HISTOIRE DE LA REvOLUTION FRAN<;AISE. TOME X. TYPOGRAPHIE .DE FIHMIN...
}

HISTOIRE
DE


LA REvOLUTION
FRAN<;AISE.


TOME X.




TYPOGRAPHIE .DE FIHMIN DIDOT }'REIUlS,
RUE JACOB, NO 24.





HISTOIRE
DE


FHANCAISE ~ ,


PAR M. A. THIERS,
" ,. ")IlN[S,],!~E n KTAT liT IJliPt;TE.


TOME DIXI1~ME.


Q!\"oisüme <!fbitiotl.


PARIS,
LECOINTE ET POUGIN, EDITEURS,


QUAI DES AUGUSTI:'OS, NO 49.
PAULIN, UBRAIRE, I'LACE DE LA HOUR~E.


~1 Dece XXXII.






I-lIST() 1 RE
DE


LA RÉV-OLUTION
FRANCAISE.


"


CI-I APITRE I.


---~-----


J,c gú](',ral BOllapar!e a París; ses I'appol'ts avec le dil'ec-
toil·c. - Projet d'lIlle deseen te en Angletel'I'c. _ Hap-
pods de la Frallec ;¡vec le contilJCllt. --- COllgr(,,, de
R~stadt. Causes de la díffieulté des lJ(~gociatiolls. - R(',-
volutioIl en Hollande, it Rome et en Sulsse. - Situa-
rion inti,ri"ure de la FraIlee; électioIls de l'an VI; seis-
sions i,lt'etoralps. NOlllinatioll de Trpilllard au dil'celoirc.
- Expé(lition en Egvpte, substituúe par Bonaparte an
projet de deseen te ; pl'(~[laratifs de eelte exp,.·ditioll.


LA réception triomphale que le dif'(:,ctoire
avait faite au général Bonaparte fut suivie de
I~tes brillantes, que Ini donllcrent indivicllH'l-


'\.




RÉVOLUTIOI\' n\A I\'(,:A.ISF.


lement les directeurs, les membres des conseils
et les ministres. Chacun chercha a se surpas-
ser en magnificellce. Le héros de ces fétes fut
frappé du gout que déploya pour lui le mi-
nistre des affaires étrangeres, et sentit un vif
aUrait pour I'allcienne élégance fran({aise. Au
milíeu de ces pompes, il se montI'ait simple,
affable, mais sévere, presque insensible au
plaisir, cherchant dans la fotlle I'homme utile
et célebre, pouI' aller s'elltI'etenir aH~e lui de
l'art ou de la science dans lesquels il s'était
illustré. Les plus grandes rcnommées se trou-
vaient honorées d'avoir été distinguées par le
général Bonaparte.


L'instI'uction du jeune général ll'était que
eclle d'un offieier sor ti I'écemment des écoles
militaires. Mais gd.ce a l'instinct dn génic, il
savait s'entretenir des sujets quí luí étaient le
plus étrangers, et jeter quelques-unes de ces
vues hasaI'dées, mais originales, qui ne sont
souvent que des impertinences de l'ignorallce,
mais qui, de la part des hommes supériellI'S,
et exprimées avec leuI' style, font ¡Uusíon, ct
sédllisent meme les hornmes spéciaux. On I'e-
marquait avcc surprise cetLe facilité a traiteI'
tous les sujets. Les journaux, qui s'oceupaient
des moindres détails relatifs a la persOIlIle du
gélléral Bonapal'te, q uí rappol'téliellt ,hez quel




lllRJ::CTOlH E (,1797). ~)
pcrsonnage iI avait dlné, quel visage i1 .Y avai t
lllulltré, s'il était gai ou triste, les jOllI'llaux di-
saient qu'en el/naut chez Fran<{ois (de Neufcha-
teal! ), il avait parlé de rnathématiques avec
Lagrange et Laplace, de lllétaphysique avec
Sipyes, de poésie avec Chénier, de législation
ct de droit public avec DauIloll. En général,
OH usait penle qllestionner quand on était en
S3 présellcc, mais OIl désirait vivement l'ame-
ner it parler de ~es campagnes. S'il lui arrivaÍt
de le faire, iI ue parlait jamais de lui, mais
de sou armée, de ses soIdats, de la bravoure
républicaine; iI peiguait le mouvement, le fra-
cas des batailles, iI en faisait sentir vivement
le IllOmeut décisif, la malliere dont il fallait
le saisir, et tl'anspol'tait tous ceux qui 1'écou--
taient par ses récits clairs, frappants et dra-
rnaiiqlles. Si ses exploits avaient annoIlcé un
graud capitaine, ses entretieus révéJaient tUl
esprit original, fécond, tour a tour vaste on
pl'écis, et toujoul's entralnallt, quand il vou--
lait se Jivrer. I! avail conquis les rnasses par
sa gloire; par ses eutreticns iI commen~ait a
conquéril', un a un, les premiel's hommes de
Franee. L' engollem~nt, déjit tres-gl'am.l, le de-
venait davantage quand OH l'avait VII. 11 n'y
avait pas jllsqu'il ces traces <I'ulle origine étran-
gcre, qnc le tcmps n'av¡¡it pas encol'e e[f;lcées


J.





(~Il lui, qui ne eantl'ibuasscnt a reffet. La sin-
glllarité ajoute tOlljOurS al) prestige dll génie,
surtout en Frailee, OU, avec la plus grande
uniformité de m~nrs, 0/1 aime l'étrangeté avec
passion. Banaparte affeetait de fuir la fonle ('t
de se cachet' aux regards. Quelql1efois meme
ii accueillait malles marques trop vives d'en-
thousiasme. Madame de Stad, qui aimaitet avait
dl'oit d'aimer la grandenr, le génie et la gloire,
était impatiente de voir Bonaparte, et de lui
exprimer son admiration. En hommc impé-
rieux, qni veut que tout le monde soit a sa
place, il lui sut mallvais gré de sorlir quel-
quefois de la sienne; il lui trollva trop ({'es-
prit, d'exaltation; il pressentit meme son in-
dépendance a traver5 50n admiration, il fut
froid, dur, injuste. Elle lui demanda un jour
avec trap peu d'adressc, qllelle était, a ses
yeux, la premiere des fernmes; ¡Ilui répondit
sechcment : Ce/le qui a fait le plus d' erifánts.
Des cet instant commcn~a eette antipathie ré-
ciproque, qui lui valut a elle des tourments
si peu mérités, et qui lui fit cornmeltre a lui
des actes d'une tyrannie petite et brutale. Il
sortait peu, vivait dans sa petite maison de la
me Chantereine, qui avait changé de nom, et
que le département de Paris avait fait appeler
l'ue de la Victo/re. Il De voyait que quelqlles




DlRECTOIRE (J 797)' 5
suvallts, :\IOllge, I,agratl~:':{', ¡,;'place, Bel'll:n-
let; quelques généraux, Desaix, Kléber, Caf-
farelli; quelques artistes, et particulierement
le célebre acteur que la France vient de perdre,
Talma, pour lequel il avait des lors un gout
particulier. JI sortait ordinairement dans une
voituI'e [ort simple, n'allait au spectacle que
dans une loge grillé e , et semblait ne partager
aucull des gouts si dissipés de sa femme. II
rnontrait pour elle une extreme affectíon; il
était dominé par eette grace particuliere qui,
dans la vie privée comme sur le trone, u'a
jamais abandonné madame Beauharnaís, et qui
chez elle suppléait a la beauté.


Une place venallt a vaquer a I'Institut par la
déportatioll ele Carnot, OH se hata de la luí of-
frir.1I l' accepta avec empressernent, vint s'as-
seoir le jour ele la séanee de réception entre
Lagrange et Laplace, et ne cessa plus de porter
dans les cérémonies le costume de membre de
l'Institlll, affectant de cacher aillsÍ le guerrier
SOllS l'habít du savant.


Tant (le gloire devait porter ombrage aux.
chefs dll gouvernement, quí n'ayant pour CU);
ni l'ancienlleté du rang, ni la grandeur pc\'-
sonnelle, étaient entierement éclipsés par le
guerrier paóficatellr. Cepemlant ils luí témoí-
gnaient les plus granels égards, et ii y répon-




(j IH.VUI.LT[(;N Fl\Ai'i<,:AISF.
dait par de grandes marques de déférence. Le
sentiment quí préoccupe le plus, est d'or(li-
naire celui dont on parle le moins. Le directoire
était 10ill de témoigner aucune de ses craintes.
II recevaít de nombreux rapports de ses es-
pions, quí allaient dalls les casernes et dans
les liellx publics écouter les propos dont Bo-
napal'te était l'objet. Bonapartc devait bientot,
disait-on, se mettre a la tete des affaires, reu-
versel' un gouvernement affaibli, et sauver
ainsi la Frailee des royalistes et des jacobins.
Le directoire, feignant la franchise, lui mOI1-
trait ces rapports, et affectait de les traikr
avec mépris, comllle s'il avait cru le général
incapable d'ambition. Le gtnéral, non moins
dissimulé, recevait ces témoignagf's avec re-
connaíssance, assurant qll'il était digne de la
confiallce qu'on lni accordait. l\Iais de part et
(t'autre la défiance était extreme. Si les espions
de la poliee parlaiellt au directoire de projets
tl'usurpalion, les officiers qui entolll'aient le
général lui parlaient de projets d'empoisonne-
mento La mort de Hoche avait fait llaltl'e d'ab-
surdes soup<:,'ons, et le général qui, quoique
cxempt de craiIltes puériles, était prndent lIéall"
moins, prenait des précautions extremes quand
il dinait chez certain directeul'. Il mangeait
pen, et ne goútait que des vianoes dont il a.Yait




llIRf:CTOlln: ([ 798).
vu mallgel" le diredeur 11li-nH~me, et du viu
dont il l'avait vu boire.


Barras aimait a fai"e croirc qu'il était l'au-
teur de la fortune de Bonaparte,. et que n'étant
plus son protecteur, il était resté son ami. Il
montrait en parliclIlicr uu grand dévouement
pOllr 5a personne; il cherchait, avec sa SOll-
plesse ordinaire, a le convaincre de son at-
tachement, il lui livrait volontiers ses colle-
gues, et affectait de se mettre a part. Bonaparte
accueillait peu les témoignages de ce directeur,
dont il ne faisait aucun cas ') et ne le payait dQ
5a servilité par aucuue espece de confiance.


On consultait souvent Bonaparte dans cer-
taines qllestions. On lui envoyait un ministre
pour l'appeler au directoire; il s'y rendait,
prenait place a coté des directeurs, el donnait
son avis avec cctte supériorité de tact qui le
distinguait, dans les matieres d'administration
et de gOllVerI\ement comme dans ce Hes de
guerreo JI affectait en politique une direction
d'idées qui tenait a la position qu'il avait prise.
Le lendcmain dn 1 H fructidor, on l'a vu, une
fois l'impulsion donnée, et la chute de la fa c-
!ion royaliste assurée, s'arreter tOllt-it-coup,
et ne vouloir preter au gouvernement que
J'appui exactement nécessaire ponr cmpecher
le re tour de la monarchie. Ce point obtcnn,




Ht:VOLlJTION FHA"'C,:AISE.


il ne vOlllait pas paraitre s'attacher an diree-
toire ; il voulait rester en dehors, en vne á tous
les partis, sans etre lié ni brouillé avec allcun.
L'attitude d'un censenr était la position qlli con-
venait á son ambition. Ce rule est facile, a I'é-
gard d'lln gOllvernement til'ailJé eH sens con-
traire par les factions, et toujours exposé a
faiJlir; iI est avantageux, parce qll'il rattache
tons les méconlen ts, e' es~-a-di re tous les par-
lis, qui sont bientot universellement dégou-
tés <lu gouvernement qui vellt les réprimer,
sans avoir assez de force pom' les écraser. Les
proclamations de BOllaparte allx Cisalpins et
aux Génois sur les lois qu'on avait voulu ren-
dre contre les nobles, avaient suffi pour indi-
quer sa direction d'esprit aduelle. On voyait,
et ses discours le montraient assez, qu'il bla-
mait ]a concluite que le gouvernement avaít
tenue á la suite du J 8 fJ'llctidoL Les patriotes
avaient dú naturellement reprendl'e un peu
le dessus depuis cet événcment. Le directoil'c
était, non pas dominé, mais légerement pOllssé
par eux. On le voyait a ses choix, a ses mesu-
res, a son esprit. BO!Japarte, tout en gardant
cependant une grande réserve, laissait voir
du blttme pour la direction que suivait le gOl/-
vernement; il paraissait le· regarder comrne
faible, incapable, se laissant batlre par Ullé




IlIflECTOII\E (1 79~)'
faetion apres avoir été battu par une autre. lt
~Iait visible, en un mot, qu'il ne '/oulait pas
ptre de son avis. Il se eonduisit meme de ma-
lIiere a prouver qu'en voulallt" s'opposer au
retanr de la ro)"allté, iI lH~ vOlllait eependant
pas aceepter la solidarité de la révolutioIl et de
ses actes. L'annivel'saire du 21 janvíer appro-
chait; iI fallut négocier, pour l'engager a parai-
tre a la fete qu'on allait célébrf'1' pour la cin-
quierne fois. 11 était arrivé a París en décembre
1797· J);:¡nnc-e 1798 s'ouvrait C nÍvose et plll-
viose an VI). 11 ne voulait pas se rendre a la
cérémollie, eOU1tTlC s'il eút désapprouvé l'acte
qu'on cdébrait, ou CJII'il eút vou!u faire C(llcl-
que ehose pOllr les llOmmes (IlIe ses procla-
matiom; dn 18 [ruetirlor et la mitrail!ade du
13 vrndémi;:¡ire lui avaient aliéné. On voulait
qu'i1)" figurat á tous les ti tres. Naguere général
en chef de I'armée d'Halie et plénipotentiaire
de la Frallce a Campo-Porrnio, il était aujour-
d'hui l'Ull des plénipotentiaires dll con gres de
Hastadt et gélléral de l'aJ'lIlée d'Allgieterre;
íl devait dOllC assister aux soleTJllités de son:
gouvernement. Il disait que ce n'était pas la
des qnalitós glli l'obligeassent a figurer, el que
des 101's sa présence étant vololltaire, pa1'aitrait
un asscntiment qu'il ne vOlllait pas donller.
Un transigea. l/Institut devait assister en corps




10 nÚVOLl;T10N FRANQAISE.


a la cérémonie; il se mela dans ses rallgs, et
parut remplir UII devoir de corps. Ellt['e tOI\-
tes les qualités accumulées déjit sur sa tete,
celle de membre de l'lnstitut était certaine-
ment la plus comlllode, et il savait s'en servir
a propos.


La puissance naissante est bientot devinée.
Une fonle d'officieux et de flatteurs entou-
raient déjit Ronaparte; ils IlIi demandaient s'íl
allait toujours se borner a commander les ar-
mées, et s'íl Ile prelldrait pas enfin au gOIl-
verncment des a[[aíres la part q lle luí assu-
raient son asccndallt et son génie politique.
Sans savoi!' encol'e ce C]lI'il pouvait et devait
etre, il voyait Lien gu'il était le premier hornrne
de son temps. En voyant l'inflllcllce de Piche-
grll aux cinq-cents, celle de Barras au dil'cc-
toire, ¡Ilui él ait permis de croire qu'il polll'rait
avoir un granel ['('¡le politiqlle; mais il n'en
avait dans le moment allClIIl a jOller. Il étaít
trop jellne pour etre rlirectenr; il fallaí t avoir
guarante ans, et il n'en avait pas trente. On par-
lait bien tI'ulle dispense (Llge, mais c'était une
cOllcession a obtcni,', (1l1Í alarmerait les répu-
blicains, guí lenr ferait jeter les hauts cris, et
qni ne vaudrait pas certaínem,ent les désagré-
ments qu'elle luí causeraÍt. Elre associé, luí
cinquieme, an gOllvernement, n'avoir c¡ue sa




DIIlECTOIl\.F. (1 79S). 1 1
voix au dircctoire, s'user en luttant avec des
cOllsei [s i ndépcnclants encore, e' étai t un role
d()lIt il ne voulait pas; et ce n'était pas la peine
de prOVO(pler une illégalíté pour un pareil
résuttat. La Frailee avait encore un puissant
ennerni it combattrc, l'Angleterre; et, bien
que ROlJaparte fút cOllvert de gloire, il lui va-
lait míe llX clleillir de nouveau x lauriers, et
laisser le gOllvernernent s'llser davantage dans
sa pénib[e ¡utte contre les partis.


Ou a vu que le jour rneme ou la signatllre
du traiL(~ de Campo.Forrnío fut connue a Paris,
le directoire, vOll[ant tourner les esprits con-
tl'e I'Angleterre, eré a sur-le-eharnp une armée
dite d'Angleterre, et en donna le eomrnande-
ment au gént'ral Bonaparte. Le gouvernerncnt
sOllgeai t franehement et sineerement a pren-
dre la voie la plus courte pour attaque¡' l'An-
glekrre, et vOlllail y faire ulle deseente. L'au-
dace des espl'its ~ it ectte époq!le, portai t a
I'egarder ectte enLI'eprise comme tres-exécuta-
ble. L'expéditioll d{'jit tcntée en Irlande prou-
vait qU'OIl pOllvait passcr a la favcur des bra-
mes ou d'llll coup de vcnt. On lIe croyait pas,
qll'avec tout SOIl palriotisme, la nation an-
glaise, qui alors He s'étaít pas fait tIlle armée
de lerre, put résister aux ad mirables soldat!>
de l'ltalie et du Rhin, et SUl"tout au génie du




1 :1 nÉVOLrTlON FHA NCA ISF. , ~


vainqueur de Castiglione, d'Arcole et de Rivolí.
Le gOllvernement ne voulait laisser qlle vingt-
ónq mille hommes en Italie, il ramenait tOl! t
le reste dans l'illtérieur. Quant a la grande ar-
mée d' Allcmagnc, composée des dellx armées
du Rhín el de Sambre-et-:;\Teuse, iI allaít la
réduire a la force llécessaire pour imposcr a
I'empire pendant le congres de Rastadt, et il
voulait faire refluer le reste vel's les cotes de
¡'Océano On donnait la ll1eme direction a tOlltes
les troupes disponihles, Les générallx du g?Ilie
parcollraient les cotes pour c1lOisir les meillellrs
points de débarqllcment; des ordres étaicllt
donnés pOllr réunir dans les ports des í10ttillcs
considérables; une activité extreme régnait
dans la marine. On espérait toujollrs qU'Ull
COllp de vent finirait par écarter l'escarlre an-
glaise qlli bloqllait la rade de Cadix, et Cju'aJors
la marine espagnuk pourI'ait venil' se coaliser
avcc la marine frall(;aise. Quant a la marine
hollandaise, qU'OIl se flattait allssÍ de réllllir a
la nótre, elle vellait d'essllyer un rllde échec ~l
la vue du Texel, et il n'en était rentré que
des débris dans les ports de la Hollande, l\1ais
la marine espagnole et fran<;aise suffisai t
pour couvrir le passage d'une f10ui \le et assurcr
le transport de soixante on quatre-vingt mille
hommes ell Aligleterre, Ponr seconcler tOllS c('~




pl'!~pal'atifs, 011 avait songé a se procurer de
IlOIlVe<lUX moycns de finances. Le bndget, fixé,
comme on l'a vu, a 616 mi\lionspour l'an VI,
ne suffisait pas a un armcment extraordinaire.
00 voulllt faiJ'(' cOllcourlr le COHllllercc aUlle
entreprisc qllí était tOlltc daos ses illtérets, et
on pro posa un empruot yoloutaire de quatre-
vingls millioIls. Il devait etre hypothéqué sur
l'état. Une partie des bénéfices de l'expédilion
devait etre changée en primes, qlli seraient
tirées au SOft entre les pretcurs. Le directoire
se fit demander, par les principaux négociants,
l'ollverture de cet emprullt. Le projet en fut
soumis au corps législatif, et, des les prcmiers
jours, iI parut oblctlir [avenr. On ret;ut pOli!'
qllinze OH vingt milliolls de sOllscripliollS. Le
dil'ectoil'e dirigeait llon-seulement tous ses ef-
forts contrc l'Allglelerre, mais aussi totItes ses
sévérités. Ulle loi interdisait fentrée des mar-
chandiscs anglaises; il se tit 3ntoriser a em-
plnyer les visit(~s domiciliail'cs pour les décou-
vril', et les tit exécuter dans toute la France ,
le meme jOllr et a la meme heure"".


Bonaparte semblait seconder ce grand mou-
vement et s'y pl'eter; mais au fond il peIlchait
peu pour ce projet. Marcher sur Londres, y


* J.f. 15 nirbse an VI (4 jamier'.




entrer, jeter soixante mille hommes en Angle-
tene, ne lui paraissait pas le plus difficile.
:;\Iais il sentait gne conguél'ir le pays, s'y établir.
serait impossible; qn'on pourrait seulemcnt le
ravager, lui enlever l111e partie de ses richesses,
le reculer, l'alllluler pour un demi-siecle; mais
qu'il faudrait y sacrifier l'armée (¡U'Oll y amait
amenée, et revenir presgue seul, apres une
espcce d'illcursion barbare. Plus tard, avec une
puissance plus vaste, une plus grande expé-
rience de ses moyens, ulle irrilation toute per-
sonnelle contre l' Angleterre, iI songea sérieu-
selllent a lutter corps a corps avec elle, et a
risquer sa fortune contre la sienne; rnais au-
jourd.'hui il avait d'autres idées et d'autres pro-
jets. une raisan le détournait surtont de ceUe
eUll'eprise. Les préparatifs exigeaiellt encore
plusieurs mois; la belle saisan allait arriver,
et iI fallait atlendre les Drumes et les vents
de l'hiver proehain pour ten ter la descente.
01', iI ne vou!ait pas res ter une année oisif a
Paris, u'ajolltant rien a ses hauts f¡1Íts, et des-
eendant dans l'opinion, paJ' cela seuI gll'il ne
s'y élevait paso Il songeait dOlle a un projet
c1'une autre espece, projet tout aussi giga n-
lesque que la descente en Angleterre, mais
plus singulier, plus vaste dans ses conséquC'n-
ces, plus conforme a son imagination, et snr-




1>lIU:CTOIHE (179B). I:¡
tout plus proehain. On a vu qu'en It<tlie jI
s'accupait beaueoup de la Méditerranée, qu'il
avait eréé une espcce de marine, que, dans
le partage des états vénitiens, il avait eu sain
de réserver a la Franee les iles de la Grece,
ttu'il avait nOllé des intrigues avee Malte, d<tns
l'espoir de I'enlever allx chevaliers et aux An-
glais; enfill, qu'il avait sauvent porté les ycux
sur l'Égypte, camme le point intermédiaire
que la Franee devait oecuper entre I'Ellrope
et l'Asie, pour s'assurer dll commerce dll Le-
vant ou de cellli de l'Inde. Cette idée avait
envahi son imaginatian, et la préoccupait vio-
lemment. Il existajt au ministere des affaires
étrangeres de précieux doeumellts sur l'Égypte,
sur son importance coloniale , mari time et mi-
litaire; il se les flt transmettre par M. de Tal-
leyrand, et se mit a les dévorer. Obligé oe
parcourir les cotes de I'Océan pour l' exécll-
tíon du projet su!' l'AIIglelerre, il remplit sa
voitllre de voyages et de mérnoires sur l'É-
gypte. Ainsi , tout en paraíssant obéir aux v~ux
du directoire, il songeait a une autre entre-
prise; il était de S3 personne sur les greves et
sous le cíel de l'aucienne Batavie, maís son
imagination errait sur les rivages de I'Orient.
11 cntrevoyait un avenir confus et immense.
S'enfoncer daus ces contl'ées de la lumiel'e et




de la gloire, (lU Alexandre et Mahomet avaicnt
vaineu el fondé des empires, y faire retentir
son nom et le renvoyer en FraIlee, répété par
les échos de l' Asie, "était pour lui une pel's-
peetive enivrante.


Il se mit done á pareourir les cotes de 1'0-
céan pendallt les mois de pluvióse et de ven-
tase (janvier et février 1798!, uounant une
exeellente direction aux préparatifs de descente,
mais en proie a d'autres pensées et a d'autres
projets.


Tandis que la république dirigeait toutes ses
forces conlre l'Angleterrc, elle avait eneore
(l'imporlants intérets a régler sllr le continent.
Sa tachp politique y était immellse. Elle avait
a traiter a Rastadt ave e l'empire, c'est-a-dire
avec la féodalité elle-rrH~me ; elle avait a diriger
dans les voies nouvelles trois réptlbliques ses
filies, les réplloliques hatave, eisa/pine et li-
gnrienne. P/acée á la tete dll systeme démocra-
tique, et en présence <Iu systemc féodal, elle
devait empeeher les clioes entre ces systemes ,
pour n'avoir pas a recornmeneer la llltte
qu'elle venait de terminer avec [ant de gloire,
mais qui lui avait eoúté de si horribles effol'ts.
Telle était sa t.aehe, et elle n'offrait pas moins
de difficultés que celle d'attaquer et de ruÍIH'r
l' Angleterre.




1í1J1r:ClOJi\F J 7~)~" 1 -J
Le cUlIgl'~:-; !le Haslaclt était reUlll dqmis


,dell't mois. TIonnicl', hom111e de J"íC;¡llCOllP
,['esprit, Treilhartl, h0111me probe, mais rlHle,
y représl~ntaieJlt la France. Honapartc, dans le
pen de jours Ir,'í! ;\\;[I¡ p.1s:;{' all con gres, était
COIH'Cllll scrll"/c¡lW¡¡t :lH'L' L\l!tric!w des ar-
rangetllcll (s lléccss:lÍrcs pour l' orcn pa tiou de
Mayence et de la tÚe de pOllt de ~L\llb('illl. TI
avait <'lé cll"ci<lé que les lroll¡ws alltrichienlles
se rctircl'aiellt á l'apprucllC des tronpes fran-
t;:aises, et abalHlullilcraiellt les milices de l'em-
pire; alors les ll'Oupes fran\,aises dcvaien I
s'emparer de J\Iayellce el de la tete de pOllt de
Manhcim, soit en illtirnillallt les milices de
l'empirc, réduitcs á elles-memes, soit en brus-
quant l'assaut. C'est ce ql1i [ut exécuté. Les
trou!ws de l'électeur, en se voyant abawlon-
uées de .... AuLL'ichicns, jivreI'PIlL\layence. Celles
qui étaielJ l a la te le tI ti pon t de JIanheim
voulurcnt résister, mais fnrent ohligées de
céder. On y sacrifia cependallt quc!(lues celJts
hommes. 11 était évidcnt, d'aprcs ces évélle-
ments, que, par les articlcs secrcts dll tl'aitl~
de Campo-Formio, l'Autriche avait reC0l1ll11;\
la n"publiquc la }igne dn Rhin, puisqu'ellc'
conscntait a lili ell ao.;surer les poillh les plus
importants. n fut COllvellU, de plus, qnc l'a1'-
mi'e frarwaist: , peJldant I(~s lH~gociations, qnit-


\ ~




It'raitla rive droite (In nhin ('j renlrcrait SUI
la rive gauehe , depuis Bale jusqll'a l\1ayf'l1cc;
!fU':'1 eette ha llteur dIe poo1'1'a it conl ¡1111e1' ;t
occuper la 1'iv(' drolte, mais en Iongeant l(~
lVlein et sans fr:lllcbir ses ri\'('s. Qllant aux a1'-
mées alltrichicntH~S, elles devaicllt se retire!'
,1u-rleL'1 dI! Dallubc et jusqn'an Lec!!, t'V:ICfl('f
les plaees fortes d'l:lrn ,Ingolstadt d Pltilips
hOllrg. Leur position devenait, par rapport ;'\
l'empire, a ¡H~II pr(~s st'lllblahk ;t celle des a1'-
mées f1'alH:aises. La (lé¡mtation de l't'JIlpire allait
:\insi délib¡'~rer an milit'll d'IIIlC double haie de
,,¡¡ldats. L'Aut1'iclH' Jl'cx{cllta pas franc!H'lllclll
:C5 articlcs see1'ets, Lar, a la favenr d'ulle Silllll-
lat.ion, elle Iaissa des garllisons dans Philips-
hou1'g, elrn et lugolstadt. La F1'auee fe1'ma Jc.s
:veux sur eette infractioLl dn traitt'>, pOllr JW
pas t1'Ollhkr la bonne inlt,]jigcllce. 1I [út (jl/CS-
: ion Cllsllitp de l'cllvoi n'>cipr()(p,e d'ambassa-
deurs, L'Autriche répondit (}lIe, pOll1' le mo-
ment, Oll se contclllerait de corrcspond1'c par
¡es ministres qnc les deux pniss~lllees avaien!:
aa con gres de Rastadt. Ce n'était pas mont1'c1'
(In granel emprcssemeut a Cotlll11cnccr avec la
Frailee des relations amicales; mais, ap1'és ses
défaites et ses hl1miliations, OH coneevait pf
on pardonnait C(' reste d'h I II1WI 1" d,> la p:lrt
ti .. r \ntriclH'




1 ~ ;


1 ,('S premi('r(~s explicatiolls eutre la dppnta-
¡ion de l'erupire el les ministres de !'Aulriclw
furent ameres. Les états de l'empire se plai-
gl1aient, en effet, CI ue l' A 1I1riehe contribuat a 1 es
dépouiller, en rCCI)IlIl:¡is~'i;lIll: la ligne du Rhin
á la répuhlj(llle, el en livrant ¡{'\lile maniere
perfide Mayence et la tpte de pont de -:\IalllleÍm;
¡ls se plaignaient qlLe l'Autriche, apres avoir
ent1'alué l'empi1'e dans sa lutte , l'abanclonnttt,
et lÍvrát ses provinces pour avoir en éclwnge
des possessiolls en Halie. Les millistres de l'em-
pereur répondaient qu'il avait été enrralllé it
la guer1'e pour les intérets de l'empire, et pOlll'
la dHense des princcs possessiom](~s en Alsacc ;
qu'ap1'es avoir p1'is les armes rlans lenI' int{'ret,
il avait fait des cfforts ext1'aordinaires pendallt
.'iix annóes consécutives; qu'il s'était Vil aban-
doollé Sllcccssive!l1Cllt p:lr tous les {>tats dE' la
confédératioll; c{lt'i! av;,it soulcml prcsqllc ¡,
lui seul le farelcall ele la guerre; qu 'í] ;1 \ ait
perdn clans cctt(' lutte Ull(' parrie de ses ('Ials,
et notammcnt les riches provincí's ck la Rel-
gique et de la Lom]¡ardiE'; el fllt'il I\'avait,
aDreS de lels dforts si ;lIl1t~relll{'riL j);¡YPS, (',:le


l • <


d(~ la reconnaissance ;\ attendre, í:'t point el"
plaintcs a cssnycr. La v{~rité {~tait CJnc l'elll-
pereur avait pris 1c prl'rCX;(' des prillces pO:,-
<;PSSiOlllll"S en A!c;aCi' ~ pm:;-;;,in' 1:1 gili'I'i'f'




,[u'jl!';¡,,:ut soutenue pOli!' sa seuk alllbitioll ..
qu'il :' avait elltra¡Il(~ la conf'édératioll germa-
niqllc malgré elle, el (pie mailltcllallt íI la
Irahissait pour s'indernniser a ses dépens, A pr<,'-
de vives explications, qui Il'abollti"i'llt ~t rien,
il fallnt passer outrc, el s'occlllJCI' de la base
des négociatiolls. Les Fran{;ais VOllbié'llt l;¡
rive gauclw d¡l nhiu, el pro!,osaiellt, pou]'
indemniser les princ('s déposséd{~s ele lelll's
états, le moyen des séctllarisatiolls. L'Alltl'ielll',
qui, non COI\tente el'avoil' :ICqllis la plus grande
partic du territoil'p Vt'lliti('Jl, vOl:lait s'illdcm ..
niser encore avec quciqlles éveché's, et c¡¡¡i
d'aillel1rs avait des cOllventiolls secretes avcc la
france; la Prllssc, qui était COIl"ellllC avec la
France de s'indemlliser, sur la l'ive droite, du
duché de Cléves qu'elle avait perdll snr la rive
gauche; les pl'itlces e/épossédés, qll1 aimaient
mieux aC{luérir des états sur la rive e/raite, a
I'abrí du voisinage des Franc;aís, que de rc-
cou vrer leul's anciennes principautés; l' A ntri-
che, la Prllsse, les pl'inces dépossédés, tous
votaient également pour qu'on cé(lat la ligne
!In Rhin, et que les sécularisations fussent
employées comme moyen d'indemnité. I/em-
pire pouvait donc difficilement se défendrf'
eontre un pareil conCOllI'S de volontés. Cepen-
(1.1nt le" pOllvoirs dOllllés ~t la d{~plltation, fai"




). i


:i;mt tnlC cOllditioll expresse de I'illtegr;u~ d¡"
i"empire gel'man ¡que, les plénipotentiail'es hall-
(;ais déclarerent ces pom'oirs bornés et insuffi-
sants, et en exigerent d'autrcs. La députation
:;'en fit. llollller de lJouveaux par la diete;
mais, qlloiqne ay:mt d{'sormais la faculté de
cOllcét!cl' la ligue dn Rhin, et dI' renoncer a la
rive gauchc, elle persista néanmoins a la (1<:-
ténclrc. Elle. <lollnait beaucoup de raisons, cal'
les raisans ne manqncnt jamais. - L'empire
germaniqllc, dísait la députatian, n'avait point
été le premier a déclarer la guerreo Bien avant
que la diéte ele J{atisbollne en eút f:út la dé-
c1aratioIl, Cuslille avait surpris Mayence el
env3hi la Franconie. 11 n'avait done fait que se
défendre. La privation d'unc partie de son
1cr1'itoire bOllleversait sa constitutioll, et com-
promettait son existcncc, c¡ui importait a toute
I'Etirope. Les provillccs ele la rin' gallclw (lU'OH
vOlllait lui enlever, étaient cl\lI1c ll10dique illJ-
portance pour Ull état dcvellu aussi V;lstc que
la l'Ppubliq'Ie f1'all(:aise. La ligne dn Rhill P01l-
vait ct1'eremplad~c par une alltre ligne mili taire,
la Masellc par cxcmple. La J'(;pllbiir¡llP, enfill,
rcnom:ait, pOIlr<I(~ I rés-rnisérables a vall! ages, ~:
la gloire si llelle, si ¡Jure, et si ntile pon1' ('!le,
t It~ la modératiOlI politique. - El] cOllséquence,
la d(;PIlL¡!ioll p¡,opnsail rl';dJ:UI1;oJ)l!('r tout ':(.




JLhVOI.l' I'ION FIL\NCAISI':.
(Ille l'empire avait possédé aa-del a de la .:\10-
:;elle, et de prcndre eette rivíere pour limite"
,\ ces raisol1s, la Franee en avait d'excellellte~.
;r opposcr: - Sans doute, elle avaít prís l' of-
fensive, et eommenci' la guerre de faít; mais
la guerre vérltable, celle d'ill tClltion, de macb i-
nations, de préparatifs, avait été commellcP{'
par l'cmpire C'était aTreves, ;1 Coblentz CJII'a-
vaíent été rccucillis et organisés les émigrés;
c'était de la que devaient partir les phalanges
chargées d'humilier, d'abl'lltir, de démemhrer
la Franee. La Franee au lien d'etr<: vaillclIf;
était victoriellse; elle 'en ¡>rofltait, llon pour
remIre le mal qu'on avait voulu luí {;¡irt', mais
pour s'indcmniscr de la guel're qu'on luí avait
faite, en exigeant. sa véritable limite naturelle,
la ligne du Rhin.


On dispntait done, cal' les CfJlIccssio!1S, meme
les pllls inévitables, sont toujours contestéeso
_'bis iI était évidcnt que la députation allait
céder ]a rive gallclw, et ne faisait cette résis-
tance que ponr oLteuir de meilleures condi-
tions sur d'autres points en litige. Tel était
l'(~Lat des négociatio[)s de Hastadt, au lUois de
plnviose an VI (févricr 1798),


Allgereau, auquel le directoire avait donw\
ponr s'en débarrasser, le commandemeut dc
l'année d'Allemagne, s'était cntouré des jaco




",


') 1


IllllS les plus tOl'ceués, lille pouvait (lUC p()l't(~r
ulIlbrage a I'empire, qui redoutait sllrtout la
L'outagion des nouveaux príncipes, et tpli SI'
plaignait (l'écrits incendiaires répandus en AI-
lemagne. Tant de tetes fermcntaient en Europe,
qu'il ll'(\tait pas llécessain' de supposer l'inter-
yenlioll [rall(;:aise pOli!' explique!' la circulatioJl
d'¡"crils I'évolutionuaires. JVIais iI importait all
directoire de s' évitel' tOllte plail1te; d'aillcurs, iI
était mt~Colltcll t de la conduite turDulellte !l'An
gcrcau~ illai ota son commandcmcllt, et l'eJI
vaya a Perpignall, sous pr{'tcxte d'y réunir Ulh
armée, qui était dcstinée, dísait-on, ~'.¡ agir
cOlltre le PorLuga 1. Cette cour, a l'illstigatioll
de Pia, n'avail pas ratitié le traité fait a\"ec LI
l'épublique, el OH mena(:;ait d'alleI' frappel' en
elle une alliée (le }' Angletel't'e, nu resle, ('('
Il'('tait Ü (JlI'lIIlC vaill'~ démollstratioll, d b
conunissíou dOll/l(:':e Ú Augcl'l'au était lIile di~,
grace déguis(~e.


LaFrance,outre lpsrappol'ls din'cls c¡ut:!I(
cOllllnclI!;ait ;\ renolle .. avec les llllissilllces de
l'Europe, avait: il dil'iger, COHlIIlC J!ous ravow,
!lit, les républiques nOllvelles. Llles ~:tait'll{
wlturellt'Ulellt agitées de partis cOlltl'ail'cs, lA
devoir (k la FraIlee était de leu!' épargut'l' Il's
~:(Jnvulsions (lui l'avaicnt déchil'éc l>lIc-l1H~D1("
U'~¡ilk¡¡I':',. dk "'I<tit appek'\' ,,¡ l'''Yú' I'Utlt




).~
cela. Elle avait des armé es ell Hollallde, dan:,;
la Cisalpinc etla Ligurie, eutrelenucs aux frais
de ces répllbliques. Si, ponr ne point paral!n'
attenter a lenr indépendance, elle les livrait á
clIes-mcl1ws, iI y avait chngcr de voir, uu Ull\'
contre - réyolu tion, on Ull déckllllcm ent ele
jacobillismc. Dans un cas, iI Y avait pt"ril pOUl
le sysleme républicain; dans l'autre, pOlll' le
mailltiell ele la paix générale. Les jacobins, de-
"cnus les maltres en lIollamle, étaient capa-
bIes d'indisposer la Prusse et l'Allemagne; de-
"enus les maItres dans la Lígllric el la Cisalpine c'
ils étaient capables de bOllleverser rIlalie, el
de rappeJer l'Autriche en liceo II f~lllait done
IlJOdérer la marche de ces républiques; mais
,~n la rnodérant, on s'exposait a un alltre in-
convéIlient. L' Europe se plaigna it que la Fr:mc('
eút fait, des Hollamlais, des Cisalpins, des Gé-
llois, des stljets pll~t(')t que des alJiés, et luí
rf'prochait de "iser ;\ unc dominatioll univcr·
selle. II rallait dOlle choisir (lPs agents (tUi
cnsscnt exactemclll la nuance d'opillion COll~
"enable au pays ou iIs devaicnt résider, et as-
sez de tact pOllr faire scntir la rnain de la
France, sans la laisscr aperccvoir. II y avait,
comme on le voit, (les difficultt's de toutp es-
pece a vaincre, pour maintcnil' en pl'éseIlct'.
et y mailltenir sans c1IOC, les deux system('~;,




l)[IlECTOIHl: \ J 790:.
«(lli, en Enrope, venaient d' etre opposés l'un
:'t l'autre. On les a vus en guerre pendant six
ans. On va les voir pendant une année en né-
gociation, et cette année va prouver mieux
que la guerre encore, Ieur incompatibilité na-
turelIe.


Nous avons déjit désigné les différents par-
tís qui divisaicllt la Hollande. Le partí modéré
et sage, qlli voulait une constitution unitaire
et tempérée , avait ;t combattre les orangistes,
créatures dn stathouder, les fédéralístes, par-
tisans des anciennes divisions provinciales.
aspirant a dominer dans leurs provinces, et a
ne souffrir qn'un faible lien fédéral; enfin, les
llémocrates ou jacobins, voulant l'unité et la
<lémocratie pures. Le dil'ectoire devai t natu-
rellernent appnyer le premier parti, opposé
allx trois autrcs, paree qu'il voulait, sans au--
cune des exagératiolls contraires, concilie.
l'dncien syster;Je fédératif avec une suffisante
concentration de gOllvernemeot. On a Leau-
coup accusé le directoire de vouloir partout
la république une et indivisible, et 00 a fort
mal raisollnó en général sur son sJSteme a cet
t'gard. La républiqueune el indiJlisiblc, imagi-
llée en 93, eut été toujours une pensée pro-
fonde, si elle n'avait ét{~ d'aborrl le fruit d'un
illstinct pnissant. Un élat allssi homogene,




H livOLOTION FltAN(,:AJSF.


anssi bien fondu que la Franee, ne pOllv;n!
adlllettre le syst(~me fédéral. Un élat aussi ml'-
naeé que la FraIlee eót été pcrdu en l'ad-·
mettant. I1 ne eonvenait ni a sa eonfiguratiulJ
géographique, lli a sa situatioll politiqueo Salls
donte, vouJoÍr parlout l'unüé ct l'indivisibilité
an meme degré qu'en Franee, eút Üé absurdc;
mais le direetoire, plaeé a la tl~te d'uu llOllveau
systeme, obligé de luí créer des alliés pui:-..
sants, devait chercher a donner de la force el
de la consistance a ses nOllveaux alliés; et i ~
u'y a ni force ni cunsistance salls un certai"
degré de COIlcentration et d'nnité. Tclle élai ¡
la pensé e , ou pour micnx dire l'iustiIlCl, (1111
dirigeait, et devait diriger presquc a lcur itlS<;U,
les chefs de la république fran\aisc.


La Hollande, avec son aneien systcmc fér!t'
ratif, cut été réfluite a une complete impui,-;.
sance. Son assembléc nationale u'avait pu tUI
donner cncore une constitutioIl. Elle (>tait as-
treínte a tous les réglements des anciells {~tab
de JIollande; le fédéralisme y domiuait; lc~;
partisans de l'unité et d'uue COIlstitulÍon HlO'
dérée demandaient l'abolition de ce réglemelll
et le prompt établissement d'UIle cOIl,,;tituti01L
L'envoyéNoClétaitaccusédtdavoriser 11:'5 féd¡;
ralistes. LaFrance llC ponvait cliffél'l'I' dI' ¡¡n'JI
tire un partí: (,11,> ('l1vo\a ]ulIlwl'1 l'olll!lJaillk,




DI 1\ ECTOIl\ F (1 ~~)R .
Ltrméc de Hollamle, Joubert , l'un des lieute-
¡¡anls de Bonaparte en ltalie, célebre depuis
sa marche en Tyrol, modeste, désintéressé,
bra ve, et patriote chaleureux. Elle rel1lpla\,:l
N"od par Delacroix, rancien ministre des af-
fair(~s étrangcrcs; elle eú t pu faire un meilleur
clIOÍX. Le dircctoire rnallquait malheurellse-
mellt de slljets ponr la dip!omatie. II y avait
beancoup d'hommes instruits et distingllés par·
mi les lllembres des assemblées actuelles OH
passées; mals ces hommes n'avaient pas 1'ha-
bitucle des formes cliplomati(Illes; ils :lvaient
dn dogmatisrne et de la morgue; il était dif-
ticile d'en tl'ouver qui conciliassent la fermeté
des principes avec la sOllplesse des furmes, ce
qu'il anrait falln cependant chez nos envoyés
a Ntrallger, ponr qu'ils sussent a la foís faire
respecter nos doctriues et ménager les préjn-
gós de la vieille Europe. Delacroix, en arrivallt
en HoUande, assista it un festin douné par le
comité diplomatique. Tons les ministres étrau-
gers y étaicnt invités. Apres avoir tenu en leu1'
présence le langage le plus démagogique,
Delacroix s'ócria le vClTe á la main: POllrqll(){
1I'y a-t-il pas un Batare qui ose poignarder fe
l'églement sur l' aute! de la patrie! On cOI1\,oit
ais('~mcnt l'cffet quc devaient prodnire sur le~
étraugel's de p;lI'(·illcs hOiltadcs. Le r(~gll'




H~:V()LUTION FHAj'il:AlSJ.,.
ment, en effet, fut bientot poigllal'lk. (lIJa·
rante-trois députésavaientdéji:t protesté contn'
les opérations de l'assernblée Ilationale. Ils SI'
réunirent le 3 pluviose (22 janvier 179t)) :"\
l'hOtel de Harlem, et lá, suutellus par nos
troupes, ils procéderent COHlme un avait fait
ú Paris, quatre mois auparavaut, au 1 S fruc-
tido!'. I1s exclurent de l'assemhlée nationalc nI!
cel'tain nombre de députés suspects, en firent
enfermer quelques-uns, casserent le r6glcment,
et organiserent l'assemblée en une espéce JI'
convention. En peu de jours, une constitutiol!
a peu pres scmblable a ceIle de la France fui
rédigée et mise en yiglleur. Voulallt imiter la
cOllventioll, les nOl1veaux dirigeants COlllpO-
serent le gouvernement des membres de l'as-
scmblée actueHe, et se constitnerent eux-
memes en directoirc et corps 16gislatif. Les
hommes qui se présentent pour opércr ces
sortes de mouycmcnts sont tOlljonrs les plus
prolloncés de lcm parti. II t'tait á craindrc que
le nouveau gouvcrnement batave lle fút fort
empreint de déJtlocratie, et quc, sons l'itlfluenc('
d'un ambassadeur comme Del::tcroix, il ne dé~
passat la ligne que le directoire frarH,'ais allr;¡it
voulu lui tracer. Ct'tte t'specc de 1 H fructidOl
PTl Hollande !le mallqua pas de f:1ire di\'(' ;\ h
,liplomatie I'lU'ÓpCCIlll('. surtOllt ;'1 la di!)!ofl!;(-




tH~ !H'IISsícnne, que la Frailee gouvernait I:t
HollalHle, el s'deudai¡ de fait jusc¡u'an Texcl.


La république ligurienne ét\lit dans une as-
sez bOTlllC voie,qlloiC¡lle secretemellt travaíllée,
comme tous l('s 1l0UH';WX états, par denx partis
(;galctlH'llt (·xag(;rés. Qtlallt :! la Cisalpille, elle
¡;!;út ell proie aux passiolls les plus véh{·mentes.
L'esprit de localit{~ divisait les Cisalpins, (plÍ
;¡ppal'tenaiellt á d'ancicns ótats sllccessivelnellt
dérnembrés par 130napal'te. Outre l'esprit de
localilé, les agcllts d(~ ['Alltrichc, les lloble,,> ,
les pretrps el les démocratcs empOrll-S ;¡gi ..
faíent violemment la nouvelle république.Mais
les déulOcrates étaient les plus dangel'eux, paree
qu'ils avaient un puíssant appni dans l'armée
d'Italie, composée, comme on le sait, des plus
chauds patriotes de Franee. Le dircctoire avai!:
<lutant de peine ;'t dirige!' resprit de ces armées
en pays étrallger, que celui. de ses ministres,
el avait, sous ce rapport, autallt de difficultés
a vainere que sous tous les autres. II n'avait
pas encore de ministre aupres de la nouvelle
répllblique. C'était Berthicr qui, en sa (Iualité
de général en chef, rep.césentait cucore le
gOllvernement fran(,'ais. Il s'agissait de régler,
par un traité d'alliallcc, les rapports de la nOll-
v('l/e republique avec la républiy'ue-mere. Ce
trail(' fllt rédigé ~ Paris, el t'1l\'oyé a la rati-




Ill::VOLUTlON I'HAN<)ATSE.


fication des conseils. Les de!lx répnbliqucs
contraetaient alliance offensive el déft'I1sive
pour tous les cas; et en attendant que la Ci-
salpine eút un état militaire, la FraIlee lui ac-
COI'llait un secours de vingt-einq mille hommes
allX conditiollS suivantes. La CisaJpinc devait
dOIlner le local pour le casernemclIt, les ma-
gasins, les hópitaux, et 10 millions par an
pour l'entretien des vingt-cinq mille hommes.
Dans les cas de guerre, elle dcvait fournir un
subside extraordinaire. La Franec abandonnait
a la Cisalpine une grande partie de l'artillel'ie
prise a l'ennemi, afin tI'armer ses plac('s. Ces
conditions n'avaient rien d'excessif; cependant
Leaucoup de députés cisalpins dans le eonseil
des anciens, mal clísposés pour le régime ré-
publieain et pour la Franee, prétendircnt que
ce traité était trop ünérclIx, que "OH ;¡Jwsait
de la dépendanee dans laqueIle le nouvcl état
était pIacé, et ils rcjetereIlt le traité. Ll y avait
1á une malveillance évidente. 130naparte, ohligé
de ehoisir lui-meme les individlLS eomposant
les eonseils et le güuvernement, lI'avai t pn s'as-
surer de la nature de tous ses cbüix, et iI de-
venait néeessaire de les modificr. Les conseils
aClllels, llommés militairement par Bonaparte,
farcnt modifiés militairemellt par Bc!'ti/icT.
Ct'llli-cÍ éloigna qllelqllcs-lIlls des nWl1lbres les




))JH1~CTOIH F \ 17~)H~J. :) [
plus ohstinés, el lit présenter le traité, qui fllt
tllIssi t('¡t accepté. Il était f:kheux que la Frallce
fr'1 L encore obligée de laisser voir sa 111ain, cal'
l'.\.ulrtche prétendit sur-Ie·champ que, malgré
toutes les promcsses ¡aires á Campo-Formio,
la Cisal pille 11' éta; t pas lIlIe n~pllblique indé-
pendaute, et qu'clle était t'vidcll1ment l\Il('
¡¡rClvillce frall\,aisc. Elle fit des difficultés P()\II'
l'admissioJl du ministre l\Iarescalchi, accrédit(~
:1l1IH'es ¡l'cHe par la Cisalpine.


Le territoire formé par la France et les n01l-
veIles ré¡mbliqnes s'ellgrenait avec l'Europe,
(~ncore féodale, de la llIanit~re la plus dange-
reuse ponr la paix des deux systemes. La Suisse,
toute fóodale cncore quoique républieaine, éLait
cnglobée entre la .France, la Savoie, devenllc
p1'ovillce fraIH;;aise, et la Cisalpine. Le Piémont,
;¡VCC Jeqlle! la Franee avait cont1'acté une al-
liauce, (~tait enveloppé par la France, la Sa-
voie, la Cisalpine et la Ligurie. La Cisalpine
et la Ligurie envcloppaient le Parmesan et la
Toscanc, ct pouvaiellt communiqucr leur fip-
vre aRome et ;\ Naples. Le directoire avait
recommandé ~l ses agents la plus grande ré-
serve, et lenr avait défeIHlu de donncr aueune
espáance anx démocrates : Guingnen(' en
Pi(~!1Iont, Cacanlt en Toscane, Josf'phBona-
partl' ;\ HOIlH', Trn¡IV(; ;t '\f,¡ples, avaient 01'-




dre p¡'ecls de témoigncl' les disposiliolls les
plus am.iealcs aux princes .1upri's dt:'s(luels ils
résidaient. lls devaien\: assurer epw les itltctl-
tions dll directoire n'{'laieTlt llullemcllt (le pro-
pager 1f.s príncipes ré\ oluLimlllaircs; t[u'il se
contentcrait de ll1aintcllir le '''} st'-'IIH:' républi-
caín lit 01'1 ji était étab!í, Hlais qu'il lJ(~ ferait
ríen pOllr l'ételldre chez les puissallces qlli se
conduiraieut loyalement avec la France. Les
intcntions dlt directoil'e étaicnt sinceres et sa-
aes. U souhaitait saBS doute les l)ro<rres de la ~ ~ t"'l
révolution; mais ii ne devait pas les propager
plus long-temps par lcs armes. II fallait, si la
l'évolution éclatait dans de nouycaux dats.
qu'oll He put reprocher á la Frailee UIle par-
ticipation active. D'ailleurs l'ltalie était rem-
pIie de princes, parents on alliés des grandes
puissallces, auxquels OH ne pOlI\'ail Jllljre sans
s'exposer a de balltps llOstiliL{'s.L'AlItriche ne
manquerait pas el' intervenir ponr la Toscane,
ponr NapIes et peut-etre pom le Piémont;
I'Espagne interyienurait cerlainement pour le
prince de Parme. Il fallait donc s'altaehcr, si
de nouvcaux événements venaient ;\ éclater,
~l n'en pas avoir la responsaLilité.


Telles étaient les instructiollS du directoire;
mais on ne gouverne pas les passiolls, et ,<;1If'-
tont eellt·~ de la I ibl'rté. La Frallcc po ti \:\ i t-ell('




TlIRllCTOIRE (1798).
empecher que les dérnocrates fraIH::ais, ligll-
riens et cisalpills, ue eorrespondissent avee les
démocrates piérnóntais, toscalls, rotnains et
lIapolitaills, BC leur soufflassent le feu de leurs
opiniolls, de lelll"s ellcouragetllenb et de leurs
espérances? 1/s leur disaielll <JI/(' la politique
empechait le gOllverllt'ment fralJ(,:ais d'illlerve-
llir ostensiblemellt dans les révolutiolls qui SI:
préparaiellt. partollt, mais (Iu'illes protégerait
une foís faites; qu'il fallait avoir le eüurage
de les essayer, et (Iue sur-le-ehamp arrivcraient
des seconrs.


L'agiLatiol1 régllait dans tons les élats ita-
lieus. Un y m n I ti pliait les arrestatious, et nos
ministres aecrédités se bornaient a réclamer
{luelquefois les inJividus illjustement poursui-
vis. En Piémont, les arrestations étaient nom-
lJreuscs; mais ¡'intercession de la Franee était
SOlfVCllt écoutée. Ell Tus('ane, il régnait assez
de modération. A NapJes, it y avait une classe
¡J'hommes qui partageait les opinious nou-
"elles; mais une conr allssi méchante qu'in-
sensée luttait eOlltre ces opinions, par les fers
et les supplices. Notre ambassadeur Trouvé
était abrellvé d'hnllliliatiolls. Il était séqucstré
COllllTle un pestiféré. Défense était fai le aux
Napolitains de le voir. II avait en de la peine
a Sé' p¡'oellre!' un m{~decill. 0/1 jetait dans les


.. \.




cacbots ceux qui étaicnl acrus{'s d'avoir en
des cOllli1luuications avec !a l{ogation frall<;aise,
OH qui portaiellt les chcv(~tlx coupés et sans
pOlldre. Les lettres de ]';¡mbassadcur ,;taicnt
saisies, décacbetécs, d gard,''Cs par la poliee
llapolitaine pelldalit dix Ú d()uz(' jOllrs. Des
FrarH,'ais ;¡Vaiellt ét( assassil,l-s. Mt'lllC Cjll:lJI(l
HOllaparte était en Italie, il avait CII de I:!
peille á contcBil' Jt.s fllI'l'urs de la coul' de Na-
pIes, et malllten<lllt c!lI'il n'y dait plus, Oll juge
de quoi elle de\'ait ¡;t\'l' capable. Le gouwr-
nement fraJl(:ais ;¡v:¡il ass('í', (k force ¡)(HU' la
punir crllel¡ell](~ll! de s(~s falltes; mais pour
ne pas tl'oubter la paix g(;Il('l'a!<" ji a\'ait ]'('-
commalldé a SO!I ltllllistre Trouvé (!P garder
la pllls grande mesure, de s'en tellil' a des re-
présentations, et de tachel' de la l'amener a la
ralson.


Le gOllV('J'llf'IlH'1l1: le plus pr('s de sa ruine
était le gUlI\Cl'lICIIlCIlt papal. Ce n'élait pas
fallte de se ddelldrc; il faisait aussi des af'!'CS-
tations; mais un viellx pape dont ror¡~"ejl
était abattu, de vicux cardillallx illhabiles.
pOllvaient difficilement sOlltenir un état dlan-
celant ele toutes parts. Déj~l , par les sugges-
tions des Cisalpins, la Marche (l'Allcone s'était
révoltée, ('t s'était cOllstitut'e en républi(F:e
anconitaillc. De l!l, les dÓllloc\'at(~s SOIl fllaicllt 1;1




l'{'voitc d:llls tOll! l' état rOlllain. lis n'y comp-
laiellt pas tUl grane! Hombre (le prtl'tisaus, mais
ils (>tajen t assez seco[)(l{~s par le InéCOlllen tenwnt
puhlic. Le gouvernf'l1wllt pap;¡l avalt perdu
son éc!al: imposallt aux yCllx du people, dc-
puis (I'w les cOlltri]¡utiollS illlpo::;(~es it Tolcn-
tillO J'avaiel1t obli;.:-ó de (lOlll1Cr jllsqu'allx
1l1cu]¡les préciellx. ct aux pierreries dn Sainl-
Siége. Les laxes nOllvdles, la créatioll d'ulI
papier-monnaie <]lli perdait plus des dellx tiers
de sa valeur, l'aliéllatioH dn cinq uiemc des
l¡iens du clergé, avaient mécontenté toutes les
dass!'s, jusqu';mx ccclésiastiqu('s eux-memes.
Les grands de Home, qlli avaient re¡;;l1 quel-
ques-llnes des lumi¿'res répandues en Europe
pendant le dix-huitiéme siec!e, murmuraienL
assez hautement contre un gouvernement fai-
1>1(', ille)lIC, et disaif-mt qu'il était temps que le
g(Jl1\'er!l('mt~llt Icmpord des états romains
pass;\! ele cdibataires ign(1'rant~" incapablcs,
étrangel's ;\ la connaissancc des cllOses hn-
mailles; aux vt'-ritables citoyens versés dans la
pra ¡iqll(> pI l'habi i lIde dn mond(~. A insi les di s-
positions du pellple romain étaicnt peu favora-
bles ;m pape. Ccpendant les démocrates étaicnt
peu llombrcux; ils inspiraicnt des préyentiofls
..,0 u s le rapportde la I'piigion, dOllt ollles croyait
(~IIJ\e/llis. Les al'tislps fral]('ais glli {~tai(~I1t ;{





ltÉVOLUTlON FI\A::\y\JSF,


Rome les excitaient beaucoup; mais Joseph 130-
naparte tachait de les cOJ1tellir, en JpUI' disant


"1 ' ' I f qu J s n avalcnt ]las asscz (e orce pOli!' t<~nter
un monvement clécisif, qll'ils se perdraiellt d
comproll1cttraieut iUlltilemcllt la France ; qne
du reste, ('lle ne les sOlltielldritit ¡>a~, et lps laif;-
sel'ait exposés aux suitcs de lcUI' imprudellce.


Le G nivose (26 dt~cel11Lre 1797), i1s Yilll't'llt
l'avertir qll'il .Y anrait un mouvement. Il les
congédia, en les engageant a rester tranquilles;
mais ils n'en crun~Ilt pas le millistre francais.
Le systeme de tous'les el1trcpreTlcurs de' r(~­
volntions était qu'il fallait osel', el clIgager lit
Frailee malgl'é elle. En eff(~t, ils se n"lIl1irellt le
8 nivóse (')8 décembre), pour tellter Hn mOH-
veroent. Dispersés par les dragons <ln pape,
ils se réfugierent dans la j nridictinn de 1'am-
bassadeur fl'an\,ais, eL SOliS les a!'carles di, pa-
lais Corsiui, r¡u'il hahilait, J()seph acconrut
avec quelqlles mililail'es fl'an<;ais, et le génél'al
Dllphot, jellne ofticier tres-distingué de l'ar-
mée d'Italip, II voulait s'illterpnser entre les
troupes papales et les insl1rgés, pour évitcl' un
massacre. Mais les troupcs p;!pales, sallS res-
pecf pnur l'amhassadeul', tirent feu, et tuéreflt
ases cató s l'infortunóDll[Jhot. Ce jellnehomlllc
allait éponser UIlt' belle- sn~llr de JO'icph. Sa
mort produisit une commotin!1 extl'aol'dinaire.




DIRECTOIR E (17 9b ,l.
Píusieurs ambassadeurs étrangel'S COUI'lIl'eut
chez Joseph, partieulierement le ministre u'Es-
pagne, t['Azara. Le gouvcrnement romain, seuI,
demeura quatorze heures san s envoyer chez le
ministre de Frailee, quoique celui- ci n'eut
cesst' de luí {(Tire ¡wJHlallt la jO':l'uéc. Joseph,
indigné, demanda sur -le - champ ses passe-
ports; on les lui doItlla, et il partit <lussitót
pou!' la Toscall(',


Cet óvéncrnellt produisit une vive sCI1SatioIL
Ji dait visible que le gouverllelllellt romaiu
al/rait pll prévellir eette sccne, cal' elle était
prévue aRome dellx jours d'avance, mais qu'it
avait voulu la laisser (~datcr, pour infliger aux
démocrates une eorrcction sévere, et que dans
le tUlln'llte il n'avait pas su prcndre ses précau-
liollS, de maniere á prévenir une violation uu
clroit des gells, I't l/Il attelltat contre la léga-
tion fraIl<;:aise. Aussitót Ulle grande ¡";Hligllatioll
se manifesta dalls la Cisafpille, et panul tOll~
les patriotes italiens, eOlltre le gou vernemcn t
romain. L'arméc cJ'ltalie demandait a grallds
cris á marcher sur Rome.


Le direetoire était fort embal'l'assé : il voyait
dans le pape le chef spirLtuel du parti euncrni
de la révolution. Détruire le puntife de eeHe
vieillc el tyranuÍgllc religion chréticnne, le
ICl! !;lJ! fi)!'l, malgré 1(, dallger de blessl'l' les




llE\'I)LUTION Flt,\:\'(,:\lSL.


IHlissa.llces, et de pI'OVO(pll~1' lellr illtl~rvellt iOIl.
Cependant, qllels que fu sSClltlCS incol1vhliCI !ts
d'une détermillation ho:,:tile, les passiol}s 1'(;-
volutionnaires l'rmportercllt iei, et le dil't'c-
toire ordollna au géil(']'ai llcl't hiel', 'lllí com-
manclait en Ttalic, de marche!' sur Horne. 11
espérait que le pape, n'éUlIIt I(~ p;lrclIf ni J'allió
d'auculle couI', sa chute ne !'l'ovü(lu('rait au-
cune illtervention pnissante.


La joie fut grande chez tOllS les répuhlicains
et les pa1'tisans de la. philosop hi e. llerthit'I' :-n'-
1'iva le 22 pluvióse (10 févrie1' J79~) eJl vue
de l'auciemre capitale du monde, que lrs :lr-
nlées républicaines ll'avaiellt p:IS cnco1'e Yi,~itéc.
Nos soldats s'arrcterellt tUl iustallt, ponr con-
templer la vi('ille el magnifique cité. Le mi-
lUstre d' Azara, le médiateu1' o1'dinaire el e tOlltrs
les puis:,:ances italil'tlllt's illlpn'.s de la Fl';lIlce,
accournt au (1 uarticr - géuéré! 1, POli!' négocit'1'
une cOllventioll. Le ch:lteau Saint-AIIge fllt ¡¡-
vré aux Fl'au(ais, Ú la c01Hlitioll nalllrcl[e e/dI'('
peuples civilisé~, de respecte!' le culte, les éta-
blissernents !mblics, les persouues pt les p1'o-
priétés. Le pape fut laissl~ all Vatican, el
Berthie1', introduit par la porte dll Peupll', fllt
coudnit au Capitote , comlne les ctllciens triolll-
phatcurs rumallls. Les drmocrates ,;W COIll]¡]¡'
dI' leurs V<CtlX_ se rt"l!l!irCl!! au C:lll!po-Vac('i-




JlO, OLt;;e VOlcnt les vestiges de r aneien Foru Ill,
d, cutotlI'és d'Ull peliplc insensc, pr~t ~I ap-
plaudir ;1 ton s les évéIlements llouvcaux, pro-
damerent la répnhli(llle romail1c. UH notaire
rédigea un aete par Jeque! le pcuple qui s'iu-
litulait peLJpl(~ J'omain, déclal'ait ¡,entrer dans
sa SOl! verailleti~, el se coustiluer en répllbliflue.
Le pape avait élé iaissé seul au Vaticano UH
alla lui demallder l'abdicatioll de 5a souveral"
nett~ temporelle, cal' OH u'eutemlait pas se llH~­
ler de SOl! autol'ité spiritlldk. H répolldit, di!
reste, avc'c diguité, qu'il ue pomail se Ilé-
pouiller d'uIle propriétó qui ll'(~tait point a IlIi,
lllais it la slIccessioll des apótl'es, et qu i l1'étail
qu'en tlépot dans ses mains. Cette Lhéologie
toneha pcu nos génóraux rópubiicaius. Le
pape, tl'aité av<,c les égards dus a son age, fut
extl'ait dll VatÍcilll ]H'llllant la uuit, et concluit
en Toscallc, (J'" il re!:ut asile dalls un COliVCIlt.
Le peuple de Hume pal'ul (leu regretler ce
sOllvel'aill, tllli aYait cepelldant l'égnó plus dt'
vingt allllées.


