou de por-
tions du territoire de la Louisiane ,apres qu' OIl
J'eut achetée aux l?rangais. Le K.entucky, par
exeulple, fut élevé an rang d'état índépen-
dant, dll consentement de la .Virginie dont iI
faisait prin1Ítivelnellt partie, et Ténessée par ul,le
cOIlvention sem1lable avec la .,Caroline. Le 1\lis-
sissipi fut cédé par la Géorgic an gouvcrnc-
ment génél'al, pour etre érigé, quaud il y au-
rait lieu, en état indépendant; mais, par une
stipulation exprcsse, les citoyens de la Géorgie
se réserverent le privilége d'y émigrer avec leurs
esclaves. La Louisiane proprenlent dite, formée
d'une petite portian du yastc tcrritoire cédé sous
ce nom, passa aux Etats-Unis avec le double fléau
de l'esclavage SOtiS la [OrIne la plus hideuse, et
de la traite pratiquée avec une impitoyable bar-
barie. Le deruier crillle fut arreté sur-Ie-champ;
el, par l'heurcuse influence de lois douces ct de
la propagalion des lmnieres, les horreurs de l'es~
c1avage ont été considérablenlent di minué es (1).


(1) Les voyagcurs ailligés de la manic ul1ti··am6ricainc


'/~ ,~> .~
~



·,t';';'




( 17° )
Dalls tous ces cas lc gOllVCl'UClllCLll a élé sans


pouvoir pon1' extirpcr l'csclavagc; il a néanmoins
été tout-puissant ponr en empechcr l'introcluc-
tion sur les territoires placés sous son autorité.


",iment a tracer leurs portraits dll caractere national en
prenant leurs modeles a la NouveUe-Orléans. C'est a peu
pres cornme si on les ehoisissait a la Guadeloupe 011 a.
Sainte-Lueie pour peindre le caractere anglais. Ces pein-
tres fidCles ont maintenant le moyen de dessiner le earac-
tere américain d' aprcs les EspagnoIs de la Floride. La
question de l'élévation du territoire de l\fissouri au rang
d'état, qui occupa si fortemcnt la nation et le sénat l"hÍ-
ver dernier, tenait uniquement a savoir queIs étaient
les pouvoirs du congrcs pour donner des 10is au territoire
en qucstion. Le Missouri ~tait colonisé par des Fran~ai5
possédant des esclaves, lorsqu'il'fut cédé aux Etats-Unis
par un traité qui garantissait aux. colons lcurs -pro-priétés,
en y comprenant le.; esc1aves. L'affranc11issenlcnt n'était
done pas au pouvoir <Iu eongrcs; la question était de sa-
voir s'il avait le droit d'empecher les citoyens des autres
états d'émigrer au Missouri avec leurs es claves. L'erreur
semble avoir été d'omettrc de rendre eette loi prohibitive
avant que le Missouri ne l)rlt le rang d'état. Apd~s avoir
délibéré pendant plusieursmois', le congrt~5 en vint a un
arrangement qui parut le seul possible. On rendit une
loi qui prohihait:la formation par démembl'ement de la
LDuisiane d'un autre état possédant des esclaves, et ron
imposait a l'esclavage cluns le Missonri toutes les restl'ic-
tions que le lraité íllltéricur pcrmcttait




( 17 1 )
L?Ohio futle prenlier état organisé d'apres les


principes américains : il fut fondé par le con gres
dans la vaste région céJée par la Virginie au nord-
onest de la riviere dout il a pris le nomo A la
formation d'un nouvel étatsur les terres incultes
appartenant a la nation, son gouvernement est
confié au congres des Etats-Unis , qui en marque
les frontieres, nomme aux emplois publics , et
supporte les frais d'administration, jusqu'a ce que
sa population s'éleve a soixante mille ~hnes : alo1's
iI est autorisé a convoquer une convention pour
établir sa constitution) a subvenir aux dépenses de
l'administration et a prendre sa place dans la con-
fédération COillJUe républj(jlle indépendante (1).


En 1787 le congres passa un acte établissant
un gouvernement proyisoire pour la faíble popu-
lation établie sur les terres de l'Ollio, et le gou-
vcrnement institué alo1's a servi de modele a
ceux. de tous les territoires qui ont depuis été


(1) Plusieurs territoires sont montés au rang d'état
avantd'avoir la population requise par la 10Í. Celui d'Illi-
nois ,par exemple, ayant présenté une requete au eon-
gres pour demander l'autorisation de prendre les renes de
son gouvernement, on luí permit de se réunir a la eon-
fédération avee une popul,üion de moins de 40,000
ames.




( 172 )
organisés dans l'innncnsité du déserl. LJaclc doul
jc parle contcnaÍl une clausc qui est devcnuc
obligatoirc pour les colons de tout le territoirc
situé an nord-ouest de l'Ollio. L'esclavage et la
servitude non volontaire furent formellcluent
lwohibés dans cette région, par une loi du gou-
vernelnent gélléral. Ohio, Indiana ~ lllinois eL
lVfichigan, se sont élevés au sein dll déserl; les
trois prelniers S011t déja états indépendans, et le
dcruier est sur le point de voir finir sa tutelle , el
de prendre le meme rango


Il y a une chose bien digne d'etrc remarquée;
e' est que, pour que cette loi passat, le vote una-
nime des états était nécessaire, d'apres les anc1ens
articles de confédération qui étaient alors en V1-
glleur : par un vote unanimc la loi passa. Aucunc
voix dissidente ne s' éleva parmi lesmcmbrcs de
l'état de Virginie, qui avait cédé le territoire en
question, ni par mi ceux des autres états du Sud,
qui privaient ainsi leurs concitoyens possesseurs
d'esclaves du droit d'émigrer sur ce territoire (1).


(1) En examil1ant la politique des états du Sud en
général, il serait peu généreux d'oublier dé faire rcmar-
<fuer que leurs représental1s au congrcs out été parmi les
memhres qui insistercntle plus forterncnt pour qll'on ap-
pliq~lat les peines les plus sé,'ercs de la loi au:\. hommc~.




( 1'J3 )
Préservéc ainsi tie la flétrissante et 1, rUlneuse


contagion de l'esclavage des Africains, la jeunc
famille des républiques de 1 'Ouest s'est élancée
uans la carriere avec une vigueur et une pureté
de caraclere san'- exemple clans l'histoire du
nlOnde. L'Ohio, qui, il Y a vingt-cinq ans, était
completement désert, contient aujourd'hui un
demi -miIIion d'habitans, et envoie six repré-
sentans au con gres national. Dans les autres
états, fOlldés postérieurenlent a celui-ci, la pro-
gression cst la InemC. On éprouve une singuliere
sensation en pensant que l'aventureux colon qui
abaUit le premiel' árbre a l'ouest des Alleghanys
cst encore vivant. La hulte en bois de Daniel Boon
s'éIeve aujourd'hui sur les rives sauvages du ~lis-


eonvaincus d"introduction clal1destil1e d'escIaves d2.ns les
ports du Sud. Le voisinage de Cuha et de la Floride es-
pagnole offre de grandes facilités pour eette atroee eontre-
llande. La marine des Etats-Unis est aetivement em-
ployée a l' empccher en croisant non-seulemel1t sur les cotes
d' Amériquc, mais eneore sur ceHes el' Afrique ; en outre de
cela, des agcns sont étahlis dan s cctte dcrniere contrée pour
reeevoir les ncgres renvoyés dal1s leur pays natal sous la
sauvegarde de la répllhliquc. Les lllemhres des états du
Sud ont non-seulemcnt toujours COl1couru a toutcs ces
mesures, mais mcltlc quelqucs-uncs des plus importantes
out été proposécs llar eux.o




( ¡ 74 )
souri, tanilis qu'une lnasse de républiques solide....;
luent étahlies re1l1plit l'espaee qui le sépare
du séjour de son enfanee.


11 est clair que dans le COUfS de quelques géné-
ra tions, la partie la plus peu'lée et la plus puis-
sante du territoire arnéricain sera baignée par le
~Iississipi, et non par l'Atlantique. D'apres le ca-
ractere qn'elles présentent dans leur enfanee, on
peut prédire que la prépondéranee croissante des
républiques de l'Ouest ajontera un nouveau lustre
a la gloire nationale, et serrera plus étroitelnent
les liens soeiaux qui unissent la grande farnille
aInérieaine.


Elevées sous les yeux du gouvernemen t fédéral et
par ses SOillS, elles se sont attachées aux institutions
nationales avec une vivacité d'affection inconnue
dans les parties plus anciennes de la république.
Leur patriotisme a toute l'ardenr el leur politique
toute la candeur de la jeunesse. J'&i déja eu oe-
easion de vous faire remarquer l'entllOusiasme
avee leque! on les vit elnhrasser la défense des li-
hertés et de l'honneur de leur patrie an eornrnen-
cernent de la derniere guerreo Elles mOlltrerent
pendant toute eette lntte un esprit vrairnent che-
valeresqne. Les traits de valeur et surtont de gé-
nérosité romanesque des volontaires de l'armée
de l'Oucst fiq'ureraient djg'Tlel11cnt au milieu des


"




( 175 )
plus HoLles pages de l'histoire révolutionnaire,
Les citoyens' des répnbliques occidentales ne se
sont pas montrés luoins générenx dans le sénat
que sur le chalup de bataille. Dans lá chamhre
des représentans ils penchent toujours ponr le
parti le plus noble et le plus luagnanime. Lors
nlclue qu'ils commettent une errenr, vous sen tez
que vous airneriez nlienx errer avec eux, qne d'etre
sage avec de plus prudens ou de plus fro¡ds poli-
tiques.


En examinant l' Amérique aans son ensemble,
on lui trouve un caractere tout-a-fait étranger a
l'Europe, quelque chose qui, dans cette antique
partie du 11lOnde, serait traité de chimérique : une
libéralité d' opinions et une nationalité de sen ti-
mens qui DC dérivent pas du simple accident de
la naissance, mais d'une juste appréciation de
cette liberté civile a qni elledoit toute sa gran-
deur et tonte sa prospérité .. 011 pent compter
que dans les républiclucs occidentales ces signes
caractéristiques seront encore plus marqués.


On parait cOlllmnnéluent croirc en Enrope que
les déserts américains sont colonisés par le rebut
de la société. L'amie a laqnelle j'écri's sait bien
qu'ils le sont généralernent par les membres les
plus estimables de cette société. L'arnour de la li-
herté, que l'érnigrant porte avec lui des rives elu




( 17° )
Connccticul, de l'I-Iuuson ou tlU Pulomac, s~exaltc
et se purifie clans le cahue et l'isolcluent oú iI se
trouve au lnilieu de forets primitives ou de prairics
S311S hOÍ'lies. Quelques esprits inquiets, détestal1t
le joug des 10is et de toútc espece d'ordre social, se
lueIent sáns doute a la fouIe des hOlnmes plus ver-
tucux qui émigrent; lnais ceux de ce caractere se
font rareUlent fermiers. lls s'élancel1t ordinaire-
roen t au-dela des avant-postes de la civ ilisati()Il ,
et r¿rment une troupe errante de chasseu11s aOllt
lé, hahituües el 'quclquefoisle ~cal'acterc se rap-
prochent be,aucoup de cellK des lndiens, le"ws
compagnons. D'autres fois ils se font b~rgers, ~on­
duisUllt leurs troupeaux de paturage en paluráge,
sl1ivant que leur hmtaisie les guiue d'une Lellc
pr~:tirie a upe autreplu~,;bclle.enc(}re, ou' selon
que lefhli'a.é..la popu1áti¿n 'ulenace d'empiéter sur
leur solitude et len!' saunlge empü'e.


On pellt trouver néarl~oin~., parmi ces éclai-
reurs des frontieres, dés ,19n:n~~s qui, semhlaLles it
lenr v,énénihle guide ,Daniel 1300B ,He perdent au-
cune des vertus sociales an nlilieu de lenr vie IlO-
made. « La frontierc, dit M. Brackenridge, autenr
'lni connait parfaitc111cnt les hOlll1llCS dout il trace
le portrait; la frontierc cst ccrtaineulent le rcfllge
de be~ucoup tle gcus v iClcux et rnéprlsables; mais
cHe ~st ;H1:)~;i r~¡:;ilc cllo¡;;i par (pl<.mt ilé de ciloyew,;




( 177 )
a{)ués des plus nobles sentimens. Il senililerait que
c'est par l'effet d'un sage reglement qu'on trouve,
la ou la force des loís se rait a peine sentir, la plus
grande SOlnme de cou rage , d~ vertu et de désinté-
ressement. Parmi les jeunes gens qui ont émigré
a la frontiere, il en est peu qui soient sans mé-
rite. P'apres la fenne conviction de l'importance
future de cette partie du territoire, la jeunesse
active et entreprenante, les homlnes vertueux et
infortunés, et ceux qui ne possedent qu'un faible
patrimoine, s'y rendent et forment des établisse-
mens ponr eux et pour leurs fanülles. De la vient
qu'on trouve dans ces parages quantité d'hommes
dignes de la plus haute estime. Entre autres per-
sonnes de ce caractere, je cite avec plaisir cet in-
trépide aventurier de la Caroline du nord, qui
joue un role si distingué dan s l'histoire du Ken-
tucky, le vénérable colonel Boon. Ce respectable
vieillard, dans la quatre-vingt-cinquieme année
de son age, réside sur la riviere de Sel, l'un des
affiuens du Missouri· dans la partie supérieure de
son cours. II est entouré p~r une quarantaine de
familles qui le regardent comme leur pere, et qui
vivent sons une espece de gouvernement patriar-
cal dirigé par ses avis et son exemple. Ce ne sont
point des gens nécessiteux, que leurs lllalheurs ou
leurs crimes out fait fuir, COlUlue ceux qui s'étaient


l.2




( 178 )
:rétlIlis a D~lviJ, (1311S la caverne d' Adullu·m : íIs
menent lous une vie sage, et posseoent générale-
mellt plus que les dIoses nécessaircs a I'existence.
Ils ont émigré par gout. Peut-etre ont-ils agi pru~
oernment en se plac;ant loin du tumulte et des dé-
ceptions du monde. Ils jouissent dans leur petite
société d'un repos parfait et d'un honhel1r réel,
qui ne sont point L'lits pour une société plus nom-
breuse ou un gouvernement devient nécessaire. La
ils sont vrainIent libres; affranchis meme de 1'ac-
tion des lneilleurs gouvernemens qui existent, iIs
ne sont en hutteni aux folies de l'ambition, ni a la
contagion de l'esprit de parti. Ce n'est pas la un
des véhicules les moins puissans pour pousser
l' Anglo-Amérlcain a aller s'enscvelir au Iuílieu des
déserts (1).» ,


( 1) Le scigneur des déserts, Daniel Boon, bien que son
reil soit un peu éteint et ses membres affaiblis par une vie
longue et aventureuse, tire encore un oiseau au vol avec
eette adres s e qui, dans ses jeunes années, excita l'envie des
chasseurs indiens ; et iI promEme ses regards sur la fameuse
riviere duMissouri, avec des sentimens presque aussi
vifs que Iorsqu'il découvrit avec des yeux plus pcr~ans
la fameuse ripie re d'Ohio. Le tombeau de cet ami de la
nature, de la vie active et de l'indépendancc ahsolue, sera
contemplé par les générations futures avec le meme res-
pcct que les Grecs avaient po u!' ceux de leurs dcmi-dicux,




( 179 )
. Un exemple/rappant de ce InéJange de gralldeur


d'ame et de férocité qu'on trouve souvent chez les
demi-sauvages des frontieres, a été offert dans la
derniere guerre par le louisianais Lafitte. Quelque1l
annéesavant qu'ellen'éclatat,il s'était misa la tete
d'une troupe de hannis de toutes les nations de la
tcrre, et s' étai t établi sur le sommet d' un roche r inex-
pugnable, au sud-ouest des houches du Mississipi;
Souslepavillon des patriotes del' Amériqueméridio-
nale, ces piraLes pillaient a leur gré tous les navires
qu'ilsrencontraient, et débarquaient leur butin en
fi'aude danS'les criqucsles plus isolées du Mississipi,
avecuneadressequinlettait en défaut t.ous les «2lgens
du fisco A la longlle les déprédations de ces proscrits·
ou des Baratariens (ainsi qu'ils s'appelaient eux-
memes dlulOnl del'ile Baratarialeur repaire), devin-
rent in tolérab les, et le gouvernement des É ta t8-U nis
détacha une force navale contre leur petit Tripoli.
L'établissement fut détruit et les pira tes dispersés;
mais a peine la flottille américaine sefut-elle retirée,
que Lafitte rasselubla de llouveau ses compagnons,


Cet homme singulier semble s' etre peint dans. ces paroles
. simples et touchantes: «( N ulle ville populeuse , avec toute
la richesse de son commerce et la majesté de ses édifices
publics, ne pouvait procurer a mon ame autant de plaisir
(Iue la vuc des beautés de la llattlre que je trouve ,ici ))


12.,




( 180 )


et reprit possession de son rocher ~ L'attention dd
~ongres étant alors détournée par la guerre, il put
écumer le golfe tont a son aise, et il tourmenta
tellement les cabotenrs, que W. Clairborne, gou-
verneur de la Louisiane, mit sa tete a prix.


Cet audacieux flibustier, poursuivi par le gou-
vernement américain, parut aux anglais propre a
favoriser leurs desseins. lIs savaient qu'il connais-
sait toutes les pass es des nombreuses bouches
du Mississipi, et ils chercherent a s'assurer son
assistance pour l'attaque projetée par eux contre
la Nouvelle-Orléans.


L' officier anglais qui commandait les forces dé-
harquées a Pensacola pour l'invasion de la Loui-
siane, entra en négociation avec le chef des Bara-
tariens, auquel iI offrit des récompenses qu'il crut
faites pour len ter sa . cupidité et son ambition (1).
Le pira te feignit de goíiter la proposition; mais
ayant adroitement tiré du colonel Nicholls le plan
de l'attaque projetée, il repoussa ses offres avec le
plus orgueilleux dédain( 2) ,et expédia sur-Ie-champ


(1) On offrit a Lafitte le grade de capitaine de vaisseau
dans la marine anglaise, et une somme de 30,000 dollars
( plus de 150,000 fr. ) payable ou il voudrait.


( Note du traducteur).
(2) Les divel'ses l'elatio'JlS de cette aff"il'c que nQUS aVOlli




( 181 )


Un de ses plus fideles compagnons vers le gouver-
neur qui avait mis sa tete a prix. JI l'informai t
des projets de l'ennemi, et lui offrait l'assistance
de sa petite hande, a la: selllttrcondition d'une am-
nistie pour le passé. Le~ouverneur, quoique touché
de cette preuve de magnanimité de la part ~e La ..
fitte, hésitait a accepter S011 offre. Celui-ci tint lléan-
moins ses corsaires prets a marcher a la premiere
invitation,et continua d'épier et defaire connaitre
les mouvemens de l' ennemi. Le danger étanl de-
venu plus urgent et les preuves de la générosité de
Lafitte plus multipliées, le gouverneur crut pouvoir
se fier a lui; illuiaccorda, ainsi qu'a ses~olll:pa­
gnons, le pardon de Ieurs offenses envers 'larépll-
hlique, et les appela a la défense de la Nouvelle-




ea occasion de consulter dans nos recherches sur l'histoire
maritime des trente dernieres annécs, portent que Lafitte
continua 4e dissimuler , et, en éludant une réponse précise,
chercha a gagner du temps, ce qui est d'autant plus
probable, qu'en éclatant il s'6tait les moyens de rendre
aux Amérieains le serviee important qu'il méditait. Nous
croyons aussi que Lafitte n'était pas Louisianais, mais
F ran~ais, commandant u~ corsaire de la Guadeloupe , avee
lefjuel, lors de la prise de eette ile par les Anglais , il était
\l.llé se ~réfugicr a la Cote ferme, ehez les indépel1dans.


(Note du traducteur ~




( 182 )


Orléans. lIs oLéirent promptClnent, et servircnt
avec une valeur, une fidélité et une honnc con-
duite, qui ne furent point surpassées par les meil~
leurs volontaires de la république (1 ).


Je n'ai tracé qu'une simple esquisse des grandes
divisions de cette république : un sujet de ce genre
n'exige pas beaucoup de précision, ou du moins
mon pinccau n'est pas assez habile pour lui en
donner davantage. Je vous prierai toutefois d'ob-
server 'qne la naissance des nouveaux états a tendu
a ,consolider l'Union; et que l'eur ~mportance
croissante pl'oduira probablement le meme effet.
Ce résultat trolllpera les calculs de ces politiques
a Iongue vue, qui out prédit qu'a lllesure que les
parties de ce grand édifice politique augmente-
raient en nombre et en force, le ciment qui les ~je
se dissoudrait, et que plus les intérets de la
société agrandie deviendraient dilférens, plus elle
serait troub1ée par la guerre des partis.


Le fait est que toutes ces savantes prophéties
touchant l' Amérique ont été démcnties. On vous
avait dit qu'elle était trop libre, et sa liberté a fait


(1) Vinfatigable Lafitte ar])ora de nouveau le pavillon
oc Carthagene, mais pour faire la guerre d'une maniere
plus réguliere qu'auparavant. Je pense qu'il a rendu des
services signalés a la cause des patrio tes.




( 183 )
5a sécul'ité; flu'cllc éLait trop pacifique, el dIe a
hien su se défendre; enfin qu'elle était trop grande,
et sa grandeur en croissant a augmenté 1'union de
ses états. Ces nombreuses républiques répandues
sur un territoire si vaste, embrassant tous les cli-
mats et possédant toutes les diverses productions
de la terre, semblent destinées, dans la suite des
iemps, a former a elles seules un monde entierement
indépendant des richesses et de l'industrie ~e tou-
tes l~s autres parties du globe. Chaque jour elles
apprennent de plus en plus a conlpter les unes SU1'
les aulres pour se procurer les divers articles né-
cessaires pour la nourriture etl'habillement; quant
au prenúer hesoin de l'homme apres cetu"':ci, le
hesoin de se défendre, elles ont,. des leur enfance,
été habituées a y pourvoir en comnlun. Les liens
de""l'Union sont plus n'ombreux et mieux serrés
que les étrangers ne peuvent le .. co~cevoir. Des
·hornmes qui ont versé ensemble leur sang pour la
liberté, qui savent apprécier et jouir égalCluent de
ses bienfaits, que leur sang ou celui de leurs peres
a achetés, el qui sentent aussi.'que cette liberté
qu'ils adorent a trouvé son dernier asile sur lenr
rivages; de tels hommes forment un peuple uni
'par les liens de l'amitié et de la fh1ternité plus for~
tement qu'aucune autrc nalion.


. t""'"':';';\
,",,'


~" ~;,~<\~;/




( 184 )


LETTRE XXII.


Liberté l'l'limitée de la presse. - Elections. -
E.lfet 'des écrits politiques. - Journaux. -
Débats du congreso


New-York, février 18~o.


LEs Américail1s, ma chete a!llie, sont certaine-
lllent un peuple cahne, raisonnable, poli et dé-
cent d~ns sa conduite; ils ne 80nt point enclins
a se quereller ni a ~e dire' des injures; cependant,
a lire leurs journaux, on les prendrait pour une
hande de soldats ~l~ssois (1). Une presse sans en·
traves parai( ~J,re la soupape de silreté de Ieur
constitution lihérale, et i1 semble qu'ils en sont
persuadés; car ils ne font pas plus d'attention a
tou( le fracasqu'eUe occasionne, qu'au bruit de
la machine a b<»:4 de leurs bateaux a vapem.


(1) C'est sans doute aux soldats hessois envoyés contre
les Américains par l' A.ngleterre, dans la guerre de l'in·
dépendance, que l'auteur fait allusion ici. Voyez, a la fia
du volume, une ñote sur ce sujeto


(Note du tradl&cteur).




( 185 )
Un étranger qui, en débarquant sur le sol


américa in , prendrait irnmédiatement un journal,
pourrait supposer (surtont s'il lui arrivait de dé-
harquer a la veille d'une ~lection) que l'édi-
fice politique est sur le point de s'écrouler, et
qu'il vient tout a propos pour etre écrasé sous ses
ruines; mais qu'ilne jette pas les yeux sur une
feuille publique, et iI pourra parcourir les rues
d'une ville américaine, le jour meme d'une élec-
tion,sans se douter de ce qui se passe, a moins
qu'il neluiarrivece qui m'est arrivé amoi-meme,
c'est-a-dire, de voir devant une maison urie foule
de peuple rassemblée autour d'une perche sur-
montée d'un bonnet de liberté, et des hommes
qui entrent par une porte et sortent par une
autre. S'il demande a un ami qui passe rapide-
ment aupres de lui :« Que faít-on la ? » Celui-ci
pourra lui répondre : ce On procede a l'élection
des représentans; continuez votre chemin, je
vais entrer donner mon vote, et je vous rejoin ..
drai. »


Il peut pal'altre étrange que le peuple, apres
avoir exercé les droits de la souveraineté, juge
a propos d'user de celui d'injurier les chefs de
son choix et en use sans pitié; mais quand on
considere flue dans cette démocratie, iI Y a tou-
jours une minorité quis'est vue obligé de cédcl'




( 186 )
a la majorité, la chose semhle facile a expliqucf'.
En outre de cela, un homme, apres avoir con-
couru au choix d'un représentant, peut se trou-
ver lnécontent de lui. Il s'ensuit qu'il le lui fait
savoir, qu'il l'apprend a ses eoneitoyens, et
qu'il empIoie pour assaisonner sa philippique ~
toutes les épithetes que lui fournit le dictionnaite.
Quoique eette maniere de vilipender les magis-
t1'ats lihrement ehoisis pour gouverner la répu-
blique, ne fasse pas beaueoup d'honneur au corps
social, elle porte évidemment son remede avec
elle. L'opinion publique, apres tout, est la rneil-
leure, et au fait, la seule censure eHicace de la
presse. En Amérique 011 la trouve suffisante,
tandis que dans d'autres pays on a en vain re-
eours aux amendes, aux emprisonnelnens et aux
exécutions.


Jamais les papiers publics ne furent plus vi-
rulens qu'apres la déconfiture du parti fédéralist~,
en 1805; et jamais les traits de la calomnie ne
produisirent moins d'eifet que sur les sages ma-


. gistrats que le peuple avait alo1's investis de sa
confiance. Le discours de M. Jefferson, apres sa
scconde nomination a la présidence, eontient
tluelques réflexions d'une application si générale,
que jc suis tenlée de les soumeltre a votre at-
lcntion.




( J87 )
« Pendant le cours de notre adminislraLíon; el


dans le hut de la trouhler, l'artillerie de la prcsse
a été pointée contre HOUS, chargée de tout ce
que la licence pouvait imaginer ou osero Ces abus
d'un instrum..ent si utile 'el la liberté ainsi qu'a la
science, doivent etre vivement -déplorés, en ce
qu'ils tendent ;}} diminuer l'idée de son utilité,
et a en compromettre l'empIoi. Peut - etre eut-oIl
l)U corriger, ces abus au moyen des punitions sa-
lutaires portées par les lois des divers états de
l'Union coutre la calomnie et la diffamation; lnais
des devoirs plus pressans occupaient le tenlps des
serviteurs du peuple ,etJ'on a lais.sé les coupables
trouver leur chtltlmcnt dansl'indignation publique.


) D'un autre coté, il n'était pas sans intéret
pour le ul011dc qu'une expérience fút faite li-
brelnent el pleinement pour connaitre si la
liberté de discussioll sans l'assistance du pou-
voir n'est pas suffisante pour la propagation el
la protection de la vérité; si un gouvernement se
conduisant selon le véritable ~sprit de la consti-
tution qui ra établi, 1110ntrant du zele et de 1'in-
tégrité, et ne faisant aucun acte dont iI ne vouIut
pas que le monde eutier fut témoin, peut etre ren-
versé pa.r la calomnie et la diffamation. L'ex-
périence a été faite: vous en avez vu le résultat.
Nos concitoyrns ont observé tout avec calme eL




( 188 )
sang froid. lIs virent la source cachée d'ou tt)us
ces outrages découlaient; ils se rallierent autouf'
des fonctionnaires publics de leur choix; et
quand la COl1stitution 'les appeL'l a porter une
décision par leur suffrage, ¡ls prononcerent un
wrdi:ct honorable pour ceux qui les avaient
~ervis, et consolant pour les amis de l'honune,
(lui pensent qu'on pent et qu'on doit luí con-
fier la direction de ses propres affaires. On n'en-
tend pas conclure ici que les lois rendues par
lesétats de l'Union, contre les publications ca-
lomnieuses et diffamatoires, ne doivent pas
etre appliquées. Celui qui en a le loisir renel
service aux 'mreurs et a la tranquillité publique,
en réformant les abus a l'aide des moyens coer-
citifs que lui':donne la loi. l\lais l'expérience
est citée p~ur prouver que, puisque la vérité et
la raison se sont soutenues contre de fausses opi-
nions basées sur des faits faux, la presse exige
pen de restrictions légales. Le jugement public
rectifiera les faux~.faisonnemens et les opiniol1s
erronées, ce qui s'opérera en écoutant toutes les
parties , et aucune autre ligne de démarcation
ne pent etre tracée entre l'inestimable liberté de
la presse et sa licence déllloralisante ( 1). »


( 1) Le discours prononcé par J efferson, lors de sa p:re~




( 18g )
11 n'y eut jamais de pays 011 un détnagogue


put avoir lnoins d'influence que dans celui-ci. Le
citoyen apprend ici a ponser par lui-meme.
Fiel' de son titre et de ses droits de souverain',
son orgueil se révolte contre l'idée de soumettre
son jugement a ceux qui voudraient se faire ses
guides et ses instituteurs politiques. Il observe les
faits , examine la concluite de ses fonctionnaires
publics, el prononce en conséquence.La sédi-
tion peut ici sonner l' alarme tont a son aise; per-
sonne ne l'écoute. Les yeux sont fixés sur la
machine da gouvernement; et tant qu'elle marche
bien, les servit.enrsquila mettent. en,mouvement
sont soutenus par le suffrage national.


Si les vaines déc1amations répandues par la


miere nomination a la présidence, en 1801, n'est pas moins
remarquable que celui dont on viellt de lire un fragmento
Nous possédons un exemplaire de ce discours imprimé en
quatre langues, savoir, en anglais, en fran~ais, en ita-
lien et en allemand ; et nous eroyons faire plaisir au lec.,....
teur en lui offrant la traduction fran~aise d'unmorceau
si admirable, tant par les sentimens de philantropie et
les idées de liberté qu'il renferme, que par la maniere
simple et noble dont ils sont exprimés. (royez a la fin
du volU1uc.)


( Note da, traducteur).




( 190 )
presse passellt sans qu'on y prennc . gaI?(1e,
les raisonnelnens qu'elle propage, s'ils 80nt justes.
et appuyés sur des faits, exercent une puissance
supéricure a tout ce qu'on connalt en Europe.
lei, iI n'y a point de populace. Un oratenr OH
un écrivain doit, pou!' arrive1' an ereur des Alné:...
ricains, se frayer un chelnin a travers leur raison.
Il fant qu'ils pensent eomme lui avant ele sentir
COI1UllC lui; mais une fois qn'ils en 80nt venus
la, rien ne' saurai t les empecher d' agir commc
iI le leur conseille. C'est ainsi que l'cffet produit
IJar le Sens commun 'sur l'esprit public, en pro-
dnisit un analogue dans les mesures publiqw:!s;
iI déferla (l) le drapean ele l'indépendance.
Avant ce temps, l'éloquent Patric1( Henry
avait réveillé la Virginie, et lui avait luis les


(1) Aucun mot de notre Jangue ne saurait rendre .aussÍ
bien le mot anglais unfurled. Le verbe déferler, termc de
marine, pourrait tres bien, comme une foule d'autrcs
motS empruntés aux. sciences et aux arts, passer dans le
langage ordinaire. On dit d'une voile pliée sur sa vergue,
d'un pavillonroulé autour' de son }Jaton, qu'ils sont ferlés;
les déployer s'appelle les deferlel'; maí:; ce dernier mot,
qui a encore d'autres applications et qui présente a l'esprit
plusieurs im~ges, nous a paru préférahle a tout autre.




( 19[ )


armes a la nlain; Diclwnson, par la plus adluÍ-
rabIe série de raisonnemens, avait amené le
peuple a calculer les inévitables résultats des
actes du parlement britannique,\tet l'encouragea
dans cet esprit de résistance qui rachéta les
libertés du genre humain. Pendant toute la
lutte révolutionnaire, il n'y eut pas un parn-
phlet, un conte, une chanson, qni n'exer~at son'
influence sur les affa!res publiques.


Les écrits du gTand et bon Franklin, le 80-
crate des temps rnodernes, le pere de l'Alué-
rique indépendante, et l'oracIe de ces hornmes
d'état philosophes, que la voix ,publique a ap-
pelés au timon du vaisseau de la république ,
depuis la premiere élection de M. Jefferson,
exercent encore aujourd'hui lcur salutaire in-
fluence sur le caractere national, et par conséquent
sur les l11esures nationales. Vous ne sauriez entrer
dans la rnaison d'un fermier, Oll dalls la hutte en
hois (1) d'un habitant des terres nouvellelllent
concédées, sans y trouver les reuvres du sage
que l' Arnérique révere. Ses apophtegmes et ses
paraboles sont gravés dans la nlémoire de l'en;,..
fant; sa vie écrite par lui-n1(~me est le 'mauuel
uu jeune homlue lorsqu'il entre dans le 111onde;


(1), V oir la note, tome 1) 'Pa.~e 2/18,:,




( 192 )
ses principes vrailnent divins -de justice, d11U...!
lnanité, de tolérance, d'activité, d'économie,
de frugalite, de philantropie et de liberté,
t~glent l'administration de tout hornme d'état
}1atriote, et la vie privée de tout citoyen ver-
tueux.


Un journal énergique et bien rédigé, Le Fédé-
raliste (1), htüa considérablement l'adoption et
la consolidation paisible de la constitution fédé-
raIe ; quantité d'autres écrits furent COII1posés et
publiés dan s les memes vues. Les resolutíons
adoptées par la législature de Virginíe, en 1799,
lesquelles rédigées par MM. Jefferson et Madi-
son, déclaraient que le con gres avait excédé les


. . 1 . . , , .1'" , ,,'\ \. pouvOlrs qtU UI avalent ete uelegues, nxereu\.
rattention de la nation tont, entiere, par la
"raison que cette déclaration étaít appuyée par
des faits "qui avaient déja occupé le public, et
qui prouverent la vérité de l'accusation. IJa
Branche d701ivier, ouvrage de M. Carey, (2)


( 1) Le rédacteur de ce journal était M. Dickensol1, a:u-
teur (les Lettre( du Fermier.


(2) M. Carey, libraire et homme de leUres, a publié,
il Y a deux ou trois ans , un livre curieux intitulé lreland
Pindicated ( l'Irlal1dc justifiée), ct dont il est a la fois
l'auteur et l'éditcur.




( 193 )
libraire famé et habitan! patriote de PhiladeI-
phie, produisit, dit..:'{)ni , la plus. grande sensa-
tion qu'ait exciféc ~ú~un é~rit politique depuis
le Sen8 r:OlnmulZ. Son b~t: ostensible était de'
cimenter l'union entre les deux anclens partis
démocrate et fédé~élliste; luais en 'énumérant
leurs fautes réciproques, iI en imputa une si
grande quantité au, deruier, qu'il n'était plus
guere possible de le, soumettre par la douceur.
Cet ouvrage déconcerta les m,éconten~; et peut-
etre aussi les poussa ~ des actes· d'une plus
grande inconséquenée, les f01'9ant ainsi a tra-
vailler contre elL~ - .Illemes. Quoi qu'il en soit,
le mérite et l'lltilité-ae la' Branche dJOlivier,
furent sentis et avoués raer toute 1~ nation:
treize éditions de eet ouvrage furent enlevées
avec la rapidité de l'édair, et iI rassa dans les
lIlains de tous les citoy~ns 'de la repubÚ.qÚe. "


Il est impossihle qll'aucun pays du monde
soit plus compIeteInent . inondá de journaux que
celui-ci. On en a non-seulement eu' anglais, mais
encare en fran~ais et en hollanda:is, et iI en paraitra
bientótprobablement quelques-uns en espagnol.
Ce n'est pas ici par amusement, mais par devoir,
que chaque citoyen ~herche a connaitre ce que
font les fonctionnaires publics; il dait premiere-
ment exarnlner la canduite dll gouvernement




( I!Jí )
géllél'al, el ensnÍt<: ceHe de la législature de l'élJt
dont jJ est habitant. Indépeudanlment de cela, i1
faut encore qa'il sache ce qui se pass e dans les
autres états de l'enion. l\lajs COITnne ]e nomhre
de ces états s'éleve aujourd'hui a yingt-deux,
sans' compter quelques autres qui se forment,
il Y a assez de llwtieres relatives a la })olitique
intérieure pour remplir les pages d'un journal;
vierit ensuite la pol~tique de l'Europe (Iue, soit
dit en passant, je pense qu'on enten<1 souvent
mieux ici que de votre coté de l' Atlanti(lue ;
un autre sujet plus intéressant ponr les Amé,....
ricains leur est fourni par les amlires deleurs freres
du. continenl 1l1éridioual. Qnantité de généreux
cítoyens de ceHe république out hasardé lenr
vie et lenr fortune ponr servir une canse qui
présente une si forte ressenlblance avec ceHe pour
laqueHe etlx ou leurs peres ont arrosé de lenr
sang le sol ou i]s ont pris naissance. Le gouver-
nement de l'Uníon a expédié divers agens
chargés de rnissions amicales aupres des gon-
vernemeils des républiques de l' Amérique méri-
dionale; missiol1s dont je pense que vous lirez les
détails avec beaucoup d'intéret (1). Outre ce qui


(1) Ces détails se trouvcnt dans des ouvrages puhliés Cll
Amérique, mais «out la plupart n'ont pas encore été tra-
duits clans notre langue. (1Vote da tradnclntr.)




( 19,') )
a rapport ~l la politiquc, cette multitude de ga-
zeUes et de journnux contiellnent une variúé
étolmante d'artic1es de tous gen res ; iI n'exisl e
'pas un sujet dans les diH-ercntes bra'nches des
connaissances humaines qu'-ils ne traitent d'une
'lnaniere quelconque, et assez souvent avec une
rare hahileté; et les faits qu'ils citent, ainsi que
les principes généraux qu'ils défendent, sont en
général tres utiles á la société. L'animosité de
})arti qui, parfüis, dépare leurscolonnes, paralt,
cornme je vous l~ai dit, plus riclicule que per-
nicieuse; dans tous les cas, c'est un nlal qui
vient a la 8uite de la liberté, et que, par égard
})our la bonne compagnie ou il Se trouve, la 'ré-
publique peut bien con sen tir a supportcr.