:;Vlalheureusemellt des exces, llOIl con1.l'C les
persolllles, m;lis cOlltrc ll's pl'opl'iétt·s, sOllil-
l(~l'ellt I'clllrée des FralJ(~'ais dallS l'ancieIlIH ca-
pitalc du monde. Il u'y avait plus á la tr~te de
l'arrr](~e ce chef sévlTe et illnexiblc, quí, moins
par vertn que p;u' burrcIlI' du dt"sor'drc, avait




pOUl'suivi si SéVel'elUent les pillal'ds . .Bollapal'te
seu] aurait pu imposer un fr('in a I'avitlité dans
une contrée aussi 1'ichc. Berthier ven;¡it de
partir pour Paris; Masséna lui avait sllccédé.
Ce hé1'os auql1cl la Fr;¡nce devra une éternclle
reconnaissance pOOl' ra\oir sanv('~(' ú Znrich
d\me ruine inóvitable, fut acclIsé d'avoir dOll-
né le premier cxemple. Il fut bientót imité. ()II
se mit ú dépouillcr les palais, le., cOllvents, les
riches collet:tions. Des juifs a la suite de 1'ar-
mée achctaiellt a vil prix les magnifiques ob-
jets que leur livraient les déprédateurs, Le
gaspillage fnt révoltant. 11 fant le dire : ce n'é-
taient pas les officiers subalternes lIi lPs soldats
qni se livraient a ces désol'dres, c'étaient les
officiers slIpérit'urs. TOllS les ohjets qu'on en-
levait, et SUl' lesquels on avait les droits de la
conquete, auraient dú erre df'[J()S(;S dans lIIle
caisse, pt vendns all prof1t de rannéc, qlli n'a-
vait pas rC<{H de solde depuis ciuq illois. Elle
sortait de la Cisalpine, oú le défallt d'organi-
satioll financiél'e avai! cmpéché d'acquitler le
subside convenn par notre traitp. Les soldals
et les officipl's subalternes étalvnt cbns le plus
horrible déllument; ils Pt,liC'nt indigr¡('s de
voir lellrs chefs se gorgt'I" de déponillcs, et
comproillPttre la gloire du 110m fr:ll1<{ais, sans
.1l1ClIn profit pOli!' ¡'armé.', TI y ('lit \1J1(' n"\'ol!!'




1)[ B FCTOIHE (J 7~)S').í I
cOlltl'e ~'Iassélla : les officiers se l'élluil'cnt dans
llIW égtise, et déclaréI-ellt qu'ils lIe vOlllaient
plus servir sons lui, Une partie du peuple,
q ui ét:üt mal disposéc pour les FraIH;ais, se
préparait ;1 s;¡isir le moment de eette mésin-
telli¡::-elJce pOllr Wnter un mouvement. Masséna
tJt sortir 1'arméc de Rome, en laissant une gar-
nison dans le cháteall Saint-Ange. Le dangeT
fit cesser la séditioll; mais les officicrs pcrsis-
tél'(~lIt a demellrer rt'unis, et a demander la
poursuite des pillards et le rappel de Masséna.


On voit qu'á la diffieulté de modérer la
lllarche des nOllveltes répnbliqlles, de ehoisir
et de diriger nos agcnts, se j0ignait eelle de
cOlltenir les arm(~es, et tont cela a des distall-
ces illlrnenses, pour les communications admi-
nistratives. Le dircctoire rappela l\Iasséna ct
env()ya !lile comlllission a llome, composéc de
qllatre persollllages pro bes et é'cIairés, pour
orgalliser la nOllvelle république:. c'étaient
J)aunou, "\Iol1ge, Floren t et Fayponlt. Ce der-
uiel", ad mi nistratellr habile et hOlluetc, était
chargé de tout ce ql1i <"lait rclatif aux flnallces.
L'armé{~ d'Jtalie fllt divisée en deux ; on appela
armée de HOI1H:' celJe qlli venait de détrouer
lt' pape,


n s':lgissait de motive!' auprés des lmissauces
::1 lIo11vcllP n~vol!ltioJI. L'EspaFlle, dOllt 011




UEVOI.rITION !'ItAN(,: \151'.


aurait ¡m redolltcr la piétó, mais qui t;tatl .~()(lS
l'influcllce frallc;aise, lledit eepcudallt ri('11. J\T:tis
l'intéret est plus intraitable que le úle n'Ji-
gieux. Aussi les deux cours les plus m&coll-
tentes furent eelles de Viemle et de Naples.
Cf'Ilf' de Vielllle voyait avec peiJle s'étcmlrc
l'irdl ![ellee f¡'all~'aise en Italie. POIl!" Ile pas
a.iouter a ses griefs, OH ne voulut puint COH-·
fondre la rppubliquc llouvellc ave e la Cisal-
pi ue; e He fut constituée a parto Les réllIlil'
toutes deux aurait tro1' réveillé I'idée de l'llnit(~
italienne, ct fait eroirc au projet de d("mocra-
tiser toute l'ltalie. QuoiCJlle l'cmperl"ur ll'eút
point de ministre ~1 Paris, 011 lní envoya Ber-
nadotte pomo lui dOllJler des explications et
résidel' a Vienne. QlIaut a la cour de :Naplcs,
sa furcur était extri'me de voir la ró\"o!1I1ioll Ú
ses portes. Elle Il'exigeait ricn Jlloills que dellx
Oll trois des provÍnccs romaines pomo s'apai-
ser. Lile vOlllait surtout le duché d(~ Bénévellt:
et le territoire de Ponte-Corvo, qui daielll
tont-a-fait á sa convellance. Olllui ellvoya Ga-
rat pour s' en tt~1l dre a vec elle: on destina Trouv(~
a la Cisalpine.


La révolution fai'iait done des progre s illé-
vitables, et beaucoup plus "apidcs quc lle 1'au-
rait voullllc directoirc. N OllS avolls dt~ia lJOlllIll("
un pays 011 elle IlH:llacaÍl dI' s'ill!rodl:ii"(c. l"('~1




]l]HECTOlllF \. 1 ;~)8',
la Suisse. JI st~mble 'lne la SllisSI~, cene <l!lli-
(lIte paLrie de la libertú, eles Hl<:t',Llrs simples el
pastorales, ll'avait rien a recevoir de la Frallce,
et seule n'avait pas de l'évulutiol1 á subir; ce-
pClldallt, de ce que les tn:ize call1ol1s étaiel1t
gOIlVPI'lH~S avcc des [ormc,s républicainl's, il
jJ'ell n';:,nltait pas qlle r(~quité réglltll. dalls les
rappol'ts de ces peti 1 e'j rép uhliqllcs elltn: ell es,
d surtol!t dalls leilrs rapporls avec lelll's su-
jets, La f{:odaiité, qui ri'est qlle la hiél'arclJie
m ilitaire, exista i t elltre ces répul)li(plt~s, et ¡ I Y
avait des pellples dópelldauls ll'alltres peuples,
COlllllle un vassal de son suzerain, el gérnis-
sallt sous mI juug de fer, L'/\..rgoyie, le calltOTl
de Vaud, dépendaicnt de l'aristocratie de Ber-
ue; le Bas-Valais du Haut-Valais; les bail1iages
itaJiens, c'est-a-dire les valiées pendant du
cuté de I'Ir:die, de diycrs cantolls, Il y avait en
outre Que foule de COmlllltllt's dé'pclldallt de
certailles yil1es, Le canton de Saillt-C:tll 6tait
gouverllé féodalenll'llt par U¡l couvell!. Presflue
tOllS les pays slijets lie j'{~taicilt dcvellus qll'it
des cowlitiolls COl!tel1l1t's dans des chartes mi-
ses en ollbli, ('t (Fúj élait dd'elldu de J'cmetlre
en lUllli¿~rc_ Les call1pagncs n'!evaieul pres{plc
partout dps viIle:ó, et étaiClJt :.oumiscs ;lIIX plus
n"voltallts mO!lo[)o!CS; Bulle ]):ll'[ la tvrallllie
~ "


! ks e(l J'p~ de IlJélitT ,¡ 'él,¡ i t ;¡ I ¡; .. si gralHle _ l)am:




n hYOLUTION }<'RA~<;AISE.


tous les gouverIlemeJlts j ]'aristocratie s'était:
lentemellt ernparée de t'universalité des pou-
voirs. A Berlle, le premier de ces petits états,
quelques familles s'étaient el1lpaI'l~es de I'au-
torité et en avaient ú jarnais exclu toutes les
autres; elles avaiellt ICllr 1ivre cI'or, nú {'taient
inscl'ites toutes les familles gouvcrnautcs. Sou-
vent les m~urs adoucissent les lois, rnais il
n'en était rien ici. Ces aristocratics se ven-
gpaient avee la vivacité d'hurncur proprc al/X
petits états. Berllc, Zurich, Gcncvc, avaicn t
déployé souvent, et tres-récell1meut, l'appa-
reil des sllpplices. Dalls tunte /'Europc il Y:I"ail
des Suisses, baTlllis forcl'ment de lelll' pays, ou
qui s'étaieIlt soustraits par ¡'cxil aux veJ1gpan~
ces aristocratiques. Du reste, mal llUis, mal
attachés les UllS aux autres, iPs treize cantons
n'avaient plus atIC!ITlC force; ils étaiclIt ri-dllits
a l'im/missance de dé[cndre kUf lilJerl(~. Par
ce pellchant de mallV:ÚS fi'ére, si commUll dans
les {'tats fédératifs, presque t011S avaiellt rc-
cours dans leufs démélés aux pllissanccs voi·-
sincs, et avaienl: des traités partic,diers, les
HOS avec I'AuLriche, les :lUtl't'S avec le Pj{'l1lont,
les autres avee la Franee. La Suisse n'(~tait dOllC
plus clu'tlll h(~all souvenir et UIl admirable sol;
politiqucmeut,('!le ne pr{~selltait qn'utlc challl(,
,le petites et Illllllilíallles tyrallllics.




DlRJ<:CTOIRE () 79H). 45
On eonr::oit des 101's quel effet avait dú pl'O-


duire dalls son sein l'exemple de la révolutiol1
fr:lIl(,:aise. 011 s' était agité a Zllrieh, a núle, a
Geneve. Dans eeUe derniere viUe, surtout, les
troubles avaient étó sallglants. Dans toute la
partie fralJ(:'aisc, et particulit'remcnt ]p pays
de Vaud, les idées l'évolutiollnaires avaif'nt
[ait de grands progreso De leur coté, les a1'is-
toerates suisses u'avaient ríen oubli('~ pour des-
servir la Frallce, et s'étaicnt étudiés il lui clé-
plail'e auta)l! qu'ils lf' pOll\'aíent salls provoquer
sa tOllt<'-pllissance, J\1essienrs de Herlle avaient
acclIeilli les éll1ígrés el. len!' avaienl remlu le
plus de sCi'vic('~; possihles. Cesl ell Suisse que
s'étaicnt maehillées toutes les trames ounlies
contre la républíque. On se sOllvient que e'est
de Bille CJlle l'agent anglais Wiekam eonduisait
tOllS les fijs de la cOlltl'c-réYolutioll. Le diree-
toii'e devait dOlle (;!re fo]'t lllC>culltc:nt. 11 avait
un moyen de se venger de la Suisst', fort aisé.
Les Vaudois, persécutPs par llll'ssieul's de
Bel'ne, invoquaiellt l'interventioll de la Fran-
ce. LOrSl¡Ue le tille de Savoie les avait eódés
a Rerne, la Frailee s'était rendue garante de
leul's droits, par un traité a la date de 1565;
ce traité avait étt' plusíeurs foís invoqué et
exécuté par la France. l\ n'y a vai I dOlle ríen
d'él)'ange dans l'interventioll dll dil'ectoire, au-




,;(;
. -


l:ÚVOLlITIOX FHAN(,:AISr-: •


jOllrcl'hui J'(~cl;¡rn{'e par les V:mdois. D'aillcnrs.
plusicurs de ces pctits penp!cs dépClHlallts
ay;¡iellt cks protect2!lrS Nrangcrs.


On a vu avec quel cnthousiasme les \ aw!ois
avaient n~\a le libórati'ur dc L Valtcline, qnand
il passa de í\IiJan á Ba';t:lrll, en travcrsant la
Sllisse. LesVauclois, pleílls d'eSpt''l'é¡¡¡CC, :tvai('ut
ellYoyé des c!éputés ~l P;¡ris, C't illsi~laictlt \'i-
ycrnent pour obtellir la prolec¡ioll [ranc;aise.
1,enr compatriote, le brave et malheureux La
HaJ"ne, était mort pour llons eH Jtalie, a la
tete de l'uue ele nos divisioIls; ils ptait'llt hor-
rihlement tyral1llisés, ct, ¡: déf:llIt rl1l'mc de
toute raisoll politique, la simple hnmallitó wf-
fisait pour cllgager la Franee ¡t intervellir. Il


, 't '(' bl' n eu pas e e COllcpva e (Pi avec ses nonveaux
principes, la France se rd"lls:h a l'exécution
ele traités eonservatelll'S de la lijlPj'¡é r!'1l11 peu-
pie \oisin 1 ct ex('cuU'S memc par J'ancicllne
mOl:archic. La politique sC111e allrait pu ¡'en
empeeher, cal' c'était dcmner lille nOllvcllc
alarme a l'Europe, slIrtollt it l'illstant Illtl1le
oú le trone pontifical s'écroulait a Hotlle. l\fais
la Franc(', (¡ni ménageait l' All(~magne, le pj("-
mool, Parme, la Toscallc, Naplcs, ne croyail:
pas devoir les mi'mcs llléllagCtTIellts a la Suisst'o
et tcnait SlIl'!Ullt bcaucullp il (,tahlir Ull gOl1-
"crnement ;-malogllC' :tu sien, dans 1111 P;I\ ~ (jllt




IlfltECTorRF,179li;.
p;l~;c;aít pOIJ!' la cid mil¡taire ele toute l'Ellrope.
leí, COlllllle ~l I'égard (le Home, le directoil'e
fllt elltt'a¡tl(~ 1101'S d(~ sa politiquc expectante
par 1111 illtél'et majeur. Heplaecl' les Alpes dalls
des mains alllies fllt llll lIJotif aussí cntrainant
que c('llli de rcnn'rser la papaut(;.


LII cOllsérp"'JICe, le H Ilivuse ( :).8 déccm-
bre 1797 J, il d(:clal'a qu'il pl'cllaít les Vaudois
sous sa protcction, l't que les mcmbres de,;
gOllvcrnemellts de llcrne ct de Fribourg répon-
draicllt de la súreté de !C!irS propriétés et ele
lelll's pel'sonncs. Sur-le-champ le géul'ral 1\1"-
llard, ;1 la [(~te de r:llICiellllC divisioll ~Iassélla,
repassa les Alpes el "int camper ~l Cal'ouge, en
vue dll ¡ae de Geneve. Le génér:tl SchalVem-
bourg remonta le Rhill avec lII1e diyisiol1 de
l'armée ti' Allcmaglle, ct villt se placer dans
I'El'grH'J, anx cnvirolls de Bale. A ce signal, la
" 'l J 1 1 "{- 1 1 1'" Jore ec ata (;jn, e p:t,Ys ¡¡l' l' ;tUl¡, (aus eve-
cl¡é (le RIle, dalls les campagll('s de ZUl'ich.
Les Vaudois demandcl'ent a!lssitól leurs anciells
états. Bel'll e répollcl i tqn' Oll l'('ce,ra it des p{'-
titiolls individucllcs, mais qll'il ll') anrait pas
de réUlIiolls d'l.:~tat, et exigea le renollvellcmellt
du sermellt de fidélité. Ce fllt le sigIlal de j'iu-
surrection pour les Yaucluís. TA'S bail!ifs, dOllt
la tyl'annie était odieuse, fllreJJt cbassés, <In
reste sans mallvais traitemcnts: des arbres dr




RÉVOI,UTTON FRAN0AiSE.


lilwrté fnrent arborés partont, el. eJl <luelqlle;"
jours le pays de Vaud se COllstitua en réplI-
blique lémanique. Le directoire la reCOIIl1 ti l ..
et alltorisa le général Méuanl ;\ l'occupel', en
signifiant au cautoll de Benw (lile son inllé-
pendance était garantie par la Franee. Pendant
ce temps, une révollltion se í'aisait ú/l;\le. Le
triLul1 Ochs, homme d'esprit, tres-pl'ol1011cé
pour la révolution, et en grande liaison avec
le gouvel'nement frall~~ais 1 ell élait le moteur
principal. Les campagllards avaiellt été admis
avec les bourgcois a composer [111(' espece de
convention natiollale pOOl' rédiger une cons-
titlltion. Ochs en fut l'anten\' : elle {~lait a pell
pl'es semLlaLle a celle de Franee, (PÚ servait
aloro;¡ de rnoclele il tOllte l'Europe républicaillt'.
Elle fut trallllite dan s les trois langlles, frall-
¡;aise, allemallcle et italictlllC, et répandllc dalls
tous les cantolls pour exciter ¡eul' zde. Mell-
galld, qui était l'agent fraJl(:ais allpreS des cau-
tOI1S, ct qui résidait a Bale, cOlltribuait a dOll-
nel' l'im¡wlsion. A Zllrich, les campaglles {Iaietlt
ré\'oltées, et dt'lllandaient a rcntrer dans leul's
droits.


Pendant ce temps, les messicurs dE:' n(~l'ne
avaient réuni une armée et bit cOllvoquer 1I1lP
diete géllf-rale á Aran, pou!' aviser a l'état dv
la Snisse, d p<inl' demander a chaquc call1oll




íJIItEC:TOlRE (179H), /,~)
le contingent fédéral. Ils faisaient répandrc
chez leurs sujets allemands, que la partie frall-
<,"aise de la Suisse voulait se détacher de la
confédération, et sc réunir a la t'rance; que la
rcligion était Ulcuacée, et q lle les athées de
París vonlaielllla d(~truire. 11s ji,'cut ainsi dcs-
cClJ(lrc des montagnes (le l'ObeJ"laTJ(l, HU pell-
pIe simple, ignoraut, fanati({lu:, pel'suad{; qll'on
voulait aLtenter a son aneien cultc. Ils réuni-
;'cnt a peu prés vingt mille llüll1meS, partagés
eH trois corps, qui furclIt placés a Fribourg,
\rurat, Burell (~t Soleure, gal'llant la ligne de
l' -\ar, el ouservant les FrarH,'ais. Peudallt ce
tcmps, c'csl-i\-dire en pluvióse (ff.vrier), la diete
réunie á Arau était embarrassée, et He savait
quel parti prellllre. Sa présence n'empecha
pas les hauitants d' Arau de sc soulever, de
plantel' /'arbrc de la liberté, et de se déclarer
affl'auchis. Les trollpeshernoisf's cntrerellt dans
1rau, eOllperent l'arure de la Liberté, et y com-
mirent quelqlles désordrcs. L'ageut Jllengalld
déclara que le peuple d'Arau était sous la pro.
teetioll fran<;aise.


On était ainsi en présence, sans etre encore
,.ell guerre ouverte. La Franee, appelée par le
?cuple dont elle était garante, le cOllvrait de
'iCS troupes, et mena(~ait d'employer la force,
<.1 011 commettait COlltre !ui la moindre VIO-


"\.




lence. De son coté, l'aristoeratie bernoise ré-
clamait ses droits de souveraíneté, ct déclarait
qu'elle voulait vivre en paix avec la FraIlee,
mais rentrer dans ses possessions. Malheureu-
sement pour elle, tons les vieux gouvernemen t5
tombaient a l'entour, ou volontairemellt ou
víolemment. Bale affranchissai t, pour sa part,
les bailliages italiens; le Haut-Valais affranchis-
sait le Bas-Valais. Fribourg, Soleure, Saint-
Gall étaient en révolution. L'aristocratie ber-
noise se voyant presséc de toutes parts, se
résigna a qnelqnes coneessions, et admít, en
partage des attriblltions réservées :ltlX seules
familles gouvernantes, cinquante Íud ivid llS pris
dans les eampagnes; mais elle ajourna toute
modification de eOllstitution a une année. c(~
n'était la qu'une vaine cOllcession qui ne POll-
vait rien réparer. 11n parJenwntaire f"allr;ais
avait été cnvoyé anx troupes bernoÍses plae(~es
sur la frontiere dn pays de Vaur\, pOlIr leur
signifier qu'on allait les attaquer si elles avan-
¡;;aient. Ce parlementairc fut assailli 1 et deux
cavaliers de son escorte furent assassinps. Ct't
événement décida de la guerreo Bnme , ehargé
da eommandement, eut quelques eonférences
a Payerne, mais elles furent iuutiles, et le 12
ventase (2 mars) les troupes fraIII;aises s' é-
l 'i·:lnlerent. Le gén!\r:.J Scltawfm hou rg , ;\VfC la




DllllCeTOIJ;E l,ljgt5). ,)[
divísion venl1e an Hhin, et placée dalls le ter-
ritoil'c de Bale, s'empal'a de Soleure et du cours
de l'Aar. Brune, avec la divisíon verme d'Ita-
líe, s'empara de Fl'ihonrg. Le général d'Erlach,
quí commandait les trOlL[ll'S bcrlloises, se re-
til'a dans les positions de Fl'aubrunnen, Gn-
minen, Laupeu et N ellencck. Ces pOSilioIlS
COllVl'ent Bernc dan s tous les sens, soit que
l'ellnemí clébouchc de Soleure ou de Fribourg.
Ce mouvement de retraite produisit pal'mi les
troupes bernoises l' effet ordinaire chez les
llandes fanatiques et illdiscip!illées. Elles se di-
rent tra hies, et massacl'erellt leurs officiers.
Une partie se débanda. Cependant il resta au-
pres d'ErIach ql1elques-uIls de ces hataillons,
Llistingués dans toutes les armées de l'Elll'ope
par leur discipline et leur bl'avoure, et II rl
ccrtain 1If1l1lbre de papans déterminés. Le 15
VClltoSC (5 mars:, BT'lI11e, (l'li ótait sur la ronle
de Fl'ibourg, et Schawembolll'g sur celle de
Soleure, attaquen'llt silllultallérncnt les posi-
¡ions de l'anupe suissc. Le général PigeoIl , q 1I i
fOITI1[lit L'avaut-garde de Bnme, aborda la PI)-
sltion de N CllCllcck. Les Suisses íirent ulle l'i..;-
sistance h('~l'o'iquc, et favorises par l'avantage
da terrain, harrerellt le clwmill ~l nos vieiUes
1 laudes d' Italie.l\1ais aa UH~\lJe iustaut Schawclll-
!wurg, partí de Snlcurc, clIleva ;l d'Edach la





pasition de Fraubrunnen, et la ville de Beme


~e trouva découvcrte par un coté. La retraite
eles Sllisses se trouva forcée, et ils se replie-


rent en désordre sur Rerne. Les Fran<;ais trou-
verent en avant de la ville une multitudc de


montagnards fanatiques et désespérés. Des fem-


mes, des vieíllards, venaient se précipiter sur
lellrs balonnettes. Il fallllt immoler a regrct ces
malheureux qui venaient chercher une mort


inutile. On entra dans Berne. Le peuple des


montagnes suisses soutenait son antique répll-


latian de bravoure; mais il se montrait aussi


féroce et aussi avellgle que la multitllde espa-
gnole. IL massacra de nouveau ses ofGciers, et
assassina l'infortuné d'Erlach. Le célebre avoyer


ele Berne, Steiger, le chef de l'aristocratie ber-
noise, échappa avec peine a la fl1reur des fa-
natiques, et se sauva a travers les rnontagnes
de l'Oberland, c1ans les pctits cantons, et des


petits cantons en Baviére.
La prise de Beme décida la soumission de


tous les grands cantons suisses. Brune appe]é,
comme l'avaicnt été si souvent nos générallX,
a etre fondateur d'une réplIhliqlle, songeait a
composer de la partie fran(;aíse de la Sllisse ,
fiu lac oe Gcneve, dn pays de Vaud, d'llne
partie <iu canton de Bernc, du Valais, une ré-
puhlique qn'on ap}wllf'r:1ít Rhorlaniq"e. Mais




les patt>iotes suisses n'avaient souhaité la ré-
volution dans leur patrie que dans l'espérance
d'obtenir deux grands avantages : l'abolition
de toutes les dépendances de l)euple a peu~
pIe, et l'rmité helvéti(flle. IIs vOlllaient voír
disparaitre touks les tyrannies intérieures, et
se forlller' ulle force commune, par l'établisse-
ment d'un gOl1vel'llement: central. Ils obtinrent
qu'une seu le république fút composée de tou-
tes les parties de la Suisse. lJue réunion fut
convoquée a Arau, pour y proposer la cons-
titution imaginée a Bale. Le directoire en-
voya l'ex-collvenlionnel Lccarlier pour concÍ-
lier les vnes des Suísses, et s'cntenore avec
eux sur l'établissement d'une constÍtutíon qui
les satisflt. Des restes de résistance se prépa-
raíent dans les petíts cantons montagncux d'Uri,
Glaris, Scbwitz d Zllg. Les pretrcs et les aris-
tocrates battlls persuadaient a ces malheurcux
montagnards qll'on veuait porter atteinte a
leur culte et a leul' indépendanee. Oll répan-
dait, entre autres bruitsabsurdes, que la Franee
ayant besoin de soldats pOllr eombattre les
Anglais, vOlllait s'empal'er des robustes; en-
fants de la Suisse, pour les embarq uer, et les
jetcr sur les rivages de la Gl'ande-Bl'etagne.


Les FralH,;aís en entrant a neme s'empare-
rent des caisses du gouvernement, ce qui est




:J¡~ :\1~\'Or.LTIOI\ F1\A \\,:AISL.
la conséquence ordinaire el la moins contes-
tée da droit de guerreo Toutes les propriétés
publiques du gouvernement vaillcu apparticn ..
nent au gouvernement vainqueur. Dans tous
ces petits états, éCOllomes et avares, il Y avait
d'ancicllnes épargnes. H(erne avai¡ 1111 pctit tré-
sor, qui a fourni a tous les ennemis d(~ la Fralice
un ample slljet de calomnies. On l'a porté á
trente miIlions, iI était de huit. On a dit que
la France n'avait fait la guerre que ponr s'en
emparer, et pOUl" le consacrer á l'expéclition
d'~~gypte, commc si elle avait dú SUppUSCl' que
les autorités de Reme auraicllt la maladresse
de ne pas le soustraire; cornme s'il était pos-
sible qu'elle fLt une guerre et bravat les con-
séqucnces d'une pareille invasion, pour gagner
huit millions. Ces absurclités ne soutiellnellt
pas le moindre examen 1<. On trappa une COll-
trihutioll pOlJl" foumir it la solde et ú J'elltre-
tien des troupes, sur les lTlembr¡~s des anciell-
nes aristocraties de Reme, Fribourg, So]eure
et Znrich.


On touclJait á la fiu de l'hiver de 1798
(an VI); C111q rnois s'¡"taiellt a peine ('coulés
depuis le traité de Campo-Formio, et c!{'já h


, On les (rouve !'l:P(:'tccs pat' llJaoalllC (le Sla(:1 ('[ Illle
("lile d'écrÍ\"ains.




) "
"


situation de l'Europe était singulierement al-
térée. Le systeme républicain devenait tous lp~;
jOllrs plus envahissant; aux trois républiques
déja fondées par la Franee, il fallait en ajouter
deux nouvelles, créées en deux mois. L'Eu-
rope entcndait retelllir de loutes parts les noms
tIe TtJmUique balave, république helvétique,
république cisalpine, république liguriennc,
l'(jpublique T'omaine. Au lieu de trois états, la
France en avait cinq a díl'igcr. C'était une
Ilouvelle complication de soins, et de llOU-
velles explícations a donner allX pllissances.
l,e directoil'c se trouvait aillsi entralué inscn-
siblement. Il n'y a ríen de plus ambitieux
qu'un systéme : il conquiert presque tont seul,
et sauvent meme malgre ses auteurs.


Tandis qu'il avait a s'oeeuper des SOillS exté-
rieurs, le dircdoire avait aussi a s'inquiéter des
élcetions. Depuis le J 8 fmetidor, iI n'était resté
dans les eonseils que les députés que le direc-
toire y avait volontaircment laissés, et sur lcs-
quels il ponvait comptcr. C'étaient tons eeux
qui avaient ou voulu, on souffert le coup d'f~­
tato Six mois de calme assez grand cntre le
pouvair exécutif et les eonseils s'étaient éCOll-
lés, et le directoire les avait em ployi>s, comme
Oll fa "11, en négociatiüllS, eH projets mariti-
mes, en créaLion de nOllveaux états. Quoiqu'il




l\J;VOLff'f[ON FnAJ\'\,AI'Sr.


cut régné beaueoup de calme, ce n'est pas a
dire que l'unioIl fut parfaite : deux pOllvoirs
opposés dans (eur role ne peuvent pas thre
dalls UIl accord parfait, pendant un aussi long
temps.


Une nOllvclle opposition se formait, compo-
sée non plus de royalistes, mais de 'patTiol(~S.
011 a pu remarquer déjit qu'apres qu'un parli.
avait été vaincu, le gouvernement s'était Vil
obligé d'entrer en lutte avec celui qui l'avait
aidé a ,ainere, paree que ee dernier devcnait
trap exigeallt, et commeIH .. 'ait a se révolter a
son tour. Depuis le 9 t(¡ermiclor', époclue o;'
les factions, devenues égales en force, avaient
commeneé a avoir l'alternative des défaites et
des vietoires, les patriotes avaient réagi eH
germinal et prairial, et, immérlintement apres
cux, les royalistes en vewlémiaire. Df'jwis vell·
démiaire et l'institution du dirE'etoire, les pa-
triotes avaient eu leur tour, el s'étaienl: mon-
trés les plus alldacieux jusqu'it l'échauffourée
du camp de Grenelle. A partir de ce jour le~
roya listes avaient repris le dessus, l'avaient
perdu an 18 fruetidor, et c'était maintenant
aux patriotes it lever la tete. On avait imaginé,
pour caractériser cette marche des choscs , HU
mot qu'on a va reparaitre depuis, celui de
bascule. OUllorúmait syslt~mt! de bascule, ectte




DIHECTUII\E ~ 1 7~)~)' ,)~-
politique consistant a relevcl' alternativelllcut
chaC¡lIe parti. OIl reprochait au dírectoire de
l'employer, et d'etre aiusi tour a tour l'esclave
de la faction dont il s\~tait aidé. Ce reproche
était illjuste; cal', it moills c!'arrivel' 11 la tete
des affaires avec une <'~p{'e victorieuse, aUClln
gouverncment nc peut immoler tOllS les partís
a la foís, et gouverner sans cux et malgré cux"
Achaque challgement de systcme, OIl est obligé
de bire des changements d'administration, d'y
appelel' Ilaturellement ceux <¡lli ont mOlltré
des opinioIls cOllformesau syst¿~mc qui a triom-
phé. TOllS les mcmhres du parti vainqueur,
remplis d'espérances, se préscnlent en fonle,
vieUllent assaillil' le gOllvel'llemeut, et sont
disposés a l'atta(lller s'il ne fait pas ce qu'ils
désirellt. TOllS les patriotes étaient debout, se
fais:mt ap¡}\/yer par les délmtés (lui avaient
voté avec le direcfoire dalls les cOllSeils. Le
directoire avait rt'sislé ;'t beallcoujl d'exigt'n-
ces, mais avait été forcé d'en satisflil'e qllel-
ques-unes. II avait Ilommé commissail'es dan~,
les départemcnts (préfets), beaucollp de pa-
triotes. Une foule d'autres se prépal'aient a
profitcr des élections pour parvellir au COl'pS
législatif. Lf~S autoritós récemment nommécs
étaient un véritable aval1tage pOllr eux.


Uutre la nonvellc opposition formée de tow-


/1




les patriotes qui voulaient abuser du J 8 fme-
tidor, jI Y en avait une autre, c'était eeHe quí
s' était intitulée eonstitutionnelle. Elle reparais-
sait de nouveau ; elle prétendait ne pencher
ni vers les royalistes, ni vers les patriotes; elle
affectait l'iIldépemlallce, la modératioIl, l'atta-
chement a la loi écrite; elle était composée
des hommes qui, sans etre entralIlés dalls :w-
cun parti, avaient des mécontentements per-
so-nnels. Les llIlS Jl'avaient pas pn ohtenir une
ambassade, un grade, un marché de fournitu-
res pour un parent; les autres avaient mallqué
la place vacante an directoirc de quelqllcs
voix. Bien n'est plus COlIlIllllIl que ce genre
de méconlentcmellt SOllS un gouvernement
llouveau, établi depuis peu , composé d'hom-
mes qui étaicnt la vcille dans les rangs des
simples citoyens. On dit que l'hél'édit(: est l/U
frein á l'ambitioll, et OH a raisoll, si (JI! la l'es-
trcint á certaincs t()l!ctlOIlS. Bien lI'es!. com-
parable a l'exigence qu'on dóploie a l'{gard
d'hommes qni ét~liellt la veille vos égaux. On
a cOlllriLué a les nornrner, 011 ]JÍPIl OH ne les
scut au-dessus de soi que par' le hasanl de
(llle!(}lJCS voix; il scmble düJlC <Jn'on a le droit
de lenr tOllt dernandel', el d'en tout obteJlir.
Le directoire, satis le voaloir, avait rait \lile
foule de méCOlllellU., parmi les députés qlll




daicllt autrefois qualifiés de tlirectoriaux, el
(ille leurs sel'vices en fructidor avaient rendus
extrétllelllellt difGciles a satisfairc. l/un des fre-
rps de Bonaparte, Lucien, nommé par la Corse
aux cinq-eent5, s' était rangé dalls eette opposi-
tio[] cOllstitntiol1nclle, non qll'il eút aucun su-
jet de mécoutelltemcut persolluel, mais il imi-
tait son frere et prenait le role de censeur du
gOllvernelllent. C'était l'attitude qui convenait
il lIne fam ¡!le q ni voulait se faire sa place a
parto Lllciell était spiritllel, doué el'un assez
remarqllable 1alent de triLune. 11 y produisait
de reffet, tout entouré Slll'tOllt Cjn'il était par
la gloiJ'e de son frere. Joseph s'élait I'endu ~'t
Paris <1epuís Sil sorlíc de Home; il Y tenait Ull
granel état de maison, recevait beallccmp de
général1x, de dépntés et d'hoIDmes marquallts_
Les dcux fn~rcs, Jos<'ph et Lucien, pOllvaient
ainsi Lüre lJcallcollp de cltoscs, que les COll-
Y('nances et sa grailde rl'Sf'I'V(~ Íllterdisaiellt au
g(~llér:tL


Cepemlallt, si OH voyait aillsi se lIllanccl'
une opinion qui avaÍt (;t('lJr(;~qlle 1lI1allillle dc-
puis six mois, on n'aperccvait ('ncon~ ¿¡lleUlle
différence t1'allc11<':c. La mesure, les égards,
I'égllaiellt dalls les (,01l5Cils, ct llIW illlll](~lISt'
n¡;ljorité approllvait touLes les pl'opositiulíS lit!
directoirc.




60
Tout aunoIll,'ait que les élections de l'an VL


scraient faites dans le sen s des patrio tes. Ils
dominaient en Fnlllce et dans tontcs les nOll-
vclles répllbliqnes. Le clirectoire É'taÍt décidé a
employer tons )PS JllOyens J('g;llIx puur n'etre
pas débonlé par erlX. Ses commissaires fai-
s:1ient des circulaires rnodérées, qni renfer-
maient des exhortations, mais point de mena-
ces. Il n'avait du resle a Sfl disposition aucune
des inflllences ni des infames eseroqlleries ¡ma-
ginées de nos jours, pour diriger les élcctioJls
au gré dll ponvoir. Dans les élcetiolls de l'an V.
qnelqllcs assemblées s'étaiellt p:lrtagées, et
pOllr évifel· la violellce, Hile partie des élec-
teurs étaiellt al!és voler a part. Cpt exemple
fllt proposé dalls les assemblées électorales de
ecHe année; presflue partout les scissiolls cu-
rent lieu; prt'squc partout Ics ('!ect(,lIrs en
minoritp prircllt le prétexte ¡J'lIl1e illfr·actiun a
la loi, O!l d'llllc violence exercée a leul' égard ~
pour se réunir a part, et [aire leu!' choix par--
ticulicr. Il est vrai de dire (IlIe dans beanconp
de clépartements, les patriotes se comportérent
avec leur turbulence accoutumée, et légitjme~
1'ent la re traite de lellrs adversaires. Dans qnel-
ques assemblées, ce furent les pat"iotes C¡lIi
se trouverent en minorité, et qui firent seis-·
sion; mais presque partout ils étaieut en ma··




llIREcromE (1798). (il
jorité, paree que la masse de la population
<lui leur était opposée, et qui était accourlle
aux deux préeédentes éleetions de l'an V et de
l'an IV, intimidée maintenant par le 18 fruc-
tido1', s'était pour ainsi dirc détachée eles af-
faires, et ll'osait plus y prcndrc parto A Paris
l'agitation fut tres-vive; iI Y eut deux assem-
blées, ['une a l'Oratoire, toute cornposée des
patriotcs, et renfermant six cents électellrs au
moins ; l'autre a l'Inslitut, composée des ré-
puLlicains modérés, et forte a peine de deux
cent vingt - huit électeul's. CeBe - ei fit (1' exeel-
lents ehoix.


En généralles élections avaient été doubles.
Déjil les mécontents, les amatenrs du llouveau,
les gens qui, par toutes sortes de motifs, VOll-
Jaient modifier l'ordre de choses existant,
disaient: ('a ne peul plus al/er: apres avoir
fait un 18 fhlctidor COlltre les roya lis tes , on est
exposé a en fitire cncore un contre les patriates.
Déjit ils répandaient qn'on allait ehanger la
constitlltion; on en fit nH~me la proposition au
directoire, qui la repoussa fortement.


Différents partis étaient a premlre a l'égard
des électioIls. En agissant d'apres les principes
rigourellx, les cOllseils devaient sanctiolluer
les choix faits par les majorités; car aut1'ement
il en sel'ait résulté que les minorités, en se




(l;'


détachant, auraicnt CH la faclllt(~ de prévaloir,
el d'cmporter les Ilominations. Les violcllces,
les illégalités pouvaient etre unc raison (l'all-
l1uler le choix fait par les rnajoritt·s, mais non
d'adopter le choix des milloritl:s. Les patriotes
des conseils insistaient fórtcmcnt pOOl' cet
avis, paree que, leur parti ayant été eH pblS
grand nombre dalls prcsquc toutcs les assem-
b!ées, ils auraient eu alors gain de causc. Mais
la masse des deux conseils ne voulait pas lcut'
faire gagncr lenr cause, ct on pro posa deux
moyens : 011 dc choisir entre les Ilominations
raites par les assemblécs scissiollnaires. ou de
faire un 1l011Vean 18 fl'llctidor. Ce dernier
moyen était illaclmissible; le premier était bien
plus dOHX , et bien plus naturel. Il fllt adopté.
Presque partout les électioIls des patriotcs
furent an nlllées, et celles dc lClll's adversaires
confirrllées. Les choix fails a Paris dans l'as-
semblée de !'Institut, quoiqll'elle ne renfer-
mi'tt que deux cent vingt- huit é1ecteurs, et
qne celle de l'Oratoire en rellfermat six cents,
furent approuvés. N éanmoins, le non vean tiers,
malgré ce systeme, apportait un véritable rel1-
fort dans les conseils au partí patriote. Cc
parti fnt tres-irrité du moyen adopté pour ex-
dure les hommes de son choix, et en devillt
un pcu pllls vif C(intre ]f' directoirc.




n tallait choisi1' un llouveau di1'eeteur. Le
sort désigna FraIH;ois-de-Ncufclútean eornme
membre 501'tant. Il fut remplacé par Treíl-
hard, qui était un de nos plél~ipotentiaires a
Rastadt. Treilhard avait ahsolulTlcnt les opi-
nions de Larévelliere, Rev,hell et Merlín. Il
n'apportait aUCUIl changcment a l'esprit elll
directoire. C'était uu hOllnete homme, assez
habitué aux affaires. 11 y avait done dalls l(~
gOllvcrnement quatre républicains sinceres,
votant d'une maniere aLsolumcnt conforme,
et rénnissant les lumieres a la probité. Tl'eil-
hal'(! fut remplacé a Rastadt par kan DeLry,
aneien membre de la législature et tIe la eon-
ventioll nationale.


Depuis que les partis, par l'institution de la
constitlltion ele l'an ITI, étaientobligés de lutter
dans l'cspace étroit d'une constitution, les
scencs de l'illtériclI1'avaicnt l110illS (l'éclat. Snr-
tont depuis le 18 fruetidor, la tribune avait
beaucoup pe1'dll de son importance. On avait les
yeux fixés sur le dehors. 1.a grande influcnce
de la répuLlique en Europc, ses relations sin-
gulieres et multipliées avee les puissances, son
cortége de répllLliques, les révolutions qll'elle
faisait partout, ses projets contre l'Angleterre,
attiraicnt toute l'attention. Comment la 1"rance
'i'y pn·¡¡drait - elle pOIl!' attac¡tlPr sa rivale, ct




HE\'OLlITlON !'RJl.ZiY'USE.


asséner sur elle les coups trrribles qu'elle avait
déjit partés a l' Autriche? Telle était la ques-
lian qu' 011 s'adressait. On était habitué a tan t
d'audace et de prodiges, que le trajet de la
Manche n'avait rien d'étonnant. Amis ou enne-
mis de l'Angleterre la croyaicllt en grand pé-
riI. Elle-nH~me se croyaít tres-mellacée, et fai-
sait d'extraordinajres efforts pOtlr se défendre.
Le monde enlÍer avalt les yeux sur le détroit
de Calais.


Bonaparte, qlli pensait it l'Egypte comrne il
avait pensé deux ans auparavant a rItalie,
comme ji pensait it tout, c'est-it-dire avec UIW
irrésistible violence, avait proposé son projet
au directoire, qui le disculait en ce momento
Les grauds génies, qui out regardé la carte du
monde, out tous pensé a l'Égypte. On ea peut
citel' trois : Albuqnerque, Lei /))] itz ,nOllaparte.
Albnquerqueavail sentí que les Portllgais,qui
venaient d'ouvrir la route de l"lnde par le cap
de BOl1lle-Espérance, pourraient etre dépouíl-
lé,; de ce granel commerce si on se servait da
Nil et de la Mer Rouge. Aussi avait·il eu l'idée
gigantesque de détourl1er le cours du Nil et de
le jeter dans la Mer Rouge, pour rendre a ja-
mais la voie impraticable, et assurer éternelle-
ment aux Portugais le cornmerce de I'Tnde.
V:tines prévoyahces du génie, qui veut éterni-




DIRFCTOmF [r¡~¡W, () ~;
ser toutes dIOses, dans un monde mobj/f; el
changcant l Si le projet d'Albuquerque eut réus
si, c'est pour les Hollandais, etplus tan! pOUl'
les Anglais qu'il el\t travaillé. Sous Louis Xl V,
le graud Lcibnitz, dont l'esprit embrassait
toutes choscs. adres,sa au monarque frarH;:ais
un mémoiI'l~, qui est un des plus Leaux mo-
nllments de raísoIl et d'éloqucllce politiques
Louis Xl V voulait, pour quelques méelailles.
envahir la IIollande. - Sire, luí dit Lcibnitz,
ce n'est pas chcz cux que vous pourrez vaincl'E'
ces républicains; vous ne franchirez pas leuJ's
digues, et vous rangcrcz toute I'Europe fÍe
leur coté. C'est en l~gypte qu'il faut les frap"
ver. La, vous trouvercz la véritable route du
commerce de l'Inde; vous enleverez ce cOJn-
merce aux Hollandais, vous assurerez l' éter-
nelle domination de la France dans le Levallt.
vous réjouircz toutc la chrétienté, VOIlS rem··
plirez le monde d'étonnemeut et d'admi¡'a-
tío n : l'Europe vous applaudira loin de se ligue!'
contre vous.


Ce sont ces vas tes pensées, nég1igées par
Louis XIV, qni remplissaient la tete dn jeune
général répllblicain.


Tont récemment eucore OH venait de SOIl-
gel' á l'l~gypte. NI. de Choiseul a vait eu .l'idée
de rOCe1l pl~r, lorsque toutes les colonies ti' Amé-


\.. :;




{;¡' i! l'. \ O L! TI ()!'i F Il .\ "\ e \ 1'. ,


rlque fllt"E'llt en péril. On y sOllge;¡ íTCOI'C Inl':'
111~ Jo~;eph n et Catheritlc !llell:H::li('lit rC~\lp:r,·


olt()¡lJalL 1~éct~lnH1cllt le CUll~;ld í'ra!}(·,'~i."l ;11~
~. :atre, j\L :r.ragaUun, hOilj:ne di~,t~:l:~'l~t" ci ¡ i'('-
(~n fait de r(;~¡at tL) r.'>~,yPt:' C't dt' r~ )rienL¡ :IV~lIl


Donf dl~llO¡:Ci.-"r l('s ~i\·¡n\H',~·; qili' le·, '~·L¡í 1ci~d\~
1


¡' '",: .ll·t el"!"I.'· . ['-"""111Cr['() l···.-ll\ ....... "·!.: ~. ':~" '1' .al~(:'H:: .-::'1. .... ,,< ' ,1. ~j .. .Ll 'u~J le. l.,.I.L-" .. .,( •. lt.:.I.:(,{
faire s~~;llit~ li~s aY;:at:lgcs qU'oll rc!irerait de la
vengeance (,X('1'('L'(' CUHt,'(' CllX. nUllap:ute ';('"
t<íit clltouré de tous ces dGCliIlH'llf:.;, d ;í\ ait
j';,)r~rH:; SO~l p:.t!l d'¿tr:r¿~, tcur C'UJ:teilll. l/!.:'~~·Yl~ic
:'tajt" ~;8i',)n iUi'l le \'~~I'j: ~ ~C' Pl,;!:!t ~nt('r';llt~-
(~i~~ire ell~rt' rLtir )', .. ~'L i l:;,~:,'~ C'I~st 1:': (i;~'í;


. ,


:';¡lLit :;\>aiú:' pr)é~' ;\i[;;('1' l'\::¡.;lden'e; de hl
'H! dev:út dOl1line:- it j:,miiís la 1\lpditerr~ll1(~c.


1· . ' t' . ( f:n aire, Slllvanunc u~: "es C';P>':';Si()]l'i. nu !t('
lr(Ui~'ai,\'; aSSllr:'r' l\'\i;;ii':)i:~(, de 1':;:Ij);['e ture,
; 'ti p;';>wir,' la ~Il;,;jl(';!j'(' JJitl'1, de ,',:, déDulIilles.


, j


L~ne fois (!.;'l'j):i :1t: s~~ .. ~(út élal:di el~ !~~~\!)te, OH
< t./!


ponvait fail'c dfcllX cbos('s ; ou cr(pl' tl!W ma-
l'ine dans laMer ¡¡(mgc el aIler dé!i'lIire les
établissemeuts dans la grande ¡:t"llillsu!e ill-
rlienne, ou bien fairc de l'1~f.!y[>te une colonie
t~t un cll~repót. Le COllllllerce dc l'Inde 1lC
pOllvail manCIlle!' dI' s'y transporter bielltút
[>otlr al),lllrlollner le cal' de BOHll('-Espérallce.
TOllt<:S les (';¡,d\;:'!l", ,le !:t Syl'ic, de l"\r;!lli,."




·le LHriqul', se cl'Oisaient dl~j:t au Caire. 1-,c
c():nll}('n"~' seul de ce-, contrées pouvait dcve-
¡lll' illln1¡;liSC. L']~gyptc l'lalt h contl.'ée la plus
i'el'tiíe lle la terreo Unir,' h gl'amle abolldance
des céréales, elle pu,¡,,:¡ir {(J!/l'11fr tOllS les pro-
{luits de I"~\ 1¡'''''l'¡qUt:, el. I:i l"ernpL~cer (,lltiere-
ment .. \insi, ~()¡t <¡n'o!! f'it de ¡ E!~'IJlc un nnint
'~ L • j


de d¿pari puur ~¡;lcl' al LHluel' les ¡;tablis~,e-
ments d('~ '\lIglais, suit tjll'OIl en fit un simple
clltrepúL, Ol! ét~lil as,';un'· de ramCIlCl' le grand
commcrce dallS ';es \r:ritab!cs vuies, et <1(' fairC'
allOntír ce:, vuies en FraIle('.


Cettf' elll!'('prise audacielJs(~~ ;tyait t'llsuite.
;¡UX yCllx de ¡¡(Ji/aparte, des ;¡Yéllltaves (ril'
propos. T)'apres les 111mi llCUX rapports d u ('üllSUl
Magallüll, e'était le moment de partir pum
n~gypte. On pouvait, en activant les prt'para ..
tUs et le tr;¡jct, arrivcr aux premiers jours de
rt·té. 011 dcuait IrOllvcr a10rs la récolte aclw·
"él' et recllcillie, el des vellts favorables pOllr
remonter le Ni\. Bonaparte soutellait fIn 'avallt
l'hiver jI était impossiLJe de débarquer en
Angleterre; que d'ailleurs elle était trop aver-
tic; que l'entreprise d'Égypte, au eontrairc,
(·tallt tout-a-fait imprévue, ne rencontrcrait
pas d'obstac1es; que quclques mois suffiraiellt
pOllr U~tablissemellt (les Fran~'ais; qu'jJ revien-
drait de sa !w]'sonne 011 ;lIItomnf' ponl' exécu-


l.




1;8
ter la deseen te en Angleterre; que le temps ~e.;
rait alors favorable; que l'Angleterre aurait eCld
voyé Jans l'Inde ulle partie de ses flottes, ct
qu'on rencontrcrait bien rnoills t\'obstacles pour
aborder sur ses rivages. Outre tons ces motifs,
Bonaparte en avait de persollucJs : J'oisiveté de
París luí était insupportabIe; iI ne voyaít ,.ien
a tentcl' en politique; il craignait de s'lIser; il
youlait se gramlir eucore. Il avait dit : Les
grallds noms ne se font qu'en Orient.


Le directoire, qu'on a accllsé d'avoir vouIu
se débarrasser de Bonaparte en l'envoyant en
Égyptc,faisait an Co)) tl'aire de grandes obj ections
contre ce projet. LaréveJliére- Léfwaux surtout
était un des plus obstinés a le combattre. 11
disa!t qn'on aliait exposer trente ou quarante
mine des meillenrs soldats de la France, les
commettre au hasaru d'ulIP halaiJJe lIa\'alc, se
priver du meillelll' fit\néraI, de ce¡ui qne
l' Autriche rec10utait le plus, dans un moment
Ol! le contillent n'était rjen rnoins que pacitié,
etoú la création des républiques nouvelles avait
excité de violents ressentimenls; qlle de plus_
on allait peut-etre exciter la Porte a prenclre
les armes, en envahissant une ele ses provinces.
Bonaparte trouvait réponse a tonto Il disait
que rien n'était plus facile que d'échapper aux
,~ ng1:lis. en le" laissant daos l'igl1or:-mce ou




LJIRECT01RE (1798).
projet; que la Franee, avee trois ou quatre
cent milI(' so!dats, n' en était pas a dépelldrc
de trente on quarante milI e hommes de plus;
que ponr luiil reviendrait bienlot, que la
Vorte avait perdli I'Égypte depuis long-temps
par l'usurpatioll des l\Iarnelllks; qll'elle verrait
avcc plaisir la Frauce les pUllir; qU'OIl pOllrrait
s'entclldre avec elle; que le continent n'éc!a-
t('rait pas de sitot, etc., etc. 11 parlait aussi de
~1altc, ql\'iI enlCverait en passant :lnx cheva-
1 iers, et (pi'il assllrer:li 1 a la Fra llee. Les di s-
cllssiollS [11I'('lIt tres-vives, el amenerent une
scene qu'on a toujollrs fort mal racolltÉ:e.
Hor¡;¡parte, dans un mO(lvenwnt d'illlpatience,
prOlloll<;a le mot de rlémissioll. -- Je suis !oin
de vou\oir qu'on vous la dorme, s'écria Laré-
velliére avee fermeté, mais , si vous l'offrez, je
slIis d'avis qll'on l'acecpte ". - Depuis eet
instant, BOllapartc ne pronoIH:;a plus le mot
de démissioll.


Yaincu pnfin par les instaIlces el les raisons
de Bonapartc, le dircctoire cOllscntit a l'expé-
ditioll proposée. JI fllt séduit par la grandeur
de l' elltreprise, par ses avantages commerciaux,
~ On a tout' it tour attribué ce mot a Rewhell OH il Bar-


ras. On a donnó il ccitt: discussion une toute autre callse
que la véritable. Cest ;1 prop05 de J'cxpédition d'Égyptt-
el a \ ce Laróvellicrc que la sct:ue en t lieu.




par la promesse que fit Bonaparte (['etre dI
retour a l'hiver, et de ten ter alors la descentc
en Angleterre. Le secrct fut convenu, el, pUlir
qu'il fr'tt mieux gardé, (lB ne se servit pas de
la plume des secr?taires. 1\1 erlin, présitlellt du
directoire, écrívit I'onlre de sa main, et l'ordre
lui·mellle ne désigllait ras la llature de t'entrc-
prise. Il fu! cOllvenu tille HOnapal'le pOllI'l'ait
emmener trente·six mine llOlIllllCS de l'ancienne
armée d'Italie, un ccrtain nomhre d'o[lleiers
et de générallx á son choix, des savants, des
ingénielll's, des w"ographes, des ()1lvrit'rs de
toute CSpt~C(', et ¡'e.,:,cadre de il!'lH~yS, ITIl()rcée
d'tllle partir- dcs \aiSSC,lUX ¡;;:;¡és ú 1'(JtlJoiL
Onlrc fllt dUIlJlé a la ¡n~iUl'el'i(~ de !ui d(divrer
un míllioll d demÍ par dl'cade. Oll lni perrnít
de prendre trolS millioll~ sur lvs Lllít dll trésor
de !-Ierne. O" a dit (ple c'(':1ai1 pOi¡r j!m:nm
envahir l']~:~\J¡[C (l'¡¡'OU ;,\~:;; "¡¡va!¡i la Suissc


L, I


Un !)(:c;t juf.)Cl' ¡i1;lillteil~u¡t e,' qu'il y a de vr;\[
dans cetk SI i ppositioll.


Bon:1parte forma sLLr-le-ch;m~!, !lne COllllUis-
sion chalg/c de l)arCOlll'il' ks !1orh de b


L 1


l\Ié'c1iterranél', el d'y prt'¡nl'cl' [(Jus leS moyclls
de ¡(~t:Ep·.)rt. t :-.:!te ClllllPlÍ,iSioll f'ut illli¡ ,¡J("e
CUiLil!L';:-dfJU í)ut!¡< ['Ol'llle/;¡ent {(es c()!es {le la
JiédiíC!,',Uué. FiL, ¡(;'i~)t'ait ;!y('c tOI!L le :lltHHk
le but de ['al'i!w""'ill. 1 ,\, seCl'et éLtil n:ilt;;nl.l'::




I'J HECHlll\F .•. ¡ 798). _. ¡
<:lItre Jlollapal'te et les Cillq directeul's, C:Ollllll('
de gramls préparatifs se faisaiellt tlans tous le,.,
pOl'ts ;t la fois, on supposait que l'armemen\
de la Méditerranée n'était que la conséquence
de celui flui se hisait dans l'Ocóan, L'al'mée
réullic dans la M(:·ditcrrant:e s'appelait aile
gauche de l'al'méc d'AlIglctcrre,


llonaparte se mit a l'ccllvre avec cctte actÍviLé
cxtraordinaire qu'il apportait a l'exécution de
tous ses projets, COllrant alternativement chez
les mi llistl'es de la gucrre, de la marillp, des
fillallces, (le clH'z CtS ministres it la tl'é!'orcrie,
s'assl1r,lIlt par ses propl'es yeux de l'ex(~ctlti()1:
eles ol'dres, llsant de son aseelldallt ¡)(lBr hate!'
leu1' expédition, cOl'l'espolld:!Ilt avve tOi!S les
ports, avec la SlIisse, ayer l'ltalie, il fit tOllt
pn'~p;¡rcr avcc Ulle incroya}'le rapidi té, 11 fixa
<¡uatf'(' JluilllS pour la I'élilliOJl des cOll\'ois ct
,!es !rOIl¡Il'S : L· ¡H'íllcil'al cou\oi dcyait p;.rti¡
de '['oul()!I, le secolld de eÓles, le L'olsit'lll'
d'Aj:¡cci',l, kqll;¡¡rjeJlh.~ de Civita- Vecchia. 1l lit
dll'i:2l'1' HTS TL.uloll el l;t-tlcS ks dt;tadH~¡lll'ilh
dl~ l"~n'll:,-'C (~'it;d¡e qui l'('U¡raielÜ en Fl'(U1CC"
d YCl'S CÍ\j(;é-\ (:cchia rUllt' (¡e~ divísiow; ql1'
:¡yaicllt n,:!l'c;,,' sur HUIDe, 1: Lt it';,i[é'j' l'j¡




jépart quatre cents navirf's. Tt réunit uue
l10mbreuse artillerie; il choisit aeux mille cillq
eents cavaliers, des mcilleurs, les fil embarqllcr
sans chevaux, paree qu'il se proposait de les
équiper aux d(~pells des Arabes. TI ne vou1ut
emparter que des selles et des harrwis, et ne
tit mcttrc a bord que trois eents cJ¡evallx,
pOllr avoir en arrivallt quelques cavaliers mon-
tés et quelqucs pieces attelées. 11 réunit des
ouvriers de toute espece. 11 tlt prendrc aRome
les imprimeries grccque et arabe de la propa-
gallde, et une trollpc d'imprimcllrs; il furma
une collection complete d'jnstrurneuts de phy-
sique et de matll(~matiqlles.Les SélV¿¡lIls, les
artistes, les ingéllieurs, les dessillateurs, les
géugraphes qu'iL emmenait, s'élcvaient a une
celltaine d'individus. Lesnoms leé; plus íllustres
s'associaient á son entreprisc: :UOlIgC, DerfhoJet,
Fourier, Dulomieux, étaiellt de l'cxpéditiun;
Dcsgenctlcs, Larrcy, DllLois, en étaieIlt aussi.
Tuut le monde vOlllait s'attacher a la fortune
du j cune général. OIl ne savait oú l' OIl iraít
aborder; mais on était pret a le suivl'e partollt.
Desaix étaít a]Jl;, pendant les IlPgociations
d'Udíne, visiter les champs (k bataille, de\'eulls
si cél(~bres en ltalic. Dep¡:is 1ms il s'éfait lié
d'amitié avcc !1()llaparte, el íl voulllt le suivre.
Kléber était ~l Chaillot, bOlldant, selul! sm'




LJlR.ECTOIRE ,J79tí,.
ilsage, le gou vernement, et ne vou1ant pas
demallder du sen·ice. 11 allait voir souvent le
gralld maltre dans l'art qll'il aimait passionné-
ment. TIonaparte luí proposa . de le suivre :
Kléber accepta avec joie; mais les avocals, dit-
il, le vOlldront-ils? -C'bt ainsi (pú] nommait
les dil'ectclll's. Bonaparte se chargea de lever
tous les obstaclcs. - lIé bien! luí dit Kléber,
qui croyait qu'on allait en Anglete'Te, si vous
jetez un brulot dan s la Tamise, mcttez-:y
Kléber, et vous verrez ce q u'il sait faire. - A
ces deux généraux clu premier ordre, Bona-
parte ajollta Reynier, DI/gua, Vaubois, Bon,
Mcnou, Raraguay-d'Hilliers, Lannes, :'\Iurat,
llelliard, Dammartin, LJlli l'avaient déja si bien
secondé en ltalie. Le brave et savant Caffa-
relli-Dufalga, qui avait perdu une jambe sur
le nhill , commandait le génie. Le faible , mais
cOInl1lode Rerthier, dcvait etre le chef d'état-
major. Retenu par U1H' passion, iI faillit aball-
donner le général qui avait fait sa fortune; il
fut IJOntellx, s'excusa, et COllI'ut s'elllLarqtlel'
a TOlllon. Brueys commandait l'escadre; Ville-
nellve, BlaIlquct.Duchayla, Deeres, en étaient
les eOlltre-amiraux. Ganthca\Jme était le chef
de l'état-major de la marilJe. AillSi, tout ce que
la Frailee avait de plus illustre dalls la gllcrre,
les scicnces, les arts, allait, sous la foi du




7·', HEVOUITION FIIA.i'i(,:AISJ:.


¡cune général, s'embarqucr pOUI' tille dcstlila-
¡ion inconnue.


La France et l'Europe rctentissaicllt du
lJruit des préparatifs qui se faisaient daI1S la
Méditerranée. Un formait des conjeclnres de
toute cspéce. - ULI va BOllapal'te? se demall-
dait-oll. ()ú vont ces Lraves, ces savallts, celle
armée? - lis vont, disaicllt les UlIS, dalls la
~] el' N oire, remire la Crim{'e á la Porte. lIs
vont dans l'Inde, disaient les autres, secollril'
le sultan Tipou·Sacb. ()uclques.uns, (l',i ap-
prochaient da but, ~olltcnaicnt qll'OIl al!ai!
pcrccr l'isthme de Sllez, 011 hieu d{'barqll('l
sur les bords de I'isllulle, C't se remharqucl'
daus la Mel' HOllge pOllr aller tlalls rinde
D'alltrcs touchaiellt k lJUt nH~t11e, el dis;!i('llt
t¡u'on altaít en l~gypte. Uu llléll10irc ll! it I'!"".
¡ilut I'aull('c pr0c{~d('lIte allt(ll'i~::jr cetL' d(';'
Iliere cOllj(,C!llre. Les pi liS )¡abil:'~, cufi!\, Slip··
jlosaiellt une cOlllbinaisolJ pI llS !)['()fOllCk. Tutl!
cet aj)[lareil '. qlli scmblait am!:,:':',T t;:l !li'()i,"
~ j .J


de coloníc, n'élait snivanl. t'lIX qll'LI!l<c: ¡,'¡lIle
Honapartc YO!1hit Setllelllellt, a,cc')'('sc,ldn' de
la J\I(~diterr;¡n\'e, \t'llir tr:l\l'i',;(T k détmil !k
Gibraltar, attaquel' le lord S:¡illl-\'ioct'11! !Ji!'
l¡loc[l1ait Cadix, lt~ 1'\ Il()[i'~t'l', dt'[¡\()(lll('!' ! ,'"


, ,


cadre ('sln;:l!ok, (.¡ la I,'Olld!lil\' ;1 !l1'('sl Ji'I
alll'ait 1¡¡:tI la !'''I,.'t~()IJ 'oí ,k~Il'U· tll' ¡ud".:' "~o




UII{U:l'OIIlE II~();' 7~l


marines du continent. C'est pourquol, fexp(\-
dition de la l\I('diterrallée s'appelait aile gau-
che de l'al'm(~(~ d'Anglcterre.
Ct:'ttt~ dernierc conjecture fut justement celle


qni domina dan s la pensée du cabinet allglais.
H "tait dCIHlis six 1110is dallS l'épouvante, et 11e
sa,"ait de que! coté viClldrait éclatcr l'orage qlli
se formait d<,¡mis si long-tcl1lps. Dalls ccHe
anxi(>té, l'oppositioll s'était un moment réuuie
au mjllist(~re, (~t avait [tit c;msc commune avec
lui, Shhidall ayait tourné SOll éloCJl1cncc COll-
tre l'ambitioll, la lurhnlence Ptlvahissallte du
peuplc fl'all\,ais, et salir la slIspellsioll de l'Ha-
beas ('O/~tJ7lS, avait, su!' tous les jJoinls, ad-
hérl~ :lUX propusitiolls du l1liuisterc. }litt fit
sur-le-cham p anner une secollde escadre. ()n
fit, pour la l1lettre a la mer, des efforts extraor·
dinaircs, d OH I'cnfon.';] de dix granels vais-
seal1X J\'sc;¡drc dll Jurd S¿li;lt-\incf'lll, pOli!' k
mettre C11 nWS(ll'e de hien fenl]!'!' le déll'oit.
vers lcquet 011 suppo;,ait qu"al!:lit ~;(' dil'if:'t'I
Honaparle, _\'tdSOIl fm d/'Iaché ayec [r(lIS \:li~
seallX par k Ion! Saiut-\illcellt, pOli!' coul'i,'
la l\It:d itt'l'ralJ (':e , t:t ohsern'" la marcbt: de:~
F!':l[lt,'ais.


Ton\: {·tait dispOSl' pOlll' l'emLal'lItH:lll('llL
UOllap:¡rtc .a!lail tl;:rli!' !l(wr TO;tl')íl, [Oi'S-
qU'UllC 5('('1](' :llTiVt·'(· ;1 Vil:IIIlC ('[ les disposi.


t{'~"
~ ,'.,
~~ ,




~6 It.EVOLOTlúN .FRAN«;:AlSI.
tions manifesté es par divers cabi nets, hlíl1iren t
le retellir eH Europe. La fondatíon de deux
nouvelles répuhliclues avait excité au pltlS
haut point la crainte de la contagion révolu-
tionnaire. L'Angleterre, vOlllantfomenter ceUe
crainte, avait rempli toutcs les cours de ses
émissaires. Elle pressaít le llouveall l'oi de
Prusse de sortir de 5a neutralité, 130m IIl'ésel'-
ver l'Aliemagne tlu torrent; elle faisait travail-
ler l'esprit fallx et violent de l'empereur Panl;
elle cherchait ;\ alarmer l'Autriche sur J'occu-
pation de la challle des Alpes par les Frall(;ais,
et lui o[fl'ait des subsides pour recorrJlIlcncer
la guel're; elle excitait les passions foll(~s de
la reille de '\aples et d'ActOlI. Cette dertliere
COUI' était plus irritée que jamais. Elle voulait
que la France évacll:1t Rome, 011 IlIi eédtüulle
partie des provinces romaines. Le 1l0l1V(·1 am-
hassacleur Garat avait vaillelllPnt déployé une
extreme modératioll; il lle tenait plus allx
rnauvais traitelllents du cahinet napolitain. L'é-
tat du continent illspirait done de lI'es-justes
craínles, et un incídcnt vint cncore les aggra-
ver. Ikruadotte avait eté cm'oyó á Vienne,
ponr donner des explicatiolls an cabinet :lU-
trichien, et il devait y résidel', quoicJlle aUClln
ambassadeur Il 'eút enCül'e tité ellvoyé á Paris.
Ce général, d\ln esprit inquiet et sllsceptible,




lIlRECT()lln~ (17gB). 77
était pen propre an role ql1'il était destiné a
rernplil'. Le l/~ avril (:25 germinal) OH voulnt
célébrel' a Vienne l'armcmellt des volontaires
impériaux. On se sOllvicnt dll úlc que ces
volontaires avaient mOl!tn'~ l'allllr"c précédente,
et du so!'t <Ju'ils avaient el! a Hivoli et a la
Favol'lte. Bernadotte eut le tort de vouloir s'op-
poser a cette rete, disant que c'était une in-
sulte pOllr la France. L'empcrclIr répolldit avec
raison qll'il était maitre dans ses états, que la
.Franee était libre de dlébrer ses vietoires,
mais qu'íl était libre aussi de dlébrer le dé-
voucment de ses sujets. Hernadotte voulut ré-
pondre a une [étc par Ulle :IuIre; iI fit célébrer
dans son hotel l'une des victoires de l'armée
d'ltalie, dont c'était I'anniversaírc, el arbora
a sa porte le drapeau tricolore, avec les mots
éga!ú¿;, liberhj • La popl11ace de Vienne exci-
tée, dit-Oll, par des élllissaires de ramLassa-
deur auglais, se précipita sur l'hútel de ram-
bassadeur de FraIlce, en brisa les vitres, et y
commit quelques dt'sordres. Le ministere au-
trichien se húta d'envoyer des secours a Ber-
nadotte, et se conduisit a son égard alltrement
que le gouvernement romain a l'égard de Jo-
seph Bonapartc. BCl'l1adotte, dont l'imprl1-
dence avait provoqué cet évéIlement, se retira
de Vienne. et se rrndit ~ Ra:;tadL




Le cabinel de ViClllW f¡¡l extni lllcll1cnl Llell!'
le cet ¿'V('~n(,lllellt. U (;L,il. elait, q,H' ce ca]¡j!lct.
;H:tnCc en ir~ suppos::!:L dispos(~ :, rc¡)n~¡¡dll'


H:'S :U'IllPS, n'alir::ii !1<!S l'Ol¡¡U1<,~nc<'· par illf.tdtCé
nutre and):¡s,~ad('[lr, d p:H' prnvoqtt''l' des hos-
tilit(i s a'lxc¡¡¡;~lle~, ji l"é¡;¡:t 1:::;; :'I~!-:'rp, 1I est
COllsta:it, au cOlllrajl'f~, !jlle lri'S-IIlI;C(jilkllt
de h Fr:lllce et de ses detnín" (~IlYallissetllclJl~.
pressE'lltant qu'd faml¡ait lT1111't'l' 11B jOUl' ('n
tulle avec elle, il u'y t'>lait ct'IWn(];¡111 p:1S e/l-
core disposé, et qu'i! jllgc;¡it ~es jWup!CS tt'UP
fatig1l0s, ct ses moyeHs ¡roí' Llibles, ¡)<)!'!':1I
t:1qner de nOllveau le c()lo'iH' i'("p::/¡lic,¡in S:!I'
le.cLamp il ¡Hihlja 11W' d{'~a!)¡Jt'(,~):tri();¡ d,' 1'('\,',
W'ílWltl, el (:nivi1. it í\el'lladolle PO!!!' l'ap:!is(~L


Le directoil'C' crut yoir dans l'i'vl'llenH'!ll dI'
v'ielllle tille rupture. 11 dOllwt sllr-k-c!l:Il'lp
~'olltrp-oJ'(lre ~l Hlm:1l1arte. ('1 il \()¡¡!:!i


'
, nl(~lll\'


.


'lu'il l'artit 1'1)111' H;¡~l:t(!l. ;.!!!I d'i¡llpn~(T ;'1
!'elll¡WJ'(~!lr, pI de !p {orcc!', 011 ;'1 dOlluC'r df'~
~ati,;j'acti()l1s, Oll a recevoir la gnerl'C'. Boua-
pal'le, fort méconlent <In relan\ appurté il ses
projels, ne voulut poillt aller á Hastadt. el
.iugeallt mieux la situation que le directoire,
affinna que l'év('ucmellt n'ayait pas la gr;¡yit(,
qu'on luí sllpposaiL En dlct, I'AlItrich(' écri-
"it sur-ic-ckl.lllP qu'dk allait cnvov('1' eulin
111) ministr'p ;1 Pa!'i~, M dc Degf'lrmlllll; ('11('




;':lt'llt Cllllgdicl' I(~ ministre dil'igE'ant T;llIglli;
!,¡¡" ;lnnOLl': a qi!C j\l. de t:obp!)1.zcl se rc]]-


'; '''1)''''''''1' "', ,"c '''' ."" ",-,', ,1" 'j" F¡'~'lll'" Sl'r'
. '- .1- i !-1 lo 1 ~ l, • l , '- tI; .1 : ~ '. , , U. L _ f , \J.,.... t
:'éyénernc-.'nt d:~ ~ ¡~ ,l><, ') et ~t·~, ~t-": cll~¡:tl~'vrnellts
Stil"'C!I!t:-; !';¡ LU1'::)~1(1 (!e:11::,~ t!, i!~··:~~'.' ']/' {>pnpn~
F(JI't!l!P. ~; u~. i)~lr:l!~~,~;:i~ (~n~1C d.;' ,~:1('r "I){\


uu prn,~~TtIS l¡lP¡)l'Ll~lt. ~\:;1'i\:.; a\',)1:-- di~~¡-H~~('· !;t
!:i\';~) :-";-;t;;~~~L~ dn .:lhiH :~; ,~d ;'; ~)i~,d ~ ;~~~:,~',~, ;¡ypil


.' l '- !-.


-..:ou¡u se r(:S(T\'e:' Jc tí"~Ta1:1 cornpri:'=' ':1:1'C' Ll
\ílh~l1.:í.~ ct', 1(; 1~~!:!~"I p~~i(: 1111 peti;- t('~·rit~_.;.,·c en··
L:'e ia tl(;{"l' ('t le ji hin ~ la !L'·:~titaiion de ¡"('n)v


1


pú'C' ~t\:J¡l eD1~1~ CPi)cédé tout(· la rive F(H!cbC'.
La iiglh~ du ¡thill nOllS (~tait enfin rCCOllIltlt'
!'()!l1me l"llllite llatureUe. Un ,llltre príncipe,
I¡Un lllOlllS illlportant, :l\ait étó admis, celui
,1" l'ii¡¡ic;r;¡¡i,c:;,tioll des pl'inces clépossédés,
al! rt)O\Cll des c,"cubriC,a¡ ;()11S. M:1Ís iJ rf'stait ;t
discute!' ('es poillts nOIl lilUi¡¡s diliiciks: le pal'-
iage des des du Rbíll, la Cülls'(~rvatioll des postes
fortl!iés, des ponts et l(\tes de pont, le sor!
drs mOlJastáes, et de la nüblessc immé-
diatc sur la r1 ve gauclle, 1'acqui ttement de."
dcttes des pays cédés it la France , la manil'l'c
'l'y appliquer les ¡oís de l'émigratioll, ek., pIe.
;:'éLlient I~ des '-l'lestiolls diflicílcs ~ résoudl'e,
'Iir,uul ;tVPC la \,~utellr aliclIlaillk.




nÉVOLUTION FRAN~A[SE.
Tel était l'état du continent. L'horizon pa-


raissant un peu éclairci, Rouaparte obl illt en fin
l'autorisation de partir pour Toulon. II fut con-
venu que M. de TalleFand partil'ait immédia-
tement apres lui pou r Constanl in ople, afin de
faire agréer a la Porte l'ex pédition d'I~gypte,


000 as




nlRFCTOll\E (J 798\. Si


CHAP1TRE 11.


Exp~dition d'~:gyplc. Départ de TOlllonj arrivée devan!
MalLc; conqu(\te de cette ¡le. Départ pour l'f:gypte j d .. ~­
harr¡llcfilcnt a Alexan(h'ie; prise de eetlc place. Marche
sur le Caire j combal de Chébrelss. Bataille des Pyra-
mides; oecupation du Caire. Travaux administratifs de
TIonaparte en Égypte; établissement de la nouvelle co-
lonie . .Bataille navale d'Aboukirj destruction de la f1ott(~
fran<;aisc par les Anglais.


BON APARTE arriva a TOlllon le 20 floréal an VI
( 9 mai J 798 ). Sa présence réjouit l'armée qui
commelH~ait a murmurer, et a craindre qu'il
ne fut pas a la tete de l'expédition. C'était l'an-
cienne armée d'Jtalie. Elle était riche, couverte
de gloire, et on pouvait dirc d' elle, que sa .for-
tune était faite. A.ussi avail-ellc beancoup moins
de úle á faire la guerre, et il fallait tOlltc la


,. fi




HEVOLUTION l'RAN<;AISF.


passion que luí inspiraít son général, pour la
décider a s'embarquer et a courír vers une
destination inconnue. Cependant elle fut sa i-
sie d'enthousiasme en le voyant a Toulon. TI
y avait huit mois qu'elle !le l'avait vu. Sur-le-
champ Bonaparte, sans lui expliquer sa des-
tination, lui adressa la proclamation suivanll' :


« Soldats !
« Vous etes une des ailes de l'armée d'AlI-


« gleterre. Vous avez hit la guerre de mOIl-
« tagnes, de plaines, de siéges; il VOllS reste ;{
« faire la guerre maritime.


« Les légions romaines, qlle vous avez queJ-
« quefois imitées, mais pas encore égalées, com-
« battaient Carthage tour a tour sur ectte me!'
« et aux plaines de Zama. La vietoire De les
« abandonna jamais, paree que cüllstammellt
« elles furent braves, patientes á sllpporter la.
« fatigue, diseiplinées et lluies entre elles.


« Soldats, l'Europe a les yellx sur vous! vous
« avez de grandes destinées a remplir, des ba-
« tailles a livrer, des dangers, des fatigues a
« vaincre; vous ferez plus que vous n'avez fail
« ponr la prospérité de la patrie, le bonheur
« des hommes, et votl'e propre gloire.


« SolJats, matelots, fantassins, canonniers,
( cavaliers, soyez unis; souvenez·vous que le




IHIIECTOI!1E ([ 79~,'.
(( jour d'une hataille vous avez besoin les uns
«( des autres.


« Soldats, matelots, vous avez été jusqu'ici
( négligés; aujourd'hlli la plus grande solliei-
« tude de la républiqlle esl pour vous: vous se-
« rez dignes de l'arméf~ dont vous faites partie.


«( Le génie de la liberté qui a rendu, des sa
( naissanee, larépublique l'arbitre de l'Europe,
« veut qu'elle le soit des mers et des nations
( les plus lointaiues. ))


On ne pou vait ¡¡as annoncer plus dignement
une grande entreprise, en la laissant toujours
dans le mystere C¡lli devait l'envelopper.


L'escadre de l'amiral Brueys se composait
de treize vaisseaux de ligne, dont un de 120
canon s (c'était l'Oriellt, que devaient monter
l'amiral et le général en chef), deux de 80, et
dix de 74. 11 Y avait de plus deux vaisseaux
venitiens de 6,1¡ canons, six frégates véuitienncs
et huit fralH;aises, soixante-Jouze corvettes,
cutters, avisos, chaloupes canonnieres, petits
navires de toute espece. Les transports réunis
tant a Toulon qu'il. Genes, Ajaccio, Civita-
Vecchia, s'élevaient il. c¡uatre cents. C'étaiellt
done cinq cents voiles, qui allaient flotter a la
füis sur la l\Iéditerranée. Jamais pareil arme-
ment n'avait couvert les mers. La fIotte portaít
environ quarante miDe hornrnes de toutes ar-


6.




srl n l::VOLUTlON F 1\ A NC \ 1 ~Ii,
mes ct dix milk marins, Ellp avait. d(~ l'eal!
ponr un mois, des vivres ponr uenx.


OIl mit a la voilc le 30 floréal (19 mai), :111
hruit du canon, aux acc1amatlons de tonte
l'arméc. Des vents violents causerent quel<lue
dommage á une frégate it la sortie <In port. ] ,es
ll1cmes vents avaiellt cansé de telles ;I\'aries ;1
NelSOIl, c¡ui croisait avec trois vaisseaux,
qll'il fut obligé d'aller au radoub dans les Hes
Saillt-Pierre. Il fut ail1si éloigné de l'escatlre
fran<:aise, et ne la vit pas sortir. La fIoUe vo·
gua d'abord vers Cenes, ponr rallier le convoi
réllni tlans ce port, sons les ordres dn général
Baragllai-d'Hilliers. J~lle cingla cnsuite vers la
Corse, rallía le convoi d'Ajaccio, qui était SOllS
les oro1'es de Vaubois, et s'avanc,:a llans la
mer de Sicile, pour se réunir au convoi de
Civita- Vecchia, qui était sous les onlres dp
Desaix. Le projet de Bonaparte était de se di-
rigel' sur }Ialte, et d'y tenter en passant ulle
entrepl'isc autlaciellse dont il avait de longue
main préparé le succes par des trames secretes.
11 voulait s'emparer de eette He, qui, eomman-
dant la navigation de la Méditerranée, devc-
nait importante pom l'Égypte, et qui ne pou-
vait manrpler d'échoir bientot aux Anglais, si
on ne les prévellait.


L'ordre des chevaliers <le J\Talte était eomme




toutes les institutions du moyen age: il aV~1l1
perdu son objet, et des lors sa dignité et sa
force. Il u'était plus qu'lln abus, profitable
seulement a ceux qui l'exploitaient. Les clw-
vaLiers avaient en Espagne, en Portugal, ell
Franee, ell ltalie, en AlIemagne, des biens
considéralJles, qui lellr avaient été donnés par
la pit'té des fid¿des pour protéger les chrétiells
allant visiter les saints lieux. :Maintenant qu'il
n'y avait plus de pélerinages de eette espece,
le róle et le devoir des ehevaliers étaient de pro-
téger les Ilatiolls cltrétiellIles contre les Harba
I'esqucs, et de détruire l'infame piraterie qUI
infeste la llléditerranée. Les bicns de l'onlre
suffisaienl a l'entretieIl d'lll1e marine considé-
rabIe; mais les chevaliers ne s'occupaient au-
cunement á en former une: ils n'avaient que
dcux O\l tl'ois vieilles frpgates, 11e sortant ja-
mais <In port, ct <pwlclIwS galéres qui allaiellt
dOllncr ct recevoir des ftitcs dans les ports
¡['Ttalic. Les bailliís, les commalldcul's, placés
dan s tonte la chr(,tienté, dévoraient dans 1('
luxe et l'oisiveté les l'eVellllS de l'orclre. II n'y
avait pas un cllevalier qui (~út fait la gllern>
aux l\arbaresques. L'ordre ll'inspirait d'aillcurs
plus aUClI1I intt'ret. En l;'rance 011 lui avait (~n­
levé ses biens, el llonaparte les avait fait: sai-
:iir l'll llalic, ~allS qu'iI s'é!ev:tt <InCline r¡'cla·




SG H EVOI.CTION .FR AN<,:AIS.L
mation en sa favenr. On a vu que llonaparte
avait songé déja a pratiquer des inteIligences
dans Malte. Il avait gagné quelques chevaliers,
et iI se proposait de les intimider par un COllp
d'audace, et de les obliger a se remIre, car iI
n'avait ni le temps ni les lIloyens el'une atta-
que réguliere contre une place réplltée im-
prenable. L'ordre, q.ui depuis quelque temps
pressentait ses dangers en voyant les escadres
fran!{aises dominer dans la Méditerranée, s'é-
tait mis sons la proteeti.on de Pallller .


Bonaparte faisait de graIJ(ls efforts pour re-
joindre la Jivision de Civita-Veeehia; il ne pul
la joind,'e qtÚt J\Ialte meme. Les einq ccnts
voiles fralH;:aiscs sc déploycrcllt á la vue de l'ile,
le 2 r prairial ( 9 j uin ), vingt-deux jours apres
la sortie de Toulon. ectte vuc répandit le tl'on-
bIe dans la ville de Malte. Bonnpal'te, pour
avoir un prétexte de s'arréter, et pour faire
nallre un slIjet de contestatÍoll, demanda an
grand-maitre la faculté de faire de l'ean. Le
grand-maltre, Ferdinand de Hompesch, 6t ré-
pOlldre par un r~fus absol11, alléguant les ré-
glements, qui ne permettaient pas d'introclllire
a la fois plus d~ deux vaisseaux appartenant a
des puissances lwlligérantes. On avait autrement
accucilli les Anglais quancl ils s'étaient présen-
tés. Bonaparte dit que c'était la une prellvc de




IlIl~ECl'OII\E \1798). 87
la plus insigne malveillance, et sUl'-le-champ
lit ordonner un débarquement. Le lendemaiu,
22 prairial ( 10 juin ), les troupes fran({aises
débarquel'ent dans rIle, et investirent com-
plétement La\'alette, qui compte trente mille
ames a peu pres de population, et qui est !'une
des plus fortes places de l'Europe. Bonaparte
lit déLarquer de l'artillerie pum canonner les
10rts. Les chevaliers répondirent a son feu,
mais tres-mal. Ils voulurent faire une sortie,
el iI Y en eut un granel nombre de pris. Le
<!psordrc se mit alors a l'intérieur. Quelques
chevaIiers de la langue fran({aise déclarcrent
qu'ils ne pouvaient pas se battre contre lenrs
compatriolcs. On en jeta quel(llles-uns dans les
cachots. Le trouble était dans les tetes; les
hahitants vonlaient qu'on se rendlt. Le granel-
lHa¡!n~, (Fli avait pen !l'éllergie, et qui se sou-
vCllait de Ja gÓlérosiré du vainqnellr de Rivoli
;'t l\Iantoue, songea á sauver ses in lérets du
naufrage, fit surtir de prisoIl l'Ull des cheva-
liers frarH:ais qu'il y avait jetés, et l'envoya ;t
Bonaparte pour négocier. Le traité fut bientot
arreté. Les chevalicrs abandolluerent a la Franee
la souveraineté de ""lalte et des 1les en dépen-
dant; en retour, la FraIlce promit son interven-
lion an congres de Hastadt, ponr faire obtenir
au gl'[lnd-mallrc une priucipallté en Allema-




88 l\ÉVOLt:TION FRA~~AISI'.
gnc, et a défaut, elle lui assura une pensioll
víagere de 300,000 franes, et une índemnitc
de 000,000 franes comptant. Elle accorda a
chaque chevalier de la langue franc;aise 700 fr.
de pension, et 1000 pour les sexagénaires;
elle promit 5a médiation, pOllr que ceux des
autres langlles fussent mis en jouissallcc des
biens de l'ordre, dans leurs pays respectif~.
Telles furent les conditions au moyen desquel-
les la France entra en possessioll du prmnier
port de la Méditerranée, et de l'un des plus
fo1'ts du mondc. Il fallait l'asccndant de Rona-
parte pour l'obtenir sans combattre; ii fallait
son audace pOllr ose!' y perdre quelques jours,
ayant les Anglais a sa poursllite. Caffarelli-Du-
falga, aussi spiritnel que brave, en parcourant
la place dont il admirait les fo1'tifications, dit
ce mot : Nous sommes bien ltcureux qu'il'y
ait cu quelqu'un dans la place paur 7WllS ell
ouwir les portes.


Bouaparte laissa Vaubois 11 :Malte, avec trois
mille hommes de garnison; íI Y pl:H;,a RegIlault
de Saint-Jean-d'Angely, en qualité de commis-
saire civil. Il li.t tons les réglements administra-
tifs qui étaient nécessaires pour l'établissement
du 1'égime municipal dans 1'11 e , et il mit sur-
le-champ a la voile pour cingler vers la cute
d'Égypte.




llIRECTOIRE II 798). H~1
llleva l'ancrc le I er messidor (19 juin), arres


lIne relache de dix jours. L'essentiel, maillle-
nant, était de ne pas rencontrer les Anglais.
Nelson, radoubé aux Hes Sairit-Pierre, avait
rc<;u du lord Saint·Vincent un renfort de dix
vaisseaux ele ligue et de plusieurs frégates, ce
quí luí formait une escadre de treize vaisseaux
de haut hord, et de quc1ques vaisseaux de
moinclre imporlance. Il était revenu le 13 prai··
rial ( ¡er jnin ) devant Toulon; mais l'escadrc
franc;aise en était sortic depuis douze jours. II
avait courll de Toulon a la rade du Tagliamon,
et de la rade du Tagliamon a N apIes, ou il était
arrivé le 2 messidor ( 20 juin ), au moment
meme ou 13011aparte quittait Malte. Apprenant
que les Franc,;ais avaient paru vers Malte, il
les suivait, disposé a les attaquer s'il parvenait
it les joiIJ(lre.


Sur lotlte l' cscadrc fi'an<;aise, on étai t pret
au combato La possibifité de rClleontrer les AII-
glais était présente a tous les esprits et Il'er-
frayait persollnc. Bonaparte avait réparti sur
ehaque vaisseau de ligne cinc¡ cents homme,
(l'élite, qn'on hahituait taus les jOUI'S ;'t la ma
nreuvrc du cauon, et á la t(~te de~qnel~ se trou-
vait un de ces générallx si bien habitllés au feu
SOIlS ses Ol'dres. Il s'ótait fait lIU príncipe su!'
la lacliquc mal'itilllc, c\'~l tille chac¡ue vaisseau




90 Rl;VOLUTION FRAN<,:AlSE.
ne devait avoir qu'un but, celui d'en joilldl'e
un autre, de le combattre et de l'aborder. Des
ordres étaicllt donnés en conséquencc, et ii
comptait sur la hravoure des troupes d'élite
placées a bord des vaisseaux. Ces précautíons
prises, il cinglait trallquillement vers I'Égyptc.
Cet homme qui, suivan t d'absnrdes détracteurs,
craignait les hasareIs de la IOer, s'abandonllait
tranquillement a la fortune, an milieu des flot-
tes anglaises, et avait eu l'audace de perdre
quelques jours a Malte pour en faire la COB-
quete. La galté régnait sur l'escadre; OIl lIe
savait pas exactemcnt Olt l'on allait, mais le
secrct commenc;ait ú se répandre, et on atten-
dait avec impatience la vue des rivages qu'on
allait conquérir. Le soir, les savants, les offi-
ciers-gélléraux quí étaiellt a Lord de l' Ol'iellt,
se réunissaicnt chcz le général en chef, et la
commclH;,aicnt lrs ing(>nÍeuses ct savantes <1is-
cussiOJlS de l'Institut d'l~g'ypte. un instant, l'es-
cadre anglaise ue fut qll'a quelques lieues de
l'immense cOl1voi frau<{ais, et de part et d'au-
tre OH l'ignora. Nelson commenc:-ant a sup-
poser que les Franc;ais s'étaient dirigés sur
I'Égypte, fit voile pour Alexandri(~. et les y
dev:ll1\a; mais ne les ayant pas trollvés, il vola
vers les Dardanelles ,pour tacher de les y rcn-
contrcr. Par un büIlhellr sillgulier, \'exp(~di-




DIRFCTOIRF. (1 79H). 9'
tion fran({aise n'arriva en vue d'Alexalldrie que
le surlendemain, 13 messidor ( 1 er juillet). IL
Y avait un mois et de mi a peu pres qu'elle
était sortie de Toulon.


Bonaparte envoya chercher aussitót le con-
sul fran<,'ais. 1l apprit que les Anglais avaient
paru I'avant-veille, et les jugeant clans les pa-
rages voisir·)s, iI voulut tenter le débarquement
a l'instant meme. On Ile pouvait pas entrer
dans le port d'Alexandrie, car la place parais-
sait disposée a se défendre; il fa1lait descemlre
a quelque distance, sur la plage voisine, a
une allse, dite du :\Iarabout. Le vent sOllmait
violemment, et la mer se brisait avec fnrie sur
les récifs de la cote. C' était vers la fin clu jour.
Bonaparte donna le signal et voulut aborder
sur-le-champ. n descendit le premier dans une
chaJoupe; les soldats demandaient a grands
cris a le suivre a la cúte. OH commen({a a
mettre les embarcatí,)l1s a la mer, mais l'agi-
tatÍon des flots les exposait a chaqlle instant
a se hriser les unes contre les autres. Enfin 1
arres de grands dangers, on toucha le rivage.
A l'instant une voile parnt ú. l'horizon; on
crnt que c'était une voile ang]aise : «( Farfulle.
s"écria llo¡¡aparte, tu m'abandol1nes! qlloi! pas
seulement cillq jours! » La fortune ne l'aban-
tlollnait pas, cal' c'était une fr{'gate fral1<;aisc




¡¡¡¡VOLt:T10N FllANCAISI':.


quí I'cjoignait. On eut beaucoup de peiue i!
débarquer quatrc ou cinq mille hommes, da Il~
la soirée et dans la Illlit. Bonaparte résolut d(~
marcher sur-Ie-champ vers Alexandric, afill de
snrprclldre la plaCf~, et de ¡le pas donner aux
Turcs le tcmps de faire des préparatils de dó-
fense. On se mit tont d(~ suil"e en Illarche. 11
n'y avait pas un chcval de déLanlll<.\; I'élat-
major, BOllaparte et Caffarelli luí-mcruc, mal-
gré sa jambe de bois, tirent (1l1atre a cinq licues
a picd dans les sables, et arriverellt a la pointl'
<1u jour en vlIe d'Alexamlrie.


Cette antique cité, filie d'Alex31ldrc, n'avait
plus ses magnifiques édif]ces, ses iIlllombrabl('s
demeures, sa grande population ; elle était rui-
née aux trois qnarts. Les Turcs, les }~gyptiens
opulents, les négociants européens habitaiellt
(1ans la vilIe moderne, q\li était la sellle par-
tie conservée. Quelques Arahes vÍvaicnt dalls
les décomhres dc la cité antiqnc; lIIle vi(~ill(·
Illuraille flanquée de qllelqucS tours enferrnait
la llouvelle ('t l'ancÍcl1nc villc, et tOllt autolll'
régnaicnt les sables qui, en Égypte, ,,'avancelll
partout oú la civilisation recnlp.


Les quatre mille .Fran~~ais, cOlldllits par Bo-
naparte, y arriverent ~l la poiute du jour : ils
He rcncolltreretlt sur cette plage de sable </11'1111
pctit llOIUbl'c d'Al'al)('~" ,[ni) ;1\11'(';' qlll';:!!l,'"




DI n EC'!'O l!\ t: 1, qgWl. ~)3
coups de fusil, s'enfoncerent dans le désert.
Bonaparte partagea ses soldats en trois colon-
m's : BOll, avec la premiere, marcha a d['oite,
vers la porte de Rosette; KléLer, avec la sc-
conde, marcha an centre vers la porte de la
Colonne; :1Ielloll, avec la troisieme, s'avaIH;,a
a gauc1te vers la porte des CatacomDt's. Les
ATabes et les Turcs, f'xcellen ts soldats derriel't'
un mur, llrent llll fen Lien nourri; mais les
Fran<;ais monterent avec des échelles, et fran-
chirpnt la vieille muraille. KlébeI' lomba le
premier fI'appé d'une baile au frout. Ou chassa
les Arabes de ruine en ruine, jusqu'a la ville
nouvelle. Le combat allait se prolouger de rue
en rue, et devenir meurtrier; mais un capi-
taine turc servit d'intermédiaire ponr négocier
lIn acc6rd. Bonaparte déclara qu'il ne venalt
poillt pour ravager le pays, ni l'enlever au
Graml-Seigneur, Illais seulcment pour le SOllS-
traire a la domillation des jUarneluks, et ven-
gel' les outrages que ceux-ei avaient bits ú la
Frauee. Il promit que les autorités da pays se-
l'aicnt maintenues, que les cérémonies du culte
cOlltillueraiellt d'avoir lien comme par le passé,
que les propriétés seraiellt respectées, etc ....
l\loyennant ces cOl1ditions, la résistance cessa :
les Fl'al1(;ais furcnt maitrcs d'Alexandrie le jour
nH~me, P(,IHlallt ce tcmps, ¡'armée ayait achevé




94 RÉVOU1TION FllANq,HSE.
de débarquer. 1l s'agissait maíntellant de met-
tre l' escadl'e a l'abri, soit dan s le pOft, soil
dans l'une des rades voisines, de créel' a A lexan-
drie une administratíon conforme aux m~llrs
du pays, el d'arn~ter un plan d'illYasion ponr
s'emparer de l'Égypte. POli!' le moment, les
dange!'s de la mer et el'une I'Cncolltre avec les
Anglais étaient passés; les plus grands ohs-
tacles étaient vaincns, avec ce bonheur qui
semble toujours accompagner la jennesse d'un
grand homme.


L'Égypte , sur laqllelle nons vcnions d'a-
border, est le pays le plus singulíel', le micll.\:
situé, et l'llll des plus fertiles de la terrc. Sa
position est cormue. L'Afrique ne tient a l'AsiC'
que par un isthme de quelqlles licues, qn'on
appelle l'isthme de Suez, et qui, s'il était coupé,
donnerait aeces de la Méditerranée dalls la mer
des lndes, dispenserait les navigateurs d'aller
a des distances imrnellses, et au milieu des
tempetes, doubler le cap de Bonne-Espórancc.
L'Égypte est placée paralldement a la Mer
H.ouge et a l'isthme de Suez. Elle est la mal-
tresse de cet isthmc. C'est ectte coutrée qui,
chez les anciens et dan s le moyen age, pendan!
la prospérité des V énitiells, était l'interJllé-
di aire du commerce de l'Inde. Tclle est sa po-
sition entre l'Occidenl et l'Oriellt. Sa conslitu-




ml1ECTOIHE ~ (798).
tion physiqlle ct sa forme ne sont pas moins
extraorelinaires. Le Nil, l'un des grands fleuves
du monde, prend sa so urce dans les monta-
gnes de l' Abyssinie, faít six cents lieues dans
les déserts de l'Afriqlle, puis eutre en Égyptc,
ou plutot y tombe, t'1l se précipitant des ca-
taractes de Syeue, et parcourt encore dcux
cents lieues jusqu'a la mero Ses bords consti-
tuent toute fÉgypte. C'est une vallée de deux
cents lieues de longueur, sur cillq a six licnes
de largeur. Des d(~ux cót(~S elle est bordée par
un océan de sables. Qnelques chaines de mon-
tagnes, Lasses, arieles et déchil'ées, sillonllent
tristement ces saLles, et prüjettent a peine
quelques ombres sur leur immellsité. Les unes
séparent le Nil de la Mer Rüuge , les autres le
séparent du granel désert, dans lequcl elles
vünt se perdre. Sur la rive gauche du Nil, a
une certaine distance dans le désert, serpen-
tent denx langues de terre cultivable, qui fout
exception aux saLles, et se cou vrent d'un peu
de verdure. Ce sont les oasis J cspeces d'iles
végétales, au milicu de l'océau des sables. Il
yen a deux, la grande et la petite. Un effort
des h()mme~, en y jetant ulle branche dll Nil,
en fel'ait de ferliles provinces. Cil1Lluante lieues
avant d'arriver a la mer, le Ni! se partage en
df'uX branches, (lui VOlJt tumber a soixante




H1lvor.nTION FnA~r,AISF.
lielles ['une de l'autre, dans la J\Tt'~diterranéC',
la premiere a Rosette, la secondc a DamiettC'.
On connaissait autrcfois sept bouches au Nil;
on les apen;oit encore, mais íl n'y en a plus
que dellx de navigables. Le triangle formé par
ces deux grandes branches et par la mer a
soix:mtc licues a sa hase el cillquallte sur ses
cotés; il s'appellc le Delta. e'est la partie la
plus fertite de l'Égypte, paree que e'est la plus
arrosée, la plus eoupée de eanaux. Le pays
tout entier se clivise en tl'Ois parties, le Delta
Oll l1asse-Égypte, qu'on appeIle Ilahireh; la
Moyenne-Égypte, qn'on appellc Ouestanich;
la Haute-Égyptc, qu'on appclle le Saldo


Les vents étésiells soufflant d'une maniere
constante du Nord au Sud, pendant les mois
de mal, juin et juillet, entrainent tous les nua-
ges formés a l'cmbouchure du Nil, n'en Iaissent
pas séjourner un seul sur cette contr('e tOll-
jours sereine, et les portent v('rs les monts
d'Abyssinie. Lit ces nuages s'agg[omerent, se
préeipitent en pluie pendant les mois de juillet,
aout et septembre, et produiseut le phénomene
célebre des ínondations du Nil. Ainsi, ectte
terre rec;oit par les débordements du flellve,
les canx qu'elIe ne rec;oit pas du cie!. Il n':
plcut jamais; el les marécages du Delta, f]lli.
scraient pestitcnticls sous le cie! de l'Europe.




1)1 RECTOIllE (,1798).
He produiseut pas en f~gypte uIIe senle fievre.
Le Ni!, apres son inondatioll, laisse un limon
fertile, qui est la senle terre cultivable sur sps
Lords, et qui produit ces abóndantes mois-
sons consacrées alltl'efois a nourrir llome. Plus
l'inondatioll s'est étendue, plus iI y a de terre
enl ti vaLle. Les propriétaires de cctte tf'ITe,
I1ivelée tous les ans par les eaux, se la pal'ta-
gent lons les aus par l'arpcntage.Aussi 1'ar··
pentagc est-il un granel art en }<~gypte. Des
canaux pourraient étendre l'inondatioIl, et au-
raient J'avantage de diminuer la rapidité des
caux, de les faire séjourner plus Jong-temps,
et d'étcntlre la fertilité aux dépens du déscrt.
Nulle part le travail de I'hornme ne pourrait
avoir de plus salutaires dfets; Hulle part la
civilisation ne serait plus souhaitable. Le Nil
et le déserl se disputen! l't~gypte, et c'est la
civilisatÍoll <{!Ji dOllllel'ait :111 Ni! le moycn de
vaiucre le désert pt de le [tire reculer. 011
croit que l'1~gypte llourrissait autrefois vingt
millions d'hahitanls, salls comptpr les Ro-
maíns. Elle était ~l pein~ capahle d'en nourrir
trois millioIls quand les FralH;ais y entrerent.


l,'inondatioll flnit a pen prcs en septembre.
A lors commcncent les travaux des champs.
PClHlant les moís d'octobre, novembre, dé-
t'crnhre, .ianvicl', févriel" la campagne d'Égypte


\. ~




présentc un aspect ravissant de fertiliL{~ et d(~
fraicheur. Elle est convertc alors des plus ri-
ches moissons, {~maill{'e de {leurs, tra versée
par d'immcnses troupeallx. En mars les cha-
leurs commenccnt; la terre se gcrce si profon-
dément, qu'il est q ueIquefois dangereux de la
traverser a che val. Les travaux des champs
sont alors fluis, Les Égypticns ont I'ccueiJli
toutes les richesses de l'année. Olltre les blés,
l'Égypte produit les meilleurs riz., les plus
heaux légllrnes, le stlcre, l'indigo, le séné, la
casse, le uatron, le lin, le chall vre, le co-
Ion, tout cela avec tlne merveilleuse abondancc.
lilui manque des hlliles, mais elle les troflve
vis-a-vis, en Grece; il lni manque le tabac et
le café, mais elle les trouve a ses cotés, daus
la Syrie et l'Arabie. Elle est aussi privé e de
hois, cal' la grande végétation HC peu I pas
pOllsser sur ce limon alllluel que le Nil dépose
sur HII famI de sable. (Juelques sycomores et
quelques palmicrs sont les seuls arbl'es de l'É-
gypte. A défallt de bois OH bI'llle la bouse de
vache. L'Égypte nourrit d'immenses troupeaux.
Les volailles de toute espece y fourmillent. Elle
a ces admirables chevaux, si cdcbres dalls le
monde par leur beauté, leur vivacité, leur fa-
miliarité avec lcurs maitres, et cet utile eh a-
mean, qui pl'llt rnauger et boirt- pOlll' pll1siellrs




DIRt;CTOIItE (1798). \)9
jours, dont le pied enfoBce sans fatigue dans
les sables mouvants , et qui est comme un na-
vire vivant pour traverser la mer des sables.


Toas les allS arrivent au Cairc d'innombra-
bIes caravancs , qlli abordent eomme des floues
(les dcux catés ch¡ dt'>.sert. Les unes viennent
(le la Syrie et de I'Ai'abie, les ;tutres de LHrique
et (ks cotes de Ual'b:;trie. Elles appor!cnt tont
ce qui est propre aux pays uu soleil, l' or, l'í-
voire, les plum es ,les schalls illimitables, les par-
fnms ,les gommcs, les aromates de toutc espece,
le café, le tahae, les bois et les esclaves. Le
Caire devient un entrepót magnifique des plus
belles prorllletioIls du globe, de cellcs que le
génie si pnissant des Occidentaux 11e pourra
j amais imiter, cal' e' est le soleil qui les donne,
et dont leur goút délicat les remIra toujours
avídes. Aussi le comlDCl'CC de l'Inde est-ille
seul dont les progre s des pcuples n'ameneront
jamais la fin. 11 ne scrait done pas nécessail'e de
!'aire de l'Égypte un poste mílitaire, pour aller
détrllire violemment le eommcrce des Anglais.
II suffirait d'y (~tablir un en trepót , ayec la su-
reté, les lois ct les eommodités ellropéennes,
ponr y attirer les richesses <Iu monde.


La pOPlllation qui oecnpe l'Égypte estcomnw
les ruines (les eités qui la couvrellt, un amas
des débris de plllsieurs peuplcs. Des Cophtes,


7-




100 g ,::VOLld'lU ~ FIlAN\;A ISF.
;tociens habitants de l'ligyp.te, des Al'abes
cooquérants de l'Égypte sur les Cüphtes, des
Tures cOllquéranls sur les ATabes, telles soot
les races Jont les d{~bris pullulent misérablc-
ment sur une tene <1011t ils son¡ indignes. Les
Cophtes, quamlles Frall(,'ais y entrel'cnt, étaient
denx cent mille an plus. 1\Iéprisl's, pauvres,
abrutis, ils s'étaient voués, comUlC tOlltes les
classcs proscrites, aux plus ignobles métiers.
Les Arabes formaient la masse presqUf~ en-
tiere de la population; ils descendaient des
compagnolls de Mahomet. Leur cOlldition était
infilliIlHmt variée; qllelques-lIl1s, de haute nais-
sanee, faisant remonte/' leur origine jusgu'á
Jlahomet lui - meme, grands prüpriétaires,
ayant quelqlles traces du savoi1' arabe, réunis-
sant a la noblesse les fonctioIls liu culte et de
la magistra ture, étaient, sons le titre de schciks,
les véritablcs grands de l'Égypte. Dans les
divans, ils représentaient le pays, quand ses
tyraus voulaient s'adresser a lui; dans les
mosquées, ils composaient d~s especes d'uni-
versités, oú ils enseignaient la religion, la mo-
rale du KOl'an, un pcu de philosophie et de
jurisprlldencc, La grande mosquée de Jemil-
Azar était le premie1' corps s:!Yantet religiellx
de l'OrieIlt. Arres ces grands, veuaicnt les
moimlr('s propriétaires, ('omposant la seconde




OIIlH:1'OI1\1: 1,I7gH). 101
el fa plus llomhreuse dass(~ des Al'abcs ; puis
les prolétaircs, qui étaient tombés dans la si-
tuation de véritables ilotes. Ces derniers étaient
des paysans a gage, cultivant la terrc sous le
nom de fellabs, et vivant cJaus la misen~ et l'ab-
jection.11 y avait une quatrieme classe d'Al'a-
bes, c'étaicnt les Bédollins ou Arahes errants ;
ceux-Iú n'avaiellt pas voulu s'attacher a la terre;
c'étaient les tils du désert. MOIltés sur dt~S che-
vaux ou des chameaux, conduisant <levant eux
des tl'oupeanx nombreux, ils e!'raicnt, cher-
challt des p;ltnrages clans quelclues oasis, Oll
venant annuellemellt ensemellccr les lisien's de
terre cultivable, placées sur le bord de l'Égypte.
Leur méti'er était d'escorter les carav:tnes OH de
preter len!'s chameaux ponr les transporls.
Mais, brigands sallS foi, iIs pillaient souvent
les marchauds qu'ils escortaielll. ou auxquels ils
pretaieu t leurs challlca I[X. Quelq uefois ITH~mc,
violant l'hospitalité qll'on leur accordait sur la
¡isiere des terres cultivables, ils se précipi-
taíent sur eette vailée du Nil, qui , largc seu-
lemcllt de cinc¡ licues, cst si facile ~t péuétrer ;
ils pillaicllt les villages, et, remontant sur leurs
chevallx, empol'taiellt lenr butin (!aus le 10ml
di! déscrt. La négligence tUJ"quc laissait IcUl's
ravages prc~quc tuujoursimpullis, el lIe luUait
pas Illi('l/x (,olltre les hrirumds d[l d¡'"~cJ"!




] 02 ltÉVOLtITION FIlAN<{AISE.


ql1'elle ne savait !tItter contre ses sables. Ces
ATabes errants, divisés en tribus sur les denx
cotés de la vallée, étaient all nombre de cent
ou ceDt vingt mille, et fournissaient vingt on
vingt-cinq mille cavaliers, braves, mais bons
pour harceler l'ellllemi , jamais puur le COnl-
hattrc.


La troisÍeme race enfin était ceHe des Turcs;
mais elle était aussi peu nombre use que les
Cophtes, e'est-a-dire qu'elle s'élevait lt deux
eent mil!e individu.s an plus. Elle se partageait
en Tures et ::\'Iamelllks. Les Tures, venus de-
lmis la derniere eonquete des sultans de Con:,;·
tantinople, étaient presquc tous inseríts sur la
liste des janissaircs; mais OIl sait qu'ils ne se
font ordinairement inscrire sur ces listes que
ponr avoir les priviléges des janissaires, et
qu'lm tres - petit Hombre sont récllcIllent au
service. II n'y en avait que pen d'entre eux
dans la miliee du paelw. Ce paella, envoyé
de Constantinople, représentait le sultan en
ltgypte; mais a peine escorté de quelques ja-
llissaires, il avait vu s'évanollir son autorité
par les précautions mcme que le sultan Sélim
avait prises autrefois ponr la conservero Ce
sultan, jugeant que par son {~loignemeIlt
l'Égyptc pourrait écbapper a la dominatioll
de COllstalltillopie, qu'ull paella :ullhiticux




JO:)


el habile pOllrJ'ail s'y créer un empire iJldt~I)(~Il'
r1ant, avait imaginé un contre-poids, e1l iusli-
tuaut la milice des Mamelllks. Mais, comrne
on ne peut pas vaincre les conditions physi-
ques qui rendcnt un pays dépelldant ou indé-
pendant r!'UIl autre, au licu du paeha c'étaient
les Mamclllks qui s'étaient rendus indépendants
de Constalltinople et maltres de l'Égypte. Les
Mameluks étaient des esclavcs aehetés en Cír-
cassie. Choisis parmi les plus beatlX ellfants
da Caneasc, transportés jeuncs en Égypte,
élevés dans l'iglloranee elc lcur origine, dans
le goút et la pratiqllc des armes, ils devenaient
les plus braves et les plus agiles cavaliers dc la
I.erre. Ils tenaiellt a honneur cl'c'tl·e sans ori-
gine, d'avoir été aehetés cher, et el' etre beallx
et vailbllts. lis avaient vingt-quatre beys, qui
daient lcurs propri(~tajres et lellrs chefs. Ces
heys avaient chacun cinq OH six ceuts J'I'Iame-
luks. C'élait uu trülipeau clu'ils avaient soiu
d'alimentcr, ct qu'ils trallsruettaiellt quelque-
fois a lcur fils, et plus souvent a leur mame-
l11k favod, qní devenait bey a SOlI tour. Chaquc
mameluk Úait servi. par deux feltahs. La l1Iilice
clItlerc se composait de douzc miHe cavaliers a
j>cu prl~s, ser v is par vingt-quatre mille ilotcs.lIs
daicllt les v\:ritahles maltres el t)rans du pays.
lis viv,licl!t 011 !In pr()dlli! des k!'fes appartl',




J 04 nÉYOLFI'JON ~FllAN~AJSE.
nant aux beys, OH OU revenll des imp6ts établis
saus totItes les formes. Les Cophtes, que IlOllS
avons déja dits livrés aux plus ignoblcs fonc-
tions, étaient leurs pcrccptellrs, leurs espiolls ,
leurs agents d'affaires; car les abrulis se met-
tcnt toujours au service uu plus lort. Les yingt-
(Iualre beys, égaux ele droit, ne l' étaÍcnt pas
de faít. I1s se faisaient la guerre, et le pllls
fort, soumettant les autres, avait une souve-
raineté viagere. Il était tout-a-fait indépcndant
du pacha représentaJlt le snltan de Constanti-
llople, le souffrait tout au plus au Caire dans
une sor te de nullité, et SOllvent Ini refusait le
na"ri, c'est-a-uire l'impót foncier, qui, repré-
sentant le droit de la conqll(~te, appartcnait a
la Porte.


L'Égypte était done une véritable féoualité,
comme ceHe de I'Enrope dans le moyen age;
elle présentait h la foís un pClIple conquís,
une milice con<Jllérantc, en révolte contre SOB
souverain; enfin une anciennc classe abrutie,
au service et aux gagcs du plus fort.


Del1x beys sllpérieurs aux autrcs dominaient
en ce mament l'Égypte. L'un, lbrahim-Bey •
riche, astucicux, puissant; l'autre, Mourad-
Bey, intrépide, vaillant et plein d'ardeur. 11s
Btaient convf'Ilusd'Ulle espece de partag(~ ¡J';m-
torité, par lequel lbrahim-Bey avait l(,s attri-




DIRECTOlRE (17gb). r05
lH1tiolls civiles, et j\lourad-Dey les altl'ibutiolls
militaires. Celui-ci ~tait chargé des eombats;
il Y exeellait, et il avait l'affection des mame-
luks, tous dévoués asa personne.


llonaparte, qlll au géllie de capitaine sa-
vait unir le tacl et l'adressc du fOIlflateur, el
qui avait d'ailleurs administré assez de pays
cOllquis pour s'en etre [ait un art particllJier,
jugea sur-lc-champ la politique qll'i1 avait á
suÍvre eH Égypte. li f~lllait d'abord arracher
ectte eontrée a ses véritah1es maltres, e'est-a-
dirc aux l\1ameluks. C'était eeUe classe qu'il
fallait combattre et délrlliJ'e par les armes et
la politiqueo D'ailleurs on avait des raisons ~l
faire va10ir contre eux, cal" ils n'avaient cessé
de maltraiter les Franc;;ais. Quant a la Porte, il
f.111ait paraitre ne pas attaquer sa souveraine-
té, et a[[ccler au cOIllraiJ'e de la respecter. Telle
qu'ellc était devcnue, eetl:e sOLlveraineté était
peu importante. On pouvait traiter avec la
Porte, soít pOUI' la cession de l'Égyptc, en lui
faisant certaius avantages ailleurs, soit pou!'
un partage d'aulorité qui n'aurait ríen de fi-
cheux; car en laissall t le paeha au Caire, com me
il y avalt été jusqll'ici, et en héritant de la poi s-
sallce des Mameluks, on n'avait pas grand'chose
a regretter. Qu;mt anx bahitants, il fallait, pour
S(~ les aUaclH'l', gagller la vpritable populatioll,




106 nÉvoLuTlUN .FltANt;,:AISb
c'est-a-dire eeHe des Arabes. En respectant les
scheiks, en caressant lenr vieit orgueil, eH
augmentant leur pouvoir, en flattant un dósir
,. l' secret qu on trouvaIt en eux, comme on a-


vait trouvé en Italie, commc OIl le trouve par-
tout, celui du n'~tahlisscment de Lmtiquc pa-
trie, de la patrie arabe, 011 étai t assuré df>
dominer le pays el de se l'attacher entiCrf>-
mento Bien plus, en ménageant les propriétés
el les persoIlucs, chez un peuple qni était
habitué a regarcler la conquctc comme dormant
droit de menrtre, dc pillage ct de d¡"vastation,
on allait causer une surprise des plus avallta-
geuses a l'armée frall~ajse; et si, eH outre, on
resppctait les femmes et le pl'ophcte, la cou-
quete des creurs était 3ussi assur{~e que eeHe
du sol.


BOllaparte se concluisit d'aprés ces f'ITCmenb
aussi justes que pro[uJlds. lJoué eI'une imagi-
Hation tout orientale, illui était facile de pl'en-
clre le style solennel et imposallt qui convellait
a la race arabe. II fit des proc!amatiolls qui
étaicllt tradui tes en arabe (~t répalHlues dalls
le pays. Il éerivit au pacha: « La n'~puhliquc
« fra[j~~aise s'est déciclée a ellvoyer UHe pllis-
« sante arll1ée !)our mettre fin anx briO"éllldaops b ;:,
« des beys d'Égypte, ainsi qu'elle a b{~ oLligée
« de le faire plusieurs foís daus ce sii'eJe cuotel'




mRECTOlRE (1 79t{ j.
( les beys de Tunis et d'Alger. Toi, qui denais
« etre le maitrc des beys, et que cependan t
« ils tiennent au Caire san s autorité et sans
« pouvoir, tu dois voir mon arrivée avec plai-
« sir. Tll es sans Joute déja instruit que je ne
« viens point ponr rien faire con tre l'Aleoran ni
r( le sultan. Tu sais que la natíon fralH;aise est
(( la seule et lllliquc alliée que le sultan ait en
{{ Europe. Vicns done a ma reneontre, et mau-
« dis avec rnoi la race impie des beys. )) S'adl'es-
sant allX Égy pticns, Donaparte leur adressait
ces paroles : «( Peuples cntgypte, Oll vous (lira
c( que je vi(~l1S pour détl'uire votre religioIl. Ne
« le croyez pas; répondez que je viellS vous
« restituer vos droits, pUIlir les usurpateurs,
«( et que je respecte plus que les Mameluks
(( Dicu, son prophete et le Koran.» Parlant de
la t) ralllli(~ des Marnel"ks, 1I disait : « Y a-t-il
( une belle terre? dIe appartient aux Mame-
« luks. Y a-t-il une lJt~lle esclave, un lwau che-
«( val, ulle belle maison? cela appartieut aux
(( Mampluks. Si l'ltgypte est leut' ferme, qu'ils
(( montrcnt le bail que Dieu leur en a bit.
«( Mais Dicn esl j tiste et l1liséricol'dieux pour
« le peuplc, et il a ordollIlé que I'empire eles
« íVJamduks íilllt.)) Parlaut des seiltilllcnts des
Fl';lll~:ais, il ajontait: « Nous allssi, HOllS som
'i mes de vl'ais rnusulmaus, N'est-ce pas now,




108 rrÉvoLuTION FRAN{,:iUSE.
( qllí avons détruit le pape, qui disait qu'íl
« fallait faire la guerre aux musulmans? N' es!-
((ce pas nOlls qui aVOIlS détruit les chevalicl's
(( de ~1alte, paree que ces iIlsensés croyaient
(( que Dieu voulait qn'ils fissent la guerre aux
(( musulmans? Trois foís heul'eux cellx qui se-
(( ront avee no LIS ! lis prospéreront dans Icur
«( fortulle et leur rango Hellreux ceux qui se-
( ront neutres! lis auront le temps de nous
(( connaitre ,et ils se rangeront avec nous.
« Mais malheur, trois foís malheur a ceux ({ui
(c s'armeront ponr les Mameluks et combat-
(( tront cOlltre llOUS! Il n'y aura pas (l'espé-
(( rance. pOllr ellX, iIs périront. »


Bonaparte dit a ses soldats : (( Vous allez e n-
i treprendre une conquete dont les effets sur
(( la civilisation et le commerce du monde sont
[( incalculables. Vous portercz a I'Al1gleterrc le
(( coup le plus sur et le plus sensible, en atten-
(( dant que vous puissiez luí donner le CQUP
«( de mort.


I( Les pellples ave e lesquels nous allons vi-
(( vre sont mahométans; leu!" premier article
«( de foi est celui-ei : 1l n'y a pas d'autre Dif1U
« que Dieu, ct Malwmet est son prophete. Ne
(( les contredisez pas; agissez avec eux comme
(( nons avons agi avec les Juifs, avec les !ta-
'( liens. Ayez des l'gards pü\.ll' leul's m lIphtís et




IJlHECrOIllF. (1708)- I()~)
,( lCllrs imans, comme vous en avpz eu ponr
«( les rabbins et pour les éveques. Aycz pour
(( les cérémonies que prescrit le Koran, ponr
(( les llIosquées, la nH~me tolérance qne vous
« avez ene ponI' les couveuts, pour les syna-
« goglles, pon!' la religion de IVIoIse et eeHe de
r( JéSllS - Christ. Les légions romaines proté-
re geaiellt tontcs les religions. Vous tronverez
(e ici des llsages diffé!'cnts de cellx de l'Europe,
(e jI faut VOllS y aceoutume!'. Les peuples chez
« lesquels nOlls allons entre!' traitellt les fem-
« mes aulrement que DOUS. SOllvellez -vous
« que dans tous les pays, celui qui viole est
(( un Lkhe.


« La premierc ville que nous rencontrerons
( a été batie par Alexandre. N ous trouverons
(e achaque pas de grands souvenirs, dignes
« d'exciter l'{~mulation des Franc;ais. »


Sur-le-champ DOlJapartC' fit ses dispositions
pour établi!' l'autorité fi.'an<;aise a Alexanclrie,
pour quitter cnsuite le Delta ct s'emparer <iu
Caire, capitale de toute l'Égypte. On était en
jnillct, le Nil allait inonocr les campagnes. 11
voulait arriver an Caire avant l'inondation, et
employer le temps q\l'cllc durcrait, a faire son
établissement. Il ordonna que toul demeurat
daos le merne état a Alexandl'ie, que les exer-
ciccs I'cligieux continuassent, que la jnstice fút




I JO HléVOLUTJON I'HAN<;:AISF..


rClHlue comme avant par les caclis. JI voulut
succéder seulement aux droits des l\Iamelll ks,
ct établir un commissaire pOllr pCl'cevoir les
impots accoutllml~s. 11 fit former un diV<lIl, OH
conscil municipal, composé des scheiks pt des
notables d'AlexalHlrie , al]n de les consulter su!'
toutcs les mesures que l'alltorité frall~aisp au-
rait á prendrc. 11 Iaissa truis milk llOlIlt1W:, en
garnison a Alexandrie, et en dOllua le C()Il1Il1:LI\-
dcmcnt a Kléber, que sa blessure devJit , pOllr
un mois ou deux, COndall111er a l'ínactiol1. 11
chargea un jeune officiel' du plus l'are mérílp,
ct qui promettait un granel ingéniellr ;t]a
Franee, de mcttre Alexalldrie en t'~tat de dc'~­
fcnse el d'.}' faire pour cela les !l'avaux n('ces-
saires. C'était le colouel Crétin, qui, a pen de
frais, et en peu de temps, exécnta a A lexal\-
drie des travaux superhes. Bonaparle dOIllla
cnsllite des ordres pOllr mettn; la {lo! le ,t 1'a-
brí. C'était tIlle questioll de savoir si les gros
vaísseaux ponrraient eutrer dans le port (1' A-
lexalldrie. Dile commissioll de marins fut char-
gée de sonder le port, et de faire un rapport.
En attend:mt la flotte fut mise a l'allcre dans
la rade d'Aboukir. Bonaparte ordonlla a Brueys
de faire promptemcl1t décider la questíoll, et
de se rClHlre a Corfoll , s'il était reC0lJ1111 que
les vaisscaux 11(' pouvaieIlt pas elltrer dalls
\ lexandrie.




DIl1ECTOI11F. (1798). II 1
!\pres avoir vaqué a ces soins, il fit ses dis-


positions pOllr se mettre en marche. Une flot-
tille considérable chargée de vivres, d'artille-
rie, de I11llnitiollS el de bagages, dut louger la
eúte jusqu'a l'embollchllre de Rosette, entrer
llalls le Ni!, d le remolltel' en llH~nw tcmps que
l'armée frallyaise. 11 se mit cnsuite en marche
ayec le gros de l'armée, qni, pl'ivée deo;; dCI\x
garnisons laissées it :Malte et Alexandl'ie, élait
forte de treule llIill(~ ltommes it pell pres. 11
avait OrdOllllé it sa flottille de se ren<lre ;\ la
hauteur de J{amanieh, sur les bords du Ni!.
L~l il se proposait de la joilldre et de remon-
ter le Nil paralletement avec elle, afin de sor-
tir du Delta et d'arriver dans la Moyenne-
Égypte, ou Bahireh. Pom alLer d'Alexandrie
a Ramanieh, il Y avait deux routes , l'une a
travers les pays habitós, le long de la mer et
du Nil, l'aulre plus courte et ~l vol d'oiseau,
mais a tra vers le désert de Dama1l1wur. Boua-
parte n'hésita pas, et prit la plus courtc. Il
lui importait d'arriver promptcment au Caire.
Dcsaix marchait avec l'avant-gardc; le corps
de bataillc suivait a qnclques licues de dis-
tance. On s'ébranla le 18 messidor (6 juilIet).
Qnand les solclats se virent engagés dans ecHe
plaine sans bornes, avec un saLle mouvant
SOIIS I"s pieds, un cid hrillant sur la tt'>te,




Ir 2 nÉ\'OLliTlON }'nA]W~AISE.
point d'eau, point d'omhre, n'ayant pour rc-
poser leurs yeux que de rares bouquets (le
palmiers, ne vayant d'etres vivants que de lé-
geres troupes de cavaliers arabes, qui parais-
saient et disparaissaient a l'horizon, et quel-
quefois se cachaient derriere des dllnes de
sable pou/' égorgel' les tralllards, ¡Is fUl'ent
remplis de tristesse. Déjá le goút <lu I'COpOS lenr
était venu, apres les IOllgues et opinüitres cam-
p<lgnes d'Italie. Ils avaient suivi leur général
dans une eontrée lointaine, paree que leur foi
en lui était aveugle, parce qu'on lenl' avait
annoncé une terre promisc, de IaquelIe ils re-
viendraiellt assez riches ponr achetcr chacun
un champ de six arpents. J\Iais quancl ils virent
ce désert, le mécontenternent s'en mela, et
alla meme jusq ll'au désespoil'. Ils trouvaient
tous les puits, qui de distaTlcc en dislance ja-
lonnent la rOllle du désel'l, détruits par les
ATabes. A peine y restait-il qudCJues gouttes
d'une eau saunútre, ct trcs-insuffisantc ponr
étancher leuI' soif. On leur avait annoncé qu'ils
trouveraient a Damanhour des sOlllagements;
ils n'y reneontrerent que de misél'ables huttes,
et ne purent s'y procurer ni rain ni vin, mais
seulement des lentilles en assez grande abon-
dance, et 1m peu (1' eau. 11 Ldlu t s' eufoncer de
l1onVf'au dall" le db;('rt. Bonapartc yit les hra-




Ul!\ECTOIlU: (I7gK). r 13
\-(~~ Lanncs et Murat e!lX-memes salSII' letlrs
chapeaux, les jeter SUI'le sable, les fouler aux
¡Jieds. Cepcndant il imposa!t a tous; sa pré-
';ence commamlait le silence, el faisait quel-
(luefois rCtlaitrc la galté. Les soldats ne vou-
hient pas IlIí itllpntt'l' leurs maux; ils s'ell
I'rclIaícllt ~l C(~tl" qui t1'ouvaieut UI! gl'alld plai-
sil' a observer le pays. Voyant les saV::lnts s'ar-
n':te1' ponr examiner les moindres ruines, i 15
disaient que c'était pour cux qll'on était venu,
el s'en verweaient ¡X\I' des bOlls mot5 á lenr é)
fa<.;on. Caffarelli surtout, brave cornme UIl gI'e-
nadier, cUl'ieux comrne un él'udit, passai t a leurs
yeux pOUI' l'llOmme qni avait trompé le góné-
ral, et qui l'avait entralné dans ce pays loin-
tain. Comme ii avait pel'du une jambesur le
R hin, ils disaiellt : Jl se moque de r¡a lui, il a
Uf! pú:d CIl Prallee. Cepcmlant, apres de cI'uelles
soulfrallces, supportécs d'aborcl avec hnmeur,
¡mis avec galté et courage, (Jll arriva sur les
hords du Nille 22 messidol' (Jojuillet), apres
une marche de l{uatre jOlll'S. A la vue du Nil
et de cette cau si désirée, les soldats s'y pré-
cipiterent, et en se baigllant dans ses fIots
oublierent toutes ¡eurs fatigues. I,a division
Desaix, qui de l'avallt-gaI'de était passée a
l'aI'I'iere-garde, vit galoper dcvant eHe deux ou
trois centaines de Mamelnks, <fll'elle dispersa


x, :.~




J [4 ldVOLUTION FHA:\"CAJSF.
avec quelques volées de mitraille. C'étaiellt
les premiel's qu'on eúl vus. lls anl1ol1<;aient
la prochainc rencontre de l'armóc ennemie. Le
braveMourad-Bey, en effet, ayant été averti,
réunissait toutes ses forces :lutour (In Caire.
En attendant leur réunioll, iI voltigeait avec
un millier de chevaux alltoul' de Ilotre armée,
a{in cl'observel' sa marche.


L'armée attendit a Ramanieh l'arrivée de la
flottille; elle se reposa jusqu'au 21) messiuür
( 13 juillet), et en partit le nH~me jour pour
Chébreiss. Mourad-Bey nons y attenclait avec
ses Mameluks. La flottillc, qui <,[ait partie la
premiere, et qui avait (!cvallcé l'armt;e, se
trollva engagée avant de ponvoir etre soute-
nuco Mourad-lley en avait UIle aussi, et du ri-
vage il joignait son feu a celui de ses d¡'ermes
(n.isseaux légers égyptiens). La f10ttille frall-
<;aise cut a soutenir un cornlJat des plus nIcles.
L'officier dp marine Perrée, qui la commau-
dait, déploya un rare courage; ii fut sOlltenu
par les cavaliers qui étaient arrivés démontés
en Égypte, et qui, en attendant de s'érjllipet·
aux dépens des Mamelul(s, (~taiellt transportl>s
par eau. On reprit deUX chalollPes canorl!lieres
a l' ennemi: et OH le rcpollssa. L'armée arriva
tlans cet instant; elle se composait tle cinq di-
,'i~Íj()Jts. Elle n';t\";¡jt pas f'lleo/'(' ('ombattll COlltl'('




ces singuliers enncmis. A la rapidité, au ('hoc
des chevaux , anx coup,; de sabre, il fallait op-
poser l'immobilité dll fantassin, sa longue baion-
nette, et des masses faisant front de tous cotés.
Honaparte forma ses cinq di;;isions en cinq
carn;s, au milieu desquels on pla~a les hagages
et I'état-rnajor. L'artilIerie était allx angles. Les
cinq divisíons se flanquaientles unes les autrcs.
Mourad-Bey lan\'a sur ces eitadE'lles vivan tes
millc ou donze cents cavaliers intrépides, qui,
se préeipitant ú grands eris pt de tout le galop
de lenrs cltevaux, déchargeant leurs pistolets,
puis tirallt leurs redoutaoles sao res , viurent se
jeter sur le froilt des carrés. Trouvant partout
une haie de o,úonllettes et lIn feu terrible, ils
flottaicnt <lutonr ues rangs fl'ClIlr,ais, tomoaiellt
devant eux, ou s'échappaient dan s la plaine de
toUU" la vilesse de lellrs chevaux. Mourad,
:lprós avoir !wrdn dellx OH trois ccnts de ses
plus bravés cavaliers, se retira pOllr gagncr le
sommet du Delta, et aller nOlls attendre a la
hauteur du Caire, ~l la tete de toutes ses forees.


Ce combat suffit pour familiariser l'arméc
avec ce non vean genre d'cIlIlcmis, et pour
suggérer i, Bonapartc la taC'tique qu'il bllait
cmployer a\'eceux. On s'achemilla sur le Caire.
La flouillc se tenait sur le ~ii á la hantcur de
.!'al'mée. 011 marcha sans rclachc pendant les


-'
t1




I I tI l\ÉVOLUTION FRA:'it;:A1SF.


jours suivants. Les soldats eurent de Ilouvellc,<..
souff1'311CeS á essuyer, mais ils longeaiellt ie
Nil, et pouvaient s'y baigller tons les suit's.
La vue de l'eullemi leut" avait rendu leur ar-
deur.-((Ces soldats, dt~j;'t un pen di'goútés des
fatigues, comrne il arl'ive toujours (ln;.¡nd O!l a
assez de gloire, je les trollvai, dit ll{)napaI't!~,
loujours admirables au fen.)) - Pendant les
marches l'humeur revenait sOllvent, et apres
l'humeu!' les plaisanterics. Les savants COl1l-
melHiaiellt a iuspirer beaucoup d(~ rcspect par
le courage qu'on leur voyait dt~plo.'er: l\Ionge
et Bertholet, sur la flottille, :tYaie/lt m01ltré
á Chébrclss un ;collra¡:;e héro'iquc. Les soldats,
tont en faisant des plaisauterics, étaiellt pleins
d't'gards pOlll" ellX. Ne voyallt pas paraltl'e
cette capitale dll Caire, si vantée comme une
des merveilles de l'Orient, ils tlisaicllt (flt'e11c
ll'exístait pas, 011 bieIl (lile ce serait COHnne ;\
Daman hOUI", une réUlliol1 <le IlllLt es. IIs disaient
encore qu' on avait trom pé ce pau vre général,
qu'íl s'était laissé déporter comrne un bOIl en-
fant, luí et ses compagnons de gloire.l"c ~lJir,
qlland on s'était reposé, les soldals qlli avaicIlt
tu, ou entendl1 déLiter les contes des "'lille et
lIlIe Nuits, les rppétaicnt a lenrs camaradps,
et OH se promettait des palais magnifiques el
rcspfClldiss;mh d'oI". En lH('!I,lml. 011 ¿'taít




1 ["7 ,


tOlljollrs privé de pain, non que le blé mao-
qual, on en trollvait partout an contl'ail'e;
milis on n'avait ni monlin, ni [our. On man-
geait des lentilles, des pigeons, et un melon
cl'eaD exqnis, COllllll dans les pays méridio-
naux sous le noen (h; pasteqrte. Les soldats l'ap-
peJaiellt sainle pastéque.