Ainsi que vous l'aurez remarqué en lisant les
débats du cOlIgreS, cette scurrilité ne pénetre
jamais dans le sénat. Le langage des représen-
tans de la nation, quelque chalenr qu'ils 111et-'-
tent dans 1eurs argunlens, est toujours décent et
poli. A l'époque nH~nle oú le sén'at et le peuple
étaient si vivement agités par les querelles du
parti délllocrate et du parti fédéraliste, jI ne se


, ,. , l' presenta qu une Clrconstance ou on manqua
ouvertement au respect dú a la charnbre. Il faut
dire qu' en eette occasion l'indécence fut poussée
au dCJ'nierdegré. Vn melubre donna un démenti


13 ~




(1 nG )
forme! a un autl'e ({ui se jeta sur luí et le ter·-
:l'assa; tous deux furent expulsés de l'assem-
blée.


Le ton adopté dans les débats du eongres a
été, pendant nombre d'années, digne des plus
heaux jours du sénat romain; l'éloquence et la
justesse de l'aiSOnnenlellt qu'on y déploie ne
.sont pas moins remarquables que la modération
qu'on y conserve iu\'ariablement; je pense que
ee.tte IrlOdération, si différente de ce qu'on ob-
serve dans la ehambre des communes de l' An-
.gleterre, peut etre ·attribuée a ce qu'ici iI n'y a
pas de majorité ni de minorité constantes. On y
voit üne lutte franche entre les opinions, et
non pas les principes en guerre avec le pouvoir.
Comme les membres qui diffekent de sentiment
aujourd'11ui, peuvent se trouver demain dan s
la meme n13jorité, il est raré que l'animosité per-
sonnelle se Eneje á une opposition. poli tique ;
d'un autre coté, les grands principes de justice
et les droits de l'homme qu'on invoque si con-
stamment dans la chambre <;les représentans, sont
propres a imprinler de la dignité a la politique
nationale. Le vaisseau de l'état doit etre piloté
sur le vaste océan de la liberté el non pas dans
le canal tortueux des convenances politiques.
L'ame de l'homnle d'état enlhrasse l'ünmense




( 197 )
perspective qn! se déploie devant lui; les prin-
cipes généreux qui forment ses armes offen-
~jves et défensives, le disposent a combaUre son
adversaire avec une courtoisie chevaleresque;
il le presse vivement, iI l'attaque de tous
cotés, lui porte des coups terribles et pré-
cipités, et se montre impatient de le vaincre;
mais iI ne cherche pas, en l'injuriant, a obtenir
sur lni un avantage qui ne l)ol1l'rait que
nuire a sa cause, et ternir l'éclat de son
triOluphe. ""-


On peut penser, an reste, qu'iIn'est pas pro-
hable que les invectives et les insultes person-
nelles fussent tolérées dans une assemblée eom-
posée d'hommes également fiers et également
libres. Les institutions politiques de ce pays
expliquent eette particularité qui, si souvent,
excite la surprise des étrangers, habitués en Eu-
rope a eompter sur le brnit et le désordre , la
("\ rr'.('[ne la liberté.




LETTRE XXIII.


Education des Alnericains. - Colléges jJu-
blics. - Regime des éco/es. - Condition des
fenzmes.


Ncw-Y olk, févricr 1820.


L'ÉDUCATION de la jeunesse, qu'on peut regarder,
roa che re amie, COlnme formant la base du gouver-
nement américain, est devenue une affaire natio-
nale dans tous lesétats de l'Union. Aussi les obser-
vat.ioDs faites sur ce sujet, dans l'uo quelconque de
ces états, peuvent-eI1es etre eonsidérées eomme
s'appliquant plus ou moins a tous les autres. La
partie de eette vaste eorifédération qlu apporta
le plut6t un soin attentif a l'édllcalion de ses ci-
toyens, fut la Nouvelle-Angleterrc. Cela vint pro-
habl~nlent du caractere plus démocratique de ses
institutions : la liberté et la science se donnen!
toujours la maín.


Si la poli tique nationale de fluclqucs-uns des




( 199 )
états de la NOll\cllc-Angletcrre fut par fois bl.\-
lnable, l'administratlon intérieure de tous ces
états raclH~te amplement ccs torts. Il n'y a pas
de société plus véritablement vertuense dans le
Illoude, que ceHe qu'on trouve dans les délnocra-
ties de 1'est de l'Union. La beanté de 1eu1's villages,
la propreté de leurs lnaisons, la simplicité des ma-
nieres de ceux qui les habitent, la sincérité de
lenr religion, dépouillée en grande partie de son
ancienne austérité cahiniste, lcurs coutumes sa-
ges, lenrs mreul'S purcs et leurs lois hn111aines,
doivent cOlnmander l'admiration et le r.espect de
tout étranger. Je fus singulierement frappée, dans
le Connecticut, de l'aspect des enfans que je vis,
propremcnt vetus, le sachet au bras et le visage
rayonnant de joie et de santé, salner les passans
en se rendant par troupes a l'école. Ce salut, ih
11~ l'adressent pas an l'flllg, llmis a l'age. Se111-
blables aux jeunes Sparliates, les enfans appren-
nent a saIner respectueuscment leurs supérieurs
en années; et la candeur et la lnouestie avec
lesquelles ces intelligentes petites créatures ré-
pomlent aux questions de l'étrallger, plairaient a
Lycurgue 111i-nH~me.


L'état ele Connecticut a destiné un foncls cl'un
núllion et demi de dollars a l'entretien des écoles
publiques. Dans cclui de V ennont, une cel'tainc




( 200 )


portion de terres a été distraite par chaquc. con-v
mune, et les produits en sont affectés au nH~me
objeto Dans les autres états, chaque commune
s'impose elle-rncrne pour le montant des sornmes
l1¿cessaires aux frais d'écoles ou l'on enseigne la
lecture, l'écriture et le calcnl a toute la popula-
tiOll. Dans les grandes viHes on enseigne aussi
a ces écoles la géographie et les élémens de la
langue latine. Ces établissemens entretenus sur
les deniers puhlics sont onverts a la jeunesse des
deux sexes du pays. D'antres éeoles d'un ordre
plus élevé sont égalenlent entretenues dans les
distriets les plus peuplés, nloitié sur des fonds
spéciaux, et moitié au lnoyen d'une légere rétri-
bution exigée de chaque écolier. L'instruction
donnée dans ces écoles dispose la jeunes~e a reee-
v/oir ceHe qu'on lui donne dans les eolléges des
états, qui en possedent chaeun un au moinsr
L'université de Cambridge, daus l'état de 1\iassa-
chussets, est le plus aneien et, je crois, le plus
distingué de tous les établisselnens de ee genre
existans sur le territoire de l'Cnion.


Peut-etre le nombre de colléges fondés au sein
de cette grande famille de répuhliques n'est-il
pas, en général, favorable a la naÍssanee d'uni-
versités fameuses; mais il remplit rnieux l'oLjet
qu'on se propose, d'élever, non quelques sujets




( 201 )


tres savans, lnais une nation éclairée el libé-
raleo


Le nombre des universités, dans toute l'Union,
lnonte aujourd'hui a quarante-huit. Les plus re-
nommées sont : l'université d'Harward, a Cam-
lJridge, pres Boston, fondée en 16g8; le collége
d'Yale, a New-Haven, Connecticut, fondé en
17°1; Nassau-Hall, a PrincetoIl, New-Jersey,
fondé en 1738; le collége de Colombia, N ew-York,
fondé en 1754; le collége de Dartmouth, New-
Jlampshire, fondé en 1 769; et le collége de Guil-
bume et Marie, en Virginie, fondé en 1791. La
plupart des colléges de l'Union sont amplement
dotés par les législatures des -états auxquels ils
appartiennent. Ceux des nonveanx états le sont
avec munificence par les lois du congres, qui affec-
tent a lenr entretien de belles portions des terres
nationales. Dans l'Ohio, par exemple, la trente-
sixieme partie de tout le territoire de ce riche
éta t a été concédée ponr cet objet, et distribuée
de InarlÍere a donner le plus de produit possible.
Dans quelques autres des nouvea~lx états, tel que
ce]ui d'lllinois, les dotations sont encore plus li-
béralcs. Quelque nombrcux et bien dotés que
soient les établisseluens ponr l'éduc:ation de la jen-
nesse, dans les états voisins de l' Atlantique, avant
un siecle,' ils paraitront peu de chose en compa-




( 2U2 )


r.ai~on <le celJX des états de l'OllCSt. J'ai tléja en
occasion, daus une précédente lettre, de parler
de l'académie de VVest -Point, instituée pour ré-
pandre une bOllue instruction lnilitaire dan s tont
le pays.


11 est inutile d'entrer dans le détail des regle-
mens intérieurs des différens états de l'Union rcla-
Üverrlent a l'instructiQn nationale. L'enh'lnt de
~out citoyen, quels que soient son sexe et sa
couleur, a droit de participer a cette éducation,
et des fonds suffisans ponr suhvenir aux frais de
son instruction sont faits , soit sur les rcvenus de
terres affectées a cet objet, soit au moyen de taxes
imposées tantot par la législature et tantot par les
conlillunes. Nonobstant la généralité de ces dispo-
sitions, il peut tlrriver parfois, a raison de ce que
dans certains distri.cts la population est plus
éparse, et de ce que clans cl'autrcs elle conlicnt un
11lélange de population étrangcre, que les connais-
sanees soient inégalement répanJues. Les Allc-
nlands> de la Pensylvanie et les liollandais de l' état
de New-York sont en pleine possesslon un te]n-
pIe de l'Ignoranee; et t1'ois ou (luatre générations
n'ont quelquefois pas sufli pour détruire leur dé-
votion a la stupide diviuilé <lue 1'homme a SI IOllg-
temps adorée. Cepenuant les écoles allemandes
ont beaucoup contriLué au renvcrsclllcnl de l'i-




(203 )
dole, et 1'011 pcut préSUll1Cr (Inc l'obslÍnatioll gcr-
InanirIllc, si forte qu' elle soit, se laissera vaincrc a
la fin, et que les Allemands échangeront leul' al-
phabet contre cellli du pays.ll y a vraituent quel-
que chose d'inexplicable dans ce qu' 00 nomIne
caractere national, et qui se 1110nt1'e partout si
distinctement luarqué. Dans l' espace d'une dou-
zail1c d'années, les Frangais de la Louisiane se
sont presque amalgamés avec leurs nouveaux COID-
patriotes, el enseignent plus ou moins a leurs en-
fans la Jangue de la nation américaine, tandis
que les lIol1andais de Comrl1unie-Paw, sur le ri-
vage de la baie de New-Yor~, ont mis. un siecle
pour apprendre une demi-douzaine de mots an-
g1ais (1), ct pour acquérir le quart d'une idée non·
vene.


(1) Ccci doit paraitre d'aut::mt plus extraordinaire,
que presque toutes les rdcines saXOIlCS de l'anglais exis-
tent dans le hollandais, ainsi qu'une grande portion de
cette immense :quantité de ll10ts franc;ais dont s'est en-
richie la langue britannique; et que, toute la différence
consistant dans les désincnces et la prononciation, dont
les modifications d'aillcurs sont uniformes, iI sufllt de
saisir quelqucs analogies fúrt simples púur transformer
un langagc dans l'autrc.


(Note du tradllClPflr.)


.,t;t.~
:..,.:~.:ifj~




( :>.04 )
Si l'on doit chcrcher l'explicalion des lnreurs ee


¿u caractere d'un peuple dans ses institutiollS lla-
tionales et l'édueation premiere des individus qui
le composent, le earaet<~re de l' A.méricain s' ex-
plique facilement. L' étranger est surpris, au pre-
mier abord, de trouver chez un citoyen ordinaire
cette intelligence et ces sentimens qu'il a été habi-
tué a chercher dans les écrits des philosophes ou
dans la conversation des hommes les plus éclairé&
de son pays. La meilleure partie de notre éduca-
tion, dan s l'ancien monde, consiste a désappren-
are. Il faut que nous désapprenions en revenant
de nourrice, en sortant de l'éeole, et souvent nous
désapprenonspendant toute notre vie, ponr
quitter ]a scene avant de nous etre débarrassés de
toutes les idées fausses qu'on avait implal1tées dans-
nos jeunes cerveaux. lei, toute cette peine est
épargnée. Les impressions re0ucs dans l'enfance
sont peu nombreuses et simples comme tous les
élémens des saines connaissanees. Toutes les idées
que-l'on acquiert sont tirées du livre de la vériLé,
et embrassent des principes souvent inconnus du
savant le plus aecompli de l'Europe. La maniere
dont l'édueation e~t dirigée ici n'est pas non plus
sans influence ponr former le caractere. Je me
sens du moins disposée a luí attribuer eettc dou-
ceur et cctte affilbilité de lnallieres (1' ti distiuguclll




( 205 }


l' Américaiu. La rndesse engendre la rudesse, et
la doncenr enfanle la doucenr. J'ai sonvent OUl
di re par des colons des lndes occidentales, qu'un
esclave devient toujours le plus dur conducteur
d'esclaves. Il est bien connu dans les écoles d'An-
gleterre que l'écolier qui a été le plus rossé devient
a son tour le plus cruel tyran de ses camarades, et
sur un vaisseau de gnerre anglais il se trouve sou-
vent que le chef inflexible sur la discipline a appris
sa rigidité a l'école de la souffrance. L'Américain,
clans l'enfance, dans l'age mÍlr, ni dans la vieil-
lesse, ne sent jamais la lnain de l'oppression. Les
c1ültimens corporels sont formellement interdits
clans les écolcs, dans les prisons, dans l'armée et a
Lord des véússeaux; enfin partout oú une autorité
s'exerce, elle doit etre exercée sans avoir recours a·
l'argument des coups.


Il n'y a pas long~temps que, dans un état voisin
de ce lieu-ci, un maitre fut renvoyé' d'une école
publique pour avoir baUu un enfant. Le petit ham-
hin passa toutd'un coup dli role de criminel a
celui d'accusuteur: « Osez-vous hien me frapper,
s'écria-t-il? vous etes mon instituteur, et non pas
mon tyran. )) Toute l'école se souleva aussitÓt;
l'aflhire fut examinée, et le maitre renvoyé. On ne
chercha point d'excuse pour un ch&timent pros-
crit, dans la gravité de la faute qui a.vait pu le pro~




( ~HiG )
voquer; onpensn que l'horllmc qui ne pouyait-pas
lnaltriser ses passions n'était pas nút ponr répri-
lller les passions des autres, et qu'en outre, iI avait
enfreintles reglemens de l'école et pcrdu lerespect
de ses écolicrs. L'enfant, ainsi exempt du joug de
l'arbitraire, acquiel't des sentimens et contracte
des -habitudes qu'il conserve pendant tout le cours
de sa vie, et sent son importan ce comme hOillrne
et comnle etre ·pensant; et il apprend a regarder
la violence comnle aussi déshonorante '¡lour celni
qui l'exerce que ponr celui qui s'y soumet. Vous
COl1cevrez, d' apres cela, COlumen t les semen ces de
la fierté et de la donceur germent ensemble dans
la meme ame. C'est peut-etre dans le mélange con-
venable de ces deux qualités, qui se tempercnt
l'une l'autre, qu'on trouve ici la perfectioIl <In ca-
ractere national et du caractere individuel.


'Ponr ce qui regarde l'édncation des fClllmes, la
Nonvelle-Angleterre semble jusqu'a présent avoir
été particulierenlent libérale. Les danles des états
de l'Est possedent souvent les connaissances les
-plu~ ~Gllde~, le~ lt\ncg\.\.e'6 müdesne'6 et mbne les
langues mortes, et une vaste érudition ; par une
conséquence l1aturelle, leurs rnanieres sont plus
composées que ceHes de mes jcunes et vives amies
du district OÚ je nle trouve. J'ai déjá mentiol1né
dans une de mes prenlieres lettres, que l'attention




( 20'7 )


pnbliquc est mainlcnant dirigéc·partout VCl'S l'édu-
calion des femmes. Dans queI(lues états on a établi,
80118 la 81u~veillance de la légis1ature, des éco)cs
oú ron enseigne aux filIes les différentes branches
de la science (liJe fen votre ami, le docteur Rush.,
regardait cotlnne si essentielles.


DallS les antres pays, il pcut paraitre d'une
faible consé(Iuellce d'inculquer dans l'esprit des
femmcs les principes dll gonvcl'nemcnt et les ob1i-
gations du patriotisl11e; mais il fut sagelnent pensé
par le vénérable apotre de la liberté , c10IÍt Je viens
de tracer le nom , (pIe dans un pa ys Oil uIÍe mere
cst chargée de furmc!' un jcune esprit destiné a
jnger un jour des lois et a soutenir les libertés de
la répnblique, cette lucre elle-melue devait com-
prendre ces ]ois et apprécicr ces ]ibertés. En Amé-
rique, les avantages personnels et les arts cl'agré-
llIeHt devraient passer apres une solide instruction.
Il en est parfaitemellt ainsi chez les honuues, maie
les femmes sont trop élevées a la n13niere euro-
péenne. Le fran~ais, l'italien, la clallse, le dessin,
occupent les momens du bean sexe, qni trop com-
lllunément s'y livre avec nonchalance, tandis que
l'autre s'applirIlle sériellsement a l'étnde de la phi-
losophie, de l'histoire 1 de l'écol1omie politique et
des sciences exactes. II suit de B. qne lorsflue la
vivacité de la jcunesse s'est un peu calmée, les dCllX




( 2'08 )


sexesont moinsde eonfúnnité Jans lenrs penc1lans
et lenr maniere de peuser qu'il ne serait désirable.
Une femme a qui la nature ou l'étude a donné 'Une
vigoureuse intelligenee, pro litera eertail1ernent des
notions nouvelles que lui présentera la conversa-
tion de son époux;' tandis que eeHe douée d'un
esprit faible et futile ne pourra etre facilement
mnenée a abandonner ses idées fi'ivoles, pour celles
qui occupent la tete plus forte du compagnou de
sa VIe. I


Il est a remarquer que sur aucun point la phi-
losophie libérale desAméricail1sne s'est plushono-
rahlement montrée qu'en ce qui regarde la place
3ssignée 3UX remmes. Les préjug'és encare existans
en Europe, quoiqu'un peu surannés, et qui res-
treignaient la lecture pour les feIumes, aux romans
et a la poésie, et la conversation aux objets les plus
futiles, a la pieee nouvelle, au chapean du dernier
gout et' a la eontredanse la plus en vogue, sont
tout-a-fait. inconnus ici. Les femmes prennentleur
rang d' etres pensans, non pas en dépit des hom-
mes, lnais prineipaleluentpar l'efret de leurs vues
grandes et lihérales, et de leurs efforts eomme peres
et eoffime législateurs.


Je vous paraitrai peut-etre m'éearter de mon
sujet; mais puisque je viens déja de parler des
felulnes sous un eertain rapport, je fcrai aussi bien




( 209 )
Je répondre luaintenant á votre question tou:'
chant lenr conditiou en général. Je suis persuadée
qu'.i.l serait iIllpossible que les femmes jouissent
«'une plus haute estime que ceHe qu'on leur ac ...
corde iei; la déférenee qu' Oll a pour elles, en tout
temps et en tout liea, m'a souvent causé autant
de surprise que de plaisir.


DallS sa maison, le mari, a quelque classe de la
&ociété qu'il appartienne , rnontre pour Ha COffi-
pagne une tendresse telle, que je ne la erois sur-
l)assée nulle part, et qu' elle ne doit lneme etre
égalée que daos bien peu de pays. Ni le Cavaliere
servente d'une dame da grand ton, ni l'amant
langoureux qui vient de corriposer un sonnet sur
les beaux yeux de sa lnaltresse, n'eurent jamaig
pour l'idole de lenr imagination des attenlions
plus délicat~s que je n'ai Vll, je ne dirai pa's un gent-
leman anléricain, mais un artisan ou un fermier
en avoir ponr sa !noitié. On trouve toujours ]a
femme el les filIes du citoyen qui travaiUe pour
V iVl'e, proprement vetues et oceupées de quelques
affaircs de ménage. Les fe_romes de la calnpagne
ne vont jamais travailler aux champs; ~t je pense
qu'un Amérieain, quelque futson rang, verraitavee
peine une felnlne employée a tout travail q\li ~eln­
Llcrait peu [(lit pour ses forees. Dan§i nos excur-
sions, iI m'est (lrrivé de rencontrer des hOlnmes


2,




( 210 )


dont l'e~rieur Be p1'Oluettait que la rudesse d'UD
artisall ou d'un fermier, et qui m'ont traitée avec
une civilité raffinée que je n'aurais aUendue que
ou gentleman le plus poli.
Peut~etre la condition des femmes offre-t-elle,


dans tous les pays , le Jueilleur moyen de juger du
caractere des hommes. La ou le sexe le plus faible
est surchargé de travail , 011 peut attribuer au plus
fo1't qu~que chose qui tient du s,auvage; et lit ou
le premier est privé de la liberté d'agir, on doit,
trouver chez le dernier une fo rte dose de sensualité.
Je ne connais rien qui indique plus c1a.irement la
lnarcherétrograde des rnceurs nationales en Angle-
terre, que les chaines .qu' on forge pour les femmes de
la génération qui s'éIeve. Peut-etre ces chaines out-
elles été jusqu'a présent plus particulierement im-
posées a ceHes qui appartiennen.t a ce qu'on appelle
la haute classe. Quoi qu'il en soit, je crains que des
milliers de nos cOIlcitoyennes des classes moins
élevées, dont les meres, ou bien certainement les
grand'meres pouvaient parcourir le pays d'un hout
a l'autre, et aller partout seules, 011 accompa-
gnées d'un: individu non marié de l'autre sexe,
avec autant' de vertu et aussi peu de défiance
qu"Eve avant sa chute, ne soient aujourd'hui con-
damnées a marcher avec des lisieres , du berceau
lusqu'a l'antel, si ce n'est jusqu'au tOlubeau, eL




( 211 )


qu'on ne leur apprenne a voir dans l'autre sexe une
race de seducteurs plutot que de protecteurs, et
de maitres au lieu de compagnons. Malheur aux
mreurs d'un pays, quand on fait consister l'hon-
neur de notre sexe dans l'impuissance de mal faire,
et lorsqu'une femme n'est plus elle-meme la gar-
dienne de sa vertu! Si quelqu'un pouvait douter
de l'efret produit sur l'esprit des femmes par les
aUeintes portées a leur liberté, qu'il regarde le
costume actuel des Anglaises; la question sera
tranchée sans avoir besoin de recourir aux colon-
nes des joufnaux quotidiens (1). S'il fallait choisir
entre les deux ex.tremes·, ii vaudrait mieux voir,
comme en Écosse, une' femme attachée a la glebe
et meler sa sueur a celle de son rustiqueépoux,
que de la voir tomber par degrés dans la triste ser-
vItude d'une Dona espagnole.


La liberté don t jouissent ici les jeunes femmes
cause souvent quelque surprise aux étrangers qui,
la comparant avec la contrainte imposée a celles
de Paris ou de Londres, ne savent comment conci-


(1) L'auteur fait ici allusion a la fréquenc~ des proces
pour crime d'adultere) dont on trouve la relation dans
les journaux anglais, sous le titre de criminal C01Wer=.
~ation.


(Note du traducteztr.) ..
14··




(212)'
líer la liberLé Jes mreúrs Ílationales avec leur pu ..
reté; mais la confiance el l'innocence 80nt sreurs';
etsi les Alnéricaines perdent jamais la garue de len\'
vertu, les gens de loi dés États-Unis seront proba-
hlement aussi occupés a intenter des adions en
divorce, que ceux d'aucune des vieilles monarchies
de l'Europe. (1)


Je regrette souvent qu'en élevant les femmes ,
on apporte généralement si pen d~attentioIl aux


(1) La loí de Jivorce est si rarement appliquée en Améq
l'ique, qu'il ne m'est jamais arrivé d'entcndre dire , ni de
penser a dema~der comment elle était con~ue. Dans l'état
de . Rhode -ls1ahd, elle offrc, au reste, une singuliere
disposition, qu'on m'a expliquée de la maniere suivante;
si deux époux présentel1t au magistrat civil un acle en
forme par lequel ils déclarent qu'ils d~sirent se séparer,
a raison de ce que les Fran~ais appcllent incompatibi-
tité d J humeur, et s'ils vivent ensuite chacun de leur


. coté, mais dans les limites de l'état, deux années entieres,
et se cond~isent bien pendant ces deux ans, ils peuvent,
, '''-1' 1cut denlallde ; 'obtenir- que leur mariage soit rompu.
le fus étonnée d'apprendre que peu de personnes eussent
jamais cherché a profiter du hénéfice de cette disposition,


rét. que parmi celles q\Ii l'avaient fuit, plusieurs avaiel1t
manqué aux condition's exigées avant l'expiration des deux


'années. Les liens du mariage ne se trouveraient-ilspas
plutut resserrés que relachés, si chaque pays avait' un
Rhode-Island ?




( 213 )


excl'dces du corps : reniorccr le corps, c' est don-
ner de la vigueur a rame; et Dieu sait que noLrc
sexe a gl'and besoin d'avoil' l'un et l'autre forts.
Dans le plus heureux pays duulOnde, la condition
des remIneS est encore assez pénibl~. Ont-elles des
talens? il est difficile qu'elles puissent les mettre a
profit; de l'ambition? les voies honorables ponr se
distinguer leur sont fermées; une vigoureuse intel-
ligence? elle est étouflee par les souffra.nces corpo-
rel1es et mentales. Les seigneurs de la créatioll
(les hOlumes) re(}oivent de la nature des avantages
immenses et iuuombrables, et il faut convenir que
partout ils prennent assez de soin pour conservet'
et accroltre ces avantages. Il y a quelque chose de
si flattetu' ponr la vanité humaine dans la con-
sciellce d'une grande supériorité a notre égard,
qu'il est peu surprenant que les hommes se mon-
trent avares de ce que]a nature lrufa pr-rmis d'u-
surper sur les filles d'Eve. L'amour du pouvoil'
prend plus souvent sa so urce dans la vanité que
cl.ansl'orgueil, attributs que, soit dit en passant, ron
confond souvent ; aussi est-ce encore plu~ particu-
lierementle péché des petits que des grands esprits:
Maintenant cornme la majeure partie des esprit-s
IltunaillS appartiennent a la prerrlÍere classe,il faut
que ceux fluí les posscdcnt se contenten~ de satis-
Etil'c leur am¡our-propre en considérant la fitiblessc




( 214 )
des autres plutot que leur propre force. Vous diJe?;
que ceci est sévere; mais n' est-ce pas vrai? En quoi
consiste la grandeur d'un despote? est-ce dans son
méritepersonnel? non; mais dans l'avilisseluentde
lamultitude quíl'entoure.Qu'est-ce qui nourrit la
vanitéd'un patricien ? est-ce la conscience d'hériter
en naissant de toutesles vertus de sa race ?la longue
liste de ses aleux cesserait prohablement de com-
mander son respect si elle ne le mettait pas él
D1eme de commander celui de ses semblables. Mais,
direz-vous, qu'a tout ceci de cornmun avec la con-
dition des femmes? Pensez-vous comparer les hom-
mes pris en m~sse au despote et au patricien ?-
Pourquoi pas? la vanité du des pote , comme ceHe
du patricien est nourrie par la folie de leurs sem-


I hlables; ceHe de leur sexe pris en masse est de
lneme satisfaite par la dépendance des femmes. lis
aiment mieux trouverdans leur compagne une


. faíble vigne qui cherche un appui autour de leur
tronc robuste, qu'un arbre vigoureux dont les ra-
meaux se meIeraient aux leurs. Je crois que quel-
quefois ils se repentent de leur choix, lorsque la
vi~l1.e a cO\ubé le cb.eue \usC\u:a terreo II est difii-
cile, qual1.d ou observe le monde, de ne -pas rire des
conséquences qui, tot ou tard, résultent des folies
des hOlnmes; mais quand elles tombent sur les
fenuues, je suis pIutot disposée a soupirer. Nées




( 215 )


l)otlr endurer les plus tristes disgl'aces de la for ...
tune, on énerve leur . corps et leur esprit, conlmc
si ron craignait que la tempete ne fondit pas assez
rudement sur elles. Au lieu d'essayer de contra-
rier l'injuste loi de la nature, il semble que l'homme
prenne a tache de la faire peser plus fortement
sur sa raible compagne; il est bien alors que ses
folies retombent sur sa tete, et que la destinée des
deux sexes soit telletnent liée, que la dignité de
l'un doive croitre ou se perdre avec celui. de
l'autre.


En Amérique, on a san s doute fait heaucoup
pour améliorer la condition des femmes; et
comme leur éducation deviendra de plus ;en plus
une affaire d'état, leur caractere tendra a s'amélio ...
rer achaque génération. La république, j'en suis
si\re, sera amplement récompensée des peines et
des dépenses que cet objet lui colltera. Dans les
luttes qu'elle a soutenues pour sa li:qerté, son hé-
roi'sme vint en grande partie des femmes et des
filIes de ses sénateurs et de ses guerriers, et pour
conserver a ses fils l' énergie d'hommes libres et de
patriotes, elle doit augmenter ceHe de ses filles (1).


(1) Il est hien connu que durant la guerre de la ré ...
\'olution, l'entl1ousiasme des femmes secunda puissamment
celui des hommcs. le crois qu'en y regardant hien, on..




• (216)
Toutefois, poUl' donner de la vigueur au cara c-


tere, il ne suffit pas de cultiver l'esprit; le corps
doit etre habitué él. un exercice salutaire, et les
nerfs fa<;onnés a supporter les extremes de la tem-
pérature qui menacent dallS eepays de ruiner les
Óbnstitutrons faibles. C' est l'unioh de la force eor-
porelle ave e la vigueur mentale qui dÚDlle a la po-
pulation mal e de l'Amérique eeUe singuliere én~r­
gie de caractere qui, des l'enfance de ce pnys,
obtint Un si bril~ant élogede l'orateur anglais :
« Qu~y a-t~il dans le nlOude qu'on puisse lui
comparer, s'écria M. Burke? Tandis que nous
sl1ivons ces hommes( Jes colons) parmi des rnon-
tagnes de glaée, et que DOUS les voyons s'enfoncet
dans la baie d'Hudson et le détroit d~ Davis; tan ...
dis que nous les ohservons sons le cerde arctique;
n01l5 apprenons qu'ils ·ont pénétré dans ·la région
polaireopposée, et qu'iJs naviguent aux AntÍ-
podes, sous le serpent gIacé du Sud. L'ile de Fal ...
kland, qui serublait un objet trop lointain ponr
notre arnbitiorrliatiúnale, n'est qu'une slation,
une sarte de relai, dans la course de leur victo ..
rieuse activité. Les chaleurs briilantes des mers


trouverait que, dans toutes les luUes qui conduisirent un
peuple a la conquete de sa liberté, la meme coopération
des déux sexes a e:x.isté.




( 2[7 )
é(ltúnox"m\es ne les rebutent p~'S plus que \' exees-
sive 1roidure des mers polaires. Tandis que les uns
lancent le harpon pres des cotes d'Afrique, d'au-
tres poursuivent leur énorme proie le long de
ceHes du Brésil; pas de mers qu'ils ne mettent a
contribution, pas de climat (lui ne soít télnoin de
leurs travaux (1). »


Certes, s'il n'est nullement nécessaire que les
femmes arnérícaines rivalisent avec les homnles,
soit dans la poursuite de la baleine, soit a abattre
les forets ou a tuer le gibier, du llloins on pour-
rait, dans lenr enfance, les exercer a la course,
leur apprendre a frapper un but, a nager, et eufin
a faire tout ce qui peut donner de la' vigueur au
corps et de I'indépendance a l'esprit. Mais je llle
suis aSsez appesantie sur ce sujet, et vous crain-
drcz peut-etre que je ne me mette en tete de présen-
ter quelque belle utopie sur l'éducation nationale
des Américaines; non, je laisse a la république le
soin d'en tracer elle-me me le plan, et en meme
temps que je souhaite tout le succes possible a ses
eftorts, je vous dis adieu.


(1) Discours en i:lvcur de la conciliation ~ l'cgal'll de
l' Amél'ique.




( 218 )
,


De tu. Tetigiol\,. - CCt1'Ctcterc des diJFeren!es
sectes. - Anecdotes·l


Ncw-York, mul'S 1820.


IL est assez curieux, lna chere amie, de voir com-
ment les voyageurs se cont.redisent ; ce que run dit
avoirvublauc, l'autre préteudqu'ill'a vunoir.Ce-
lui-ci écrit que les Américains u' out pas de reli-
gion, celui-la que ce sont des fanatiques. Tel af-
firme qu'ils sont si préoccupés des affaires de la
république, qu'ils n' out pas un m ot a dire a un
étranger, et tel autre qu'ils ne pensent jamais
a la politique et?parlent sans cesse de choses fu-
tiles (1).


(1) Comparez l'ouvrage de M. Fearon et celui du lieu-
tenant Hall a ce sujet. Quant a moi, il me scmhle Ci.u'ils




( 219 )


**** demande ce qu'il en doit croire; il me fait
trop d'honneur de s' en rapporter a ma décision. Au
reste ,il peut faire ce raisonnement :si les Áméri-
cains n'avaient pas de religion, iI est a présumer
qu'ils n'auraient pas d'églises; et si, au contraire,
c'était une race de fanatiques, iI y a également
lieu de croire qu'ils contraindraient le peuple a
fréquenter les temples; or nous savons qu'ils ont


sont tous lleux également loin de la vérité. Le premier
dit que les Américains ne s'embarrassent jamais des affaires
de la nation; c'est une assertion qui ne mérite guere
qu'on la réfute. 11s sont tellement absorbés par ces af-
faires, dit le second, qu'ils se montrent habituellement
graves et siIencieux; une pareille sentence a sans doute
été tracée dans son livre apres une soirée passée avec
quelque citoyen dont la nature avait fait une espece d'o-
riginal tout-a-fait difrérent de ses compatriotes. Au sur-
plus, si cette remarque parait étrange a l'égard des
hommes ,par rapport aux femmes, elle est tout'-:a-fait
incompréhensihle. Il faut aJ)solument que cet hahile of-
ficier ait jeté les yeux sur les pages du marquis de Chas-
tellux, au lieu de regarder les jeunes femmes de New-
York lorsqu'il esquissa leurs portraits, ou peut-etre l'ont-
elles pris pour le marquis lui-meme. Sans adopter l'opinion
de Brissot de Warville sur un ouvrage bien intentionné
envers l' Amérique , on doit convenir que l'inconséquente
légereté et l'injustice de certains passages des voyages
du marquis de Chastellux." rappellent pIutot le jeune no-





( 220 )


des églises et c¡u'ils ne forcent pas le peuple a les
fréquenter, ni menle a payer les ministres qui les
desservent, et cependant les ministres sont payés
et les églises pleines; la conclusion est facile a
tirer (1).


11 est impossible' d'appliquer une regle générale
a une société aussi diS1rminée que le peuple des
Etats-Unis. Peut~etre ceHe de Selden serait la


Me échappé des cercles élégans de la vieille capitale de
la Fr~nce, que le Tespectable auteur de la F.Jlicité publique.
n n'est malheureusel11ent que trop ordinaire aux voyageurs
de toutes les nations d'ouhlier qu'ils ne s'asscyent pas au
foyer de 1'étranger pour trahir ses secrets ou div~Iguer
ses faiblesses, et que si un .portrait chargé ou une anec-
dote scandaleuse peuvent amuser un puhlic frivole, il::;
peuvent plus surement blesser le creur de personnes qui
ne nous ont point offensés. Le mal'quis de Chastellux,
ainsi que heau~oup d'autres voyageurs, ne connaissant
pas l'état de la société dans le pays qu'il visitait, el com-
parant les mreurs nationales des Américains a ceHes des
salons de Paris, se laissa aller a médire des fCll1mcs q ui
se livrerent a leur in nocente gaité en sa présencc, et a
tourner en ridicule celles qui lui avaienl imposé par leut'
réserve. Peut-etre les jeunes dames de l' Amérique sont-
elles aujourd'hui un peu trop l11éfiantes a l'égard dl."'S cava-
licrs européens. J'ai souvent remarqué que l'arrivée d'Ull
étranger réprimait la galté qui régnait aans une asscm-
blée", et y répanJait le sérieux pour toutc la soiréc.


(1) Voyez a la fin du vulume une note sur ce snjeL




( 221 )


nlcilleure : « La religion, dit-il, ressenlhlc ~ b
lnode. Un homme porte son pourpoint tailladé,
un autre le porte galonné, luais tout homme a un
pourpoint; chacun a de meme sa religion; elles
ne diffel'ent que par la fa<;on. ) Lemenle philo-
sophe dit encore : « Toute religion tend a gagner
des richesses. ) Mais la religion aux Etats-Unis ne
gagne rien ; quelle que soit cette religion, elle est
done sincere et inoffensive.


Quelques personnes soutiennent que la tolé-
rance réligieuse n'est que de l'indifférence; géné-
ralement parlant, la chose pent etre vraie.La
persécution,. saos doute, eúflamme le zele, mais
un tel zele, qu'il vaudrait ordinairement· ~ieux
n'ell pas avoir. Je ne vois pas du tont qn'on
manque de religion en Amérique. Il est menIe des
parties de l'Union ou ron <pourrait 'croire qu'il y
en a trop, ou du lnoins qu' elle est trop sombre et
trop dogmatique. 00 a long-temps cité a cet égard
la NouvelleLAngleterre, et, a vrai dire, l'origine
puritaine des habitans de cef état peut encore se
reconnaitre a la froideur ~ leurs manieres ainsi
qu'á la rigidité de leur.dévotion. Au surplus, c'est
une chose merveilleuse de voir combien ces nuances
s'effacent prompteluent. Un officier de la P-larine
américaine, natir de la Nouvelle-Angleterre, me
racontait que, lorsqu'il était enfilnt, iI aurait -plu-




( 222 .)


tot osé mettre la main dans la poche de son pr~
chain un samedi, que de . sourire un dimanche.
ce Depuis ce temps, me dit-iI, j'ai voyagé dan s
tons les états de l'Union et parcouru une grande
partie du monde connu; fai appris conséquem-
Inent qu'il ya, en fait de religion, toutes sortes
de nlanieres de penser, et je vois que mes como.
patriotes commencent a l'apprendre eux-memes~ »


Vous concevrez quel grand changement s'e~t
opéré dans l'esprit religieux.s états de l'Est,
quand je vous dirai que la roi des unitaires y a
été répandue depuis peu, et qu' en cerlains ell-
droits elle a fait des progres si rapides, qu' elle
promet de déeréditer bientot les doctrines de Cal-
vino Il y a ell, C0111me vous pouvez le penser, des


" sermons fuhninans lancés des chaires de Massa-
chussets, quand ces sectateurs du ehristianisme
épuré y. firent leur preluiere apparition. Heureu-
sement Calvin ne pouvait plus f~lire bruler Servet,
bien qu'il pllt crier contre lui; mais, apres avoir
bien crié, .íI laissa son pacifique adver~aire con ...
duire son troupeau vers le ciel a 5a maniere.
C'est, je erois, le seul exemple d'une contestation
entre les théologiens des Etats-Unis, depuis la ré ...
volution. La eontroverse n'est effectivement pas
une seienee a la mode en ce pays, et iI n'est pas
probable qu'elle le devienne jamais. La oil aneune




( 223 )
loi ne dít ce que c'est que l'orthodoxie, nul
homme n'a le droit de dire ce que c'est que l'héré ...
sie; 011 s'il s'arroge ce droit, il est clair qu'il se
fera rire au nez. Il fallut, néanmoins, quelques
années pour faire entendre cela a tous les Ámé-
ricains. Quoique bien peu d'entre eux se soucias-
sent de batailler pour la doctrine de la Trinité
avec l'ardeur des calvinistes de Massachussets, les
unitaires eurent 'quelques préventions a vaincre
dans d'autres parties de l'Union : Philadelphie
et meme New-York avaient leurs bigots tout aussi
'bien que Boston. A New-York ils étaient en petit
nombre; mais peut-etre firent-ils plus de bruit
précisément a cause de cela~ Il y a quelques an-
nées qu'un prédicateur cal viniste de cette ville
s'adressa ainsi aux membres de sa congrégation
qui penchaient vers les nouvelles doctrines: « Ah!
Ah! vous pensez que vous entrerez au cie~ en vous
accrochant a nlo~ habit; luais j'aurai soin d'en
relever les. basques. )) Un tellangage n' était pas,
selon moi, tres propre a retenir ceux dont la foi
était chancelante. Le ministre qui nous montre
avec douceur le chemin du ciel, et qui nous en-
seigne a adorer un Dieu de bonté et de miséri-
corde, peut facilelnent auirer a son bercail les
ouailles d'un pareil fanatique.


La religion américaine, quelle que soit la secle




( 224 )
qu'on veuille examiner (et elle ,ompraud toulcs
celles qui existent), parait paisible et lllodeste;
elle ne donne lieu a aueune dispute, meme lQrs-
qu'elleest plus minutieuse et plus exigeante que
la majorité ne croit raisonnable. Je ne tiens pas
eompte iei des méthodistes ambulans, ni des
shakers et autres sectes ridieules qu'on trouve
dans quelques coins de ce vaste pays, hattant la
mesure aux hymnes de Mother Ann. (la mere
Anne) et travaillant au millennium, en s'abste-
nant du mariage ( 1 ).


La concorde parfaite qui regne entre les di~ ,
verses sectes religieuses, pourrait porler1'étranger
a en regarder les membres comme 1110ins attachés
a leur foi qu'ils ne le 80nt réellemellt. Il y a véri ..
tablem€mt parmi la nation américaine une grande
quantité d'individus qui ne tienneIÍt a aueune


( 1) Les shakers.l doot le noro est pl'esque synonyroe de
quakers (tr.emhleurs), passerent en Amérique il y a
quarante ans. Ann Lee, autrement nommée Mot1.zer Arz.n
(la mere Anne) , qui fut leur guide spirituel , était niece
du général Lee, Jequel prit une part si active a la guerre
de la révolution. Des malheurs de famille lui dérangerent
le cerveau; elle s'imagina etre une seconde vierge Marie ,
et trouva des prosélytes, comme Johanna Southcote et Je-
mima Wilkin~on en trouverent apres elle.




( 22.) )


sede; mais COtllllle ils ne tracassent pas leurs voi-
sins pour leurs opinions religieuses, ceux-ci usent
de la n}(~me tolérallce a leur égard. La Nouvelle-
Angletcrre offre un exemple frappant de l'éten-
due a laquelle ceLte tolérance est poussée. Dans
deux ou trois écoles de ces états on n'avait' pen-
dant long-temps enseigné qu'une croyance sous
la protection de la législatnre ; mais depuis quel-
l[ues années la législature a abandonné les luaitres
et les élcves a eux-memes; et il n'y a pas jusqu'au
Connecticut qui n'ait fini par aholir jusqu'a la
1 mee des privilégcs de ses congrégations. Cc qui
se passe ici fer~it croire que le fanati~e, ou quel~
que ehosc u'approchant, peut cxister avec la tolé·
ranee. n n'y a pas long-temps que, dans quelques
parties de la Nouvelle-Angleterre, iI exislait un
édit qui défendait a tout homme de voyager le di-
manche; et cela lorsque chacun était éligible aux
pren~iers clnplois uu gouvernement, el pouvait
croire ce qui lui plais,ait en nlatiere religieuse (1).


(1) Les eonstitutions de deux ou trois étatsexigent que
les principaux fonctionnaires soient chrétiens, ou du moins
croient en Dieu; mais, eomme on ne leur fait preter au-
cun serment religieux, eettc clause devient uuUe. Dans
toute l'Unlon, une affirmation équivaut a un serment.
Celui flui fait Hne déclaration ,ou qUl prend lln engage-


2. 15




( 2:!G ).


Cet édit llle rappelle I'llisloil'e d\Ul Jennicl' tI!:
Pensylvanie : eonllnc elle fouruil une preuvc de
la docilité avec laquelle les hahitans des diver~
élals de l' Amérique se sounlCttcnt aux usages les
uns des autrcs ,je vais vous la raCOllter. Ce bon
fernlier, qui se rel1ebiUt Doslon, setrouva clans les
limitcs du Cúnnccticut un dimanche lnatin : iI
connaiss::tit la loi de Calvin; mais, étant press{~
d'arriver a sa destlnation, il· imagina de 1110nter
Jans la malle-poste qu'il v it venir, et d' attacllCl'
son cheval derrl<.~re celte\'oiLurc, <{lú, appartcnant
aux Etals-UlllS en général, n'étaít pas sujCtle allX
10is du ConnectÍcut. Le courrier approuva ee des-
sein, et dit an fCfl1lier qu'il pourrait rcmontcr sur
sa }jete et continucr sa routc pai~;jblcmcnt 10rs-
qu'ils anraicnt traversé une úllc (lui se lrouvait a
}}CU de distance dcvant eux. Mais, par un sori
lualencoutreux, bs hahiians de ecHe VLIlc 501'-
taicllt de leurs llwisOIlS pon!' aller a l' églisc lorsquc
la malle vint a passcr. Le chcval tout sellé qui la
suivait attira leurs regards. Un eitoycn s'appro-
eha de la voiturc et deman<.!a polimcut au fCl'mier
si le cheval était a luí, ct s\lllc savait pas cIue le


ment, a le choix cl'invoquer le nom :<tc Dicu, ou cl'allir·
mer, 501\5 les peines portécs par les lois centre le manque
de foi.




( 227 )
'Jim::mche était un jour de repos, non-seulelnent
selon la loi de Dieu, Tuais encore selon ceHe du
Connecticut. Le Pellsylvanien répondit avec non
nlOins de civilité que le chevallni appartenait; re-
lllercia ~ an non1 de cette bete, le questionneur dn
soin qu'il prenait de sa commodité, et offrit de la
lui laisser en garde jusqu'a son retour. (( Je loge-
)) rai de han crenr, reprit le citoyen de Connecti-
)) cut, le cheval dans mon écuric et son maltre
» dans lna nlaison; mais je ne puis les garder l'un
») sans l'autre: le pcuple ne verrait pas avec plaisir
)) la bete ohéir aux conlmanclenlCns de Dieu et


. »).l'homrne les violer. » - (e Eh bien, luon ami,
») répliqua le Pcnsylvanien, 1'I10111me et la bete,
») garderont les corrnnaudemens; l'nne lnangera
») votre foin et l'autre vot1'c dIner : ponr commen-
») cer, conduisc7, le cheval a l'écurie et le maltre a
») l'ég1isc. )) Le marché [ut conclu a la satisfaction
des parties: ~culemcnt le Pensylvnnien se permit
l)endant la journéc de hBmer douceU1ent la res-
triction apportée aux Jibertés des citoyens des
Etats-Un.is par le décret des habitans du Connec-
ticut, restricLÍon (lui pouvait n'ctre pas anssi agréa-
ble ponr tout le monde qu'clle l'était ponr lui. Le
lendemain il partit en assurant son hote qu'il serait
heurcux de pouvoir rendre l'hospita1ité qn'il en
avait fe(]Ue a lui OH a quelqu'un de ses amis qni


15"




( 228 )
passerait cluns -son v Olslnage , que ce fut un ~H­
manche ou tout autre jour de la selnaine.


Quelques années apres, le fermier de Pensyl-
vanieétant assis, un dimanche Inatin, a la porte
de sa maison, vit venir un homme a cheval qui
chassait devant lui un petit troupeau de moutons.
llle reconnut bientot pour un des voisins de son
ancien hote du Connecticut. « Hé l'ami ! lui cria-


$» t-il, vous ne faites pas la une honne reuvre
» pour un diInanche.» - « C'est vrai ,répondit
» l'hahitant de la Nouvelle-Angleterre ; et c'est
J) pour cela (lue j'ai choisi un chemin de traverse,
» afin de 00 pas scandaliser les gens scrupu:-
J) leux.» - « Fort bien, l'ami; mais supposons que
» vous m'offel1siez, et supposons aussi que la lé-
») gislature de Pe~nsylvanie ait passé une loi qui
» doive etre mise' en vigue\U'i aUJourd'hui ,1 et qui
» défende a hom~e ou bete de voyager le diman-
» che. » - ( Oh! je n'ai pas l'intention de déso-
» béir a vos lois : si la choseest eomme VQUS le dites,
) je m'arreterai an premier, V'illage. » - « Non,
» non; il faut vous arreter ici: je menerai YOS nlOU-
» tous a l'étable; et vous, si cela vous plait, je VOU1!>
) conduirai al'église.» Cette propositionfut accep-
tée; et le lendemain matin, le Pcnsy]vanien, en
souhaitant bon voyage a l'homme du Connecticut.,
le pria de dire au retour a son ancien hóie que le




( 229 )


voyageur et son cheval n'avaient pas oublié le re-
pos forcé qti'ils avaient pris chez lui un dimanche,
et que, saos y etr.e autorisé par un acte de la légis-
lature, iI avait fait ~garder les comrnaodenlens de
Dieu a un de ses voisinset aux moutans qu'il me-
nait avec lui.


L' esprit humain offre de singulieres contradic-
tions~ Jevois vos journaux remplis de déclamations
fulminantes contre des libelles blasphérnataires :
nous n'avo~s pas de libelles ~emblables ici; et
pourquoi? Paree que tout le monde est libr.e de les
écrire, et que chacuagarde son opinion sans cri-
tiqu~r cehe des autres .. La 0-& la religion n~arme
pas le bras du pouvoir, elle n'inspire jamais aucune
défiance, et n'excÍle auc~ne plainte; la ol\ elle
s'assied lllOdestement au foyer dornestiquepour
inspirer des sentimensr.de. paix. et,des espérances
d'immortaJité a ]'enfa~ce el a la vieillesse,elle est
toujours respectée, meme par ceux qui ne sentent
pas la force de ses argumens. Tel est l'état de la
religion dans ce pays. Je désirerais, et vous aussi,
i'en Buis súre, qu'il en fut ainsi dans le monde
entier.




( 230 )


LETTRE XXV.
,


Aventure du colonel H uger. - Observatians
sur le climat.


New-Jel'sey, avríl 1820.


J E suis Charnlée -' ma dl(~re amie, de pouvoir ré ...
pOlldre a la question contenue.dans votre derniere
lettre, et cela,:sans beaucoup. de peine, paree que
j'ai le bonheur d'etre intilnernent liée avee quel-
ques proches ·parens de ]a personne dont vous
vous informez.


,Le colonel.Huger est né dans la Caroline du
sud, et áppartient a une famille qui se distin~
gue (autant que j'en pl~is juger d'apres ceux de
ses membres que je eonnais ) par une grande force
de caractere et des talens éminens. Il pmolsa fort
jeune en Europe pour y achever ses études médi-
cales. Il était occupé de la sorte quancl se répandit




( 231 )


la' nouvelle de l'arrestation el de l'empl'isonne-
ment~U: général Lafayette, qu'il avait appJ'i's, des


fu ", 1 son en ~ nce, a venerer conlme e cOlnpagnon
(l'armcs de son pere et le champion des libertés
de son pays. A Vienne, le hasard lui fit faire con-
naissance avec le docteur BoIlman, qui avait été
chargé pa~ les amis de l'illustre captif de tenter de
l'arracher des prisons de la coalition. Huger entra
avec enthousiasllle dans les vues du généreux BoIl·
man, et partagea avec lui les dangers de l'entre-
prise et l'honneur du chatiment. J e suppose que
vous connaissez les incidens qui firent échouer le
plan, ramenerent Lafayeui'dans laprison d'ou i1
avait été enlcvé, et rendirent ses courageux libé-
rateurs habitans des somhres cachots d'Olmutz ( 1 ).
Les soufli'ancesdu jeune Aluéricain, apres que
l'entreprise cut manqué, furent cruelles. Enfermé
seul clans un cachot hunüde, craignantpour la
súreté et Incme pour la vie de Lafayette , in - .
certain <Iu sort de son ami, il nlaudissait tantot
leur imprudcnce qU¡ avait peut-etre doublé les
lnaux de cclui qu'ils voulaient sauver , eL ta11-
tot les funeslcs accidells qui avaient fait échouer


" (1) Les détails de lacaptivi.té dcs prisonniersd'Olmut, se
Ü'ouvcnl tlans l'Hisloil'c de Frédéric-Guillaull1c, par M tI
Segur: el dans les Mémoircs de Toulo~lgeon. (Note ~l{¡ trad)e




( 232 )


)eur tentat.ive lorsqu'elle était ~i pres de réussir.
eette fievre d' esprit passa hientót dans son sang,
et pendant trois semaines le délire Ruquel il fut
en proie le rendit insensible aux ,horreurs de sa
captivité. Sans qu'il eut re<;u de secours d'au-
cune espece, du moins a sa connaissance, la
Ílevre le quitta. L'humidité, la puanteur et les
autres incommodités de son cachot ne htüerent
'pas le retour ,de ses forces. Pendant qu'il gisait
sur la pierre, il cherchait a distraire son esprit
en formant des. pIans pour sa vie future, dans
le cas Oll. les portes de sa prison ne s'ouvriraient
·pas uniquement pour son cadavre. Ce qu'il y a
de singulier, c'est qu'il a suívi exactement le
genre de vie qu'iI s'était alors amusé a se tracer.


Le premier son humain qui parvint a son oreille
(car 'SOft gealie.r, en' luiapportant du pain et de
l'esu, ne lui adressait jamais ni question ni ré-
ponse) fut le cri d'un enrant. «( Un enfant! il
» doit done y avoir une femme, se dit-il; et la ou
'»·il y a un~feIllme,il y a·saos. doute de la compas-
})510n. J) En achevant ces mots, il se lrainevers le
mur au hant duquel était la lucarne grillé e qui
donnait passage a l'air et exposait le malheureux
prisonnier a toute l'inclémence 'du temps. Il guet-
ta, écouta eL appela long-temps; enfin il apen;ut
la figure d'une remme qUl se penchait vers la grille.




( 233 )
11 essaya de parler fran<;ais, et par bonheur on pul
lui répondre. (e Vous etes mere, dit-ilafin d'at-
) te,ndrir la personne qu'il voyait : j'ai une mere;
» pour l'amour d'elle, ayez pitié de son fUs!» Cette
invocation touchante produisit tout l'effetqu'il
en avait esÑré: on lui promit de s'inforpler de ce
qu'il désirait savoir, et de lui procurer une gram-
maire allemande. Il apprit de la sorte que son ami
habitait un cachot de la meme forteresse, et que
Lafayette était en bonne san té , mais plus ét~oite­
ment gardé que jamais. On lui passa la gram-
rnaire avec q~elquepeine entre les harreaux de la
lucarne, et on lui apporta ensuife un autro livre,
ce qui le mit a meme d'acquéli.r unelégere t-.ein-
ture de la langue allemande. An bont de quelque
temps, il dit a sa consolatrice que sa grammaire
lui a",ait procuré tant de plaisir, -qu'il ·désirait
qu' elle la flt tenir a SOH ami, si elle ponvait ~ap­
procher du líeu Oll iI était renfermé. Huger s'était
efforcé en vain de tracer des caracteres sur les
pages de cette grmnnlaire; il en tra~a avec un
petit morceau de platre arraché du mur de son
caohot, sur. une cravate noire qu'il avait ótk
de son con et dont iI se servit ponr envelopper la
gramnlaire. Il repassa ce livre el travers la grille;
et an bout de quelques jours on le lui rapporta
ayec quelques mots d'anglais que son anü avait




( 234 )
gravés sur la couverture pour'lui appréndre (Íu'H
se portait bien. Ce livre fornla l'unique' amusc-
~ent d'Huger peIl~ant le reste de sa captivité;
qui fut en tont de liuit ~ois. Les' représentations
de ~T ashington obtinrent l'élargissement 'du
jeune América in , apres un proces' dans lequel
celui-ci plaida sa cause en fraw;ais. Il sedéfendit .
avec une éloquente simplicit~; il déclara que son
ami et lui n'avaient pas de complices, et qu'ils
n'avaient cédé a aucune autre suggestion qu'a
ceHe de leill~ enthousiasme pour l'illustre prison-
nier; que quanta lui (Ruger), iln'avait pas cher~
chéá délivrer un prisonnier d'état, mais bien l'ami
de son pere, de' sa patrie et de l'humanité; que,
pour lui procurer la liberté, il retournerait \'olon- '
tie~s dans son cacl~ot,' et, dou.~erait {;aieJIlent sa
propre vie


o


poúrsauver la 'sÍehne: Lorsqu'il eut fini
de'parler, le juge ( dont je ne me rappclle plus le
titre allemand ) lui ordonna de quitter la ville
sous tant d'heures et l' Allemagne' 'sous tant de
jours; puis se levant de son siége et s'approchan t
de lui : « Jeune)lOmme, luí dit-iI, on peut VOU&
) reprocher. une témérité extraordinaire; mais je
» vous déc;laré que si je devais parcourir le nlonde
» po'ur trouver un arui, d'apres ce que j'ai' cntcndu
» alljourd'hui, j'irais le chcrcher' cnAlnérique. »


Je dois elire (Iue le jeüne 'prlsonnicr sortit prcs~'




( 235 )
que entierement chauve de son cachot, et que"
hien que la. force de sa constitution eut hiento~
fait disparaitre tous les autres effets pernicieux de
la cruelle détention, ses cheveuK ne repousserel1t
jamais. Son chef nu, contrastantavec son air de j~!l"":
nessCI et la vivacité de sa physionomie, lui do~a.~·
pendant plusieurs années une appar~nce tbut-a-. (
faiL singuliere. De re tour dans son pays, le-mal-
heur sembla l'y poursuivre : en entrant dans la'
rnaison de son fTere, le chassis d'une ,fenetre de
l' étage supérieur lui tomba sur ia tete ;"~l de~.eQr~: ::
pendant quillze jours pri!é ,4e ·sentipIentet'. ~oi~
~ :" ~ , "} ~' i '.: \ ". . ~ ~ ~ . . . f-.r~ .~: ~


gné de la maniere la phl.s:'~t~entive·,p~r< ~(jD:~repf
• . ~ ". ¡ ~ - ;, ~ • ji. 'r '4'" t ~ ~: ,;- t·· ~'f. ..';' ":¿ .


désolé. eette cÍrcollstance dpnna lie~ a uri·~¡'ai~·. ¡
de grandeur d'ame qUÍ Iu'a frappée. Lorsque Ie~hi~
rurgien reconnut q~lC le crane d'Huger était offen~
sé, iI proposa l'opératiC?n·dut~épan, comme l'uni-:
quemoyen deluisauver la ~j~, 'qil0iqu~sah§·~~pbjfi¡i. >'.
qu'il conservat la raison. « Non, s'écria son fr~;;¿\i;:"
» Íl ne vivra pas pouretre si différent de ce qu'il. . x
» était. Je connais ses sentÍlnens, et je choisis,
» comme ill'eút faít, en préférant la mort pou~'
lui. » Quoi qu'ílen soit, fIuger paya les~oiÍls d~~ce
digne freI:een recouvrant une s~nté p~rfaÍ~e~ '.C~
ne fut pas tout: son frere, ,qui était tres "riche , Ole
conjura d'accepter l~ lnoitié de sa for~uiÍ~;." rháis
Huger refusa obstinémellt . et s'établit médecÍn a




( 236 )
Charleston. Peü de temps apres, iI s'atlacha a une
jeune femme qui appa.rt~nait a une famille respec-
!ablede la ville';mais, bien qu'il ent acquis promp-
tement .de la réputation dans son état, ses revenus
étaient encore tres modiques, et la personne qu'il
aimait n'avait rien. Dans cet étát de choses, il ré-
solut d'attendre ponr se marier que l'~ugmenta­
tion de 8a clientele le mit a meme de pouvoir
en,tretenil' une fámille; mais son frere, ayant ap-
pris da~squelle situation il se trouvait, fitdon
d"une partia de sa fortune a la jeune ~ame , et Hu-
ger 'ne protesta'pas contre un bienfait si délicate-
meot confér~. Les deux amans s'épouserent. C'est
alors ,qu'Huger se détermina a réaliser les reyeS
qui l'avaient distrait dans sa prison. Il s'en fulavec
sa fernme s'établir sur. une, ferme, au-delades
1~~et~~~~ll.;~ti~!m~~~~~7~~'lUl, h~au'~~~~.~n. A Pig~¡tfe~ªeüi~~s~ cet eufant tomba malade, et les
cánrlaissances du pere en médecine luí app¡'irent
quJil ne guérirait paso Il employa alors 'toule sa
philosophie aupres de la ten~re mere: il la prÉ ...
parap~r.degrés a la ~te qu?elle alIait, faire; illui
lit entend~e que I'attachement qu' elle lui ,portait
<Ievait la mettre en état de luUer contre la dou-
leur, et la f~lire se soumettre a un mal sans re-
mede.' Elle récouta, et eut assez de force d'ame
pour sentir le poids de ses paroles. Elle écrivil




( 237 ')
elle-m~me a son pere, pour lui apprendr.e la mort
de cet eurant: « Mon mári m'a exhortée a suppor~
» ter ceHe perte comme iÍ convient a votre filIe et
» asa femme, et' il m' a dopné la force de le faire;
» mais de quel malheur ~a' tendrésse ne me conso-
» lerait-elle pas!» . Les deux époux furent plus
heureux' par la suite, et Huger a été Iui-meme
l'instituteul' de ses enfans, qui lui obéissen t comme
les jeunes Spartiates obéissaient a Lycurgue. Ro~
bustes de corps et i~dépendans d'esprlt, élevés


• '. ,,~,. '. ~''', ~: -":~" ~ "4 .• __ :. I~~ ,.-~,~~ .• ~l'~ c':'., ~> ~'i-
par léur.pere. da.ris~des sentimelurde .. pat~lotisIlleC~
et couverts de V~tefue~:!ft.li~ic{aé~;1faf·'lehr~' s~il .
viteurs, ils m~htierif"·d'~h~~1~ú¡:~'-hiaq.V~/ !~tjlé~~
caractere cette simpliCi'té"et cette ariléhr!'qh{ f~~::.
ment les traits distincts des fils et desfilles d'une
république. Ce n'e~tpa~.s~ulerp~llt lorsq~~ses
sentimens se t¡'ouverefif~iaWé~pa(q~~l~~~, ~~e
particulÍ(~re, ni quand il fut appele ';i'rémplit~itá
devoirs d'époux, de pere et de' citoyeri, qt¡f!'cet
homme si distingué a montré la beauté-de son
ame. 11 avait une soour dont, peu' d'aú'nécs aI!r~
qu'il se fJlt marié, la santé tomba dans-un';etat
désespéré, et a qui on . avait reconunandé, ¿hriIrrie
derniere ressource, de voyager ce J~ : ~chang,er
d'air. Leur frere ne pouvait alors se (),éplacer~' et
iI n'y aváit l~i parent 'ni ~mi qu'on plitchargel~
d'accompaguer la. nlalade. Huger ahai-Ido~lna'-s~




( =138 )
ferme, vint a Cl}ar~~~on., 'déposa sa femrrle el
un enfant,en.has age chez son heau-pere, et de-
yint,le,c~mpagnon ae voyage,et le médecin de sa
sreur :' au hout d'~ peu pres lin° an, il la' ramena
rétablie, fut rejoindre sa famille, et retourna sur
ses terres.


Pendant la guerre, lorsqu'on s'attenqait que
l'ennemi ferait une descente pres de quelque
grande ville da Súd, et choi~irait plutot Savanah
qu~ la Nouvelle-Orléans, le colouel Huger partit
pour la premiere de ces villes. JI assembla ses en-
fan~, et, en présence de leur mere, illeur expli-
qua le devoir qui allait l'éloigner d'eux. « Ma pa-
)) trie, 'fotre patrie, dit-il, m'appel1e asa défense.
)) Je pars de hon CreGf en Tecommandant votre
) ll1er~ ~t;vous~a.~e\~~;Ea\rÉie~k~M c~~l. Quej~ vous
) "voi~., de- .votre c.oté, eéder ¿fe hon creur votre
) pere.Allons, embrassez-moi tous sans versel' une
)) lar~.» n monta el cl~eval, et ron n'enténdit pas
un murmure: les plus jelllles eux-nlemes s'effor-
ce,rent d,e souriI~e' en voyant ~eur pere s~ éloigner ;
un autre essuya fierement une ,larmf1 de, son reil,
en disant qu~il voud:ait etre assez grand pour
'défendre sa pátrie. N" etes-vous pas aumilieu des
émciens Romains? ............... .




( 239 )
L'!liver a maintenunt tout-a-fait disparu : iI est


vrai que nous av ion s dit la meme chose en marso
Déja l'herbete moi nous relevions la tete ( car notre
vle parait égalementdépendre 'de la ~ouce chaleur
du soleil), quand le dém~l1 des frim~s revint se-
couer ses ailes glacées sur le front du printemps,·
je devrais pIutot dire de l' été , puisqu'ici la nature
passe tout d'un coup de l'apreté la plus sauvage
a la beauté la plus ravissante.


Ce climat est .celui des extremes. leí vous' etes
toujorirs ou rotipar la ch~leur, 'ou transi p~t' le
froid. Vous saVez 'que je Oe meplaipsjamais'qe;Ia
premiere, et, comme jedéteste r~íl1tré', je'pottttais "
bien n'etre pas un juge tompétent. L'été·~sti*"_'
perLe; un soIcil 'resplendissant brille, brille pen!.
dant des semaiIl~s de suite; et l'on ;respire un
air si pur, si léger, et poür ~ moi si bienfaisant,
qu'il semhle me procurer une nouvelle exist~llee;.
J'ai Vl~ cependant les personnes qui m'entouraient
accablées par ces chaleurs qni me rendaient la
vie. Au mois d'aoút, lesjoues pales etles mouve-
mens nonchalans des fenlmes et meme' des


. ,


hommes de ce pays scmblent uemander. qu~ les
brises d'un hiver de Sibérie viennent redonner du
ton a leurs nerfs et activer la circulation' ai1eur
sango Le froid rigoureux qui.suceede a cette cha-
leur extreme paralt produire cet effet, et faire




( 240 )
généralcment du hien ~ . excepté aux personnes
qui ont nátlirélléinéfit í~'~9itrin~ faihle. ' ,
, Beaucoup 'de;gén~"~ro~lám~ront l'an~otD~ la


plus bené'"sa~Il' déJ'anriee en Amérique.En
effet, 'il a d~ 'béauiéS qui;«ittent tous 'les sens;
la nature se revet desteilites 1e~_piUrs brillaIltes,
et l'reil contemple avec ravissement,~d~pUiSl'hum.
ble sumac, avec ses haies et ses feuilles'pour-
prées, jusqu'aux géans de.la foret, dont le~ ra-
meauxentrelacésriffrent , inéla~gésde la Illáriiere
la "plus; fáritastíqhe"l'or', l,e rouge:, ',e;'ve~t , 1'0-


o • ,'~, - ,\ .~ ~' ,_ l' ~ ',' . ~ ~.: j -:,". -? .. -
rangé et le ·b~t(., dáns tó~t~ IeUfS nuances di~
verses; lés v-etgéis éialeni tehrs trésors ,et les épis


_ mursdu triais 'rempl~éel)tl~ verdure d~s champs;
le soleil desceIítl majestueusemerit sur un horizon
de pourpre dont le~ teinte.s brillantes défieqt le
;pine~il ~ "q~ílé~~\r,,\i~opitbherche~ '~i~~ 't~'~éHelrlágU~ffi¡Ü~!~rils~ri;au re~te, n'est pas la
plus sairte,~uttouidans les ,districts non défrichés,
commevous l'avez vu' d~f.s' mes lettres de l'année
derniere~ '" ;', ,; .' ,:, , . ',C


'QUant a l'hiver, ceux ,qm l'aiment aimeront
heaucoup rhiv~~\lj Arriécique'. '~tte sai~o~ 'a ses
heautés' ef 'ses plai~irs. Le ciel est d'uhe' pureté ad;..
mirable, ei la terre couverte d'une n~ige éhlouis-
sante, sur laq\Íelle de légers traineaux, montés par
une jeunesse foÜttre, glissent rapidement, au.




( .24 t )
brult(l~s d()chette~ q~~ les chevaux. semhlent
porter ave e plaisir. t;>~ns ce pays et dans cette
vilte, l'hlver est le te~ps o~ l'o~s'amuse. Les
leOnes gens fon~, ,Y.i~~'~lle$" p~~ une bise pi ...
quante, pon\' se'fre~fl~~~ a la maisou d'unami.;
La, d.ans, ~n 'instant', 'to'ut est en moUVeDieiJ.t;
on eni~ve les '~pis, la musique se fait enten--
dre, la jeunesse des denx sexes se livre au
p~isi~ d~ l~ ~nse" ,et ces 'etres ,joJeux parais-
sel¡it ~'~e~ .. pl~s 'b~~t:éusés, créat~res qt!L e:l!stéDt'


'0 $. ."':~,"!~!. \ \l~,~' :,.t .' "", '. ...<.\. ~'.~ _
'sam' le" ciel.'~oo.la ,~Ulé d~oliJnat, otl ~Ia, l~~er~'~q~i~r~~ ~~\~:{;?u ,t~~,;,~~~ de
la"'paÚ\ireté"et iPtiiíe'-~~f~~~:ii~~; '. J,íett
toutes ces choses ensemble, qm rendent ce peuple'
si gai et si ,content? Quelle qu'en soit la 'cause,
malheür, all: C<2Uf .. <lo.:r. ,', ~ p'o~rB:it voir son


, '. _: ."'1 .~ '<: ~ _ .~(t" ;:' ~ .... ~ "' \ "'" "i .. '< '. " > '!
hóíibeur sa'Os en -etre" ioüché',,:~~<;t,~me, il
ne lui serait pas donné de le, part~getf' ,


Parlerai-je du printemps? mais, a proprement
parler, iI n'y a point de printemps ici; ~ n'y a·
qu'unecourte lutte entre l'hiver et, l'été;~ qiti
pmoiS, 'se disputeut opiniatrement l'empi~~ .. Nous
av'ons vu dernieremerit un combat t6rtt.lJ!eentre


, _ \ , . ~'., ¡ ~ '"", f ~ .~
ces q,eux ,grands souverains de, .'a,tillée. yers la
fin" dé ~ mar, ;'1' été, armé d'une chaleur. de jt1illet ,
vint lont d'un' coup fondre ~s, néiges'; totites
les, fenetres et les portes s'OUfrirent' pour acbueil-


2. 16




(2·42 )'
lir l'étranger, et l~s'arhres commenc;aient a j~{er
leurs feuilles" qualld·, l'hiver i en COUITOUX repaor
rut et. fit to~her -ume' ~es' 'plus; singulieres pluies
de ,v.ergla~ qUe" 'i' eu$e /janiluv vues. L' eau qui
gelait' entomhant enchassa 'tout.es les branches
et tous les rameaux dans uneenveloppe~~·cris­
talépaisse d'un pOllee et si transparenté q1i~lle
laissait apercevoir tous les hourgeons: dans quel-
ques ~ndrpits, de tres' gros arbrc& ~succomb~ent
sOJl8 ~', fardean ·e~traordinai"e,. ~ et ~lel1r8- cimes·
s' abaisserent versla terre jusqu~Qtceque leurs troncs,
se ,fend~ent endewr.: He~usement·il'ne· 6t pas


, de ,veDt·, sana quoi:..le dégQtaurait été terrible :. il
le fut encore assWl; de tons ootés la terre était
jonehée de branehes et de rameaux, et heaueoup
de trona étaient :hns¡,s ;comm~'P_ll la: ;fuudre.:


Jo n.e·'sais'si:,'"Q1eMe:'lluuí'tnGtre'Ue, le prin-
temps n"estpas plus heau dans 'les descriptions.
des poetes' qu' en réalité. Il y a sans 'doute en
Angleterre quelques-ung.. ·de', ces heaux jours 'ou


I l'alouette invisible ;chante aux portesdu ciel;,
ou 1'0& ,~voit la primevere et la > violette" pereer
le vertgazon, et le soleil d'avrillan-cfn. de'temps,
en temps ses,rayons vivifians a ~raV'ers . les nua-
ges que chasse le vent du midi (e~fin ou le cíel
et la terre eihalent' une douce fraicheur et une'
odeur suave et pnntanniCre: les belles vallées.




( :243 )
Ult ,Devonshire yoient heaucoup de, ces jours:
mais, ~n généra], Dotre ile n'en voit guere, ou ,
du moins il y a tant 'debrotiillards el de bises
piquantes qui vienneutil~ eatreQlele~,' que"pour
roa part, j'ai toujours. été' charmée ,de voir ,le
printemps détourner sa face de roses. La fin,de·
l'hiver, car je ne, saurais l'appeler, printemps ,est,
décidément la saison la moins agréable 'de l'année.'
Aujourd'hui l'on a des' froids de Sihérie; ·d~main '
des chaleurs de l'Inde, le -jour suiv~nt du ·ver.gla&j' \
et~ainsi de~ suite;;du~~~d)aQ; freid ,et.du,inid~;
au ebaud,;jusqu'a I ceique\ló ct.e.mieriTemporte-; a'),.
la fin" el¡ que t,oute Jfl']nafm-~j rosJUBeiteteD "ua,in-JL.
stantcomme d'un eOllpde;la baguette oo'quelque
magicien. Les premiers jours de l'été sont vraiment
délicieu~,.: les .. prqgt'ea: ,~i !rapides de,Ja végéta .. ,·',
tio'u, la mullitude, de. i1euffhqu\ lCOUltreat 1$
arbresdes vergers et de la foret, etJe gatou.iUe..,.:
roent des oiseaux, toutes ces choses qui 'VQUS!,
frappent a la fois ont un charme inexplicable. J \
Les. oiseaux ici sont, moins nombreux quedana ¡ i


, notre lile; mais ils semultiplieron~, comme:de"¡',
raison" a 'mesure que la culture empietera; sur
les foreta. le n~ pense pas qu'aucun-_ des oi,eHIX'~:
chanteurs de ce pays puisse etre com~r.éa nntre
alouette, dont le chant est de tous le plus céleste a
mon avis.; sauf cette exception les :oiseauA;améri-"


16 ..




(~q4 )
cains peu1Tebt, je crdi&,jouler· avec les notrés. ·Le
rossigtrol-éle Virginie, dontJeplumage est de eou-
letlt atnarante avee·. t'f'lClques· belIes taches . noire-s
S\W la téte, a· UIt· chant extTemement mélodieu~;
le' ronge-gorge am(,~~ Jain ressemble moins au
ntttre qu'a natre grive, tant ptir ,1agroSee.~ que
pour· le dlant et meDle le plun'rage, : e~té
qu'il a le 'Elevant da eou rouge;' i ce qui, joint a
~ hahitudes familreres., lui a pvooohlement val~
son fit>ttl¿ Le moqueur, qni, autre,la fa~nltié ~'im~'v,,,
tet·~t()u&':}es rmages beauioUílaids, a un ~bant
délióíetix. qbi ht;e&t 'pa~iduUer, l'óiseau bIen,
le' .p¡yeft j a ¡ tt1te· :touge,. ,d·,un petit: oilieau jatme
ressemblant :ro senn, sont 'C6l:iX encore quinle
semblent les plus communs; roiseau-mouehe, ceUe
jólie ~tite~réatUlte{D1oitii1oir1eautlRoitJé.¡rapillon,
D~hfR~¡~~ ~ririeq Mi qul_lmiliea ¡ de·lrété_
·~.'(tbservatíOn8qNeje puisJairesur le climat


ne s'appliquéllt;:comme ~de;rais0.&.,: qu'aúue.pe-
tite portion de "Oetlle i~~td: amnltrée 'qtti-éomppe.nd
'~'Ie!f¡ 4limit&! de: !ml.terre'i ~a !rex'@e{ltrou d'un
seul peut~tref;üledimat:Bdmhre .. -La. p.~~e la
Nou\1en~erre qui lborde ··f.A~~ntiqne est,
iI est thti,'expOspe' pendantlesmois depnnt-emps
a des brouiUards que le vent cllasse de dessus le


. hane de Terre-Neuve; mais ces visites ac~iden­
telles n'otent pas a l'atmosphere eette puretéqne




( 245 )
~tl plus' au moios elle pos sede génél'alement pen-
dant l'été et l'hiver, depuis le, Maine jusqu'au
MissQuri. La vivacitéde la lwniere" qui d'abord est
fatigante pour les.yeux d?u.nAnglais et meme
d'un Européen de quelquepays que ce soit, a,
j'imagine, produit un effet sur la physionomie
nalionale~ Les Américains sont en groéral remar-
({uables par . des sourcils droits et tres proémi-.
nens, au-dessous desquels percent des yeux petits
et: h,illltos" dppt -wsregards vif~ .annoneent une
j.nf4lJ.ig,n~ (i~e'>et:u.nlJeI1aiB\ talentd'(}),·
:serv~t~J ·Lj! ~l"'bao,«'oontitleat~ ~c.epté·lit
ot.i .. ~ .' fttit, . f)eÍ)tÍr )l'iblnenceó )d~ :eauSei:::~',
semble particulierement salubre et. tres ravm'~ble
a la croissance de l'homme. D'autres circonstances.
Q)~~'.:~ll&id.l\~,,;aprQt}Wre;. ~ ¡éff~tó' UJlC
po¡iulation ~empW dé paQIn'~,etrq».l;ito~­
q1J611t, jusqu'a un certain pnint ,.de:M6:~poorraít
p~t\t-etr~, <fans une'atmospheremoiuspure, at-
teindre le maxinlum d~gmutl6llret de. forceJixé
par la llature a l'espece humaine, .. Lesmaladies,de
cé'pay~ pai'aissent etre peu nOlnhreuses ~'JIlal~ t~cs
violentes;' les· fU~v res e"-utres 1l1alaw,e-s ill~~-


. toire,s: .s.ont .communes durant l~.· ;~~r.bief_&t;Qw.i.s
d'automne (1) :quoi qJl'il en ~jt,~~tjfS r,é ....