On appl'Ochait ou Caire, et la Jevait se lívrer
la bataille décisive. lVlomad-Bey y avait réllni
la plus grande partie de ses Mameluks, dix
mille a peu prt~s. T!:; élaient ser'vis par Ull Hom-
bre douLle de fellahs , auxqnels 011 donnait eles
armes, et qu'on obligeait de se hattl'c derriere
les retranchements. nava i t rassembJé allssi
quelques miUe janissaires, OH spahis, dépen-
dants du pacha, 'luí, malgré la lettre de Bo-
uaparte, s'était laissé entralner dans le partí
de ses oppressellrs. l\Tourad-Bey avait fait des
préparatifs de défeuse sur les bords du Ni\. La
grande capitale dll Caire se trollVC Sllr la rive
droitc <In fleuve. C'é¡ait sur la rive opposée,
c'est-a-dire sur la gauche, que J\I(Jitrad-Bey
:lvait placé son call1p, dans une longuc plailltl
qui s'{~telldait cntre le Nil et les pyramidcs d(~
Giseh, les plus ha1\tes de l'Égypte. Voici
quclles étaient ses dispositions. Un gl'US vil-
iage, appeIé Embabch, était adussé al! flellve,
~\In\ll';¡d-ne\' .' ;!\,;til nrd()ll:lt' q¡wlq!ws Ira-




, I f, ¡; LVULl/rLuN ,'n \'i\;A '~E.
Y<lUX, l'0I;(:1I~ et cxécutés avec l'igllor:lIlce tur-
que. C'était un simple boyall qui envirOllIlait
I'cnceintc du village, ct des batteries immu-
hiles, dont les picccs n'étaut pas sur afflit de
campagne He pouvaiellt etre déplacées. Tel
dait le camp rctranché de ]\fo¡¡rad. 11 y avait
placé ses \' ingt-q uatre mi lle fellahs et ,janis-
saires, pour s'y IJattre avec l'opiniatrcté :lC-
l'outurnée des Turcs derriere les rnul'ailles.
Ce village, retranché et appuyé au flenve, fol'-
mait sa droitc. Ses mameluks, an nombre de
dix mille cavaliers, s'étellflaieut d:ms la plaiti(~
entre le tlcllve ct les pyramiclf>s. QlIelqllPs millc
cavalicrs arabes, (l'li ll'étaicllt 1(·s :!lIxiliaircs
des l\Tameluks (lile pOlI!' piller et massacrer
dans le cas d'ulle victoire, remplissaient l'es-
pace entre les pyramides et les Mameluks. Le
collegue de l'Iourad-Rey, lprahilll, moills hel-
liql1clIX et moills bravc que luí, se tCllait de
l'autre colé <Iu Ni!, avcc un millier de Mamc-
luks, ave e ses femmes, ses csclaves et ses ri-
chesses, prét a sortir du Caire, ct a se réfugier
en Syrie, si les Fran~ais étaient victorienx. Un
nombre considéraLle de cljermes couvraient
le Ni!, ct portaicnt tOllles les l'ichesses clps rna- ,
metl1ks. Tel était l'ordre dalJs leque! les deux
beys attetldaieut Bonaparte.


Le 3 thermidól' \2 ( jnillet\ LU'llH;¡~ fl'allcaist'




j)J 1\ FeTO! líE e! 79tí jo 119
se mit en marche avant le jonr. Elle savait
qu'ellc allait apercevoir le Caire et rencolltrer
l'ennemi. A la pointe du jour, elle découvrit
enfin a sa gauche, et au-dcladu fleuve, les
hauts minarets de eeUe grande eapitale, et a
sa droite, daus le déscrt, les gigantesqnes py-
ramides dOl'ées par le soleil. A la vue de ces
mOlll/ments, elle s'arreta comIne saisie de eu-
riosité et d'admiration. Le visage de Bonaparte
était rayonnant J'enthousiasme; il se mit a
galopel' devallt les rangs des solclats, et leur
Illontrant les pyramidcs : SOllge;:" s'écl'ia-t-i},
songez que du hau! de ces pyralilides quarante
siecles 'vous contempLent. On s'avall<,.:a d'un pas
rapide. On voyait, en s'approcballt, s' élever
les minarets dn Caire, on voyait gralldir les
pyramiJes, OH voyait fourmiller la multitud e
(F/i gardai t Elllbabeh, OH voyait étinceler les
armes de ces dix mil/e cavaliers, brillallts el'or
et d'acier, et forrnant ulle lignc immense. Bo-
llaparte fit aussitót ses dispositions. L'armée,
commc a Chébl'elss, était partagée en cinq di-
visiüllS. L~ divisioIlS Desaix et Régnier for-
maíellt la droitc, vers le déscl't; la divisioll
Dugua forruait le centre; les divisions Menou
el Bon formaieat la gauche, le long da Nil.
Bonaparte, qlli, depuís le combat de Chébrelss,
avait jugé le tel'rain et l'cnnemi, fit 51'S dis-




1 '10 ro I:VOT.l 110;'; FI';ANC,,\ ¡",f,.


I )o:-,ilIUIIS eIl cOHséquellce. Ch3que el lV iSlOl!
lormait 1In carré; dwque calTé étaít sur si>;
rallgs. Derriere etaient les compagnies de grc-·
Il;1(h>:rs C1I pe!o!ons, p1'(\[(,5 a renforcer les
poillts d'allaqup. L'artillcríc était aux anglr:s ~
les bagages et les généraux a11 celltre. Ces car-
rés étaient 1110I1Val1ts. QlIand jls étaíent en
marche, deux cótés marchaienl sllr le Jlallc.
Quand ils étaient chal'gés, iis devaient s'aI'I'eteI'
pOllr faire front sur toutes les faces. Pllis quaud
ils vOlllaient e~lever une position, 1('5 premif'rs
rangs devaiellt se détacher, pour former des
colounes d'attaque, et les autres devaielJ t res-
tel' en arriere, formant toujollT'S le carr{o , lIIais
sur trois hommes de profondelll' sculen1ent,
et prets a recueillir les colonnes tl'attaque.
TelIes étaient les dispositions ordolllll'~es par
Bonaparte. 11 craignait que ses imp{·tllcux sol-
clats d'Italic, hahitl1és dI' l1Ian~¡1\'1' al¡ (las de
charge, ellSSf'llt dn la peine ;\ se résigner
it ccHe fl'oide et impassiblc iml110bilité dc>s
Hlurailles. Il avait ('11 soín de les y pn'parf'l'.
Ordre était domé surlout de Ile pas se h;lter
de tirer, d'atlendre froidenwlIl fellllcmi, ('1
de ne faire fetl qn'á bout port:tIlt.


On s'aV3lH;'(\ presguc ~l la porl~e d¡¡ callOll.
lIonaparte, qu¡ était dnns le carré dn centre,
r;H'll1é par la divisioll Dllglla, S';¡:;S¡¡r:l, a\'('(' lIl!!




1'). :


IlIlIeUe, <le l'état. du camp d'Embabelt. n vil
que rartillerie uu camp, u'étant pas sur afft\t
de campagne, nepollrrait pas se por ter dans
la plaine, et ~que l'ennemi ne sortirait pas des
retranchements. C'est sur cctte prpvision qu'il
basa ses mOllvemcnts. 11 r{~solut d'appnyer avec
ses di,islol1s sur la droite, c'est-a-dire sur le
c:orps des Mameluks, en cireu/ant hors de la
portée dll canon d'Embabeh. Son intcntíon était
de séparer les Mameluks du camp retranehé,
de les enveloppct', de les pOllsscr dalls le Ni/,
et ele n'attaquer Emhabch qu'apres s'etre (lé-
fait d'cnx. 11 lJe de\ait pas luí etre rliffici!e de
venir a bout de la nlllltitude glli fourmillait
dans ce camp apres avoir détrLIit les Mame-
lnks.


Sor-Ie-champ il <lonna le signal. Desaix, qui
formait l'exlTt;mC <Imite, se tnit le premier en
ll1~1I'cj¡e. Apr¿~s luí ve!1ait le cané de Ri-gIlier,
}luis cehú de DlIgua, ou était D0l13partc. Les
deux aulres circlllaient antoll!' d'Jimbabeh, ho1's
de la porl(~e du canon. Mourad-Bey qui, quoi-
que sans il!strnction, était doné d\m gralHt
caractere el (l'llll conp cl'ceil p{'~nélrant, dev¡na
sur-le-rhalllp ¡'iutentioIl de son advel'sairc, (~l
résoltlt de chargcr pendallt ce mOllYCllIellt d~­
cisiC II laissa deux mille Mamcinks pOUI' ap-
IHl,'cr EllIhaheh, pnis se précipíla avec le reste




122 BEVOLllTION FHAN<,>usri •


sur les deux carrés de droite. Celui de Dc-
saix, engagé dans des palmicrs, n' était pas e11-
core formé, lorsque les premiers cavaliers l'a-
borderent. Mais il se forma sur-Ie-champ, et
fut pret a recevoir la charge. e'est une masse
énorme que celle de huit mille cavaliers galo-
pant a la fois dans une plaine. Jls se précipi-
terent avec une impétuosité extraordiuaire SIlI'
la division Desaix. Nos braves soldats, devcnus
aussi froids qu'ils avaient été fOllgueux jadis,
les attenuireut avec calme, ('Í les re(~urent, a
hout portallt, avec un feu terrible de motls-
queterie et de mitraille. Arn'tés par ¡e fe 11 ,
ces innombrables cavaliers ílottaient le long
des rangs, et galopaient autour de la eitadelle
cnflammée. Quelques-uns des plus braves se
précipiterent sur les baronnettes, puis, re tour-
nant lenrs chevanx et les renversant sur nos
fant,assins, parvinrent á fairc breche, ct trente
ou qllarantc vinrcnt cxpirer allX picds de De-
saix, au centre méme dll cané. La masse,
tournant briele, se rejeta el u carré de DesaÍx
sur celui de Régnier qui venait apreso Accueil-
he par lc meme fen, elle revint vers le point
d'otl elle était partie; mais elle trouva snr ses
derricres, la division Duglla que Jlollaparte
avalt portéc ycrs le Nil, et fut jetée daJls une
déroute comp¡t~te. Alors la fuite se 6t en dés-




l:.d


ordre. Une partie des fuyareIs s'échappa vers
notre clroite, du coté des pyramicles; lIne au-
tre, passant sous le fen de Dugua, alta se jeter
dans Embabeh, oú elle porta la confusion.
Des cet instant le tl'oublc commcn<;a a se met-
tre dans le camp rctl'anché. Bonapal'te s'en
apercevant, ordonna a ses deux divisions de
ganche de s'approcher d'Embabeh, ponl' s'en
empare!'. Bua ct J\Icnoll S'aVallCerent sous le
[en des retranchements, et arrivés a une cer-
taine distallce, {jJ'(~llt halte. Les canés se dé-
doublórent; les premiers rangs se formerent
en co!onnes d'attaqne, tandis que les autres
restt\rellt ell cal'I'é, flgurallL toujOlll'S de véri-
tabIes citadelles. Mais aH méme illslant les
Mamelllks, tant ceux qne Mourad avait laissés
a Embabeh, quc ceux qlli s'y etaient réfugiés,
vOlllllrent llOllS prévenir. lis [ondil'ent sur IlOS
colollues d'altaque, tandis q ¡¡'elles étaiellt en
marche. Mais celles-ci S'a!Tt>tant sur-le-cbamp,
et se formant en carré avec une mel'Veillellse
rapidité, les re(:urent avec ferrnelé, et en ab;¡!-
tirellt UH grand nombre. Les UllS se rejcterellt
dans Embabeh, oit le désOl'dre deviIlt extreme;
les autres, fuyant daos la plaine, entre le Nil
el lIotre rll'oile, flll'ent fusillés OH pOl!~sés dalls
le fleuve. Les coiolllles d'aU;rqllc aborderent
vivement Embabeh, s'cu clIlparerent, et jete-




I ~~¡ nÚVOLUTlON }<'HANf:AISI ..
rent dans le Nil la multitud e des fellahs et des
jallissaires. Eeauconp se I1uy(~rellt; mais comme
les Égyptiens sont excellents nageurs, le plus
granel nombre el'entre eux parvint a se sauver.
La journée était finie. Les ATabes qui étaicnt
prt~S des pyramides et qui attcndaient nne vic-
toire, s' ellfoncerent dans le déscrt. l\Iourad,
avec les déhris de sa cavalerie, et le visage
tout sanglant, se retira vers la Haute-Égypte.
Ibrahim, qlli de l'autre rive contemplait ce
elésastre, s'cnfon<;a vers Bclhcys, pour se re-
tire!' en Syrie. Les Mamcluks mirent aussitót
le fen aux djermes qlli pOl'taient leurs ric1lf~s­
ses. Cette proie nous échappa, et nos soldats
vírent pendant tu lite la nuit des flammes dé-
vorer un riche hutin.


Bonaparte pla<;a son c¡uartier-généraJ il Ci-
seh, sur les hords du Nil, Oll I\Iourad-n,·y avait
une superbe habitatÍoll. On troHva, soit ~ Gi-
seh, soít a Embabch, des provisioTls cOllsi(lé-
rables, et nos solclats purent se dédomrnager
de leurs longlles privations. Ils trouverent des
vignes couyertes de magniGques raisins dans
les jardíns de Giseh, et les eurent bient¿'t veu-
dangées. l\Iais ils Grent sur le champ de ba-
taille un hutÍn d'une autre espece, c'¡':taient des
sehaH:,; magnif¡qU(~s, de Lelles armes, des cl:e-
Y;!UX, d des LouI'ses C¡1ll rcnfennaiellt ¡l1sqll ';t




DlHECTOIRE (1790)' 12 \
dClIX OH trois cents pieccs d'or; car les Mame-
luks porlaient tontes leurs richesses avec eux.
lIs passerent la soirée, la nuit et le lendemain
a recueillir ces dépouilles. CiÍlq a six cents
MameLuks avaient été tllés. Plus de mille étaient
lIoyés dans le Ni!. Les soldats se mirent a les
pécher pour les dépouiller, et employerellt
plnsienrs jours encore á ce genre de recher-
che.


La batailte IlOUS avait á peine couté UIlf'
cculaine de morts OH blessésj cal' si la défai~e
est terrible pour des can'és ellfoncés, la perte
est [IIlUe pour des canés victoriellx. Les l\J a-
meluks ~vaient perdllleul's meilleurs cavaliers
par' le feu OH par les flots. Le!!!":, f"orces étaient
rlispersées, et la possession du Caire Il()HS était
;lssurée. Cette capitale était dans un désordre
extraordinaire. Elle renferme plus de trois cent
mille habitanls, et elk~ cst remplie d'l~lle po-
pulace féroce et abrutie, qlli se livraít a tOl!S
les exces, et vouJait pro(ltel" dll turnulte pour
piller les riches palais des beys. l\1albeureusc-
ment la flottille fraIH;aise n'avait pas cncore
remonté le Nil, et non s n' avions pas le moyen
de le traverser pour aller prendre possession
du Caire. Qnelql1cs négociants fran<;ais qui 5'y
1rouvaient furcnt cnvoy('s a BOllaparte pas les
·,clwi ks, pOl\r COll"en ir di' rocc" p;¡ l il)n dé la




"i1le. 11 ~;e procura quelques djermes puur en
voyer un détachemcnt (lni rétablit la tranquil-
litó, el mlt les personnes et les propriétés a
l'abri des fureurs de la popl1lace. II entra le
snrlendemaill dalls le Caire, eL alla prenclre
possession el ti palais de :\Touracl- Bey.


A peine f'ut-il établi au Caire, qu'il se hata
d'cmployer la poliliql1e qll'il avait déjá suivie
a Alexandrie, et qui devait 11li auacher le pays.
] 1 visita les pl'illCipaux scheiks , les flatta, leur
fit espérer le rétablissement de la domination
arabe, leu!' prom it la conserva! io; 1 de lellr culte
d de leurs cuuturnes, et réllssit complétemcnt
á les gagner par uu rnélauge de carcsses ad roi-
tes et de paroles imposantcs, empreintes d'nDe
grandeur ol'ientale. L'esseutiel ptait d'obtenir
des scheiks de la mosquée de Jemil-Azar une
déclaration en faveuI' des Franc::ais. C'~'tait
comme un bref du pape c]¡ez les chrdÍens.
Bonaparte y déploya tOllt ce qll'i1 avait d'a-
dl'esse, et iIy I'éussi t COIll plétement. Les grands
scheiks tirellt la clédaratioll désil'ée, et enga-
gercnt les Égyptiens a se suumettrc a l'cnvoyé
de Dieu, qui respectai t le prophete, et qui ve-
nait venger ses cnÜmts de la tyrannie des :\1a-
meluks. Bonaparte établit an Caire 1111 divan
comme il avait raít á Aiexandrie, composé des
principalix scheiks ei des plus notahles ha-




DIl\ECTOlRE (1798).
bitants. Ce divan ou conseil municipal devait
lui servir a gagner l'esprit des Égyptiens, en
les consultant, et a s'instruire par eux de tous
les détails de l'administration iútérieurc. Il fnt
convenu que dalls toutes les provínccs il en
serait étaLli de parejls, et que ces divans par-
ticuliers enverraient des déplltés au divan du
Caire, qui serait ainsi le grand divan natio-
na!.


Bonaparte résolut de laisscr exercer la justíce
par les cadís. Dans son projet de slIccérler allX
droits des l\Iamclnks, il saisit leurs propr>iétés,
el fit continuer an profit de l'armée fral1(;:aise
la perception des droits précédemment établis.
POllr cela il fallait avoir les Cophtes a sa dispo-
sition. Il ne llégligea ríen pom se les attacher,
en leur faisant espérer une amélioration dans
Jeur sort. H fit partir des généraux avec des dé-
tachements, pOllr redescendre le Nil, et allcr
achevcr l'occupatioll du Delta, qll'on n'avait
[ait que traverser. Il en envoya vers le Nil su-
périenr pom preudre possession de l'Égypte-
Nloycnne. Dcsaix fut placé avec sa division á
l'entrée dé la Hautc-Égypte, dont ii devait faire
la conquete sm Mourad-Bey, des que les eaux
du Nil baisseraiellt avec l'automne. Chacun
des généraux, muní d'instrllctions détaillées,
devail r{>pc"tpl' dans tOllt le p"ys ce c¡ui :lvair




¡ 2;) IÜ.\OI.UT[ON FR.l."C\¡"J..


l,té f:ú¡ a Alexalldl'ic C't all C;¡ire. Ils dr:V:lielll
s'eIllourer des scheiks, captel' les Cophtcs, el
établir la perception des impuh }Jonr fuurnir
allX besoins de l'armée.


Bonaparte f.>'occlIpa ellsuitc dll biplH~tre et
tle la san té des soldals. r::':gypte commen<;ait
a leur plaire : lis y tl'ouvaiclIt le repos, l'abon-
dance, HU climat sain et pUl'. lis s'habituaieut
aux mccurs singulieres ou pays, et en faisaient
un sujct continuel de plaisanteries. Mais, devi-
nant l'iutcntion dn génér;¡l avec lenr sagacité
accontumée, ils jouaient ;:H1SS! le res¡wct poar
le prophele, et riaient avec llli dll rúle que la
politique les obligeait ~ .... jOlil'r. Bonaparle fit
conslruire des fOlll'S pOLI!' tlU'its eusscnt du
pain. Il les logea dalls les bonnes hahitations
des ~Iamelliks, et: leur recornmanda surtout de
respecter les femmes. Ils avaiellt tro!lV(~ en
Egypte des {mes superIws l'Í. ell gr3mlllombre.
C'É'tait un gr'and plaisir pOlll' eu x de S(~ faire
porter dans les environs, el de galoper sur
ces animaux á lravers les calIlpagnes. Leul' v[-
vacité causa guelques accidents aux gl'a ves
habitants du Caire. Il faltut dófenc1re de tra-
versel' les rues trop vite. La cavalerie était
montée sur les plus bcaux: chevaux tlu monde,
c'est-a-dire sur les chcvaux arabes elllevés
;mx Mamelllks.




IHHF,CTOIHE lI798j.
llonapartc s'occupa aussi de maintenir les


rdaLiolls avec les contrées voisines , afin de con-
server et de s'approprier le riche commerce
de l'Égypte. Il nomma lui-meme l'émir-haggi.
e'est un officier choisi allllueIlcment au Caire,
i)our protégcr la grande caravanc de la lVIec-
iI'¡c. TI écrivit J. tous les consuIs fralH.?lÍs sur
¡;¡ n'¡te de Barbarie, pour avertir les deys que
i 'émir-haggi était nomm{> , et que les caravanes
poltvaient partir. JI fit écrire par les scheilis
:.lU shérif de la Mecque, <Iue les pélerins se-
l'aicllt protégés, et que les caravanes trouve-
\,;¡iCllt súreté et protection. Le pacha du Caire
élvait suivi Ibrahim-Bey a }{elheys. Ronapal'te
luí écrivit, ainsi qu'aux divers pachas de Sainl-
.lcan-d'Acrc ct de Damas, pour les assurer des
¡)Qunes dispositions des Fran~ais envers la Su-
ldime-Porte. Ces dernieres précautions élaient
malheurellscllJCnt inutiles, et les officiers de
la Porte se persnadaient difficilement que les
Fra[H,iais, qui veuaien!: envahir une des plus
l'ícltes provinces de lenr souverain, fussent
réellement ses amis.


Les Arabes étaiellt frappés du caractere du
jeune conquérant. lis ne comprenaient pas
qu'uu mortel quí lanc;ait la fouclre mt aussi
ciéll1l'llL Tls l'appelaicnt le digne enfant du
projlhctc, le favori du graml ,,111uh; ils avaient
~. ~




1 30 HJ~VOLLJTlON 1'1\,'.;';(;.\ISE.
challté dans la grande mosqlJ("e la litanic Slli-
"ante :


« Le grand A llah n'est plus irrité eontre
« nous! Il a oublié nos fantes, assez punies
« par la longue oppression des Mameluks ~
« Chantons les miséricordes du grand Al/({h!


{( Quel est celui qui a sauvé des dangers de
« la mer et de la fureur de ses enncmis le Fa-
« Fori de la victoire? Quel est eel ui qui a eon-
« duit sains et saufs sur les rives du Nil les
« bral'cs de l'Occident iJ


« C'cst le grand Allah, le grand Allah, quí
« ll'est plus irrité eontre nous. CÍlalltons les
" misérieordes du gralld A llah !


« Les beys mameluks avaient mis leur eOll-
« nance dans leurs chcvaux; les Leys mame-
« luks avaient rangé leur infanterie en bataillp.


« Mais le FaFori de la victoire, a la t(:te des
« bral'es de l'Occident, a détruit l'infanterie el
« les chevaux eles Mameluks.


« De meme que les vapeurs qui s'élevent le
« matin du Nil sont dissipées par les rayons
« du soleil, de meme l'armée des Mame111ks a
« été dissipée par les braves de l' Occidelll ,
« paree que le granel Allah est actuc:llemcnt
«( irrité contre les Mameluks, parce que les
«( braves de l'Oecir/ent sont la prunelle druÍte
« du grand Allah. ))




Bouaparte voulut, pour entrer davantage
dans les mceurs des AraLes, prendrc parl il
knrs tetes. Il assista a celle do Nil, qni esl
llue des plus gl'audes cl'Égypte. Ce fleuve esl
I(~ bienfaitcnl' de la contl'ée; allssi cst-il en
grande vénération chez les habitants, et il est
l'objet J'une C'spece de culte. PellJant l'inoll-
dation. il s'introduit au Caíre par un granel
canal; Ulle <ligue lui interdit l'entl'ée de ce ,ca-
mtl, jusqu'a ce qu'il soit paJ'veuu á une cer-
taine hauteur ; alors OH la coupe, et le jOUl'
destiné a ceUe opération est un jour de réjouis-
sauce.On déclare la hautelll' a laquelle le fleuye
est parvenll, et quand on espere une grande
inondation, la joie est géllérale, cal' c' est un
¡ )l'ésage d'abontlance. e' est le 18 aoút ( [er frl1c-
!idor) que cette espece de fete se célebre.
BOllaparte a vait bit prendre les armes ~l touk
¡'arméc, et l'avait rangée sur les hül'ds <lu ca-
lla!. U tl pcuple imrnense étaí t accouru, et voyai t
avec joic les bravcs de I'Occidelll assister a ses
l'éjouissallces. Bonaparte, a la tete de son état-
major, accompagnait les principales autorités
dll pays. l)'abord uu scheik déclara la hauleur
~I lacl'lelle élait parvPlHl le Nil : elle était de
v illgt-ciuq pieds, ce qui causa lllJe g!'allllc j üie.
OH travailta eusuitc a COUpCl' la digue. TOllte
l'arlilleri" fl':tt)('ai:-;(,l't'letllil :'¡ h f(lisan !1l()nJ(~1l1


<;.




l::h J\}~V()LLTION FRAN0AISE.
ou les eallX du fleuve se précipitcrcnt. Snivant
l'nsage, une foule de harques s'élancercnt
dans le canal pour obtenir le prix destiné a
ceHe qui parviendrait a y entrer la premiere.
Bonaparte don!)a le prix. lui-meme. Une foule
d'hommes et d'enfants se plongeaient dans les
eaux du Nil, attachant a ce hain des propl'ié-
tés hienfaisantes. Des femmes y jetaient des
cheveux et des pieces d'étoffes. Bonaparte fit
ensuite illuminer la viUe, et la jouruée s'a-
cheva dans les festíns. La fete du prophete ne
fut pas célébrée avec moins de pompe; Borra-
parte se rendit a la grande mosquée, s'assit
sur des coussins, les jamhes croisées comme
les scheiks, dit avec eux les litanies du pro-
phete, en balaIH;;ant le haut de son corps et
agitant sa tete. Il édifia tont le saint collége
par sa piété. Il assista ensuite an repas donné
par le grand scheik, élu dans la journée.


e'est par tous ces moycns que le jeune gé-
néral, aussi profond politique que grand C:l-
pitaine, parvenait a s'attacher l'esprit du pays.
Tanclis qu'il en flattait momentanément les
préjugés, il travaillait a y répandre un jour la
;clence. par la création da célébre Institut
d'Egypte.1l rt~Llnit les savantset les artistes qu'il
:tValt amenés, f't les associant a quelques-uns
,le ses officiers les plns instl'Ults, ii ~n com-




DlHECToum (1791)). 133
posa cet Institut, auquel il con sacra des reve-
nus, et l'un des plus vastes palais du Caire. Les
uns rlcvaient s'occuper a faire une description
exacte du pays, et en dresser la carte la plus
détaillée; les autres rlevaient en étudier les
ruines, et fournir de nouvelles lumieres a l'his-.
toire; les autres devaient en étudier les pro-
ductions, faire les observations utiles a la
physique, a l'astronomie, a l'histoil'e natureIle;
les alltres enfin devaient s'occuper a recher-
cher les améliorations qu'on pourrait apporter
a l'existence des habitants, par des machines,
des canaux, des traval1X sur le Nil, des pro-
cédés adaptés a ce sol si singlllier et si différent
de l'Europe. Si la fortune devait nOlls enlever
un jour ectte beBe contrée, du moins elle ne
pOllvait nous enlever les conquetes que la
Ecience allait y faire; un lllonument se prépa-
raÍt qlli devait honorer le génie et la constance
de nos savants, autaut que l'expédition hono-
raít l'hérolsme de nos soldats.


Monge fut le premier qui obtint la présidenee.
Eonaparte ne fut que le second. Il proposa les
questions suivantes : rechercher la meilleure
constructiol1 des moulins a eau 011 a vent;
remplacer le houblon qui manque a l'Égypte,
dans la fabricatioIl de la biere; déterminer les
lieux propres a la culture de la vigne; cher-




¡ :)4 HI\'()LUTlON Flli\_~\l.:AlSF.
chcr Ic I1Jcil1cllr ll10yrIl pml!' procllrer de 1 'can
a la citaddJe du Caire; ercuscr des pllits dam
les clifférents clldroits dn désert; chercher le
moyen de clarifier et de rafr;¡ichir l' ean ti n NiJ ;
imaginer une maniere rl'lltiliser les c1écombres
dont la ville dn Cairc ét:-tit emharrassée, aiusi
que toutcs les ancienlles villes d't<:gypte; cber-
eber les maticl'es néeessaircs pUlir la fabrica-
tia n de la pOlldre en Égypte. On peut juger
par ccs questions de la tonrnllre d'esprit dn
général. Sur-lc-champ les ingóniell1's, les dessi-
nateul's, les savallts se rópandirent dans toutes
les provinccs pour commC[lcer la descriptioll
et la carte dn pays. Tels étaicnt les soins de
ectte coJonie llaissante el la maniere dont le
fOI1llatcur en c!irigeait les travaux.


La. conquete des provinces de la Basse ct
Moycnne-Égypte s'était faite sans peine, et ll'a·
vait eoúté que (¡nel<f!ws e,,cal'l11011chcs avce les
Arabes. II avait su ni d'lIne marche forcéc sur
TIelheys pour rejeter Ibrahim-Bey en Syrie.
Desaix attendait l'automne ponr enJever la
Haute-}~gypte a Momad-Bey, qui s'y était re-
tiré avec les débris d(~ son armée.


Mais, pendan t ce temps, la. fortune vcnait
d'infliger a BOIlapal·te le plus redoutable de
tous les reverso Eu qlliUant Alexandrie, il avail
fortell1ent recornmallllé a l'allliral Dl'Il('\ s de




mettre son cscadre ~t l'abrí (les Anglais, soit
('/1 la faisant ent1'cr dans Alexandrie, soit ellla
dirigeaut sur Corfou; mais surtout de ne pas
res ter dans la racle d'Aboukir, cal' il valait
mieux rencolltrer l'ennemi a la voile, que de
le reccvoir a l'ancre. Une vive discussion s'é-
tait <"lcv('e sur la questlOIl de savoir si on pou-
vait [aire entrer dans le port d'Alexanc1rie les
vaisseanx de 80 el de 120 canons. Il n'y avait
pas de doute pour les autres; mais ponr les
dellx lle 80 et pour cellli de 120, ii fallaiJ un
allégcll1l'lIt qui !eur flt gagner trois pieds d'eau.
Pour cela il élait nécessaire tle les désarmer Oll
de construil'e des demi - chameallx. L';uniral
Hrllcys Be vOl/lut pas faire entrel' son escadre
dans le port it cette condition. Il pensait qn'o-
bligé il de pareilles pl'écantio\ls pour s('s t1'ois
vaisseaux les plus forts, il ne pourrait jamais
:;ol'lir du port en préscncc de l'cnnemi, et
qu'il pourrait ainsi (\tre Llo(IUé par une esc;t-
dre trós - illfóricurc en force; il se décida ;\
partir pour Corfou. Mais {~tant fort attaché au
géuél'al BOllaparte, il He voulait pas mettre ú
la voile sans avoir des nouvellcs de son enlrée
au Caire ct de son établissement en l~gyptc.
Le temps qu'il employa, soit il faire snl1du
les passes d'Alexandrie, soit a attelldl'e de:,
llollVelleS dn Caire, le pCl'dit d ameBa UI1 dc~;




136 r:ÉVOLUTION t'RAN(,:AfS/:.
plus fUHestes événemeIlts de la rúvoln1ÍolJ, d
l'un de ceux qui, a cette époqlle, ont ie plll~
influé sur les destinées du monde.


L'amiral Brueys s'était embossé dans la rade
d' AbouliÍr. eette rade est un demi-cercle tres.,
régulier. Nos treize vaissea lIX forrnaiellt tille
ligne demi-circulaire paralleIe an rivage. L'a-
miral, ponr assurer sa ligue d'embossage, 1'a-
vait appuyée d'un coté ver s une petite íle,
nommée l'ilot d'Aboukir. Il nc supposait pas
qU'UIl vaísseau pút passer entre cet ilot et sa
ligue pour la prendre par derriere; et, dalls
cette croyance, íl s'était contenté el'y placer
une batterie de douze, seulement pOllr cmp~­
cher l'ennemi c!'y clébarqller. n se croyait td-
lement inattaquable de ce cóté, qu'il y avait
placé ses plus mauvaís vaisscaux. 11 craignait
davantage pour l'autre extrémité rIt· son dcmi-
cercle. De ce cOté, il croyait possiblc que
t'ennemi passat entre le I'ivage et sa ligne
d'embossage; 311ssi y avait - ii mis ses vais-
st'aux les pills 1'orts et les míeux comman(h~s"
De plus, ii était rassnré par une circonstance
importante, (,'est que ceHe ligne ptant al!
lI1idi, t't le vent venant dll nord, l'enllemi qui
voudrait attaquer par ce cót(~ aurait le ven!
contrail'e, et ne s'cxposerait pas sans lloute ,\
('"mbattrc avec lln p<ll'f~il tlésavautagc.




mRECTOInE (1798). 137
DaIls cette situation, protégé vers sa gallcllc


par un ilot , qu'il croyait sufíisaut ponr ferrneI'
fa raJe, et vers sa droite par ses meilleurs
vaisseaux et par le vent, il attendit en sécu-
rité les nonvelles qui devaient décider son
départ.


Nelson, apr¿'s avoir parconru I'ArchipeI,
apres etre retourné dans l'Adriatique, a Na-
pIes, en SiciIe , avait obten u cnfin la certitucle
du débarquemcnt des F'ran<;,ais a Alexandrie.
Il prit aussitot cette direction, afin de joindrc
Icor escadl'e el de la combattre. II envoya UIle
frégate pOllr la chercher et reconnaitre sa
position. Cette frégate l'ayant trouvée dans la
ralle d'Aboukir, put observer tont a l'aise
llotre ligne d'embossage. Si l'amiral, qui avait
dalls le port el' Alcxandrie une multitude de
fl'égaieS et de vaisseaux légers , avait eH la pré-
calltion d'cll garder qllelques-uIls a la voile, il
aurait pu tenir les Anglais touj Olll'S éloigllés,
les empt:cher d'observer sa ligne , et etre avcrli
de ¡eu!' approche. Malheurensement il n'en fiL
den. La frégate anglaise, apres avoir achevé
sa recollnaissance , retourlla vers N elson , q ni,
étant informé de tous les détails de lIotre po-
sition, manceuvra aussitot vers Aboukír. 1 I Y
alTiva le l!~ thcrmidor ( 1 er aOltt), vers les six
Ílcurcs do soir. L'amiral Brueys était a diuer ~




130 n:ÉVOUlTION FHANCA ISE.
il lit aussitot dOllller le sigllal dll cOl1lhat. l\Jais
OH s'attendait si peu a reccvoir l'cl111cmi, que
ie Lranle-Las n'était fait sur aucun vaisseau, el
qll'lItle partie des équip8ges était aterre. L'a-
miral envoya des officiers pour faire rembar-
quer les matelots et pOllr rhlllir UIlr: partir: lle
CC\lX quí étaient sur les cOllvois. 11 IlC croyait
pas (lile ~elSOll os;lt l'attaqllcr le soi1' llH'me,
et il croyait avoir le temps de recevoir les rClI-
forts qll'il venait ele demander.


Nelson resolut d'attaqncr sllr-le-champ, et de
tr:nter \lne mancenvre andacicllse, de lacluclle
il espérait le succés de la balaille. Il vo¡¡lait
aborder notre liglle par la gal1c!le, c'est-a-dil'e
par l'llot d'Abollkir, passer entre cet lIot el
notre cscaLlre, malgré le danger des Las-fOlHls,
et se placer ainsi entre le rivage et notl'e liglle
d'emLossage. Cette m<lucenVl'e était périllt'lIse,
mais l'intrépide ;\nglais n'hésita paso Le llom-
bre des vaisseaux était égal d(·s dcux cótés,
c'est-a-dire de trcizc vaisscaux de haut-burd.
N elsoll attaqlla vers hnit lteures da soir. Sa
manceuvrc ne fut d'abord pas heureuse. J,e
('uIZoc/en, en voulalll passer entre l'ilot (1'.\UOII
kir et notre ligne, échona sur un Las - 1'011115.
Le (;olialh, flui le suivail, fut plus lll'ureux,
et pass a ; mais [l0¡¡ssé par le vent, il lkp;ts~,:t
notre premier \'ais~eall, el: He pul S'alTder




'lIl';'l la hautenr du troisihne. Les vaisseaux all-
glais, le Le/é, l'Audacieux, le Thdséc, l'Orioll,
sllivirenL le mouvemcllt, et réussirent ~l se pla-
cer entre notre ligue et le rivage. lls s'avance-
rent jllsqu'an Tomwllt, qui était le huitieme,
el engélgórellt aillsi notre gauche et notre
centre. IA~lIrs autres vaisseaux s'avallcerent
par l~ dehors de la ligne, et la mirent entre
deux feux. Comllle on ne s'attendait pas dalls
l'escadre frall(:aise a etre attaqué dalls ce sellS,
les batteries da coté c1u l'ivage n'{~taient ras
encore dégagées, ct nos dellx premiers vais-
seaux lle purent faire fen que d'Ull cot{~; aussi
run fut-il désemparé, ct l'antre dérrraté. Mais
au centre ou était I'Orient, vaisseau amiJ'al,
le fen fut terrible. Le Belléropholl, l\m des
principaux vaisscaux de ;Nelson, futdégréé,
délll<lté, et obligó d'amener. D'autrcs vaisscaux
allglais, /lOrriblement maltraités, fureut obli-,
gt'~s de s'é/oigner du champ de bataiUe. L'aml-
ral Rrueys n'avait re~u Clll'l1IlC partie de ses
malelots; cependant il se sontenait avec a\-aIl-
tage; iI espérait rneme, malgré le sllcces de
la mancrllvre de ~elsoll, rempol'lel' la victoire,
si les ordrcs qu'il donnait en ce llIument ;l sa
droite élaient exécutés. T"es Anghís ll'avaicnt
cngagé le combat tpl'avcc la gallche el: le CC11-
tr('; lIolre droitc, cümposé(' de nos cinc¡ meil-




140 nJivoLllTION FRA.N~AISE.
Jeurs vaisseaux, n'avait aneUIl ennemi devanf:
elle. L'amiral Brueys lui faisait signal de mettre
a la voile, et de se rabattre extél'ieul'ement
sur la ligne de bataille; eette manCX!uVl'e l'éllS-
sissant, les vaisseaux anglais qui nous atta-
quaient par le dehors, auraiellt été pris entre
deux fellx; mais les signaux ne furent pas
aper\;lls. Dans un (;as pareil, un lieutenant ne
uoit pas hésiter de cOllrir au daIlger, et de
voler au secours de son chef. Le contre·amiral
VilIeneuve, brave, mais irrésolu, derneura im-
mobile, attendant toujours des ordres. Natre
gauche et llotre centre resterent donc plac<'s
entre dellx feux. Cependant l'amiral et ses ca-
pitaines faisaient des prooiges de hravoure, et
soutenaient glorieusement l'honneur du pavil-
Ion. N OllS a vions perdu dellx vaisscaux, le5
Anglais allssi en avaient perdu dellx, dont l'un
était échoué, et ¡'autre di>rnaté; notre feu était
supérieur. L'illfortuné Brueys fut bIessé; iI ne
voulut pas quitter le pont de son vaisseau :-
« Un amiral" dit-il, doit mOllrir en donnant eles
ordres.ll - Un boulet le tua sur son bane de
quart. Vers onze heures le {eu prit au ma-
gnifique vaisseau l'Orient. Il sauta en l'air.
eette épouvantable explosion sllspendit pom
queIque temps cctte lutte acharnée. Sans se
laisser abattre, nos ciuq vaisseaux cugagés, le




DlRllCTOlRE (, 79S). r '':'
F'mnklin, le Tonnant, le Peuple,Solwerain, le
')lHlrtiate, l' Aquilon, soutinrent le fen ton te
la Huit. Il étatt temps encore pour notre droite
<le lever f:mcre, et de venir· a leuI' secoul's.
Nelson trernblait que celte mancenvre ne fút
exécutée; il était si maltraité qn'il n'aurait pu
sontenir l'attaque. Cepenclallt Villencnve mit
{mfill a la voile, mais ponr se retirer, et ponr
"auyer son aile, qu'il ne croyait ras pouvoir ex-
poser avec avantagc contre Nelson. Trois de
ses vaisseaux se jet<~rcnt a la cote; il se sauva
avec les dcux autres et cleux frégates, et fit
voile vcrs Malte. Le combat avait duré plus
de quinze heures. Tons les équipages attaqnés
avaient fait des prodiges de valenr. Le brave
capitaine Du Petit-T/wuars avait deux membres
emportés; il se fit apporter du tahac, resta sur
son bauc de quart, et, com me Brueys, attendit
d'etre emporté par un bonlet de canon. Toute
llotre escadre, excepté les vaisseallX et les dellx
frégates emmellés par Villeneuve , fut détruite.
Nelson était si maltraité qu'il ne put pas pOlll'-
suivre les vaisseaux en fnite.


Te11e fut la célebre bataille navale d'Abou-
kir, la plus désastrcuse qne la marine frall-
caíse cut encore soutenue, et celle dont les
Cfillséqllences militaires devaicnt ~tre les plus
t,! I1I''itcs, La flotte qUl avait porté les Fran~ajs




I :~). Jd:VOI.Fl'lO" FIl\,'C.\!~I·.
PII ]~gypte, qui pOllyait les seconrir 011 1 es r'c-
cmtel', qui devaít seconder leurs mouvell1enls
sur les cotes de Syrie, s'ils en avaient a exé-
en ter , qui devait imposer ;\ la Porte, la fOl'cer
;1 se payer de mauvaiscs raisons, et l'ohligCl'
a souffrir l'invasioll de l'l~gypte; quí t!evait
euflll, en cas de revers, rameller les Fraw,'ais
dans leur patrie, cette flotte élait détruítc. Les
vaisscaux des 11'rall\ais étaient brulés, mais ils
ile les avaient pas brulés clIx-memes, ce qui
était bien différent ponr l'e{fet moral. La IlOU-
"dIe de ce désastre circula rapidement en J;:gyp-
te, et causa un instant de désespoir á l'arlllée.
Honaparte l'e~:{lt celte llollvelle avec Ull calme
impassible. - Eh bien! dit-il, iL faut mourir
leí, ou en sortir grands comme les anciens. H
écrivit a Kléber : Ceci nOllS obligera a fail'c
de plus grandes dlOses que llOUS ll'en vouliolls
hirco II f~lUt nous tellir prets. - La gramIl' [une
de Kléber était digne de ce langage: --- ( Olli,
I'épondit Klébcr, il f'aut faire de grandes cho-
ses; je préparc mes jacultés. )) - Le courage <le
ces grallds homml's soutint l'armée, et en ré-
tablit le moral. Ronapal'te chercha a rlistrail'e
ses soldats par différcntcs expéditions, et leur
{it bientot oublier ce désastre. A la fete de la
fundation de ]:1 I'(~l)[jbli(p((', céléhl'éc le ,er
\'('!Hlpllliair<" i¡ "oulut ('II('(II'l' exallf'1' It'Uj' ima-




m!\FCTOlHE (J 79S).
:,~Ill~tiOIl; iI fit graver sur la colonne de Pom,
P('~(~ le nom des quarante premiers soldats morts
ClI I;:gyptc. C'étaient les quaraqte qui avaiellt
sllccombé en attaquanl Alexandrie. Ces qua-
rante noms sOl'tis des vilJages de France étaient
;¡insi associ<'~s á l'immortalité de Pompt"e et
¡J'Alexalldre. 11 adl'cssa ~\ son arméc cett<, sin-
guliere et grande allocutioll, oi! était rel racée
"a ll1cneilleuse histoire :


SOLD.US,


({ Nous célébroIls le premier jour de ]'an VII
, de la n'~puhlique.


(f Il Y a cinC{ ans, l'illdépenrlanee el Il peuple
C( frarH;ais était rnenacée; mais vous pdtes TOll-
e( lon, ce fut le présage de la ruine de vos ell-
" uernlS.


« LIl an aj)I'es, vous battiez les Autrichiens
(( a Dego.


« L'année suivallte, vous étiez sur le sorn-
« met des Al pes.


« Vous luUiel. contre l\IaIltoue, il Y a deux
(uns, et vous remportiez la célebre victoil'(~


(( de Saint-Georges.
« L'an passé, vons étiez aux sources de la


,( Dl'ave et de l'Izonzo, ele relour de l'Alle-
" rnaglle.


,: VIIi etlt. dit alol's qut' vous seriez aujolll"




T [¡/, ltEVOLllTl'ON FHAN(,:AISE.
le d'lllIi sur les bords da Nil, au centre de l'an-
" cien cOlltinent?


« Depuis l' Anglais, célebre dans les arts et
« le commerce, jusqu'au hideux et féroce Dé-
,( douin, vous fixez les regards dll monde.


« Soldats, votre destinée est belle, paree que
,( vous (hes dignes de ce que vous avez fait,
" et de 1'opinion que l'oll a de vous. Vous maur-
" rez avec honneur comme les braves dont les
" Iloms sont inscrits sur eette pyramide, OH
('- vous retournerez dans votre patrie, couvcrts
({ de lauriers et de l'admiration de tous les
« peuples.


« Depuis cinq mois que nous so mm es doi-
" gnés de l'Europe, Hons avons été l'objet per-
« pétuel des sollicitndes de nos compatriotes.
« Dans ce jour, quarante millions de citoyens
l( célebrent l'ere des gOllvernements représen-
« tatifs; quarante millions de citoyens pensellt
« ~l vous; tOIlS elisent : Cest a leurs travaux, a
l( leur saug, que llOllS elevons la paix générale,
(e le repos, la prospérité du commeree et les
c( bienfaits de la liberté civile. »




DTRECTOJRE (1798).


CHAPITRE II!.


Efft'l de l'cxp,",lition tl'Egypte en Europe, Conséquenees
funestes de la bataille navale d'Aboukil". - Déelara-
tion de guene de la Porte. - Efforts tic !'Anglctcl'1't'
pou!' former une nouvellc coalition. - Conférenccs
avee l'Autríche a Selz. Progres des négociations de
Rilstac!t. - ~()llvelles commotions en Hollande, en
SlIissc d dans les rt'/Hlblirlues italicnnes. Changement
de la cOlIstitlltion eisalpifle; grands embarras du dí-
'l'cctoire il ce sujct.-Situatio)J intérieuJ'c. Une nOllycllc
opposition "e pronnnc:e (Iflns les conseils.-Di"posíLioll
générale;'¡ la gnel'l'e. Loi sur l:t conscription. - Finan-
ces de l'an VII. - Reprise des hostilités. Invasion des
états romaills pal' I'armée napolitaine. - ConqlH\tc
<tu royaume de Naples par le général Championnet.-
Abdication du roí de Piémont.


1,'!:xPÉDITION d'Égypte resta un mystÓfc en
Europc !ong-temps encore apres le départ de
notrc flotte. La prise de :\Ialte commen<;a a


X. 10




146 nÉVOLvrION FItANyAISE.
fixer les conjectures. eette place réputée im-
prenable et enlevée en passant, jeta 5111' les ar-
gonautes frarH;,ais un éclat extraordinaire. Le
débarqllcment en Égypte, l'occupation d'A-
lexandric, la hataille des Pyramides, frappe-
rent toutes les imagínations eH France et en
Europe. Le nom de Bonaparte, quí a vait pal'll
si granel quand il arrivait des A l pes, pl'od lIisit
un effet plus singulier et plus étollllant encore
arrivant des contrées lointaines de ['Ol'ient.
Bonaparte et l'Égypte étaient le sujet de tontes
les conversations. Ce n'était ríell (pIe les pro-
jets exécutés; on en supposait de plus gigan-
tesques encore. Bonaparte a1lait, disait-oll,
traverser la Syric et l' Arabie, et se jeter sur
Constalltinople ou sur l'Inde.


La malhenreuse bataille el' Abollkir vint, non
pas détrllire le prestige de l'entreprise, mais
réveiller tOlltcs les espérances des enll!~mis de
la Franee, et hAter le sueces de leurs trames.
L'Angleterrc, qui était extremcment alarrnéc
pOllr sa pllissance cornmerciale, et qui ll'at-
tenclait que le moment favorable ponr tourner
contre nous de llonveaux enncmis, avait rem-
pli Constantinople de ses illll'ibues. Le Crand-
Seiglleur n'était pas facbé de voir punir les
l\lameluks, rnais il llcyotJ!ait pas pcrdre l'l~­
gypte. M. de Talleyr;llld, qui :\v;lit dt, se ren-




tire allpl'(:~s du divan pOlll' ItlÍ i'aire agn;l'1' des
satisfactiolls, n'('tait point partí. Les agellts de
l' Angleterre eurent le champ libre; ils persua-
dáent a la Porte que l'ambition de la Franee
était insatiaLlc; qu'apres avoir troublé rEu-
rope, elle vOllJait bouleverser l'Orient, et qll'au
mépris d'une antique allianee, elle venait en·
vahir la plus riche provincc de l'empirc turc,
Ces suggestions et l'or répandu dans le divan
n'auraient pas sllffi pour le décider, si la beUe
fIotte ele llrueys avait pu venir canOllller les
Dardanelles; rnais la bataillc d' Aboukil' priva
les Franc:;aís de tout lenr ascendant dans le
Levant, et donlla a I'Augleterre tIne prépon-
dérance décidée. La Porte déclara solennelle-
ment la gllel're a la Franee '1-, et, puur une
p1'ovinee penllle depuis long-temps, se brouilla
avec son amíe naturelle, et se lía avec ses en-
nemis les plus redoutables, la Russie et l'An-
glete1'1'e. Le sultan o1'<lol1na la rélluion d'lJne
a1'mée, pom alle1' 1'eeonquérir l'Égyptc. Cette
cireonstancc rendait singuliércment difficile la
position des Fra nc;ais. Séparés de la Franee, el:
privé s de tout seeou1's par les flottes victorieu-
ses des Anglais, ils étaient exposés en üutre a
voi1' fondre sur eux toutes les hordes de 1'0-


> 18 fnlctidol' an VI (ff sppt"lllhr(''¡
1 (j,




[/18 hh'OLl'TION Fp.AN~:ArSI'.
l'[ellt. Ils n'ét;1Íent que trente millr enVl1'Oll
pour lutter contre tant de pél'ils.


Nelson victor¡cnx vint a Naplrs 1'<1(10ul)(,1"
son eseadre ablm("e, et n~cevoir les hOllueurs
<In triomphe. J\Ialgré les traités 'lui liaieut la
conr de Napks á la 1"1'a11ce, pt (lui lUÍ Íntrrdi-
saiellt de f(nnnir aUClllI secours it nos Clllle-
mis', lous les ports et les challticrs de la Sicilc
[lIreu! ouverts ilSelsoJl. Lui-merne fnt acclleilli
avcc des honneurs exLraordinail'es. Le roí et
la reiue vinreJl!. le recevuir a l'entrée du port,
eL l'appelerellt le héros libérateur de la Médi-
~C!Tar}(;e. On se mil a <lire qne le tl'iol1lphc de
N e!s811 devait etre le sigIla t d 11 n~veil général,
que les puissances devaient profiter (Iu 1110-
ment oú la plns rec10utable arméc de la FraIlce,
et son plus granel capitaine, ét;ú(~llt clIf!'rmés
el! ]::gypte, pon!' marcher conirc elle, el re-
fUlller c!alls son sein ses so!c!als ('t ses pl'ill('ipes.
Les sll:<¡.;estions fnrcllt extrt~n¡e¡ilellL actives
aupri's (k tontes les COUl'S. On éCi'ivit en 1'os-
cane el en Piémont, pour rl'vci!ler leur haine
jusqu'ici cléguiséc. C'était le moment, disait-
on, de secollder la cour de Naples, de se li-


1,· I 1 gaer contl'c elltH'ml conllllUll, (I(~ se SOlltevpI'
10n5 ú la Cois sur les der!'it~I'es des FI'all(:'ais, el
de les é¿,orger d'IlIl bOllt it l';mtrp de la pé-
ninc,nle. On dil~l l'AHtriche 'jll'plk devait pro-




DI HECTOIHE (J 'J9g). 140
li!{'f <In momcnt oú les puissances italiennes
prendraiellt les l"raI1(;ais par derriere, pOllr
les attaqller par devant, et leur enlever 1'1t<1-
lie. La chose devait etl'e faeilR, car Eonaparte
et sa terrible armée Il'étaiellt plns sur l'Adige.
011 s'adl'essa a l'cmpire dé]lollillé d'unc partie
de S(~s étals, ct ]'l~dllit a dder la rive gauehe
du Hhill ; on rltereha a tirel' la Prusse de sa
Ilcutralité; eufiu 011 cmploya :mpres de Panl ¡er
les moyens qui pOllvaicnt agir sllr son esprit
ma!acle, el le décidel' a fOllrnir les SCCOllI'S,
si long-temps et si vainement promis par Cf:I.-
tberine.


Ces suggestiolls ne pouvaient manque!' d'e-
tre bien accueillies aupres de tOlltes les conrs;
rnais toutes n' étaient pas en mesure el'y céder.
Les plus voisines de la franee étaient les plus
irl'it{,(,s et le.'; plus disposées ~l refouler la ré-
yolatioll; mais par cela seu] qu'elles étai(~nt
plus rapprochées <111 colosse répuhEeaill , cl!cs
étai(~nt conLlamnt"l's aussl á plus de réserve el
de prudence, avant d'entrer en llltte avec lui.
La Russie, la plus éloignée de la Franee, la
moills exposée it ses \'ellgeances, soit par son
éJoigncment, soit par l'état moral de ses pcn-
pIes, (~tait la plus facile it dt;cider. Calherillt',
dont la politic¡ue habile avait teudu tonjm¡rs
a c0ll1p1itlUC1' la sittlatioll de l'Occidellt, soit




J 50 Rf~VOLlJTION FRAN~AJS"E~
pour avoir le prétexte d'y intervenir, soit pour
avoir le temps de faire en POIOgllC ce qu'elIe
voulait, Catherine n'avait pas emporté sa po-
litique avee elle. Cette politique est innée dans
le eabinet russe; elle vient de sa position meme :
elle pent ehanger de proeédés ou de moyells,
suivant que le souverain est astucieux ou vio-
lent; mais elle tend toujours au meme Lut, par
un penehant irrésistiLle. L'habile Catherine
s'était eontentée de donner des espéranecs et
des secours aux émigrés; elle avait p1'eehé la
c1'oisade san s envoye1' un soldat. Son succes-
seur allait sllivre le meme bu\:, mais avcc son
ca1'actcre. Ce prince violent el presqlle insensé,
mais du reste assez; généreux, avait d'abord
paru s\~carter de la politique de Catherine, et
refllsé (1' exécutcr h> traité d'alliance conclu avec
l'Augleterre et l'Autriche; majs apres eeHe dé-
viatioll d'UIl moment, ji était hientót l'eVCIlU
a la politiqne de son eabillct. 011 le vit donnel'
asile au préteudant, eL p1'endre les émigrés a
sa solde, apres le traité de Campo-Formio. On
lui persuada qu'il devait se faire le chef de la
I1(1)lesse européenne menacée par les démago-
gucs. La démarehc de 1'Or<11'e de Malte, qui le
pri t pOlir son protecteur, contribua a cxalter
sa h~te, et il l'lllLrassa l'idée qll'on lui propo-
~ail avec la Il}(~hilit{, ct l'anleur des priucc:;




DIRECTUI1l.R (J 798).
rnsse~. Il offrit sa protection a l'empire, et
voulut se porter garant de son intégrité. La
prise de Malte le remplit de colere , et iI offrit
la coopération de ses armées contre la France.
L' Angleterre triomphait donc a Saint-Péters-
bourg comme á Constantinople, et elle allait
hice marcher d'accord des ennemis jusque-Ia
i rl'éconciliables.


Le rncme úle ne régnait pas partout. La
Prusse se trouvait trap bien de sa neutralité et
de l'épuisement de l'Autriche pour vouloir in·
tervenir daIls la lutte des deux systemes. Elle
veillait sculement a ses frontieres du coté de la
Hollande el ue la France, ponr empecher la con-
tagion révolutionnaire. Elle avaÍt rangé ses ar-
mées de maniere a former une espece de cordon
sanitaire. L' empire, qui avait appris a ses dépens
a c()lI11altre la pllissance de la France, el qui
était ex posé á devenir toujollrs le théatre de la
guerre, souhaitait la paix. Les prillces dépos-
sédés ellx-mcmes la souhaitaicnt aussi, parce
qu'ils l~taieIlt assnrés de trouver des indemnités
sur la rive df'Oite; les princes ecclésiastiqucs
seu1:> , mcnacés de la sécularisatioll, désiraicnt
la guerreo Les puissances italiennes flu Pié-
monl et de la Tuscane ne demandaient pas
mieux (iu'une occasioll, mais elles tremblaient
salls la maill (le fer de la républiquc fl'aIH;aise.




152 RÉVOLUTJON FRAN¡;;AISL


Elles attendaient que Naplf's OH l'Autl'iche leor
rlonnat le signal. Quant a l'Autriche, (luní
qu'elJe fUt la mieux (lisposée des cours forman!.
la coalition monarchiqne, elle hésltait cepen-
dant avec sa lentenr ol'llinaire a prelldre Ull
parti, et Slll'tout elle craígnait pour ses peuples
déja tres-épnisés par la guerreo La Franct' luí
avait opposé deux républiques llouvelJes, );1
Su isse eL Rome, l'une sur ses flanes, l'antre en
ItaJie, ce qní l'irritait fort et la disposait tont-
a-faÍL a rentrer en lutte; mais elle auraít pass('
pal'-deSSlls ces llouvcaux envahisscments de la
coalition l'é¡mblicaillc, si 011 l'avait dédornma-
gée par quelques conquctes. C'est pOllI' ce but
qu'ellc avait propasé des conférCllCCS a Selz.
Ces conférences devaient avoir lieu dans l'ét(~
de ] 798, non loin du con gres de Hastadt, et
concurremment avec ce cOJ1grt's. Ue leur ré,~II¡­
taL d(~pelJdaient la détermÍnation de J'Autricll!'
et le succes des ef[orts tcntés pour formel
Ulle llollvelle coalítion.


Fran(,:ois de Ncufchateau {~tait l'envoyé choisl
par la Frauce. C'est pour ce motif qu'on avait
désígné la petite ville de Selz, a cause de sa
situation sur les Lords da nhin, llon loin de
Bastadt, mais sur la rive gauche. Cettc del
Iliere cunditioll ('¡ait 1l<'~cL':-,:-,ajl'c , parce q1l(, !;¡
('unstitutiull défeúdait au dil'ect(~lIl' surtaut lk




U1HECTomE (1798).
s't:dnigncr de France avant un délai hxé. 1\1. de
Cobelltzel avait É'lé envoyé par l'Autl'iche. Des
les premiers moments on put voir les dispo-
sitions de cette puissance. Eile vOlllait etre
dédommagé<" par des extensiOIlS de tcrritoire,
des couq1lt;les que le sysleme I'épublicain avait
fai/es ell Suisse et en Itnlie. La Franee voulait
n\'allt tont qll'on s'entellfllt sur l'événement de
V ienne, el que des satÍsfactions fusscu t accor-
dées pOli!' ['insnlte faite a llernadotte. Maís
l'Autriehe évitait de s'expliqller sur ce poíut,
et ajollJ'nait toujours cette partíe de la llégo-
ciation. Le négoeiateur franr,aís y revenait san<;
ccssc; du n~ste íi avait J'ordre de se contentel'
de la moindre satisfaetion. La France aurait
vouln que le ministre Thugut, disgracié en
apparcnce, le fút réellement, et qu'une sim-
ple démarchc, la plus insignifiante du monde,
fút faite allpres de Beruadotte, pOOl' réparer
l'outragc qu'il avait rcr,u. lU. de Coheutzel se
contellta de dire qm: sa cour désappl'Oll\'ait ce
qui s'(~tait passé Ú ~Vienlle , mais ii nc convillt
d'allCtlIlC satisfaction, ct iI continua (["insiste!'
sur les extensiolls de territoirc qu'il réclamait.
I1 (':tait clair que les satisfactions d'amour-
proprc lIe sel';\iellt accordées qn'autant que
c\:'lIes d'a 111 bitioll ,1IIraiCIl [ été oblulll ('s. L' A 11-
triclll' di~ai l qU(' l'iw;tilutiull de:. deux répu-




1 5!~ RÉVOLUTION FRANVAISE.
bliques, romaine et helvétique, el l'influcnce
évidente exercée sur les républiqucs eisalpine,
liguricnne et bata ve , étaient des violations d 11
traité de Cam po - Formio, et une altération
chmgereuse de l'état ele l'Emope; elle soute-
lIait qu'il fallait que la Francc aeconUt des
dédommagements, si elle vouJait qu'on lui
pardonuat ses derllieres usurpations; et pour
dédommagement, le négociateur autriehien
demandait de nouveIles provinces en Halie. Il
voulait que la ligne de l' Adige fUt portée plus
loin, et que les possessions autrichiennes s'é-
tcndissent jusqn'a l'Adda et au Po, e'est-;'¡-dire
que l' on donn:h a l'cmpereur une grande moi-
tié de la république eisalpine.lYI. de Cobentzel
proposait de dédommager la république eisal-
pine avee une partie du Piémont; le surplus
de ce royaume aurait été dormé a l'archiduc
de Toscane; et le roi de Piémont aurait re<,;u
en dédommagement les états de I'.Églisc.Ainsi,
au prix d'lln agrandissement pOllr lui en Lom-
bardÍe, et pOllr sa famille en Toscane, l'em-
perenr aUl'ait sanctionné l'institution de la ré-
publique helvétique, le renversernent dn pape
et le démembrement de la monarchie dll Pié-
monto La Franee ne pouvait consentir a ces
propositions par une fouJe de raiSOllS. D'abord
elle ue pouvait démclIlbl'cr la Cisalpillc a peine




formée, et replacer sous le joug autrichien des
provinces qu'elle avaít affranchíes, et aux-
quelIes elle avait promis et faít payer la li-
berté; enfin elle avait, l'année précédente,
condu un traité avec le roi de Piémont, par
lequcl eIle luí garantissait ses états. Cette ga-
ralltie était surtout stipulée contre l'Alltriche.
La Frailee ne pouvait done pas sacrifier le Pié-
monto Aussi lcranc;ois de Neufeh;'Heau ne put-
a adhérer allX propositions de M. de CoLentzel.
Un se sépara san s avoir rien conclu. Aucune
satisfaction n'était accordée pour l'événement
de Vienne. l\l. de Degelmann, qui devait etre
cnvoyé a París COHlllle amLassadeur, n'y vint
pas, et on déclara que les deux caLinets con-
tinueraient a cOl'respondre par leurs ministres
au con gres de Ra"tadL Cette séparation fut
gélléralemell t prise pOllr une espece de rupture.


Les résolutíons de l'Antriehe furent évi-
demll1ent fixées des cet instant; mais avant
de recommencer les hostilités avec la Franee,
elle voulait s'assurer le concours des princi-
pales puissanees de l'Europe. ]\1. de Cobentzd
partit ponr Berlin, et dut se rendre de Ber1in
a Saint·PétersLourg. Le Lut de ces conrses était
de coutribner avec l'Allgleterre a former la
lIollvelle coalitioll. L'(>mpereur de Russie avait
l'lIvlJ}é ú Berlin 1'1I11 des plus importallts pel'-




156 m1voLuTION FltAN~:AISr:.
sOIlIlages de son cm pire , le prinee Replllli,
l\I. de Cobentzel devait n\mir ses efforts a
ceux du priuce Hepnin et de la légatioll au-
glaise, pour elltralner le jeune roi.


La Franee, de son eótó, avait cnvoyé l'uu de
ses plus illllstres eitoyens á BerlilJ; c'était
Sieyes. La réputation de Sieycs avait {-té im-
menso avallt le regnc de la convelltioll . .Elle
s'était évanouie sous le niveall dll comité de
salut publico On la vit rCllaitre tout-a-eoup,
10rs(1'le les existen ces pUl'ent recoml11cneer
leurs progrcs naturels; et le nom de Sicyes
étalt redevenll le plus granel nom ele Frallce,
apres celui de Bonaparte; car en FraIlee, une
réplltation de profondeur est ce qui pl'oduit le
plus d'effet apres UIle grande réputatioll mili-
taire. Sieyes était donc l'lIn des clel1x granel:;;
persollllages du temps. TOlljoUt·s J)()ll(l;llll: eL
frondant le r-ouverncmCllt, llon ¡-¡as comnle


,J


Bonaparte, par ambitioll, mais par 11lll1leur
contre UIle cOllstitutioll flu'ilu'avait pas faite,
il ne laissait pas que d'etre importuno On 1:'1It
l'idée de lui donner une amhassade. C'était
une eccasion del'éloigner, de l'ntiliser, etsur-
tout de lni fournir rles moyclls d'cxi"tence. La
révolutioTl les luí avait enlevés tmIs, el! abolis-
sant les bénéfices ecc1ésiastiqucs. t: Ile grande
ambassade permcttail de les lui remIre. L,




DlRECTOII\E (17~)B). IJ;'
plns grande était eclle de Berlill, cal' 011 Jl'a-
yait el' envoyés ni en Autriehe, ni en Russie,
ni en Angleterre. Berlin était le théatre de
toutes les intrigues, et Sieyes, quoique pell
proprc au maniement des affaires, etait celwn-
dant un obscl'vateur fin et súr. De plus, sa
grande renommée le rendait partieulierement
propn' a rcpréscnter la Franec, surtout <lupres
de l'Allemagne, a laquellc iI cOIlvenait plus
qu'a tont autre pays.