\


.. ~~
.,
ti


'~




( 246' )
glées 'des Américahls' ;les "préserv'ent en gTande
partié'des attaqUes' de cesi'rrlala'dieS ~ OU hien, en
temperenf la .r:V~~Iende .. Je 'crdis qu'il 'y a plus
d'exemplé~ 'd~flofr~\rli~~dans ;ces états que dans
aucÜn: p!~ys'deí],Eii~opé~ n.o. ¡ Ii; f
L~s états'7 de I'Ouest' sefuBlént:aestinés a etré
i~'pár~dis ide l'Amérique. "La heauté' dé'lél1t' di-
mat ne' saurait~tfe¡ "ég~lé~';\;i)ce':n~est peut-etre
p~~~., "~B~:h~'.~,~! ,<1~e~qués~ün~~iltes'~ItiiWés'el~vé~s du
c~hhnellt ri\er1(11OnaI. L'lnfluence'dés hnses dou- ,
ces Clu golfe 'dú Mexiquc', ';qui~soufHent' ;avec' la -
constante des veb.'is alises!ef ttemontent la gran'de
vall~~. dq)\~~~iss~p~; sr~"~a-¡t);e~iirjusqu'a la rive
méridionale~u; 1~é" J:;ri~" . et; ll1é~~ dansquelques ..
uns des comtés du DOl:d-ouest de I'état de New ..


:.y ork~~.l}e~p}ioatibn que: V:t»lnP1\4onneooce ~é­
'ndrh-eiXe-;·lesf'it&M.u.~,,"tb'ilgéhiétise et plus que
'plausible {elle"'semble confirmée par les observa~
tions po~térieuFe~ d'~~tteá s~:vilns~, ei appuy~epar


;,tous lesfatls e "'~n~sl( .)LI"'~~l .. :(J'! : ".,., ... ,
" " .:.~Jr,'hm?~J¡l{l¡ J ... , "<,"" ,


les dern,i'e~nio~ 'd-' été ; car nous avons remarqué' en cent
occasions , if~hs le~ auteurs anglais , que l'exptession autum-
ndlmontlz~ d~sigha¡t les mois d'aout etde septembre,dont
les -einq sixiemes appartiennent a l'éte.


(Note du traducteur. )
( 1) Les faits avancés par V olney tendent a démontrer




C?47 J
Ell al:-Je :écrit,. ~~~e~. Jo~~ ,~~~ll'J~~ ve~lts et le


temps?. PaqJ0PA~~1~qi; R-:a~~tf;jJ!~it~., uns~i.et
_a~s~ aI:ide!;,~t eqp<;>re qe 1'tt-.r8j,~l~it ~;, sViP~~p.~iell~-


· :IQcnt. Le. clim~ t¡ .~~ tAItl~,.j4Mtt; .,n:~i¡! J~At.4~:. ~ip'-­
gularités, que, si ron V;9:WfJlt;enJ~~~h~r~h~r'1~


· 9a~ses_,; iI y ~.uIi~j~l~t¡~rf! jl ~e enqqete. cú¡.\~.~
~t tres int~re5s.~te; lDai~ je 5uis ,~ut7a-fait-i~~p).-


· pétente pourlraiter q(!,~eJDhla·bles s~jets. '
Je vous a,drE;~~~:MD~, .~~p.pp~<4Jr~~ .peu: ~~_llili..~~.,a


votre deFni~ei.l~ti,J¡~ ,~,c~r~:~lfJr~~;:s,~m~~es.
~ ~tie;t;l~ 'i.~·:c,her~,amiei etje .répo~~r~~,de
mon mieux a vos que~tions; dll Il}~~~s "i'y répo~-
q~e ~~s 'v~tí~ ¡ ~~¡ IJ~ª~oJ~~ . ~~:t¿{ít~lffti~ Jb1 'so~i[1lire
chose que les ~erits!' aílkéif détbhf.~·j d¡¿ !I~~'directitJnJ ét /
modifiés', et que par conséquent l'air des controos ocei-
dentales'eSt le mttnequt._celu,i;.A- gQ}f~;dp lMeKi,v.~ et ~-


• .f;, ~"- •


térieurement celui.. df& .• lide$~cWP~e.t2~r~~¿ "au
Kentueky .. Dt} . ~tte ~llDé~ ,décm~,~, ~~) rplU~!}Wi ~.wrl~ ~
natúrelle du probl~~e ,qu~ .d' ~ordp~~~t; ,~i ~iflieile a ~~­
soudre, savoir, pourqu~i la: temp~¡'atúré (le ~arégion oi:!ci-
dentale des Etats-Unis est:plus~biiái1~e'd~ttdis '¿regte~Jde_
latitude que eelle des étatsqui 'bordent l~Atlantiquerquoi­
que séparée .. d'~ux seulement par les montagn~a~ .Alle-
ghanys. Si les ventsd~ sud-:<>~est, dans la (f.~io~ ~~iden­
~ale, t6~perent ~~frQid de l'hiver, ils d~it~~t.a~ssi tenwé~er
les chaleurs de l'été. Ceei ne semble ~ás~lair_eme~~. admis
par Voluey; mais je n'ai questionné aueun individú con-
naissant le terri.toire de rOuest quin'ait été d'accord avec
moi' sur ce poilit.




drai de bouche., Regardez comme une assez
grande marque d'afiectioD pour vous que nous


, AbiMoIlnions '~b f id'ede~':travenrer.' ,les:kHe-
ghanys: nous termmerons pour le mom~nt notre
voyage par "une: visite a "Washington, et nous·t
~~embatqtleronsen 'maififi1li- J' Angleterre. ",


.- fJeci n'a-t-il pas l~air d'un' retour; et croyez .. vous
maintenant que :,' nous' vO~' tiendrons paróle?
Adieu.'· .'


;"':l"; _.


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I..JL"


-LLE'l?TRE- XXVI.


Le marché de Philadelphie. - Conauite déll'·.
toyens. -- Maniere de dresser" et, J~ conilu,,~e
ltl8' eA.9Í;Lux •. --CI)n8iIil, a un émigrtint . .i.;..;Ce
qui árrWe, Ior'qu'o'fl,'dWú4M -de8 dpm6~tiquts
etr-ang";f ('M AmArlqtilf. ~~, redempt1mí-
naires allinnands. - Maniere' tdont ~~. f~t
Z.'importatíon des paysans" européens.--- Des-
e"'. la'l)elaware. - Le.~tre du eomte de
8urpiltiers . ( Joseph 'Bóijapa.,{~:j. ~; R(!ñclm~e


• /f'-.


apee des 1IOyageurs anglais: ':..f'f;::~:


Philadefphie, anil i8!16. ,;,


Nous so~mes, co~me vous le voyez, '~a che~e
amie, ~n rou~ pour Wa~hington ; D,ORS veno,n~ 'de
quittet61- hateau a vapeur de Ttenio~,pohl" un
autre (¡ui se rend a BaltinlOre et se trouve en ce
mowent le lopg du qllQi, au oollt de la rtledu




( 250 )


ularché, entouré de bateaux remplis d'aloses,
poisson qui me parait tenir le Inilieu entre le
saumon et le maquereau, et qui se vend un cen-
ti eme (1) la' piece.
Co~me eette ville de quakers est tranquille!


J'écris dans la cabine san s etre ttóuhlée par au-
eun bruit, excepté celui des PqS de deux hommes
qui se promenent sur le pont; et cependant le
grand marché de cette ville, le plus considérahle
peut-etre de tous ceux des Etats-Unis--, se tient a
moins de deux cents vergesdlillieu·oú je suis. Nous
venons d'y faire un tour, et certes jamais nous ne
vimes une foule plus sage et plus paisible .. J e
ne sais si toutes les poissonnier.es sont de la
sectedes quakers,. mais, a coup sur, il Y en a
peu qui apparti~nent ñil~ congrégationde·Bil-


lingsgate (2). llfant; ,queje vous dise ce qui m'a
frappée, non pas seulement a Philadelphie, Olt
ron peut supposer que l' esprit de Penn plane en-
core, mais dans toutes les viUes de ce pays que j'~
eu occasion de visiter; e' est la conduite raison-
nable des citoyells. Vous ue voyez non-seulement


(1) Le centieme d'un dollar, c'est-:-a-dire, ellliron cinq
centimes 'et demi.


(2) Marché au pOlsson a Lob,dres.




( 251 -)


pas de tllffiultc dans les rues, mais pas lu<huc
de querelles; point ~e ces disputes ou les jurons et
les eoups de poing roulent al'envi, etqu'on pour-
rait prendre pour des preuves d'une brutale igno-
ranee, quoique Wiridhamy aifvu la langue et l'ame
de ]a valeur. L'absenee du bruit ne dénote pas
plus une absence d'activité, qué l'absence d'inhu-
inanité n'indique ceHe du courage. Si quelqu'un
doutait de l'une ou de l'autrede ces propositions,
qu'il visite la république a~éricaine et' qu'il;étu-
die le ~aract<~re et lés Itloours' de ce peuple ,ainsi
que sa courte mais iiltéressante histoire.


J'ai remarqtlé ailx cliah'eMés etaux'atttresvOi-
hIres qui se trouvaient surCa place dumarché et
aux environs les memes chevaux bien nourris,
bien pansés et bien portan s , qui avaient si sou-:-
vent att~ré roon attention 'en pnrcourant cepbYs.
En vérité, je ne me souviens pas d'avoir vn 'un
cheval décharné depuis que j'ai' 'débarqué. Ces
animaux semhlent se ressentir de l'influence des
101s salutaires qui régissent leurs maitres;cette.l0-
fIuenee les' atteint par contre-coup, apres 's'etre
exereée sur le caractere et la conQition des' fiers
coryphées de la création : cal' }orsqu'un homme
l10urrit bien son chevaI, cela prouve qti.'il a' du
fourrage a luí donner; quand iI le traite douce-
ment et le conduit avec la voix pIutót qu'a coups




de fouet, c'est qu'il a du bOll sens OH de l'humanité:
du bon sen s , s'il considere son propre avanlage;
et de l'humanité, s'il songe a ce que doit sentir
le pauvre animal. C'est une chose admirable de
voir cornment on dresse un chev&l dans ce paJs;
on n'emploie pour cela que ]a douceur. Un ha-
hile écuyer, apres avoir, pendant un certain
temps, flatté, caressé et conduit un cheval neuf
pal' la bride, saute sur son dos saos fouet ni épe-
rons, et continue de le flaUer de la maio et de la
voix, ou le fatigue en le faisant courir, et de la
sor te floÍt par le faire obéir a la bride ou a la parole ,
avec autant de promptitude et de docilité que le
coursier d'an hédouj.n. Une lecon doollée de )a


"
sorte n'est jamais ouhliée; et d'une parole, ou bien
en siftlant, 00 fait redoúbler de vitesse a \In che-
valatteléau carrosse,audéal'born ou a la diligence.
Dans tóutes mes courses je n'ai trouvé qu'un seul
conducteur qui 6l plus que de faire claquer SOH
fouet en l'aíl', et eQcore, je dois le dire, l'honunc
qui m'off'rit cette e,xception était un Europécll.


Si les pareos de~'ft'** se <lécident enfin a passcr
dans ce pays ,~on!ieiHez-Ieur surtout de ne pas
amener de dmfie,stiq~es avec eux.·· Les domes-
tiques ·étrangers sont iocontestablement les plus
mauvais qu'on puisse avoil' ici. lls ne connalsscnL
pas l'ouvrage que le climat rend néccssaire, et ne




( 253 )
veulent pas [aire celui qu'ils faisaient ailleurs. Au
bout de quelques semaines, souvent meme qe
quelques jours, au lieu d'etre utiles el leurs mai-
tres, ils deviennent une charge pour eux, ou
bien, en lenr faisant des demandes exorbitantes
et prenant des. airs d'importance ridicule, ils
forcent ceux-ci a les renvoyer. Vous concevez fa-
cilement que des esprits non cultivés sont aptes
a mal interpréter la nature de cette égalité qu'une
démocratie attribue a tous.les hommes. Ceux. qui
ont été élevés sous ce régime peuvent discerner et
reconnaltre les distinctions. que l'éduc~tion et la
condition établissent entre.le gent~et''l'aJ;ti ....
san; mais ceux qui viennent 8. peine d'etre déli-
vrés des aristocraties européennes, se trouvant
dans un pays ou .tous les hommes sont placés par-
faitement de niveau par les loi~, se cr~ietit, ~SS~Z
naturellement métamorpllOsés de 5erviteurs; J;lll
compagnons de leurs maltres, et tout d'un coup
se dépouillent de leur sournissioll re~pectueuse
pour s'arrner d'insolence. Je ne suis, toutefois,
pas ameme de dire que les plailltes que j'aien-
1endu faire a ce sujet par mes compatriotes pes
deux sexes fussent enlierement justes. Il est
probable que, dans ces querelles. de ménage, iI y
a souvent des tortsdes deux cotés : les maltres et
les maitresses conservent fréqu~rnment un ton qui




( 254 )
l)eut etrc toléré en Europe, mais qu'ici leurs la-
<luais et leur8 servantes' ont appl'is a tronver in-
sultant; et de lenr coté les domestiques sont trop
dispo8és a s'exagérer l'offense qu'on leur fait, ou
trop empressés de 8aisir l'occasioll de régler de
vieux comptes, en payant l'imperlinence en na-
ture. Si les parens de**** sont parfaitement surs
oe lellrs domestiques, et s'ils le sont autant
d-'eux-memes, ils peuvcnt amener leur maison
~vec eux sans beaucoup de risques. Je crois, i1
es! vrai, que cela convient rarement; mais toutes
les regles offrent des exceptions. 11 faut, au sur-
plus, qu'ils s'attendent a une chose ; le lendemain
de leur arrivée,oll les appellera monsieur et ma-
dame****; s'il8 n'ont pas l'air d'y prendre garde,
les choses iront fort bien; mais s'ils demandent
pourquoi ron nese ~rt. ¡plus des.mots de maitre
et de maitresse, il Y a dix a parier contre un
qu'on répolldra qu'iln'y a ni maltres ni serviteurs
en Amérique; que c'est un pays libre; que lous
les hommes sont égaux , etc~ ,etc. ; le tont accom-
pagné d'un hochement. ~e tete et d'une brusque
sortie de l'appartement. J'ai été témoin de plu-
:-;ieurs secues de ce genre, et quelques Amérieaines
<le mes amies en ont vu beaueoup plus que moi.


Les**** sont peut-ctre curieux.de sayoir quelle
cspeec de domestiques il~ pourront avoir ici.




( :l55 )
D'anord iIs trouveront dans les villes qui bordenf
l' Atlantique, ou iI faut généralement aller cher-
cher les domestiques, beaueoup d'Irlandais et
queIques Anglais. Ce sont, pour la plupart, des
éehappés de la multitud~ d'émigrans qui arrivent
dans le fleuve Saint-Laurent; a quelqueSexeep-
tions pres~ lesprerniers sont misérabIes, sales et
ignorans; les derniers, raisonneurs et insolen s ;
eeux-ei, néanmoins, reprennent quelquefois, au
hout d'un an ou deux, Jeur bonne hunieur ainsi
que leurs manieres primitives, et as d~ientiéDt;
polis, mais jamais serviles. II ya' chez rIrlandáis
quelque chose qui lui attiré partout delá'cotnpas-'
sion. En dépit de sa nonehaIante insouciánce, sa
simplieité et son hon eamr lui font des amis, menie
parmi eette nation industrieuse. Les Irlandais dis-
tingués'qui se sont établi~;engrand n(}thb~e>daIiS'
ces états s'intéressent, cornme de raisoti;a telirs
malheureux compatriotes : les soeiétés hiher- '.
niennes de New-York et de Philadelphie procu-
rent aux uns de l' ouvrage, et nourrissent les au-
tres : ces émigrans font quelquefois d'assez bons
journaliers et de passables laboureurs , mais géné-
ralement de tres médioe~es domestiques.


Sur les bords de l'Atlantique, on, dans les états
du Nord, la population noire réside prineipale-
111ent, 011 emploic .beaucoup de negres eomme




( 256 )
domestiques. Leurs défauts sont cornmunément
l'indolence, et quelquefois un pellchatit a l'intem··.
péranee ainsi qu'a co'mmettre de petites infi~éli­
tés. Ceux qui emploient des negres trouvent en
général qu'il vaut mieux le~ employer exclusive-
ment. L;Amérieain natif, lorsqu'il consent a ser-
vir, fait un exeel!ent domestique. Le service., ainsi
que je l'ai dit dans une préeédente leUre, n'est
pas ~n genre d' oeeupation pour leqpel les ci-
toyens de ee pays soient portés; mais les memes
qualités qui les en détournent les rendent d'au-
tant plus fideles quand iIs s'y livrent. L'étranger,
au surplus, doit bien prendre garde de ne pas
blesser leur orgueil : aueun Américain ne souf-
frira une paroJe insultante. Leur m:miere ordi-
naire de se venger, d'un ordre trop impé~ieux est
de quitter lamaison sans attendre et meme sans
demander Ieur eompte. La suseeptibilité de l'or-
gueil amérieain est quelquefois assez curÍeuse et
passablement divertissante. Il y a quelques mois
IlOUS re<;llmes a l'impioviste la visite d'une
femIue qui avait été notre domestique l'année
d'auparavant. Nous l'avions eongédiée paree que
nous n'avions plus besoin de ses serviees, et nous
l'avions vue en possession d'une antre place avant
de quitter la ville. Ce ne fut pas san s plaisir que
je reconnus cette fenlme, quand elle entra Vt~tll(!




( 257 )
proprement '. et ave e une mine riante qui semblait
aussi dire bien des ehoses. Apres quelques saluta-
tions préalables, je eommen<;ai a m'informer de
ce qu'elIe avait fait depuis ~otre départ, «::t je lui
demandai cornment elle s'était trouvée dan s sa nou-


, ,


velle condition. c( Ce futchez des étrangers, ma-
) demoiselle, que j'entrai ,en sortant d'avec vous.
) -« Fort bien, Mary. » - « Ils avaient de sin-
» gulieres manieres, mademoiselle. » - « En un
» mot,l\lary, ils ne vous plaisaient pa$?»- « Cer"
» tainement non, mademoiselle. Je les;quit~ai lee
» lendemain matin. » -'« C'étai,t un peu prompt.
) Il . faut qu'ils en aieIlt h'i~n' 'P~l; ~lS~~., ~n~ers
» vous? - « Ilseurent l'air de' douter de mon


¿ .


» honneteté, répondit-elle en redressant sa tete.»
-(e Vraiment? »- « Oui-da. La dame enferma
» la vaisselle d'argen~ et~~~e ~~s: co~vert~.:)?~ Je
ne pus m'empecher a~' ~'orirl~e en: í~,d(tIl!~~~~n~"
«Est-ce la tout, Mary?» - Tout !répondit-
» elle, et le rouge lui monta légerement au vi-
» sage en répéútnt ce moto Je crains, ajouta-t-
» elle, que vous ne pensiez que j'aie agi. folle':'
» ment, mais je n'étais pas accoutumée a' ce
» q~'on me faisait a10rs. La dame me dit que
J) c'était son habitude. En ce cas, madame, ré-
) pondis-je, je vois que nOU8 ne nous convenons
» paso J e ne saurais rester dans une maison OU


2.




( 258 )
) l'on senilile douter de mon honneteté; aiusl je
»pense qu'il vaut mieuY nous quitter tout de
» suite. » - « Et vous le fites? » - « Oui, ma-
» demoiselle, je m'en allai sur-Ie-ehamp. »J'appris
avee plaisir que la fierté de eeUe brave remme
n'était plus exposée a de par~illes épreuves. Apres
quelques elrconloeutions, et d'un air embarrassé ,
elle me dit qu'elle était mariée, et qu'elle avait
épousé un homme bon et laborieux.


Vous eoneevez qu'un earaetere de eette trempe
exige quelques ménagemens; et e' est en géné-
ral eelui de lous les domestiques dan s ce pays.
Un maitre ou une maitresse d'une humeur im-
périeuse seront tres mal servis. C' est meme un
h~sard qu'ils soient servis; et s'ils le sont, ce ne pent
ctre que par le rehut des negres ou par de pau-
vres émigrans qui jugent a propos de faire transi-
ger leur orgueil avec leur cupidité , et qui
probablement se vengent sur la hourse de leurs
maitres des affronts qu'ils en re«;oivent. Il y a.
une erreur dans laquelle les étrangers sont. tres
s.ujets a tomber, e'est que les noirs forment un
second étcit (I); qu'ils jouissent de moins de pri-
viléges, et conséquemment ont moins d' orgueil


( 1) Ces mots sont en frangais dans l' originat
(Not, du tradlWteur.)




( 259 )
que les blancs; et qu'ainsi on peut les traiteli
impunément du ltaut en baso Ce n'est guere
sans un vir _ déplaisir que les Européens recon-
naissent Ieur erreur, et trouvent que les privi-
léges du negre en Amérique surpassent souvent
ceux dont ils jouissent eux-memes dans leur
propre pays, et qúe son orgueil égale le leur
porté au plus haut degré. Ce pays ne convient
véritablement pas el l'homme vain ou impérieux.
Celui qui sait respecter la fierté de son sem-
hlable, dans quelque condition que la fortune
rait placé, et qui ne fait pas consister sa propre.
importance dans la conduite abjecte de ses in-
fériÉmrs, mais qui, au contraire, sent sa· di ....
gnité d'homme relevée par ceHe que s'aUrihuent
les autres, peut vivre dans ce pays· paisible-
ment et commodément, etre bien servi, géné-
ralement estimé, et civilement traité. .


Il Y a ici une autre sorte de serviteurs qui
80nt tres utiles au ferrnier et au country-gen-
tleman (1) : ce sont les pauvres paysans suiss.es
et allemands qui arrivent en foule de la Hollande
dans Ce pays, mais· principalement a Philadel-
phie. La Pensylvanie a été en grande partie


(1) Pour cette expl'ession , voyez tome 1, page 173.




( 260 )


peu'plée par des Allemands, et pcut-etre untiers
de sa population est d'origine allemande; il est
done tont naturel que le torrent de l'émigra-
tioD qni déborde des rives du Rhin continue
de refIuer au meme endroit. Les reglemens aux-
quels sont soumis les navires marchands a New-
York paraissent fermer ce port aux pauvres
émigrans. Tout capitaine qui débarque n.n étran-
ger doit répondre qu'il ne tombera pas a la
eharge de la république. S'il est tr0t;tvé errant,
et sans aveu, a une époque quelconque des trois
années qui suivent son arrivée, le capitaine qui
I'a débarqué devient eomptable des frais de son
cntretien, et doit payer el l'état une forle amende
pour cet objeto


Les Allemands les plus riches, et d'autres ha-
bitan~ phila~tropes d~'J'~ta~ d~ ,Pe~ylvanie, en
maintenant. le port de· :Philadelphie ouvert aux
indigens du éontinent européen, se sont appli-
qués a soumettre ce commerce (car l'exportation
des émigralls est réelIement devenue un objet
de commerce en HolIande) a des reglemens pro-
pres a garantir le territoire pensylvanien. d'un
déluge de mendians, et les pauvres émigrans
d'un manque de foi de la part des marchands
auxquels ils confient leur vie et leur liberté. Les.
navires employés el ceUe traite sont principal e-




( 261 ),


lnent hollandais; lnais le triste état dn com-
merce l'a étendue ;, .. des navires de presque toutes
les nations, de l' Angleterre, de '1' Amérique, et
meme des ports de la Baltique. On tronva par
conséquent assez difficile de placer des navires
étrangers sons la juridiction des lois de I'État.
Les premiers reglemens furent dans quelques,
cas si scandaleusement éludés, que le gouver-
nement national prit cet objet en considération,
et rendit une loi qu'il étendit a tous les ports
de l'Union et qui s'est trouvée efficace. En con-
séquence de cette.loi, la' traite des émigrans est
soumise actuellement a la juridiction du' congres
américain, et l'État de Pensylvanie nomm~ des
employés pour s'assurer que les contrats passes
entre les émigrans et les capitaines de na-
vires sont fidé\ement exécutés., Tout capitaine
est obligé d'entretenir ses émigrans ou réde'mp-
tionnaires( 1 ), pendant un mois, él partir du jour
de leur arrivée dans le port; mais iI peut ajou-
ter le montant de cet entretien él celui fixé par
la loi pour frais de passage. Cette dette con-
tractée en Hollande s'acqnitte selon les facultés de


( 1) Les émigrans sont ainsi nommés, a cause de la né-
cessité oh la plupart sont de se raeheter, comme on le
'voit par ce qui suit.


(Note du traductell,r.)




( 262 )


l'émigrant. S'il a assez d'argent, pour payer son
passage et celui de sa famille , iI l'emploie a
cet o.bjet : mais cela arrive rarement; quelque-
fois il pai~ UD tiers de la deUe, et iI s' engage
envers le capitaine a' travaiUer pendant un tem ps
suffisant pour acquiUer le -¡'este, en stipulant
que celui-ci peut céder 'ses droits a uncito.yen
résidant en Pensylvanie : le plus' souvent fémi-
grant paie toute la dette en cngageant ainsi sa
liberté. Á son arrivée ici, les lois le protégent
efficacement contre les conséquences qui pour-
raíent résulter de son igno.rance o.U de son im-
prndence : ii ne peut, o.u plutót lecapitaine ne
peut pour lui, engager, dans aucun cas, sa per-
sonne pour un terme plus long que quatre ans;
et il ne saurait, sans son .con~entement, etre
emmené. au-delades-limites·,deó fÉtat de Pen-
sylv.anie. Le gouvernement de cet Etat nomme et
salarie un employé qui passe en revue lesrédemp-
tionnaires el mesure qu'ilsarrivent, et qui prend
connalssance ett'end comp.te des arrangemens faits
pSll' les:ca;pitaines qui les ont amenés et les personnes
qui.aOhetent le-q.rs·:services. Les acheteurs doivent
se charger de toute la farniije , pere , lnere et enfans,
a moins que les rédemptionnaires em - memes
ne consentent a ce qu'il en soit autrement; les
maitres sont aussi obligés par la loi de pour-




( 263 )
voir a l'habillement et a l'instruction des enfans.
Il y a quelques dispositions d'une moindre im-
portan ce que je ne connais pas parfaitement.
Vous voyez qu'if n'est pas peu dispelldieux
d' employer des rédemptionnaires; aureste ,
cela présente moins de risques qu'on' ne le croi-
rait , les paysans suisses et allemands élant
pour la plupart simples, honnetes, lahorieux et
tres au fait des travaux de la ferme el de la:
laiterie. Ce mode d'arrangemens est si avanta-
geuxa ces émigrans que ceux qui eUS5ent pu
payer leur passage en' attgent' se louent ordi-
nairement pour une c6upled'années a 'quelque
famiIle américaine, au milieu de laquelle ilspeu-
vent se familiariser avec le langage et les moours
de leur rtouvelle patrie. J'en ai vu plusieurs exem.-
pIes en Pensy lvanie' 'et 'méme ,dftDS' les · états, :de
New-York et de N.ew-Jersey, ou lesémigráns
avaient consentí de passer. A l'expiration de Ieur
engagement, les rédemptionnaires sont souvent
pris a gages par leurs maitres; et alors, s'il~ sont
économes et ont dé l' émulation, ils peuvent avec
le temps amasser de quoi acheter quelques acres
de terre et se faire une ferme.


On ne saurait cel'tainement s'attendrea voir la
nation américaine souffrir que son pays deviennc
un lazaret pour tous les indigens de l'Europe,




( 264 )
qui; outre leurpauvreté, n'apportent que trop
souvent ses accessoires, l'indolence et le vice. Les
états qui, par des regIemens semblables a ceux


, dont j'ai parlé pour l'état de New-York, ferment
la porte aux émigrans, agi~sent probablement
avec sagesse. Cet état, apres tout, en re<;oit beau-
coup plus qu'iI ne voudrait, par la voie du Ca-
nada; et ses habitans sont sujets a assez d'embarras
et de dépenses pour Ieur en tretien. On croit gé-
néraIement en Europe que l' Amérique trouve an-
tant d'avantage a recevoir l'excédant de la popn-
la:tion de cette partie dumonde, qu'elle en a a la
perdre. La chose serait assez plausible si l' excé-
dant de la population de tous les pays n'en était
pas généralement la lie. Toutefois on n'a pas a
faire aux émigrans des états du centre de l'Eu-
rope les memesreproches qu~ont mérités parfois
ceux"qui déborderent de la France et des Hes
Britanniques. Les pauvres gens qui ahandonnent
la Suisse et l' Allemagne sont de simples lahou-
reurs, d~ign(}rans paysans, qui icise livrent tran-
quillement aux travaux qu'ilS" avaient été forcés
d'abandonnef en Europe, et deviennent tout d'un
coup des citoyens paisibles et laborieux. Leurs
préjugés, quels qu'ils puissent etre, sont tout-a-
fait innocens; etlquant a des vices décidés, ils n' en
out généralement aucun. Les pauvres émigrans




( 26-'> )
anglais n'apportent que trop souvent ici l'air ca-
pable et les mreurs corrompues de la populatioll
des villes manufacturieres et des grands ports de
mer; ils sont trop ignorans pour pouvoir. appré-


, cier les avalltages qu'offrece _pays, et trop savaus
pour vouloir apprendre. quelque chose. (1) : mais
en leur supposant me me de bonnes mreurs, ce
qui est rare 1 ils ne sont pas propres' au genre de
travail qu'ils peuvent obtenir ici. L' Anglais, en gé-
néral, ne saitfaire qu'une chose,et l'Irland~is, trop
souvent, ne sait rien faire. J e les ai vus, dans plu-
sieurs circonstances, employéspar pure ch~ité,
et leurs femmes et leurs enfansentr.etenus a rien
faire, pendant des semaines et des mois entiers,
aux dépens de quelque fermier ou country-gentle-
mano Mais la hienfaisauce doit avoÍr des bornes;
et les souverains de l'Europe ne~eraient guere_
fondés a se plai ndre, si la république arr~tai~XiJp­
portation de leur turbulente populace et des men-
dians qui leur sont si a charge. Le fait est qu'il n'y


(1) Les hahitans du pays de Galles font exception a .
cette regle: leurs m~urs se trouvent avoir heaucoup de
ressemblance avec celles des paysans allemands, e~, par
conséquent, leur servicc est égaleme!lt apprécié en Pen-
sylvanie. Des cargaisons de rédemptionnail'es welches ar-
rivcnt souvent dans la Delaware. .




( 266 )
a de bonne acquisition pour ce continent que tes
hommes qui sont une perte' ponr l'autre, et il est
malheureusement vrai que chaque navire qui entre
dans les ports américains y amene quelques émi-
grans de ce caractere. Le patriote anglais doit sen-
iir son creu!' se serrer quand iI fait cette réflexion.
00. sera la force de sa nation quand ellene se
composera plus que de gens gorgés de. richesses et
de misérables affalnés? Les vaches grasses et' les
vaches maigres de Pharaon, qui se dévorerent les
unes les 'alltres , offrent une allégorie hien vraie!


Avant de cesser de· parler des émigrans alle-
mands, je dois, par un sentiment de justice en:'"
vers la bienfaisante population de Philadelphie,
dire quelques mots d'un livre qui a acquis de la
considération par l'importance de ses commenta-
teurs. n n' était· peut...eW€fpaS- ipossible aU1 rédac~
teurs~ul1 journal tres répandu en Angleterre ( 1)
de découvrir la fausseté des assertions du voya-
geurdont ils analysaientl'ouvrage; mais, avantde
les confirmer par leurs propresassertions, il était
naturel de supposer qu'ils auraient pris la peine


(1) Le Quarterly-Repiew., ouvrage périodique, écrit
sous l'influence ministérielle, et dont les principaux. rédac-
teurs occupent des pIaces du gouvernement.


(Note du traducteu.I'.)




( 26; )
d'examiner attentivement le sujet sur lequel ils
voulaient écrire. C'est une chose vraiment affii- .
geanteque de voir les ver tus d'une population
défigurées au point de deveni~ .un sujet de blame
et de calomnie. Que Philadelphie, qui a été assez
humaine pour ouvrir son port aux infortunés qui
meurent de faim en Europe, quand les autres
états ont fermé les ]eurs, .soit spécialement choisie
pour objet de diffamation, la. chose n'est pas
moins étrange que révoltante (1).


M. F earona donné sur un navirequ'il trouva
dans ce port (celui de Pbiladelphie) , des détails
que leurapparent-e' minutie rendait propres a
obtenir une pleine croyance. Il a persuadé au
puhlic añglais que le Buhona ~ qu'il dit avoir vi-
sité, et qu'il décrit cornme encombré de mal-
he1ireux aUeman.ds:, était un navire américa in ,
cornmandé par un Américain, el appartenant a
des Américains. Je suis faché~ de le dire, mais
le Bubona était un hrick anglais da port de


. Sunderland, cOffimandéet manreuvré palO des
Anglais, et ayant des Anglais pour propriét-aires.


( 1) I¡es rJdemptionnaires abordent aussi a Baltimore.
le crOii que les reglemens de ce port, en ce qui con-
cerne les émigraus, diff'ercllt peu de ceux· de Phila.,.,
oelphÚi\




( 268 )
C'était en outre un de c~s navires qui, par
la raison que les lois de la Pensylvanie ne pou-
vaient les frapper, obligerent de recourir au
con gres national, et provoquerent ces lois effica-
ces dont j'ai parlé plus haute Je" vous prie de
communiquer ces explications a votre ami ***,
qui jugera d'apres cet échantillon jusqu'a que}
point les esquisses de M. ¡¡'earon ont été tracées
avec exactitude. Les navires employés a ce gen re
de eornmerce (qui , 10in de mériter le noro d'in-
fáme 'que lui donne le journaliste, est, dans
son principe comme dans ses résultats, essen-
tiellement humain) sont, aihsi que je l'ai déja
dit, prineipalement hollandais, et non pas an-
glais, eorome l'exemple du Raóona, s'il el:'It
été correcternent cité ,par M. Fearon, aurait pu
le faire croire; ni alÚéripa~llS'.,.·oomme le déelate
le journaliste.


La plus légere connaissance des regIemens
séveres auxquels sont soumis I les navires amé-
ricaills et leurs capitairies aurait épargné une •
grande partie des faux exposés qui ont paru
dans les voyages et les journaux anglais. Ces
reglemens, soigneusement exécutés, ont élevé la
réputation des marchands américains dans toute
l'EUf()pe, et rendu la loi adoptée par le cou-
gres national, rnoins nécessaire a l'égard de




( 269 )
leurs propres vaisseaux qn'cnvers ceux des autres
nati<;lns (1). . . . .


En revenant ici, nous nous inform~mles de
Joseph Bonaparte, et' nous apprimes qu'il était
sur le poiut, d'acheter ou de louer une luaison
sur la Delaware, a environ dix mille au-dessous
des ruines de son ancienne résidence. Ce VOl-


( 1) Les renseignemens donnés dans le texte furent en
premier lieu communiquésa 'l'auteur 'par un Anglais
qui avait long-temps habité Philadelphie; elle en obtint
ensuite la confirmation de différentes manieres également
authentiques. Le lecteur les trouvera plus detaillés dans
le dix~huitieme article du vingt-septieme numéro et dans
le premier article du vingt-huitieme numéro du Nortlr,
American ReJ!iew.Afin que'le journaliste anglais dont
l'auteur a parlé dans le texte soit pleinement convaÍncu
de l'exactitude de ses assertions, elle extrait du journal
de Boston l'attestation d'un. noble Allemand envoyé en
Amérique par le ministre plénipotentiaire du roí des
Pays~Bas it la diCte germanique, pour ta.cher d'ohtenir
qu'on re~ut davantage d'émigrans allemands en Pensyl-
vanie , et pour examinet leur condition dans ce pays. Dans.
la meme,année et le me me mois ou M. Fearon écrivit le
passage qui concerne les navires employés a ce commerce,
l'envoyé allemaml écrivait ce qui suit. « Ce sont ordinai-
rement des nayires holland¡\is , et parfois des américains,




( 2';0 )


sinage lui est derenu cher par la conJuite amicale
des hahitans enyers lui a l'occasion de son der-
nier malheur. Vous avez probablement lu dans
les journaux, s~ je ne vous l'ai pas écrit, que
la rnaison ou nous le visit~mes l'été· dernier a
été consumée de fond en combIe. Ses Canovas
furent pour la plupart sauvés, car il n'y en
eut que trois de détruits, mais c'étaient trois des
plus précieux; on 'sauva également ses tableaux
et une grande partie de ses livrcs: néanmoins
la perte a été considérable; et, s'il est vrai
qu'elle comprend queIques papiers de famille
d'une grand~ importance, elle est peut-etre irré-
!)arable. Le cornte de Survilliers, revenantde
Philadelphie, arriva chez lui an moment Olt le
toit s'écroulait. TOllS les hahitans du voisinage


eles suédois, des russes et des anglais qui transportent les
émigrans en Amérique. Les navires employés a ce 5cr-
vice sont communément mauvais, vieux et peu capables
de tenir .la mer, et leurs ~apitaines sont des hOlllmes igno-
rans, inexpérimentés et brutaux. Les navires américains
sont les meilleurs , et méritent la préférence sur·les autres ;
ils marchent mieux, le traitemétlt des émigrans y est
meilleur, -et la responsabilité des capitaines plus grande.»
Ceci explique comment l~ loi rendue par le con gres était
dirigée plutót contrc les navires étrangers que contre les
1Jiltimens américains.




( 27 1 )
~taient rassemblés, et hommes et femmes s'ef-
for<;ai.ent, au péril de leur vie, a sauver ses effets;
il fut obligé de les rappeler et meme· de les
arracher de force. du foyer de l'incendie. Il pa-
rait avoir été un peu étonné de l'honneteté de
ses voisins; et j'ai OUt dire que, de leur coté,
ceux-ci ne furent pas moins étonnés de son éton-
nement. Il est possible que sa lettre de remer-
cimens n'ait pas paru dans vos journaux ; (1) en
tout cas je vous l'envoie dans ce paquet.
Lettre du cornte deSurvilliers (Joseph Bonaparte)


au sujet de l.Jincendie' de sa maison; adres-
~ée d William Snowdon, juge de paix ti
Bordentown.


Point-Brecze, 8 janvier 18:30.


MQNSIEUR, vous lll'aVeZ témoigné tant d'intéret
depuis que je suis dans ce pays" et particu-
lierement depuis l'événement du 4 de ce mois,
que je ne puis douter que vous trouviez du


(1) Cette lettre a été insérée dans les journaux anglais ;
mais nous ne nous souvenons pas de l'avoir vue 'reproduite
par les feuilles fran9uises. D'apres sa date, elle a dA ar-
river en France vers l'époque ou la censure veDait d'etre
étahlie; et, dans ce cas, il serait possihle qu'on en eút
défendu l'iusertion. ( Note du traducteur)


j~
'i
. .,.


,,~


~




( 2T:A )


plaisir él faire connaitre a vos concitoyens com-
bien jesuis sen'sibIe a toutee ~u'ils ont fait
pour moi dans eette occasion. ;J'étais absent de
ma maison; ils se rassemhlerent par un mou-·
vement spontané, a la premiere apparence de
l'incendie, qu'ils combattirent avec courage et
persévérance; et quand ils virent qu'il était im-
possible de l'éteindre, ils s'efforcerent de sauver
tont ce que, les flammes n'avaient. pas détruit
avant ·Ieur arrivée et la mienne.


Meubles, statnes, tableaux, argent, vaisselle,
hijo{¡x, linge, li~res',' en un mot tout .ce qui.
ne fut pas consumé a ~té fidelement remis entre
les mains des gens de roa maison. Dans la ~uit
de l'incendie, et le lendemain, iI m'a été rap-
porté par des ouvriets, des tiroirs Otl j'ai re~
trouvé, s::ms qq.'ily; manq\lat J~'moindreehose,
désij)iecé~dé~' ihoÍln'~ie:; ! a~s ~'inédailles' d' or , et


:f.· .. _' __ .. 1 •


des' bijoux précieux qui eussent pu etre pris
impunément. Cet évenement m'a prouvé com-
bien les hahitans de Bordentown apprécient
l'intéret que je leür' ai toujours porté, et fait
voir 'qu'en généralles hommes sont hons lors-
qu'ils ne sont pas p~rvertis dans leur' jeunesse
par une mauvaise éducation" 10rsqu'iLs main-
tienIÍent lenr dignité d'hommes, t!f sentent que la
vraie grandeur est dans l'ame~et dépend de nous.




( 273 )
J ene dois pus oublie~, dan s cette occasion, deré·


péter ce que j'ai dit si souvent, que les Aluéri-
. cains sont le peuple le plus heureux que j' aie
connu; bien plus heureux encore s'ils con<;oivent
tout Ieur bonheur.


Agréez, je vous prie, l'assurance ·de ma 8ince~e
estime.


Votre, etc.
JOSEPH, comte de SURVII.LlERS.


Pendant que j'écrivais', notre hatiment mar ...
chait et faisaitplusieurs milles en descendant la .
Delaware. Nous avons été passablement seco.ués;
le vent s' est élevé tout d'un coup et maiIite~abt
souffie en ouragan; nous aurons probahlell!ent Un
lllauvais passage. Il faut que je monte sur le pont
et que ie voie qu~ls 80nt les autr~s passagers. Je
viens d'entrevoir a la porte de la cabin~ ~ne~gure
qui avait bien l'air anglais, et j'entellds actuélle-
ment sur l'escalier' une phrase prononcée avec
l'accent du Lancashire, ce qui prouve que je suis
physionomiste. Il y a aussi une mante grise' qui
ne me seluble pas a la mode dans ce pays. A pro-
pos de eette nlante, jedois expri~er,la peine.que
me fait éprouver le trop fréquent déficit d'un sem-
J)lable article dan s la garde-robe d'une.dame amé-
ricaine. En vérité, j'ai sent.i mes dents daquer


2.




( 274 )
chaque fois que j'ai vu, dans les rues de New-
y or~, au lnois de janvier, et, quand le mercu~e
n'était qu'a quelques degré~ au-dessus de zéro ((),
<les troupes de jeunes 'femmes sous un cóstume
qui eut pu c~nvenir a Euphrósine dans les beaux:
jours de mai : ces délitates créatures n'avaient
pas de fourrures, pas de ~ottines, ni de has drá-
pés, ni meme. de. vetemens de Jaine; mais de ,la
soie , . des plumes et de petits souliers; et elles
semblaientaussi gaies que le eiel qui brillait au-
dessus de Ieur tete ou que la neige' éblouissante
qu' elles foulaien t d'un' pied léger. Mais iI résulte
tleseonséqu~nees sérieuses de se ·joner ainsi de
la jeunesse et de la santé; et l'abondance des "con-
somptions prouve le danger et la folie de ce sa-
erifice de la commodité él l'élégance. C'est, acoup
sUr,\un~ choSe cruelle qu~·d'enterrer ~ne jolie
jambe dans une bouine fourrée ou dans un has


\ <lrapé, et une helle poitrine et une tailIe délicate
sous une redingole a triple collet; mais j'en
appelle au hon sens de mes belles amies de ce


(1) Ceci se' rapporte au therm6metre Fahrenheit «out
le point zér~c~rrespOritÍ a quatorze degrés de fr~id, se-
Ion Réaumur. Ainsi l'auteurentend parler d'un froid de
dix a douze degréi de notre thermometre.


(Note du traducteul'J




(275 J
pays; n'est-il pas plus cruel encore_=retre percllls
de rhumatismes, tour menté du mal de dents, ou
en levé de ce monde a la fleur de la jeunesse par
une maladie Jongue et douloureuse? Je voudrais
que Frankün. véwten~e;;poor !eur'; fuire sentir
la folie de sacrifier la: santé et la vie sur l'autel de
la mode.llleur en dirait plus dans une joliefable
d'uJ,le dizaine ,.;le vers, qu'un verbeux lIlpr~~t~
(JU, un sa v(int ,méde9ir,t d~-9-s un~ diss~rtation.~ de
mille pages. Mais écouteraient-elles ~~.v~~~ ,;~~ge
plus qu'elles ne m'écoutent? Il' faut -que lajen-
nesse achete son elpérience; et la sagesse do"nos
peres r.e&te;.or.~~~meDt, sur la-plUlChe· -jusqu' a
~e que nous ayons donné sur tousles éeueilsd~t
cHe 110U8 aurait préservés.


. ,


. . 18 ..






LETTRE XXVII.


Baltimore. - La jievre jaune ti Fells-Point.
-Aspect g¿néral de la ville.-Remarques
diverses.


:Baltimore, avril r8~o.


N OTRE bateau a vapeur toncha le quai de cette
ville entre deux et trois heures du matin , mais si
doucement,' qup ,·sans,lellmüt. de la macll~lle qui
eessa'tout ~'tmOOllp, nous ne nous en fussions
pas doutés. En montant sur le pont, un peu avant
le lever du soleiI,. nous rec;umes les derni.eres
gouttes d'uneondée de printempsque nous avions
entendl,le pendant'quelque temps toIQher a~;-;9.es­
sus de nos. tetes, et qui DQUS avait fa~t' craindre'
une vilaine fin de voyage : mais plu~ la guerre est
terrible, plus tot vient la paix, dit un proverhe
vulgaire que vous me blamerez peut-etre de citer;
et unnuagequi, dans notre Uebrumeuse, met une




( ~77 )
semaine ou un mois a se fondre, le fait ici en
quelques minutes. J'ai vu pleuvoir dans ce pays,
et j'ai meme re<;u la pluie sur mes épaules, quand
elle tombait avec une telle abondance, qu'on eut
'dit qu'une trombevenait de Crever. Dans ces oc.,..
casions, iI faut voir quel mouvement se donnent
les pauvres diables exposés a l'inclémence du li-
quide élément : le cavalier sime son cheval, qui,
de son coté, semhle ne pas attendre le signal de
son maltre pour redoubler de vitesse" tandis que
le piéton prend ses jambes a son cou et se ,met a
courir comme s'il avait la mort a ses trousses.
J'ai souvent comparé ,en idée une sccne de ce
genre avec celle que présente une rue ou bien llD:e
grande route en Angleterre , quand ,le ciel
pleure, du soleil levant au soleil couchant. La le
tranquille passant.,~vec /Son cha,~au 'rabiltt\Jj, ,sa
redingote boutollnée jusqu' en haut, (tt) ;,~li.:~
'rapluie tont dégonttant d'eaut)isuit, son, chemin
d'un pas mesuré, et avec un visage annon-;ant
qu'iI est tout-a-fait résigné, et qu'il n'atte~d de
compassion ni des élémens ni de ses semblable~


Cette ville est singulierement propreet jolie ;
je dirai meme qu'elle est belle. Il est possible qu'a
l'instant ou je l'ai regardée pour la premiere fois,
elle dút un peu de sa beanté a l'heure, a la saison
et a la donec ondée de printemps qui venait de


.:;~




( 278 )
táinber; maisqu~ne chose, dails ]emo6.d~, ne
doit pas aU tcmps et ~'la ci~constance une partie
de ce qni la distingue en bien ou en IÍlal? NOtlS
sortimes de nutre cabine des I'aube du jour et
nous no~s"' prómén~nies périda"nt quelque " teIllpS
sur le pont spacieux de notrc" supérbe "bateau a
'V~peur, afio de jouir dé la scene qUi sé" éléployait
aútour de nous, et du niome~t qui l~i:' pt~tait
tant de charmes. Tout était encore silencieux dans
Iá ville : c'étiit le sileÍlce des foretsno~" eúéoté
expléiréés de I'Ouest ; le briiit :rueme d~'ún pas soli-
iaÍre ne se faisaii entendre ni Sur les quais', ni
'dans les rues qui vénalenf y abotitir; on ne
voyait pas une figlire IiurnaiÍle stlr le' pont ni daos
""le grémeIit des navires qtli nous entouraient; l'ait
enfin sernblait dormir. et les eaux de la petite
baie fbrtit~~ ~ti¡' ;tití .~iirdH~~~eiit . de la' ttve dh
'Po'tdpsco " étáierit irilnlObiles conlme les Dlasses
;de vap~ufs épaisses qui plariaient arl-desslls d'el1es.
Il y a quelque cbose de singttliererrietlt iiripressif
:dans cette absence de s~n et de m(H~veiri~nt ,dans
'eette espece de trldrt an" sein des' demeures . hu··
maihes. Des milliers d'individus reposent; leurs


"esperances, lenrs craintes, leurs peineS ~t leurs
afubitions, tout est noyé dan8 l'oubli; i1s ne pré-
voient pas et né l'edoutent "point les obstacles, les
contrariétés, les peines et les fat.igues que le jOUl'




( .179 )
gros d'évéue~ens, va leur appol't.el'., S'il est un
iI~stant ou ron se sente plus qu'eo tout autre
disposé a moraliser sur le destio et la condition
de l'hornme, c'est le point du jour. Le silence
de la terre et du ciel paralt plus pl~ofond encore
qu'au rnilieu de la nuit, surtout quand l'esprit
le compare avec le tumulte et le nlOuvement de
la vie qui vont sitot lui succéder. Au seiú meme
de l~ morne· soJitude des forets américaines, j'ai
ressenti tout le calme de' cet instant : le so~brc
f~1.,lillage lQ'a paru plus. immobile, les eaux m'o~t
semblé dormir plus profoI,ldément, les br~iliI­
Jards planer plus de~ses" ,le travail 4~ la nature .
~tre inte.rrompu, son mil maternel ferm,é et son
_pouls arrcté' ( 1 ).


La pointe avancée qui forme un des coté~
d,u port ou nou~ ~t~?AS ~marr~s, e~ qui est
'bordée 'dequais, fut le slége 'de;I'~pidénÍie 40nl:
on a 'publié, l'autoIDne dernier; de~ rel~iionsJi
'errl'ayantes et si exágérées;' cepei~dant le mal,


(]) N ous avons déja eu occa~ion de réclamer l:indul-
gence des lecteurs pour des figures de ce genre; nous les
prions encore de se rappeler que nous ne faisons que tra-
duire , sans prétendre donner a certains passages toute la
he~uté qu'il~ ont dans la langue origin'ále, et qui' tient
_ ~1U génie parltculier de celle langue.


( Note du traducteul'.)




( 280 )


quoiquc moindrc q~l'on, n,e¡l'a dit, élait sufli-
samment alal~mant. .Qu~nd on considere le carac-
tere ,de malignité de la maladie, l'agrandissement
successif du thé~tre ,de ses ravages, son invasion
subite, la rapidité d~ sés 'progr~s,'l'aspect dégou.;.
tant qu'ellc présentc dans son dernier période,
et qui rend la malheureuse victime de sa furenr
un objet de dégoút Ineme pour les yeux de
l'affection ;mais par~dessus tout l'incertitude qui,
excepté d~ns certains districts ( 1) , a existé sur les
causes de son apparition et la manrere dont ses


. progres p~uvaient etre ár~etés, on con<;oit' pal"-
faitement la terreur que son nom seul excite
dans les villes qui n'ont été visitées par ce fléau
qu'a de longs intervalles, et oú ~la tradítion
transmet sousdes coul~urs de plus en plus ef-
frayaIl,1.e<~ ll,~, ,l}~i:p.t~r~, de;' ~és.i ~Iicren's'ravuges ' et
des' hQrr~\lfS qui 'les accompagnerent.


Bien que, dans cette ville, le théatre de la
. co~tagion ait été plus étendu qu'a Ne\v-York.
,ses l~mites fu~ent également marquées. Il aurait


(1) Quelques districts des états du Sud cOl;lfinant a
l' Atlantique, ou la maladie régnant plus ou moins con ti-
nuellement, sa nature est mieux connue ,l'imagination
plus familiarisée avec ses terreurs, et les eonstitutions
plus a l'épreuve de ses funestes effets.




( 281 )


été possible de tirer une ligne en-dega de b-
quelle on eut pu delneurer impunément, et an-
dela de laquelle on devaittrouver la mort. Si cette
ligne avait été tracée, surtotit a la premiere appari-
tion de la mala(iie, sans~ui donner ~e temps
d'étendre son dómaine (car l'ail' infecté se ré-
pandant. successivement~ la ou l'on p0uvait respi-
rer sans danger un jour, le lendemain on respirait
le venin), et si les' habitan s malades ou bien
portans eussent été éloignés du théatre de la
contagion, comme je vous ai écrit qu'on le fit
a New-York avec un· plein succes, la maladíe
flit morte a sa naissance, an lieu de se répandre
cornme elle ]e fit jusqu'a ce que le froid vint
la tuero L'erreur qui s'accrédita ici, cornme a
Boston, savoi,', que la maladie avait été apportée
par un navirev:enu du Sud, empec1~a qu' on ne
prit cette préc~ut~on ;et' qu;on ri'applfqúatiiui(:un


. remede a la véritable cause du . mal.Cette; cause
cependant était si apparente qu'il n'y avait que
l'entetement aveclequel on s'attache a un systeme
favori qui put aveugler sur son existence (1 )~te


( 1) On trouve dans le vingt-septieme numéro du North
American Review quelques détails curieux sur la fievre
épidémique qui se manifesta a Boston, Ncw-York et Bal-·
timore , pendant l' automnc de 1819.




( 282 )
foyer d~ la 'maladie fut ¡ei, conlme a New-York,.
.Les eaux stagnantes. d~s ports oú les : h~bitaI?-s. du
voisinageavaieQ.tl'ha.bitu~~ de jeter les ordures
de leur cuisine et d'autres immondices. Les cha·


. . . " . ~ . ~


1eurs iqtenses ~t, ex.traprdin~i.r;e,ment prolongées
de l?été. ne pouvaieI,l,t lJlll.Qquer d:~n. faire des
réservoirs de putridité. D'un autre coté "les quais.
et beancoup demaisons adjacentes avaient été.
hatis sur un sol artificiel que l'eau nlinait et dont
elle faisait un, dQaqlle propre a n.oun:ir la con-
tagion sinon 'a eequ'elle.y prit ~aissance. IL
faut espérer que la_ pos~ibilité d'Ul\e exploslon
spontanée de l~ malé:\die est ~uffisaln~ent éta-
hlie· ponr ne laisser aueun do:ute dallS l'espri~
des habitans des vi11es septentrionales sur l'im-
périeuse nécessité d'une propreté ~xtreme, qui
t)eut seule prévenir l'~PP~F¡t.iQ~.de l~ flC':' re. }~~I,le,
dans .le cas Qq les chaleurs au~ai.ent une inten-
sité el tIne durée e~traordinaires. C~ ,qui sous un
climat tempéré pourrait passer pour de la rni-
nutie dans ce gen re, doit suffire a. pein~ pour
maintenir l'atmospher~ pure. dalls l~s q~~rt.i_ers
has et populeux. de :villes exposées a' un 80-
leil qui éleve le ~ercure jusqu' él 90° et . plus (1) ,


(1) Selon Fahrenheit,c'cst-a-dire vingt-siK degrés et plu.s
du thermometre de .lléaumur. ( Note ,du tradllctellr.)




( 283 )
pendant 'nombre de jours'dc suite. Tandis que
l'air infecté se répandait a Fells-Point et ,dans les
rues basses qni 'l'avoisinent, les parties hautes
de la ville étaient parfaitelnent saines, quoi-
qu'on y transportat,des malad,es, la mala die ne
8'y déc1ara pas, et; apres que la premiere, frayeur
fut calmée, on ne l'y appréhen~a meme, pas
beaucoup.


Nous avons trouvé l'été dans ~ette ville. Qualld
nous quittfimes New-York, quoique le gazon eut
l'epris tout d,'nn ,coup sa brillante verdu~e, ii
n'y avait pas encore la ~indre ~pparence de
feuille~, excepté aux,arbresles. plu~ préGoces" dont
lesbourgeons étilient pres des'ouvrir.' ~APhi­
ladelphie je remarquai quelques taches vertes sur
les branches ; mais ici iI me sembIa'qüe je débar-
quais dans t1ll pays ~enchanté: En quittant le na-
vire, nous entrames dans :bn~ rueJargeet: própre,
bordée dé peupliers odorans',dont les jeunes
feuilles, sur lesquelles brillaient encore des goutt€S
de plttie "parfumaient l'air. Nous nous avan~ames -
dallS la ville avec nosnouveaux cómpagnons. . •
mais, a propos, vous ,ne savez pa~ qu~ ils sont.
Je vous ai parlé dans ma. derniere lettre d'unc
figure anglaise et d'une ntantegrise; cela ne
premettait pas beaucoup. Quant a la premiere,
faites exception de ceHe que' je veux dire el de


, I




( 284 )
quelqucs autrés que vous connaissez, mats ,qn}
ont été assez' long":'temps' exposées au soleil brú-
lant de l' Améríque 'pour 'avoilo presque perdu
leur caractt~re natif; excepte/z-Ies donc, et'j'avoue ...
raí, d-tlt cetaveu deplaite'C a mes compatriotes,
que l'aspect d'une' figure anglaise m'a rarement


- causé beaucoup de satisfaction de ce colé de l' At-
lantique~ Voltaire a peint un mylord en voyage.
Le portrait qu'il en a fait pourrait convenir icÍ a
plus d'un mister (J) et a plusieurs lords aussij car
quelques faces nobles se sontfait ~oir par-ci par-
Ia 'dans ce pays de simples; citoyens; et toutes ne
ressernblaient pas '3, celle du modeste, poli et
éclairé SelkÍrk. Si j' étais disposée a jouer sur les
luots, je dirais que le peuple 'anglais est aussi mal
représenté ¡cÍ qu'eu Angleterre. Les voyageurs
q~, le plp~ordí~aire'ffieftt~font a' cette térre' ré-
pri1li¿¿iii~¡tríóni{éur3lt,y j pd~~r lé pied, sont des
'é~háppés'dllCatiada, qui, en outre, de Ieurs aIlées
et venues de ce pays en Eurape, et vice versá,
par la voie de New-York (cornme étant un port
plus commódéque Móntr~álotlQuebec), 'cóndes-
cendent quelquefols jusqu'a venir s'ennuyer ,pen-
dant un ou 'deu~ mois de l' été , a examiner quelques
parties de c~tte grande fourmi1ierede présomptueux


(1) Monsieur.




( 285 )
démocrates placée au midi de ]eur pays , par-
c01;lrent quelques villes américaines, satis regarder
ni a droite ni agauche, et prennent la main que
lenr tendent les citoyel1s de ces républiques, afin
de pouvoir a loisir, et .qiu~nd, l',?cca~ion s'en pré-
sentera, tourner ,~n Jidic~~e 'les < m.~ni~res et ca-
lomnier le caI'acter~ dq peuple dont ils ont re~tJ.
l'ho~pital~té. Comment des hornmes peuvent-ils
respirer rair de eette terre de liberté, dont les ri-
vages sacrés sont en vue des leurs, sans respirer
en meme temps ,qu~lques pareelles de l' esprit
d'indépendance? <C~)lrim~p~ ,pellve'nt~i1s . v<?ir Ce
pays, . eonte~pl,er .le t~ble~u ~~j.ol]~~~~~~ ,de, ~
pl'ospérité'l ses ~pq.r,gs( ,.~t l3es yiijes }l~l ,~emh~~nt
sortir eomme par enchantement du seiÍl de la
terre, sa population active et industrieuse se ré-
p~ng.ap.t ~~r,v.~ ~Rt;;~9:\~:R8S?~,~:~t¡4'~~~~: i~épui­
sable fertilité, et portant,au i~~lB-:t~' f~~~~;t~¡j1¡ls-


,qu'alors visités seulement par le sauvage -et, sit
proie, les arts de la paix, les lumieres de la sClenee?
toutes les riehesses et tous les bienfaits de la
ciyilisation; c~mm~nt" di~-je ,p~uv~~lt~i~~, eon-
teJl}.pler~<e speetacle aussi nouv~,ap; <¡ll~, ,~~g!l.¡:­
fique, sans sentir leur ereur s' épa;t;l~uit, . de joie,
d'orgueil et de sympathie? Et pourt,~n,~ 'J;lO~ com ...
patriotes iront souve~t du Dan au Beersheba de
ecHe république, .fcrmant leur ereur a toutsenti·


. .




( 286 )
lnent généreux, el leur esprit a toute conviction1
n'éprouvant et par conséquellt ne faisant' éprou-
ver que des dés~grémens; et ils retourneront dans
la tetre .de leurs aleux. pour cal~mllier, SOtIS.le
nom :des Etats.; U nis, le nom sqcré de la liberté ~
étsons :celui de Ieur peupl~', les 'vertus publiques
et . le bonheur privé. Mais quel sin~Lier- exorde
pour arriver a la figure anglaise et· illamante
grise! ie ne connais a ceux qui les portentrien de
conluitm 'avec' les voyage1lrs dont je viens dé
parle~; Les choses, aU'reste,'s'associent aussi sau.!..
vent 'daos natre esprit par contr~ste que par res';'
semblance, et e' est le cas ausujet ae la figure anglaise
et de la mante gris e avec qui je vais vous faire faire
connaissance, sans plus de préambule.A qui
pensez-vous qu'appartienne' la figure? ~e vous
le donne en mille, etv.Q~Re le -devinerez paso
Voris sbu~eIlez:v~us "d;~~cii~" vu; il' Y a quelque
'vin'gt-six ans, a votre maison de****, un jeune
hornme appelé 'rayIor? Je m'attendais peu a
trouver dans l'étranger f~ais et 'vigoureux, et qui
poftaÍt -ses apnées si légerement que j'hésitais -a
l~i . dó~ner' la cinquantaine, une ancienn~, con-
naissáncé 'de ma plus chere alnie.Ce ne fut qu'a-
pres avoir long-temps causé avec lui et ses com-
pagnans que je fis eette décou\'crte; vous pou-
vez ci'oire qu'elle n'affaiblit pas le líen qu'urlle




( 287 )
'similitude d'opinions sur les sujets que nOU5
avions traités auparávallt avait établi entre nous.
'11 vous seta agréabled'appré~drc, que votre an-
cien árni'a conservé dans l'age· mt\r les sentimens
honorables desa jeunesse : ·ce n'est pas unpetit
mérite; du· nlOins, n'est-il pas commun daos ~a
vieille'Europe, dont les gouvernans manquent si
raretnent de trouver que le patriote peut finir
par se laisser gagner. Ses compagnons sont une
dameet un gentleman du Lincolnshire, dont
la • société nóus procure tatit de plaisir, -que noús
regrettons vivementque la fórtunen'ait pas-été
assezbonne' potir 'llOUS réunirplus' tot.Pendant
notre voyage, en descendarit ''la Delawate, llOUS
filmes trop tourmentés par le vent qui nous souf-
flait avec vioIence dans le visage, pour avoir en-
víe de' faire.la cónversation; mais qlland \Ters le
soir nous changetf~es ,de maniere de voyager, et
nous nous trouvames emprisonnés dans 'une voi-
ture a~ec trois voyageurs anglais, nous com-
menc;ames a examiner leurs figures; leur langage
ne noús déplaisant point, et le natre ne lel)r
déplaisaot peut-etre pas non plus, l'entretien
commen~a.


JI. y a:dans la vie peu d'incidens plusagréa-
bIes que ceux qui, au sein d'une terre étr~ngere,
réunl¡ssetit des voyageurs du lneme pays; c'est-a-




( 288 )
dire quallJ ils ne sont pfls, du genre de Mat!hew
13ramble, de Smelrungtls~(:} ou 'd~*****. Qtian~
nons atteignimes larivi~r~t'd'tlk, l~s Y~rits s'é~
taient endo~nlis, et l'h~u~e\ e't la fatigue d~ notre
voyage selnblai~n{¡;~us' i{ivit~~ a, e~ faire autanti
1uais quand nous nous' l'et~ouvtlll{es·a. hord d\Ín
bateau a vapeur sur le pont (tuql1el'n,o~~ .pou-
vions nous tenir debout sans avoir' ~ 'i1utter


. conlre la troupe furihohd~ des curans d'Eol~';
nOllS ne nous sent¡mesp~s, disposésá rious sc-
pat~r avant d'av()ircomp~.l~e' nos opinions et
échangé beaucoup de póHoO:s sU'r .le·p~ys. Ot~
HOUS venions de nous rellcontrer. A Baltimore,
llOUS ne ftimes pas plus ~ 'disposés a 'nous quiÚer ;
ét cornrne nos COlnpagrlOns allaieht aussi a
Washington, ou ils avaient passé la pltÍs .gra~!~c
p~rt.ie' ,de: 'l'hiyer; nous': ¡}6hs·'i~('f~Iig~~ni.~~ :~;9,qr ~b$$éi!"~~Jl1hfe'; ~i "ill;ú1 '~!mnje~~ilmes par
al~er de ~rolripagnie jeter un coup d'reil rapide
sur la vilIe. .
~~ltil~Ol'e n' offre pas la,preuve la Iooins fra p.


pante des pr?gres' étonnalls et presq~eiÍlcon-


(1) MatthewBrarnble J l'un despersonnag~~ du I'OUlan
<1e Smollett intitulé H urnphry Clinker; Smelfttr¡,gus, pcr-


"1
sOl1lwge du SentimenlalJourney deStcrne.


(Note da tradllC(pur.)
;'lt




( 389 )
~vableS de ce p'dyS. A l'époque de lá révolution,
il y a'quarante-cinq aDs, cette ville, qui contient
aujourd'hui tIne popul~tion de soixante-einc¡
mille ames, et a toute l'apparence d'une hellc
et riehe capitale,' rentermait tout' au plus une
trentaine de rnaisons en charpente, peintes ou
non peintes, et a peu pr~~ autant de huttes en
hois. Si cela ne vous confond pas, cela m'a
presque eonfondue. Les Hollandais ni leurs des-
cendans ll'out point fuit, ici les .fon'ctiC!ns d'in-
génieurs, comnle a New-York, OU, des qu'une
rue ,est projetée, Ol! déharrasSe le s~l de toute
i'¡'égalité'- ',eomme ; s~i;on • voulait -e?DSerVer a. ~a
ville l'air d'avoir ét~ transportée toute faite de
la Hol1ande, ainsi f¡tÍe la santa casa di Loretto
le Cut de JérusalelÍl. Baltimore, au contraire, est
batie sur trois jolles '~~1iin~~ ;f)e~ ru~s;, ~~~~~voi~
la fatigante régularité et la similitude párfaite
qu'offrent celles de Philadelphie, sont également
propres, gaies et agréablelnent ornées d'arhres;
le peuplier, qui, dans la eampagne, blesse non-
seulement la vue, mais encore l'esprit, paree
qu'ilest a la fois dépourvu dé beauté ~t d'uti-
lité, 'produit un singulier effet dans' une ville
ou sa forme architecturale se trouve en haríno-
nie ave e la régularité et la propreté qni regnent
de toutes parts. Je n'entends pas néanmoin~


2.




( 29° )
pl'derer le peuplie\' a de plus BoLles al'Lresqui,
indépenuamment de leu~ ,pllilsgrallde beauté, out
encore l'avautage de la"" forc;e et de la durée ~
et ne 50nt p.a.s ,. <;9unne, <;:elpi-ci l'est fi'équem-
lnent,couverts ,de chenilles., qui ,dépouillent les
branches de lenr feuill<;lge au rnilieu, de l' été ,
et tOI~1bent p~r Jnilliers sur les ,passans. Pour se
~ébarrasser de ces illsectes, les citoyens de New-
y ork out coupé leurs peupliers; rnais j'avoue
qve, nonobsta~t. mon dégm\t:pour les ;ehenilles,
je ne . vis pas tomber ~,\QS r~gret ,un seul de
ces arbres:~ou.p~~l~~, \ ,et, ave~ d'aulant" plus
de raisQ~:q~e j~, 11e . voyais pas de dispositions
prises pour les remplacerpar des arbresde la
foret. J e souhaÍterais que les propriétaires dans
les vi~l~s, fl.Jlléricai~w~! /?tt r:~RPiEtlaM~.nt, 4", c~ : s,uj~t,
cq~w~. ~~~¡~~W "'llt~~e{í~»p~~ ,l\~vi.s .de Franklin,
~ont l'ef'-prit,sag~,;eIl1brassa.nt les infiniment petits
COll1me les in~oiment grands, n~ regardait cornme
au-dessous de hú ríen de ;ce qui avait rapport'
a la commodi~~" ~.ta\l pierl-etr~ de ,l'homme.


On t~ouveiC(i,. ~oIllm~ a_ Philadelphie, des
maisons en ,briqve bien peint~s, des portes ,b1a11-
ches, avec, leu~ rnarteau du plus brillant poli,
et lenr seuil de marbreblaoc, et des fenetres


, ,1\ '


garnies ,de persiennes vertes. On a apporté, une
grande altention et consacré de forles SOffimes




( 29 1 )
ií l'érection ues édifices publics, qui toutef~is
ne sont remarquahles; que par la propreté et la·
c9mmodité, mais offrentrarementqnelque beauté
son s le rapport· de l' ar?hitécture~·On éleve :main-,
tenant plusieurs'cótistructions 'd'un genre .. diffé-.
rent, et dan~ Un style qui ferahonneur au góút'.
et a' l"esprit public des habitans. Yai mem{~' OUL
dire que les citoyens de BaItimore aVaient .été
taxésd'extravagancea ce sujeto Quoiqu'il en soit,
nous pensamesleur avoir beaucoup'd'phligati'on,
quand; dans un tndrriél1t 'ot\' ' ü6us 'étions !lCcii':"~
blés par la fatigué 'et I~'déffi'üt dt!'sommeil /rióris
nous'" frouvtuIles 'tOut'; tl'ihr 'tiodp tjNtit~+~s'(Pllrie'
grande fontaitie 'dontil' éatt'frtlitHe" et lillipilde,'cou-"
lait en murmurant sur nn heail payé de marbre.
Au ml1ieu d'une'plac'C" voisi'ne, 'oU"élevait une
colofin;e d'ull'stylk <shrt~lé)'lt¡¡lt( 'iH~oWé ,tlés;:~i-.
toyens qui périrent en défeúd~irt;;1á.>\4rre ~~r~
la fin de Ja derl1iere guerreo Le piédéstal contient
une table en pierre blanche 'sur laquelleon a
gravé les llomS deceux qui sont entérrés sons; cel
nlOllument. Le militairede' professioh' et ;le~froid·i
poJitique : souriraient en voyant cétte líste ,de'
(luelques centaines de noms. Je nepuis opposer
un plus beau contraste auX 'sentimens de. ces
hommes qu'en' vous racontant une anecdote que
je me J'nppcUc en ce moment~ Pendant la der-


J9 ..




( jg:l ')


llicl'e guerre , un 'corp:s 'de uülices américaines:
avait repoussé UJl'e trotipe d1enrlemis, elles ¡>Qur-
suivait vers l}éllrs nallireS,'" quand Fofficia:: C0m- .
mand.lit "ordÓl\1'ie: tOtitd'Ulf toup de cesser la
poursúite. Un citoyeri', smp&· "';irrité de· cet
ordre , paree qu'il croyait pO$siblede'; couper ,la
retraite aux' ennemis , 'representa d'un ,ton· de Ir&-
proche qu'avant qu~ils eussent pu regagner leura
~rcations, les deul ti~rs auraien-t été tués
du faÍb prisonniers. « C"eatvrai,. repoDdit tra ... -
»:qmUement l'oflicier ( touteWs.apres avoirdait
»"exécuter son' ord~~, nOllslturlons pu, en per-
» :dant une douiaine d'boriltnes, enfaira;perdre
» a l'ennemi quelques cenhiines ;mais qu'ellSSent
» été les premiers? desfils, des époux, des pere,s,
» et descitoyens 'tltiles~; et·lci autrea1 ¡¡ des· bo ......
»InCi$qul'·'se1fifft~tf.·pili~e1~t/: rune de
»ces deUx-pértéspól:1,;ai~-·eUe bala,ricer l'au-
)} tre? J) .' .


Quand nolts li80!lti, la· ~fin " glorieuse ,d.trois
eenh Oree, aui T.h~moj.yl-;¡ ~ BeD'OIIS qQel-
que cli~ de' pJas qu'en 1i.l\ti~ne¡dftr.lég"s de
Varus dana"-leS 'desertsde la G~uie:;iússi, je
l'avoue, je eotrtentplaice modeste IDQasolée élevé
a la mémoire' de quelques 'simplescitoyens: morts
eu défetidant leurs foyers,-et dont,.}es corps furent
haignés des larmes de leurs meres, de leurs épou-




( ~93 )
sés' et de Ieurs enfaos ,.~aY~ plus J'intél'et que le.¡
plus orgueilleux.·de.; Ul0ll1JllleJiS ~rigés ~aux . mil,..
Jiers ·de victimes .d?UDe amb¡tion I;py'ale~ .. Je.dp:u~~
~uece sentiment.~.sQj.tFti~~~i~c'~~~a.-:d!~~
que je doute que les:;JIlQDume~les pl\ls ~q~~
qui. ()rnent lies;empir~s . de l'Europe csoiept r~~r~
dés aV8C un· intéret aussi vif et aU$Si durable ,.p~r
les peup1es de cette partie d\1 monde,. que celllj.
~nt je parle l'est paF les citoyens desrépublique~
américames.En EQropé, la gloj,te .. ~vient )l'()}?
101lVent··un .lllOn~:,. et l',b~eur l~ ~~~
de ,l'homme '1Uij';PQ.lJ.~4 par~l~;.!~~l>¡~ioJt ~~r"
80Dnelle,. ou -SO\ltll~JJl~1!, ses, 1 ~ ~ij~ta~~ . ~
l'ambition tl'un :meit.& ,', coP4~i.t: .-~~c ¡pyriad~
d'bomrnes obscúrs-8u champdu ~ªge ,~t pJac~
s'*· son' seut fnm~Jle.8~ ~iftrsJ,re~s Aan$ 1ft
8ue\1r' el le fJa~aest:millW~~lll~ettl~'~~-;­
ransqui l'enviroonent·. Doit:-<>n-woi¡e,.qp~., ·~.~pre­
mier acres de démence de la multitude .~ fois
calmé,elle veie dans les orguein~. t~opbée~ "ar.:.
"l\tés du.DQM d',tln Nap&léon.ou d'un W ~8ton,
de .~. réveiJler 80\\ .. afteetiOQ, .ou m~D;le, son .Q1:*'""
fJueile'lLe ftéras qui Vit dáD& Ltscreu"rs d¡'l;Iil peq~e
n' est '.pes' celui qw. a fa.it les plua n.o~rCJu~es e~ les.
pluslwilhtntes· coJKtuet-es., qui s'est ~alé· par
les plus étonnans exploits; et(lui aV\il,Iesmonu-


. mena les I'ltl~ dispendieux élevés. ~n son. honn~ur ~




( :!g4 )
c'est celui qui a cO'wbattu pour l'existcllce OU
pour la' ;défensede > sa, -patrie, dont l'activité et
l'enérgie se sont eXércées, non pas tánt a détruire
les entremis, 'de cette patriequ'a,protéger ses en-
fans;;'c'estcelui qui,' faisantaai,cause de ceHe de
la' nation, en est aussi l' ornement' et la' . gloire. Le
'char -des Césars était suivi par une multitude 00-
thousiaste, el leurs exploits revivent dans les an-
nales de leur enlpire; mais leurs noms ne vécurent
pas'autant dans le creur des Romaitis que ceuxde
Camine et de Fabius qui furentles· sauveurs de la
république. Nous avons vu:les'aigles de Napoléon
renversées, et son nOln Cesser d'etre prononeé par
son' peuple;' mais les monu:Ínens· élevés a la mé-
moire de lVaS'hington sont :'t l'abri des atteintes
de la fortune et du:temps ::assisdo,flsJecreur des
r:itoybns1 da'lf~Mé~ij,"~ur;InO'tIlhtre s'accr(!)it a
ri\~sú.k-e 'qti?ilnait unen fant a la répuhlique, et
ils dureront autant que la nation dont iI a contri ....
hué'a fonder l'indépendance. C'estainsi que;ce-
lüi qu'on a él'igé iei1 a qnelqlles 'simples citoyens
fait plus' dljinpression sur l' esp"it de l'holmne' qni
lé contemple, que les 'plus orgueilleux trophée~
élevés a des milliers de mercenaltes inconIílls
qui se sont fait tuer, sans savoir' pourquoi, 'HU
sein d'une contrée étrangere~


Il serait difficile d'imaginer une sctme plus in- ,




( 295 )
téressante que eeHe que presenta Baltinlore pen-
dant le comhat que ,'cemonument'est destiné a
rappeler. Si l'incendie de "'\rVashington souleva
tout le continent américain, ji ;éveilla plus parti-
culü~rement le:co1ll'age~ el les craintesdes hahi-
tans de \ Baltimore~,- -qui ,des bauteurs de ·leur
vine, apercevaient dans l'atrnosphere la réverbé-·
ration des flanlmes du capitole. Ils s'attendirent a
une attaque; llmis, durant le court intervalle qüi,
eontre leur aUente,. s'écoula avant que l'enl1emi
ne' remontat la Chesapeake ,ils ne perdirerit rag
un momento La pt>pulation'enti~etl'ava~lla¡ saflS
relache a élever,des retranchemens et des_ batte ....
ries '; les volontnires arriverenf en foule : des' Etats
voisins de Pensylvanie et de Virginie,' et les ci ...
toyens les plus., distingués du l\'Iaryland se pla-
cerent dans l.es~rang& dts. bll'\aÍH.oo$ ífeubis¡:IlU,toti,:
de la' ville. Le jour et la nuitdQeotiih~t ,.,HaItÍ:-
more n'était plus peuplée quede femmes el;
d'enfans en has age; tous les hornnles, depuis le
vieiUard décrépit jusqu'au jeune gan;ondont tes
hraspouvaient a peine soulever un frisil,:étaie:qt
]mrs des niurs, faisant le métier de soldat. L~ gé ...
néral Ross fut tué, dit-on) par un jeun~ imberbe,
pour.lamain duque] la carabine qn)!' tira avec
tantde justesse semblait trop pesan te. La guerre
pre-nd dans ce pays un caractere si différent de




~
... ,.