Le roi Be yjt pas arriver avee plaisir dans
ses états un n'~volutionnaire si célebre, cepen-
dallt ilu'osa ras le refuser. Sieycs se comporta
;tVec mesure et dignité; il fut re<{u de lll('Ulf',
mais laissé dalls l'isolement. Comme tous nos
clIvoyés ~t l'étrangcr, iI était observé avec
süin, et pour aiIlsi dire séqnestré. Les Alle-
lllands {·tai(~lIt fo1't curieux de le voir, mais
ne l'osaiellt paso Son illflllcnee sur la cour de
Berlin élait Hulle. C'était le senLÍnlent de ses
illtt~rets, qui seu! iuspirait le roi de Prussc
coutre les instaucé'S de l'Angletel're, de l'Au-
triche et de la nussie.


TalHlis qu·en Allemagne on travaillait a dé-
eider le roi de Prllsse, la cour de Naplcs,
pleine de joie et de témérité depnis la victoire
de l'f dson, faisait des prépar~1 tiÍs ill1111enSeS de
gllE'I'I'C, ct redoublait ses soliicitatiol1s aupres




158 JI ¡::VOT,UTTON FR ,\.NCA 1ST'.
de la Toscane et dll pj{~mont. La Frunce, par
une espece de complaisance, lui avait laissé
occuper le duché de Bénévent. Mais eette con-
cession ne l'avait point calmée. Elle se flattait
de gagner a la prochaille guerre une moitié
des anciens états du pape.


Les négociations de Rastadt se poursuiyaient
avec succcs pour la France. Treilhard, devcnu
directeur, et Bonaparte parti pour l'Égypte,
avaient été remplacés au congres par Jeall De-
bry et Roberjot. Apres avoir obtenu la ligne
du Rhin, il rcstait a résoudre lIne foule de'
questions rnilitaires, politiques, commcrciales.
Notre députation était dcvenue extrt~mern(,lIt.
exigeante, et demandait beaucoup plus qu'elle
n'avait droit d'obtenir. Elle voulait d'abord
toutes les Hes du Rhin, ce qui était un article
important, surtout sons le rapport milit:lÍrc.
Elle voulait ensuite gardcr Kehl et son ler1'i-
toire, vis-a-vis Strasbourg; Casscl et son tCl'l'i-
toire, vis-a-vis Mayence. Elle vonlait que le
pont commercial entre les detlx Brissach [út
rétabli; que einquaute arpents de terrain nou~
fussent accordés en face de l'ancien pont de
Hllningue, et que l'importante fortercsse
d'Ehrenbreitstein {Ut démolie. Elle demandait
ensuite que la navigation du nhin, et de tous
les flellves d'Al1ernagnc aboutissant an Hhin,




nTnECTOlnE (1798). (:)~)
fút libre; que tous les droi Ls du péage fllsspnt
abo lis; que les marchandises fussent, sur les
deux rives, soumises a un meme droit de
dOllane; que les chemins de halage fussent
conservés, et entretenllS par les riverains. Elle
demandait enfin l/Ile derniere eondition fo!'t
importallte, e'est que les elettes des pays de
la ~ive gauehe eédés a la Franee, fllssent trans-
portées sur les pays de la rive droite, destinés
a etrc donllés en indemnité.


La députation de l'empirc répondit avec
raisan que la ligne du Rhin devait présenter
une sur·eté égale aux deux nations; que e'é-
tait la raison d'une súreté égale, qui avait été
surtant allégllée, pour faire aceorder eette
ligne a la Franee; mais que cette súreté n'cxis-
terait pI us pour l' AlIemagne, si la Franee gar-
dait tOllS les points offensifs, soit en se réser-
vant les lles, soit en gardant Cassel et Kchl,
et cinquante arpents vis-a-vis TTuningue, etc.
La députatian de l'empire ne VOlllllt done pas
admettre les demandes de la France, et pro-
posa pour véritable ligne du partage, le that-
weg, e' est-a-dire le milieu da principal bras
navigable. Toutes les Hes qui étaient a droite
de cette ligne devaient appal'tenir a l'AlIellla-
gne, toutes eelles qui étaient;\ gauche devaient
appartenir a la Franee. De eette maniere, on




[(¡ü nÚVOLUTION FRAN0AISJ·:.


pJa~ait entre lps deux pellples le véritahle
obstacle qui fait d'un fleuve une ligne mili-
taire, e' est-i:t-clire le pri ncipal bras navigable.
Par suite de ce príncipe, la députation deman-
dait la démolitioll de CJssel et de 1\.eh1, et
I'ei'llsait les einquante arpellts vis-á-vis BUllin-
gue. Elle ne voulait pas quc la Franec conser-
v:tt aueun poillt offensif, lorsque l'Allclll:!¡)w
les pel'dait tous. Ellc rcfusait avec moills de
raison la démolition d'Ehrcnbreítstein, qui
dait incompatible ;tVec la súreté de la ville de
Coblentz. Elle accordait la libre navigation du
Hhill, maís elle la demallclait pour toute raen-
tIlle ele Gon cours, et voulait quc la FraIlce
oblige:hla république batave á rcconnaltre
eette liherté. Quant a la libre lI:lVigation eles
Hellves ele l'illtéricnr de l' Allernagne, cct article
dépassait, disait-ellc, sa compótcllce, et regal'-
dait chaqac état indiviclud!clIlent. Elle acco)'-
dait les chemins de haLlge. Elle voulait qlle
tout ce qui était relatif aux péages et á lene
abolition fút renvoyé á un traité de commerce.
Eilevoulait enfin, relativement aux pays de la
rive gauche céd(~s a la France, que Icurs dettes
restassellt a leuI' chaI'ge, par le principe que
la elette suit son gage, et que les biens de la
noblesse ímmédiate fussent considérés comme
pl'opriétés particlll ieres, et cOllservps a ce




IJIRFCTOlltE ., 17~)tl)-
títrf'. La dóputatioll demalldait accessoil'cmcllt
que les troupes fraIH;aises évacuassellt la rive
droite, et cessassent le blocns d'EhrenLreit-
stein, parce qu'il rédllisait les habitants a la
famine.


Ces prétentions contraires donnerent lieH
Ú Ulle suite de notes el de contre-llotes, pen-
dallt tout l'été. Enfln, vers le mois ele velHlt':-
llliaire an VI (aoút et septembre 1 798 ~" 1('
thalw('g fut admis par la déplItatioll fran(;ais('.
Le principal Lras ll:lvigable fut pris pom li-
mite entre la France et l'Allemagne, et les
'¡¡es durent Ctre partagées co'nséquemment it
ce príncipe. La France consentit á la dómol i tion
de Cassel et de Kehl, mais elle exigea l'ile de
Pettcrsau, qui est plaeée dans le Hhín a petl
prcs a la hallteur de Mayence, et qui est d'U1l('
grande imporlance pour eette place. L'empirc'
gE'I'lllaniqlle COllsclltit de son coté il la démo-
litian d'EhrenIJreitstein. La libre llavigatiotl
dn Hhin et l'aholitioIl des péagcs fnrent accol'-
dées. Jl restait a s' cntendre sur l' établisseme!ü
des ponts commerciulIx, sur les hiens de la
noLlesse imrnédiate, sur l'application des lois
de l'émigratioIl dan", les pays céclés, et Sllr
les dcttes de ces pays. Les princes séclIliers
avaicnt déclaré qu'il fallait faire toates les
concessions compatihle<.; avec 1'liOnneuJ' ct la


x. 11




1 ()2 lÚ,VOLUTION J'HAN(,;AISE.


súreté de l'empire, afin d'obtenir la paíx, sí
nécessaire a l' Allemagne. Il était évidelll q (J e
la plupart de ces princes voulaicnt traiter; la
Prusse les y engageait. QuaIlt a l'Autriche, elle
commenr¡ail: ;1 montrcr des dispositions toutes
contraircs, et il exciter le ressen timent des
prínces eccl<"siastiques contre la marche des
négociations. Les députés de l'empire, tout eH
se pronon<;ant pour la paix, gardaient cepen-
dant la plus grande mesure, par la crainte que
leur causait l'Alltriche, et louvoyaient entre
celle-ci et la l)russe. Qllant aux ministres fran-
¡;;ais, ils l110ntraient une cxtn;me roieleur; ils
vi vaient it part, et dans UIle cspéce d'isolemellt,
comme tous nos ministres en Europe. Telle
était la situation du con gres a la fin de l' été
de l'an VI (1 79f\),


Pendant que ces événements se passaient
en Oricnt et en :Europe, la France, toujours
charg¿'e dll süin de diriger les cinq rélmbliques
instituécs autonr d'elle, avait en des soucis
san s fin. C'étaient des difficultés continuelles
pour y diriger l' esprit public, pour y faire vi-
vre nos troupes, pour y mettre d'accord nos
ambassadeurs avec nos généraux, pour y main-
tenir enfin la hOllne harmonie avec les états
voisins.


Jlrcsquc partolltil ;¡vait [aUu fain> comme




IllIllcCTOlIUc (179))). 163
en France, c'est-a-dire, apres avolr frappé sur
un parti, frapper hielltot sur 1'autre. En Hol-
lande OH avait exéeuté, le 3 pluviose ( 22 jan-
vier), une espccc de 18 fructidor pour écarter
les fédéralistes, abolir les anciens réglements,
et dOllncr an pays une eonstitution unitaire,
a pell pr¿~s semblable á eelle de ]a F'ranee.
l\Iais eette révolution avai t tourné beaneoup
trop an profit des d<"mocrates. Ceux-cl s'étaienl
emparós ele tous les pouvoirs.Apl'cs avoir ex-
cln de rassemblt~c nationale tons les députés
(luí lClIr paraissaient Sllspects, ils s'étaient
t'llx-rl1(:mes constítll(~S en clireetoire et en deux
conseils, salls reeouril' ~l dp nouvclles élee-
tions. Ils avaient VOUlll par la imiter ]a eon-
vention nationale de Franee, et ses fameux
décrets des 15 et 13 fmetidor. Ils s'étaient en-
ti(~I'emellt elllparó depuis de la direction des
af[aires, et ils sortaient de la ligue oú le di-
rectoire fi'all(~ais YOlllait maintcllil' tmltes les
républiques cOllfiées ;1 ses solns. Le général
Daendels, 1'1Il1 eles homn1('s les plus distingués
du parti modéré, vint á P;:¡ris, s'clltendit avcc
nos dil'cctenrs, el: repartit ponr alter en ITol-
]ande porter aux démocratcs le conp qll'onleur
avai t récernmcllt port('~ ;, París, en les excluant
du corps législatif par les scissiol1s. Ainsi, tont
ce Cjn'on fai5ait en France, il f'll1ait immédía-


Ir.




'(¡'í n I~VOLrTI01\' FHA \c.uSI..
remen t arres le répécter dans les états qUÍ c1t';·
pendaient rl'elle. JOllbfTt eut ordre d'appnycr
Daend~ls. Celui-ci se réllllit aux ministres, ct
avec le seconrs des troupes bataves et fraw::ai-
ses, dispersa le directoire et les consf'ils, forma
un gOllvernemcnt proyisoire, et fit onlonnel'
.le Ilouvelles élections. Le ministre de FI'~lIlcr ,
Delacroix, ({ni :lvait appl1yé les démocratcs,
fn t rappelé. Ces sccnes prod llisil'ent lem effcl
accontllmé. On 11C manqlla ras de dire que les
constitlltions répllhlicaines ne pOllvaient mar-
cher seu les , qu'á chaq"e instant il fallait le le-
vier des ba'iollllettes, et que les IlO\lYCaUX ('tal.>;
se trouvaicnt SOtlS la dépelldance la p1I1S com··
pletc de la France.


En Suisse, l'établissement de la l'(~¡)Ubl¡(Jl1(~
une et indivisible n'avait ras pn se [arre sans
combats. Les petils cantolls de Sdmitz, Zu¡.;·,
Glaris, excité s par les pl'(itr('s et les ari~l()crates
suisses, avaient juré de s'OppOSPl' Ú l'ac!optioll
du régimc nouveau. Le général Schaucmbourg,
sans vouloir les réJuire par la force, avait ill-
terdit tOllte cornmunication des autres cantolls
avec cellx-ci. Les petits cantoIls réfractaircs
coururent allssitot aux armes et envabircnt Lu-
cerne, ou iIs pillerent et dévasterellt. Schaucrn-
bourg marcha sur eux, et apres quelques como
hats opini:'tlrcs, les rédnisit ~I dem;:tnr!rr la p;li',




lJ1llléCTOl1U \ 1 7~)t)/. J G:l
Le gage de eette paix avait été l'acceptation de
la cOllstitlltion nouvelle.ll fallut employer anssi
le fer et meme le fen pOlir réprimer les pay-
sans du Haut-Valais, <¡ui avaient fait une des-
cente dans le llas-Valais, dans le hut el'y réta-
blir leur dornillation. Malgré ces olJstacles, en
prail'ial ( mai J 79H ), la constltlltion était par-
¡out en vigueur. Le gouverllemcnt helvétiql!<'
était réuni a Arau. Compasé d'UIl directoire
et de deux conseils, il eommenl,:ait a s'essayer
dans l'administratioll du pays. Le nOllvcau eom·
missaire fl'alH;ais était Rapinat, heau-frere de
Rewhell. Le gOl1vernement helvétique devait
s'cutcndre ave e RapiIlat ponr l'arlministratioll
des affaires. Les eirconstances renuaícnt eette
auministration diffieile. Les pretres et les aris-
tocrates, postés dans les montagnes, épiaient
le moment favorable pour soulever de BOU·'
vealJ la popl¡]atiOlJ. Il fallait se tenir en garde
cuntre eux, llourrir et satisfaire l'arIJIPe fran-
<{aise qu'on avait a leur opposer, orgalliser I'ad-
ministratioll et se mettre en mesure d'exister
bientot d'une maniere indépemlallte. Cette tao.
che n'était pas moins difficile puur le gouver-
nement helvétiq ue que pour le eOllll1lissaire
francais placé aupres de lui.


II était Jlaturel qUE: la Franee s'emparat des
eaisses appartenant aux allciens cantons :I1'is-




IG6 1\¡.:VOUiTlON FH,U;\:AIS¡c.
tOCl'atiques, pour payer les frais de la guerrc.
L'argent con ten u dans les caisses, et les appro-
visionnements renfermés clan s les magasins
formés par les ci - devant cantons, lui étaien t
indispensables pOLlr faire vivre SOll artnée. e' é~­
tait l'exercice le plus onlillaire dlt droit de
conqncte; elle aurait pu sans dOlltc rellonee!'
á ce dl'oit, mais la nécessité la fOff.:ail. d'ell llser
dans le momento Rapinat cut llom; orrlre de
mettre le scellé sur toules les caisses. Beau-
coup de Suisses, meme parmi ceux lllli avaient
souhaité la révolution, trollvcl'ent fUl't mall-
vais qu'on s'empar;\t du pécule et des magasill5
des anciens gouvernements. Les Snisscs sunt,
comme tOllS les mOlltagnards, sages et bra ves,
mais d'une extreme avarice. lis voulaient bien
qu'on le u!' apportat la liberté, qll'OIl les dé·
harrassat de leurs oligarques, mais ils ne VOl!'
laient pas faire les frai . ; de la guerreo Tandis
(Ine la HollaIHle et rItalic avaicnt souffert,
presque sans se plaindre, le fardeall énorme
des campagncs les plus longlles et les plus dé-
vasta trices , les patriotes suisses jeterent les
hauts cris pour quelques millions dOllt 011 s' em·
para. Le direc toire helvétiquc fit d!) son cóté
apposer de Ilouveaux scdlés ~!lr ceux (l'lÍ V('-
naient d'etre apposés par Hapinat, el protesta
ainsi eontre la mesure qui lI1eltait les caisses




OlHECT01HE \,17yB). IG'}
a la dispositioll de la Frauce. Rapinat fit SUl'-
le-ehamp enlever les scellés du directoire hel-
vétiquc, et Jéclal'a a ce directoire qu'it était
borné aux fonctiolls administratives, qu'il ne
pouvait rien COlltt'C l'aLJtorit(~ de la Franee, et
qll'i:t l'ayenir ses loís el ses décrets n'auraient
de vigueur qu'autant qu'ils ne contiendraienl
rien de eontraire aux arretés el u cOTllmissaire
et du général fran({ais. Les ennemis de la ré-
volution, et il s'en était glissé plus d'un dans
les eonseils helvétiques, triompherent de eeHe
lutte et erierent a la tyrannic. lis dirent que
leur indépendance était violée, et que la ré-
publique frau({aise, qui avait prétendu leur ap-
porter la liberté, ne leur apportait en I'{~alité
que l'asservissement et la misereo L' opposition
ne se mallifestait pas seulemellt dans les eon-
scils, elle était aussi tlans le directo ir e et dans
les autorités locales. A Lucerne et a Berne,
d'anciells aristocrates occupaient les aclminis-
tl'ations i ils appol'taient des obstacles de toutc
espece a la levée des quinze millions frappés
sur les anciennes families nobles pou!' les be-
soins ele l'armée. Rapinat prit sur lni de pm-
gel' le gouvernement et les administrations
helvétiques. Par une lettre du ::>.8 prairial ( 16
juin J, il demanda au gouvernement helvétique
la délllissioll de deux dircetems. les nommés




¡(;;-; B 1;\'UL[ITIO,'í 1'1: .p;r: \1,,1.
¡by el Pfiffer, eeHe du ministre des affaires
étl'allgeres, et le renouvellement des ehambres
administratives de Lueel'l1e et de I~erne. Cette
demande, faite avec le ton d'llIl ordre, ne
pouvait etre refusée. Les démissioIls fnrent
données sur-le-ch:uIIp; maÍs la rudesse av('c la-
quelIe se conduisit llapillat fit élever de llOll-
veanx eris, et mÍI tous les torts de son cóté. II
compromettait en effet son gOllvernement, en
violant ouvertement les formes ponr faire des
changcments qu'il eut été faeile d'obtenir par
d'autres moyens. Sur-Ie·ehamp, le direetoire
franc;ais éerivit au direetoire beIvétiqllC ponr
désapprouver la condnite de Rapinat, et ponr
donner satisfaetion de eette violation de tontes
les formes. Rapinat fut rappelé; néanmoins les
membres démissionnaires demeurerent excluso
Les conseils helvétiques l1ommerent, pour l'em-
placer les clcux' directenrs démissiouuaires,
Ochs, l'auteur de la constÍlutioH, et le co!ollel
Laharpe, le fréredu gélléral mort en Halie, run
des auteurs de la révolutiotl dll canton de Vaud,
et l'un des eitoyens les plus probes et les mieux
intentionnés de son pays.


Une allianee offensive et défensive fut con-
clue entre les répllbliques helvétique et fran-
c;aise le 2 fructidor (19 aoút). D'apres ce tl'aité,
eeHe des deux priissanccs qui était en guerre,




DIl\ECTOIIl E (\ 1 '7'JH. It)~ I
;lvait droit de requérir l'interventioll de l'alltre,
el: de lui demander un secours, dont la force
devait etre déterminée suivant les cireon-
stances. La puissance requérante devait payer
les tronpes f(¡urnies par l'autre; la libre na-
vigation de tons les fleuvcs de la Suisse et de
la France était réciproqucment stipu1óe. Deux
routes devaient etre ouvertes, I'une de Frailee
a la Cisalpine, en traversant le Valais et le
Simplon, l'autre de France en Souabe, en re-
montant le Rhill et en suivaIlt la rive Ol'ien-
tale du lac de Constance. Dans ce systeme des
républiques unies, la Franee s'assurait deux
grandes routes militaires pour se remIre dans
les états de ses alliés, et etre en mesure de
déboucher rapidement en Halle Oil en Alle-
mague, Ou a dit que ces deux routes transpor-
taien t le théatre de la guerre dans les états
alliés. Ce n'étaient pas les routes, mais 1'al-
liance avec la France qui exposait ces états a
devenir le thé;1tre de la guerreo Les routes
n'étaient qU'1l1l moyen d'accourir plus tot et
de les protéger a temps, en prenant l' o[Úm-
sive en Allemagne ou en Halie.


La ville de Geneve fut réunie a la France ,
ainsi que la ville de l\Iulhausen. Les haiHiages
italiells, qui avaient long-temps hésité entre
la Cisalpine et la n'publique helvétiqlle 1 se dé·




170 lLÉVOLUTION E'ltAN(,:USJ;.


c1arerent pour cellc-ci, et voterent leur l'éu-
n ion. Les ligues grises, que le directoire au-
rait voulu réul1ir a la Suisse, étaient partagées
en deux factions rivales, et balanc;:aient entre
la domination autriehicnne et la domination
helvétique. Nos troupes les observaíent. Les
moines et les agents {~trangers amen eren t un
nouveau désastre dans l'Underwalden. lis nrent
soulever les paysans de eette vallée contre les
tl'Oupes frall<;:aises. Un combat des plus achal'-
nés eut líen a Stanz, <"t i1 faUnt mettre le fen a
ce malheureux bourg pour en chasser les fa-
natiques qui s'y étaient établis.


Les memes difficultés se présentaient de
l'autre coté des Alpes. Une espece cl'anarchie
régnait entre les sujets des nouveaux états et
leurs gouvernements, entre ces gouvernements
ct nos armé es , entre nos amhassadeurs et nos
généraux. C'était tlne épouvanlable coufusion.
La petite république ligllrielllle était acharnée
contre le Piémont, et voulait a tOllt prix y intro·
dnire la révolutioIl. Granel nombre de elémo-
erates piémontais s'étaip,nt réfugiés dans son
sein, et en étaient sortis armés et organisés,
ponr faire des incursions dans leur pays, et cs-
sayer d'yrenverser le gouvernement royal. Une
autre hande était partie du eoté de la Cisalpine,
et s'était avancée par Domo-d'Ossola. Mais ces




'7 I
telltatives furent repotlssées, et une fou1e ele
victimes inutilement sacrifiées. La républiqlle
ligurienne n'avait pas renoneé ponr eela a har-
celer le gouvernernent de Piemont; elle rc-
cueillait et armait el€) nouvcanx réfugiés, et
vonlait elle-mellle [tire la gnerre. Notre mi-
nistre á Genes, So1Ín, avait la plus grande
peiue á la contenil'. De son coté, noire mi-
nistre a Turin, Gillguené, n'avait pas moins
de peine a répomlre aux plaintes continueilcs
<1u Piérnont, et a le moclérer dans ses projets
de vengeance contre les patriotes.


La Cisalpine était dans un désordre effrayant.
Bonaparte en la constitllant n'avait pas eu le
temps de calculer exacternent les proportions
qu'il aurait faUn observe1' dans les divisions du
te1'ritoire et dans le nombre des fonctionnai-
res, ni ti' organiscr le régime municipal et le
systeme financiero Ce petit état avait a lui seul
deux ccnt qllarante rcprésentants. Les dépar-
tements étant trop nombreux, il était dévoré
par une multitude de fonctionnaires. Il n'avait
aucun systcrne róguliet' ct uniforme d'impOts.
Avec une richesse considérable, ii n'avait point
de finan ces , et il pouvait· a peine suffire a
]layer le subside convenu pour l'entre1Íen de
lIOS armées. Du reste, sous tons les rapports,
la coufusion était au comble. Depuis l'exclu-




¡ 7), ItÉVULUTION FHANt,:US¡':.
sion de quelques membres dn cOllseil, proIloll-
cée par Berthier, lorsqll'il avait fallu faire ac-
cepter le traité d'alliance avec la France, les
révolutionnail'es l'avaieut empol'té, et le lan-
gage des jacobins dominait dans les couseils et
les clubs. N otre arméc secondait ce mouve-
ment et appnyait toutes les exagérations.
Rrune, apres avoir achevé la somnissioll de la ,
Sllisse, était retourné en ltaIie, ou iI avait re«;;u
le commandement général de toutes les troupes
fran9aises, depuis le départ de Berthier pour
I'Égyptc. Il était a la tete des patrio tes les plus
véhéments. Lah.oz, le commalldant des troupcs
lombardes, dont l'organisation avait été com-
mencée sous Bonaparte, abondait dans les
memes iclées et les memes sentiments. Il cxis-
tait, en ontre, d'autres callses de désordrc
dans l'inconduite de nos officiers. lIs se com-
portaient dans la Cisalpínc comme en pays
conquís. Ils maltraitaicnt les haLitants, exi-
geaient des logements qui, d'apres les traités,
ne leur étaient pas dus, dévastaient les liellx
qu'ils habitaient, se permettaient souvent des
réquisitions comme en lemps de guerre, ex-
torquaient ele l'argent des administrations lo-
cales, p uisaient dans les caisses des villes saIlS
alléguer aUCllne espece de prétexte que leur
bon plaisir. Les commandants de place exer-




1I11tFCTOlllE ~r79H,. ,,.,';
l:aiclIt surtout des exaetions intolérables. Lt'
eommandant de Mantoue s'était pcrmis, pal'
exemple, d'affermer :1 son profit la peche dI!
lae. Les généraux proportionnaient leur exi-
genee a lenr grade, et inclépendamment de tout
ce qu'ils extorquaicnt, ils 6isaicnt avec les
comp:1glJics des profits scandaleux. CcHe (l'll
était charg¡'~c d'approvisionner l'armée en Ita-
lie, abandonnait aux états-majors quarante
pour cellt de bénefice; et 00 peut juger par la
de ce qu'elle devait gagnel' pour f~lire de pa-
ff~ils aV<lllt;¡ges a ses proteeteurs. Par l'effet
des désertiolls, il n'y avail pas claus les rangs
la moitié des hommes portés sur J es états, de
maniere que la république payait le double de
ce qu'elle amait duo Malgré toutes ces mal-
versations, les soldats étaient mal payés, et
la solde du plus grand nombre était arriérée de
plusieurs mois. Ainsi, le pays que Hons ocen-
pions était horriblement foulé, san s que nos
soldats s'en trouvassent mieux. Les patriotes
cisalpins toléraicnt tous ees désordres sans se
plaindre, paree que l'état-major lem pretait
son appm.


ARome, les choses se passaient mieux, Lit,
une commission, eomposée de Daunon, Flo-
rent ct Faypoult, gouvernait avee sagesse et
prohité le pays affranchi. C('S trois hommes




'7(1 Itl~VOI,nTTON FRA N<:;AISE.
avaient composé Ulle constitution qui avait
été aooptée, et qui , sallf quelqucs différences,
et les noms qui n'étaient pas les memes, res-
semblait exactement a la constitution fran-
c:;aise. Les directeurs s'appelaient des consuIs,
le conseil des anciellS s'appelait le sénat; le se-
cond conseil le tribunat. l\Iais ce n'était pas
tout que de donncr une COl1stitution, il fallait
la mettre en viguenr. Ce n'était pas, comme
OH aurai L pu le croirc, le fanatisme des Romains
qui s'opposait a son établissement, mais lcur
paresse. n n'y avait gllt're d'opposants que
dans quelques paysans de l'Apcnnin, pousscs
par les moines, et dll reste faciles a soumettre.
Mais il y avait dan s les habitants de Rome,
appclés a composer le consulat, le sénat et le
tribunat, une insouciance, une inaptitude ex-
treme au travail. n fallait de grands efforts
pOllr les décider a siégel' de deux jOlll'S I'un,
et ils voulnient absolument des vacan ces pour
l'été. A ceHe paresse il faut joindre une inexpé-
rience et une incapacité absolues en fait d'ad-
ministratioIl. Il y avait plus de úle dans les
Cisalpins, mais c'était dn úle sans lumieres el
sans mesure, ce qui le rcndait tout allssi fll-
neste que l'insouciancc. Il était a craindrc que,
des le départ de la commissioll fr:lw;:;¡jsc, le
gOllvernemcu t i'umain tomh:\t ell disso!utioll,




D1IlFCTOInE (179l:\)· 17::'
par l'inaction ou la retraite de ses mcmbres.
Et cependant on aimait beaucollp les places
;'1 Home, on les aimait comme on le fait dans
tout état sans industrie.


La cornmission avait mis fin it tOlItes les
malversatiolls qlli avaient été commises an
premie!' moment de notre entrée a Rome. Elle
s'était empal'(~e de la gestioll des finances, et
les dirigeait ave e probité et habileté. Faypoult,
qui était un administratenr integre et capable,
avait établi pour tont l'état romain un systeme
d'impóts fort bien entcndu. Il était parvel1ll
ainsi á suffir'c aux besoins de notre arméc; il
avai t payé lotl t l'arriéré de solde non-seu[emen t
a l'armée de Rome, mais encore á la division
cmbarquée a Civita-Vecchia. Si les finances
eussent été conduites de la meme maniere dans
]a Cisalpinc, le pays n'eút pas été foulé, et
nos solda Is se [[lssent trotl vés dans l'abondance.
L'aulorité militairc éta;t á Rome entiercmellt
soumise a la commission. Le général Saint-Cyr,
qui avait remplacé Masséna, se distinguait par
une sévere probité; mais partageallt le goút
d'autorité qui devenait génél'al chez tous ses
camarades, iI paraissait mécontent ti' etre sou-
mis a la commission. A l\IiJau surtont, OH
était fort prll satisfait de tout ce qui se faisait
~ ROllw_ Les rlémocrates italif'TI,'" étaient irrités




I.-:¡i IdvOLflTIO:\ FIL\i\TA;Sr.
¡


de voir l(~s démocrates romai liS, allllld ('·s O!l
contenus par la cOlllmission. L'état-major (rall·
~:ais, duquelrelevaient les divisions statioIlnées
á H.ome, voyait avec peine une riche partie des
pays conquis lui éclwpper, et sOllpirait aprés


le moment Ol! la commissiOl1 quilterait ses
fonctions.


Gest á to1't qu'on ferait [lU clirectoire fral1-
'{ais un reproclw du (Msordrc qni l'égl1ait dalls
les pays alliés. Ancunc volonté , si fortc qu'elk


[ut, n'anrait pn empecher le débordemcllt dc';
passioJls qui les t1'ouhlaient; et quant allX cxac-


tions, la volonté de Napoléon lui-mcrne n'a pas
réussi a les empecher dan;; les provinccs COll-
Lluises. Ce qU'UB seul indiviJu, pleill <le génir~
et de vigueur, n'aurait pu exécuter, un gou-


vernement composé dc cinq membres, ct pIad'
~l des distances irnmenscs, le pouvait Cllcore
rnoins. Cepcndant iI y avait dans la majorit(\
d~ notrp directoirc, le plus graJl(1 zólf~ ;( a~sll­
rer le Lien-etre des T10uvdles rp¡mbliques, et


la plus vive in<1ignaüon contre l'insolcnce et


les concussions des généraux, contre les vols


rnanifestes des com pagnies. Exccpté llarras,


qui était de moitié dans tOtlS les profits dps


compagnies, qui était l'espoir de tons les


bronillons de ~Iilan, les quatr~ autrC's dircc-
tpurs (lénolH:-aient ;1yeC la plus grande ("llel'giv




ce qui se faisait en ltalie. Larévcllicre surtout,
dont la sévere probité était révoltée de tant
de désordres, proposa au direetoire un plan
qui fut agréé. Il voulait qu'une commission
eontinuih a diriger le gouvernernent romain,
et a eontenir l'aulorité militaire; qu'un ambas-
sadeur [út envoyé a Milan, pour y rcprésenter
le gouyernernent fraw:;ais, et y enlever toute
inflncnce a l'état-major; que cet ambassadeur
[út chargé de faire a la eonstitution eisalpine
les ehangements qu'elle exigeait, comme de
réduire le nombre des divisions locales, des
fonctionllaires publies, et des membrcs des
conseils; qu'enfin cet ambassaclcllr eút pour
adjoint un adrninistrateur, capable de créer un
systeme d'impot et de eomptabilité. Ce plan
fut adopté. Trouvé, naguere ministre de Franee
á Nap!es, et Faypoult, l'un des memBres de
lacomlnission de Rome , rurent cllvoyés a Mi-
lan pOlIr exécuter les mesures proposées par
Larévcll iere.


Trouvé devait, aussit6t qu'il scrait arrivé a
M.ilan, s'entourer des hommes les plus éclairés
de la Cisalpine, et convenir avec eux de tous
les changements qn'il était néeessaire de faire
soit a la constitution, soit au lwrsollnel dn
gouvernement. Il devait ensnite, qualld tous
ces changemenls seraient ;uretés, les f::rir('


\ l~




178 n~:VOLUTION FR,\Nf,:AISE.
proposer dans les conseils de la Cisalpine, par
des déplltés a sa dévotion, et all besoin les
appayer de l'autorité de la Franee. 11 devait
eependant cacher sa main autant qu'il serait
possible.


Trouvé, rendu de Naples a lHílan, y fit ce
qll'on lui avait ordonné. Mais le secret de sa
mission était difficile a gan}er. On suL bientul
qu'il venait changer la constitution, et surtout
réduire le nombre des places de toute espece.
Les patriotes, qui sentaient bien, a la con-
duite de l'ambassadeur, que les réductions
porteraient sur eux, étaient furieux. JIs s'ap-
puyerent sur l'état-major de l'arméc, fort Ín-
disposé lai-meme contre l'autorité nouvel1e
qu'il lui fallait subir, et on vit s'établir une
luUe scandalellse entre la légation franvaise el
l'état-major fran<.;ais, entourédes patrio tes ita-
liens. Trouvé et les hommes qlli se rendaicnt
chez lUÍ, furent dénoncés avec une extreme
violenee dans les eonseils cisalpins. On pré-
tendit que le ministre franpis venait violer la
constitlltion, et renouveler 1'un de ces actes
d'oppression que le directoire avait exereés
sur toutes les républiques alliées. Trouvé es-
suya des désagréments de toute espece, de la
part des patrio tes italiens et de nos of6ciers.
Ceux-ci se conduisirent avec la derniere illdé-




UTllECTOInE (1798). 179
cence, dans un ba1 qu'il donnait, et y callsc-
rcnt le plus grand scalldale. Ces seenes étaient
dóplorables, surtout a cause de l'effet qu'elles
produisaient sur les ministres étrangers. Non-
sculement on lenr donnait le spectacle des
plus ftlcheuses divisions, mais on les insultait
dans les dlners diploma tiques , en buvallt, a
lcur face, a l'extermination de tous les rois.
Le plus véhément jacobinisme régnait a Mi-
lan. Brune et Lahoz partirent pour Paris, afin
d'aller se ménagcr l'appui de Barras. Mais le
directo ir e ,averti d'av<lncc, était inébranlable
dans ses résolutions. Lahoz cut l'ordre de re-
partir de París, a l'instant méme ou iI arri-
vait. Quant a Rrune, iI lui fllt preserit de
retourner a Milan, et d'y coneourir aux chan-
gements que Trouvé a11a1t faire exéeuter.


Aprcs avoir accompli les diverses modifica-
t10ns néccssaires a la constitution, Trouvé as-
sembla chez lui les députés les plus sagcs, et
les leur soumit. lIs les approuverent; mais le
déchalnement était si grand, qu'ils n'oserent
pas se charger de les proposel' eux-memes
aux dcux cOllscils. Trouvé fllt done obligé de
déployer l'autorité fraw;:aise, et d'exercer os-
tensiblement un pouvoir qu'il anrait vouln ca-
cher. Du reste, peu importait, au fonu, le
modc employé. n eút {~té absurcle a la France,


I '},




I Ha H h'OI.UTlON l'RANQAISlc.
qui avait créé ces républiques llollvellcs ct
qui les faisait exister par son appui, de ne pas
profiter de sa force pour y établir l'ordre
qu'elle croyait le meilleur. Le facheux était
qu'elle n'eút pas hit le mieux possible des le
premier jour et en une seule fois, afin de ne
plus etre obligée de rcnonvcler ces actes de sa
tOllte-puissance. Le 30 aoút (13 fructidüI' an VI),
Trouvé assembla le directoire et les dellx con-
seils de la Cisalpine; il leur présenta la nOll-
velle constitution et tOl/tes les lois administrati-
ves et financieres que Faypoult avai t prép;¡rées.
Lesconseilsétaientrédui ts de dellx cen tqual'allte
a cent víngt membres. Les individlls ~l COllSer-
ver dan¡¡ les conseils et le gouvernement étaient
désignés. Un systcme d'impots rógulier élait
établi. Il y avait des impots persolluels el ill-
directs, systeme qu'on essayait d'établir dalls
le moment en France, et qlli déplaisait ueall-
coup aux patl'ioles. Tous ces changements fu-
rent approuvés et adoptés. Brune avait été
obligé de fournir l'appui des troupes franc;ai-
ses. Aussi la cotere des patriotes cisalpins fut-
elle vaine, et la révolution se fit sans obsta-
eles. Il fut décidé en outre, qu'une pl'ochaine
convocation des assemb lées primaires aUI'ait
lieu, pour approuver les challgelllenLs faits a
la conslitntiou.




IHItFCTllll\E !, J 798 J" l8 ¡
La tache de Trouvé était achevée; mais le


gouvernement fran~ais voyant le soulevemcnt
que ce ministre a vait excité, pensa q u'iI n' é-
lait pas possible de le laisser dims la Cisalpine,
qu'il fallait lui donner llIle autre ambassaue,
et enYoyer a ~Iilalt un homme étrangcr allX
dCl'niCres querelles. 1\Ialheureusement le di-
l't'ctoire se laissa irnposer un eÍ-elevant mern-
hre des jaeobins, qlli était devcnu un SOllp!(,
et Das eourtisan de Barras, qui avait été asso-
cié par luí an trafic des compagnies, et pIaeé
sur la VOle des honneurs; c'était FOllChé, dont
Barras surprit la nomination a ses collegues.
Fouché partit pour remplacer Trollvé, et ce-
luí-el dut se rendre a Stuitgard. l\lais Brune,
profitant du départ de Trouvé, se permit,
avec une audace qui n'est explicable que par
la liceuee militaire ql1i régnait alors, dc faire
a 1'0uvragc du ministre de Franee les plus
graves challgelllents. 11 exige a la démission de
trois des directeurs nomJ1lés par Trollve; il
changea plusieurs ministres, et fit différelltes
altérations a la constitutiou. L'un des trois di-
recteurs dont iI avait demandé la démissiOll ,
Sopranzi, ayant eourageusemellt refusé de la
dOlluel', iI le 11t saisir de force par ses soldats,
el :ll'raclwr du palais <In gouvernement. II se
Idta cllsuite de cOllvoquer les assemblées pri-




1 Eh nÉVOLUTlON FHANt;;AISE.
maires, ponr lenr faire approllver l' cenvre de
Trouvé, modifiée comme elle venait de l' etre
par lui. Fonché, qui arriva dan s cet intervalle ,
aurait dli s'opposer a cette convention, et ne
pas permettre qu'on fit sanctionner des chan-
gements que le général n'avait pas eu mission
de faire; mais iI laissa Brune , agir a son gré.
Les modifications de Tronvé, et les moclifica-
tions plus récentes de Brune, furent appron-
vécs par les assemblées primaires, soumises
a la fois au pouvoir militaire et a la violence
des patriotes.


Quand le directoire fran<{ais apprit ces dé-
tails, il ne faiblit point. Il cassa tOllt ce qu'a-
vait fait Brunc, iL le destitua, et chargea Jon-
bert d'aller rétaLlir les choses dans l'état ou
les avait mises Trouvé. Fouché fit des objec-
tions; iI prétendit que la constitution UOll-
velle, étant approuvée avec les challgemcnts
que Brune y avait apportés, iI serait d'un mau-
vais effet d'y revenir encare. 11 avait raison,
et il gagna meme Jaubert a son avis. Mais le
directoire ne devait pas souffrir de pareilles
hardiesses de la part de ses gónéraux, et sur-
tout il ne devait pas leur permettre d'exercer
un pareil pouvoir clans les états alliés. Il rap-
pela Fouehé lui-méme, qui, de eeHe maniere.
He passa que peú de jours dans la Cisalpillc.




mBECTOIHE (179H). 183
et i1 ordonna le rétablissemcnt intégral de la
constitution, telle que Trouvé l'avait faite al!
110m de la Franee. Quant aux individus aux-
q uels Brune avait arraché lenl' démission, on
les engagea a la renouveler, ponr éviter de
nouveaux ehangements.


La Cisalpine resta dOlle eonstituée comme
le dil'ectoire avait voulu qu'eIlc le fút, sauf la
dcstitution de quelques individus changés par
Brune. l\lais ces ehangements continuels, ces
tiraillcments, ces luttes de nos agents eivils el
lllilitaircs, étaient du plus déplorablc effet,
dl~courageaient les nouveaux peuples affran-
chis, déconsidéraient la répnblique -mere, et
pronvaient la difficulté de maintenir tous ces
eorps dans leur orbite.


Les événements de la Cisalpine furent gra-
vement reprochés au directoire, cal' il est
d'usagc de tout changer en griefs contre un
gouvernement qu'on attaque, et de lui faire
un crime des obstacles meme qu'il rencontre
dans sa marche. La double opposition qui
commenc;ait a reparaitre dans les conseils at-
taqlla diversement les opérations exécutées en
italie. Le theme était tout simple pour l'op-
position patriote : on avait commis un aUen-
tat, disait - elle, contre l'indépendanee d'une
république alliée; OIl avait memc eommis une




18,'1 H ÉVüLl, '[ION FHA ,\ (,:AIS E.
j l1[ractioIl aux lois fra lH,:ai ses , cal' la const j tu-
lion cisalpinc qu'on venait d'altórer était ga-
raBtie par un traité d'alliance, et ce traitó,
approuvé par les conseils, 11e pouvait etre Cl1-
freint par le directoire. (Juant a l'opposition
cOl1stitutionnelle, ou 1ll0délÚ~, il t':tait naturel
de s'attendrea son approbatj()J1 plut()t qU'il ses
reproches, paree que les c1wngcllIents f1Íls
dans la Cisal pine étaicnt dirigés contn~ les pa-
¡riotes exclusiI:'i.l\Iais dans eelle partie de 1'op-
position se trouvait Lucien Bonaparte. Il
cherchait des sujets de querelle au gouverne-
ment, et il croyait d' ailJeurs devoir défcndre
l'cenvre de son frere, attaquée par le Jiree-
toire. Il cría, comme les patriotes, que l'indé-
pendance des alliés était altaqllée, qne les
traités étaient violés, etc.


l,es dellx oppOSitiOllS se prononyaient plus
Ollverternellt de jour en jO[lI'. El/es COllllllen-
(:aient a contester au dil'ectoire ccrtaiues at-
trilJUtious dOllt i1 avait été pourvu par la loi
du I9 fructidor, et dOllt il avait quelquefois
fait usage. Ainsi eette loi lni donnait le oroit
de fermer les clubs, OH ele supprimer les jour-
llallX, dont la direetioll luí paraltrait clauge-
reuse. Le direetoire avait fermé quelques dllb~;
devenus trop violellts, Oll 5uppl'im{~ que/qucs
journaux qui avaient dOlllj(': des llonV('l!ps




fausses f't imaginées évidemment dan s UllC
intention mnlveillante. II y eut un journal, en-
tre autres, qui préteIldit que le directoire allait
réunir a la Franee le pays deVaud : le direc-
toire le supprima. Les patriotes s' éleverent
contre cettc puissanee arbitraire, et demande-
rent le rapport de plusicurs des articles de la
loi du J 9 fructidor. Les conseils décideren t
que ces articles resteraient en vigueur jusqu'a
l'(~tablissemellt (¡'une loi sur la prcssc; et Ull
travail fut oruonné pour la préparation de
celte loi.


Le directoire essuya égalcment de fortes
cOlltradictions en maticre cite finances. 11 s'agis-
sait de clore le budget de I'an VI (I 797' 1798),
et de pro po ser celui de l'an VII ('798-1799)'
Celui de l'an VI avait été fixé a 616 millions;
lila ¡s sur les 616 millions, iI Y avait eu un dé-
ficit de 62 milliolls, et, outre ce déficit, un
arriéré cODsidérable dans les rentrées. Les
créanciers, malgré la solennelle promesse d'ac-
quitter le tiers consolidé, n'avaient pas été
payés illtégralemellt. Oll décida qu'ils rece-
vraient en paiemcnt de l'al'l'iéré, des bOllS rc-
cevables en acquittement des impots. Il fallait
fixer sur-lc-champ le budget de l'an VJI, chlls
Jequel on allait entrer. Les dépenses furent
JITetécs a 600 rnilliolls, salls la suppositioll




18G nÉVOLUTION FItAN';;AISE.
d'une nouvelle guerre eontinentale. Il falIut ré-
duire les eontributions fOllcÍere et personnelIp,
heaucoup trop fortes, et élever les impots du
timbre, de l'enregistrement, des douancs, etc.
On décréta des eentimes addítionnels pour les
dépenses locales, et des octroís aux portes des
villes pour l'entretien des h6pitaux et autres
établissements. Malgré ces augmentations, le
ministre Ramel soutint que les impots ne rcn-
treraient tont au plus qu'aux trois quarts, a
en juger par les années précédentes, et que
c'ótaít les exagérer beallcoup que de portcr
les rentrécs cffectives a 450 OH 500 milliolls.
H demanda done de nouvelles ressourees, pour
eouvrir réellement la dépense de 600 míllions;
il proposa un impot sur les portcs et fenetres,
et un ¡mpot sur le sel. Il s'éleva a ce sujct de
violentes cOlltestations. 011 d{~eréta l'impot sur
les portes et fenetres, et 011 prépara un rapport
sur l'impot du sel.


Ces eontradictions n'avaíent ríen de facheux
en ellcs-memes, mais elles étaient le symptome
d\me haine sourde, a laquel1e il ne fallait que
des malheurs publies pour éclater. l.e direc-
toíre, parfaitement instruit de l'état de l'EtI-
rape, voyaít bien que de nouveaux dangers se
préparaient, et que la guerre allait se ral1l1-
mer sur le cOlltiilent. 11 He pouvait gucre plus




lllRECrOIRE ([ 798).
en dOlJter au mouvement des différents cabi-
nets. Cobcntzel et Repnin n'avaient pu arra-
cher la I1russe a sa neutralité, et l'avaient
quittée avec un granel mécontentement. Mais
l>aul I er , complétement séeluit, avait stipulé
un traité d'alliance ave e l'Autriche, et on di-
sait ses trotlpes en marche. L'Autriche armait
avec activité; la cour de N aples ordonnai t
l'enrolement de toute sa population. Il eut été
de la plus grande imprudence de ne pas faire
de préparatifs, en voyant un pareil mouve-
ment, depuis les bords de la Vistule jUSqU'il
ceux dll Volturne. Nos armées étant singulie-
rement diminuées par la désertion, le direc-
toire résolut de pourvoir a leur recrutement
par une grande institution , qui restait encore
a créer. La convention avait puisé deux fois
dan s la population de la France, mais d'une
maniere extraordinaire, sans laisser de loi per-
manente pour la levéc anuueIle des soldats. En
mars 1793, elle avait ordonné une levée de
trois cent mille hommes; en aoút de la meme
année, elle avait pris la grande et belle réso-
lution de la levée en masse, génération par
génüation. Depuis, ]a république avait existé
rar cette mesure seule, en for<:ant a rester
sous les drapeaux ceux qui avaient pris les
armes il cette époquc. Mais le feu, les mala-




¡ (-{ti HI,VOLLTlOJ'oI FI\,\N~:AI';E.
tites en avaient détrllit un grand nombre; le<
paix en avait ramené un grand nombre encore
dans leurs foyers. On n'avait délivré que dom"e
mille congés, rnais iI y avait eu dix fois plus de
déserteurs; et il étai t difficile el' etre sévcre cn-
vers des hommes qui avaicut dMeIH!It pelldant
sixannéesIcurpatrie,et qui !'avaicnt fiút triolll-
pber de l'Europe au prix de ¡eur sango Les C~l'
dres restaicllt, et ils étaient excellents. Il fallait
les remplir par de nouvelles levé es , et pren-
tire, non pas une mesure extraordinaire et
temporaire, mais une mesure géll(~rale ('t per-
manente; il fallait relldre une Ioi, enfin, guí
devint, en quelque sorle, partie inhércnte de
la constitution. On imagina la eonscription.


Le général Jounlan fut le rapporteur de eeHe
loi grande et salutaire, dont OH a abusé comme
de toutes les choses de ce monde, mais quí 11' en
a pas moins sauvé la Frallce et porté sa gloire
all comble. Par cetle loi, chaq lIC FraIH:ais fllt
déclal'é soldat de droit, pendant une époque de
sa vie. Cette époquc était de v ingt a vingt-einq
alls. Les jeunes gens arrivés a cet ttgc étaicnt
partagés en cinq classes, annécs par annécs.
Suivant la nécessité, le gonvcrncment appc-
bit des hommes en commell<;ant par la pre-
miere clas5e, celle de villgt allS, et par les plus
¡cunes de chaque classe. 11 potlvaít sllccessi\'t'




DlIiFCTOIHF. \ 179t) í.
ment appelcr les cinq c1asses, au fnr et a
mesure des besoins. En temps de paix, les
cOllscrits étaicnt obligés de servir j usqu'á Yingl-
cinc¡ ans. Ainsi la clurée du ser'vice des solc1ats
variait d'llne année á cinC{, suivant qu'ils
avaient été pris de villgt-cimJ á vingt am. En
temps de gU{'l'rc, cctte durée était illimitée;
c'était an gouverllement Ú déJivrer des congés,
quand il croyait le pouvoir sans inconvénieul.
11 n'y avait d'cxemptioll d'aucl1ne espece, ex-
cepté ponr ceux qui s'¿'taient mariés avant la
loí, Ol! qlli avaient déjá payé leur detle dans
les gllcrres précédentes. Cette loi pOlll'Yoyait
ainsi allX cas orclinaires ; mais dans les cas ex-
tramdinaires, lorsque la patrie était décIarée
en danger, le gouvernement avait droit, comme
en 93, sur la popnlation entiere; et la levée
cn masse recommelH;:ait.


ecLte loi fut adoptée saIlS opposition, et COI1-
sidérée cornme I'une des plus importantes créa-
tíons de la révolution ". Sur-le-champ le direc-
toire demanua á en faire usage, et réclama la
levée de deux cent mille conscrits, pour COJll-
pléter les armées et les mettre sur un piee!
respectable. Cette demande fllt accoI'dée pal'
acclamatioDs le 2 vendémiaire an YIl (23 sep-
It'rnbre J798). Bien que les dellx ()ppositioll~


'EII,' fllt )'('lIfl,,(' 1,' H) fl'lwtidol';I" re ('J ".'"t,·mrm·'




I ~~)() miVOLllTION FflANr"AISE,
cOlltl'ariassent souvent le directoire, par hu-
Hleur ou jalousie, cepelHlan t elles voulaient
que la république conservat son ascendant en
présence des puissances de l'Europe. Une levée
d'hommcs exige une Jevéc d'argent. Le dirce-
toirc demanda, en sus du hudget, 125 millioI1s,
dont 90 pour l'équipement de dcux eeut mille
conscrits, et 35 pour réparer le dernier dé-
sastrc de la marine. La question était de savoi r'
ou on les prendrait. Le ministre Ramcl pro uva
que les Lons pour le remLoursement des deux
tiers de la dette étaient rentrés presquc en to-
talité, qu'il restait 400 millions en Liens na-
t Íouaux, lesquels étaient liLres par cOIlséquent,
ct pouvaient etre consaerés aux nouveaux. Lc-
soins de la répnbli.que. On décréta en eonsé-
quenee la mise en vente de 125 millions de
Liens l1atiol1aux. Un donzieme devait etre payé
eomptant, le resle en oLligations des acqué-
reurs, négociables á voJonté, et payables suc-
cessivemcnt dans un délai de dix-huit mois.
Elles devaient porter intéret a cinq ponr eent.
Ce papier pouvait équivaloir a nn paiement
all comptant, par la facilité de le donner aux
compagnies. Les biens devaient etre venclus
huit fois le revenn. Cette ressource ne fut pas
plus contesté e que la loi de rccrutemcnt, dont
,'\le était la conséqnence.




DlRECTOi!iE (I'inH). !<)I 1-;) / <-
Le directoire se mit ainsi en mesure de I'(~­


pondre aux rnenaces de l'Enrope, et de soute-
ni!' la dignité de la république. Deux événe-
ments de médiocre importancevenaient d'avoir
lieu, 1'11n en Irlande, l'autre a Ostende. L'Ir-
lande s'était soulevée, et le directoire y avait
envoylS le général JIumhert avec rruinze cents
hommes *. Malbeureusell1ent un envoi de foncls
que devait faire la trésorerie ayant ¡~té retardé,
une se conde division de six miUe hommes,
commandéc par le général Sarrazin, n'avait pu
mettre a la voile, et Humbcrt était resté sans
applli. Il s'était maintenu long-temps, et assez
pour pl'onver que l'arrivée du renrort attenda
aurait changé enticrement la face des cllOses.
l\1ais, apres une suite de combats honorables,
il venait d' etre obligé de mettre bas les armes
avec tout son corps. Un échec de meme na-
ture, essuyé par les Anglais, venait de com-
penser cettc perte. Les Anglais veIlaient par
intervalles lancer queIques bombes sur nos
ports de l'Océan. lis voulurcnt faire un dé-
barquement a Ostende, pou~ détruire des éclu-
ses; mais, poursuivis a outrance, coupés de
leurs vaisseaux, ils furent pris an nombre de
dellx mille hommes.


* 11 dc"barqua le 5 frlletidol' (~~ aOllt; et fllt battu f't fait
pri;,olltlit'r le ?? (R septembre) par le gl'w;ral Cornwalis.




r :l" JÜ:VOLCrrON FH AJ'iL\iSL
nien que I'Autriche eút cOlltracté une al-


]iauce avec la Russie et avec l'Angletcrrc, et
qu'elle put compter sur une armée russe et slIr
uu subsíde anglais , néanmoills elle hésitait cn-
core a rentI'er en llltte avec la r(~publiqlle frau-
caise.L'EstnagIlP, (fui voyaít avec l)cine l'illcen-
!l y '1. ...


die rall[[mt~ sur le cOlltinellt, et qui craignait
également les progrés du sysleJlH:' réplIolicain
et sa ruine, cal' dans un cas elle pouvait etre
révollltionnée, et dans l'autre punie de son
alliance avec la France, rEspagne s'était inter-
posée de nonveau pOllr calmer des adversaires
irl'ités. Sa m!'>diatioll, en provoquant des dis-
cussions, en faisant naltre quel(lue püssioihté
d'arrangement, amenait de nouvelles hésita-
tions a Vienne, ou du moins de nouvelles len-
teurs. A Naples, oú le úle était [lIribolld, on
t~tait indigné de tout délai, et on voulait trou-
ver une maniere d'engager la luttc, pou!' forcer
}' Autriche a tire!' le fer. La folie de cette pctite
conr était san s excmple. Le sort eles Hour!Jons
était, a cette époqlle, d'etre conduits par leurs
femmes a toutes les fautes. On en avait vu
trois a la foís dans le merne cas : LOllís XV 1,
Charles IV et Ferdinand. Le &ort de ]'infortullé
Louis XVI cst conIlll. Charles IV et Ferdinand,
q uoique par des Yuics diff(relltcs, étaiellt en-
Ir;¡lnés, par la \lH~me inflnence, á un(~ minI'




D\l\ECTOII\E (¡ 70H). 1 ~)'t
im~vitable. On avait fait prendre au pellple ele
.Naples la cocarde anglaise; Nelson était traité
~()mme un dieu tutélair~. On avait ordollué
la levée du cinquieme tIe la p()1~H11ation, espece
d'cxtravagauce, cal' il eút snffi d'en bien armer
le cinquaJltienH~, pOlI!' prendre rang parmi les
lHl;s~a¡¡ccs. Chaquc couvent devait fcul'uir un
cava1ier éc¡uipé; Ulle partie des biells da dcrgé
avait (',té mise en vente; tous les impots avaiell t
¡~~té dOllbl(~s; enfin ce faiseur de projets mal-
helll'cllx, dont tOIlS les plans militaircs avaient
:iÍ. mal r{~ussi, eL que la destinéc réservait ~l
des revers d'une si étrange espcce, .:\Iack avait
.~té demandt~ á Naples pour etre mis ;\ 1.1. tete
<le l'armée napolitaine. On luí déccrna le triom-
phe avant la victoire, et 011 lui donna le titre
de libél'ateur de l'Italie, le meme qu'avait porté
Ilollap;¡rte. A ces grands lIloyens on ajoutait
des llellv:¡i/l(~S :'t lous les saínls, des prieres a
saín! Jally¡pr, ct des suppliccs contl'e ceux qui
élaient soup\,olll1és de partager ks opinions
fl'<llH;aises.


La petite ('our de Naples continuait ses in-
trigues (~ll Piélllont el en Toscane. Elle voulait
que les Piémontais s'insurgcasscllt sur les dcr-
... ¡iTes de l'armée qui gardait la eisalpille, ct
les 'foscans sur les d(~rrieres de ceHe 'luí gar-
,hit n():ll,~. L(;:; !'\apolitaillS ;\!!l'aicnt pl'Ofit¿~ rk




194 RÉVOLUTION FllANy.o\.ISE.
l'occasion ponr attaquer de front l'armée de
Bome; les Autrichiens en auraient profitó aussi
poul' attaquer de front celle de la Cisalpine,
et on augurait ue toutes ces eombinaisons,
que pas un Franc;ais ne se sauvel'ait. Le roi de
Piémont, princc religiellx, avait quelques
scrupules a cause du traité d'alliance qui le
liait a la Franee; mais on lui disait que la [oí
promise a des oppl'esseurs n'engageait pas, et
que les Piémontais avaient le droit d'assassiner
jusqu'au uernier Franc;ais. Du reste, les seru-
pules étaient moins ici le véritable obstacle,
que la surveiUance rigoureuse du directoire.
Quant a l'arehiduc de Toseane, il manquait
cutierement de moycns. Naples, pour le dé-
cider, promettait de lui envoyer une arméc
par la flotte de Nclson.


Le directoire, de son coté, était sur ses garues,
etil prenaitsesprécautions. Larépllblique ligu-
ríenne, toujours acharnée coutre le roí de Pié-
mont, avait enfin déclaré la guerre a ee prince.
A une haine de príncipes se joignait une vieille
haine de voisinage; et ces deux pe tites puis-
sanees en voulaient -venir aux mains a tont
prix. Le díreetoire intervint dans la querelle,
:ignifia a la répll blique ligurienne qu'iL fallait


. poser les armes, et déclara au roí de Piémont
qu'iL se ebargealt de maintenir la lranqnillité




TJIRFCTOIRE (1798).i ~,")
"bns ses états, mais que, pour cela, il fallait
qu'it y oecupat un poste important. En con-
séquence, ii lui demanda de laisser occuper
par ses troupes la citadelle de Turin. Une
pareille prétention n'était justifiable que par
tes craintes que la cour de Piémollt inspirait.
H y avait incompatibilité entre les anciens
et les nOllveaux états, el ils ne pouvaient pas
se fier les uns aux autres. Le roí de Piémont
fit de grandes remontrances; mais iI n'y avait
pas moyen de résister anx demandes du direc-
toire. Les FraJl(;ais occuperent la citadelle, d
commencerent sm-le-champ 11 l'armer. Le di-
rectoire avait détaehé l'armée de Rame de eelle
de la Cisalpine, et lu i avait donné ponr la corn-
mander, le généraL Championnet, qui s'était
distingué sur le Rhin. L'armée était disséminée
dans toul I'état romain; il Y avait dans la
Marche d'Ancone qnatre a einq mille hommes
eommandés par le général Casa·Bianca; le gé-
néral Lemoine était avee deux ou trois miIle
hommes sur le penchant opposé de l'Apennin,
vers Terni. Macdonald, avcc la gauche, forte de
cinq mille hommes a pea pres, était répandu
sur le Tibre. lL y avaít a Rome une petite ré-
serve. L'armée dite de Rome était done de
quinze a seize mille hommes au plus. La né-
cessité de surveillcr le pays, I't la difficulté d'y


')
1.).




J9() 1~¡':VOLlJTl()~ I'li.'\NC\I~iF.
vivre, nous avaicnt obligés dI' dislwrser noo,
troupes; ct si un cnnemi actíf et bien secoudé
avait SIl saisir l'occasion, il allrait pu faire re-
pentir les Fran<;aís de leuT' Ísolcment.


On comptait heaucollp snr cette cifcon-
stance a Naples; on se flattait de suqwcndre
les Fran\ais et de les détruire en détail. Qlwllc
gloire de pl"cndre l'illitiativc, de remporter le
premier SHCCeS, et de forcer enfin l'Autriche a
entrer dans la carriere, apres la llLi avoir on-
"erte! Ce furent la les raisono, qui engagerent
la cour de Naples a prendrc l'itlitiative. Elle
espéra que les Frall(,'aÍs scraient faeilernell!
haltus, et que l'Autriche ne pourrait plus hé-
siter, quand une fois le fer serait tiré. J\L ue
Gallo et le pritlce nelmonte - Pigllatelli, qui
connaissaient uu pen mieux l'Europe et les af-
faires, s'opposaient ;t ce qn' Oll pl'lt l'initiative;
mais 011 refusa d'écoutcr lcul's sagcs conscils.
Pour décider ce pauvre roi, et l'arracher a ses
inllocentes occupatiolls, on snpposa, dit-on,
une fansse lettre ele l'empereur, qui provoquait
le commencement des hostilités. Des lors les
ordres de marche furent donnés pOllr la fin
de novemhre. Tonte l'armée napolitaine fnt
mise en mOUYf'ment. Le roi llli-llIhnc partit
avec uu grallll appareil, ponr assister anx
opérations, 11 n'J l'ut pas dI' déclaratioll d('




lJIHlóCTOIlUi ~ 1798 j.
guene, mais une sommation aux Franc;ais
d'évacuer l'état romain : ils répondirent a cette
sommation en se préparant a combattre, mal-
gré la disproportion du nombre.


Dans la situatioll respective des deux ar-
mées, rien n'était plus flcile que J'accabler
les l<'rarH>~ais, disperst-s dans les pl'OVillCes ro-
maines, á dl'oile et a gauche de I'Apennin. JI
Eallait marcher directement sur lenr centre, et
porter la rnasse des forces napolitailles entl'(>
Home et Temi. La gauche des Fran<;,ais placén
au-dela de l'Apellnin, pOllr garder les Marches,
eút été coupée de lellr droite, placée en-de~il
pour garder' les rives <Iu Tibre. 01) les cut
ainsí empechés de se ralljer, et on les aurait
ramenés en désurdre jusque dans la Haute-
ltalie. La P¡'>nillSule du moins eút été délivrée;
et la Toscane, l'<-tat romaín, les Marches, se-
raient elltn'~s SOllS la dOlllillation de Naples.
Le Hombre des troupcs napolilaincs rCllllnit
ce plan encore plus bcile et plus súr, maís
il était impossibte que J\Iack employat une
manamvre aussí simple, Comme dan s ses an-
CiCllS plans, il voulut envelopper l'ennemi par
une multitucle de corps détachés. 11 avait pres
de s01xantc millc hommes, dont quarante mille
formaicllt l'année active, et vingt m'dle les
garlllsulIs. l ' líeu de diriger eette massc de




1'98 RliVOLIlTlON FHANCAISf<.
forces sur le point essentiel de Temi, if b
divisa en six colonnes. La premiere agissallt
sur le revers de l'Apennin, le long de I'Adria-
tique, dut se porter par la route d' AscoE dans
les Marches; la seconde el la troisieme, agissan t
sur l'autre coté des monts, et se liant a la:
précédente, durent marcher, 1'une sur Temí,
l'autre sur Magliano; la quatrieme et la pl'ill-
cipale, formant le corps de bataille, fllt dirigée
sur Frascati et sur Rome; une cinquieme, lon-
geant la Méditerranée, eut la mission de par-
courir les Marais Pontins, et de rcjoindre le
corps de bataille sur la voie Appienne; enfiu
Ja derniere, embarquée sur l'escadre de NcI-
son, fut dirigée sur Livourne, pour sonlcver
Ja Toscane et fermer la retraite aux Fran({ais.
Ainsi tout était préparé pour les envelopper ct
les prendre tons, mais ríen ne l' était pour les
hattre aupara van t.


e'est dans cet ordl'e que Mack se mit en
marche avec ses qllarante mille hommes. La
quantité tIe ses bagages, l'illlliscipline des trou-
pes, le mauvais état des chemins, rendaient
ses mouvements tres·lents. L'armée napolitaine
formait une longue queue, sans ordre et salls
ensemble. Championnet, averti a temps du
póril, détacha deux corps pour observer la
marche de l'ennemi, et protéger les corp:>,




DIl: ECTOIRE (1708). 199
isolés qui se repliaient. Ne croyanl pas pou-
voir conserver Rome, iI résolut de prendre une
position en arriere, sur les bords du Tihre,
entre Civita-Castellana et Civita-Ducale, et la
de cOllcentrer ses forces pour reprendre l'of-
fensive.


Tandis que Championnet se retirait sage-
ment, et évacuait Rome, en laissant huit cents
hommes dans le chatean Saint-Ange, Mae],:
s'avan~ait fierement sur toutes les routes, el
semblait ne pouvoir trouver de résistance. JI
alTiva aux portes de Rome le 9 frimaire anVIl
( 29 novembre 1798), et y entra sans obstacle.
On avait préparé an roi une réception triom-
phale. Ce pauvre prince, traité en conquéran t
et en libérateur, fut enivré de l'espece de
gloire militaire qu'on lui avait appretée. Du
reste, on lui conseilla un noble usage de la
"ictoire, et iI invita le pape a venir reprendre
posSCSSiOIl de ses états. Cependant son armée,
moins généreuse que lui, commit d'horriblcs
pillages. La populace romaine, avec sa mobi-
lité accoutumée, se précipita sur les maisons
de ceux qn'on accusatit d't~tre révolutionnaires,
et les dévasta. La dépouille morteHe du mal-
heureux Duphot fut exhumée et indignement
outragée.