( 2~ )
ce.lui ql1'elle p,réªf!Ql;e¡ett.EufOpC, quiiJ. e.st impoJ~'
~ihle de re~visé;lgerOiJlv~; 1~':m&ne8sentimens",
Qui peut: v.oír _S~Jl§ intér~t,ml~ .armée de ataJens
q1.li,v~en~en~ ~e.q~U#:rJeur.81 foyers pour·,com-
h~ttre le~ en~e.m~ ~ leu," pays~ Lelahoureur"
l~ légiij~e, le marchand,l'bomm.e,d'état .. etlepro-...
priétaire,. sont sur le. 'seuil.meme de' ,leutts\~--'
~eures ,métamorphosés en soldatspour la dé ..
fens~ de tou~ ce queJes hommes ont de plus:cher.
Songez au&si ~,las\tu~~on .decette .villeahandon-
n~,;:~vec . quel~ pgoissa \ous'!es cooura wesaail-
lirent auhruit,<W.<caP9Il:f}lli :gronda tout le:jour'
et touteJa.pujt~A$:le ppn.t ment~, etdont chaque
décharge semhlait annoncer lamort d'un pere ou
d'unépollX. Ql,lel1e scene tOllchante succéda a ces
mOIlleI\S tl~aD~iét~Jorsqu~ l'ennemi se retira,.' que
l.e~~ .. ';:~~3ftOsiJ"fl\l~~~nte*,-~ WIe';:.rappdttant
cE1JilX..c.~, ~r~ rfi:~~s,dont lescreul's étaien t glaeés,
par 1(,\ mor~. Ave~quelle ~mpatience ces patriot-es
~ai~que~rs, é~ntatte\ld.$;, el .quelle joie éelata·a
le1.lJ':~~~Pr!~·~ol<l~t, ~QlQbajur~ terre 'ét'.'Il-
gel'c" ,s~s, r~s~>§q~ .pªrjQisabandoilDéséa lai~i',
des éléme~,,"P...1J}.et~ ~'q:De~fússe'cret1sáé a la
bate, soit par s~scomp~gnolls d'armes harassés,
soit par les étrangers memes dont ilest venu en-
vahir le territoire, outrager les lois etégorger les
freres. Il n'en est pas 'ainsi du citoyen qui suc ....




( 297 )
combe sur le, 'sol natal,' .au"milieu de ses amis et
de'ses parens" frappéi par ·un-mercenaire armé
contre sa patrie. Porté<:sar les épaules de ses com-
patriotes, le pete f~' i€idéposéa la' demeure
de ses eufans, le; "ji. QLOOUEFdft:sMt pete; les
larmes d,e.la.'.d<1uleW" wroserent 1eUreoTt's-,e,t
la main.· de· .l'affection leurreadit les derniers
dévoirs; et , lorsqu' enfin lsur 'p<>ussieredut etre'
rendue a l'élément d'ot., elle avalt été· tirée, les
citoyens. assemblés forn,erent·)alengu6'lip>dn
con:voi Juokbr~, pti'eowant· d'Ull pas lent el'd';,ttn
airmorne les, ~nes. 'l@leD~«t 'le ttimulte-de"
la joie avait faitpmce. k'la .gra~, et ~mposante
solennité du deuil public.


On dit que laguerre est un 'mal'nécessaire:
c'esttres. vrai;. da:osJes paysou I'on entretient
de grandes armées per"'~~'~'\)~6i1¡~e'les . ¡'
emploie pas a se. hattre l'uoo p,t.1iirifí·ilMll~';¡
l' extérieur, OD les verra, ainsiqueqnelqtt~ évé-·
nemens réc~mmeDt alTivés ea ·Angleterre· le
moutrent , at~ .les citoyeDS ·:·ntais si'un ini-
ra~l~dét .. uisait toutes les troupes réglée(de l'Eu.;.
rope ,. ouserait ··l'Qccupalion d'OMello?, et}


(1) E~~~i~a de Shakespeare. Aprf5s¡cep~ge , on .lit
dans l'origiIlalles vers suivans :


Cll-rse Oll ~ht: t;,i7nlQ~'d plumes, th. banner-,floatintJ,
Tke 'ti,n'ingelarion, the leader', shoutint;, •




( 2g8 )
Arrivés a rex.tréluité de la tue que nous soí:';


vions, nous nous trouvames au.pied «.f'une coHine
couverté d'arbr.eset au-sommet de Iaquelle s'éleve
la : belle colmlne érjgée- a,. lVashington, . colonne
dé: lneme forme, lDais de' plus grandes dimen-
sions que ceHe dont je viens de parler. Quand
nous f-tUll.es parvenus au hant de -la coHine,
noús vim~s eette jolie ville s'étendl'e sous nos
pieds; nos l'egards se porb~rent successivement
sur lestoits.entremelés d'arbreset qui Lrillaient
aux rayons du soleil levant, sur .les navires qui
remplissaient lebassiu et qui. entouraient Fells-


\


The fair caparison~ , t/le war-horse champing ,
The array'd legions pl'essing, . rushing, trampins,
The blazinsfalch~ons I-<~~csfs tl~fl,~:t.Q~A(,lI4¡"(.'
!The bold ~mprise i t~e, !pirit-/ousing ilil r ,


.; ~e iha¡'t1~l ifl,éiliíi";' t1iiJiíJe11hs "acclaÚn'
TAedeatkof glol'j, and the living fame ,
The sculptor's monument ,the people's bays,
The historian's narrative, lhe poet's lays j
Oh! curse on al! the splendor and the show ,
_ Whi,chveileth o '~r tpe fie:nPi4h h;elt belo:w! ,


( Thoughtá. of a Reelusé~ ~
Les 'parsonnes a qui l'a'nghi.is -estfamilier verront tout


de -suite la difficulté presque insurmontable' que présentait
la traduction de ces ver s <,lans une langue ~ussi timide
que la notre.


(Note du traducteur.)




( 299 )
Point, puis, dans le 10intail1, sur les eaux de
la large 'Chesapeake, el- plüs pres -de nous, Sur
ceHes de séS ti'ibutait'es; la 'surface al~gentée de
ces 'eaux coupait agréablement la sombre 'mas se
des forets qui :corivrent 'les ''Va~tes plaines' qu'on
voit s' ételldre au:"dela des terres cultivéés dont:
la jeune vUJe "est entourée~


En revenant, ilOusnous arretames devant -ulle:
église qui avait étéba:tie depuis peu 'de temps ,
par ~ne' 110mbreuséeongregation d~unitaite's;' ét
C01ume -l1dtls ,étiot1s a~cáblés "-de Hitígtié,' Ílo'US'
nous assiRiessut 'leS' degrés'd"e 'cette église ;pen-·
dant qu'une personné de notre société était alié';
chercher la clef chez le ministre, qu' elle' connai~
sait. Je vous assure qu'en ce' moment je- fus'
étonnée de sa diligeIlce; iI est vrai qu'une longue'
pronlenade ajoutée' ~ "n~tl'~ ,:Voyag~ .. et,:a :deux·
Duits passées sanS tlornlÍr,- 'm'avaie sirigtlUe~e-:
filent disposée a me faire un oreiller du marore
sur lequel j'étais assise. Ceci me rappelle une
anecdote de Dotre' áIIii *****. Vers la -fin de son'
tour d'Europe ,iI demanda a un ailbergiste,
dans je ne sais quelle ville d'Allemagne,- ce'qu'iV
y avait, a voir. ee Rien, répondit l'hote~)Y -.; « Dieu'
) soit loué! s'écria le voyagenr~ ))-J'étais'probabIe..:."
meut trop engourc1ie ponr avoÍl' a101'8 cela ou
toule aulre ('hoseprésent a l'esprit; lllais jc ne




( 300 )


doute pas que si quélqu'unin'eut dit 'ohligeaili..;
ment' qu'il n'1 'avait'rÍeti a voir dans la cha-'
pelle, feo aut"aisde memerendu grace a Dieu ..
J'ouvris néanmoins les yeux en entrant dans l'in-
térieurde" cet édifice, queje''trouvai d'un style
si simpleet si élégant a la'fois, que' j'ai rare-
ment vu quelque chose qlli le surpassltt dans ce
genre. Cette helle église esl voisine d'un autte
temple consacré au eultecatholique, circonstancc
qui prouve l!esprit . libéraY et la charité des par-
tiSllis detoutes les ctoyunces chtétiennes répan-
dues <lans les replib1iqües' ainéricaines. Tel est
lerésllltat''-de'l'entiere liberté d'opinion' et d'a:c ...
tidll,et de l'influenee' de lóis justes qui, en ac-
cordant des droits éga1l1x et une égale protection
aux me~s' de toutes l~églDes, appt~~nent
_~yéi§fquJiW;'~tqótW'~ga1ii (le~'antla' jus- '
ti~ér~eslre;ieothm~iJs le sont devarit eeHe de
Dieu.


Ce n"est pac; sans un sentiment de 'respect qu'oll
tourné' les regareis vets 'fégliSe tiáthólique du Ma-
ryland ','qu'on péut· v~titablement coüsidérer
oommela plus vénérahlequi existe dans"Ie monde.
Ceux qui dénoliceht les ehrétiens de la 'foi romaine
comme des bigott et des persécuteurs oublient
sans doute que ceux de cet Etat donnercllt au
lhonde le premier exemple de la liberté reli-




e J01 )
~ieuse : tanLil est vrai que la lihéralité ou l'aoti-
libéralité doiventetre, attfibu~plutót a. l'esprit
duslecle O" de l"individu., qu'a~,Q.pctrines d'une
église quelconque. ; :j~'jl; .",;,." ',"
, Je regrette que:Í).O,~.n'ayons pas eu plus de
temps a accorder a cette vipe, qui est tres intére~
sant~" non-seulemeBt ~ cause ;de la rapiditéde 80Il
~ccroissemen~, mais encore a caus,e du caractere
de ses citoyens qui sedistinguentpar Icur poli-
tesse ainsique par leurgrand co~ra~e etJeur ár~
dent e~pril d' e~~reprise",;:9~est a. c~s d~~nier.~.qp.a-­
lités qu'il fam at.tri9~r,~~s;~~f~~\les.!.qpi ,$S,08t
opé~esici~ Qo. pen~J"~~~,q~).,!~e,,
semblable ,a un enfap,t précoce~: ~ '"I!U ,,,,ne ,.cr~)
sanee trop rapide. La progressioll de son agl'~Q ..
dissemen~ t!imi~.~~:~'u~e, ,lP-!llliere.: tr~>s~nsi~,
et il est peut-ctr~ P~f~~~!',OO~ffiI!1~9'~~~~ 91:.,
est tombé J~ .commerqe, qu'e~l~ I~C~t;~S,J~~,;
actueIles d'ici a plusieurs années.


A propos de com~erce,je vois qu'iles~ ,~:res
o~#naire, de vQ\re coté <le l'A,tl~~~:J:,,~~,9Cfflr.:
fQndl:eJ~ richessedc' l' ~mériqlle~ay~c J;W1e .t~, ¡
m~chands; peut-etre l~dimjnlltion w..~~~~,
doit-elle, au contraire, etre con~idér.~ :~OIllJn~' \
une ~reuve de la prospérité croi~~a:~t.~- d;i~~,pay~,:.
le fait.,., e~~ que lesAméricain~ fé:lbriqu~nt~u:~jour~
d'hui 'chez eux une parti~ de ce qu'au.parªV~Jltils




( 302 )


recevaient de l'étrallgel' (r). Comme les rcvenus
publics sont tirés icides douanes, la situation du
trésor n'offre pas une donnée éxacte ponr juger
des ressources intérieures du pays. La richesse de
eeUe jeune république n'est pas énfernlée dans ses
ports de mer; elle est répandue parmiune société
nombreuse a qui le besoin et'!' oppression sontégale-
ment inconnus. La diminution des fortunes de ses
luarchands peut rendre ses grandes villes nlOins


(1) Je crois qu'en général on ne sait pas chez nous
com~ien quelques-uns'des produits des fabriques natio-'
nales ont cómpletement remplacé ceux. desmanúfactures'
étrangeres dans lesmarchés américains. Beaucoup de per-
sonnes supposent, dans notre pays, que le prixpJus élevé;
de la main-d'reuyre en ,4.mérique .doit empecber, la con-
currence avec les fabdques d'Europe; mais cet inconvénient.
est compensé par divers avantages : les suhsistances SOllt,
moins cheres en Amérique; les matieres brutes de la pre-
miere qualité se trouvent dans le p:l.ys, et 1'0n n'y paie
point de taxes. Les couvertures et les étofles de mérinos
sont non-seulement d'une 'qualité supérieure, mais so u-
vent d'un prix moins élevé que celles d'Europe; il enest
de meme pour les grosses étoffes de coton. J' ai . vu un
tissu de ce genre fabriqué a New~York pour un centieme
(un peu plus de 5 c.) par verg~ ( trois pieds anglais" ou
environ trois quarts de l'ancienne aune de France ) eta,rec
lequcl, sous le raPllort de la {orce, un tissu pareil fc.])l'ic¡ lié
en Eurore u'aurait pu entrer en compal'aison. On tÍeut




( 303 )
brillantes, mais ne retranche presque rien a la:
lnasse de ses ressources, hindis que le fi'ein imposé
de la; SOl'te an luxe el' a l' extravagance ne peut que
produire d' excellens effets sur le caractere natio.,-
naI. On pense qu'il,faudra bientot adopter un
nouveau mode d'impositions : peut-etre une taxe
bien établie sur les propriétés relnplacera-t-~lle le.
sysleme actuel. Une taxe tres légere de ce genre
suffiraitpour subvenir aux dépenses de ce gou-
vernement écono~ique, et aurait l'avantage ,de:
donner un produit assuré; tandis qu'actuelleméIlt
les revenus publics sont contjl)~el\~nI~nt flottaJls,
et menacent toUjOUl'S d~, laissér le gq»uverneme.Qt;
asee au moment mCII).e oú, le, besoin (.l'ftrgentde-,
vient le plus pressant. Le danger et l'insuffisance
du systeme actuel out été pl~inel~ent délTIOntrés


. • i ~: (. ~.- _ '


chez nous a employer aussi peu que possible de matiere
hrute par verge d'étoffc; il n'en est pas tle rncme en Amé-
rique.On peut remarquer aussi que l'usage dcs machines
permettant d' employer aujourd'hui des' femrnes l des 011-
vrages qui autrefois demandaient a etre faits' :par d'es'
honunes, il Y a heaucoup moins de différence qtr.On: ne,
croit entre leprix de la main-d'reuvl"e pour certains oh-
jets fabriqués en Amérique, et celui qu'ilen emite pour
les faire en Angleterre. '-Les Américaines préferent géné~
ralement travailler dans une filature de coton a entrer all
service de (luelqu'un, emploi pour ICfJucl elles ont tou-




( 304 )
pendan! la. dersiere;guerre:; eonune Hne" futpnS
détruit alor!,' 11 tmuveraaujourd'hui, selon toute
probabilité, Ion mJtlmnasie;,a'moins que l'Eu-
rope' ne' comge.sa !'poli\ique,,- ce qui, je suppose,
n'est guere vraisemblable.Il-'iJarait toutefois que
le -peuple souvernin est décidé a voir monrir le
systeme financier actuel de sa beUe mort, a~ant
d'avoir recours a un ~utre. Les Américains, il
fuut l'avoner, sont quelquefois des gens hien
bizarres; parmi leurs singularités, l'une des plus
remarquahles est une antipathie {innée ponr les
collecteurs de taxes. ~os hons insulaires pr~teront
main-forte allÍ légions ambulantes de ces mes-
sieurs, et tireront, a Ieur commandement, .leur
habit de dessus Ieur dos et le pain de)eur houche;
tandis que nos freres d' outre-mer ne leur don-
neraient pas un til deJ'un ni unemiette de l'autre.
I1s ne veulent pas du tout payer de taxes. Que


jours de la répugnance. Lorsqu'un étranger veut se ren-
dre oompte de quelque rait qui lui parait singulier en
Amérique, ildoit toujours chercher une partie de l'expli-
cation quJil désire dans le caractere' national, qui , in-
iluencé par les institutions politiques, est prohahlement
plus remarquable dans ce pays que dans aucun autre.
rOJ1ez. a la fin du volume une note sur le caractCre national
des Américains.




~ 305 )
d~rM1 nutre dtancelier(de~FééhiquieJ.;-d'uite 'pa~
teiUe ~'óhstiDatíbn ?i~~IIliJle;" se •. c6Uecteurs ouvri-
ciiént':de -grands,ycnxdans 'ml paysQ~: leursta-
lens-ne sont pas nécess~itÓi:~' ~ou~l.tiU1t·titr-e' mema
'serait mis en,qttestj.diat. ". ,: ':J


( ,


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•. ' i


'-~=--==c' ,~. -,
'ff~' ,.~~


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',,1 ,:,;, '.'::-'




( 306 )


LETTRE XXVill.
Washington. - Le Capiiole. - La salle des


Représentans. - La chambre du Sénat. -
.Le PrésideT1,t~ - L-' esclavage en rirginie.-
Conclusion.


, ,!:,


Washington, avril 18:lO.


J Es~i~,~ c,e'~oi~,. ~i ~_~.S~lé~ de chaleur et de
11lUgtié ;1~!fu~J·· ch:~~é 'áIi.fe!/que j'ai éié f.orcée de
reftlser :d'álle~l'une 'réuni.on qui n.ous pr.omettait
heauc.oup de plaisir, en rais.on des pers.onnes
qui devaient s'y tr.ouver. Je Ile p.ouvais prenc:ire
av~c elles la liberté que jeprends avec V.ous
d'etremaussade, sel.on que je puis y etre dis-
p.osee parhuineúr .oU par inc.omm.odité; en cela,
t.outef.ois, je ne fais qu'user du privilége d.ont
.on a s.ouvent usé avant m.oi, de se m.ontrer a une
amie intime dans un . état ou 1'.on n'.oserait pas
se faire voir a des gens indifférens.




,


( 3°7 )
La route de Baltimore ici, dont la distauce


est d'environ ,ql1arante miHos,;traverse Une,p61"-"
tion de pays d'lill aspect. pea inté.fes~nt', et qui'
d'ailleurs est presqUe, paltÍout stérile. EncesSant
de voil' la villS~ le toyageút 'pourtait penser' <¡(lit
perd la ,vue q.e toute la1;>eauté et de tome la
nchesse de l'éLat; il Y a Iléanmoinsdans leMa-
l'yland des cantons d'une grande fertilité, parti ...
culierement ceux qui sont voisins d.'es ea:ux de
l'Est. Nous, rencontrames quelqlÍesfernie~ bIen:'
tenues et entourées de ter:res bien cultivééS;
le 1'9 avril nous vimes le seigle tout en épis Ci~',
nous remarHuame~ ap:s&i quelques 'haies vives qui
présentent un coup-d'reil plus agréable quedes
dótures en >hois; nlai~ ces objets plus intéres~,
sans étaiéntr~res;¡et,~':~ati$.+,8 de.Toi~!~esa~~'
rabougris, ainsiTIu~ des t~rres incultes<?U"ft)1:iiS~
par l'infIuence pernicieuse d~: tabac' et ah~n-:­
données a une génération plus nécessiteuse, n~tIs


" f.


( 1) Cette circonstance n' est remarquahle qu~·· 'par .~m~
paraison avecl' Angleterre; chez nous, ~ e' est toujoud en'
avril queJe scigle montre ses épis,.meme danslesannees
ou le FriQtemps cst le plus tardif; il e,x~te' :un 'pmverbe
(luí <lit; f\vril ue fmitja:qmis sans épis.


( Not2 ~u trr;ulucleur. )
20 .•




( 308 )
commen~ames a. ce~amin~~, p.,os compagnons de
voyage.Notte sociétés'était-grossie d'un vieux
mili~ire cqui,~xnblait avoir dépassé le terme
a~~jgn~ . a Ja. ,vie :hum.aill:~ ',c:.~tull,jeune hornme
quiparaissait ,entrer gaiment ,dans ,le monde que
r~lltr~ était sur le po~nt, de quitter., Nous
aviolls fait plusieurs mil1es sans que ili l'un
ni l'autre de nos deux nouveaux compagnons
·ei\t adre.'?sé unmot ,a personne de notre société;
ils:s~ét,.~nt aper~us , d'aprc~notre conversation,
que IlOUS é,tions ~tralH;~fes, et ils Mendirent quel-
que te~·, po~r ,jug,~r ,a . quelle classe d' étran-,
gers ~ous appartenions. J'ai. 4éja dit que lorsque
l'Américain se rcncontre avec un étranger, il a
pour habitude de res ter pe~ldant quelques :mi-
~U\~ ,~p~~~y~L' MlUlflH)}~J}}~F!\~a pllysióJ;loroie,
et,~\~\, la:~:firm1m)~~nGe .le permet ,de de~eureL'
auditeu!' muet de ses remarques; il s'assure
ainsi du ~aractcre de J'hornme, avant de té-
moigner aucu~~ dispC!sitioll a se lier ave e lui.
Si l'hum,eur de l'etraoger'lui plait, iI entre tont
d'un copp¡',en relatioll. a,ve:c lui de 1(1 maniere
]a plus lihre ~t.la plus amicale, communique
volontiers les notions qu'il possede, et re<;oit avec
reconnaissance ceHes que l'étranger lui cornmu-
nique en retour. J'ai souvent admiré la défé-'
rence ayee ,laquelle il éeoute' les opinions de




( 30g )
celui-ci; quelques différentes qu'elles puissent etfe
des sienn,es., et 'lors meme <¡u'elles sont contrairés
aux institutionsde sonpays;le sang.:froid avec
leque] il accueílle ~eS criti<Jués;~sut:}é' cat"8ctere
nationaI, et la- cattdent :a:We" chiqúelle il indiqtte
les erreurS ~\li ,out- pn échapperaFetranger.
Si celui~ci né lui pla1t'point, il 'se retrahchedans
la 'plus profonde indifférence et he' parait pas
prendre garde a ce qui se passe autour de lui.
Ir n'y a que 1'00il d'un ohservateurexercé qui
puisse découvrir sur le viságe c'álnie\: dti ,JSiletl-
cieux: républicairi, Ieftourit'e '~qu'il' : retient et qui
form,e seul son C(jnúnentaire:"Satiri~erstrr·la eou-
versation';de' ses:ihCiviÍs éómpngrrtins:' J~ me,cpap-
pelle une anecdote oul'oÍl trouve 'ce trait du
caraclere américa in.. '


Dans' urie ~o\t\'itJéJI~ti\}ne ide-~;-j~~yS;i¡ "lftn
voyageur anglais n~' cessait)a'étanli~ -tl~ eompa-
raisons entre l' Amérique et son' pays nalal. Les
maisons étaient des granges, comparées a celles
de l' Angleterre; les voiturespuhlíques deS', ~hat'­
r,ettes aupres des diligences' ahglaises ; et' üinsi de
toutes les choses commodes, agréableS',. utiles' ()u
nécessaires : le boouf, le mouton, le; poisson , ;Ia
volaille, tout élait supérieur dan s son pays. Pen-
da.nt qu'il parlait de la sorte, un orage s'amassait,
et sOl1dain un de ces coups de tonnerre qui




, ( 316)
dans ce climat . chaud ,ébll8nlent si 'klrtement· ,la
votitc;qu ciel~:édata'all;zmitk~t coupala paro le
a.u:vpyagear. ,U~ Amérieaio qui jusqu'ace'mo-
lJ1ellt. ~ .,é,tait ,~ur~; tp;:tisib1e et·,. inapet~u, daris
~: (X)in',de la Mói\ure,,~Y~. aiQrti sa tete,et
s'adr:e.~t, gr~vement a,l' éttallg~ .¿cl!4011sieur,
tui d¡it-il, aVez-vOUS Wl plM~beaw·,totiB6rre:,quc
cela en Angleterre? J) Je ne prét-ends pas que tOlis
les citoyens puissent apaisar le courroux d'un
bomllle, 4,e ,la meme maniere que. le:- tit notre re-
·1l§taN~hamir*t**\i Elitnt uJ}.¡:;;joven Y,o.Y8@c; ji
se trouva dans le CMíe'atlrcSs.er: qtielqué" repro-
Gh~ ~u.;~dieii;d~1:Jlje J),arriere, iqui l~ salua; en
~&éql\ttlce du, t:itre de-, coquin :(í, })(¡Jnnmis-nous
1& main, répliqua-t-ij plailrlmment, les deux font
la paire. ) L'espece d'h~mour( I).,qui "lllKquc
fiWtt~flip~~,)fj.liPbQli 1ai.\da ~cí8:e .. :na-
~Ilftlt~· ~\.,~á¡t1fi¡dóute:pasque cela De eontribue
h~'Qco~p a maUttenir lapaiK parmi cette nation
d'llOlnmes6ers,.
~9us lle che.tdmf)8S pas, a mettre a l~épreuve la


phUo$ophie de DOS oomp~nons de voyage.j et.:ib
prir~Q.t, . hientOt p2trt anotre conversation .. Le
vieux. militaii!e ,passa en revue touteS'.leshatailles


(1) Vojez, pour te mot, la note ptaeée au bas de Ta
page 158, tome Icr.




(-3.11.)'
de la révolution,et nous iracoota beallOOUp d'a:Q(M!- /
dotes, intéressantes I 6U:'J ':00 , sujet. Nous ~ppri~
q.'ilallait. :pour la premi6re'et; lftdemwre fuilP
faire unpélerinagea]a;jepDe ~~, 4MJ.lint,"
disáit-il ,vQir. la ~iM8'·qui"·portait., 11tDbIl),~ ~¡
ancien .gé~_ ;>di,de' aiége" ,du "gou"~t;,~
avant da:·tIldutir~·:Le·lendemaiR itMtrO.ftn'¡V~)"
en montant les d.egrés du capitole, avec pl~~,
m.embres du con gres , nous aper(}Ilm.eS A un .. ~~
de ce bel. ódifice le vieux soldat·:appa.yé. ~ pa
canne, et cont6lBplant la: jeuue aQÜltf"PMW.'~~"
quelle il avttit r,ené:·.,~ ;auag, ~ " .


Cwx qui"ieune~~.isitbr.: W~~~ d~ll$,
l~ tiy tNQvar U$ vill~1·soDt. ún !pe"fU11lris
en entrant ·.aallsd'enceinte. del ettta (:apit.ale., 'eLi
chorchent"fln,.v~jnl'apparence d'UIlB nW.~()n. :
;.,Le·¡U_:.ar~ ",-wQlpl_.~


giganteM¡oo, et. tons leS «Iiticeá '.publijJW¡ .~ew.
construction, iBoit en projet, SODt rous.J»arqA.lés,
aucoinde la grandeur. Combien s'écoulera..-t-il-de
siCcles avant" que . les J J!lfiit5 villages· ép~ .dül-s
eet1íe plaweaient p¡rjs·la· fOI'JiJle \etoffreI\t~:kl ~fna-i
gnifIcenee·.G.'une viNe -impéria1e? Si l~ ...cm~" po.u ...
vai,t ·.roer UD 'IVrell pour cett<J ,ttépubliqtJ.e,ne
serait-ce pas que sa jeunesse se pfoloQge.at"l~ng-:
temps ?Qui, .parrm ses patriotes, peut ·~nger
san s inquiétude a l' époque O" la t'Qute qui con.."




( 312') ¡
duit a la mai&ondu &éna.t formera des rues p.r-


, .,.".'" '." "1' .


nées de temples el.,de.p.~~.~}S,,,,~t ou les chefs de la
république, qQ.i JIlaintenant ~e, re,nd~nt a pied ~t
par la fraiche-q.J.l dg.._~~~j~ ~ ~la,?hamhre, d u conseil,
rowero~t d~ns de ~ompt~~~ ~ieages, a lllidi
et.peut-etre a ~inuit,,~ur lé pa~é,h~a.~~ ~'une
luxurie~se capitale, Fiche par. les ~ts e(.pa~,re
de·vertus? Est-ce done la le~qr.~ nése~vé a ce nail)-
sant empire? Que leciel l' en préserve! D~ns, tous
les Cas, v:~.~~t, moi, ro.~ chere; amie;llouS se-
rOlls'd~Jmis long-temps de~c~H_du'~~ au ,tombeau ,
avant que l'éelat q~t;Ja '1el.lllesseet l'orgueil de la
lihert~ Q'aha:pflonnent cette terre privUégiée.


Je '~ porte pas ~nvie' a l"homme qui p,eut
entrer sans émotion daos l' enceinte si Dohle , quoi-
que non e~cpre:a~heyé.~?_;.~~J~R}~9ht}~W~fi~.Je
n"qubl~~ i~~f~~,·i:'Rp~~v~i quand, pour
~ p'em~F:e' fois" je portai mes regards du haut
d'une galerie sur l'as~emb}ée des représentan~
d'un peuple libre et ~uverain. Exist~t ... il, sur
toute la surface de la ,te~a:8, up spectacle aussi
sublime? Quand le$ Al}gl~js, qui nollS ~ceom­
pagnaientlVNit.erent le congres., quelq~ mois au-
paravant, les: paroles qui frappereIlt leurs olTeilles
en entrant dans la galeríe furent celles-ci, qui
font partíe de la priere par laquelle s'ouvre chaquc
séance: Puisse la verge de la tyrannie étre brisétS




( 313 )
che!!. tolttes les e nations de' la ferre! Mistress ***,
a ce ~ue 'me dit~ofi"~ÁÍIl~ri ';' en' fut ériule, jus-
qu'aux larmes. Si j'étais CUfletise d1éprouver lé
creurd'un Européen ,jé v'ó'Üdi'tslk fóir :etitrer
dans la saUe'auJ 'i8rigres': améticairi; JEf . d~fie
quiconqúe ';,:: riñ'cootlr:'de 'ne·pas le sentir b~ttTe
en ce':fnofuébt 'Quí', 'bJacneré' amie; tant' 'qtte
cet . édifice ser~ debout, la liberté aura un asile
d'ütl la ligue des autocrátés europeens ne potitcl
l'arracbef. 'Je'dois én"vérité béáuddup de recón ..
naissance' a J eehé' ~n~tiófi; r&,trdé de "soW1tiM:6'lf'e
et de ses ~íistitritioli~:;L~'f!i~~e~t de; la ~abt etdü '
bonneilr (foIit ;eHe fJbuif~'brif~dndt€'tiíon'érenr'et'
1'; óhi ¡ rempl¡-: a'ésp;e~ahces i~he:ój~~ n'fD!tngiliais :íks
qu'il píit connaitre;éncóre:' AJu"cs' 't'dUt, nOllS
s()iIí.me~ héWteuséb\eilt constitués';' quand 'nous
ces8Hrts~~d~ t's¡¡{111Jo~fi~ ~Stin~ftf@§~~tik1Jt~l\
serítons que' mieuxpdilt .• Ie~ ~htt~;~lr~~pMisfii
de 'sympathiser ávec nos sembIables, 's'il'n'e$tp~s
áilssi ·vir, est peut-etre plus pur que nos 'jouis-,
sánées p'eÍ'sórlnelles tf)~' . l, I , •


, ,


(1) Ces deux dernieresphrases., qui re&piretlt.liln,sen-
timent tendre, délicatet mélancol~que, ,peig~ent . ce
. que fait éprouve~ a lá jcune et spirituelle allglaise" au-
t.€ur de ces Lettrcs, la condition aC,tuelle de sa patrie, de


rcLle A ngletcrrc , herceau de la liberté constitutionnellp,
f'fI Enrcpr.


(Note dn fradwtwf. )




Nous cODsidérames, comme· dH raison, avee
heau~oup d'intéret quelque8'P"uns des membres les
plus.distingués;:que nou&ne connaissions aupa-
l'avant ~ de ·ré¡;utation .et d'apres les papiers
puhlicS,~t··nous att~~: ~e vive cu-
rwsité ,que vint 1eur tour· de ?~enrl.e,· ;part .a la
discussion ~ Elle se .trouva ·ctre singulierement¡ ani-


. mé~, etelle occupala chambrependant dixséances
consécutives~· n· s'agissait ,des changemens pro ...
posés . aU¡ taro des. dqWlneS!; el oe.qu'il y a de
siDgqlier, c'est qu'il tl~(~$6 ~ <tl'ouva .pas;, un' ,seul
opposant parDli "les ~Emlbres de.l'état ni menie
de la ¡¡ille· ··dé' &w"York i, l'opposition au hill
parut . v-enir ·entierement:. des' planteurs . du '. Sud
et de quelquesmenthres ,. de ·la . NouveHe-AngJe-
terre.Les .représel?-tans de~!.~ .• )C~eet
d-: tJ~~t-i~4é~.elll. JUÍámmement, contre
la; p&uv!e' cmnUlOCOO, qu'ils .accusaient ,d'avoir
dép9uilléles ci~oyelils de leurs mreurs aussi
hien 'que de leur. argento ·.n semble en eifet: que
les· hOlumes peuvent rarement )perdl'aune de
ces e~ sans perdre.lement l?autr~roet ~ut­
etre est ... il ~ S1.1rprenant -que les; "plus :'Fdens
de ceUe face républicaine ~e réjouissent de la
chute 'd'une déité qui depuis longues an:nées s'est
~ppuyée:d'un coté sur la richesse et de l'autrt1 sur
la banqueroute; toutcfois sa ruine tota~c sem~




( 31'5 Y
hle assuréc, sans qll'il,soit-oosoin des fotulre,9
da capitole.H est possible, 3rt l~este, ·que les
droits proposés produisent l'effet1i'une belJe et
bonne. taxe sur láticlie_~\éut: ~6mttU! .les: ar~
ticles manufact1ires iés~ éómmlíns'et les' plus
essentiel~ peu.v~t·atijo8id'Jlui soütéiiirla con-
cUIToore:tívéc céux: iniportés de l'éttánger, l'allgL
mentátiori des droits est faite prinéÍpálement
potÍr élever ie prix des ohjets dé luxe. Je dOls
dítc' que, 'pour ma part, je ile'Berilis opas fi\.chée ,
de vmr leS t)()ieriéS ~trahgeÍ'és l1éder·laplac.: ~u.'Y{
étótres decótmr'áü :pays,,'·:d'angílá·gBdc .. í'obe des'
j~.úti6SLf~nimes·;,dés;lvitiesj4iIilb6T~tiil~ÁtlaIitiL..
q\1~; péut.:.etre tbtsqtib les'premieres Sérontt-venl..
ddes Un doUar dé pluspar'Vetge, cechangement.
de m(jde.~opérer.a,.,~.j~. .


Le hilleü iqtl8Stl. fb."~In~ ·t*N.J4~.1t1~i
win, de Pensylvallie, bomme d"une'furte~ ét
d'une éloéiltión rtide, mais énergique. Le nombi'e
des bOlÍs oratetil'is surpassa. mon attente, hicü
qti' ün fu' et\t préparéea le ttóuver c'onsidérable.~ ,
lIs me, parurehf génei'atement: sé Taire fefiíatip:¡er
par une argumentation serrée, claire et précise, et
une ,diction franche, mais po~ie et impressive.
'Lorsque M. Clay se leva, je crois qúe quelquc ap-
préhension se lnela a notre curiosité; car qui n'a
pas appris par expérience que quand l'attenle se




( 316 )
trouve portée atl.pl~~ ha~t degré;, elle cst ordi-
naireme~t dé~l1:~ 7 ~~ri>r~miers :r;nots pl'ononcés
par l'or~teur(I)d~ la ~~a;mbre nous persuaderent
que;r¡~e~~~e(~~v~i\,i~~~~~~rr~ le ~~a~me, dé son ~lo­g.u~nc~. «::et ~;t?~1~~~ r~~~t ,~~~?,g,u~ a é'té ehoisi
l?re~que, ~paniIp.~me~t:p~rd~~~ ,¡}llS~~ur.~, '. années
poul" preslder la ehambrc; et 1'on assure qu'a~eun
lnelnbre n'a jamai~ cxercé úne ph~s' puiss~~te i~­
fluenee sur eette assemblée. Il ~e~ble en effel
ré~9ir :to~t.es, ~esguali~és e~sentie~l~s ,a l'orateur.
Du J~u, de l'énergi~ ~·a.~."s~~t~~en,t" .u,~e,~rdent
patriotisrne ". pn .. ~~~,"~em~ amour, de la liberté, une
rare ,ab~Il4~~Ce 'd'~dée~ e't' de'j>aroles', une' heu-


, " ¡ , ,., " . ' , " " .. #.


r~use tou~~e ~'iron~e"lege~te a la fois vif et noble,
et un orga:q.e pIeio, s?nore, distinct et flexible, et
epfin u~~, ~dmirah.le./aci1~~t~.~,~~i~~~.5;~r ~,J?~t,?,~r~
19tt~~~.~~~;~%Wft~~~~~~~~~f~s~~,!~.J?,~s~l~n, ,~t ~ :~m­
,p,l?J~~; ,t?l1:te,~; ,les' ~ormes variees du raiso~ne.-
luent : telles sont les, ,~ua,lités qui ,1~ di~~i~g?,~~~.
C'yst, s~ns ~ontr~di~? la voix .la p!;us ~tpposante
qu~ j~ ari~.i~~:~?~, ~~~en~u~;~: ep~ (~~~pI~~sait" tou~e
la salle sans aueun effort apparent de la part


(1) Titre adopté a l'instar de celui donné en Angleterre
au président de la chambre des communes.