Peudant que les Napolitains occupaiellt ainsi




¡cur temps aRome, Championllet ex¡'cuf :¡¡'
avec une rarc activité l'hahíle détcrmillalioll
qu'il avait prise. Sentant que le point essentid
était au centre sur le Haut-Tibre, il fit prcndrc
a Macdonald une forte position á Civita·Cas-
tellana, et le relliór<;,a de tOll {('S les tl'oupes
dOllt il put disposer. JI tl'anspo,t:1 une partil'
des force s qn'il avait dans les Marches _ au-del!t
de l'A pellnill, et ne Iaissa an g(~lláal Casa-
Bianca que ce qui lui. élait stl'ictement né-
cessaire ponr retarder de ce cót(; la marché
de l'ennemi. Lui-meme courut ~ Anctmc pOlH'
h:her l'arrivée de ses pares et des 1l1!llIÍtiollS,
Ne s'effrayant pas plus qn'il ne le fallait, de
ce qui se préparait sur ses del'rieres en Tos-
calle, il chargea Ull officier, ave e Ull faíble
tlétachernent, d'observer ce (l'-li se passait de
ce cOté.


Les Napolitains rcncontrel'cnt cnGn les Fran-
(:ais sur les diffél'cnles rOllles q!l'ils parcou-
l'ail~nL Ils {~taiellt tmis fois plus nornbreux,
mais ils avaient affaire aux fameuses bandes
d'ltalie, et ils trouverent que la tache était
rude. Dans les Marches, la colonne qui s'a-
varH;ait par Ascoli, fnt repotlssée au loin par
Casa-I3ianca. Sur la route de Terni, un cO]OIwl
napolitain fllt enlevé avcc tout son c/)rp~ p;t,'
1p général Lemoinc. CcHe lJI'pmiprp I'xpl''l'iplj('1




DlnECJOII;'~ l ¡ -;-08;..w ¡
de la guerrc ;lYCC le~ Fraw;:ais élait pen {aitt'
pour ellcoul'ager les Napolitains. Celwndant
Mack íit ses dispositions ponr enlever la posi-
lion qu'il sentait la pllls importante, celle de
Civita-Castelhna, 0[, l\hcdonalc1 se trollvait
avec le gros de nos tronpcs. Civita-Castellana
cst l'ancienllc Yeles. Elle est placée sur un ra-
vin, dan s ulle position trés-forte. Les Franc;:ais
tellaient plusieul's postes éloign(~s qui eH COll-
vraient les approchcs. Le J 4 frimaire an YI1
([1 décembre::' ::\Iack flt attaeplcr Borghetto,
Nepi, !liguano, par des forces consÍllérableso
11 dirigea par la rive oppos{~e dll Tibre UHE
colonne accessoirc, quí devait s'emparer de
Rignano. Aueune de ces attaqucs ne réusf,ilo
L'llne des colonne5 mise en fHite perdit toute
son artillerie. l:ne secondc, enveloppée, per-
<lit trois mille prisonnicrs. Les autres, décoll-
ragé(~s, se borlJércnt ~l de simples démonstr~l­
¡iolls. NLllle part ellfin les troupes llapolitaines
]le purellt soutenir le dlOC <1('5 !l"OllpeS fran-
(;aist's. Mack, un pen déconcerté, rellolH;:a a
('nlever la position centrale de Civita·Castellalla,
d eOml1](:',IH:a it s'ap('rcevoír tiue ce n'était pas
sur ce point qu'il aurait fallu essayer de forcer
la ligllP enncmie. Gest a Temi, point plus rap-
pl"Oché d., l'Apel111in, el moiu". défcndu par
1,"; Frall(':tis, qu'iI aurait dú fl'apper le coup




202 nÉVOLUTION l'IlANyAiSE.


principaL Il songea des lors a déroher ses trou-
pes, et a les reporter de Civita-Castellana sllr
Terni.lVIais pourcacherce mouvement, il aurait
f.'lllu une rapidité d'exécution impossihle avec
des trol1pes sans discipline. II falll1t plusieurs
jours pour faire repasser le Tibre au gros de
l'armée; et Mack ralentit encore par sa propre
faute une opératiun déjil trop lente. J\facdonald,
qu'il croyait retenir a Civita-Castellana par des
démonstrations, s'était déjá transporté de Civita-
Castellana au-dela du Tibre; Lemoine avait été
¡"enforcé á Temi. Ainsi, les Napolitains avaient
été préveuus sur tous les points qu'ils se pro-
posaient de surprendre. Le prcmier mouve-
ment du général J\Ietsch, de Calvi sur Otrícoli 7
n'amena qu'un désastre. Le 19 frimaire (9 dé-
cembre ), ramené d'Otricoli sur Cal vi , ce géné-
ral fut entouré et obligé de meltre bas les ar-
mes, avec qllatre mille hommcs, devant un
corps de trois mille cinq cen ts. Des cet iustant,
Mack ne songea plus qu'il rentrer dans llome,
et a se replicr de Rome jusqu'au pied des mOIl-
tagnes de Frascati et d' Albano, pour y raBier
son armée, et la renforcer de nouveaux batail-
Jons. C'était la une triste ressource, car ce n'é-
tait pas la quantité des soldats qu'il fallait aug-
menter, e' était lcm qualité q u'il aurait fal/u
changer; et ce n'etait pas en se retirant á qud-




VlREGI'OIH (1791}). 20;)
(lneS Iieues do champ de bataille, qu'on pall-
vait trouver le temps de lenr donner la dis-
cipline et ]a bravonre.


Le roi de Naples, en apprcnant ces tristes
événements, sortit furtivement de Rome, oú
il était entré qllelques jours auparavant en
triornphe. Les Napalitains i'évacucrent en dés-
ordre, :'t la grande satisfactioll des Romains,
qui étaient déja beaucoup plus importunés de
]eur présence, qu'ils lJe l'avaient été de celle
des Fran<;ais. Championnet rentra dans Rome
dix-scpt jours apres en etre sortL Il avait mérité
véritablemcnt les honneurs dn triompbe. Se
concentrant habilement avcc quinze ou seize
mille hommes, ii avait su reprendre l'offensive
contre quarante mille, et les avait poussés en
désordre devant lui. Championnet ne voulut
pas se borner a la simple défense des États 1'0-
mains, il con<;ut le projet andaciellx de COIl-
quérir le royaume de Naples avec sa faible ar-
mée. L'entreprise était diflicile, moius a cause
de la force de l'arméc napolitainc que de la
dispositioIl des habitallts, qui pOllvaient nous
faire une guerre de partisans fort longue et
fort dangerellse. Championllet n'en persista
pas moins a s'avancer. Il partit de Rome, pour
suivre la '·etraite de Mack Il lui fit sur la route
tille grande quantit{~ de prisonniers, et mit




:d),~ HEVOLUTJON FRANQAISf ..
dans une déroute complete la co]onne qui avait
été débarqnée en Toscalle, et dont il lle s'é~
chappa que trois mille hommes.


Mack, entierement clémoralisé, se replia ra-
pidement Jans le royaume de Naples, et ne
s'arreta que dl'vant C:Jpoue, sur la ligne da,
Voltu]'ne, II fit choix de ses tnmpcs les mcil-
leures) les plac;a dcvant Capone, ct sur toutc
la ligue rlu flcuve, qui est tres·profond, et c¡ui
forme une barriere Jifficile;l frallchir, Pendant
ce tem ps, le roi était rentré a N aples , et son
TE'tour subit y avait jeté la confusion. Le pell-
pIe, fllrieux des échecs cssllyés par l'arr}1(!('1
criait ú la trabison, dl'mamlait des a.rmes, et
melJa(;ait d'égorg'cr lt's gl'néraux, les ministres,
tOllS ceux auxqnels il attribuait les malheul's
de la guerre, 11 vOlllait pgorger aussi tOIlS ceux
qll'Oll accu:,;ait de d(~~il'el' ks Fl'allcais l't 1:[ l'é-
vOllltiOll. Cette COI1l' ()di(~(!se ll'h{'sita pas ~l
donDer anx lazzarouis des al'llll'S dOllt il élait
faciJe de pré\'oir l'lIsage. A peIllc ces E'specrs
de barbares cureut-ils r('(:u les (lépollilles des
arsenaux, qu'ils s'insurgerent el se rendireut
maltres de Naples. Criallt toujours a la tl'ahi-
son, ils s'empaf(~reJ\t d'llfI messager dll roi, et
l'assassiuerellt. Le favori AC101l, ;!ll(Itlel Olt
commenc.:ait ~I altribllCl' les malheurs pnhlics,
la rcine , le roí,. tunte la cuur, é!ail'llt dans !'é ..




Di,\FCTOlHi (1798-99: 2.U
'¡lOuvallH'. J'Saples He paraissait plus un SPjolll'
ass('z súr; l'iclée de se réfugier en Sicile fllt
aussitot COlH.:ue et adoptée. Le 1 I llivose (3\ dé-
cembre), les meuhles pl'(~cieux de la couronllC,
tous les trésm's des palais de Casertc ct ele Na-
1)[1'5, ct un tn"sor de \'illgt milliolls, fureut
cmb:mJlH"s sur l'escadre de Nelsoll, et (¡Ji fit
linde [)Our la Sicile. Aclon , Lwtelll' de tuntes
tes calamités publiques, ne voulut pas bl'avcr
les dallgcrs du séjollr il Naples j et s'cmbarqua
avec la reine. Tont ce (lll'on !le put pas el1l-
porLer fut brillé. Cl' fut au ¡¡¡ilíen d'une tem-
r(~te, et á la luenr des flammes des chantiers
l11ceudiés, que cctte COUI' lache el criminelle
abandollua a ses dangers le royaume qll'elle
avait compromiso Elle laissa, dit- on, l'ordre
d'("gorger la haute bourgeoisie, accusée d'es-
prit l'évoIlItiollllaire. Tout dcvait etre immolé,
j1l5(pÚm rallg de notaire. Le prince Pigllatelli
n~sta it Naplcs, chargé des ponvoirs Ju roi.


Pendant C8 temps, Championnet s'avanc,ait
Yl'l'S Naples. n avait commis it son tour la meme
faute que Mack; ii s'était divisé en plusieurs
coloIlncs, quí devaient se j oilldre devant Ca-
pOlle, Leur jonction a travel'S un pays difficile,
;w mÍlica d'nn peuplc fallatifple et sonlevé
de luutes parts cOlltl'e les prétendus enuemis
de ¡ lÍe¡¡ ct ¡]p saill! Jami(~r. (~tait fort incpr-
I;UW·.




).O() lU':VOLlJTION FnAN~;:.\IS1;.
Championnet, arriv~ avec son corps de ba-


taille sur les bords du Volturne, voulut faire
une tentative sur Capoue. Repoussé par une
nornbreuse artillerie, il fut obligé de renOllcer
~I un coup de rnain, et de replicl' ses tI'OUpCS,
en attcndant l'al'l'ivéc des autres coJonnes.
Cctte tentative eut lieu le 14 niV()se an VII
( 3 janvíer 1799)' Les paysans napoli tains, ill-
sllrgés de toutes parts, interceptaicnt nos cour-
riers et nos convois. Championnet n'avait au-
cune nouvelle de ses autres colonnes, et sa
position pouvait etre considérée comme tres-
critique. Mack profita de l'occasion pour luí
faire des ouvertures amicales. Championnet,
comptant sur la fortune des Fral}(,¡ais, repoussa
hardimcnt les propositions de Mack. Heureu-
sement il fut rejoint par ses colonnes, et íi
convint alors d'un armistice, aux conditions
suivantes: l\lack devait abandonner la ligne du
Volturne, céder la ville de Capoue aux Frall-
<;;ais, se retirer derriere la ligne des Regi-La-
gni, du coté de la :Vléditerranée, et de 1'0-
fanto, du cote de l' Adriatique, et céder allssi
une grande partie du royaume de Naples. Ou-
tre ces concessiOIlS de territoire, on stipula
une concession de huit millions en argento
L'armistice fut signe le 2.2 nivóse (1 T jan-
licr i.




Dlll r:CTOIRE ([ 798-99)' 207
QU3.nd 011 apprit a Naples ]a nonvelle de


l'armistice, le pellple se livra a la plus grande
furellr, et cria plus vivcment encore qu'il était
trahi par les officiers de la couronlle. La vue
du cornmissaire chargé de recevoir la contri-
hution de huit millions, porta la rnultitude
aux dcrniers exces; elle se révol ta, et ernpe-
eha l'exécution de l'armistice. Le tumulte fut
porté a un tcl degré, que le prince Pigoatelli,
épouvanté, abandonna Naples. Cette beBe ca-
pitale resta livrée aux lazzaronis. Il n'y avait plus
~ucune autorité reconnue, et on était menacé
d'un horrible bouleversement. Enfin, apres
trois jours de tumulte, on parvint a choisir
un chef qui avait la confiance des lazzaronis,
et qui avait quelqlles rnoyens de les contenir:
c'était le prince de Moliterne. Pendant ce
temps, les memes fureurs éclataient dans 1'ar-
mée de Mack. Ses soldats, loin de s'en pren-
dre de leurs rnalheurs a leur Hkheté, s'en pri-
rent a leur général, et voulurent le massacrer.
Le prétendu Iibérateur de l'Italie, qui avait
re<;;u un mois auparavant les honneurs du
¡fiomphe, n'eut d'autre asile que le camp
'neme des Franc;ais. Il demanda a Champion-
¡et la permissioH de se réfllgier aupres de lui.


Le généreux républicain, oubliant le langage
!)('Il cIJHvP,rJable ae Mack dans sa correspon-




dance, lui dOl1na asile, le fit asseoir ;'1 sa ta-
hle, ct lui laissa son é¡)(\e.


Championnct, autorisé p:tl' le refushlit it
Naplcs d'exécuter les comlitions de l'armistice,
S'aVall\'a sur cette capitalc, dans le bnt de s'en
emparel'. La clwse était difficilc, C;U' un peu-
ple immcllse, qlli, en rase eampagne, ('l'd ét{~
balayé par queiques eseadrolls d(:~ ca l<llcrie,
devcnait tres-redontable derriere les ITIUl'S
d'une ville. 011 eut quelque" combats ;1 ¡ívrer
ponr approeher de la place, et les lazzaronis
montrerent lit plus de courage lJue l'armée na-
politaine. L'il1llllim'uce du c!;mge¡' avait redou-
hlé leur fllreur. Le prince de Molitcrne, qui
\'ollhit les modérer, avait cessé bicntOt de leur
convenir, et ils avaient pris ponr chefs deux
d'entre eux, les nommés Paggio et }Iichel le
FOll. lis se Ji vreren t, des cct illstant, ;IUX plus
grands exces, et cotlllllirent toute espéce de
vi~)lenees cOlltre les bourgeois et les Ilobles ac-
clisés de jacobinistlle. Le désordre fut pOUSSf'
a uu tel point, que toutes les classes illtéres-
sées a l'ordre souhaiterenl l'entl'pe des Fran-
~:ais. Les habitants firent préveni,' Mack <pl'ils
se joimlraient ~l luí pOllr lui livrer Naples. Le
prillce de Moliterne lui-nH:llle prolllit de s'em-
parer du f()I't St-Ellne, et de le livl'er aux
¡:r'lncais. r ': ; ph!\ :,'¡se i ~~'-). jal1\'ier), Cll<ll1l-




p:onnet dOnlla l'assaut. Les lazzarouis se d(:'-
fClHlirent couragcusement; mais les bonrgeois
s'étant emparés dn fort Saint-Elmc, et de dif-
ft~rellts postes dc la vi!le, dounerent elltl'ée aux
¡·'raIl(;aís, Les lazzarollis, l'ctranch('s néallLtloins
dans les maisolls, a!iaielll se déft'lJ(lrc de riles
(~n rues, el incendie!' jWlll -('tre la ville; nwis
ull fit pl'isotltlier ¡¡JI de Ielll'S chef", OH le tl'aila
dvec Leaucoup d'éganls,oll Ilú pl'unüt de res··
pecter saillt J;\Ilvier, et OH oLtint cnfin qu'il fit
nwttre has It~S armes ~l tOLlS les siclls.


CballlpiOlllJet, tI;,s cel iusiaul, se lrOII\';t
HJ,lltl'C de 'Naplcs el tic t()ut le l'oya!!IllC : il ~e
h:lta d'y l't-tablir l'ot'(l['\, el (k dé"anllí~r' le5
lazzaI'Uuís. D'apl'es les intentíollS dll gOllver-
nerneut fran<;ais, il proclama J;¡ nnuvelle n;-
publiqlle. Un llom antiflue luí fut dminé, cc-
luí d(~ I'(;jlubliquc parth(·~lIopéclllle. Telle fut
ris~,;ue des fc,Jics et des méchallcetés de la COllr
de NapJes. Vingt milIe Frall~a¡s t't deux mois
suffirent ponr déjouer ses \':1sl.cs pl'ojets, chan-
g~ ses (~lats ell républiflue. Cetle courte carn-
pagne ele Clt:tmpiol1lH'1: luí vala! sUI'-Ie-champ
Ulle réputation brillante. L'armée de Homc
pril d¿,s lO1'5 le ti 1 re d'rrl'mée de ~aples, et fut
d(,tach{'e dc l'armée d'Italie. Champiollnet de-
yinl indépcndallt de JOl¡}¡erL


Pendan!. quc ces éY":llcllh'nts ayaient liea
, "
, <




2 I () ILÉVOLtJTIU:-¡ 1"llA?i\:AI~E_
dans la Péninsule, la chute dll rO\:tuI1lC de


v


Piémont était enfin consomm(;e. Déjit, par Ulle
précaution, qne les circonstances ll'gitimaicnt
assez, Joubert s'était emparé de la citaclclle de
Turin, et l'avait al'mée avec l'al'tillcrie prisc
dans les arsellaux piémoutais. Mais cctte prt'-
cautioll était fo1't insuffisante clans l'état pré-
sent des choses. Le trouLle régnait toujollrs
dans le IJiémont: les répnblicains faisaient san s
cesse de nouvelles tentatives, et "cnaient meme
de perdre six cents hommes, pon!' avoir essayé
de surprendrc Alcxanclrie. Une mascaracle sor-
tie de la citaclelle de Turin, oú tOllte la COlll'
était rcprésentée, et qui était ;'t-Ia-fois l'o;uvrc
des Piémolltais et des officiers fran<;:ais que
les généraux ne pouvaient pas toujours conte-
nir, avait failli provoquer un combat sanglallt
dans Tllrin meme. La eoul' de Piémonllle POll-
vait pas etre notre amie, et la cOl'l'eSpOndallce
da ministre de Naplcs ayec ::\1. de Priocca,
ministre dírigeant de Piémont, le prouvait as-
sez. Dans des eirconstances pareilles, la Franee,
exposée a une nouvelle guerre, ne pouvait
pas Jaisser, sur ses eommuuiealions des Alpes,
deux partis allX prises el llU gOllverncmeut
ennemi. Elle avait, su!' la cour de Pi!'~mulll, le
droit que les défenseurs d'une place ont sur
tOIlS les bfüiments qni t'1l gcnctlt 011 ('11 COIl]-




Ul ¡¡ ECTOllt r. :,! 7~}'J" 'J. I 1
}ll'Otl1ettcllt la dórense, Il fut décidé qll'on 101'-
('crait le roi de PÜ'rnont a abdiquer. On sot!-
llllt les républicains, el 011 les aida a s' emparer
de N ovan'e, Alexandl'ie, Suze, Chivasso. Oil
ditalors al! roi (lU'i] IlP pouvait plus vivredans
des états qui se d:voltaient, el qllÍ allaien! ell'e
lJiclltüt le tl¡(>;!tre de la gllerre: Otl lui de-
matlda son abdication, en lui laissant rile de
Sardaignc. L'abdicatioll fut sigllée le 19 fri-
lllaire (9 (lécembre 1798), AillSi, les deux
princes les pllls puissants de l'ltalie, cell.li de
Naples et de Piórnont, n'avaient plus, de lcurs
états, que clenx ileso DallS les circonstances
qni se préparaieut, on ne voulnt pas se Jon-
ner l'embarras de créer une nouvelle répnbli-
({ne, et en attendant le résultat de la. guerre,
il [lit Mcidé qne le Piémont scrait provisoire-
ment administré par la France. 11 ne restait plns
¿l cnvahir en Halic que la Toscane. Une simple
siglliíicatioll suHisait pour l'occuper; mais Oll
diffórait ecUe signification, et OH attcndait,
pOllr la úire, que l'Autrichc sc fút ouverte-
rnent déclaréc.






DlRECTOIRE (1799;'


CHAPITRE IV.


'Etat de I'admillistl,atioll de la R(;puhliqne ct des armécs
au COllllllCllccnj('lIt de 1 ':"99. - Pr[.paratifs militaires,
LCVl'e ue 200 mille cOllscrils. Moyclls et plans de gllcrrc
un ditTctoirc el des puissallce~ coalisées. - Déclaratioll
de gllerre 11 l'Alltriehe, Ouverture de la campagne de
1 i99. Invasioll des Grisons. Comhat de PfuIlelldorf.
Bataille de Stock;¡eh. RClraite de Jourdan.-Opératiolls
militai"es en !talie. Rataille de lHagnanoj retraite de
Schércr. - Assassinat des pléllipotentiaires frau9ais a
Bastadt. - Effl'ts ·de nos premiers reverso Accusations
multipliécs contrI' le dircctoirc.-Élections de I'au VIL
- Sieycs est lIommé direclcnr, 1'11 remplacement de
Rcwbell.


']'\
EL était l'état def> choses au cornmencemcnt


de Lmnée 1799, La guene, d'apres les évé~
ncments que nous venons de rapporter, n'était
plus dOulc¡¡Sc. D'ailteurs les correspondances




intcrccptées, la levée de bOllc1iers de la cour d\~
X apIes, qui n'anrait ras pris l'initiative S:llh
la certitude d'lIne intervenlioll pnissante, les
préparatifs immenses de l'Aulrichc, cnfin l'ar-
rivÉ'e d'un cnJ'ps J'usse en 1\10ra v ie, ne laissaicut
plus allcnDe illcert.itucle. On était en nivóse
(janvicr 1799), et il üait évidcnt (fiJe les lJOs-
tilités seraient commcnc<'es avant deux mois.
Ainsi l'incompatibilité des del1x granus sysie-
mes, que la révolution avait mis en présence,
était prouvée par les f:tits. La I'"rallce avait
commencé l'année 1798 a vce les trois répub!i-
ques a ses c{¡tés, les répno!iqucs batavc, cis-
alpine et Iignriennc, et déjü il cn exist;lit six
á la fin de eette alluée, par la création des
répuLliqlles hclvétique, romainc et parth<'llo-
péennc. Cette extensiOll avait été moins le r{~­
su1tat de I'esprit de conqllt~le , qllc' (k ]'esprit
¡]p systeme. Oll ayait óté ob!ig(" de sccIlIlrÍI' les
Vandois opprimés; (JI! avait ét(~ proyoqu¡" a
Rome ú vellger la rnort du llIalheureux DtI-
phot, immolé en voulant sóparer les (lenx
partís: a Nap!cs OH n':lvait bit que repollssel'
une agrcssion. Ainsi on ¡¡vait ('~tó forcélllCllt
condnit ;1 rentrer eH InUe. !l est const:mt qw~
le directoire, quoique ayallt Ulle imilH'Il:::I;
':oufiancc dalls la nnissanee francaisl~, (V'sir;¡t,


. "


cependant la p:1ix , pOll!' des raisons politic¡w'"




et Gnanciercs; il est constant aussi que l'ell1-
pereur, tOllt en désirant la guerre, voulait
l'é]oigner encare. Cepelldant tous s'étaiellt
conclllits comme s'i]s avaient voulu rentrer im-
médiatcmcllt en lllttc, lant était gramle l'iu-
compatiLilit(: des dCllX syslt·mes.


La n"vo]lltioll av;¡it d()llllt~ all gOllvnl'llemcill;
fraTlf"'ais tille curtÍ,ance et IIne ;nulace extr;¡oI'''-
dillaires. Le dernicr ¡"véllement de t;;aples,
quolclue pOLI considéraLle en lui-mcllle , veuait
de luí persuader encare que tout devait fuir
clevant les Lalonnettes fraIH;aises. C'était du
reste l'opinioll de l'Eurolw, Il ne fallait rieu
moins que l'immensité des moyens réunis COIl-
tre la France, pour donner a ses enuemis l(~
courage de se mesurer avec elle. J\Iais eeUe
confiance du gouvernement franc;ais dans ses
forc('s était exagéréc, ct lui cachait une partie
des diHicuJtés de sa position. La suite a prollyé
qlle ses ressollrccs daient Ímmenses, mais que
dans le moment elles n'étaicJlt pas e\lcore as-
sez assurées pour garantir la victoirc. Le di-
rcctoire, outrc la FraIlce, avait a admÍnistrcr
la Hollande, la Suisse , toule rItalie , pal'tagéc:;
(m :tlltant (le républiqucs. Les administrer par
l'illtel'l1lélli;:¡ire de lenr gouvernement, était,
COllllnc on 1'a Vll, encore plus difficilc que si
Ull ;[\;¡it cOIlHIlalHlé dircctement che;", elles. !)¡¡




::¡ 1 G la:VOUl'llON FRA.N<::AbL
n'cll pouvait presque tirer aucune l'cssource
ni en argent ni en llOmmes , par le d&faut d' 01'-
ganisation. II fallait cepeIHlaut les défend1'c, et
des 101'S combattre sur Ulle ligne qui, dcpuis
le Texd, s'étC[](l.lit sans interruptioll ,iusqu'~t
l' Ad!'ialique, ligllc qlli, attaCJlH~e de {rullt par
la Hussie et l'Autriche, était jll'io;c ;'¡ revcrs par
les f1ottt"s angbises, soit ('11 HolLlIlde, soit;'¡
Naples. Les forces qu'une tclle situation mili-
¡aire exigeait, il f'allait les tirer de France seu-
lemellt. 01', les arm6es étaiellt siugllliere-
ment affaiblies. Quarante mille soldats, les
meilleurs, étaicllt en tgyp tc sons llotre gTalltÍ
capitaine. Les armees restées en France étaieui
diminuées dc moitié par t'dlet des désertions
que la paix amelle toujours. Le gouvernemeilt
payait le meme nombre de soldab, lllais i1
u'avait peut - (itre pas cellt cínquallte Dlil/e:
llOJl1rnCS effectifs. Les aUllliuistratiolls el les
('·tats-majors fai:,aicllt le pl'ofit sur la solde, el
c'dait UIle surchal'ge illutile pour les fin311ces,
Ces cent cillqua:llte mille hommcs effectifs for-,
maicnt des catires excel!ellts, qu'on pouvaÍL
remplir' avec b nonvelle levée des eOllscl'its;
mais il Elllait du teill ps pom cela, et on ll' Cl!
avait pas eu assez tlepuis l'établisscmcllt de b
l'lHlScription. Enfill, les fillanecs Úaícut tUll-
juurs dans le meine délabretnclll) par la HU,],




llIHEGl'OIl,E (1799).
",use organisatioll de la perception. On avait
voté Ull budget de 600 millions, et ulIe ressource
extraordiuaire de 125 millions, pl'ise sur les
f¡oo millions restant de biens I~ationaux; mais
la lentcur (les l'clIlnies, ct /'errenr dans l'éva-
lnatÍoll de ct'l'tains [Jl'oduits, laissaiellt un dé-
licit ('ollsidr''l'al¡l(,. Edil!, la stlbonlínatioIl, si
llt'ce~~aiI'(, (!;ws Ulle rnac!¡int' allssi yaste, COl11-
ruellC:lit ;1 dispal':titrc. Les militaices devellaient
tres-difli .. i¡¡'s ;1 cOllt<'llir. Cct état de guerre
pel'pt'tuelle leUl' f:lis:lit sen! ir flll'ils t~taieflt Ilé-
ccs:,;ain:,s; ils en dncnaieHt impt'J'icux et exi-
f~eallts. P!acés dalls des pays rjches, ils VOll-
laiellt en profilel', el ils t:taient les cOlIlplices
de tOlltes tes spoliatiollS. Ils YfHllaiellt aussi
faire triompher lel1l'S OpillioflS la oú ils rési-
tlaielll, et ]l'obéissaieut qll'avec peine a la
dircctioll dl's agt'llts civils. OH l'a vu dalls ia
(j!lcl'elle de Dl'lIllC :tvec Trmnó. Enfin, daus
}'iuh;riellr, l'oppusitioll qlt'on a "lle rella~tre
dej}(Jis le 18 fl'lIClidoJ', el pl'elldre deux canlC-
tórcs, se prOllOlH,:ait davafltage. Les palriotes,
l'éprimés aux dernieres électiolls, se pI'épal'aient
;'t triompher tlans les llouvelles. Les modérés
critiquaicnt froidemcnt, mais all1erement,
t()U ks les mesures du gou vernement, et sui-
"aut l'usage de toutes les oppositiotls, luí
rqJmchaieut meme les diftlcultés qll'il avait




'118 niVOLUTION ],'HAN\:AISI!.


ú VaÍllCre, et qui étaient le plns souvent ill-
snrmontables. Le gouvel'nement c'est la force
meme : il fant qu'il triomphe; tant pis ponr
lui 5'i1 ne triomphe paso On n'éeoute jamais
ses excuses, qualld il explique pourquoi il n'a
pas l'énssi.


Telle était la situation du directoirc il l'ins-
tant oú la guerre recommen<:a avec l'Llll'ope.
Il fit de grands efforts potlr rétablir l' ordre dallS
cette grande machine. La cOllfllsion réglJai.t
toujours en ltalle. Les ressourccs de eeUe belle
contrée étaient gaspillées, et se perelaient iltll-
tilcment pOllr l'armée; C[llcl<{lIPS pillanls l;H
profitaient scnls. La commissioll chargée d'iils-
tituer el d'admillistrer la république romaille,
venait de tenuiller ses fOllctiollS, et allssitót
l'influencc des états-maj 01'5 s' était faj t sentir.
On avait changé les consuls jugt's troj) modé-
rés. On avait rompa les marchés avautageux
ponr l'entretiell de I'arl1lée. La cOlUl1lissioll,
dans laquelle FaypouIt :lvait la direction finan-
cicre, avait conclu un marché ponr i'entreticll
et le paiernenl des troupes stationnées a Ronw,
et pour le ll'anSport de t011S les objcts d'al't
envoyés en France. Elle avait adjugé en paic:-
menl des biells llatio1l3UX pris sur le c1eq .. ~L;.
Le marché, outre r¡u'il était mudél'é SOtlS le
l'apport du prix', avait l'avantage de fOl/l'lIil' 1m




UlílECTOillE 1\ 1 7~¡~»)' ), I~)
i'·;-nploi allX lJiells natiollanx, 11 fllt eassé et
dOl1né ellSlIile ~l la compagnie Bandín, qni dé-
vorait l'ltali(~. Celte compagnie se faisait ;lp-
pUjer par les états-majors, auxqnels elle aball-
dOl1uait Ull ¡)Onr et:llt de profit. Le Pit'>mont,
qu' Oil vetlai t ¡¡'oeen pe!', of[rait une non vel le
proic ;:: c!<'vo!'cr, ct la probi té ele J olllwl't, gé-
nÓ'al en c!l('[ de l';:r!lH"e d'Italie, n'élait ]las
une gat'alltie COJ]!re l'avidité de rétat-majo!' et
des (:otnp:1gnics. Naple~ surtout allait (~tre lll¡SC:~
au pillag<'. Il j avait dalls le directoirc quatrc
hOlllllles integres, Hcwbell, Lar{~vcllierc, Mer-
lín eL Treilhanl, que tOllfi les désordres révol-
taient. Larévellicre snrtout, le plus s<¿vere el
le plus lnstruit rtes faits par sps relations par-
ticulil~res avee l'amhassadellr Trouvé et avec
lf's membres de la eommission de Rome, La-
révdli(~rc voulait (IU'OIl dépluyftt la plus grande
t~lle!'gie. Il propcsa et fit adapter nn projet
fort sage; c'était d'inslitller dalls taus les pays
d(~pel1dallts de la France , et 011 résiclaient ¡lOS
armées, des COlllmissiollS chargées de la partic
eivile el financii~re, et tout-a-faitindépendantcs
des états-majors. A Milan , a Turin, á llame, á
Naples, (les commissions civiles dev:l)ent rece-
'(oir les cOlltributions stiplllées avec les pays
;dJi<"s de la Franee, passer les marchés, faire
;ou:.; ks arranf!-cments fill~lllcicrs, fourllir en 1I II




::l2() nÉVOLllT!()l\' F::\~\;,\I':,f;.
mot aux hesoins des armées, mais ne laisscr au-
t:llll maniemellt de fonds aux chefs militaires.
Les commissions avaieut cependant l'ordre de
compter aux généraux les foncls qu'ils deman-
deraicnt, sans c¡u'ils fussent obligés de justifier
pourquoi; ils ll'en devaient compte qu'all gou-
HTl1pmPllt. AinsÍ l'alltOl'ité Illilitaire était en-
eore bien méuagée. Les qllatre directeurs
íirent adopter la mesure, et on signifia a Sché-
rer l'ordre de la faire exéeuter sur-le-champ
avee la dcrniere rigueur. Comme il montrait
q Itelque in dul gence pOOl' ses cannracles, on llli
signifia qll'il répondl'ait de tom les désordres
(l"i !le seraiellt pas rt·pl'irnt~s.


Cetle mesure, quelr¡ue juste qll'elle fUt, de·,
vait blesser !waucoup les états-majors. En Ttalie
5l1rtollt ils parnn'llt se révolter; ¡Is dirent qn'oll
d\~slwuorait les militaires par les prt'~calltiuns
C[1I'OIl prcnaít á Ieur égard, (lll'on ('TH:halnait
totlt-á-raír les g(;lléraux, qu'oll ¡es privait de
tonte autorité. Champinllnet, á Naples, avait
déja tranché du législatellr, et nornmé des
commissions chargées d'adll1inistrer le pays
conquis. Faypoult était envoyé á Xaples p0l11'
s'y charger de toute la partie fillanci¿;r'e. 11 prit
les arretés nécessaires pour faire rentrer I'admi-
llistratioll dans ses mains, et réyoqua cel'tailles
Illt'sures fo!'t mfll C'ntrndut's, prises par Cltanl'-




nInECf01Ri·: ~ 1 i9~))' ')') [
plOlluet. Celui-ei, avec toute la morgue cl-es gens
de son état, surtout qualld iIs sont victoricux ,
se regarda comme offensó; il eut la hardiessc
de prcnclre un arrété par leqtiel il enjoignait
a Faypoult et allX autres commissaires de quit-
ter Naples SO¡IS vingt-quatre heures. Une pa-
I'cille conduite était intolérable. ~Iéconnaitre
les ordres du Jirectoil'e et chasser de Naples
les envoyés revÚus de ses pouvoirs, t~lait 11Il
acte qni méritait la plus séverc réprcssioll, ;\
moins qll'on ne voulút abdique!' l'autorité Sll-
préme et la remcttre aux ~énéraux. Le direc-
toire ne biblit pas, et grace á l'énergie des
membres intégl'es qui voulaient mettrc fin aux
gaspillages, il déployaici toutc son alltorité. Il
destitua Championnet, malgré l'éclat de ses
derniers succes, et le livl'a a une commissioll
militairc. :'\Tnlheureusement l'insubordination
ne s'arreta pas lit. Le brave JOllbert se laissa
persuader que l'honnellr militaire était blessé
par les arn~tés dn dil'cctoirc; il n8 vOllh,t pas
COBserver le comJJ1andement aux conditiO!1s
nouvelles prescrites aux géllérallx, et d0I111a
sa démission. Le directoire l'accepta. Rerna-
dotte refusa de succéder a JOllhert par les
memes motifs. N éanmoins le directolre I1C céda
pas ct persista dans ses arretés.


! ,'o rlirec\nirp s'occupa f'llsuitf' de la !('V('·('




des conscrits, qui s'cxécutait lentcmcnt. Le"
deux premieres classes nc pOllvant pas fOUrIlil'
les deux cent mille llOlllmcs, iI se fit alltorisCi
~l les prclldre dans toutes les elasses, jllsqu'~ cc
que le nombrerequis [lit completo POli\' gagtler
du temps, il fut déeidé que les comrnU!les se-
raient chal'gées ellcs-nH~mes ele rÓ([UipClllt'ut
des Jloll\'clles rceI'UCS, et que eette dé pClIse
seraít comptée en dédllction de la conLribu-
tioll fonciere. Ces nouveaux conscrits, á peine
équi pés, devaient se rendre sur les frontieres,
y étre formés en bataillons de garnison, rem-
placer les vieilles troupes dans les places et les
camps de réserve, et des que leur instrllction
scrait suffisante, aller rejoindre les armées ac-
tives.


Le directoire s'occllpait allssi da déficit. Le
ministre Ramel, qui administrait toujollrs nos
finan ces avcc lllmiere el probité, dc¡mis l'éta-
blissement du directoirc, apr(~s avoir vérifié le
produit des impóts, assurait que le ddícit se-
rait de 65 l1lillions, san s compter tont l'arriéré
provenant du retanl dalls les rentrées. Une
violente dispute s'engagea Sllr la quotité dll
dp-ficit. Les adversaires du directoire Be le
portaient pas a plus de 1.5 millions. Hal1lcl
prollvait qu'il serait de 65 au moins, et pcut-
drl' l1lt~me dA ,¡tí. ()n avait ima¡.6n(\ I'impt¡! des




))IR}~CT()lnE ~17~)9;. ~?o¡
portes et fen(~trt's; mais il He sufflsait paso L'im-
l)('¡!: dll sel fut mis en diseussion. A10rs tle
g~'allds cris s'éleverent: OH opprirnait le peup1e,
disait-on, OH faisait porter les eharges pu-
bliques sur ulle seule classe, 011 rcnollvelait les
gabelles, ctc. J ,llcien llonaparte était cellli des
oratellrs qui faisait valoir les o1JjeetiúllS avec
le plus d'acharnement. Les partisans du gOll-
vernement répondaient en alléguan t la uéces-
!jité. L'impút fut rejeté par le cOIlseil des
anciens. Pour en remplacer le produi 1, on dOll-
bla l'impot des portes et fenetres, on décll pla
meme eelui des pOl'tes cocheres. On mit en
vente les bien s dn eulte protestant, on dé-
créta que le clergé protestant reeevrait des sa-
laires en dédommagement de ses biens. 011
mit a la disposition dn gou vernement les
somrnes ;t recouvrer sur les propriétaires de
l>iens restés indivis avee l'état.


Malhellreusement toutes ces ressources ll'é-
taient pas assez promptes. Olltre la difficulté
de porter le produit de l'impot au nivcau de
600 millions, il Y avait un autre inCOllvénient
dans la lentenr des rcntrées. On était encare
rédnit, cctte année comme dans les précéden-
tes, a dOlluer des délégations anx fournisseurs
sur les produits o non rentrés. Les rentiers,
auxqllels OH avait, depuis le remhollrsemcnt




2:d~ lUXOLLTlON Hl,\\(;"USL
dl?s deux tiers, prolllis la plus grande eX:1cl i-
tude, étaient payés ('llX-mCnws avec des bO!1s
recevables en acq uittcrnent des im P{'¡ts. A illsi
on se trouvait de llouveall réduit aux expó-
dients.


Ce n'était pas tout que de rbmir des so1r1ats
et des fonds ponr les eutrctctli r, i ¡ f:¡Jhi t les
distribucr d'apn"~s lln plan cOl1vctlablc, d l,'lIT'
choisir eles génél'aux. II fallait, eomme nOllS
l'avons dit, garder la Hollande, la ligne du
Rhin, la Suisse et toute r ltalie, e' cst-a-dirc
opérer depuis le golfe de Tarcntc jW'(l'!'aa
Texe!. La llollande était cotlYcrtc ¡J"1ll cútl:
par la ncutr;llité de la Pl"lIsse, (¡ui parais:-;ait
certaine; maís une f10tte anglo.rus:,,!: tlevait y
faire un débarqucment, et il t~tait Ill"gellt lle
la protéger contrc ce dallger. La ligne clu JUlia
était protégée par les deux places de Mnyence
et de Stt'asbourg; e t q!j(Ji(Jll 'íl flh pell pro-
hahle que l'A.utrichc villt essaycr de la perccr,
il était prudent de la couvrir par un corps
d'ohservatioll. Soit qu'on prit l'offcnsive 011
qn'ou l'attendit, e'(;tait sur les borcls du Hant-
Dauuhe vers les enyirons du bc de COllstance,
ou en Suissc, qu'on devait reucontrer les ar-
mées antrichiclllWS. II fallait IIIle armée active
qUl, partie de l'Alsace Oll de la Snissc ~ s 'aV;1U-
é:l'l'ait d;¡llS ¡ps Pl;lil](,<; dI' h Bavii>l'P. JI b!!ait




nTRECTOIRE (1799)'
ensuite un corps d'observation pour couvrir
la Suisse; il fallait enfin une grande armée
130ur couvrir la Haute-Italie contre les Autri-
chiens, et la Basse-Italie contre les Napolitains
et les Anglais reunís.


Ce champ de bataille était immcnse, et il
n'était pas connu et jugé comme ill'a été de-
puis, a la suite de longues guerres et de cam-
pagnes immortelles. On pensait alors que la
eld de la plaine était dans les montagnes. La
Suisse, placée au milieu de la ligne immcnse
sur laquelle on allait combattre, paraissait la
clef de tout le continent; et la France, qui oc-
cupait la Suisse, semblaít avoi,' un avantage
décisif. IL semblait qu'en ayant les sources du
Rhin, du Danube, du Po, elle en commandit
tont le eours. C'était la une erreur. On con-
~oit que dellx armées qui appuient immédiate-
mCllt une aile a des montaglles, eomme les
Autrichiens et les Fra!l~'ais qnand ¡ls se bat-
taient aux environs de Verone Oll aux envi-
rons de Rastadt, tiennent a la possession de
ces montagnes, paree que celle des deux qui
en est maitresse pent d(·Lorder l'ellnemi par les
halLtenrs. l\Iais quand OH se bat a cinquante ou
cent lieues (les montagnes, elles cessen t d'a-
yoir la meme importance. Tanclis qu'on s'é-
puiserait pour la possession dLL Saínt-Gothard 1


x. I5




~226 ItÉVOLUTION FIl A Al/A l:;r.
des armées placées sur le nhin OH sur le Bas-
Pó, auraient le temps de décider du sort de •
l'Europe. Mais OIl concIuait du petit au granel :
de ce que les liauleurs SOllt importantes sur
un champ de Lataille de quelc¡ues licues, on en
concluait que la pllissance maitresse des Al¡w:.;
devait retre du contillellt. La Suisse n'a Cfll'Ull
avantage rée], c'est d'ouvrir des débollC!J(;é:
directs á la France sur l'Autriche, et a l'Au-
tl'iche sur la France. On COTH;:oit (les Jors qne,
pou1' le repos des deux puissallces et de J'Eu-
rope, ]a c16ture de ces !léLouchés soit llll birn-
fait. Plus on peut empecht'l' les poillts de COI1-
tact et les lIloyens d'invasioll, mienx on fait,
surtout entre deux états qui Ile peuvellt se
heu1'ter saIlS que le continent en soit éLranlé.
e'est en ce sens que la ncntralité ele la Suissc
llltéresse toute l'Europe, et qu'oll a 1011.Í0[ll'S
PU raison d'en [aire HU principe de súrct¡'~ g/'-
llérale,
l~a France, en l' ellvahissant, s'était dOllllé


l'avalltage des c1ébouchés <lirects sur I'Autriche
et 1'1talie; et, en ce sen s , on pouvait reganlcr
la possession de la Suisse comme importante
pour elle. Mais si la lTIllltip]icilé des rll'!JOllCJ¡l'S
est un avalltage ponr la pUiSS:111Ce qui (¡oiL
prendre l'offensive, et qui en a les moyclls,
elle n.evient un inr.onv('nicllt ponr la pllis-




lllnECTOIHE ~1799)' 227
:,ance qui est rédllite ¿¡ la défensive, par l'in-
ft'-riOl'ité de ses forces. Celle-ci doit souhaiter
alors que le nombre des points d'attaque soit
aussi rédllit que possible, afin de pouvoir con-
centrer ses forces avec avautage. S'il eut été
avalltageux pOllr la France, suífisamment pré-
parée a l'offeusive, de pOllvoir déboucher en
Tla v jere par la Suisse, il était f:khcux pour elle,
l'éduíte á la défensive, de ne pouvoir pas COfllp-
ter sllr la neutralité suisse; il était facheux
pour elle d'avoir a garder tout l'espace compris
de Mayence á Genes, au lieu de pouvoir,
comme elle le ut en 1793, concentrer ses forees,
entre Maycnce ('t Strasbourg d'une part, et
entre le Mont-Blane et Genes de l'autre.


A 1nsi, l' occupation de la Suisse pouvait de-
venir dangcl'cuse ponr la France, dans le cas
de la ddcnsÍvc. Mais elle étaít fort 10Ín de se
noire dans UJl cas parci!. 1.,e projet du gou-
vernemellt élait de preJ]{!re I'otfellsivc partout
et de procl~der, comme naguere, par des
coups foudi'Oj'lIltS. :'Ibis la distl'iLutioll de ses
forces fut des plus ll1alheul'euscs. 011 pla<,'a
une <lrrnée tl'observation en HollanJe, et une
autre arrnée d'obscrvatioll sur le Hhin. Une al'-
mée active devait partir de Stl'aSDourg, tl'a-
verse!' la fOf(~t N oire, et en vahir la BavÍel'e.
ti lle ~ecoIllJe armée acti ve devait combattl'l'


15.




228 RÉVOLUTION FRAN\AISE.


en Sllisse ponr la possessioll des montagnes,
et appuyer ainsi d'un coté celle qui agirait
sur le Danube, et de 1'autre ceHe qui agirait
en Italie. Une autre grande armée devait par-
tir de l'Adige pour chasser tout-a-fait les Au-
trichiens jllsqu'au elcla ele l'Izonzo. Enfin, une
derniere armée d'observatioll devait couvrir la
Basse-ltalie, et garder Naples. OIl voulait que
l'armée de Hollande flit de villgt mille hornmes,
celle dn Rhin ele guarantc, celle du Danube
de quatre-vingts, ecHe de Suisse de quaranle,
ceBe el'ltalie de quatre-vingts, cclle de Naples
de quarantc, ce gui faisait en tont trois cellt
mille hommes indépewlamment des garnisolls.
Avec de pareilles forces, cette distribution deve-
nait moins défectneuse. Mais si, par la levée
des conscrits, on pouvait, dans quelque temps,
porter nos armées a ce nombre, OH était loin
el'y etre arrivé dans le momento On ne pou-
vait gucre laisser que dix milJe hornrnes en
Hollande. Sur le Rhin on pouvait a peine réu-
nir quelques mille hommes. Les troupes des-
tinées a composer eette armée el' observation
étaient retenues dans l'intérieur, soit ponr
surveiller la Vendée encore menacée, soit pour
protéger la tranquillité publique pendant les
é1ections qui se préparaient. L'armée destinéc
,\ ;¡gir sur le Danubc était au plus de (Tua-




UlRECTOlRl, (1799)' :229
rante mille hommes, ce He de Suisse de trente,
celle d'Italie de cinqnante, ceHe de Naples de
trente. AillSi, 1l0US comptions a peine cent
soixante ou cent soixante-dix mille hommes.
Les éparpiller du Texel au golfe de Tarente,
était la chose dll monde la plus imprudente.


Puisque le directoire, emporté par l'audace
révollltioTlllaire, voulait prendre l'offensive,
il .falIait alors, plus que jamais, cllOisir les
points d'attaque, se réunir en masse suffisante
sur ces points, et ne pas se disseminer, pOUI'
comhattre sur tous a la fois. Ainsi, en Italie,
au líen de disperser ses forces depllis Vérone
jusqu'a Naples, iI fallait, a l'exempIe de Ro-
naparte, en reunir la plus grande partie sur
l'Adige, et frapper la les grands coups. En bat-
tant les Autrichiens sur l' Adige, ii était assez
prouvé qn'on pouvait tenir en respect Rome,
Florence et Naples. Du coté clu Danube, au
lieu de perdre illlllilemcnt des milliers de bra-
ves au pied du Saint-Gothard, iI fallait dimi-
nner l'armée de Suisse et du Rhin, grossir
l'armee active c1u Danuhe, et livr~r avec celle-
ci une bataille décisi ve en Baviere. 011 pou-
vait meme réduire encore les points d'attaque,
rcstcr en oLservation sur l' Adigc, n'agir of-
fensivemcnt que sur le Danube, et la, porter
un eonp plus fort et plus sur, en grossissant




:do lUíVOLUTION J.'IlAN~:AISE.
la masse qui devait le frapper. Napoléon et
l'arehidue Charles ont prouvé, le premier par
de grands exemples, le sccond par des rai-
sonnements profonds, qu'entrc l'Autriche et
]a France, la querelle doít se vider sur le Da-
nube. e'est la qu'est le chemin le plus court
pour arriver au but. Une armt'e franc;aise
victorieuse en llaviere , rend nnls tons les suc-
ces d'une armée autrichienne victoricuse en
Italie, paree qu'elle esl beaucoup plus rappro-
chée de Vienne.


Il faut dire, pour excuser les plans du direc-
toire,qu' on n' avait poin t eucore embrassé el' aussi
vastes champs de bataille, et que le sClllllOmme
qni l'aurait pu alors, était en Égypte. On dis-
sémina done les cent soixante mille hommes,
011 enviro n , aetuellemellt dispollibles, sur la
ligne immense que notls aVOllS décrite, et dans
l'ordre que nons avons indiqué. Dix lIlille llOm-
mes devaient observer la Hollaude, fIuelqnes
mille, le Rhiu; quaralltc mille forlllaieut l'armée
dn Dallube, trente mille celle de Suisse, cin-
quante mille celle d'ltalie , trente ceHe de Na-
pIes. Les conscrits devaient bientot renforeer
ces masses, et les porter au nombre íixé par
les plans du direéloire.


Lc choix des généraux IlC fut ~llerc plus
[leureux que la conception des plauso 11 esl




lllltECTOll\E (1799). 2:)1
Vl"ai q uc depuis la mort de Hoche, et le d{~part
de Bonaparte, Desaix et Klébcr ponr l'Égypte,
l('s dlOix étaicnt beauconp plm lilllités. 11 res-
tait un gónéral dont la l"('~putation était grande
et méritée, c' était Marean. On pOllvait etre
plus audacieux, plus entreprenant, mais on
ll'{'tait ni plus ferlTle ni plus súr. en état, dé-
fellclll par uu te! llOmme, ne pouvait périr.
OisgTació a cause de sa couduite dans l'affaire
Picll('gru, il avait lllodestement consentí a de-
venir simple inspecteur d'infantcrie. Ou le
pro posa au directoirc pour COlIllIlallder en
Italie. lkpuis que Bonaparte avait tant: attiré
l'attclllioll sur ectte belle contrée, depuis
qu'elle était comme la pommc de discorde en-
tre l' A utriche et la Franee, ce cornmancle-
rnent semblait le plus important. C'est pour-
qlloi OH songea a Morcan. Barras s'y opposa
de toutcs s(:'s forces. 11 dOlllJa des raisons de
grall!! patriote, et préscl1ta Morcan COlIlme
sllspect, ;'l cause de sa conduitc an r 8 fructi-
dar. Ses colkglles eurent la faiblesse dt~ céder.
Moreau fut écarté, et resta simple génf"l'al de
division dans l'armée qn'il alLrait Jú comman-
del" en chef. 11 accepta noblernent ce rang
subalterne et au-dessous de ses talents. Jon-
hert et Bernadottc avaient refusé le COllllllan-
demeu t de l' armée el' ltalie, on sai L par quels




232 IlÉVOLlJTlON .FllAN<;A IS ¡.:.


motifs. On songea done a Schérer, mUJlsll'c
de la guerreo Ce général, par ses succes en
Relgique et sa belle bataille de Loano, s'était
acquis beaucoup de réputatioll. n avait de
l'esprit, mais un corps usé par l'age et les
infirmités; ilu'était plus capable de comman-
der a des jeunes gens pleins de force et
d'audace. D'ailleurs iI s'était brouilk avec la
plupart de ses camarades, en voulant appor-
ter quelque rigucur dans la répression ele
la licence militaire. Barras le propasa pour gé-
néral de l'armée d'Italie. Oll <lit que c'úait
pour le faire sortir du ministere de la gllerre,
ou ii commelH;ait a devenir importun par sa
sévérité. Cepenclant, les militaires que ron
consulta, notamment Bernadotte et Joubcrt,
ayant parlé de sa capacité comme on en par-
lait alol's dans l'al'mée, c'est-a-dil'e avec beau-
coup d'estime, il fut nommé gónéral en chef
de I'armée d'ItaJie. 11 s'en défendit heaucoup,
alléguant son age, sa saJlté, et surtout son im-
poplllarité, due aux fonctions qll'il avait cxel'-
cées; mais oninsista, etilfutobligéd'accepter.


Championnet, traduit devant une commis-
s10n, fut remplacé dans le commandement
de l'armée de Naples par :Nlacdonald. Masséna
fut chargé du commandement del'al'mée d'Hel.
vétie. Ces choix étaient excellents, et la répu-




DIRECTOIln: (I7~)9). 233
hlique ne pouvait que s'en applaudir. L'im-
portante armée dll Danube fut donnée au gé-
néral Jourdan. Malgré ses malheurs dans la
campagne de 1798, on n'avait point oublié les
services qu'il avait rcndus en 1793 et J 794,
et on espérait qu'il ne serait pas au - dessous
de ses preilliers exploits. Puisqu'on ne la don-
nait pas aMurcan, l'armée du Dallube ne
puuvait etre en de meilleures mains. lVIalheu-
rellsemcnt elle était tellement iuférieurc cn
nombre, qll'il eút fallll, ponr la commander
avec confiance,l'audace du vainqueur d'Arcole
et de Hivoli. Rernadotte eut l'arméc du Rhin;
Brune eeHe de JIollande.


L'Autriehe avait fait des préparatifs bien
supérieurs aux notres. Ne se eonfiant pas
comme nous dans ses sueces, elle avait em-
ployé les dcnx années écoulées depuis l'armis-
tice de Léoben, a lever, a équiper et a ins-
truire de Ilollvelles troupes. Elle les avait
pourvues de tout ce qui était nécessaire, et
s'était étudiée a choisir les meilleurs généraux.
Elle pouvait porter actuellement en ligue,
deux ceut vingt-cinq mille hommes effectifs,
sans compter les recrues qui se préparaicnt
encore. La Russie lui fournissait un contin-
gcnl de soixantc mille hommes, aont on van-
lait dalls toute l'ELLropc la bravoure falla tique,




~d{~ luivOLLTION l,'HANCA ISI'
et qui étaient commandés par le célebre Su~
warow. Ainsi la Ilouvelle coalition allait opércr
sur le front de notre ligne avec envirou trois
ceut mille hommes. On al\I10IH;ait deux ,mIres
cOlltingents fllsses, combillés avec des lroupes
anglaises, et destinés, run a la Hollalllle, rau-
tre a Naples.


Le plan de la campagne de la coalition n'était
pas mieux COIH;U que le nulre. C'était UIlt' CUIl-
ceptioIl pédantcsque du consf'il 311liquc, fo!'t
désapprouvée par l'archiduc Charl(>s, rnais im-
posée á lui et a tous les gl>llt>raux, sallS qu'il
leul' fút permis de la modifier. Ce plan repo-
sait, cOlllme celui des Fran<:ais, sur le príncipe
que les montagnes sont la cld de la plaille.
Aussi ues forces considérables daiell t - elles
amoncelées pour garder le Tyrol et les Gl'i-
50ns, el ponr arrache1', s'il é lait possible, la
grande chaine des Alpes aux Frél11 (;ais. L(' se-
cOlld objet que le cOl1seil auliquc sCllll¡1ait le
plus affectionner, c'était l'Italic. ües forees COll-
sidérables étaient placées derriere l'Adige. Le
théatre de guer1'e le plus important, cclui
du Danube, lIe parai~sait pas t\tre celui dont
OH s'était le plus occupé. Ce qu'on avait [ait de
plus heureux de ce coté, c'était d'y placer 1'a1'-
chiduc Charles. Voici counnent étaient <1i5t1'i-
buées les forces alltrichienllcs. L'arc1úduc




DIHECTOIRE (1799)' :::d5
Charles était, avcc cinquante-quatre mille fan-
tassins et vingt-quatre mille chevaux, en Ba-
viere. Dans le Voralberg , tout le long du Rhin,
jusqu'a son cmbouchure dan s le Iae de Cons-
tance, le général Hotze eommandait vingt-
quatre mille fantassins et deux mille chevaux.
BeIlcgardc était dalls le Tyrol avec quarante-
six mille hommes, dont deux milIe cavalicrs.
Kray avait sur l'Adige soixante-quatre milIe
fantassins et onze mille chevaux, ce qui faisait
soixante-quinze ltlille hommes en tout. Le
corps russc devait venir se joindl'e a Kray, pour
agir en ltalie.


OIl voit que les vingt.six mille hommes de
Ilotze, et les quarante-six mille de Bellegarde,
devaient agir dans les montagnes. 11s devaicnt
gagner les sources des fleuves, tamlis que les
élrmóes qui agissaicIlt dans la plaine tache-o
rajcnt d'en franchir le cours. Dll coté des Fran-
(:ais, I'arméc cl'HeIvétie était chargée du me me
süin. Aiusi, de part et d'autre, UIle foule de
braves allaient s'entre-détruil'e iUlltilement sur
des rochers ínaccessibles, dont la possession
ne pouvait gll(~re inOuer sur le sort de la
guerfe *.


* TOl!tcs (:es asscrtions sont motiyées al! long par I'al'-
.. hiduc Charlcs, le génél'al Jomini et Napokoll.




236 RJjVOLUl'lON F1tAN~AJS]'.
Les généraux franc;ais n'avaient pas manqué


d'informer le directoire de l'illsuffisancc de
leurs moyens en tout genre. Jonrdan, obligé
d'envoyer plusieurs bataillons en Belgique,
ponr y réprimcr quelques troubles, et une
demi-brigade a l'armée d'Helvétic pour rem-
placer une autre demi-Lrigadc (~nvoy~e en Ita-
lie, ne comptait plus que trente-huit millc
hommes effectifs. De pareilles forces t:'taient
trap dísproportionnées avec celles de l'archi-
duc, pour qu'il put lutter avec avantage. Il
demandait la promptc formation (le l'armée
de Bernadotte, qlli ne comptait pas encore
plus de cinq a six mille homrnes, et surtout
l'organisation des nouveaux bataillons de calll-
pague. 11 aurait vouln qu'on lui perrnlt d'atti-
rer a lui, ou l'armée du Rhin, ou l'armée
d'Helvétie, en quoi il avait raison. Mass(~na se
plaignait, de son coté, de n'avoir ni les ma-
gasins, ni les moycns de transport indispen-
sables pOllr faire vivre son armée dans des
pays stériles et d'uIl acces extremementdifficile.


Le directoire répondait a ces observations
que les conscrits allaient rejoindre et se former
hient6t en hataillons de campagne; que l'ar-
mée d'Helvétie serait incessamment portée a
quarante mille hommes, eeHe <Iu DarlllLe a
soixante; que des que les élcctions scraient




IlTRECTOIRE (1799)'
achevées, les vieux hataillons, retenus dans
l'intérieur, iraient former le lloyan de l'arméc
du Rhin. Bernadotte et Masséna avaíent ordre
de concourir aux opérations de Jourdan, et
de se conformer a ses VllCS. Comptant tou-
jours sur reffet de l'offcnsive, et animé de la
meme confiallcc dans ses soldats, iI voulait
que, malgré la disproportion du nombre, ses
gélléraux se hatasscnt de brusquer l'attaque et
de déconcertcr les Autrichiens par une charge
impétueuse. Aussi les ordres furent-ils donnés
en conséquence.


Les Grisons, partagés entre deux factions,
avaient hésítl~ long-temps entre la domination
autrichienne et la domination suisse. Enfin ils
avaient appeJé les Autrichíens dans leurs vaI-
lées. Le <lirectoire, les considérant comme su-
jets suisses, ordonua a Masséna d'occuper leur
territoire, en faisant aux Autrichiens une som-
rnatioJl préalahle de l'évacller. Eu cas de re-
fus, Masséna devait aUaquel' sur-Ie-champ. En
me me temps, commc les Russcs s'avaIH;:aient
toujours en Autriche, iI adl'essa, a ce slljel,
del1x notes, l'une au con gres de Rastadt,
l'autre a l'empereur. Il déclarait au corps ger-
maniqlle et a l'empereur, que, si dans l'espace
de lmit jours un contre-ordre n'était pas donué
á la marche des Rnsses, il rcgardcrait la guerl'f~




:.d8 RÉVOLUTION Fn,\N0A1SE.
comme déclarée. Jourdan avait onll'c de pas-
ser le Rhin anssitüt ce délai expiré.


Le congrcs <le Bastadt avait singulierement
avancé ses traY:lllX. 1 _es questiolls de la ligue
du Rhin , du pal'lage eles lles, de la constrllc-
tion des ponts, étant tcrmínécs, on ne s'OCCU-
paí! plus que de la question des dettes. La
ptupart des princes germaniques, exccpt(? les
princes ccclésiastiqucs, 11e dcmandaient pas
mieux que de s'cntendre, pour éviter la guerre;
mais soumis la plupart a l'Aulriche, ils n'o-
saient pas se prolloncer. Les memLrcs ele la
députation (]uittaicnt successivemellt le con-
gres, et bientót on aliait se trouver dans l'im-
possibilité de délibérer. Le congrt;s dé clara ne
pas pOllvoir rópondrc a la note du dircctoire,
et en référa a la diete de Hatishonne. La note
destinée a l'cmpereur fut envoyéc a VieJll;e
mhlle, et resta san s répollse. J _:1 gueI'l'c se
trol1yail done (!{'claréc par le ftit. Jourdan eut
ordl'c de 11'aversel' le Hhin, et de s'avancer,
par la foret Noire, jusqu'aux sources uu Da-
Ilube. Il franc11it le Rhin le 11 ventase an vn
(J er mars). L'archidllc Charles frallchit le Lech
le 13 ventase (3 mars). Ainsi les limites que
les ueux ¡missélnces s'étaient prcscrites ('tajent
fi.'anchies, et on allai t de nouveau en venir
aux maills. Cepcndant, lout (~n fais;lIIt ulle




mRTICTOlRE (1799)'
mnrehc offensivc, Jourdan avaít or<1re de lais-
ser tirer les premiers coups de fusil a l'en-
nemi, en attenclant que la íléclaration de
gucrre fút approll \'ée par le corps législatif.


PelH1ant ce telflps Mass('na agit dnIls les Grí-
sonso TI SOIllIll:í les Autrichiens de les évacuer
le 11; Y(~flh)se (G mars). Les Grisolls se compo-
srllt d(~ la haute vallée du Hhin, et de la
haute vallée de l'1nn, OH Engadin. l\fasséna
résolut de passer le nhin pres de son em-
bouchure daus le lac de Constanee , et de
s'emparer ainsi de tous les corps répnndus claus
les hautes vallées. Lecourbe, qui forlllait son
aile dl'Oite, et qui, par son aetivité et son au-
dace extraordinaires, était le général le plus
accomplí pour la gllerre desmonlagnes, devait
pa,·tir des environs du Saint-Gothard, franchir
le Hhin Y(~rs ses sourccs, se jeter dans la val-
léc de l'lllll. Le géuéral Dessolcs, ayec une
division de l'armée d'Italie, dcvait le seconder
PIl se portant ele la Valteline daus la valléc du
Haut-Atlige.


Ces habites dispositions furcnt exécutées
avee une grande viglH~ur. Le 16 ventose (6
mal's) le Rhill fllt fl'anchi sur tous les points.
Les solclats jeterent des charrettes dans le
(lelJ\,(~, et passerent desslls comme sur un
pOIlt. Ell deux .iours, l\Iass{~lla [ut maitre de




2!¡O RivOLUTION Im,\N\-AISl'.


tout le cours du Rhin, dcpuis ses sourccs j lIS-
qu':'t son embouchure dans le lac de Cons-
tan ce , et prit q uinze pieces de canon et cinq
mille prisonniers. Lecourbe, de son cóté,
n'exécutait pas ave e moins de Donheur les or-
dres de son général en chef. II franchit le Hhin
supérieuI', passa de Dissentis á Tusís (bns la
vallée de l'Albula, et, de eette vallée, se .ieta
hardiment dans celle de l'Inu, en traversant
les plus hautes montagues de l'Europe, cou-
vertes encore des neigcs de l'hiver. Un retard
forcé ayant empeché Dessoles de se porter de
la Valteline sur le JIaut-Aclíge, J"econrbe se
trouvait exposé an débordcment de toutes les
force s autrichieunes eantonnées (lans le Tyrol.
Tandis, en effet, qu'il s'avan<:ait hardiment
clan s la vallée de l'InIl et marchait sur 1\lar-
tinsbruck, Laudon se jeta avec un corps sur
ses derrieres; mais l'intrépide Lccourbe, re-
venant sur ses pas, assaillit Laudoll, l'accabla,
lui 6t beaucoup de prisonniers, et recommen<;a
sa marche dans la vallé e de l'lnn.