( Note du traducteu,,", )




\ ( 31 7)
de l' orateur. Dan s la conversation, il n' es"t pas
moins éloquent que, dan's les débats, et aussitot
qu'il s'anime· sur un sujet, sa voix et· son geste
trahissent l'orate~r, d:assemblée (t)., Toutefois,
son langage estSipeu appreté, que, meme dans
un salon, il ne parait' jamais déplacé. En parcou .....
rant ses" di~cours, vous avez pu vous faire úne idée
de la chaleur de séntirilent et d'expression qui ca ....
ractérise cet homme d'état; mais iI faudmit avoir
entendu une de ses harangues pour savoir l'effet
qu'elles produisent dans l'assemblée nationale.


L'influence d'un grand oratéur, dans le congf~s
áméricai~, surprendraiftint soit peu les inébran-
labl~ ~t irnmuables maí~rifés de la chámbl'cdés
communes d' Angleterre. Le frein a ceUe influence
se trouve p~nni la,. nation 1dont les désirs, sur les
qu~stioriS i~pórta'ntes~~Já~1v~nt naturelfé'irieiit áf--
fecter plus ou moins la décisjon de '~es jrepr~s~:tJ.­
taos; mais la voix du peuple souverain n'est pas
tout-a-fait absolue et ne laissc pas d'etre combat-
tue. Si le peuple est fier, ses nlandataires,' daIis ¡le


(1) Nous n'avons pas dai mettre orateur de tribune ~
paree que dans la chambre des représentans en Amérique,
ainsi que dans eelle des eommunes en Angleterre, il n'y
a pas de tribune; les membres 'parlent de Ieur place.


e Note du tradltcteur.)




( ~18 )
con gres , leso,nt.également; et 1'011 en trouve pell
qui sewnettent passi.v:emwt loor apinion :lJ eeHe
de leurs eO~IIJ~ttans.I~'un a\ltr~ eo~, il, est pro-
baihlfJ,;q~ c~lliel.~~·1iolty~t ,différer d'avis
entte,eux, ciroonstat)(.le ,~U;)l&l~i.e; ~ l~urs repré-
sentaos ;,uoe certain-e latitude· póur: ~e· djr:iger
d'apres leur jugernent. Lapuis&anoe d~hngral1d
orateur, .si elle peutetre restrointe, n'est done
pas détruite par la resp0n.sahili~ des r~pr,é8entans
envers· l-euI's <;ommettailS " .~~ 4u~ .l'jnfluence
cxel'Q~ par l€s lUl,ln~,:', ~~~ ;~ting~s . de
l'hémisphere9C~W; P1Lr,oot sq{ij.,"D)m6Il:t le
prouve.r.~ ~ .• f-


On a regardé M .. Clay'ro~mele chef d'une
puissan teopposi tion dinigée .contreeertaines me-
sures· dll ;}lQuvpir_~~~~if .~tp"l; ~~';ptill.'e­
ment:;'ftl.:·;ée n~eatl'(Í~~:mel'llt~';Q()l)tI1é la' poli-
1ique~liYle'a .l'égard: des vépllbliq\ws 'll~issantes
du continent méridional. Cet Rl'dent ;l'épublic~in
avait résoll:1 d'arraeher la reconnai~ance -publique
de PindtWendance de ces Wpllhliq1).~s"p6ndant la
luttc qu'elles soutenaient ,pour la liberté. Les
ioudres d~ son éIoquence ne retentirent jamais
d'une ;maniere plus sublime que djlllS cette oc<;a-
sion ;. et -si leur influence avaitpu s' étendre dans]e
sénat, iI aurait triomphé elu froidsysteme de neu-
tralité opiniatrernent majntcnu llar le gouverne-




( 319 )
lnent ~méricain. Peut .. etre lapolitíqtlesuivie par
ce gvtWel'nenlent a .. t ... elle été, la· plus sage: elle
étaIt aumoins la plus. prudente; :mais ilest diffi-
cile d~ ne pas sympatbiser:Mtecf Otateur qui=,-mépri-
sant tout ealcul,d~.~éOOt ou de·politique 1 fait un
appeI a. t0US lCfi.seat.ensnohles ,généreux. «li ...
béraux. 011, peut ctemander si la Beutralité oo0.p-
t-ée 'par le :gouvernement n' a pas été ,en réalité,
combattue, ta rnl J*li' ;les'seoolH's >e'XpédiéS' de qt~
ques grands ports allX pat-riobes, quepar:li3s rela-
tions ami~le8 'ent'Eetenues seerete'ment ;pnr~les
prentiers fonctionnaires de' Wa9ltington avec ceux
d' Angust:ura; mais- H ·est 'pel'mis a un Américnin.
de pen-ser que la marine tite:,} .. républiqtJe-n'aurait
pu etrc -plus honorahlement employ~e qu'a dé-
fenQpete&li~r~s: dacontiaentméridional; et
l'infutigahle ~Yét-ance (t!ei,fillustte ~eur ~de
1a clurmhre pou.r ftrracher une ·dédlattatiOl1 'pn~
blique en faveur des patrio tes du Sud, doit com-
·mander ,l'admiration de·t"Üut esprit généreux.


¿En->quittant la ville pour faire ,une petiteexcur-
siolt 'en' Virginie, nous 'perdimes ·.Jes disoours de
quelqt~~ orateurs distingués; nous revlumes-lléan-
moi~sI' assez -tat pour assister a -la. ,fin des dé-
bats, ce qui nous fournit l'occasion d'entendre
M. Lowndes, de la'Caroline. Sa diale'ctique serrée
fonne uncont.raste fruppant avecla chaleur ora-




( 320 )


toire de M. Clay .. lls.soutenaient deux opinions
opposées, et chacun O' f;!\.l~ possédait la maniere la
plus appr.opriée a ceUe qu'il avait entrepris. de
défendre. M. Lowndes . est sillg~ierement précis
el corr~ct dans -le cho¡'~ de ~ .mots et dans la
tournure de sesphrases, ete~pendartt les.syIlabes
coule,nt saus interruption. de Sª, bouehe, leuleil-
leur mot venant se placer comme il faut, non-seu~
lement sans efforl, mais melue, en apparenee,
sans attention de la p~rt de l'orateur.


Nous .Íullles surpris de .la facilité av~c laquelle
les. plus i eunes membres prenaient part a la dis-
cus&ion. Leu!' défaut, il est vrai , 8emble etre de
. parler.trop, et l'on peut y joindr:e eelui de forger
de nouveaux mots quand les aneiens ue se pré-
sententp1s imméqiFlterp~nt ~ e.~;x.4. p~l~ence
Qe .~ .. c~D;1:.bre.a l?~afd;des orateurs les plus fai-
bl~s est vrahnent admirable; et je doisdire qu'en
. dépit de quelques incorrections et de beaucoup
de prolixité, ils ue paraissent pas indignes de
fixer l'attention, paree qu'on peut généralement
démeler de bons raisonnemens , une ppilosophie
libérale . ~t. de.s sen timen s généreux ~u milieu de
la masse de paroles superflues que produit letll'
véhémenee.


Je me suis souvent amusée, pendant que j'as-
sistais atLX séances des représentans de la nation




( 32t )
américaine, en pensan t a la figure que feraient les '
troupes di~ciplillées ati"'yiiriistere hdtannique,
dans ; tibé 'assentblée' \doht "léS luembres ignorerit
soutent,' jusqu'au dé¡)ouiHerhent ~e8votes; quel
ser~ le 'sort des . qu~stioÍls '1& <'plu\ 'ilnportnntes.
únefois, un ~bre~tiu{difqu'.üdOmpWt qtie'le
hilI Bel'~t;rejete; '~u~jques::minuteS apres,'U"~ut
l''esp~r~ndl ~dk; l~ voit passer : il rlésespéra de noü~
veftu,' espéra encore une: fois , et, ida fin, écouta
les ozii' et les non avec 'aufant d'incertitude' que
DlOi-meme. Pendant' le sérutin,' la cdriúSitéde
l'áSs~lée paM:tt' pÓbssée jusqu'aI1tópaiie6.ce;
les si~ges furerit 'aHM.ldbritié\r;:'~ :1.1tH'! lfnwtitude
itiqui~te ét r>rÓyatit&' 6~Í?~éssa'Ütitimr-dJ fameUil;
meftan't' eh' dang-erl'ile{sttffobátioh'etG le;~let¿t~t
l' ora teu r. La voix 's'onol~e du" derriier 'parvint
néanrnoins,8.11pliser ,s~teDl:~nt" la ,~mpeté,-et
pródtiisit' Url ¡ ";sileiiéé:JltilJ'~~&Iid ··~·~Hiib'a\irá1t
eÜtendu tOlnherllne q'éPin'gIe 'wor'lelp~í:qúik;
M. CIay Die dit ensuite qoe-, deplllis-qu'il présí-
dáit láchambre, il-nePavait jamais vue-'qutune
seulé fois aussiagitée: ;


Lé'séiiat étant occupé d'aIraires peu 'irripOl~'"
tantés~cnbHs n'eftmes pas -roccasion" atfjuger du
talentde ses orateurs; 1na"is ayant été complaisam ....
lnent admises dans la salle, nons en admÍr[mcs
l' élégance, et non8 primes connaissance de la


2. 21




( 322 )


maniere de procéder dans eette assemblée. Su~
vant ce -qu'on m'a dit, les débats, dans eeUe
chambre, sont eonduits avec une véhémence
móins popul~i~e qUé dans l'autre. Je ne ~ais si
c'est l'age plus avancé des sé~ateurs, ou la moin-
dre grandeur de la salle, qui' imprime a leurs dé-
libérations un caractere de gravité sénatoriale.
L'age fixé par la loi pour etre membre du 'sénat
est trente-cinq ans; mais, quoique deux ou trois
membres sembltmt avoir a peine dépassé eet
ttge, la 'plupart ont l'air d'hommes d'état vé-
térans', plusieurs .ay(1nt .occupé un siége dans
eette assemblée "depws so~ organisation (1).


Le eongres s'est assemblé cette année au Capi-
tole, pour la premíere foís depuls l'incendie. Les
deux ailes de l' édifice (l'une occupée par la
chambre des. représeJlt~lls ~t l'autre~ par le sénat
et la cour d~' iusil¿~ 5 ~~t été reconstruites en
leur donnant ,!n peu plus que leur grandeur pri-
mitive. Le centre n'est pas encore achevé, mais
les travaux avancent rapidément. C'est dans ceUe


( 1) La ,chambre des représentans contient aussi quel-
ques tetes blanches. On me montra un membre qui avait
siégé dé}ns le con gres continental ( le premier congres) et
qui, jusqu'a ce jour, avait été constamment réélu par ses
oncitoyens.




( 323 )
partie que doit se trouver la salle d'inauguration,
ou les présidens seront installés et OU le con gres
s' assemblera toutes les fois que les circonstances
exigeront la réunion des deux chamhres dans un
meme local; elle contiendra aussi la hibliotheque
nationale, qu'un Anglais ne peuf, sans quelque
confusion, voir daos plusieurs pe tites. pieces.CeUe
bibliotheque ne contient guere aujourd'hui que la
collection de livres fournis par M. Jefferson; mais
une somme fixe étant cohsacrée annuellement a
son augmentation, les traces de la guerre seront,
je pense, bientót effacées. Quoi qu'il en soit, les
volumes marqués au noxn du présidentphilosophe
de l' Amérique , formeront toujours la partie la pl~s
intéressante de la hibliotheque natiOIlaI~. Sous le,
dome ,on doit placer un mausolée contenant les
restes de Wa~hirigton ~ la' statue de cé vénérable.


. : , •. ', f .,' ' .. , .4
patriote occupe maintenant le ciseau du. célebre
Canova (1).


Cet embryon de ville n;offie presque aucu
des amusemens d'une capitale. Elle semble néan ....


(1) Les journaux italiens ont annoncé dernierement que
eette statue ~tait terminée, et venait d'~tre emharquée
sur 'bne corvetteaméricaine. On fait le plus grand éloge
de ce nouyeau chef-d'a:uvre du moderne Ph.idias.


(Notl du traducteur.)
21 ••




t 324 )
moins jouír de l'avantage de posséder une société
-choisie. Les familles qui l'habitent constarnment
sont natureHéIhe'nt en petit nombre; mais le flux
'et le reflux -ctl~tin~ls d'étrangers qui s'y rendent
d'é toutes les parties dü p~ys, foúmissent en abon-
dance de nouveaux visages aux assemblées du
so~r. 'Ce mé]~nge petpétueI d'étrangers venant
de l' Amérique meme, et decurieux des autres
pays, tient peut.;;.etre a l'urbanité et a la poli-
tesse qui cara'C1:étisent les mreurs des habitan s
decette ville.


Quoique mail'ltétrant je sois suffisamment fa-
milia'ris'ée ave'é les habitudes siinples de cette
nation de républic~ihs, iI m'arrive encore par-,
fois de me trouver étonnée en voyant les gens


,qui nOllS entourent, et je me rappeIle assez 80U-
ventee qii~rl: cttt~'p(fud.:int. 'anglais m'écrivit
auttetOis, de 'ce'tte vill~. (( Je pense que c'esL
Bonaparte qui disait que du sublime au ridicule
ilnya qu'un paso J'ai pleinement recounu la
vériré de eeHe senténce en Amérique. Quand
Ñ vins i.ci -pour la premi.-ere fois, je me trouvais
réellemeftt -embarrassé pour décider si beaucoup
de 'choses 'qUe je vúyaÍs étaient sublimes ou ri-
dicules. La simplicité de manieres que jet re-
marquais parmi les 'personna'ges distingués de ce
lJays, put d'abord, aux ycux d'un ohscrvateur




( 325 )
encore tout éhloui du clillquant et de la fi'iperi@'
de la vieille Europe, paraitre ridicule; Illais j'ai
maintenant appris a la mieux. appréci~r' et je la.
trouve sublime.» J'éprouvai .~o~-melU~l'effet de·
ce sublime si franchement reconnu par l'all:\i qu~
je vi~ns de citer, quand je lue vis adresser' la
paroIe par le président des. États~Unis~ J'ávais.
l'il1tention de me lever, ou plutot jé sentis en~
suite que j'aurais du le faire; n13is lorsqu'il me
fut présenté par un sénateur ,. et, qu'avec l'ai ....
tout uQ.i d'un. simple citoyen, .et le calme d'un
sage , iI entama la conv~rsátiQn, la présenc~ d~es:­
prit nl'ab&ndouna 'pOUf_ un moment? f;!t je t¡~~i
mes regards sqr le respectabl~ personJl:~ge lJU:~.
j'avais devant les yeux, avec une muette émo;-,
tion, qu'iI semblait ne pas se douter de m'avoir
causée; il continua tranquiUytne~J~on di~cours,.
m' épargnan t de la sorte l' embarras de ch.ercher-
une excuse a luon inadvertance.. ..


Le colouel Monroe eut te bonheup de. voir
les par lis se réunir lors de son élection, et de·
se concilier, pend;aut son administration., l' estime
et la confiance de toute la nation amérícaine.,
Ses ilh.lstres prédécesseurs ayailt été epgllgé~dans
une· lutte active avec uri' parti tres fort et autr~
foís dominant, qu'ils parvinrent.a renverser et
a détruire, se trouverent exposés dans leur car-·




( 326 J
rierepuhlique,'a l'anin:rosité d'une minoritévain-
eue; animositéque,bien qu'ils sussent pardonner,
leurs vertus et Ieur. noble modération ne purent
eompIetement . apaiser (1). Le président actuel
arriva au pouvoir dans ttn 'm<nnent de fous le
plus heureux : la république venait de se I'écon-
ciher avec ses ennemis extérieurs et intérieurs,


(1) J'ai eu de fréquentes occasions, dans les lettres
précédentes 2 de blamer la politiquedes hommes qui
composaient ce qu'on appelait le parti fédéraliste; maÍs
je ne l'ai pas fait sans. payer un juste tribut aux mem-
bres distingués de ce parti qui, lorsqu'ils virent ses in-
tér~ts en opposition avec ceux de Ieur pays, n'hésiterent
pas 11 ¡mmoler toutes leurs jalousies et leurs animosités
politiques Bur 1'autel du patriotisme. Si pendant le con-
llitA' op,iIli9.~ }lU~".~~:vi~ ~g~~~r~ ,de 1'Illaépendan~, la
répubJique' ~~ricaine"ru{" pr~é"ée :de dissentións intes-
ti~es , '~Ue en fút également redevable aux chefs des
deux partis. Lorsque les soi-disans fédéralistes dévierent
'des grands príncipes 1'de la liJ.>erté américaine, et s'é-
carterent de leurs devoirs de ci toyens, leu1's vénérables
chefs, teIs que John Adams et Rufus King, abandon .. ·
nerent un partiqui se jetait dans de semblables écarts.
De meme, quand les II!embres du parti démocrate furent
appeUés par' le sufFrage nationaI a remplacer lcurs an-
tagonistes, ce fut a la pr~dence de leurs chefs que la
nouvelle administration dut sa popularité et la nation
iOn reposo II fut heureux pour la jeune Amérique, et




( 327 )
el ileut été difficile de trouvel' un homme d'état
plus fait, par la bienveillance de son caractere,
ainsi que par la douceur et l'urbanité de ses ma-
nieres, pour cimenter la concorde heureusement
rétahlie parmi la nation (1).


Certains diplomates européens ne serawnt.ils
pas mortifiés de voir la grande machine du gou-


par conséquent pour la race humaine, lorsqu'un chan-
gement d'administration s'opéra en 1808, que le pouvoir
ait été remis entre les mains de trois hommes a qui
leurs vertus publiques et privées assuraient la confiance
nationale, et que leur expérience et· une concordance
parfaite d'opinions mirent a meme de diriger les mou-
vemens des membres les moins modérés de leu."r parti.
En mcme temps que leur influence servit de frein a
l'imprudence de leurs amis, ils eurent la magnanimité
d' adopter quelques-~n~ "des, mesures invoquées par leurs
antagonistes, no!! pas, a la vérité, de celles qn'ils avaient
combattues comme contraires aux principes de la con-
stitution et des droits de l'homme, teUes que f alien-
bill (lois concernant les étrangers) et la loí contre les
lihelles; mais de celles qui avaiens pour objet la dé--
fense du pays contre une agression étrangere. Les trois
hommes d'état dont les talens et l'union rendirent de
si importans services a ¡leur parti et a· leur 'patrie;
furent MM. Jefferion, Madison et Gallatin.


(1) Je suis tentée de citcr un passage de la leUre d'un
de mes' amis d' Amérique qui, apres quelques réflexions




( 3~8 )
vernement eXEosée a tous les yeu~ C01nme elle
l'est ici, et surtout de voir les chefs d'une na.."
tion gouverner sans mystere, eL commander le
respect par leu:rs talens et leur carach~re aussi
hien que par le titre de leur empl()i? De quel
reilles courtisans de C*rlt*n H**s* verraient-ils
le prentier rnagistrat d'un pays quin'est qu'un


sur l'heureux esprit -de concorde qui regne aux Etats·Unis
ajoute : u Tout le' :JI1onde s'accorde a louer la. conduite
mQdóré~ et prudento d~ M. Monroe. Les marques de res-
pect q\l'il re~ut ,de tous les partís et de toutes les classes ,
lorsqu'il parcourut dernierement une grande partie du
territoire de notre pays ,doivent avoir satisfait son creur.
Lorsqu'il passa par notre petite vilIe (et le meme sen ti-
ment se manifesta partout ),·chacun parut jaloux de par~
Iel' au hon prtlsident. Les vieillarcIs ~ui, com~e luí, avaie~t
ser vi ilans la ,guerre de la J'é'Vol~tiQ~,2 vo~lure~t se faiJ;'6
connaitre ~ luí. <:onlm.e d'anciens soldats: Il leur témoigna
des égards tout 'particuliers ~ et parut leur parler av~c
plaisir, et meme avec émotion, des batailles, auxquelIes,
jIs avaient pris part, et des inquiétueles qu'ils avaient
éprouvées ensemble. Son arrivé~ ayan! été, prévue, on
avai~ fait beaucoup d.e petit~ préparatifs. Ceux qui avaient
des jal'dins avaient soignellsement gardé Ieurs pl\ls heau~
fruits .... lVIais ces choses paraitront puériles . en Europe.
C'est pcut-ctre uniquement pour ceux q1,li ont été élevés.
dans une répuhlique, que ces simples hommages du creUl"
Cll elisent plus que tout ce que la richesse pClÜ acheteJ;'
ou le llouvoir commm~der. ))




( 329 )
homme 'p-armi d'autres hommes, qui marche sans
suite, vit sans faste ; }Oeqoit ses concitoyens a
hras ouverts coinme ses 'compagnons etses égaux,
qui se délasse des travaux du cahineFaupres du
foyer de sa fail1fn~, qui, se"dérohe un moment
au tracas des aff:iires publiques pour aller ios ....
pecter lestravaux de Sá ferme, et pouFvoi t el tou~
tes les dépenses de son éminent emploi avec un
sala ire de óooo livres sterling (enviro n 150,000 fr.)
par an?Que diraient-iIs d~un secrétaire d'état qui,
avec des émolumens d'un peu plus de lobo liv~es
sterling par an, travaille ,',du matin an soir ,-éi rÍe
se distingue' d'avec ses concitoyens, qUtL par ses
talens, son savoir, une douceur 'de caracter:e et
une simplicité de mreurs et d'habitudes qui re ..
portent l'imagination vers les anciens sages de
Sparte et de Ronie'?"""" j" ,),J(; f'~ ;'


Le cérémonial si simple, ou plút6f' l"abs'ence
de tout cérémonial qu'on observe dans le salon
du président n'est pas peu faite pour étonner les
courtisans européens , et causa un jour autant
d' embarras et deconfusion a un' représentallt
de la royauté, qu'en éprouverait fi la éour de
Saint-James une jeune filIe qui arrive'rait des
Inontagues du pays de Galles.


flIeker OIsten , ministre de Danelnarck aux
Etats-Unis, SOllS la présidellce de 1.\'1. Jefferson,




( 330 )
.


ayant appris , a son arrlVee a Washington, que
le président était visible tous les jours a deux
heures , se présenta a cette heure pour rendre
ses devoirs' .au chef de la nation américaine ..
M. Jefferson le re<;ut avec tant de politesse et
de cordialité, et lia avec lui uneco~versation
si anitnée, qu'une heul'e s'était écoulée avant
que l'étranger ne s'aper<;ut que sa visite avait été
extraordinairement prolongée. A la fin, l'entre-
tien commern;aa languir, et le diploma te étran-
gerattendait qu'on le congédiat, tandis que le
président, comme on peut le présumer ,désirait
que celui-ci ternUnat sa visite; mais la simpli-
cité de l' entrée n'avait pas été. suffisante pour
faire comprendre a un ministre européen cclIe
de la sortie. Le représelltant du roí de, l)ane-
m~rck~ re~~i~\clou.é '. ,sQf¡ &OQt~iÍlge" ~ttendant le
,signal d~ laretraite. Il eut beau attendre ce signaI,
le président ne le donnait point. Persuadé qu'il
était importun, et se sentant de plus en plus
mal a son aise; désirant s'en aller, et .cepen-
d~nt ~raign~nt de comme~tre de la sorLe une
plus grande fauteconlre 'le décorllill ,Je pauvre
ministre demeurait assis, comptant les minutes.
Enfin l'heure du repas arriva, et M. Jefferson
mit le comblc a sa confusÍon en le priant de
re8tcr et de partager un diller de famillc. Ble1wr




, 331 )
Olsten se leva, balhutia une excuse, et s'échappa
de l'appartement.


De la maison du président, le ,ministre décon-
tenancé se rendit précipitamment chez un Amé-
ricain de sa con1\l\issance qui occupait un emploi
dru;ts le gouvetnement et avec lequel il s'était déja
entretenu sur les institutions' nationales; il lui
raconta son aventure et entra ensuite en expli-
cation avéc lui sur ce sujet : « Comment, lui dit-
il, j'aurais dli me retirer sans qn'oÍl me con-
gédiat? N'avez -vous done pas d'étiquette? Ne
reconnaissez - VQti8' aúcU:Ílc distinction de rang
ou d'emploi? Comment existez ~ vous eomme
nation? De queDe maniere vous 'yprenez-vdus
pour eonserver a vos autorités constituées, le res ...
peet néeessairepour leur donner du poids et pro-
~urer de lasólid\t~'á\l.~uv~rl.em.mit?PeUt~tre
avez-vous quelques antros; forma:lités; 'q'u~Jje< ne
connais pas; expliquez-Ies moi; apprenez-moi les
regles que je dois observer dans mes relations avec
votre président. »


On tIt entendre alors a Bleker Olsten' qn'il avait
laissé les.formalités de l' étiquette' danslescours des
souverains de l'Enrope, et que leseul, privilége
dont jouissait le président des États-Unis dans
ses relations avee ses coneitoyens, était de rcce-
voir des visites sans les rendre, usage rondé sur




( 332 )
la simple raison que s'il rendait une visite, il fáu~
drait qu'il les rendit toutes, ce qui, a cause d~ .
la grande quantité de personnes qui venaientle vi-
siter:, et q.e ses ~omhre~ses occupations, était ah-
solument ímpossible. ' ,


Le meme ministre, dinant quelques jours
apres chez M. J efferson, ne man~lua pas de 8' ex,-
eliser sur la longueur de sa derniere visite, et
apres en avoir expliqué la cause, témoigna la
surprise que luí causaient des lnanieres si nou-
vellespour un Européen. «( Je sais, ajouta.-il, que
ce n'est pas a unétranger a ctitiquer les coutumes.
d'un pays qu'il vIsite, je suis persuad~ également
que le présiden t actuel peut se mettre a.u-dessus
de toute fornlalité; mais l'intéret que je prends a
votre pays, me servira d' excuse, si je blame une
simplicité Q.e manieres qUl peut ~tre honne p01ll'
un J efferson, mais qui serait peut-etre dange-
reuse pour ses sueeesseurs. Il y a des regles géné-
rales auxquelIes on doit se soumcttre, paree
qu'elles sont faites pour tous.les temps et poul'
tous les hommes. Croyez-moi, Monsieur, ou plutót
croyez-en l'expérienee des siecles, qui m'autorise
a affirmet' que les regles de l'étiquette ne pe~­
vent etre violées impunément; et que, pOlir as-
surer la stabilité des gouverumnens, leurs ehefs.
doivent ctre environnés d'une splendeur et d'une




( 333 )
pompe faites pOUí' commander l' obéissance de la
multitude. »


- « J e ne prétends pas, répondit M. J efFerson ,
contester la justesse de vos observatiC?lls par rap-
port aux rois; mais nloi, Monsieur, je ne suis
poii1t roi. PerDlettez-moi de 'Vous raconter une
anecdote qui expliquera la d!fférencé. Vous con-
n'aissez la passion du roí de Naples pour la chasse.
n arriva qu'un jour superbe pour pnendre ce
plaisi~, Sá. Majesté fut obligée de tenir un grand
lever. ~es présentations furcnt en'core plus UQm-
breuses que le roi llll-meme. ne s'y était attendu
et mena~aient, . par- leur durée interminahle, de
le priver de ~on amu~eJ1ient favori. A la fm il
perdit patiencc, et se· tournantdu cÓté du fa-
meux Caraccioli qui était alo'rs ministre des
afFaires étrangeres-: «~arjquis, l~~ :dit-il, ~ue ces
cérémonies sont ennuyeuses! ) Votre. Majesté,
répondit Caraccioli avec une profonde révérence,
V otre Majesté oublie qu' elle est eIle-meme une
cé rémonie. »


« Je ne sais, me dit la personnede qui je tiens
c'ette anecdote, si Bleker Olsten sentit daIls le
lnomfmt le traitque lui avait décoché le prési-
dent; roais il demeura deux ans dánsnotre pays,
et parut avoir compris avant de' le quitter, que
notre g()H.verneulént n'a pas besoin d'etre sou-




( 334 )
tenu par des moyens artificiels; qu'il n'a pas a sa
t.~te un etre irresponsable, créé par une fiction
superstitieuse, u"ne cérémonie; mais un homme
comptable de toutes ses actions,. qui a des devoirs
nombreux et importan s a. remplir, et dont" la
place dans l'estime publique est<marquée par la
maniere dont ü remplit ces devoirs, et' non par
une vaine pompe, et par les, regles frivoles de l' é-
tiquette. »


,Maintenant ,ma chere aInie, je touche a la fin
de la volumineuse correspondan ce que j' ai entre-
tenue avec vous de ce paya. Vous essayez de me
persuader que les notions que j' ai recueillies on t
eu souvent pour vous le mérite de la nouveauté.
J' ai cependant a regretter que mes observations
aient été hornées a une portion de ce vaste pays,
dont toutesles partie&méritent deJner les.regal'ds
d'lUl vóya~eur¡plus éclaiiéque moi. J'avoue que
pour les états, du Sud j'ai tonjours éprouvé une
secrete répllt,<TJlance a visiter Ienr territoire. Le
spectacle de l' esclavage révoIte partont; mais en
respirer lesml.asmes impurs avec l' air libre de
l' Amérique, est une chose affreuse pour moi, au-
deIa de tont ,ce .qu' on peut imaginer. J e n' ai pas
l'intention de me livrer a de vaines déclamations
contre l'injustice d~s maitres et la dégradation des
e~claves. C' est un su.jet sur lequel iI est difficile




( 335 )
de raisonner, paree qu' on est trop maitrisé par ce
qu'on sent. J'ai pu m'apercevoir que les diffi- .
eultés qui arretent l'affranchissement des esclaves
sont nombreuses; mais si les maltres se contentent
de dépIorer stérilem.ent le mal, au lieu de pousser
a la roue et de trávaiHer activement a appliquer
le remede, ni leur. politesse dans un salon, ni
leurs vertus dans la vie privée, ni meme les ser-
vices qu'ils ont pu rendre dans leur carriere pu-
blique, soit au sein du sénat,· soit sur le champ
de bataille, ne les préserveront de la répro-
bation de leurs freres du Nord et du mépris de
toute la race hum~ine. Les Virginienss'enor-
gueillissent, dit-on, de la dduceur avec laqaelle
ils exercent leurautorité sur leurs serfs afrieains.
Comme toutes les personnes qui eonnaissent le
earaetere des planteurs de la Virginie semblent
s' aceorder a '~endre témoignage etiJave~;de Je~r'
humanité, il est· probable qu'ils méritent les
éloges auxquels ils prétendent; mais, dans l~ur
position, la justiee devrait l' emporter sur la ~m­
passion; briser les ehaines des Afrieains serait
plus généreux que de les dorer; . et, que nous con-
sidérions l'intéret des esclaves ou celui des mai-
tres, ce serait certainem.ent plus utile. II est vrai
que ce ne pourrait ni ne devrait etre fait trop
précipitamment. Donner la liberté a un esclave




( 336 )
avant qu'il en connaisse le prix, serait peut-etre
pIutot !ui infliger une punition que lui con-
férer un. bienfait; mais. iln' estpas clair poul' ll10i
que les planteurs du Sud s'appliquent convena-
Llement aaplanir la.'Voie., PQur ,un changement
Jans: la condition de la population noire, qu'ils


-avouent etre non-seulement désirable m1Üs meme
i~vitaLle.D'apres ce que j'aientendu dire a
quelques-uns des plus distingués parmi les habi-
tans de. la Virginie, je ne puis m' émpecher de
craindl'e, qu'ils ne se laissent décourager par le
peu de succes qui a jusqu'a préseIlt couronné les
efforts des phil~rQpesqui ont luís tous leurs
soil1S a étudiel' le caractere et la condition du
negre.( Visitez lescabanes des negres libres, me
dit un personnage éminent, natif de Virginie, avec
quije Ul'~lltr~t~Q& 4ef~¡er~~t:SW-' ~ I¡)~et, vous
y .. ttoqver~. p~u:oo ooose. propre a faire peuser
qu' en acoordant les .droits d'hoIDIUes libres a nos
noirs, on parviendrait a améliorer l€ur condition
olli élever lenr caractere. »(11 est incontestable-
roent vraiqu.e l~ negres libres dll ]\'Iary land el
de la Virginie {orment, la partie la plus misérable
et par conséquent l~ plus vicieuse de la popu-
lation noire. La u10indre attentiol1 de lapart de
l'étranger lui suflira pour se convaincre de la
vérité de cette assertion. Je ll'ai pas vu un nlisé-




( 337 )
rabIe ncgre a demi-vetu, que je n'aie appris, en
prenant des informations sur son compte, qu'il
était en possession de sa liberté. Mais que peut-on
conclure de la ? qu' affranchir la race africaine se-
rait amigar le pays d'nne pIme pire que' celle'qui
le défigure / deja? : L'histoire des negres' d~ns ~es
états du Sud" nous garantirn d'une concluSion
aussi révoltante.Quand on soutiendr~it que ,lA.
meme i1sforment la partie la moins.précieúse de
la population, cela ne fait riena la question.·~
leur caractere se perfectionne chaqué jour, .fait
que personne ne peut nier, nOUi avons rine, ,don.-
née suffisante pour appuyer notre opinion, qu~íIs
pourront, avec 'le temps',' devenir' desmemhres
utiles de la société, et que le vice et lamisere
qui habitent ici dans les cahanes des negres ~f­
francllis,;' ,peuvent :~~ attrj.hués ;.en' ~~i~!.!~
mélange d'hommes libres en d' esclaves . qu' olñe
aujourd'hui la population noire.Si toute la face
africaÍne était affranchie, son éducation de-


o viendrait nécessairement une affaire natiohale ;
la population blanche serait forcée d'achet~r les
servlCes des'Jloirs, et ceux-ciseraient dans la o né-
cessité de wsvendre. Aujourd'hui ,lorsqu'ils sont
l'endus par quelque généreux planteur a la liberté,
qui est poul' tout homme un droit inné, les en-
fans de l' Afrique perdent la protection d'un mai-


2. 22


{;i~t~~~~
-:~


,,,}
\,~:~




( 338 )
tre, sal1S pasS'cr sous la' tutelle de la loi. Pour leur
esprit sans culture, _ le don de la liberté n' est
qu'une exemption de travail : pauvres, ignoran s
et paresseux, il est impossible qu'ils ne devien-
nentpaségalement vicieux. Afin de se décharger
du poids toujours croissant" dupaupérisme (1)
noir ~ la Virginie a mis une restriction a la hien-
faisance de ses citoyens, par une loi obligeant le
maitre qui affranchit ses esclaves de les renvoyer
hors des limites de l' état. Conformément a cette
loi, M. Coles, natif de Virginie,et qui fut pendant
quelques années secrétaire de M. J efferson, a
dernierement


É


expédié une colonie de noirs, pour
aller s'établir dans l'état d~Illinois. A la mort de


(1) Nom donné par les Anslais 11 1'.un~cs plus ~rand5
fléa.ux -dont J~~,sOi,~ºt amigés,. ~lul" <1'une race de pau-
vres pour ~'I;eIÍt:reti~n'de ta:~helle ils paient une taxe
énorme. J'ai cru pouvoir me servir, apres M. Charles
Dupin, du mot de paupérisme qui n'a pas d'équivalent
dans notre langue. Cet autcur attribue a Elis*th la
création du paupérisme. «. Cette reine, dit-il, prit une
mesure . digne de l'ignorance de son siecle. Elle inter-
dit par une loi l'aumane et la mendicité; elle érigea
tous les pauvres en c1asse privilégiée; elle en fit des
salariés du royaume, et j'oserais presque dire des fo..llc-
tionnaires de findigence.»


(Note dl/, traducteur.)




( 339 )
son pere, ce vertueux citoyen se trouva possés~
seur de dix-sept esclaves, évalués a huit ou neuf
mille doIlars (de 40 él 46 mille fr.). Sa fortune
était médiocre, mais il n'liésita pas un moment
A renoncer a ses droits sur les noirs dónt. il héri-
tait; iI acheta une portio n de terrain pres de l' é-
tablissement d'Edw:ardsville, dans l' état d'Illi-
nois, et la, il a procuré du travail a ses noirs,
qu'il encourage a économiser s~r leurs gams, de
maniere a pouvoir réaliser de quoi établir de petites
fermes. **** passa quelque temps a Edwardsville,
l'été dernier, et visita souvent l'établissement. de
M. Coles. Les noirs qu'il a alfranchisne lni par ....
Ierent de leur anmen mmtre qu'en versant des
larmes de reconnaissance et d'affection ;et deux
d'entre eux, que la famille chez laquelle **** ré-
~idai~ ,av~t . prl,s :if2uri';~~flm.e~~~~~e~? r:.~ J?as~:~~~~t
}amalS un )our sans an~:f vOlr~rColes,e~t~ de..;.
mander s'il n'y ava.it ríen qu'ils pussent faire poul'
lui. Je porte plus envíe a l'homme a qui on
adresse cette question, qu' a César montant en
triomphe au Capitole.


Pourquoi cetie reuvre de bienfaisance serait-elle
abandonnée a la philantropie des individus? La
vertu d'un Coles,quelque belle qu'elle soii dans sa
nature , et utile dans ses effets sur le petit cercle
~ Oi1 elle ex ere e son infIuence, ne peut presque ríen


22 ••




( 34~ )
POUf la société entiere. Par queHe raison la. Vir-
ginie ne revient - elle pas au plan tracé par elle
danslapremiere année de son indépendance? N'a-
t.;.eHe plus-assez de ve;rtu pour executer ce qu'elle
eut la sngesse -de ptojeter:? -Elle afait tant et de
si nóbles sacrifices a l'hutnanite et aú 'p~triotisme ;
son hisioire presente tantd'actes d'héroisme, de
generosité et de desinteressement, que je suis dis-
posee a croire qu' elle peut etre carable de celui~
ci. Elle ne saurait d'ailleurs etre assez a'veu-
glée sur l'.avertir púur ne pas prévoir les 'consé-
(¡uences dont elle estmenacée, si elle ne prend
pas quelques mesures efficaces 'pour se délivrer
de la' plaie épouvantable qui couvre son sol. Une
guerre contre ses esclaves est le moindre des mal-
heurs qui puisse leur arriver; la perte' de sa ré-'
pq~a~de~~i1X\~ ,:\<l~~ :$\J.'force etde. son:
importan'ce, pólitique; le vice, la paressa, la dé-
gradation, tels sont les maux qui la ftapperont.
Les Ilotes tomberontdans une plus vile corrup-
tion, et les Spartiates déviendrontIlotes eux-


A
memes.


Mais je dois vous'ratiguer par mes reHexiúns sur
un fléausi éloigné de votre vue.Si vousaviez étudié
avec moi l'histoire et le caractere de larépublique
américaine, si vous aviez vu chez elle le germe
d'autallt d'excellence, une aussi brillante aurore




( 341 )
ue g\olrc natlonale et une aussi Lenc apparence
de grandeur [u tare , que votre amie pense qu'ell~
a pu en discerner, vous partageriez tont le regret,
l'impatiellce et l'inqniétude avec lesquels elle en-
visage toute tache qui. souille la pureté de mreurs,
et tout danger qui menaee lá paix de eette, in-
téressante république. Une terrible responsabilité
pese sur la nation amérieaine ; les libertés du genre
humain sont eonfiées a sa garde; que ses eitoyens
y sorlgent! L'honneur de leur république es-t atta""
ché a la eonservation de ce précieux· dépot; les
agens de la tyrannie son~ aetifs dans un hemi..;.
spbere; que ies enfans de la liberté le soi,ent éga-
lement dans l'autre! puissent-ils reprendre avec
une nouvelle ardeur le grand reuvre qu'ils avai~nt
aut~>e.cois commeneé avec tant de sucees; en un
lnot, puissenFilS téáli~rla propMtléeontenuedans
ces paroles que nl'adrcssa' dernierétllent !eurvéL
nérahlc président : Le jour n'est pas éloigné ou,
ron ne truuvera pas un seltZ eselave en Amé-
rzque.




( 342 )


NOTES.


(page 165J L' apologue suivant a éte adressé, sous la forme
d'une lettre , a l'éditeur d'un journal auquel le Columbian
de New.,. Yorkl'aemprunté. L'auteur supposé de cette leUre
est le f~rmier· Samuel. Il est clair que c'est le peuple des
Etat&-Unis que l'on désigne ainü, et q~e le nom de Sa.,.
muel a été choisi en l'honneur de. Samuel Adams, l'un des
plus célebres < foJidateurs de la liberté a~éricaine. V ~ici
'co~ment s'exprime le fermier Samuel:


« Les temps sont durs, monsreur l'éditeur, les temps
sont durs ;' c'est ce que je'dis et redis sans cesse a tous mes
fils .' ~~~pti~hQCepe'fid~~t·; ~ 1't8\i! ~eniez chelf nous"
'et si vo'us ert Jugié~" d'api'~ les "spparences, , vous soutien.,..
driez que nous sommes assez a notre aise. Une vicine fabIe
~ous apprend que, IorsC{ue l'on est embourhé, il fa\lt
pousser a la roue ; mais il parait qu'il est nécessaire de dé-
libérer longuement et av,ec attelltion pour savoir de quelle
épaule on pO\lssera. L'exemple de notre famille du ~oins
le prouve; car, depuis trente ans, nul de 'nous n' a pu dé-
terminer si ce doit ctre de la droite ou .de-la-gauche, puis-
que nous ne pouvons les appliqueD toutes deux en mcme-
temps a la roue.


n Mes eofaus disent que j'aime trop les fabIes : Eh bien!
j'y renonee anjounl'hui pour vous ra,conter une histoirc




( 343 )
'Téritabl-e, ceUe de ma famille. Je vais YOUS exposer l'état de
nos affaires aussi cIairement qu'il me sera possible, afin d'a-
voir l'avis d'une personne plllS expérimentée que moi, soít
dit sans me faire tort.


" Ma ferme se compose d'tHl lerrain tres étendu ( le
territoire del'Union l,qui appartenait autrefuis B.-un In-
dien; mais Otl le lui ac11eta, ou du moins on prétendit le
lui a'Toir acheté. Tant y a-t-il que mes ancetres s'y établi-
rento Je ne vous apprendrai pas leur nom, car cela ne faít
rien a l'affaire; et, a vrai dire, je ne le sais point. La ferme
changea de maltre achaque génération; et. de pere en fils
elle parvint a mon oncle George ( l' Angleterre) qui me
la loua en totalité. ~ e doi~ vQl;'s dire que mon ó~cle es~ ~
c11ant et taquin, bien q~'il me soiti si proche'parent. Pen-
dant longucs années ,je lui payaiJe ferm~e',~:v,~~ une exac-
titude parfaite, et je finis _ par me trouver~' u~ pfm ~ Yaise,
ayant treize gar~ons vigoureux { les treize états. qui com-,
poserent primitivement I'U nion ). ns étaient aussllaborieux
qu' aucnn autre indi-vid~! 4:~h~~\\rd~,:~ú~~'3~e ,11~~fg~rdais
comme les plus intelligens de tout le pats, (1' ,t\~é~ique ).
Vous imaginez qu'ils travaillaient. for,t ,. et vous ne: yous
trompez paso


» Lorsque mon oncle George vit que mes affaircs, con ti-
nuaient a bien aller , il m'envoya dire un jour qu'en outre
de la rente que nous lui payions, il avait, droit él tout ce
que mes flls gagnaient : aussitot que mes- gar~ns revinrent
de l'ouvrage, je leur a'ppris cette nouvellej its ~ntrerent en
fureur, surtout mon fils alné Matt ( Massachussets, l'état
qui le premier s'insurgea contre l' Angleterre ). Finalement
nous résolumes de ne pas céder a notre onclo, et de nous
soutenir mutuellcmcnt,' dans le cts OU iI aurait l"eCOUrs a




( 344 )
la farce. Quand George apprit que nous étions récalcitrans,
il rama ss a quelques moissonneurs aUemands ( les' Hessois et
les Hanovriens qui .furent énvoyéséOntre les insurgens ),
pla~ un de ses fils a leur tete, et cette bande vint fondre
sur noru:pendánt qiQé'8~·éti()nlJ au~ champa; elle sajeta
d'abord sur Matt, lui lia les mains', et lui mit .un baillón
dans la houche; mais nons nous ralliameS pYom-ptement"
et nous les eftmes bientot fait repartir plus vite qu'ila Tié~
taient venus, je vous assure.


». Au milieu de la bagarre , le voisin Franks ( la France )
mit le ne~ a la tenetre, pOUT savoir de quoi iI était ques~
tioli~ Quaud je lúi eu$ conté Pbistoire, « Samuel, me dit-
) il,.i-ousSérez un grand sot, si vous payez mainrenant un
» seul· g~i1Iinga yotre onele. S'il vous demande quelque
)) cbose, drtes que vous ne voulez rien donner, e t par Saint~
) Denis, je voUs soutiendrai. » Il m'a tenu parole; et George
voyant qu'il y perdrait son latin, me 11t dire de gardcr la
maudite fermé et de m'en al1er au diable; mais je me suis
n;toqúé de sa . nr.déd~tioo en so~rit'a la· maniere dont
ndus avions frotté ~'AÚemátldg. Arissltot que tont a été a
moi ~ ·j'ai donné un lót a chacun de mes 11ls; mais nous
sommes convenns de vivrc ensemble, et je me suis réservé
le droit de prononcer sur tout ce qui se rapporterait a l'in-
téret commun. J'aiaffermé plusieurs portions de terrain,
et fai décidé <{úcsi mesnouveaux locataires se comportaient
hien, jc les adopterars, a-vec le consentement de mes enrans.
A ujonrd'hui, .i1s :sont ncuf qui jouissent des m~mes droits
que mes propres fils.( le nombre des Etats de l'U nion est
maintenan(de vingt-cleux). le suis faché de vous lé dire ,
M. l'éditeur, quelquse-nns de mes 111s apoptifs, et memc oc
mes propres en fans) soflt dcvenus singuliercmcnt paresseux¡




ce quí, a mon avis, les cmpcchc d'entendre raison dans nos
petites disputes, car, clans les grandes faroilles, iI s'en éleve
toujours quelqu'une. Celle que nous avons maintenant sur
le tapís me tourmcute beaucoup ; et réellement je n' ai jamais
été plus embarl'assé, ~m~ loI'$q~' . Georse · 'Y()ulait .me .
mettre dellOrs ..


») Une cho~ bi~arr~, et cependant trop vraie, c'est que
noua payons plus d'argent a George, depuis qu'il nous a
abandonné la fcrme, qu'il ne nous en faisait payer aupa-
ravant ; et voici cornment. Si quelqu'un de nous a hesoin
<l'une beche, d'une pipe, d'une derni-dollzainede couteaux.
et de fourchettes, ou seulement d'uD cllrede~t)' ·H.envoie
ach.eter tout cela cll(~~ Geo~ge; e~ quand l'on~16ti~t Q~e
fois notre argent, nqus ne le rev(}yoru¡p1us ,je ,vous assu.re.
U y a qnelques années, l()~sque George ne faiiait.!:i~p.que ~
haUre tons -les jours, car je vous ai ditquec'estuB: damllé
r¡uercllcur, mes fils lui portaient du bléqu'ils échangeaie~t
conb .. e les ohjets qu'iI fabrique; mais aujourd'hui que l'oncle
n'est plus. hl'ouillb a~oo,¡~riV~isi~,_~lJ!(.L;Vf$Ht !,ien no1J.S
llonner que pour de beauxethons.d.ollars.. ", .. -


» Quelques-uns de mes Ills, les plus .riches et l~s plUs ill-
tclligens, nc cessent de me dire que si je veux chasser les
colportcurs de George, et ne plus prendre de ses marchan.-
Jises, ils s'eJIorceront de fabri(luer les obje:ts qui nous man-
quent, et que de cettc maniere l'argent restera chez .. nousj
mais que ce scrt¡.it peine perdue de l'entreprendre tant que
les colporteurs de George seront re~us a la ferrne, etven-
dront leurs ohjets, comme ils disent, a vil prix. Parmi le
reste de mes en fans ,les uus ne disent rien, mais les autres ,
et ce sont les plus paresseux , <tui ont épousé des filles ele
Gcofge, 11C vculcnt pas que j'cncouragc lcurs freres, et que




( 346 )
jettent toujours au nez le bon marché de ce qu'ils acheteD;t.
J e sais fort hien que les ohjets de George ne sont pas chers. 1
en ne regardant que le prix qu'on les paie ; mais je surs
porté 11 croire que si me's fils les fabriquaient, ils seraient
moins che~s en réálité ,et je ~ais vous ~ dire ce qui me le fait
penser. Premierement, cela augmenterait les travaux chez
nous; en second lieu ~ ceux de mes'fils qui se seraient mis
a fabriquer prendraient en paiement de leurs march~ises
les den,rées que leurs freres auraient récoltées, et enfin ils
procureraient de l'occupation 11 tous les paresseux du voi-
sinage, qu'il nous faut ~ourrir 11 rien faire.


,) Ce qui me ~onfond, e' est que ceux de mes enfans qui
s'opposent 11 ce p~ojet, demeurent completement oisifs. Ce-
pendant les gensdeGeorgene veulent rien donn.r que pour
de l'argent; comment pourront-ils s'en procurer? Personne
aujourd'hui n'a hesoin de nos denrées, et quant aux grains,
mon fils Penn (l'état de Pensylvanie) m'assure que ce qu'il
en vend ne vaut pas la peine d'en semer. Tout ce!a est
cause qu'onnous entend. san$'.cesee murmurer , et que mes
enfans ne 'font ríen.· Áu: lien de· travailler, les uns s' en vont


· dormir, et les autres hoivent et mangent tout le long
de la j~urnée, et Dieu sait si j'enrage de leur voir mener


· une pareilIe vie. Telle est la situation de nos affaires.
Cependant quand OIinous voit le dimanche rouler dans nos
gigs; aveo nos heaux habits, les voisins ont rair de nous
jalouser;maisil est clair, comme deux. et aeu~ font quatre,
que si nous ne nous arrangeons pas entre nous, et a'une


· honne maniere,avant peu personne ne nous jalousera plus.
Je ne vous ai rien caché, monsieur,l'Editeur; je désil'c
a voir votre avis,. et suis avec estime, SAMU.EL ,[ermier. ll




( 347 )
. (Page 184.) Des six mille Hessois que leur Landgrave


nvait vendus et livrés aux Bretons '-pour soutenir la guerrc
d' Amérique, quatre mille restaient quand la paix fut con-
clue: ils ne voulurent point se reInb;u-quer, .et déserterent
par centaines, p~ur s'enfo~~erdánslerfÓtefS,' au' il fut
impossible de lesatteindre.: Comme ils maniaient bien
]a hache, on leur donna ,une piastre par jour ;ils tra-
vaillerent de bon creur, et trouverent qu'il valait mieux
gagner 1Jcaucoup d'argent que de revenir en Europc se
faire venare une seconde fois.


(Pa:ge r8g. ? V¿ceoarg dé' ThélllZO.f' JR.!1n·,F07F, pl'bwnt nco
Etaes- Unis",prono';"'cé ason installation", le 4 mars 1801,
daTU; la 1Jille de Washington.


A~lS ET f:ONCITOYENS '"


Appelé a remplir les fonctions du premier elDploi exé-
cutif de notre "Paya,.jeJ:proD.,tEhde. J~ . p~~e~ce ,de cette
portion de mes concitoYer$ assemblés iéi ,ponr exprilq,er


· ma reconnaissance ponr la faveur qu'ilsm'ont faite en
daignant jeter les yeux sur moi; je viens aussi manifester


,la conviction intime que j'ai de l'insuffisance de mes talem,
et déclarer que je n'accepte cette charge imposa~te


· qu'avec la défianceprofondeet rtatu~elle' quem'inspirent
si justement l'immensité du fardeau et la,faiblesse de


· mes moyens.
Quand je vois une nation naissante, r~pandue sur une


terre vaste el fertilc, traversant toutes les mers avec les
riches productions de son sol et de son industrie ; e~ rela-
tion de commerce avec des gouycrnemens a qui une




( 348 )
puissancc momentanée fai~ méconnaitre des droits étcrnels;
s'élevant rapidcmont a a~s destiné es impénétrables aux
regards des mortels : quand jc considere ces grands objets,
quand je vois l'honneur, la félicité, les espérances de cette
patrie' biétl-aimée, atia:clíésau: résultat de ce jour, et, en
quelque fa~on, placés sous ses ~mspices, je treinble et je m'hu-
milie devant la grandeur de l'entreprise: Je serais ,en effet ,
entierement sans espoir de succes, si la présence d'uÍl grand
nombre de personnes que j'aper~ois dan s cette assemhlée
ne me rappelai t que je trouverai dans nos premieres
~utorités constituées des rcssourees de sagesse, de vertu
et de zeIe, sur lesquelles je pourrai compter dans toutes
les occasionsdifficiles.


Cest de vous done, citoyens, a qui sont conflées les
fonctions supremes de la législation, et de ceux qui sont
associés a vos traTaux, que j'attends 'avee confiance les
conseils et l'appui dont nous avons besoin pour gouverner,
avec assurance, le vaisseau sur Jeque} nous sommes tous
embarqués "au milie~ du conffitdes -élémens d·uÍl monde
agité .. ·< '.


Pendant la ~ durée des discussions poli tiques dans les-
.quelles nous nous sommes trouvés engagés, la vivacité de
1a dispute et de la tutte a présenté quelquefois un aspect
(lui 'pouvait en imposer a des étrangers peu accoutumés
a penser librement, et a dire, et écrire ce qu'ils pell~ent :
mais aujourd'hui que. ces débats sont terminés, la voix. de
la nation s'étant faít entendre daÍls toutes les formes pres-
(~rites par la constitution, toutes les volontés céderont, se
:.oumettront a la volonté de la loi: et se réuniront pour le
hien général. Nous porterons aUsst tons dans nos creurs ce
príncipe sacré que: quoir¡uc la yolonté de la lniljorité (toile




( 349 )
}1révr..loir tlans tous les ClS ) cette volonté J pouretrc juste;
doit etre raisonnable; que la minorité possede des droits
égaux, que des lois égales doivent protéger , et qui ne
peuvent ~tre violés sans qu'il y ait oppression. Unissons-
nous done, eoncitoyens, de creur et d;esprit; rendons a
nos relations sociales, eette harmonie , ceUe affection , sans
lesquelles la liberté, la vie meme, neserai.ent qu'un triste et
pesant fardeau:N'oubligns jamaisqu'en bannissant de Dotre
patrie ceUe intolérance religieuse sous laquelle le gen re
humain a gémi si long - ternps, nous n'aurons rien ga--
gné, si DOUS laissons subsister parmi nous' une into-
lérance politique aussi tyrannique., aussi crirninelle, et ca-
pable d'engendrer t!'aussi funestes et d'aussi sanglantes
persécu tions.


Pendant que l'ancien monde ~tait ,en proie. a toutes
les convulsions, pendant ces spasmes et ces transports ou
l'hornme devenu furieux., cherchait dans le sang et le
carnage la liberté perdue depuis si long temps, il n'est
pas étonnant qlle .)?aw.tatÁ9A~~,vilgUP~ se $Oit, ~ait sentir
jusque sur ces bords éloig~és' et paisibles; que le danger
ait fait plus d'impression sur les UDS que sur les autres;
qu'il y ait eu une diversité d'opinions sur les mesures de
salut : ,mais toute diversité d'opil1ions n'est pas une di-
vel'sité de principes. Nous avons donné J il est vrai, des
l10ms différens a des freres qui J divisés pour l'applica:..
tíon, étaient tous d'accord sur le principe. NoZlS. somme/:;
tOUf> républicains -' nous sommes tous fédéralistes. S'il
existe quelqu'un par~i nous qui désire de . voir cette
Union dissoute, ou les formes républicaines changées,
laissons-Ie vivrc en paix ; qu'il subsiste au milieu de I.OUS!
comme un luonumcnt de la sécurité avec laquelle l'cr-




( 3:30 )
tcur d'opinion peut etre' tolérée, dans un p~ys OU lá
raison est libre de la combattre. Je sais, en effet, qu'il
y a des hommes debonneioi qui pensent qu'un gou-
vernement républicain ne peut etre fort; que le notre
ne Pest -eas as5eZ. Mais le patriote honnete voudrait ..... il,
malgré 'l'e'3:petience du' sUcOOsle pltls complet, ahan-
donn~r, changer, altérer, une fcirm:e de gouvernement
a laguelle nous devons Dotre liberté~ notre prospérité et
notre vigueur, pour des théories, des visions, enia'D;tées
par la crainte que ceUe forme de gouvernement , la
meilleure a laquelle le monde puisse prétendre, et peut-etre
aujourd'hui son plus ferme espoir, n'ait point assez d'éner'"
gie pour 'se défendre elle-meme? Je ne'le pense, paso Au
contra¡:re, je crois qu'il est le plus fort qui existe sur
la terreo Je suis convaincu qu'il est le seul sous lequel
cnaque citoyen ohéissant ,a' la Ioi, sera toujours pret a
voler, a sa voix, sous sonétendard, pour s'opposer a la
violation de Pordre public, comme il s'opposerait 11 celIe
de ses propriétés personnelles.
·On·!p~'que'l~e'1fe5t~pas en état de se gou'"


vernét lui-inéme. Comment done pourrait-on lui confier
le. gouvernement de ses semblables? A~t-on trouvé des.
anges, sous la forme des rois, pour gouverner les peuples?
Gest 11 l'histoire a résoudre cette question. Pournous,
persévéronsavec coutage et fermeté dans nos príncipes
féaéraListes et républicains; dans notre attachement pour
nQtre UniQn et le gouvernement représentatif. Heureuse-
ment séparés par la nature et par un vaste océan, de la
sdme 'de carnage qui ensanglante une des parties du
monde; trop sages, trop pIeins du juste sentiment de
llotre dignité, pour nous soumettre a l'asscrvissement




( 351 )
qui dégrade et avilit les autres; possesscul's d'unc tcrre
choisie , assez grande pour nous et pour nos descendans,
jusqu'a la millieme et· millieme génération ; connaissant
parfaitement le droit éga! que nous avons t005 a l'usage
de toutes nos facultés, au pt'ofit. d~ .ªo~~Í:P.dustrie, a
l'estime et a la confian,ce ,que '. nos conc~toyeDS 'accordent
toujours a la probité,.. aux vertus, aux talens ,et jamais
au hasard de la naissance; éclairés par une religion hien-
faisante, professée et, pratiquée, il est vrai, sous des
formes diverses, mais qui ont toutes pour but d'inspirer
l'honneteté, la franehise, la tempéranee, la gratitude et l'a-
mour de l'humanité , et qui reeonnaissent et ac:Jorent toutes
une Providence bienfaisante qui se plalt a rendre heureux
l'habitant de eette t4rre,:etJa.llli assurer une félieité hien
plus parfait.e apres cette vie; comblésdetoutes ces béné-
dietions, que nous faut-iI de plus})9ur. ~tre un, ,pe\1ple
fortuné' et florissant? Une ,se(~.le chose,coneitoyens; un
goqvernement sage et frugal, qui empeche les hommes
de se nuire les unsatn: autres; qui Ieur Iaisse d'ailIeurs
la liberté d'exercer toute,:_~i~~~'il~~I~.jlJgent
convenable; et qui n'arr.achepasdes ~ains ele -l'homme
lahorieux le pain qu'il a pénihlement gagné. YoiIa le gou-
vernement le plus parfait; celui qui peut seul assurer
notre bonheur et y mettre le combIe.


Au moment, concitoyens , d'entrer dans l'exercice~ de ces ,
devoirs importans qui embrassent naturellement :4out ce
que vous avez de cher et de précieuX:, il est a propos que
je vous fasse une déclaration formelle et précise des prin-
cipes généraux que je regarde comme constitutifs de no-
tre gouvernement, et qui seront par conséquent la regle
de roa conduite : justiée égale et exacte pour tous les




( 352 )
hO'lnmes, quellcs que .5oient leur condition ou lcur croyance
politique ou religieuse ; paix, eommeree et amitié fran-
che et honorable aveé toutes les nations, sans traités
exc1usifs avec aueune; appui aux gouvernemens de tous
nos Etats, en tou~ ~e,'lui cqp.eerne le maintien de leurs
justes droits, tant paree queo'estla.,{orme la plus eonve-
nable a nos intérets domestiques; que paree que e' est ,
en meme temps, le boulevart le plus assuré contre toute
tendance anti~républieaine; maintien du gouvernement
général dans toute sa ."igueur constitutionllelIe" qui est
la garantie la píus forte de notre tranquillíté au· dedans
et de notre . sureté au-dehors; 'préservation intacte du
droít d'élQCtion par le peuple, qui est un correetifdoux
ct sür des ahus dont notre'r.évolution nous aheureu-
seBlent délivrés, et contre le retour desquels nous n'avons
encore pu trouver aucun remooe déterminé qni· n~ nous
cM exposés a envoir ,naitre de plus grands; aequiesce-
ment absolu aux déeisions de la majorité, príncipe vital
des répuhIiques, duqueI il !le pcuty avoi~d'ap~l qu'a
la rorce,- 'p!:"inc,~pe 'Vi~; ~~. ~~~e~l" ímmédiat et instAn-
tané dO. dcspótisme; milíce nationale bien diseiplinée,
notre plus fer~e .outien pendant la paix et dans les
prcmiers momens de la guerre, jusqu'a ce. qu'on ait
eu le temps de former des troupes réglées; suhordina-
tion 'de l'autorité militaire a l'autorité ci'Vile; économie
dans tobtes les dé:eenses publiques, afin de diminuer le
moins possible les profits ct les moyens de l'industrie;
paiemel1t .strict et exact de la deUe nati6nale, et l'es-
pect inviolable pour la foi publique; encouragement dc
ragr¡cu1t~re et du eommerce qui la vivific; propagation
des lumieres, et comparution de tous les abus a la barre




( 353 )
ele la raison publique; liberté du culte J libené de la
presse.J et liberté individueUe .. sous la garantie de l'habeas
corpus '..1 et· ;ugemtnt par jUl'és ohoisis avec impartía..:.
lite . ....... TeIs sont les principes'salllt1l~S.. ,"i QOm.pos~t
la'" brillante cónstdl,a4ioñ; cf~i' a :marehé, devant ñOup ,
et qui a guidé'- siheureusement nos pas, daas, des td~ps .
diffi&l~,; 'a1l miliéu des orases de notl'C révolu-tion " ~
notre rétbrmauon. C'est- a leur et:ablissementq"~~ .. os.
sages ont cODsacré le~s veilles ;e' est pour eux; que nos
héFos, ont'--v.ersé leur sang ;, ils dOtvent etre notre creao
poli tique:; le texte de DOS instructiO.nS c¡'v-iqúes;, J~ pie~re
d~ touche avec laquelle· nous j,u~ons ceU:K a qQi. ~s
avons donné notré confianee;· et : si t dans· de~ IJJ.PltJeas
d)erreur oo' d~alal'1lle, l.tOIIS a .. iODS>le'lIlalheul' de nolis~en~
écar~,. bMnriHICiJ.sJ de nmmir sur{DOS pa6,.,;.:~ repren-
are la, seule:'ro\Ü' qúi' puiSse hous' conauire a.1a-paix., a
la liberté, au oonhe1ir.


Je me rends done, concitoyens, au poste que vous
m'avez! assign6;' Awc, 81~ tf~·ó§.bs,~l$: E?tltplAis
subm:donnés, pour connattre toutes·les diffitiultés .le: cew.i
auquel jesuis' appelé, et qui est lepsemier et,le'plus grand
de tous, j'ai appris qu'unhornme" creatUre. impáJ'faite,
doit 'rattement espérer de sortir de place avee la memo
réputati09 ~t fu. meme favew qui 1'1 out: pOllté.:, 'San &
prétendre a cette confiance absolue que voUs, &viez si
justemeub 00c<w00c: 3U premier et au plus grand de ces
hommes dont s'honore notre révolution ; ce grand homme
auquel ses sevTmts pdémibens ortt .valu fa' prtmie~ place
dans l?amour de son pays, cotnme ils lui ont aSSttré la
plus beUe pase dallS le livre véridique de l'histoire; je
réclame de vous seulement ce degré de confiance qut


2.




( 354 )
est nécessaire pour donner'de la force et de l'efFet a l'au ...
minist'ra1ion légale de nos intér~ts publics et particuliers.
Je pourrai 'me tromper souvent par 'défaut de lumieres;
le tlienmemeque'jé ,feraipourra passer' pour du mal aux
yeux de ceux qui nesont paspláées'tl\·~''ína.niere a voir l'en-
semblé de mes mesures. J e réclame done volre indulgence
pour ~es erreurs dans lesquelles jepourraitO'lllbet; elles ne
serontjamais,chez moi;lerésultatde mauvaises intentióD$;
et cette indulgence mesoutiendra contre l'erreur -de ceux
quipourront . hlamer ce 'qu'ils ne blameraient pes, s'ils
voyaient 'leschoseS' sóúS' toutes leurs faces/. 'Ea m1hono-
rant . de vas 'suffrages, vous avez donné une ,approhation
implicite a roa conduite passée; 'et toute 'iDa sollicitude j
a l'avenir,sera,ae conserver la:bonne opinion de oeox qui
me l'Qntaécordée par-avance,'ctde me CO:J:lcilier celle des
autl'eS, enleur faisant tout Ie'bien'qtiisera'en moÍl pouvoir ,
et de me rendre l'instrument du honhenr et de la liberté
de tous.~. ·,o .. ~,. ''; I
·A:iiisi;pi~h d'~~tíffa~' étl~ivoio~té, jé mé metsavec
smimissio¡{: a 1'6uvrage; disposé a le laisser des que vous
aurez reconnu que vo'us 'pouvez faire un meilleur choix.
Et veuilIe le Tout-Puissant,: qui regle les destinées de
l'univers , présider anos· conseils ; et leur' donner la
direéiioh la pttis fa~orablea lá pattiet a 'la prospérité de
notre patrie.) , <-


(Pag.220;) Iln'est point aux Etats-Unis de religion natio-
nale; les frais du culte sont fournis par des contributiOllS
volontaires. cet état de choses contrastesingulierement avec
la politique des nations européennes; et cependant la religion




( 355 )
n'est nullement négljgée parmi nous. n est vrai que la
population des campagnes, en général, ne possooe pas un
grand nombre de lieux oi! elle puisse céIébrer son culte;
mais on ne doit pas oublier q:ue, cette,population est ré-
pandue en pet~tes . pomions sur un. territoire nouveau, et
qu'en outre l'Europe doit la grande munificence de.' ses
églises, non au 21Cle religieux ,d'un siecle éclairé, mais a la
superstition et a la higoterie des siecIes d'ignorance. On
remarquera d' ailleurs, que, dans les grandes villes de
l'Europe, 00. l'exces de la population ne se trouve plus
en rapport' avec les fonds primitifs de l"église, les lieux.
ou le culte se célebre ne sont p~s dans une proportion
heaucoup pIui grandeque~a,.ris,les Etats-Up.is. En 1817,
Boston) dont la population s'élevait aquarante mille
ames, avait vingt-trois églises; Ne.w-Yor~, don! lapoyu-.
lation était de cent vingt mlUe ames, en possédait cin-
guante~trois; Philadelphie, qui c9Dtenait centínille ames,
en avait quarante-huit ; Cincinnati, dans l' état . de I'Ohio,
peuplée de huit mille~~~~~.,,;~1;lp\~~~l~~t.a~ pei~e
sept ans de' durée, avait cinq temples, et, ron e!l. con-
struisait deux autres. Ce n'est qll'e~treles grande~ viÜ~s
d'Amérique et d'Europe que la comparaison pent ~'établír;
et si l'entretie.n des églises est regardé comme une preuve
irrécusahle de zele pour la reij.g~on,. nous ~~serveroris
que l'on construit les nouvelles églises _d'Eu.rop,~~allmoyen
de cotisations ohligées, tandis qu'en Amél'ique elles s'é-
levent au moyen de contributions yolontaires.


W ÁRDEN, Sll~ les Etats-Unis, introduct., P'!g. bix.


(Page 303JOnadit que les Américains:n'avaientpointde
caractcrc national ; sans chercher en quoi consiste ce carac-




( 356 )
nous pouvons observer que', conform:ément'au témoignage
des 1'9yag~mrs, la sociéte, a\lxEtats-Unis, se distingue de
ceUe {le l'c.Éurope 'pa.r des siI!gularités ~mal'quahles. Quoi,-
que le nombre deS hotnmes' ~$ttuits dans' l~s sciences et


" ,,<,',: ' " "",'''' ~,,: ,"'," ,~¡'
daos les ~ yJSóit 'pltiS'/fáj\)le q~'~ France et en An-
gletet'r~ , la massc ,de la populati<$n ~'apt\iS:\d'(f~oonnaissances
qu"en'aucune de ces contrées. Ce n'QStpasqu'eUe re90ive
uneéducation beaucouppl\lS soignée ,;mais elle a re-
cueillide ses llahitudes un .ron sens .pratique et une sa-
gacité tres supérieure. A la vérité, la ,situatÍon ,physique
et politique des Etats-'Unisdon~e l'expli~ioD de ce qui
;5e trouve pe particulier dant le caractkre du pe1:lple. Ses
habitudes errantes élargiS&Cnt le' ~rclede ses idées, et
détruisent ces ,préjugéS lOcaux :et ces attachemens qui ap-
'partiennent aux nations e~roperines ,. ,oa desgénérations
6ucce.;sives continuent.de végéter Sllr le rome sol, el. de'
,parcourir le ,meme cerc1e. Comme les Américains lisent llni-
,Tersellement les journaux,et qu~i1s possooent tous la connais-
&~~~,\,.c¡ut>,~qu;e !~~~.2.~e~~~<.q~'~'\ia,sse<d'an51e\ll" pays,
et en générál darÍs lemoricle,-iIssont préservés de la gros-
siereté rustique queproduit 'l'igl'lorance. Placés souvent
dans des situatiQns ou ils avaient he~oin de se faire une
existence , et de suppléer a ce qui Jellr manqllait par
í'as&is1Anc~ des au1;r~" Hs ,sont d~venas in~~tifs, pel'sé-
v.érans, fert!les enressources , difficiles a se laisser ué~
courager par les Obstacles. 'Les' préjugés de la naissance
et du rang, qui enchalnent l'industrie en Europe, cxi~·
stent a peine en Arnérique. Les hornmes y changent de
professioll aussi souvent que leur intérct le lcur conseilIc J
et aueune oocupation honnct,c ne leut' parait méprisahk
Au sein de l'abondanec, indépendans de la protection de




l'homme, ils sont lihres ,ifaJ:lCS" sans réscrve, peut~etre
un peu trop brusques "qPeJq.uef9i,sd;;lllS Jeurs manieres.


J
Accoutumés a c9mpt~r, ~11-CP1,1p ;.SW l~urs bras, ils sont
vaillans,.entreprenans,etleqr, ~e ~~~ ~lev,ée. lb ont fQurnÍ
un grand ,nombre et;de, bJ:i~~~,PfflP;V~'.,e4~'9qalités
uans le .cqlP'S tde Jll :&wnjere 8u~fe., .~·dérout€s fu-
nestes qu~ils éprp\lver~ntd' ftl>Qr~d Jlurawut décqu~ag4' d~s
Ames d'une. 'moindre . J~ne)'gj~; ,ell~s n'Qnt fait chpf eux
que pl'ovoquer de plus grands efIo~ts; et, a la :fin de
la guerre J les armes áméricaincs étaicot victoricuses
SUI' tous les fpoints "tant SJlr mer glle s,~ terreo Leul''5
triomphes maritimes', obtanu~par~)lo~~ &';\n~ e~pé­
rience sur des en»elUis rqnom,m,9s ,p~r leur' ~<;tlliLcté ~t
-lcur eourage, et ~n(lllreis a la ;su~rr~ j>ar viQgt ,a'nn~~s
de succCs J trOllMel)t .p.ey. ~'-~,i-~~P~~ ,~ans l'~~Y~¡~·e. ;r}is~ue


,de eet~ ~uereUe .11 :e~alté .le,~arac\er~ amérie~in .aux
yeux. du monele entier, ;~t~",noblemént soute~u l'iúlÜ-
(lue réputation de la valeur' républicainc. ;NuUe part on
ne trouve autaltt .d~~s~i~" ~~~,~ ~~!;}~ ~Q~~~<t~U p,cuple
qu' aux Etats· U nis~ . El.~~ G}laqU.ej&.;ú- }i )ugér, 1e,5 me-
sures de rautor.ité publiqu~, acc~utUméa $e Óo~.~iaére_r
lui-meme comme·me~»re de. l'~ta~ .'. ,jl.s~_ eroit pCl'-
sOllnellpmcllt iutéressé a la fortune .de sa ,patrie. Hest
fier de sa .gloire, jaloux de l'hon~eur natio~~l, .. a ]-In
clegréquelquefois pel1j;-~tre. offensantpo~.le~~traIlger~.
Si les partis sontttunultueux.. et yiolens .dans l~urs dif-
fércns, leurs agitatioI)s ne sont que les ,e~ereiees d'esvrits
libres et géuércux, dans le cha~p d'une honorable aD;l,-
bition. Lc peupleest pu-r:tout fiel' de songouvernemen~,
. paree que. ce gouvcrnement est un témoignage vivant de
sa supériórité sur les autrcs nations. n lui est attaehé ,




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paree que 1 par sa, comp()sition, . sa e~nduit(l, ses vues
le souvernement est ~9,ujotJs 'en harmoníe avec ses opi-
nions et ses intér~tS. W en se~r l'influe~ee bien plus par
la protection qu'Ü~ ~it' que par les eharges qu'il
lui ímpo~e: L~s'";mhpÍóis ~ qil~ lé gouvernement distribue ,
sont;' o~~verts 11 l'anibitíori de toris tes 'Cítóyens; ni la nais-
sanee, ni la profession, ni la forme, ni la nature de
ses croyances religieuses ne soht une' harriere a letirs
espérances.


Sans doute le gouvernement des Etats·Unis n'est pas
exempt des erreurs et des imperfections attaehées a
toutes les institutions humaines. Mais comparez sa con-
duite publique avec celle des autres gouvernemens. Quel
calme, quelle raison dans son langage! Comme il s'a-
dresse toujours a' l'intellige~, aU1 intérets, solides des
peuples; jamais a leurs passions et a leurs préjugés.
Il n'invoquepoint le secours de la superstition, ne
soutient jamais de mensonges intéressés, et n'use en au-
cune occasion de. ees séductions méprisahles a raide
desquelles mi colore la dégradation des hommes. La
ruse et le mystere lui sont étrangers. Tous ses actes se
font et s'accomplissent au grand jour. Il encourage les
sciences, la .. eligion, l'instruction, sans accorder aucune
préférence a une secte quelconque, et sans les saper
dans leurs bases, en les environnant d'impostures au
profit lIu pouvoir. C'est le seul gouvernement du monde
qui ose mettre les armes entre les mains de tous les,
eitoyens. Du Maine au Mississipi, il commande une
prompte et facile ohéissance, sans autre force que la
baguette d'un constahle. En un mot, il garantit la pro-
priété, satisfait l' opinion , provoque le ._.~éveloppemCl~t




( 359 )
dé !'industrie et du ta~ént, a~~c ~ne activite j~squ'alors
sans exemple; et au ni.oy~m tlu'plus faible sacrifiee des
droits individuels ~t de la propriété, d~ la part du peu'"
pIe, il exécute toutee. qu~ P;~~~~,~nt}a~rei les, gouver"
nem~ns les plus connu~par: leur puissaD,ce' etleur. pr()o"
digalité. '- -"".. ,


WAUElI,.snr les Etats~Unis-, Introduc., pago Jnvij.


~IN . no ~OME SSCONlJ' ;ET· . DERNIBRa


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