Ces débuts brillants semblaient faire croire
que dans les Alpes comrne a N aples les Fran-
<:ais pourraient Lraver partout uu f'nnemi su-
périeur en Hombre. Ils confirmercllt le di-
rectoire dans l'.idée qu"il fallait persiste!' dans
l'offensive, et supplécr an llombre par la har-
diesse.




l11HECToinF (1799)' '14r
Le directoire Cllvoya a Joul'datl la déciara-


tion de guerre q u'il avait obtenue des cOllseils *,
avec l'ordre d'attaquer sur-Ie-Gbamp. Joutdan
avait débouché par les défilés de la foret Naire,
dans le pays compris entre le Danuhe et le lae
de Constance. L'angle formé par ce 11ell\'e et
ee lae ya en s'ouvralll tonjours clavautagc, a
mesure qu'on avance en Allem<lgne. Jourdall,
c¡ui vOlllait appllyer sa gauche an Danube, et
sa droite all lae de Constallce, pour eomnm-
lliquer avee Masséna, était done obJigé,. a
mesure qu'il s'avalH;ait, ¡J'ételldre tOlljours sa
liglle, et de l'aftaiblir par conséqucllt d'ul1e
maniere daugereuse, surtont devant UIl ell-
nemi tres - strpérieür en nom breo Il s' était
d'abord porté jusqu'a Mengen d'un coté, et
jusqll'a Marclulorf de 1'alltre. Mais apprenallt
(f!le l'arméc du Hhin ne serait pas organisée
avant le 10 germinal ( 30 mars), et craignant
d'elre tournt~ par la valJée dll Necker, il COII-
<Jut des craintcs et fit un mouvemellt rétrograde.
Les ordres de son gouvernemcnt et le sllcces
de Masst'na le déciderent a remarch~r en avallt.
11 fit ehoix d'llne bonne position entre le lac
de COllstallce et le Danube. Dellx torrí'llts,


;. Celte d(:clal'atioll dI' ~lII'IT!' ["t f:li~e le 22 vcnt,'¡sf
T" YIr '-12 'Har, "~o


\'. ,e




2,'12 fU::VOLUTlON FR A Coi ': A ISF.


i'Ostrach et l'Aach, partalll h pCIl pr¿s d!¡
méme point, et se .ictaut l'un (lans le l);¡tlubc,
l'autre dan s le lae de COllstance, forn1f'llt UJ]!'
nH~me ligne droite, dCl'l'il~re !aqucHe Jourdan
s'établit. Sainl-Cyr, formallt sa gauclte, ótait
a l\Ieugen; Süuham, avec le e('lltre, ;'t PfuJ-
lendorf; li'érillo, avec la droitc, .1. Jlarclidorf.
D'Haupoult était placé á la n·~serve. Lefe1JVrc
avec la division d'avant-garde , était a Ostrac11:
Ce point était le plus accessihle de la ligne ;
placé a l'origine des rlenx tOrI'Cllts, .1 pr0sclltail.
des mal'écages qu'ol1 pom'ait 11'aH'rSel' ,~llr IIlIC
longue cJ¡allss(~e. C'esl. sur ce point que l'al'-
chiduc Charles, qui ne '/01lJait point se Jaisser
prévenir, résolut de porter son principa 1 efTort.
U dirigea deux colonncs a la galLche el;'t la droite
des Fran~ais contrc Saillt-Cyr el. Férino. l'tIais
sa masse principale, f'nrl(' de pl't:s d(~ ciuqwlIlte
mili e llOlllll1CS, fu t por! {'c 10[1 t ellt iáe sur k
point d'Ostl'ach, oú se tromait'lIt ncuf millc
Franc:ais au plus. Le cOlnbat cOtmncnr;a le 2
germinal (22 mars au matin) et fut des pllls
acharnés. Les Frant;ais déployercnt ;1. ccttf~ pre-
miere rencontre une bravonre el llIle opini:l-
treté qni excitúellt l'adl1lil'alioll (lll pl'incc
Charles lui-ménlf'. Jonnlan accourut sur ce
point; mais l'étendnc de sa Jigne et la lla/me
clu pays ne perrnellaÍcll1 jlas CInc, par un JnflU-




n:mcllt rapidc, il transportat les furce; de ses
ailcs a son centre. Le passage fut forcé, et apres
une résistance hOTlorable, Jounlan se vit obligé
de battre en rctraite. JI se replia entre Singen
et Tnttlingeu.


Un l:cÍlec ir {o[lvel'ture de la call1pagne était
ükhcux; i[ délruisait ce prestige (Lllldace et
d'illvinciLiiit(: dont I(~s Fl'aw;:ais avaicnt be-
soin pOllr stlppléer an nombre, Cppcndant
l'inr{"rioritt~ des forces avait renda cet échec
pres(llw inévítablc. Joul'dan nc renOlH:a pas
poul'lant a prcnclre l'offensivc. Sacltant que
lVIassélla s';n'allc;ait an-dela du Rhin, se ftant ~t
la coopél'ation de l'al'mée du Danuhe) il se
cl'oyait obligé de tentel' un dernicl' effol't pOllr
soutenir son collegue, et l'appuyel' en se por-
tant vers le bc de COllstance. n avait un autre
motif de se reporter en avant; c'était le désír
(l'occuper le point de Stokach, oú se croisent
les mutes de Suissc et de S0113be, point qu'ii
avait en le to1't d'abanc\onncl' en se retirant
entre Singcn et Tl1ttlingell. 11 {Jxa son 111011-
vement au 5 germinal ( '..1.5 mars),


L'archiduc Charles n'était pas encore assnré
de la directioll qll'il devait donne!' ú ses mouve-
ments. II ne savait s'iL devaít dirigel' sa marche
OH sur la Sllissc, de maniere a séparer Jounlan
de' Masséna, ou yersles sources el II Danu he,


1 (),




x'I4 nÉVOLUTlON rl\i\N0A1Sfn
de malliere a le sépal'cl' (1e S3 base du Hhin. La
direction vers la Snisse luí scmblait la plus
avantageuse ponr les (leux anuées, cal' les
Fran<,;ais avaient autant d'intérét a se lier á
l'al'mée d'Helvétie que"1 les Autrichiens en
avaient a les en s{~parcr. Mais il ignorait les
projets de Jourdan, et voulait faire IIHe l'f'COn-
naissance pOllr s'en assurer. II avait projeté
cette recoüllaissance pOllr le 5 germinal (25
mars), le jour meme ou JOllr\lan de son cot(~
youlait l'attaquer.


La natme des lieux rendait la position des
deux années extremernent compliquéc. Le
point stratégiq ue était Stokach, ou se croisen t
les routes de Souabe et de Sl1isse. C'était la la
position que Jourdan voulait reprcndre, et que
l'archiduc voulait garder. La Sto1.ach, petite
l'iviere, conle en faisant beaucoup de détours 1
devant la vilJe du m';me llOm, et va finir son
conrs sinllellx daos le lae de Constanee. C'étaÍt
sur cette riviere que l'archiduc avait pris po-
sltion. 11 avait sa gauche entre Nenzingen et
\Vahlwies, sur des halltcurs, et dcrriere l'nn
des eircuits de la Stokaeh; son centre était
placé Sllr un platean élevé, nommé le Nellem-
berg, etenavant de laStokach;etsa droitc Sll!'
le prolongement de ce platean, le long (h~ b
challssée qlli va de Stokach a LiptingeIl. Elle




bt: tronvait, eomme le centre, en avant de la
Stokach. L'cxtrémité de eette aile était eou-
verte par les bois épais qui s'étendent sur la
route de Liptillgen. Il y avait de gt:ands dé-
fauts dans ccttc positioll. Si la gauche avait la
Stokach dcvant elle, le centl·C et la (Iroite l'a-
vaiellt ;'¡ dos, el pOllvaient y etre préc,ipités
par un effort ele l'cllnemi. En outre, toutes les
positiolls de l'armée n'avaiellt qu'tlOe meme
issuc vers la vi \le de Stokach, et en cas d' UIle
relraite forcée, la gauchc, le ccntre, la droite,
scraient venus s'clltasser slIr une seule route,
et auraient pu amencr, en s'y rcncontrant, une
confusion désastreusc. Mais l'archiduc, en vou-
lant couvrir Stokach, ne pOllvait pas prendre
d'alltre position, et la nécessité était .son ,excuse.
Jl n'avait a se reprocher que deux vérítables
tautes: l'ulIe de ll'a voir ras faitquelqnes travaux
pOllr· mieux garder son c~lltre et sa droite, et
l'autre cl'avoir trop porté de tl'OUpCS a sa gall-
che, qui était suffisamment protégée par la
riviere. C'efit l'cxtrerne désir de conserver le
point irnportant de Stokach, qui luí fit distri-
bner ainsi ses troupes. Il avait da reste l'avall~
tage d'uue irnrnense supériorité numérique.


Jourclall ignorait une partie eles disposítions
de l'archiduc, car ríen n'est plus difficile qUe
les reLlJllllaissallces, surlollt dans un p<lY.5 aus:si




accidenté que cclui Ol! agissaient les deux a1'-
mées. Il occupait toujOUl'S l'Ol1verture de J'an-
gle formé par le Danube et le lac de Constauce,
de Tuulin!:!"en a Steusslin,s:"cn. ectte ligue était


o ~ v


fort étenduc, et ia llature du pays, qui ne
permettait gtlCf(~ une COllcf'lltration rapicle,
rendait cet illconvénient CIlCOfC plllS graye.ll
ordonna an gélH'~ral Férino, quí commandait
sa el roite \'Cl'S Steussl ingen, de marchcr sur
'rVahlwies, et a Souham, qui commanclait le
centre vers Eigeltingcn, ele se porter sur N en-
zingcn. Ces detlx g(~!léranx dcv~;icnt combine!'
leurs efforts pou!' ernporlcl' la gallcllc et le
centre de l'al'chiduc, ell passallt la Stokach
el en grayissailt le Sellemberg. JourJan se
proposait ensuitc de faire agir sa gauche, son
avanl-ganle et sa réserve sur le point de Lip-
tingt'n, afin de pén{'trcr ;1 tra"t'fS les l)ois (luí
cOU\Taient ia droite de i'archid!lc, (:'1 de ;):11'-
vellir it la forcer. Ces dj~;:)()"iliolls avaient I'a-,
vantage de diriger la plus grande masse des
forces sur l'aile dmite de l'archiduc, quí était
la plus compromise. ::\Ialheureuscment toutes
les colonnes ele l'armée avaient des pOlllts de
départ trop éloignés. POUI' agir sur LiptillgCI1,
l'avallt-ganle et la rés~'rv(' ;l:trlaiellt (rl.:mingen-
ob-Ek, ct ia rauche tk Tu~t!il1gcn, a h dis-
tancf:' (i'tllle jot!t'w'·:· de marcbe, C(~I: isu i ('llll'llt




DlHECTOI ¡tIc (1799)'
dait d'aulant plus dangereux, que l'armpe
/i'aw;:aise, forte de trente-six mille hommes envi-
ron, était inférieure d'un tiers au moins a l'al"
mée autrichiellue.


Le 5 germinal (').!l maJ's) au matill, les deux
aJ'mées se )'('l!ColltrÓi'f~llt, L'armée frant;¡aise
llIarcJlait Ú une hataillc, celle des Antrichiens
;'1 une J'(~collllaissa])(;e. Les A ntrichiens , qui s'é-
taient <"Dranlé:s un peu avallt f10US, surprirent
nos avant-gardcs, mais furent Lientót refoulés
sur tOllS les pO[nt5 par le gros de nos divisiotls.
Férillo ;'1 la draite, Sonham au centre, arrive-
rellt it \Vahlw;es, il Orsingcn, a Ncnzingell,
au bord de la Stoj,ach, all pied du Nellem-
berg , ramenercnt les A utrichiells dans leut'
position dn matin, et commencerent l'attaque
sériellsc de cette position. lis avaient a frall-
chir la Stokach et á [orce1' le Nellembe1'g.
U1le lOllgue callolllladc s' engagea sur toutc la
ligne.


A notre gallchc, le sllcci~s était plus prompt
et plus completo Vavant - ganle actuellement
commandée par le génél'al Soult, df'puis uIIe
hlessure qu'avait re<;ue Lefebvl'e, repollssa les
AntrichiclIs qui s'étaicnt avancés jUSqH'~t Emin-
gen.oh-Ek, les chassa d(~ LiptingeIl, les mit en
déroute dans la plaiuc, les poursuivit avec une
('xtn;lilc ar¡[ctll', l't pan j'it á lenr t:111evcr les




bois. Ces hois étaient ceux mél11es qm COlh
vraient la aroite au,trichienne; en poursllivant
leur mouvement, les Frallc;:ais pOllvaient la je-
ter dans le ravin de la Stokach, et lui callser
un désastre. l\Iais il était cLtir qtle cette aile
allait etre )'etlfoJ'cée aux dl:pens dll centre et
de la gauche, et qn'il fallait agir sllr elle ayec
une gJ'ande rnasse de forces. Il falbit donc,
coItlme dall!> le plan primitif, faire converger
Sllr ce meme point l'avant-garde, la réserve
et la gallche.l\Ialheureusement le général Jour-
dan, se confjant dans le SlICCCS trop facile qu'il
vepait d'obtenir, voulut atteíndre un objet
trop ('teudu, et an líen d'arnellel' Saint-Cyr a
hú, iI prescrivit a ce général de faire nn long
circuit, pOUl' envelopper les AutrichieIJs et
lellr coupel' la rqraite. C'était trop se htlter de
reclleillir les frllits de la victoire, ql/afld la vic-
toire n'était pas remporté(~. Le gélléral .Iour-
dan m~ garda slIr le poiJlt d{'cisif que la di-
vision d'avant-garde et la I'éserve confiée a
d'Hautpolll.


Pendant ce temps, la dwite des Alltrichiens,
voyant les bois qllila cOllvraicnt ford~s par
l'enncmi, fit volte-face, et disputa avec une
extreme opitliátl'etó la chaussée ele Liptillgcp
.a Stokacll , qui tl'averse ces bois. On se battait
avec <lcbarnement, IOI'Stjllt' ¡'archidllc accotl-




]HRECTOlRE ([ 7~)9). 2!¡~j
;rut en toute hateo Jugeant ledanger avec un
.coup (l'reil sur, il retira les grenadiers et les
cllirassiers dll centre et de la gallche pour les
transporter a sa droite. Ne s'effrayant pas elu
mOllvement de Saillt-Cvr su!' ses derrieres, il
~


sentit que Jourrlan repollssé, Saint-Cyr n'en
seraít que plus cOlIlpromis, pt il résolut de se
borller ~t un effort décisif vers le point actuel-
lClllClIt menacé.


On se disputait les bois avec un acharne-
ment extraordinaire. Les Fran<;ais, tres-infé-
rieurs en nombre, résistaient avec un courage
que l'archidl1c appe1lt~ admirable; mais le prince
cbargea lllí-merne avec quelques bataillons snr
la chaussée de Liptingen, .et fit lacher prise
aux Fran(~ais. Ceux-ci perdirent les bois, et se
trouverellt enfin dans la plainc décotlverte de
Líptillgen, d'oú. ils étaient partís. Jourdan fit
demander du secours a Saiflt-C)T, mais jI n'é-
taít plus temps. Illui restait sa ,'éserve, et iI
résolllt de faire eXPcllter une charge de cava-
lerie pour repreTHlre les avantages perdlls. Il
lan<;a qllatre régiments de cavalerie a la {ois.
eeUe charge, arretée par tille alltre clJarge
fIue fireut a propos les cuirassiers de l'archidue,
ne fllt pas hemcuse. Une confllsion horrible
"e mit alors dans la plaine de Liptingen. Apre~
!Y0ir f;¡it des prodjges de bravome, les !'r;m-




1,JO I:L\'OLLnO~ FH \NC\ISI,


<,'aís se débandereut. Le général Jourdau lil des
efTorts héroiques pour arreter les fuyanls; ii
fl1t emporté lui-m(~lllc. Cepcwlant les Autri-
chiens, épuisés de ce long cornLat, n'osÓl'ent
pas nOllS poursHlvre


La journée fllt (ks 101's flnie. Férino et SO\1-
ham s'étaienl. maintenus, Illais n'ayaícnt forcé
ni le ccutre ni la gauche des Antrichiclls. Salnt-
Cyr courait su!' JE'Lll'S derl'ieres. On ne pouvait
pas dire que la bataille fut pcrdue : les Frall-
<;ais, inférieurs du tiers, avaicnt conscné p3r-
tout le champ de bataillc, d clóployé une rare
bravoure; mais avE'C lenI' inf(~!'iorilé IlIllnéri-
que, et l'isolemcnt de lelll's diff('~rents corps,
n'avoi1' pas v¡¡incn, c'était étre battu. 11 fallait
suI'-le-champ rappeler Saint - Cyr, tres-com-
promis, rallier l'avant-garde et la réseI've mal-
traitécs, r~lmcner le centre et la droÍte. Jourdan
donna sur-Ic-chatll p des ordres en conséq llenCl',
ct prescrivit ;\ S:tint-Cyr de se replier le plus
promptement püs~iLle. La position de ce de\'-
ni el' ótait devenue tres-périlleuse; mais il opéra
sa re traite avcc l'aplomb qni l'a toujours si-
gllalp, et il regagna le Dallube sans :\ccidellt.
La pel'te avait été ;\ [Jet! pI·t·S égale dc'i denx
cotés, en tllt~S, bte::sés ou prismllliers. Uk
l'tait de qlla!r,? i¡ Cll!lj miEl' hO!llJ!)CS ell\ iru:1.


iprl's (:eitc IOUl';l\"~~' L~lcdllt~lll'l'U~)C L,·¡ fi'(Ul-




tlUU:CTOlltE (1 79~)).
{,'alS ne pOllvaiellt plus tenir b campagne, et
ils devaient ,hereber un abri derriere UIle li-
gn~ puissante. Devaicnt-ils se retirer en Suisse
on sur le Rhin? Il était évident qu'en se reti-
rant en Suisse, ils cOlll!Jiuaient leurs efforts
avec l'armée de ::Uassélla, et pouvaient par
ecUe réunioH repremlre ll11e anilllde impo-
sante. MalhcurcusemCllt le gélléral Jourdan ne
cmt pas devoir en agir ainsi; ii craignait paur
la ligne du Hhin, sur laquclle Bernac10tte n'a-
valt réuili E'ncoJ"c que sept a huit mille hommes,
et il résolut de se rep!ier a l'<cntrée des défilés
de la í(m;~t Noire. 11 prit lá une positioIl qu'il
eroyait forte, et laissaut le comm:!nclemcut a
son ehef d'(~tat-major Eruoulf, il p;lrtit pour
Jlaris, afin d'aller se plaindre de l' état d'infé-
riOTité dans lequel on avait laissé son armée.
Les rés¡¡]¡ats parlaicllt heallcoup plus haut que
toutes ! ::s plain tes d u mOJI de, et il vabit bien
mienx qu'il l"{~sLlt;1 SOD arrm'e que d'allcr se
plaindre it Paris.


Tres·heurcusement le eonseil aulique impo-
sait a l'archiduc ulle faute grave, qui I'Pparait
en partie les nutres. Si i'archiduc, poussant
ses avant;¡ges, eút poursuivi sans rcl,\che no-
tre arméc vaiuelle, il aurait pn b mettre dan s
un d0:·;onlre eomplet, et pe1lt-etre meme la dé-
truire. 11 ,ltlrait été temps alo!'s de revenir vers




:;len IlÉVOLliTION 1'1\.\:\'l,:.\ISI-:.


la SuÍsse pom assaillir Masséna, privé de tOllt
seeours, réduit a ses trente mille hommes, ct
engagé dans les hautes vallées des Alpes. Il
n'eut pas été impossible de lui couper la route
de Franee. l\Iais le conseil aulique défendit a
l'archiduc de pousser vers le nhin avant que
la Suisse fUt évaclJéf~; c'était la conséqllcnce
du principe, que la clef dll thé::ltre de la gucrrc
était dans les montagnes.


Penclant que ces événemcnts se passaient en
Souabe, la guel're se poursuivait dans les Hau-
tes-Alpes. Masséna agissant vers les sources da
Rhin, Lecourbe vers celles de l'Inn, DessoJes
vers eclles de l'Adige, avaicnt en des succes
balancés. Il y avait au-dela du Rhin, un peu
au-dessus du point ou il se jette dans le lae
de Constance, une position qu'il était urgent
d'emporter, e'était eelle de Feldkirch. Masséna
yavalt mis toute son opini:ltl'C'té, mais il y
avait perdu plus de dClIX mille hommes sans
réslll tato Leconrbe, a Taufers, Dessoles, a Nau-
ders, avaÍent livl'édt'ux eombats brillants, qui
leUi'3Vaiellt valu a chacnn trois a quatre mille
prisonuiers, et qui avaient amplement com-
pensé l'éehee de Feldkirch. Ainsi les Fran<;ais,
par leur vivacité et leur audaee, conservaient
la supériorité dans les Alpes.


:Ces opél'atiolls c()mmen~aif'nt ell ftnlic, I\-:




Dll\lcC'l'OlllE (1799)'
lenJemain nH~me de la batailte de 5tokach. Les
Francais avaient reCll environ trente mille cons-, ,
crits, ce qui portait la masse de lClll'S forces
en ltali:e a cent seize mille hommes a peu preso
11s étaient distriuués ainsi qu'il suit : trente
m ille bomnws de vieilles t rOl! pes gardaient,
satis l\Iacdollald, Home et Naples. Les trente
mille jellnes solclats étaient dans les places, Ji
restait einquallte-six mille lwmrnes SO!lS Sché-
rer, De ces eingliallte-six mille homllles, ii en
avait été détaché cinq mille SOtlS le général
Gauthier pour occuper la Toscane, et cinq
mille SOllS le général Dessotes pour agii' (laus
la VaItcline, C'élaiellt dOlle c¡uarantc-six millc
hommes qui restaiellt a 5chérer pour se bat-
tre sur l' Aclige, point essentiel, ou il aflrait
fallll porter tOllte la masse de uos forces. Oll-
tre l'incOlwénicnt du petit nombre d'hommes
sur ce point décisif, ji en était uJI' autre qlli
lle fut ras moins fatal allx Fran~:ais, Le général
ll'inspirait aucune confiance; il n'avail pas as-
sez de jeunesse, comme IlOUS l'avolls dit; il
s'était d'ailleurs dépopularisé pendant son mi-
nistere, Hle sentait lui-nH~me, et il n'avait pris
le cornmandement qu'kt regret. Il allait pendant
la nuit écouter les propas des soldats sons leurs
ten tes , et recueillir de ses propres oreilIes les
prclIvcs de s()n impopularité. C'<"taiellt lit dp:~




25(~ !U;YOLUTION FRA ~C,\ISl'.
circonstances bien tléfavol'ablcs, an ddmt d"¡l1!(' .
campagne gl'allde et difficilc.


Les Autrichiells dcvaicnt ('trc comlllandt~s
par Mela,> et Snwarmv. En attcnc!allt, ils obéis-
saient au baran dc Kray, l'1l11 des meillcul's
génóraux ele l'cmpercm'. ;\ vau i llj(;me rarrivée
des Rllsses, jls cornp!aient (lIJatre-vini~¿"óllq
mille hOllnnes dans la Haute-lta!ic. Soixantc
mille, á peu pres, étaient dé.i:l sur l'Adíg('.
Dans les deux armées l'ordre avait dé donné
de prendre l' offellsive. Les A ntrichiens devaiellt
débouchel' de V t'~r(JIle, louge!' le pi('cl des ))]011-
tagnes, et s'avancer au-deL't du {lclIve, en n1:1S-
quant toutcs les places. Ce mouvemellt avait
pour bnt d'appuyl'r cclui de l'armée da Tyrol
dans les montagnes.


Schérer n'avait rer;u d'autre illjunctioH que
ele franchil' l'Adige. La commissioll ét:lit diffl-
cile, car les Alltrichiens avaient tout l'ayanlage
de cctte JigIl('. Lile doi¡ t:¡re ass('z COIllllle par
b campagne de 1796. V éronc et Legnago qui
la commamlent appartellaient aux Autrichicns.
Jeter un pont, sur quelque point que ce ftlt,
était tres-dangereux, cal' les c1utrichiens, ayant
V érone et Legnago , pOllvaicnt d(~Loucher sllr
le flan e de l'armée, occupée a tenter llH pas-
s<lge. Le plus súr, si OH n'avait pas (,ll l'ordl'l'
J,~ prendre l'offensin~, ctlt ét.; de !:¡i"sf'l' (](;-




]HI1ECTOInE (17991.
Loncher l'enncmi au-deJa de V érone, de l'at-
telldre sur un terrain qu'on aurait en le temps
de choisir, de lul livrer Lataille, et de profiter
des résultats (l(~ la victoil'e pOli!' passer l'Adige
a sa suite.


Scht'Tcr, olJligt' de prcIl!lrc I'initiatíve, hé-
sita sn!' le lIleillelll' partí ;\ adopter, et se dócida
elliin pour ulle att;Hlne yers sa gaucl!e. On se
souvient sans (loute de la posílion de RiYdJí,
u;¡ns les mont:.lgnes, á l'eutrée du Tyrol, et
fOI't au-desslIs de V érone. Les AutrichicllS en
avajen t l'etrallcht' toutes les approches, et formé
un camp a Pastrcugo. Sch{'rer résolut de leur
enlever el'aborcl ce camp, et de les rejeter de
ce C(>té au-dclil de l'Acligc. Les trois divÍsiol1s
Serrurier, 1)elmas ct Grenier, furent desLÍnées
a cet objet. J\Ioreau, devenn simple général de
djvisioll sons Schérer, dcvait, avec les deux di-
visions JIatry ct Victor, inrpliéler Vérone. Le
général l\Iolltrichard, avcc une division, dc-
vajt faire une démonstration sur Legnago.
Cette distribution de forces annolH;:ait l'in-
eertitude et les tatonnements da général en
chef.


L'attaque ent líen le 6 germinal (26 mars),
lenclemain ele la bataille de Stokach. Les trois
divisions chargées d'assaillir par plusieurs
points le camp de Pastl'('ngo, l'enleverent av('c




256 RÉVOLTlTlOX FHANyA.ISE.
une valeur digne de l'ancieunc armé e d'Italie,
et s'emparerellt de Rivoli. Elles prirent quinze
éents prisonniers aux Autrichiens et beaucoup
de canons. Ceux - ci repasserent I'Adige a la
h:lte sur un pont qu'ils avaient jeté a Polo, et
qu'ils eUl'ent le telllps de détruire. Au centre,
sous Yérone, on se battit pOllr les villages
placés eH avant de la ville. Kaim mil a les d{'-
fendre et a les rep1'endre une opiniatreté inu-
tile. Cellli de San-Massimo fut pris et rel')1'is
j usqu'a sept fois. Moreau, non rrJoills opillia-
t1'e que son ad ve1'saire, ne llli laissa prendre
aucun avantage, et le ressc1'ra dans Vérollc.
Montl'ichard, en faisant line démonstralÍOYl
inutile sur Legllago, courut de véritables dan-
gers. Kray, trompé par de faux rellsf'igne-
ments, s'était imaginé que les Fra[l(~ais allaient
porter leur principal effort sUr le Has-Adige;
il Y avait dirigé une grande parlie de ses fór-
ces, et en débollchallt de Legllago, il mit
},Iontrichard dan s le plus grand péril. Heu-
reuscment cellli-cí se cOllvrit des accidents du
terrain, et se replia sagement sur Moreau.


La journée avait été sanglaute, et tout ir
l'avantage des Fran<{ais, a la gauche et au cen-
tre. On pouvai t évalller la perte des FralH;ais
('11 tllés, blessés f't prisonniers, a quatre mil/e.
"t ('~H{' df's AlltrichicllS a huit mil/e :w Ill(lin.,·




DIl\ECTOiHE \1709). / i
Cependant, malgl'é l'avantage que les Fl'an<;ais
avaiellt en, i!s n'avaicnt obtenn que des ré-
3ullats peu importants. A V érone,· ils n'avaient.
fait que resserl'er les A lltriclú('J1s; att··desslls
de Véronc, ils les avaiellt rejelés, ii est vrai,
au-dcIa de fAdige, et avaicllt acqnis le mayea
de le passer ~l leul" suite ell rétablissant le pont
de rolo; mais malbenrcllscmcnt il étail ¡Wl!
importani de fraIlchir l'Adige sur ce pOillt. On
doit se sonveJlir que la ronte c¡ui IOIlgc exl~'­
rieurement ce fleL/ve vient traverser V éronc,
et qu'iI JI'y a pas d'antrc issue pOllr déboncher
dans la plainc. Ce n'était donc pas tOllt que de
franchir l' A.digc a 1)010; on se trouvai t, aprcs
i'avoir franchi, en faee de V érolle, dans la mt'me
püsition qtlc Morean au e('ntre, et il fallait en-
le\'(~r la pbce. Si, d;¡ns la journée I11f.me, on
cút profitt' du désordrc clalls lequcl I'attaquc
du camp de Pastrellgo avait jeté les A ntricltieus,
et qtI'on se fút haté de rétablir le pont de Polo,
pent-ctre aurait-on pu entrer dans la place a
la suite des fuy::trds, surtout ;'1 la favear du
combat opiniatrc que 3Iorcau, de l'autre coté
de L\dige, livraít au gént-ral Kaim.


1\T al heureusenwnt, rien de tou t cela n'ava i t
étt~ {:lit. Cependant OH ponvait l'éparer c€tte
fallle Pl! ;¡gis~ant "ivcr;l(~llt le lendem,lin, et en
trausport:wt b massc des forces dev:mt Vé-




,L1K IUiVOLlJTION FHANC,"\ISE.
,


ron e et au-dessus, vers le pont de Polo. l\lais
Schérer hésita trois jours de suite sur le parti
qu'il avait a prcndre. Il f~tisait cherchel' une
route an-dela de l'Adige, qui permlt (l't"viter
Vérone. L'armée était indignée de cette hési-
tation, et se plaignait hautcmcnt de ce (IU'OIl
ne profitait pas des avantages remportés dalls
la journée du 6 ( 26 ). Enfin le 9 germinal
( 29 mars ), on tint un conseil ele guerre, et
Schérer se décida a agir. Il forma le proj et sin-
gulier de jeter la division Serrurier atI-dela de
l'Adige par le pont de Polo, e! de porter la
masse de son armée entre Vérone et Legnago,
ponr y ten ter le passage du flcuve. Ponr opé-
rer le transport de ses forces, il porta deux
divisions de S3 gauche a sa droite, les 6t pas-
ser derriere son centre, et les exposa a des
fatigues inntiles, par des chemins mauvais, eI1-
tiérement ruinés par les pluies.


Le 10 germinal ( 30 mars ), le nouveau plan
fut mis a exéclltion. Serrurier, avec sa division
forte de six mille hommes, franchit seul l'A-
dige a Polo, tandis que le gros de l'armée se
transportait plus has, entre V érone et Legna-
gO, Le sort de la division Serrurier était facile
a prévoir. Engagée, apres avoir frallchi l'Adige,
sur une runte qui était fermée par Vérone,
et qni formait ainsi !l!le csp<"cc de ell l-de-s!lc,




lim ECftlllt E \ ¡ 799/. ' . u~)
d ¡lo cOllraiL de FnllHls hasards. Kray J'ugcant n ~ e
tr<'s-bicn sa situatíon, dirigea contre elle une
massc de forces trois fois supérienre, et la 1'a-
mena vivement sur le pont de Polo. La COll-
fusion se mil: dalls ses rangs, 1(; {Jeuve ne fut
repassé ([II'ell di·sonln·. Des d,'·tachemcnts fll-
!'('Jlt obljg(~s de se faire jour, et qniflze CClIts
ÜUlllllWS "esterent prisonnicrs. Schél'er, en ap-
1'I'enallt cet échcc, qui était ínévitable, se
\~mllenta de ramf'ncr la divisioll battue, et de
la rapproclwr <In Bas-Auige, ou iI avait COl1-
~:Clltró maintcnant la plus grande partie de ses
['orccs.


011 passa plusi('urs .ionrs cneGre ;1 tA lOIliler
de part et d'alltrc. Enfin Kray prit une déler-
millation, et résolut, tandis que Schérel' se
¡JOrtait sur le Das-Adige, de déboucher en masse
de \ ó'O/w, de se porter dans le flanc de Sché-
re1', et de l'acculcr entre le Bas-\dig(' et la me!'.
La directioll était bOllIle; mais heureusemellt
un ordre intercepté instl'uisit Morcan du plan
de Kray; il en informa sur-le-champ le géné-
ral en chef, et le pressa de faire remontel' ses
di,-isions, pom faire front du c<'lté de Vérone,
nar Orl l'cllllemi allait débouchcr.


C'est en exécutant C(~ mouvel1wnt, que les
,JI'IlX arlllées se renconfrérl'nt, le 16 germinal
( r; ;wril '1 < ;11IX. cDvirons de JlIaZlIano. Les di-


. 0




visions Victor et Grenier, formant la droite
vers l'Adige, remontercnt le flellvc par San-
Giovani et Tomba, afin de se porter juselil';¡
Vérorlc. Elles accaLlerent la division Mercall-
tin, qui leur était Oppos{;e, C't détruisircnt en
entier le régiment de vYartenslcLen : ces dC'ux
divisiollS arriverellt aillsÍ pn~sgu(' á la hautcnr
de Vérone, et furellt en mesure de rcmplir
leur objet, qui était de couper de cette vílle
tout ce que Kray en aurait fait sortir. La di-
vision Delmas, ql1i devait se porter au centre,
vers Butta-Preda et Magnano, sc trouva en
retard, et laissa a la divisÍOll autrichicnnc de
Kaim la faculté de s'avaneer jusqll'a Butta-Pre-
da, et de former aillsi un saillant vers le milieu
ele notre ligne.l\Iais Moreau a la gauche, avec
les di visions Serrurier, Hatry et ::\Iolllrichard,
s'avan<;ait ·úctoriellscmellt. Il avait ordollné a
la divisioll J\Iontrichard de challger de f'nmt,
pOli r fairc [aee ;t Bu tta-Preda, "t'I'S le poill t oú
l'f'nnemi avait fait UlW painte, et ii marchait
avec ses deux ;mtres divisions vers Dazano.
Dclmas, arrivé enfin a Butta-1)reda, couvrait
notre centre, et uans ce mament la victoire
scmblaitse déclarer pour nOUS,caI' natre droile,
complétement victorieuse du coté de l'Adige,
allait couper anx Antrichiells la I'f·traite Sllr
V éronc'c




Mai" Kray ,Íngeant que le poillt essentiel
d.1it ;1 llotl'e t!roite, et qll'il fallait rellüllcer
al! slIccés sur tOIlS !PS alltl'eS poinrs, pOli!'
l'clllporter sur celui-la, y dirigea la plus grande
massc de S('S f()['cps. 11 avait 1II1 avantage sur
Scll(~rer, c'dai t le r;lppl'Ocltemenl d(~ ses di-
"isiolls, qlJi luí ¡1CJ"nlt'ttait de les déplacer pllls
fICí/('JtJ('IIt. Les di\'isiollS fról1H;aiscs, au COll-
¡I"ain~, t'·taient fOl't éloigll('iJS les unes d(~s alltres,
el cOlllbattaient sur un tel'rain coupé de 1I01ll-
brclIx enelos, Kray tomha a l'improviste ay ce
toute sa r{serve sur la division Greniel'. Victor
Y0l11llt venir an seCOllrs ele eelui-ei , mais il fut
chargé Il1i-m('lTIe par les n"giments de Narlasty
et de Heisky. Kray ne se contenta pas de ce
premier avantage. 11 avait fait rallier sur les
dcrriéres la di vision l\1ercantin, battue le matin;
il la Iall\,a ele nOllveall sur les deux divisions
Grcllicr et Y¡etar, ct Mcida ainsi lcm défaite.
Ces dcux divisions, mal8'd~ 1IIIe vive résistancc,
fllrt~llt oblig('cs d'abandOllller le charnp de
bataille. La <Imite ptant en déronte, notre
centre 1e trollva menacé, Kray ]Je manqua ras
de s'y porter; mais ::\Ioreau s'y trouvait, et il
ernppcha Kray d(~ poursuivre son avalltage.


l,;¡ bataille était évidemrnf'nt perdlle, et jI
bllait songcr 1\ la retrailf'. La prrte avait été
grande des dellx cotés. Les Autrichiens avaient




el! trois mille morts ou ble5S(~.~, et dClIx luilí\
prisolllliers. Les Fl'alH;:ais avaicllt eu 1II1 nom}lrc
égal de morts et de Llessés, mais ils avaiellt
pcrdu quatre miIle prisonnicrs. e' est lá q lIC
fut hlessé mortellement le général Pigeon, qni
pendant la premiere campagllc d'Jtalie avait
déployé aux avaut-gardes tallt de talcIlt et d'in-
tl'épidité,


Moreau conseillait de coucher sur le champ de
b:llaille, pour éviter le désordre d'une re traite
de nuit, mais Schérer ,'oulut se replier le soiJ
lJlcme. Le lendemain il Sfe retira derriere la
Molinella, et le surlendemaÍn, I ti gerlll.i!lal (~.
avril), sur le l\Iiucio. Al'puyé sur Peschiera d\1ll
c(Jté, sur JUantoue de l'autre, it pouvait op-
poser une résistance yigoureuse, rappelel
l\Iacuonald du fond de la PÓllillsule, el, pa!
cette COllcentrat ion de furces, l'cgagller la Sll-
périorité perdue dallS b jOUl'I1Ú~ dI> ~\laglla1l0.
i\1ais le mallrrureux Schérer avait cntit~remeIll
perdu la tete, Ses soJdats étaie!lt plus mal dis-
posés qUe jamais. l\IallI'cs depuis tl'Ois ans de
l'rtalie, iIs étaieut indigllés de se la vuil' arra·
cher) et iis ll'imputaient leu!'s l'evel'S qu'a l'ilIJ
p(~riLie tIe leur gl~llél'al. Il est cel'tai!l (1'H'
pour eux, ils avaiellt hit leur devoir allssi biei.
que uam. les plus }jcaux jOUl'S de Jeu\' glu!l\'
Les I'epruchvs de Sull arwce avall'l1l t;II!';¡nl,




Dlla:CTOIllE (IJ99;. 2G3
Schércr autant que sa défaite. Ne croyallt pas
pOllvoir tenir sur le J\iincio, il se retira sur
1'< 19lio, puis sur l' Adda, ou il se porta le 12
avril. On ne savait oú s'arreterait ce mouY(-'-
ment rétrograde.


La campagne était a peine ouverte depuis un
mois et derni, d tléjá lIOUS étioIlS en re traite
sur tOIlS l('s points. Le chef d'état-major Er-
1l00df, qlle JOllrdan avait laissé avec l'anYJ(~('
dll Danube a l'entrée d(-'s défilés de la fon'.'
NOlre, avait pr1s pellr en apprenant une in-
cursion de quelque5 troupes légeres sur l'un
de ses flancs, et s' était retiré en désordre sur
le Hhill. AillSi, en Allemagne comme en Ha-
lie, nos armées, a.ussi braves que jamais, per-
daient cependant lcurs conquetcs, et rentraicut
battues sur la frontiere. Ce n'est qu'en Snisse
que nons avions conservé l'avantage. La, Mas-
séna se maintenait avec toute la tenacité de
son caraclere; el, sallf la tentative infruc-
tueuse sur Feldkirch, iI avait toujours élé vaiu-
queuL l\1ais, établi sur le saillallt que forme
la Sllisse eutre l' Allemagne et I'Italie, il était
pIacé entre deux armées victorieuscs, et iI deve-
nait indispensable qu'il se retirat. Il venait en
effct d'en clollner l'ordre a Lecourbe, et il se
rcpliait dans l'intérieur de la Suisse, mais avcc
urdre, et en gardant l'attitucle la plus impo-
san te.




N os armes étaícnt humiliées, et nos milJis·
tres allaient devenir a l'étrallger les viclimes
da plus odictlx et du plus atroce altenlaL La
guerre étant dédarée a l'cmpcrcur, et non ;~t
l'empire gennalliqllc, le C()llgrt~s. ¡le ltasladl
{-tait resté assemblé. On était [1n\s de s'enten-
dre sur la clcrnji:re diniclIllé, ce!I(~ des dettes;
mais les deux tíers des t'>t::ts ;¡VaiCl:t d(~.i;'l l'ap-
pelé leurs députés, e' étaÍl un dIet de 1'iu{l¡WllCe
de l'Autriche, qui Be voulait pas qu'on fit la
paix. n ne restait plus au congrcs que qnelques
déplltés de l'Allemagne, et la retraite de 1'a1'-
mée dll Danube ayant Ollvert le pays, OH Jé-
liLél'ait au milieu des troupcs aut1'ichíenllcs.
Le cabinet de Yienne con(,'l1t alors un projet
illfame, et quí jeta 1m long déshonnenl' sur sa
poli tique. Il avait fort it se plaimlre de la ficrté
d de la VigllClIl' que 1105 ministres a\ aíent d(~­
iJ10yées a Ra5taUt. 11 leur imputait Wle divul-
:-;:üion qui l'avait sÍllgulierelllcllt comprollli"
;\Ux yenx dll corps g(~],J1lallique; c'ólait cf'Ue
des articles secreís couveuus avec }{onapal'le
pom l'occupatiou de Mayence. Ces articles se-
crets prouvaient que, pour a\'oir Palma-Nov~
oans le Frioul, le cabinet autrichien avail li-
vré l\Iayence, et trahi d'ullc maniere indiglle
les íutércts de l'eUlpire. Ce caLillct t~Lait furt
llTi té, l't ymdait tireI' \cllgeance de lIOS In illi:i-




llW ICTOl;: F (1 7~)0 j. 265
ires. I1 voulait de plus se saisir (le len!'s p;¡pit'!'s,
¡)Out' COrIll;¡ltrc qucls étaient ceux ele:-, pl'illCeS
gerl1lalli(lllCS (tni, dalls le moment, traitaient
inclividtlellell1ent avec la ré¡mbBque fran(~aise.
H COIH;ut done la pensé,' de faire arreter nos
milll',! res, a kilI' reto!!r eu Fl';¡¡¡CC, pour les
déponillcr, 1('s o¡ltraser, pcut - etre meme les
assaSSillel'. On u'a jamais su cqwlldant si }'or-
e/re dc les assassiner avait été Jonué d'unc
lWtlliél'c pusitivc.


IY'j;i uos millisil'CS ~lYaicllt quel(plc défiallce.
ct sans crai!ldrc lIll attentat sur leurs person-
lles, ils craigllall'llt d u ll10ins pOllr lcut' cot'-
rt'spondancc. En ('ffet, elle fut interrompue le
30 germinal, par l'enlevement des ponton-
nlers qui servaient a la passer. Nos ministres
réclamtTent; la députation de l'empire récla-
IlJa allssi, et demauda si le con gres pouvait
se {Toire en SÚl'cté. L'officier alltrichien au-
que! OH s'adrpssa 1Je fit aucune réponse trall-
(luillisallle. Alors 110S ministres dédal'erellt
ílu'ils partiraieut sons troj:; jours, c'est-a-dirc
1...: 9 {loréal (28 avril), pour Strasbourg, et ib
;,jouterellt qu'ils demeureraient dalls cctte ville,
l,réts a renouer les ni>gociations des qu'on en
l(":noigllerait le désir. Le 7 floréal un courrier
¡:c la tt;gation fut arrÜé. De llouvelJes récla-
n!atious fllrcllt ttitcs par tout le congrcs, ct il




2GG llk'.'OLUTJü~ I<ltlli:\C{AIS í:o
fut dcmalHlé exprcssémeut s'il y avait sí'rrctt:
pour les ministres fran<¡ais. Le coloncl atltri
chicn qui commanclait les hussards de Szcck-
krs, cantonnés pres de Hastadt, rópondit que
les ministres fran<¡ais n'avaient qu'il partir sous
vingt - quatre hcures, On lui demanda unc
cscorte pour eux , mais il la refusa, et assura
que ICllrs persounes scraient respectées. No~
trois ministrcs, Jean Debry, Donnier, et Ho-
bcrjcot, partil'ent le 9 floré al (28 avril), a ncuí
hcurcs dll süir. Ils occupaient trüis voiture~
avcc leurs familles. Apres cux vCllaicllt la léga-
tion ligurienne et les secrétaires d'ambassade.
D'abord OIl fit des difficultés de les laisser sor·
tír de Hasladt; mais enfin tous les obstac1c~;
furent levés, ils partirent. Ll nuit était trcs-
sombre. A peine étaient-ils a cinquante pas de
Hastadt, qU'UllC troupc de hussards de Szeck-
lers fondit sur cux le sabre a la rnaíll, ct al'r(;ta
les voiturcs. CcfIe de Je:!n ])cbry (\tait la pl'e-
miére. Les Jmss<!l'{ls OUVl'Íl'eut violernment la
portierc, et luí demauderent, en un jargon ;t
dcmi harbare, s'i1 était Jean Debry. Sur sa ré-
P()lIS(~ affil'mative, ils le salsil'ellt a la gorge,
l'al'racherent de sa voilure, el, aux yenx de S;!
l'etllmc et de ses enfallts, le frapperenl de COl/p"
de sabre. Le CI'oyallt lIJor!, ils passerClIl amo
alltrcs vüitul'es, ct égOl'gerellt HoLcrjeot ~'t




IHHECTOllm (1799)'
dallS les bras de leurs famillcs. Les


Itlcmbl'es dc la légation liguriellue et les secré-
lair(,5 d'ambassade curent le temps de se sau-
V(~r. Les brigands chargés de cette exécution
pillerent eIlsuite les voiturcs, et enleverent
tOllS les papiers.


Jcall Debry n'avait pas re<;u de coup morte!.
La haicheur de la Huit lui rendit l'usage de ses
seus, et ii se trailla tout sanglant ~l Hastadt,
Qllalld cet att(mtat fut COllIlU, il excita l'indi-
gnation des habitallts el des l1lembres dll COll-
gres. La loyanté allemande fut révoltée d'uIle
violation (lll droit des gells, inoute chez des
llaÜOIlS civilisées, et qui ll'était cOllcevaLle que
SUll cabinet a demi barbare. Les membres de
la dépntation restés an congl'es prodignáent
;1 Jean Debry, et aux familles des ministres
'lSsassillés, les soins les plus empressés. lIs se
J'éuuircllt Cllsllitc pOllr rédiger une dédara-
tiu:J, daus ¡aquel/e iIs déllOlJi,'aiellt au monde
l'attcIltat qui venait d'ctrc commis, ct rcpolls-
saient tOllt soup<;on de complicité avcc I'Au-
1l'iche. Ce crime, CO!lIlll snr-le-clwmp Je toutc
rEurope, (~xcita une jIJ(ligllatioll ulliverselle,
l;al'c/¡iduc Charles éCl'ivit ú 1\Iasséna Hile Id
¡re puur allllOllcer qll'i! allait faire pOlIl'suivn,
h~ colouel des hUSSéll'ds de Szeck!crs; 1IIai"
u.:He kltrt' froide ct cou!J'aiutc, qui lJl'ollvai¡




2(jK HlivOLLTlON FI\AJ'í(,~Al::.F
l'cmbarras dll prillCe, n'était pas diglW de InI
l't de SOll caracterc. L'AlItriche ne r¡"polldit
ras, et ne pOllvait pas n"pondre, aux aCCllS;\-
tions dirigécs coutre elle.


Ainsi, la gucrre t'tait implacahle entre les
tlcux systemes CJlli partag('aipnt le mowle. Les
ministres répulllicains, m:d re(;lls d'aborc1,
puis olltragés pelldallt lIlle allll(;e de paix, \,p-
~vaient enfiu d't~tre assassi nés ind ignel1lcnt , et
avec autallt de férocité qu'on anrait pu le faire
entre nations barbares. Le droit des gens, ob-
servé entre les cnncmis les plus acharl1(~s, ll'é-
tait violó que ponr e!lx.


Lt's rcycrs si ¡Wll attencllls rrui signalerent
le ckbllt de la campaglle, ¡'attelltat de Hastadt,
produisirellt l'impression la plus funeste au
directoire. Des le moment meme de la d('cla-
r:ltion de guerre, les deux oppositiolls C'OllJ-
met1<jaient ~l perdre toute Ulesure : elles n'en
garderent plus aUClIlle quand elles "i¡-cnt nús
armées battnes et nos millistres assassillés. Les
patriotes, repollssés par le systeme des scis-
sions, les militaires, dont on avait "oulu ré-
primer la licence, les royalistcs, se cachant
derriere ces mécontents de Jiffén~!lte espéce,
tous s'armercnl a la fois des derniers pvénc-
ments pOllr aCCllscr le dircctoire. lis lui adrcs-
:iaient les reproches les pllls injustes el les plll"




lllultipli(~s. - Les armées, disaicnt-ils, avaient
\~té entierernent abandonnées. Le dil'ecloirc
dyait. laissó leurs rangs s'éclaircir par la dé-
Sel'tioll, et ll'avait mis aucUllc acLivité a les
remplir au moyen de la conscription nonvelle.
11 ;¡vait l'etellll dalls l'illtérieur un granel nom-
bre de ,ieux hataillo11s, qui, <tu lieu tl'i·tre en-
vOjés sur la f'rolJtiére, élaielll employes a gt:-
11e[' la I iherté des élect iOllS; et ~l ces al'mées
aillsi rédllitcs a un nombre si disproportionné
avec cebú des armées ellnemies, le directoil'e
lI'avait fOllrni ni magasills, ni vivres, ni effpts
d' éq lli pement, ni moyens de transport, ni che-
vanx de remonte. 11 les avait livrées a la rapa-
cité des administrations, qui avaient dévoré
inutilernent un revcnu de six cents millions.
Enfin il avait fait, ponr les commander, les
plus mal/vais c]loix. Championnet, le vainqueur
de :Xaples, {!ait dalls les fers, ponr avoir voula
r{~primer la rapacité des agents clu gouvcrne-
mento Mort'au {'tait réduit au role de simple
gélléral de division. JouLert, le vaiuquellr da
Tyrol, Augel'eau, l'un des héros d'ltalie, étaient
sans cOnlrn<llHlement. Schérer, au contl'aire,
qui avait préparé tOlltes les défaites par son
adrnillislration, Schérer avait le commande-
:ll('lll de l'année d'ltalie, paree qu'il (~tait com-
;l;ltl'ioll' el allli de Rpwht'II.-- On ne s'en le-




llail pas L\. Il Y avait d'autres ItOll\S qu'oll r;¡p-
pel:1Ít avec aml'rtume. L'illustrc Honap:lrtc,
ses iIlustres lielltcllants, Kléb(~r, Dcsaix, leurs
qnarante mille compagnolls d'armes, vain-
f[lleurs de l'Autriche, oú étaient - ils ? .... En
Égypte, sur une terre loiutainc, o'" ils allaient
périr par l'imprudcllce du gouvenlCl1ll'lIt, 011
¡wut-etre par sa nH~chatlcct¡''. Cette clltrcprisc,
~i admirée naguere, on commen\,ait a dire
maintellant que c'était le (lirectoire qui l'avait
imaginéc ponr se défairc d'Ull gucrricr cólcbrc
quí lui faisait ombragc.


On remontait plus haut encare: OH fl'Pro-
chaít au gouvernement la guerre elle-nH;me; 011
luí illlPlllait de ]'avoir provoquée par ses im-
prudences a l'égard des puissallccs. 11 avait ell-
vahi la Suisse, renversé le pape et la conl' de
Naples, poussé ainsi l'Autriche il DOllt, et tout
cela sans etre préparé a entrer en lutte. En ('[1-
vahissant rÉf'"VI)te, i1 avait décidé la Porte ;1 L'-,
une rupture. En décidant la Porte, iI avait dé-
livré la Russie de toute crainte pour ses der-
rieres, et lui avait permis d'envoyer soixant(~
mille hommes en Allemagne. Enfill, la fllreur
(~tait si grande, qu'on allait jusqu'a dire (lue le
directoire était l'auteul' secret de l'assassillat de
Rastadt. C'était, disait-on, un moyen imaginé
ponr s()n¡('V(~r l'opinion contre les cllnewis,




lHl\ECTOIHE (1799). ',~I
·"t demander de llonvp,lles reSSOllrces <lU corps
¡/~gislatif.


Ces reproches ("ta i ent répétés partout, a la
,triuune, dans les journanx, dans les lieux pu-
blies . .lollrdan Úait aceouru ;'.¡ Paris pour se
plailldre !In gOllverIH~mcllt et pOllf lui imputer
[()[IS ses reverso Ceux des génlTallx qui n'é-
taíent pas venus, avaient éerit pOllr exposcl'
leurs griefs. C'ótait un déchalnement univef-
sel, el qlli serait ineompréhensible si on ne
cormaissait les furellrs et surtout les contra-
dictions des partís.


Pour pen qn'on se souvienne des faits, OH
pent répondre a tons ces reproches. Le llircc-
toire n'avait pas laissé éclaircir les rangs des
armées, cal' il n'avait donné que douze mille
congés; mais il lui avait été impossible d'em-
p(khcr les désertions en temps de paix. Il n'y
a pas de gouvernemellt au monde qui eút
réussi a les empccher. Le directoirc s'était
meme fait accuser de tyrannie en votllant obli-
gel' beaucoup de 501dats a rejoindre. 11 y avait,
eH effet, quelqtle dureté a ramener sous les dra-
peaux des hommes qui avaient déja versé ¡cur
',ang pendant six années. La conscription n'é-
tait d{'crétée quc dcpuis cinq mois, ct il n'avait
¡¡as ell le moyen, en aussi peu de temps,
j l'organiscr ce syst¿'mc de recrutcment, et sl1r-




','72 ¡n\'OUlTlO:'f rl\ L~<,'A¡~;L
tout d'équiper, d'instruire les eOllscrits, de ks
former en hataillons (le campagne, et de les
faire arriver en HüllalHle, en Allemagne, ell
Suisse, en 1talie. Il avait retellu <lllelques
vieux batailloll3, paree qn'ils étaient indispen-
sables ponr maiutcnir le H'pOS pClHlallt les
électjol1s, et paree qne ron ue pOllyait cor¡ficr
ce soin a de jeul1cs soldats, dOllt l'esprit 11\':-
taiL pas formé, et l'attaehcment ;\ la répllbli-
que pas assez décidé. U!le raison importante
avait de plus justifté ceUe précaution : c'était
la Vendé e , tl'availléc encore par les (~missaires
de l'étranger, et la Hollanllc, mell!leée par les
flottes anglo-rnsses.


Ql1aut an désordre de l'aclmillistratiol1, les
torls dn directoire n'étaient pas plus rl:e1s. Ji
y avait ea des dilapidatiolls sans dOllLe, mais
presque ton tes au profit de ceux memes qlli
s'en plaiguaient, et malgl'é les pllls grand" pf-
forts dll dil'ectoirc_ 11 y avait en dilapidation
de trois manieres: en piUant les pays couqais;
en comptant á l'état la solde des militaircs ({ni
avaiellt déserté; cnfin, en faisant avec les com-
pagnics des marchés clésayantagellx. 01', tontes
ces dilapidatiolls, c't.~tai('nt les ~éllé'raux et les
états-majors qlli les a\'aieot cOl1ll1lises et quí
en avaicnt proíité. lis ;¡y;¡ient pillé le pays
conquis, :f:Ji¡ Ji:. profit sur la solele et partagé




k,; profits des cOlllpagni(~s. 011 a vu que celles-
ei abandormaient quelquefois jusqu'itquarante
nOllr cent Sil!' lcurs bélléfices, afm d'obtenir la
il!'otection des {~tats-r'll:l.i()rs. Schérel', vers la
1lll de son miníslt>l'é, s'était !)I'()[lillé avec ses


j ' " 1 . tOmp;lgllollS ( armes pu!tl' a\'()l!' essaye (e re-
; liínH'l' lUlh ces d(~sonlres. Le din~ctoil'e s'ótait
,·/foi'c,", pour y Illl'ltre na lerme, de llOmnWL'
d,·s cOll1missiüllS imlépendantes des états-ma-
:ms, et un a vu commellt Challlpiollllet les
.lvait accneillics;t Naples. Les marcltés désavau-
l;ISCllX bits a vce let-, COltl pL:guies, ay,! ient encore
\lIle autre cause, la ~;ituation des flllLtllCes. Ol¡
lIe dutluait allX f'olll'uisseurs que des pronH's-
~('s, et aloI's ils se dédommageaient sur le prix,
.le l'incerÜtUlle du paiement. Les crédits 011-
ver!s cetlc allllée s'devaicnt a 600 milliolls
d"tmlillail'c, et ;t 1 :,5 millioIls c!'extl'aonlinaire.
~[lr cette S0l11111e, le ministre avait déjit 01'-
donuancé 400 mil1ions pOllr d{>penses consom-
mécs. U ,,'en était pas rentró encore 2 ro; 011
avait fourni les 190 de surplus en délégations.


II n'y avait done ríen ti'imputable an di-
rectoire, quant aux dilapidations. Le choix
des gbléraux, excepté ponr un se nI , ne de-
\ai L pas lui etrc reproché. Champiolll1l't, apres
sa ('Olldllitc á l'l~gard des commissaires cnvoyés
t Naples, nc potlvait pas conserver le comrnall-




.~~ ¡ l\EVOLVl'IO[\ 1·I\AN<.:AI!'>L
demclll. J\1aedollald le valait au l1loitls, et {'!;Jit
connu par une probité sévere. Jouhcrt, Berlla-


dotte n'avaient pas v0111u dll eomrnamlemcnt de


l'armée d'Italie. lis avaient désigné eux-mt~\T1es
Schércr. C'est Barras quí avaít repollSsé Mo-


reau, e'est lui scul cncore qui avait voulu la
llomínation de Schérer. (Juant ;'¡ Allgereélll, sa
tllrbulence démagogíql1e était tille raiSOH l(JII-
dée de lni refúser un commandemellt, et du
reste, malgré ses qualités incontestables, i1
était au- dessous du commandemcnt en chef.
Quant a l'expédition tl'Égypte, 011 a vn si le
directoire en était coupable, et s'il est "raí


qu'il eút vouln déporter BOllaparte, Kléber,


Desaix et leurs quarante mille eompagnons


d'armes. Larévelliere-Lépeaux s' étai t brollillé


avec le héros J'ltalie pOllr sa fel'meté a COll1-
battre l'expéJitíon.


La provocation a la gllPrre ll'étair pas plus
le fait du directoil'e que tOllS les autres mal-


heurs. Oll a pu voir que l'incompatibilité des


passions déchainées en Europe avait seule


provoqué la guerreo Il n'en fallait fairc un re-


proche a personne; mais; dans toos les cas,
ce n'étaient certainenwnt pas les patriotes et


les militaires qni avaient <1l'oit d'accuser le di-


rectoire. Qu'eussent dit les patriotes si 011 Il 'eút
pas suutCDU les Vaudois, ¡mili le goUYCrlle-




IlWll t lnp;t!, renversé le roí lle N aples , forcé
celui de Piémout ~1 l'ahdication? N'étaient-ce
pas les mílitaires q ni, ;\ l'armée d' ltalie, a vaien t
toujours pouss{~ ~t l'occupatioll de llOllve:U1X
pays? La nouvelIe de la gllcrTc les avait ell-
chantés lous. N'étaicllt-ce pas d'ailleurs Berna-
dotte ;1 Vierllle, un fl'ére de ROllaparte a 11ome,
qui avaiellt com mis des im prudences, s'il y
en avait en de cot1lluises? Ce n'était pas la clp-
terminatioIl de la Porte qui avait entralué
celle de la Hussie; mais la chose eut-elle étt'~
vraip, c't'tait I'auteu\' de l'expéditioll d'Égypte
qui pouvait seul en ll1ériter le J'(~proelle.


Ríen n'était done plus ahsu\'de que la masse
des accllsations aeeumnlées contre le diree-
toire. Il ne méritait qll'un reproche, c'était
d'avoir Irop pal'tagé la confiance excessive que
les p:ltriotes et les ll1ilitaires avaient chns la
puissance de la r{>pu bli'lue. 11 a \'ait partagé les
passiolls révolutiollllaires et s'était livré Ú leur
entrainement. Il avait cru qu'il sllf1isait, pour
le début de la gllerre, de cent soixallte-dix
mille hommes; que l'offensive décicIerait de
tout, ctc. QU:lnt Ú ses plans, ils étaient man-
yais, mais pas plus mauvais que ceux de Car-
!lot en 1796, pas plus rnauvais que cellX du
cOl1seiJ aulique, et calqués d'ailleurs en partie
';l1r un .jH'O¡d ti!! :~i;n:Tal J'lltrdall. Un seu!


113.




)';"(; 1(j:.VOLUTlO.'; ¡··I\UI.:.\lSI',


Ilomme en pOllvait faire de ¡llcilleurs, COtll!lH
1I011S l'avons dit, ct ce n'était pas la faulc du
directoil'e si cet hommc n'('~tait pas en Eurol)("


Dn reste, e'est dalls un intéret d'équité que
l'histoire düi t relever I'i llj llsl icede CI'S reproches;
tYJais tant pis pou!' un gOLlvernemcnt, quanrl
un Ini impute tout a crinlf'. l/une eles qualités
indispensables d'un gOllverllernellt, e'est d'a-
voir eette Lonne renommée qui repousse l'in-
i ustice. Quand il 1'a perdue, et qu'on lui im-
pute les torts des autres, et ceux meme de la
fortune, il n'a plus la faculté de gouverner, et
cette impuissallce doit le condamncr a se rc-
tirer. Combien de gouvernements ne s'étaient-
iis pas usés depuis le commcncement de la
révolution 1 L'action de la France contre l'Ell'
rope était si violente, qu'elle devait détruil'e
rapidement tous ses ressorts. Le dircctoire
était usé COl1lmc l'avait été le comité de salnt
public, comme le fut dCPllis Napoléon lni-
meme. TOlltes les accusations Jont le direc-
toire était l'objet, prouvaiellt, non ras ses
tort5, mais sa caducité.


Du reste, i1 n'était pas étonllant que cinq
magi5trats civils, élus au pouvoir, non a cause
de leur gralldeur héréditaire Oll de leur gloire
personnelle, mais pour avoir mérité un pcu
plus d'estlrne (pIe leurs cO!lcitoyen:;. (PI(' cinq




magistrats armés de la scnle pnissance des
!ois ponr lntter avec les factions déchainées,
pour sonmettre a l'obéissance des armées
nombreuses, des généranx couverts de gloire
et pleins de prétcntions, ponr administrer
enfin une moitié de l'Europe, parussent bien-
tl)t inslIffisants, au mílicu de la lutte terrible
qui verwit de s'engagcr de nouveau. II ne f~ll·
!ait qu'un revers pour faire éclater ectte im-
pnissancc. Les factions alternativement bat-
tnes, les militaires réprimés plnsieurs fois, les
appelaient avcc mépris les a ()ocals , et disaient
que la France ne pouvait etre gouvernée par
eux.


Par une bizarrerie assez singuliere, mais
qui se voit quelquefois dans le conflit des ré-
volutions, l'opillion ne montrait quelque in-
dulgence que pOli!" cclui des cinq directeurs
fl'lí en anrait mérité le moins. Barras, sans
contredit, mérítait á lui seu! tOllt ce qn'oll di-
sait du dircctoire. ])'abord, il n'avait jamais
travaillé, et iI avait laissé a ses eollegues tout
le fardean des affaires. Sallf dans les moments
décisifs, Ol! il faisaÍt entendre sa voix plus
forte que son conragc, iI ne s'occupait de rien.
JI Ile se JlH;'Iait que du personnel <lu gouYer-
nelllent, ce qui convenait mieux a son génie
intrigan!. II avait pris par! a tous les profits




des compagnies, et justífié senl le reproche de
dilapidation. 11 avait toujours (té le défellscnr
des brouillolls ct des fripons; c'ét;,it. lui crní
avait appuyé Brune ct envoyé FOllChé en lta-
líe. Il était la cause des mamais cboíx des gé-
l}{~rallx, car il s'était opposé il la llomillatioll
de J\1oJ'eau, ct avait fortemeut demandó celle
de Schérer. Malgré tO[lS SPS tUI ls si gra \Te"
luí seul était mis it part. ])'ahord il Be passait
pas, comme ses qnatre collegnes, ponr un
al'ocat, cal' sa paresse, ses habitudes débau-
chées, ses manieres soltlalesqllcs, ses liaisolls
avec les jacobins, le S01l ven ir el u 18 frllctidor
qU'OIl lui attribuait exclusivement, en faisaient
en apparence un hommc d'exécutioll, plus ca-
pable de gOllverner que ses colleglles. Les
patriotes lui trollvaient avec etl~dcs có!és de
ressf'mhlance, et croyaieut gll'il lenr était (}("-
HnJP. Les royalistes ell reccv<lient r!(,S t'spá;llI-
ces secretes. Les états-m:Jjors, qu 'il natlai t et
qll'il prot{'geaÍt eontre la juste s(~vérité de ses
collegues, l'avaient en assez grande favenr.
Les fournisseurs le vantaicllt, et ii se sauvait
de eette maniere de la défaveur géJlérale. 11
ótait méme perfide ayee ses collt'gues, cal' tOllS
les rf'proches qu'il ¡npl'itait, il avait l'art de les
n-jeter sllr ellX iieuls. Un parcil róle ne pl'llt
pas étre long-temp" }¡eurcux, rnaís ii pcnt




n"ussir un moment : iI réussit dans cette oc-
caston.


On connait la haine de Barras contre Rew-
hel!. Celui-ci, administrateur vraiment capable,
avait choqué, par son humeur ct sa morgue,
toos ceux qui traitaieut avec lui. I! s' était
mantré spvere pOllr les gens d'affaires, pour
tOllS les pralPgés de Barras, et IlOtamment.
pom les militaires. Allssi était-il devellll l'objet
de la haille générale. Il était probe, quoique
1m pen avare. Barras avait l'art, dalls sa su-
ciété, qui (\taít nombreuse, de diriger contl'C
luí les plus odicux sOUp~~OllS. Dile circonslance
malJ¡eurclIsc contrilmait a les autol'iser. L'a-
gent du directoire en SlIlsse, Rapillat, était
heau-frere de Rewbell. On avait exercp en
Suisse les exactions qlli se commettaient dans
tous les pays conquis, beauconp rnoins cepcn-
d:mt que partout aillems. Mais les plaintes
excessives de ce pctit peuple avare avaient
causé tille rmuenr extreme. Rapinat avaít 1'11
la commissioll ma!heurense de mettre le scelk
sur les caisses ct sllr le trésor de Herllc; il
avait traité ave e hantellr le gouverncmcnt hel-
vPliqlle; ces circollslances et son llom, qui
plait malheurellx, lui avaient valn de passcr
pOli!' lc Vcnes de la Suisse, pOli!' l'auteur de
dilapidatinns qui n'étaicllt pas SOll oLlvrage~




car il avait nll~me yuitlé la Suisse, avalll 1',
poglle ou elle avait le plus sou/Cer\. ])alls Í;/
société de Barras 011 í:üsait de malhelll'ellX (:;1-
lembourgs sur SOIl IlOlll, et tout retombait Slll'
Hewbcll, dOllt il était le }¡eatl-fr¿~l'e. C'cst ailJ:-íi
que la probité de Hewbell s'était tromée ex-
pos{~e a toutes les calOllluies.


LaréyeJJiere, par 5011 illflcxib!p St:vél'Ítt;_
par son jnfluellce dans ks affaircs politiquc"
tI'Halie, lI'était pas dCV(~llll moins O(1it~IlX que
!kwbell. Ccpel1dant, sa -vie était si simple ('t
~;i müdcste, qu'accuser sa probité ('lit été illJ--
possible. IJa sociétó de Barras luí drJllllait de:-.
l'idieules. On se mO<Juait de sa persolllle, el
de ses pn~tentions ;j 11lH' papauté 1I00lvdle. 011
disait <ju'il voulait fOll(ler le culte de la ¡Jléu-
pbilautropie, (1011t il n'était cepeliflallt P;¡S
i'auteur. :Merlin et Treilhal'd, (lllOiquc IIIOill"
;mciells au }louvoir, el. nlOills j~lI Vll(' llUCnC\\-
heH el La['t~velliel'e? (~laiellt ccpelHLml UIH;-
lopp(~s dans la llléllle d¡"{;i vell/'.


e'es!. chms celte disjlosilioll d'espl'it que St,
fil'eul les élecliolls de l'an VlI, qní fUl'elll le~
dernieres. Les patriotes, furieux, ne votllai(~llt
pas étre exclus eeHe alluée, comme la pn·'cé ..
tlcllte, du COl'pS législatif. 1i-; s'ótaieut dóclJal-
IH~S cOl1tre le S)SleIlIC des scissiotls, et s"étaiclIl
dfoJ'cés de le llélril' d'avallce. lls V avail'lll ;1',




" .~' u r


S('Z rt:lissi, lH>u!' qU\~ll efí'l'l Oll ll'OS;tt plll~'
¡'elllployer. DallS cet ('.,tat J'agitation, OU I'OIt
suppose a ses adversaires tous les projets
qu'on en redoute, ils disaient que le din~c­
toi\'e, usant, COI1lJrW an 18 fructidor, d(~
lI10yens ex 11'30rdinaircs, a lIait prorogel' pou!'
Cillq alls les pOllvoil's des déJmlés actuels, et
slIspemll'e pendant lout ce temps l'exerctce
des droits élecloraux. IIs disaient qll'on albi¡
faire "ellí\' <.les Suisses a Paris, parce qll'OIl
travaillait a orgalliser le contillgent helvetique,
lIs tirellt grand bruit d'ulle cireulaire aux élec-
teul's, l'épawlul' par le commissaire du gouvpr-
lIl'ment (préfet) aupres du d¡'~partement de la
Sarthe. Ce n'était pas une cireulaire, comme
nous en aVOllS vu depuis, mais une exhorta-o
!iOll. On ohligea le directoire a l'improuyer
par Ull message. Les électiolls, faites dans ces
di:;positioIlS, amcu{'l'eut au corps législalif Ulle
quanliló cOJlsidt"rable de patrioles. OH ne 5011-
:.;e;L pas celle al!uée Ú les exclure du corps 11":··
gislatif, et leuI' ólecliull fllt cOllfirl1l(~e. Le ~(:­
lleTal Jourdan, qlli avait raisoll d'irnpntel' ~,:~
revers a l'infériorité llumériqne de SOlI arl1l(;c,
mais qui manquait a sa raiSOll accoutuméc,
('11 imputant al¡ gouvc:rnemcnt le désir de le
pcnJl'c, fuI ellvoyé de llúuvcau ali COl'pS Ió ..
r\islatiJ', le cn;ur gl'OS dc ressPlItimellts. Au-




gercau y fut envoyé aussi, avec un sllrcro it
d'll1lmellr et de turblllellce.


Il fallait choisir un 1l011VeaU (lirectcul'. Le
hasardne servit ras la repnbliqlle, car, au lien
de Barras, ce fut Rewbell, le plus capable des
cinq dirccteurs, qlli fllt d{'signé pOlll' mcrn-
Lre sortant. Ce fut un graJld slljct de satísfac-
tion p()IIr tOIlS les enflcmis de ce directellr, el
Ulle occasion llouvellc de le calomllier plus
coml11odémcnt. Cependant, comme il avait été
élu au conseil des anciens, il saisit une occa-
sjon de ri'poIHlre a ses acclIsatellrs, et le fit de
la l11ani¿'re la plu:; victoriellse.


IJ fllt c0I11111is, ú la sortie de Rewbell, la seule
infractioll aux luís rígonreuscs de la probité ,
qn'oH pút reprocher au directoirc. Les cinC[
premiers dirccteurs, nomlllés a l'époqtlc de
rinstillltion du directoire, avaiellt fait tlne
cunvelltioIl cutre eux, par laqtlell(~ ils de-
vajent pJ'éleycr SUJ' leurs :lppoillt('IllPlltS, cha-
C!ln dix mille fl'allcs, aíln dc les dOllncr an
membre sortant. Le hut de ce noble sacrifice
était de méllager aux membres du directoire
la transition du pOllvoir suprcme á la vie pri-
vée, surtollt pOllr cenx qui étaient sans for-
tUlle. Il y avait meme une raisoll de dignité ~l
cn agir ainsi, cal" il était d;\llgereux pom la
considératioll c1u g0llverncrncnt, de rellcon-




trcr dalls l'infligC'llcc l'homme qu'on avait Y tI
la ,,<"iIle au pouvoir sllpreme. Cette raison
lllellH~ d(~cida les dircctcurs a ponrvoir (['ulle
maniere plus cOllvenable an sort de lcurs col-
legues. LeuI's appoilltements étaient déjil si
modiquE's, CJu'un prélevcmeut de dix mille
frailes pal'lIt déplad-. lis résolurent d'é\llouer
l/lle SOlllllJe de cellt mille franes it cl,aque di-
rrcteur sortallt. C'était cent rnille frailes par
al! gll'il eH devait coUter it l'état. 011 Jevait
demander ecttc somme au miuistrc des finan-
ces, glli pOllvait la prcmlre sur l'un des mille
profits qll'il était si Ülcile de faire sur des bud-
gcts de six Oll huit cents millions, On (kcirla
de plus que chaque dil'ccteur emportcrait sa
yoiture et ses chevaux. Comme tOI1S les ans le
corps législatif allollai t des frais de mobilier.
celle dépense dcvait étre avonée. et des-lors
dcv(,llait lf"gitimc, Les direcLeurs cléciderent
dc plus qne les écollolllies ftites sur les Erais
de molJilie¡' seraient partagées cutre ClIX,
Certes, c'étail lit !lIle hien légere atteinte il la
fOl'tlllle publiclue, si c'en élait ulle; et talHlis
<¡tle des générallx, des compagllies, faisaiellt
des pruf!ts si énOl'llleS, cellt mille fraIles par an,
CO:lsaCr('s a donner des aliments a l'homme
<¡ [li ycuait el' etre chef el u gouvernemellt. n' é-
faiel!' pas un vol. Les raisolls et la forme de la




').H~ nÉVOLlJTlON }'nAN(,~AISF.
Illesure l'exeusaicnt en quelq [le sorteo Larévcl
¡iere, auquel 011 en fit part, 11e vOlllllt .iama;,
y consentir. n déclara á ses COllpgllCS (pl'il
ll'accepterait jamais sa parto Rewhell re~ut la
sienne. Les cent mille frailes CIU'Oll lui donua
furent pris slIr les deux milliolls de dépenscs
secretes, dont le direetoire étaít dispensé d.,
reJl(Ire compte. Telle est la seuJe fante qu'on
puisse reproche!' collectivcmcnt au directoirc.
Un sel11 de ses membrcs, sur les dOllze qui se
sllccédercnt, fut accusé d'avoir fait des profits
particuliers. Quel est le gOllverncment al:
monde, duquel OH pllisse clire la 111t:;mc chosc'


11 fallait un succcssenr a Rewbell. On 5011-
haitait avoir une grande réputation, pour'
tlonner un peu de consiclératioll au direetoire,
et CJll sOllgea i1 Sieyes, dont le 1101ll, apres ce·
¡IJi de BClllaparte, était le pllls importan! de
l'épogne. Son ambassarle eH Prusse ayait CIl'
cure ajouté ú sa rellornmée. néjil 011 le cOllsi-
dc"rait, et tres-justl'meut, COlllrne un esprit
pl'Ofond; Illais depuis qll'il était alié a lIf'rlill ,
OH lui attribuait la conservation de la nelltl'a-
lité prllssierJue, qui du reste étai¡ dile ])(';\11-
coup moins ~l son intervention qu'it la silllatioll
decettc puissance. AlIssi lercgardait-oll COllllIH'
allssi capable de dirige!' le gOllvememellt (Jll<'
de conccvoil' lln~ constitlltioll. Il fut (·lll di.




"CÍClIr. Tkaucou)I de gens crureut voir dalls
i'(' cllOix la conflrmation du bruit générale-
nwnt répandu de modificatíolls tres-prochaines
a la constitution. Ils disaient que Sieyes n'était
appelé au directoire (1'le pour contribuer a ces
modificatiOlls. On cl'OjaiL si peu que l'état des
chos('s aclud ptlt se maintcnir, (jll'OI1 voyait
dalls tOllS les faits, des índices certains de
r.hangements.




I
I


I
I




!lll\i',CHlllU: I ;~~)).


CHAPITHE V.


(011 i.inli~ ¡ion ele la campa¡;nc de 1799; Masscna r,,¡¡uit le
cOlllmilndel1H'nt eles armeC's d'Hclvétie et du Danubc,
et OCCllpe la ligue de la Lillll1lat. - Arrivée de Sllwa-
row en Italle. Schél'cl' transmet le cOlllmandcmcnt a
1\101'f~all. llataille de Cassano. Retraite ele Moreall all-
(klil dn Po el de ]' A pC!lnin. - Essai de jonction avec
J'arlll"c dc Naples; hataillE' de la Trebbia. - Coalition
de tOll5 les partis contre le directoire. - Révollltion du
10 (llail'ial. - Larévellierc el Merlin sorlcnt dll Jirec-
toire.


DA::XS l'intervalle qu'oll mit a faire dans le
gouverncmcnt les lllodifications que nous Yc-
nOllS de racontcr, le directoire n'avait ccssé
de faire les plllS grands cfforts pour réparer
les rcvers qui vellaient de signalel' l'ouvertllre
d(~ la campagne. Jourdan avait pereJu le COIIl-
mandement de I'armée du Danube, et J\1asséna




avait rec,;ule cOllllllandenwut ell cbef de t()II!"~
les troupes cantonnées (lepuis nussddorf jus-
qu'au Saint: -Gothanl. C> clwix hClll'ClIX de-
valt sauver la France. Scllér{'[', impatif'lIt d(~
quítter ulle année dont il aV:lil: penlll la COll-
¡i<Luce, avait obtellll ¡';¡lItorisalioll de tr:1l1S-
meltl'c le cOll1l1landemC'IIL it\I()!'(:;w. ;1,Ltl'do-
nald avait rec;:u l'()rd['(~ ]ll'essant d\"\;[Clh'[' le
,'oyaull1e de Naplcs et les étals l'olllaillS, eldl'
\ ('rlÍr faire sajotlctionavec l'anuée de la Haute-
Italie. Toas les viclIx bataillolls retellllS dans
['illtérienr étail~nt achemin~s sur la fronliél'e;
i'éqllipemcnt et l'oI'tj'alli,;atiol1 des cOllscrits
.~'accnéraiellt, eL les renforts commelH;aieilt Ú
ilI'l'iver de toutes parts.


\Iasséna, il peine nommé connnallclant ell
chef ele; armécs <tu H.hin et de Suisse, songea
ir disposer cOllvenablemcllt les forces qui luí
étaient confiécs. 11 ne pOllvait prclI(lrc le cüfl1-
malldement dans une situatÍon plus critique.
n avait au plus trente mille hornmes, épars
en Sui5se depuis la vallée d,e l'Inn jusqu'ilBale;
! 1 avait en préseuce trente mille hommcs sons
Rellegarde dans le Tyrol, vingt·huit mili e sons
Hotze, dans le Voralberg , quarante mille
sons l'archidllc, entre le lac de Constancf' et
le Danllbc. eeHe masse de pres de cent milk
),omn1('5 pnllvait I'env('lopper pt l'élnpantir. Si




lllHFCTOlnTI (1799)· :¿H:¡
l;trchiduc n';tvait pas dé contrarié par le COIl-
sei ¡ auliLluc el retenu par une maladie, et qu'il
eút frallchi le Uhin clltre le Ia,c de Constance
et l'Aar, il aurait pu fermer a Masséna la routc
de Frallce, I'ellvclopprr et ]e détruire. Hcu-
reusement il lI'élait pas libre de ses mouve-
mcuts; hellrellscment encore on n'avait pas
mis irmnédiatement sous ses ordres Bellcgarde
et Hotze. TI y avait cutre les trois générallx llll
tiraillement cOlltilluel, ce qui empechait
qu'ils se concertassent pOllr ulle opératiou dé-
C1Slve.


Ces circollstances favoriserent Masséna, et
lui permirent de prend1'e une position solide
et de distribuel' convcnablcment les trollpcS
mises á sa disposition. Tout prouvait que 1'a1'-
chiduc ne voulait qu'observer la ligne du Hhin
du cúté de ¡'AJsace, et qu'il se proposait d'o-
pél'er eH Sllisse , entre Schaflouse et l'Aar. En
cOllséqllcllce? l\Iassélla fj t reflncr en SllisSt) la
plus grande pa1'tie de l'arméc du Dallulw, el luí
assigna des positions qu'clle aurait dú prendre
des le ddmt, c'est-a-dire iml1lédiatcmelltaprt~S
la bataille de Stokach. Il avaít en t(' tort de
laisser Lecombe engagé trop long.temps d:ms
CEngarlinc. Cdlli-ci fllt obligé de s 'en retirer,
apres avoir livré (les combats brillauts, Oll il
moulra une int1'épirlit{> et ulle próscncc cl'cs-


x, T~




290 nÉvoLuTION FItAN<;;AlSE.
prit admirables. Les Grisons fnrellt évacnés.
Masséna distriblla alol's son armée depnis la
grande cha'ine des Alpes jllsqu'au eOllfluent de
l'Aar dans le Rhín, en choisissant la ligne qlli
lni parut la meillcure.


La Suisse présente plllsieurs I ¡giles d' eau,
qui, partant des grandes Alpes, b tr:lVersellt
tont elltiere, pour aller se jeter (l:lns le nlliu.
La plus étendue et la plus vaste est eelle du
Rhin meme, qui, p1'enant sa son1'ee non loin
d II Saint - Gothard, coule d' abo1'd au llord,
pUls s'étend en un vaste lae", dont iI 50rt PI'('5
de Stein, et court a l'ollest vel's B:He, oú iI
recommence h couler au non1 pou1' former la
frontiere de l' A lsace. Cctte ligne es t la plus
vaste, et elle enferme tOlltc la Suisse. Ti y en
a une seconde, eclle de Zurich, inserite dans
la p1'éeédente : c' est celk~ de la Lill t, quí, pre-
lIant sa source dans les petits cantolls, s';¡rJ'(~tc
pour former le lae de ZlIrich, en so1't SOHS le
110m de Limrnat, et va fiuir dans l'Aar, non
loiu de l'embouchure de cette derniere riviere
oans le Hhin. Cctte ligne, qui n'cllveloppe
qn'ulIe partie de la Suisse, cst beancoup moins
vaste que la premiél'e. Il y en a cnfin une troi-
sicme, celle de la Beuss, inscrite encore dans


* Le be de Con,tallC('.




Dm ECTOInE (1799)'
la précédcnte, qui du lit de la Reuss passe
(hus le lac de Lucernc, et de Lucerne va se
rendre dans l'Aar, tout preso du point ou se
jette la Limmat. Ces lif!;nes commem:ant a droite
contre des montagllcs énormes, finissant a
gauche dan s de grands fleuves, consistant tan-
tot en des rivieres, talltót en des lacs, présen-
tent de llombreux avantages pour la défensive.
Masséna He pouvait espérer de conserver la
plus grande, celle dn Rhin, et de s'étendrc
depuis le Saint-Gothard jusqu'a l'embouchure
de l' Aar. 11 fut obligé de se rcplier snr celle
de la Limmat, oú il s'établit de la maniere la
plus solide. Il pla«:;a son aile droite, fórmée des
trois divisions Lecourhe, IVlénarcl et Lorge,
depuis les Alpes jusqu'au lae de Zurich, sous
les orclres de Férino. II pla<:a son centre sur
la Lilllmat, et le compasa des quatre divi-
sions Ondillot, Valldamme, Thure:m et SOIlIt.
Sa gauche gardait le Rhin , vers J3úle ct Stms-
bourg.


Avant de se renferrncr dans eette position,
il essaya d'empecher par un combat la jC)J1C-
tion de I'archidue avec son lieutenant Tlotzc.
Ces deux généraux plaeés sur le Hhi 11, l'un
avant I'entrée du flellve dan s le be de Con s-
tanee, I'all tre apres sa sortie, étaient sr"parés
par t()ute l'étCllduc dll Iac. En franchissallt


1 ~).




~~)"2 niVOLUT ION FH A N\:.H:-iE.
celte ligne, ahn de s'établir devaut eelle de
Z!lrich et de la Limmat, Ol! s'était plaeé l\Jas-
séna, ils devaiellt partir des deux extrémités
<lu lae, pOll[· vcuir f:tire leur jonctioll au-clcla.
Masséna potí\'ait choisir le lllomellt oú Holze
IIe s'était pas Cllcore avancé, se jeter 5111· 1':11'-
chiduc, le repollsscr au-de];'t du Hhill, se 1':1-
battl'c cllsuite sur Hotzc, et le rcpollsscr;1 SOIl
tour. On a calculé qu'il anrait en le tcrnps
<1' ex(~ellter eette double opération, et de batlr·e
isolément les deux généraux alltrichiens. }Ial-
heurellsement iI ne songea ;llps attaqucr qu'au
momcllt oú ils étaient pres de sc réllnir, et (lit ils
étaient en mesure de se sOlltenir réciproqlle-
mento Illes eombattit sur plusicllrs points I(~ :;
prairial (2!~ mai), a Aldenfingen, a FralleJlfeld ,
et quoi(ln'il eút partont l' avantage ,gd.ce a ectte
vigul'ur cru'íl mettait touj ours dans I' ~xécll r i(J!l,
lléanmoills il ne put cmpéeher la jOllctioll, et
il fut obligé de se replier sur la liglle d(~ la
Lirnmat et de Zurieh, oú il se prépara a rece-
voir vigoureusement l'archiduc, si celui-ci se
décidait a l'attaquer.


Les événements étaient bien alltrernent mal··
heurenx en Italie. La, les désastres Be s'étaie¡¡t
point arretés.


Suwarow avait. rejoint I'armée alltriclJienllt'
avec un corps de villgt-lllIi( ou trellte lllillc




''1 '}
D1J\l!CTOIRE ('799)' 29 c )


RlISscs. Mélas avait pris le commalldement d('
I'armée alltrichiel1nc. Suwarow comrnandait en
chef les deux arrnées, s'élevant au moins a
ql1atre-vingt-dix mille hornmes. On l'appelait
l'invillóble. JI était conI1n par ses eampagnes
cOlltre les Turcs, et par ses cruantés en Polo-
gll(~. Il avait Hile grande vigucul' de caractcre,
une hizal'rerie alrectéc et poussée jllsqll'a la
l()lie, mais aUClln génie de combinaisoIl. C'é-
tait un vrai barbare, hellrcusement incapable
de ca1culer l'emploi de ses l'orces, cal' antre-
lIlellt la ré¡Hlbliquc anrait pellt-etre succombé.
Son arlllée lui ressemblait. Elle avait (lIle bra-
voure relllal'quable, et qlli tenait du fana-
tisme, mais aucune instruction. L'artilJerie, la
ca valerie, le génie, y étaiellt rérluits a une vé-
l'ilable nullité. Elle ne savait faire usage que
de la halonllette, et s'en servait comme les
Fl'all<,~ais s' eH étaient servis pendant la révolu-
tiOll. Suwarow, fort iusolent pon1' ses alliés,
dOllna aux Autrichicns des officiers 1'usses,
ponr ¡cut' apprendre le maniemell~ de la Lalon-
nette. Il employa le langage le plus hautain,
il dit que les /ónmes, les petits-lIlaltl'es, les
parcsseux 1 dpvaient quitte1' l'armée; que les
parleurs occupés a fronder le service su uve-
rain seraient trait(~s cOlllme des égo'jstes, et
perdraiellt lcurs gradé's; pI que tout le mondo




29[1 HEVOL(JTlON Fll¡\N«;;:AISF.


devait se sacrifier pOli!" délivrer l'Italic des
FralH::ais et des athées. Te! était le style de ses
a!10cutiOIlS. Hellreuscrnellt, arres nOllS avoir
causé bien du mal, eette énergie brutalc altaít
rClIcontrer l'éllergie savante et calculée, et se
briser devant elle.


Schérer ayan t ('11 t iererncn t perdu l'usage de
ses esprits, s'était prompternellt reLiré sllr
l'Adda, an milicu des nis d'iIldigllatioll des
soldats. De son armée de quarallte-six mille
homllles, il en avait perdu díx mille, ou morts
ou pl'isonniers. II fut obligé d'en laisser:1 Pes-
ehiera ouMalltoue ellcore llUit fIlille, et il llC
lui en resta ainsi que Villgt-llllit rnille. N{'aIl-
moins si, avec cette poignée d'hoTIlmcs, il avait
su mall(ellvrer habilement, il aurait pu dOIluer
le temps a Macdonal(l de le rejoillclrc, et évi-
ter bien des désastres. Mais il se pla(;a sur
l'Adda de la mani{~rc la plus malheurcllse. 11
partagca son arméc en troÍs divisiollS. La divÍ-
sion Scrrurier était a l"ceco, a la sortie de
I'Adda du be de Leceo. La divisioll Grcnier
était ;'1 Cassano, la division Víctor ;\ Lodi. 11
avait placé l\Iontrichard, avec quelques corps
lé>gers, vers le Modénois et les montagnes de
Genes, pon!' maintenir les commullicatÍo!1S
avec la Toscane, par 01'1 l\Iacdollald dcvai t ({¡',-
boucher. Se~ vingt-hliit mill(~ llOlllllle::i aillsi




DIHECTOI1U<~ (, J 79~»)' 295
disperses, sur une ligne de vingt-qllatre Iielles,
ne pouvaient r(>sister solidemellt nulle part, pt
devaient etre ellfollcés partout oú i'ennerni se
préscllterait en forc('s.


Le S floréal ( '27 avril au soir ), au mOIllf'Ilt
menw 01'[ la liglJ(~ de l'Adela était forcée, Sché-
rer remil ;'1 Moreau la directioll de l'arméc. Ce
Lrave géll(ral avait quelque droir de la reflJ-
ser. 011 I'avait ftit descelldre au rok de simple
JivisioHnail'e, et maintenant que la campaglle
était perdlle, CJll'il n'y avait plus que des d(~­
sastres a essuyer, on lui Jonnait le comman-
demen t. Cependant, avec UIl dévouement patrie>,-
tique que l'histoire ne saurait trop célébl'el', il
accepta Ulle défaite, en acceptant le comman-
dement le soir meme OD l'Adda était forcé. C'est
ici que commence la moins vantée et la plus
beIle partie de sa vico


Sllwarow s'était approché de l' Adela sur pln-
sieurs points. Qllaud le premieI' régiment rllsse
se l1Iontra a la vuc <Iu pont de Lecco, les cara-
binif'rs de la brave 1 Se ]{>gcre sortircllt des re-
tranchemeuts, et coururellt au-devant dc ces
soldats, qu'on pcignait comme des colosses ef-
frayants et invillcibles. lls fondirent sur eux
la halounette croisée, et en firent un grand
c.:arllage. Les Russes furen t repollssés. n ve-
uait de s'allul1lcr un admirable COllra~Te daIls le
'--~




296 lutvOLUTlON FRANyi\.ISE.
cceur de nos braves; ils voulaiellt faire re¡H'Il-
tir de leur voyage les barbares illsolents q \Ji
venaient se meler dans une querelle qui u'é-
tait pas la leur. La nomination de 1VIoreau en-
flammait toutes les ames, et I'emplit l'arrnée
de confiance. MalhellreusellleIlt la positioIl n'é-
tait pi us tenable. Suwarow, rcpoussé :~ Lecco,
avait fait p<lsscr ¡'Adda sur denx points, a Hri-
vio et aTrezzo, au-uessus et au-dessous de la
division Serrurier, qui formait la gauche. ectte
division se trouva ainsi coupée <iu reste de
l'armée. Moreau, avec la division Grenier, livra
a Trezzo un combat furieux, pour repousser
l'ellnell1i au-dclit de l'Adda, et se r('ll1cttre eH
comrnullicatioll ayec la divisioll SCI'l'urier. 11
cOll1battit avec lmit ou l](~llf mille humilles llll
corps de plus de vingt millc. Ses soldats, ani-
més par sa présellée, fi ren t des prucliges de
bravollre, mais He purent rcjetel' l'ellllcmi al!-
delit de l'Adda. Malhcureuscment SClTurier,
allC¡ucl OH !le pouvait plus blre parveuir d'or-
dre, ll'ent pas J'idéc de se reporter Sllr ce point
meme de Tl'ezzo, ou Moreau s'obstinait ~l com-
battre pOllr se remettre en commullicatiou avec
lni. Il f;ülut céder, et aban<!Ollllcr la divisioll
Serrllrier á son sort. Elle fut ent()un~c par tont!'


,I'arrnt'e ennernie, et se battit avec la derllii'IT
opillifttreté. ElIveloppéc ellfiu de tOlltl-s jlal le, ,




DIRECTOIIlE (I 799)'
elle fut ohligóe de mettre bas les armes. DIJe
partie de eeHe division, grace a la hardiesse
et it la présence d'esprit d'un offieier, se sauva
par les montaglles en PiémonL Pendant ceUe
actioll terrihle, Victor s'était heureusement re-
tiré en arrlPre av ce sa division intaete. Telle fut
la [ataje ,;oumée elite de Cassano, 9 floréal (28
auil), qlli rócluisit l'armée a environ Villgt
rniJle hommes.


C'est avec eet:t(~ poignée de braves que Mo-
real! entreprit de se retirer. Cet bommc rare
ne perdit pas un instant ee calme d'esprit dont
la natare I'avait doué. Réduit a vingt milIe
soldats, en présence d'llne armée qu'on aurait
pu porter a quatre-vingt-dix mille, si OH avait
su la faire marcher en masse, il ne s'ébranla
pas \lll instant. Ce calme était bien autI'emeut
tlJ{Titoire (IIl(~ eelui gll'il d{~ploya lorsqn'il re-
vínt d'Allcmagnc, avec une armée de soixante
mille humilles vietorieux, et pourtant il a été
!H'aucollp moius c('lébré! tallt les hasarels des
passions intlllcn t sur les j ugements contelll-
porains!


11 s'attacha rl'abord a cOllvrir Milan, pOllI'
donner le moyen d't'~vacL1er les pares et les
]¡;lg;tgCS, et pOllr laisser allX membres du gou-
Vi'l'/Il'/:IL'lIt cis:dpin, et a 101ls les Milallais eom-
p/,(jllllS, le tClllpS de se retirpl' sur les dcr/'ie-




298 l\ÉVOLUTIOCV OtAl'H;:A.JSF.
res. Rien n'est plus dangereux pOllr \lile armée
qne ces familles de fugitifs, CJu'el!c cst ohlig¡~e
de recevoir dans ses rangs. Elles embarraSscIlt
sa marche, ralentísscnt ses lllouvcmcnts, et
peuvent quelqucfois compromettre son salut.
Moreau, apres avoir pass('~ d('llx .iollrs il Mi-
lan, se remíl en marche pOllI' rcpasscr In Púo
A la condllite de Smvarow, il put .i!l~('r qu'¡¡
aurait le temps de preIldre Hile posiliOIl so-
lide. 11 avait denx objels ~I atteindre, c'était
de couvrir ses commllnicalions avec la Franee,
et ave e la Toscane, par oú s'aval1\ait l'armée
de Naples. Pour arriver a ce )mt important, il
lui parut convenable d'occuper le pCllchant
des montagnes de Gcnes; c'était le poillt le
plus favorable. Il marcha en dellx cO)OI1l1eS :
l'une, escortant les parcs, les bagages, tout
l'attirail de l'armée, prit la grande rOllte de
Milan a l'Urill; I'autre s'achemilla V(TS AlexaIl-
drie, pOlll' occnper les mutes de la ri,,¡i'n' de
Ccnes. Il exécuta cctle marche sans <'Ire trop
pressé par I'cnn('mÍ. Suwarow, au lieu de fon-
dre avee ses massf'S victoríeuses sur notre rai-
ble armée, et de la détruire complótelllclI t, se
faisait décerner a Milan les hOllncllrs dn tl'iom-
rhe par les pr(~tres, les llloincs, lcs nobles,
toutes les créatlll'{:S de l' Autriehe, rentrécs el!
foule a la suill> des armées coalisé('s.




DlRECTOIRlC (J 799).
Moreau eut le temps J'arriver á Turin, et


d'acheminer vers la Franee tont son attirail ele
gucrrc. II arma la citad elle , titeha de réveiller
le úle des pal'tisans de la république, et vint
rejoindre ensuite la colonne qn'il avait dirigee
vers Alexandrie. 11 choisit la une position, qui
prouve toute la justesse de SOIl coup d'reil.
Le T;maro, ell tOllllJallt de l'Apenniu, va se
jeter dans le Po au-dessolls d'Alexawlrie. Mo-
reau se pla<;a au conflnent de ces deux fleuves.
COllvert a la foís par l'UH et par fautre, il ne
craignait pas une attaque de vive force; il
gardait en meme temps tOlltes les rúutes de
Gene", et pou\"ait attendre I'arrivée de Mac-
donald. eette positioll ne pOllvait ('tre pllls
hcureuse. Il occllpait Casale, Valence, Alexall-
drie; iI avait une chaine de postes sur le Po
f't le Tanaro, ct ses masses etaient disposées
de maniere <ju'il p01lvait comir en quelques
heures sur le premier poillt attaqrH~. Il s'éta-
blit la ave e vingt mille h0t11111CS, ct y attendit
avec un imperturbablc sang.froicl les mOllve-
mellts de son formidable ennprni.


Suwarow avait mis t['l2s-hellreusement heau-
conp de temps á s'avancer. 11 avait c1cmandt'~
au cOllseil auligue, que le corps al1trichien de
Bellcgardc, destiné au Tyrol, [lIt mis i1 sa dis-
positio/l. Ce corps vCllait d(~ dt~scelldre PH lta-




300 llÉVOLlJTION FI\AN~;AISE.
líe, et portait l'armée combillée a heaucoup
plus de cent mille hommes. l\1ais Suwarow,
ayant ordre d'assiéger a la fois Pcschiera, lVTan-
tOlle, Pizzighitone, voulant en meme lemps
se garder du coté de la SuÍsse, et ignorant
d'ailleurs I'art de distribllcr des masses, n'a-
vait guere plus de qlIarallte mille hormnes sous
sa main, force du reste trcs-sllffisante pour
accabler Moreau, s'jl avaiL su la Illauier haLi-
lement.


Il vint longer le Po et le Tanaro, et se pla-
cer en face de Morean. Il s'établit a Tortone,
et y fixa son qnarticl'-général. Aprcs quelqllcs
jonrs d'illaction, il résolut cnfin de faire \lne
tentative Sl/r l'aile gauche de Morean, c'est-a-
dire, dll coté dll Po. en peu au-desslls du con-
Ol/cnt du Pú et du Tanaro, vis-a-vis Mugaro-
ne, se trouvent des lles hoisées, a la favcur
desquelles les Rllsses résolment de lelller IIIl
passage. DallS la !luit du :).:). all :d floréal ( dn
1 1 an J:1 lllai ), ils passi>reut all nomhre á pcu
prés de dellx mille, dails l'ulle de ces lles, et
se trouverent ainsi au-deJa du bras principal.
Le bras qui leur restait a passer était ¡wn COII-
siJérable, et pouvait meme etrc frallclli it la
nage. lis le traverserent hardiment, et se po/'-
tácllt sur la rive droite (In Púo Les Frall(:ai,'i
pr\~V(~llllS du da!Jgcr COllrurcllt su!' le puillt




30!


lIlenacé. Morcan, qui ótait averti d'antres dé-
1ll00lstr;ltions faites du coté du Tanaro, atten-
dit que le véritable point du danger fút bien
dt~terlllillé pour s'y por ter en force: des qu'il
en fut certain, il Y marcha avec sa réserve,
et cullJuta dans le Po les Russcs qui avaient
eu la hardicsse de le franchir. II y en eut deux
milJe ciuq ccuts tués, noyés OH prisonniers.


Ce coup de vigueur assurait tout-il-fait la
positioll de Morcan dans le singulier triangle
0['1 il s'était placé. Mais l'inactioIl de l'enllemi
rjllqllit~tait; it craignait que Suwarow n'eút
laiss(~ devant Alexandrie un simple détache-
ment, r~t rpl'avec la masse de ses forc-:es illl'eut
remontó le Po, pour se porter sur Turill, et
prendre la positioll des Fran<{ais par derriere,
011 bien qu'illl'C'Llt marché au-devant de Mac-
dOllald. Halls l'illcertitllde oú le laissait l'inac-
tion de Suwarow, il résolut (l'agir !ui-meme,
pOllr s'assurer du véritahle état des choses. 11
imagilla de ddlOucher au-deLl cl'Alexandrie, et
de faire Ulle forte reconnaissance. Si l'ennemi
ll'avait laissé devallt llli flu'un corps clétaché,
le projet de lYIoreau était de changer celte rc-
coullaissance en attaque sérieuse, d'accablcl'
ce curps (ktaché, et puis de se retirer tran-
quillemellt par la grande rouV~ de la Hochetta,
vers les mun tagncs de Genes, afin d'y attell-




302 HÉVOLUTION FRAJ><:AISf:.


Jre MacdonalJ. Si au contraire iI trouvait la
masse principale, son p!"ojet était de se replier'
sur-Ie-champ, et de regagner en toute ltúle
la riviere de Genes, par toutes les communi-
cations acccssoires qui lni restaient. Une rai-
son qui le décidait SurtOllt a prenJre ce partí
décisif, e' était l'insurrection du Piéwont Sllr
ses derrieres. 11 fallait qu'il se rapproch~'tt de
sa base le plus tot possible.


Tandis que MOl'can formait ce projet fort
sage, Suwarow en formait un autre qui (~ta¡t
dépollrvu de sens. Sa position a Tortoll.e (;tait
ccrtainement la meilleure qu'il put prcndre,
Pllisqu'elle le pla~ait entre les dcux armécs
fran«;:aises, eeHe de la Cisalpine et de Naples.
It ne devait la quitter a allcun prix. Cepcn.
danl iI imagina d'emmcner une partie de sps
forces au-dela dll Po, pon!' remonte!" le flellve
jusqu'it Turin, s'emparer de celle capitale, y
organiser les royalistes piémolltais, et faire
tomber la position de Moreau. Rien n'était
plus mal calculé qu'une parcille rnanceuvre;
car pour faire tomber la position de Moreau,
iI fallait essayer une attaque direete et vigOll-
reuse, mais par-dessus tout He pas qtlitter la
position interrnédiaire entre les deux armées,
qui cherchaicnt a opérer leur jonction.


Tandis que Suwarow, divisant ses forees,




mnECTOIIlE (1799)'
en Iaissait une partic aux cnvirons (le Tor-
tone, le long du Tall;l!,o, et portait l'autre au-
dd:t d u Po ponr marcher sur Turin, Moreau
exécutait la recOllllaissance qll'il avait projetée.
Il avait porté la division Victor en avant,
pam' att;Hluer vigotlrcusement le corps russe
(pl'iJ avait d(~vant luí. n se tenait lui-merne
avcc totlte sa résel've un peu en ;lrriere, pret
a changel' cette recollllaissance en une attaque
sérieuse, s'il jugeait qlle le corps russe put etrc
accablé. Apres un engagement Ires-vif, oú les
troupes de Victor déployérellt une rare bra-
voure, .!\Torean crut que toute l'armée russe
était devant lui; il u'osa pas attaquer a fond,
de penr (\'avoir sur les bras un ellnemi trap
supérieur. En cOIlséquence, entre les deux
parLÍ~ (IU'il s'était propasé d'aclopter, il préféra
le secollcl, comme le pllls silr. Il résolut donc
de se retirer vers les lllolltaglles de Genes. Sa
position était des plus critiqnes. TUlII le Pié-
mont était en révolte sur ses clerrieres. Un
corps d'insurgés s'était emparé de Céva, qui
ferme la prillcipale route, la seule accessible
a l'art.illcrie. Le gl'and convoi des objets d'arts
recueillis cnltalie, étalt menacé cl'etre enlcvé.
Ces circollstanc(~s étaicllt des plus fachenses.
En prenant les routes situées pllls en arriere,
et qui aooulissaient a la riviere du Ponent,




:~O!l RÉVOLUTION f'HA\yt\JSE.
Morean craignait de trop s'éloigner des COIll-
munications de la Toscane, et de les laisspr en
prise a l'cnnemi, qll'iL sllpposaitréuni en massp
autour de Tortone. Dalls cette Iwrplcxité, jI
prit sur-Ie-champ son parti, et fit les disposi-
tions suivanll':-. TI détacha la division Victor,
sans artillerie ni bagages, et la jeta par des
sentiers praticables a la seule inf~m terie, vers
les montagnes de Genes. Elle devait se httter
d'occuper tous les passages de l'Apennin pour
se joindre a l'armée venant de Naplcs, et la
renforcer, dans le eas ou elle serait attaquée
par Sllwarow. Moreau, ne gardant que huit
mille hommes au plus, vint avcc son artilleric,
sa cavalerie, et tout ce qui pouvait suivre les
sentiers de montagnes, gagnel' l'uue des rOlJtes
eharretieres qui se trouvaient en nrriere dp
Céva, et aboutissaient dans la "iviere dn Po-
nent. Il faisait un au tre calenl, el] se d('cidant
a cette rdraite excelltrjqlll~, c'esullI'il auirerait
a luí l'armée enIlellli(~, la détollrnerait de pour-
suivre Víctor, et (le se jeter sur Macdonald.


Victor se retira heurensernent par ACqlli 1
Spigno et Dego, et villt occu per les c]'(~tes de
l'Apennin. Morean, de son cóté, se retira avec
une eélérité extraordillai,'e sur Asti. La prise
de Céva, qni fcrmait sa principale comlllunica-
tion, le mettait dans un embarras cxtn'me. II




[¡('hemina par le col de Fellestrclle la plus
graIlde partie de ses pares, ne garda que 1'a1'-
tillerie de campagne qui lui était indispensa-
ble, el résolut de s'ouvrir une·routf~ a travers
l'Apennin, en la faisant conslruire par ses
propres sol(bts. Aprés quatrc jours d'efforts
incl'oyables, la mute fllt remJue pratieable it
I'artillerie, et Morean fut transporté (bns la
riviere de Genes, sans avoir rétrogradé jus-
qu'an col de Tende, ee qni I'cut trop t'Ioigné
des troupes de Victor détachées vel'S Genes.


Suwarow, en apprenallt la retraite de Mo-
rean, se h,tta de le faire poursuivre; mais il
ne sut deviner ni prévenir ses savantes C011l-
binaisons. Ainsi, grace it son sang-fl'oid et a
son adresse, Moreau avait ramené ses vingt
mille hommes sans les laisser entamer une
selllc fois, en contenant au contraire les Rus-
ses partollt oú il les av,:it rencolltrés. Il avait
laissé une garnisoll de lmis mille hommes dans
Alexanurie, et iJ t,tait avec dix-huit l1lillc a I)('u
pres dans les pnvil'olls de Genes. 11 élait placé
sur la ere te de l' Apennin, attendant l'arrin'e
de Macdonald. Il avait porté la division La-
poype, le corps léger de l\Iontrichard, et la
division Victor, sur la Tlnute-Trcbbia, pOOl' les
joindrc ,'t Macrlollald. Lui se tellait aux envi-
rons de Novi. avec le rcsle (le son corps d'ar-




306 f'JVOJ;UTION }<'HAN(,:AISF.
mée. Son plan de jonction était profondémclll
méditf>. Il pouvaít attirer l'armée de Naples it
luí par les Lor<1s de la Méditerranée, la réllnil'
a Genes, et débollcher avec elle de la Bochet-
ta,ou bien la faire déboucher de la Toscane
dans les plaines de Plaisance, et sur les bOl'ds
du Po. Le premier parti assllrait la jOllction ,
pnisqu'elle se faisait a l'abri de l'Apcllllin,
mais í1 fallait de 110uveau franchir l'Apenllin ,
et donner ele front sur l'ennemi, pour elllever
la plaine. En débouchant au contraire en avant
de Plaisance, on étaít maltre de la plaine jus-
qu'au Po, on prenait son champ de bataille sur
les bords memes du Pü, et en cas de victoirc
on y jetait l'ennemi. Moreau voulait que Mac-
donald eút sa gauche toujours scrrée aux.
montagnes, pour se lier avec Victor qui Úait
a Bobbio. Quallt á lui, il observait Suwarow,
prct a se jeter dan s ses flancs des qll'íl voudrait
marcher a la rencontre de Macdollald. Dans
cette situatÍon, la jonction paraissait allssi súre
que derriere l'Apennin, et se faisait sur un
terrain bien préférable.


Dans ce moment, le directoire venait de
réunir dans la Méditerranée eles forces mari-
times considérables. Brllix, le ministre de la.
marine, s'était mis a la h'tc de la fIoUe de
Brest, avait débloqué la Ootte espagnolc, et




crois:út avee cinqllante vaisseaux dans la l\Ié-
diterran{~e, (laus le 1mt de la délivrer des An-·
glais, et ll'y rótablir les eornmunicatious avec
l'annee <l'Égypte. Cctte jonetion tant d{:~sirée
élait enfin opérée, et elle pouvait rétablir nu-
tre prt~pondérallce uans les mers da Levant.
Brnix dans ce mament était elevant Genes. Sa
présence avait singnliercment remon té le mo-
ral oe l'arrnóe. On disait qu'il apportait des
vivres, des munitiolls et des renforts. Il n'en
était rien; mais Morcan profita de eette opi-
nion, et tit effort pour l'accréditer. n f.it répandre
le bruit que la Dolte venait de déLarquer vingt
mille hommes, et des approvisionnernents C011-
~idérables. Ce brnit eneom'agea l'armée, et
(liminua beaueoup la confiance tIe l'ennemi.


On était au milien de prairial (premien.
jours ele juin). Un événement nouveau venait
d'avoir lieH en Suisse. On a vu que Masséna
avait oecupé la ligue de la Limmat OIl de Zu-
riel!, et que l'archidue, dóbouehant en denx
masses des dcuxextrémités du lac de Constanee,
était venu burdel' cette ligne dans toute son
étendue. 11 résolut de l'attaquer entre Zurieh
et Jlruk, c'est-a-clire entre le lae de Znrich et
l' Aar, tont le long de la Limmat. Massélla avait
pris position, llon ras sur la Limmat ellc-meme,
mais sur IHW snite de hauteurs qui sont en
~,().




3(1) l11;YOLliTlOf<i F¡L\N(>~AISI'.
avant de la Limmat, et qui couvrellt it la foi~
la riviel'e et le lae. Il avait rctl'auehé ces bau-
teurs ele la mallióre la plus redoutablc, et les
avait rendncs presque iU:lecessibles. QUOiqllC
cette partie de 110tre ligIH', entre Zuricb et
l'Aar, fút la plns forte, l'archiduc ayait n"soln
de l'auaqner, paree qu'iJ dl¡ é!(': tl'Op dallgc-
reux de [aire un long détollr, ponr venir tell-
ter une attaque au-dessus <Iu ]ae, le IOllg d(,
la Lint. :;'üasséna pouvait profiter de ce mo-
roellt ponr accabler les corps laissés <levant
luí, et se procurer ainsi un avantage dt:cisif.


L'attaque projetée s'exécutale (¡.illin (IG (lrai-
rial). Elle eut lien sur toutc l'étendne dc la
Limmat, et fut rcpousséc partont victorieusc-
ment, malgré l'opini:hre pel'sévél'ance des Au-
trichiens. Le lelldemain l'archidue, peusant
que de pareilles tentatives doiycnt se pOllrslli-
vre, afin qn'il n'y ait pas de perles irllltiles, rc-
commen\,a l'attaque ayec la IflGlllC opini,ltl'eté.
Masséna, réf1échissant qu'il pouvait t'tre ford~,
qu'alors sa rctraite dcvicndrait difGcile, que la
ligne qu'il aLandollnait était suivie immédiate-
ment d'une plus forte, la chalne de l'Albis,
qui borde en arriere la Limmat el le lae de ZIl-
rich, résolnt tle se retirer yolontaircnlrllt. (1
lle perclail it ceUe retraite que la ville de ZlI-
J'ich, qu'il regardait COI1Hne pell imporlau[L




lllltEGTOIllE (179~))' :.)c19
La chaille des monls de l'Albis, longeant le
(ae de Zllrich, el la Limmat jusqu'il l'Aal' pré-
sentant de plus un escaI'pement continu, était
prcsque inattaqllable. En !'occupant 011 ne fai-
saít qu'ulle légere perte de terrain, car OH ne
reclllait (l(le de la Iargeur dn lac et de la Lim-
mato En cOllséqllence, iI s'y retira volontai-
rement et sans perte, et s'y établit d'unc
maniere qui ota a l'archidnc tonte envíe de
l'attacluer.


Notre position était done toujours a pen
prt's la mémc en Suisse. L'Aar, la Limmat , le
Iac de Zurich, la Lint et ·la Heuss, jusqu'au
St-Gothard, formaient notre ligne défensive
contl'c les Autrichiens.


Dn coté de l'Italie, Macdonald s'avalH;,ait
enfin vers la Toscane. Il avait laissé garnison
aH fort Saint-Elme, a Caponc et a Gacte, con·
fOrIlH:mcnt it ses iustrnclÍOIlS. C'était compro·
mettre illutilt'lllellt des trOllpes, (lui n'étaient
pas carables de soutenir le partí républicain,
et qni laissaient un vide dan s l'armée active.
L'armée franr,aise, en se retirant, avaÍt laissé
la ville de N aples en proie a uue réaetion
royale, quí égalait lcs plus épouvantables see-
Hes de Boll'e révolution. :Maedonald avait ral-
li(; ,1. Itome c¡uel(l'les l1lilliers d'holllmes de la
divisioIl Garuier; il avait recueilli en ToscallC




3. o H 1~\'OL1ITION ]?BAN<.)AJSj<:.
la diYisioll Gauthier, et auns le ModenoÍs, le
corps légel de Montrichard. 11 avait formé aillsi
un eorps de vingt-huit mille hommes. Il était
a Florenee le 6 prairial (? 5 mai). Sa re traite
s'était opérée avee beaueoup de rapidité, et un
ordre remarquable. JI perdít malheureusement
beaueoup de temps en Toscane, et ne débou-
eha au·Jela de l'A pennin, dans les plaines de
Plaisanee, que vers ]a fin de prairial (milieu
de juin).


S'il eút débouehé plus tot, il aurait surpris
les eoalisés clans un tel état de dispersion, qu'il
aurait pu les accabler successivemcnt, et les
rejeter au-dela du Po. Suwarow était a Turin,
clont il venait de s'emparer, et Otl il avait trouvé
eles munitions immenses. Bellegarde observait
les débouchés de Genes, Kray assiégeait l\1an-
tOlle, la eitadelle de Milan et les plaees. N uIle
part il n'y avait trente milIe Autrichiens ou
l1usses réunÍs. l\1acdonald et Morca u , débou-
ehant ensemble avee cinql1ante mille hommes,
auraient pu changer la destinée tle ]a eampagne.
1\Iais Maedonald erut devoir employer quelques
j ours pour faire reposer son armée, et réorga-
niser les divisions qu'il avait slleeessivement
recueillies. II perdit ainsi un temps préeieux,
et permit a Sllwarow de l'éparcl' ses f'autes. Le
géuél'al rus se , apl)renant la marche de Macdo-




J)[Rl'CTOIf\E ('79~)).
lIald, se ltiita de q ultter Turin, et de marcher
avec villgt mille hommes de renfort, ponr se
nlaccr entre les deux .2'énérallx franc:ais, et re-
1 (.) ~


prcndre la positioIl qu'iL u' aura! t jamais du aban-
donncr. 11 ordonne an général Ott, qui étaít
cu observation slIr la Trehbia, aux environs de
Plaisance, de se retirer sur lui, s'il était atta-
(¡lié; i! prescrivit ~l Kray de luí faire passer de
Mautoue toutes les troupes dont il poul'rait el is-
posel'; il laissa a Bellegarde le soin d'oDserver
Novi, d'ou Morcau dcvait déboucher, et il se
disposa a marcher lui-meme dans les plaines de
Plúsance, a la rencoutre de J\Iacdonald.


Ces dispositiol1s sont les seules qui, pendant
la dnrée de eette eampagne, aient mérité a
Suwarow l'approbaüon des militaires. Les deux
génél'aux fran<:;ais occupaient toujours les po-
sitions (lue nous avons indiquées. Placés tous
tleux Sil/" l'Apennin, ils devaient en descendre
pour se l'éunir (bns les plaines de Plaisancc.
Morcan dcvait déLonchcl' de Novi, lHacdonald
de Pontl'emoli. Morcan avait fait passer a Mac-
<1onald la division Victor pour le renforeer. Il
a vait placé a Bobbio, au penchant des monta-
glles, le général Lapoype avec qllelques batail-
lons, ponr favoriser la jonetíon, ct son projet
était de saisir le moment ou Smvarow mar-
dlcraít de front cOlltre Macdol1alJ, pOllr don-




312 HÉVULUTION FHAi\(:AJSF.


ner dalls son flanco Mais il fallait pour ceja que
lUacclonald se tint tou.iours appuyé aux monta-·
gnes, et ll'acceptat pas la bataille trop loin dans
la plaine.


Macdonald s'ébranla vcrs la fin de prairial
\ milieu de juin). Le corps de Hohenzollern,
placé aux environs de l\lodene, gardait le 13as-
Po. Il fut aeeaLlé par des forces supéricurcs,
perdit quillze cents hommes, et faillit ctre cn-
levé tout cntier. Ce premier sucees eneouragea
Macc1onald, et lui fit ha.ter sa marche. La divi-
sioll Victor, qui venait de le joindre, et de por-
ter son armée a trente-deux milI e JlOmmes a
peu pres, forma son avant-garde. La division
polollaise de Dombrowsky marehait á la gauche
de la division Victor; la division Husca les ap-
puyait toutes deux. Quoique le gros de l'armée,
formé par les divisions Montriehard, Olivier et
\Vatrin, fUt encore en arriere, Maeclona/tI, aIJé-
ché par le succes qu'il venait d'obtenit' sur 110-
henzollern, voulut accabler Oa, qui était en
observation sur le TiJone, el orJollua a Vietor,
DomLrowsky et Rusea, de marcher cuntre lui
a l'instant meme.


Trois torrents, eoulant paraIldement de l'A-
pennin dans le i><'." formaient le ehamp de ba-
taille: e' étaicll t la N nra, la TreLLia et le Tidollc.
Le gros de J'arrllée frall~aise était eneore sur la




llIHECTOll\E (I79n)' :JI:1
N lll'3; les divisions Victor, Dombrowsky et
Husca s'avan<:aient sur la Trebbia, et avaient or-
tire ele la franchir ponr se porter sur le Tidone,
aGIl d'accabler Ott, que Macclonald croyait sans
applli. Elles marcherent le :>'9 prairial ( 17 juin).
Elles repousserent d'abord l'avant-garde du gé-
lIéral Ott des hords dn Tic]olle, et l'obligerent
;'¡ prendre ulle position en arriere, vers le víllage
de Sl'rmet. Ott allait étre accablé, mais dans ce
Illomc:nt Sllwarow arrivait a son seconrs, avec
toutes ses forces.ll opposa le général TIagration
;l Victor glli marchait le long du Po; il reporta
Ott au centre sur Dombrowsky, et dirigea Mé-
las a droite sur la division ltusca. Ragration ne
fut pas d'abord heureux cOlltre Victor, et fut
forcé de rétrograder ; mais au centre, Suwarow
fit chargcr la division Dombrowsky par )'illfan-
tcric russe, jeta dans son f]anc deux régiments
de eavalerie, !'t la rompít. Des cet instan!:, Vic-
tor, quí s'{'tait avancé sur le Pó, se troma dé-
bordé et compromiso Bagration, renfiJrcé par
les grenadiers j reprit l'offcnsive. La cavalerie
russe qui avait rompu les Polonais au centre,
et qui a vait aínsi déborclé Victor, le chargea en
llanc, et l'obligea a se retirer. Rllsca, a droite,
fllt alors obligé a céder le terrain ú Mélas. Nos
trois ti i v isions repasserent le Tidone, et rétl'o-
gradlTeut sur la 'fn·LLia.




:{ r 4 HÉVOLUTION FltAi'iy \lSI:.
Cette premiérc journée, ou un tiers de l'ar-


mée au plus s'etait trouvé engagé contl'e toutc
l'armée ennemic, ll'avait pas été heureuse. Mac-
donalel, iguorant l'arrivée ele Su\varow, s'était
trop h:tté. Il résolnt de s' établir derriere la Treb-
bía, d'y réunir toutes ses divisions, et de ~"en­
gel' l'échec qu'il venait d'essuyer. Malheureu-
sement, les divisions Olivier, Montri:::;bard d
Watrin étaient encore en arriere sur la Nura,
et il résolut d'attendre le surlendemain, c'est-
a-dire le Jer messidor (19 juin), ponr ¡ivrel'
bataille.


Mais Suwarow ne lui laissa pas le temps de
réunir ses forces, et il se elisposa a attaquer
des le lendemain mcme, c'est-a-dire le 30 prai-
ríal (18 juin). Les deux armées allaient se joindl'e
le long de la Trebbia, appuyant leurs ailes au
Po et a l'Apennin. Suwarow, jugeant sagement
'lile le point essentiel était chus les montagnes,
par ou les deux armées fran\~aises pOllfl'aicIlt
communiquer, porta de ce cóté 5a meilleure
infanterie et sa meilleurc cavalerie. Il dirigea
la division Bagration, qui d'aborel était a sa
gauche, le long dll Po, vers sa droite, contrG
les montagnes. n la plac:a avcc la dívision
Schweikofsky sous les ordres de Rosembcrg,
et lenf orclonna a toutes deux de passcl' la
Trebbia vers Hivalta, dans la parlie sllp¡'~ríCllI'e




llUU:CTOIHJ, (1799).
de son cours, afin de détacher les Fran<;ais des
llIontaglles. Les divisions Dombrowsky, Rusca
et Victor, étaient placées vers ce poiut, a la
gauche de la ligne des Franc;ais. Les divisions
01ivier et Montrichard devaient venir se placer
an centre, le long de la TreLLia. La division
'Vatrin dcvait venir occuper ]a droite, vers le
Pó ct Plaisance.


Des le matin du 29 prairial (17 juin), les
a van t-gardes rllsses attaq uerent les a vant·gardes
fl'an<;aises, (}tlÍ étaient au-dela de la TreLbia , a
Casaliggio et Grignano, et les repousserent;
Macdonald, qui ne s'attendait pas a etre atla-
qué, s'occupait a faire arriver en ligne ses di-
visions du centre. Victor, qui commandait a
natre gauche, porta aussitot toute l'infanterie
franc,:aise au-deL't de la Trebbia, et mit un ma-
ment Snwarow en péril. Mais Rosemberg, ar-
rivant aYec la division Schweikofsl,y, rétablit
l'avantage, et, apres un comhat furieux, dans
lequellcs pertes furent énormes des deux parts,
obligca les FraIH;ais a se retirer derriere la
Trebbia. Pendant ce temps, les divisiollS Oli-
viel', J\Iontrichard arrivaient au centre, la di-
vision Watrin á droite, et une canonnade s'éta~
blissait sur toute la ligne. Apres avoir échangé
quelques boulets, OIl s'arreta de part et d'autre
sur les bords de la TrebLia qui sépara les deux,
,¡ /'llJ ée".




3¡t) lUiVOI,UTlON E'RA.\CAISE.
Telle fut la seconde journée. Elle avnÍt COI!"


sisté en un combat VlTS llotre gauche, comLat
terrible, mais sans réslllta t. l\J acdonald, dispo-
sant désormais de tOllt son monde, voulait
rendre décisive la troisieme jOllrnét'. Son plan
COllsistait a fl'aIlChir la TrebLia sur tous les
points, et a déLorder les dellx ailes de l'ell-
llemi. Pour cela, la divisioll DornLrmvsky dc-
vait remonter la riviere jusqu'a Hivalta, et la
passer au-dessus des Russes. La division Wa-
trin devait la franchir presque a son embou-
chul'e dans le Po, et gagner l' extreme gallche
de Suwarow. Il comptait en meme tcmps que
Moreau, dOllt il att(~ndait la coopération depuis
deux jours, cntrcrnit en action ce jonr-Ia au
plus tare!. Tel fut le plan pour la journ{'e dn
r er messiuor (19 jllin). l\Jais une horrible
échauffourée ent lieu pendant la Imit. LB dé-
tachcment francais ayant travcrs(~ le lit de la


, "


Trebbia pOli!' pl'elldJ'c positioll, les I1usses se
crnrent attaqnés et coururent aux armes. Les
Fram;ais y COllrllrent de leur coté. Les deux
armées se melerent et se livrcI'ent un combat
de Huit, oú des deux cotés on s'égorgeait, san s
distinguer amis ni ennemis. Aprcs uu carnage
iuutile, les génÉ'l'aux parvinrcllt enfin ;{ rame-
ner leurs suldats al! hivonac. Le ]1'lH!cm;till
les detlx artll(',c,; éta ¡ent lI>llet tlt" t t [;ttigu('Cs par




Jr;
trois jOllrs dc combats et par le désordre de
la 1H1Ít", qll'clies Il'Clltrerent en action que YCTS
les dix hellres dn matin.


La bataille C0Il1111en<;a a l1oti'e gauche, sur
la Haute - TreGbia. Dombrowsky franchit la
Trebbia ii Rivalta, malgré les Husses. Suwamw
y dét;¡clJa le prince Bagralioll. Ce monvemcllt
Jaissa ;{ déeouvert les flanes de nosemb('t'f~.
Sur-1c-eham p V ietor et Rusca en pro{itCI'Cll t
ponr se jcter sm lui en passant la Trchhia. lIs
S'aYallC(~l"ellt aycc SllCCCS et enveloppt>rent de
tontes parts la division Sch,veikofsky, oú se
trollvait Sllwarow. 115 la mirent dans le plus
grand danger; mais elle fit front de tOllS co-
tés et se défendit vaillal1lment. Bagra¡ioll,
apercevant le péril, se rabattit promptement
sur le poillt menacé, et obligea Victor et Busca
it lúcher prise. Si Dombrowsky, saisissant le
1I10lneIl t, se fút de son coté l'abattu sur 11a-
gnltioll, l'avantage nOI1.5 serait resté sur ce
point, qlli était le plus important, puisqu'il
touchait allX montagnes. l'Ialheurellserncnt il
resta ill:lcti[, d Victor et Rusca fllrent obligés
de se replier sur la Trebbia. Au ceutre, l\Ion-
trichard avait passé la Trehbia vers Grignano;
Olivier l'avait franchie vers San-~icolo. J\Iolltri-
cltard marchait sur le corps de Forster, lorsqlle
!"s réscrves autrichif'nnes , qilf' Smvarmv avait




:1,H lUíVOI.UTION JiH>\N(;AlSL
demandées a Mélas, et qui (léfilaient sur k
derriere dn champ de bataille, donnerellt j!lO-
pinément dans les flanes de sa division. Elle
fut surprise, et la ,5e légere, qui avait [ait des
prodiges en cent hataillcs, s'enfuit CII désor-
dre. Montrichard se vit ohligé de repasscr la
Trebbia. Olivier, qui s'était avaucé aVt'C SllCC(\S
vers San-Nicolo, tt avait vjgourcllscmcnt rc-
pOllssé Ott et Mélas, se trollva dt'collvert par
fa re traite de Montrichard. Mélas alors, don-
nant contre-ordre flUX réserves autrichiennes,
dont la présence avait jeté le trouLle dans la
division Montricharrl, les dirigea sur la divisioll
Olivier, qui fut forcée a son tour de repassel'
la Trebbia. Pendant ce temps, la divisioll VVa-
trin, portée inutilement a l'extreme droite, oú
elle n'avait ríen a faire, s'avalH;,ait le IOtlg dil
Po, san s etre d'aucun secours a I'armée. EIre
fllt meme obligée de repasser la TreLbia, pOUI'
suivre le mouvernent généraI de rctraite. Su-
warow, craignant toujours de voir :Morean
débouchel' sur ses derrieres, fit de grands ef-
forts le reste de la journée poul' passer la
Tl'ebbia, mais iL ne put y réussir. Les FraIH,;ais
lui opposerent sur toute la ligne une fermeté
invincible, ct ce tol'rent, témoin d'une 1(1ue
si acharnée, sépara encore pour la troisieme
fois les dellx armées cIlnemies.




Tel fut le troisicmc actc de cette sanglante
Lataille. Lcs deux armées étaien t désorganisées .
.Ellcs avaient pcrdu ellviron douze mille honnnes
chacunc. La plupart des généraux étaient bles-
sés. Des régiments entlers étaient détruils.
Mais la situatioll était Lien diffél'ente. Snwal'ow
recevait tous les jours des l'cn[orts, et n'avait
qu'a gagner au pro[ollgement de la lutte. Mac-
douald, au contraire, avait épuisé toutes scs
ressonrccs, et pouvait, en s'oLstinant a se
Lattre, etre jcté en dósordre dans la Toscane.
Il songca donc a se retirer sur la N ura, pOIlI'
regagllPr Genes par derricre l'A pCllnin. Il quitla
la Trehhia le 2 messidor (20 j uin) au matin.
Une dépt"che, dans laquelle ii peignait h Mo-
rean sa situatioll désespérée, étant tombée dans
les mains de Suwarow, celui-ci fut rempli de
joie , et se háta de le poursuivrc a outrance.
Ccpelldant la rctraite se fit avcc assez d'ordre
sur les hords de la Nura. Malhellrcusemcnt, la
division Victor, qui soutenait depuis quatre
jours des combats continuels, fut enfin rom-
pue, et perdit beaucoup de prisouniers. lHac-
donald eut cependant le temps de recueillir
son armée au-cIela de l' Apel1nin, apres une
perte de quatorze ou quinze mille hommes, cn
tués, blessés on priSOI1Iliers.


Tres- helll'cllscment, SHwarow, entendant k




canon de Morcan sur ses derrii'res, se laisc;;t
détourner de la pOllrsnite de ::\Tacdonald. Mo-
rean, que des obstacles illSllT'molltables avaiClll
empcché de se mettré en lIlouvement avallt lf'
30 prairial ( 18 juill), venait cnfin de (lpbr)ll-
cher de .No\'i, de se ,iett'r sur Be1Jegardc, tlp le
mettre en déroute, et de Ini pT'cndre prcs de
trois mi !le prisollniprs. i\Tais cet a ,";m tagc t:1T'-
dif était inutile, et n'ellt el'antrc r('sultat que
de rappeler Suwarow, et de l'empécher de
s'acharner sur Macdonald.


Cette jonction, ele laquello on atten<lait de
si grands résultats, a\'ait dO!le amcné une san-
glante défaitp; elle lit na1t1'o entre les dClIx
généraux fraJ1(;'ais des cOlltestations qni n'olll
jamais été bien éclaircies. Les rnilitaires re pro-
chercnt a l\Iacdonald d'a\'oir trop séjollrné en
T oseanc, d'avoir fait marclwr ses di \' isiolls trop
loin les ulles des autres, de maníh'p quP les
divísiolls Victor, Hosca ct J)omhrowsky furellL
battues deux jours de suite, avanl que les di-
visions MOlltricbard, Olivier et Watrin fllssent
en Iigne; (l'avoir cherché, le jour de la bataille,
a déborder les deux ailes de l'ermerni, all líen
de diriger son principaL effort a sa gauche
vers la Haute-Trebbia; de s'etre ten u trop éloi-
gné des lllont:¡gnes, de maniere á ne pas pcr-
mettre ~l Lapoypc, qui ¡"tait a Bobbio, de v('nir




:¡ ~Oll secouJ's; cofin de s'étre, par-desslls Ion!,
lwallcollp trop h;ltó de livrer hataille, CotnllW
,,'il cút vouJu avoü' seull'hollncur de la victoirc,
Les militaires, en approuvantle plan savalll-
IlICllt combiné par Morcall, ne lui ont repro-
ché C]ll"tme cllOse, e'est de Il'avoi,' pas mis de
cúté tout Ill(~llagement pOUI' un ancien cama-
rade, de n'avoil' pas pris le commanclement
dil'ect des deux armées, et sllrtout de n'a\'oir
pas eUHlmalHlé en personne á la Trebbia. Quoi
<[1I'il eH soit de la jllstcssc de ces reproches,
j¡ cst cCl'tain que le plan de Moreau, exécutó
comme il avait fté con\,u , allrait sauvé l'Italie.
El!t~ fllt enticrement perduc par la hataille de
la Trebbia. Heureusemellt, Morcan était cn-
eore la pour recueillir nos débris et empecher
Sllwarow de profiter de son immense supério-
rité, La campaglle n'était ouverte que depuis
trois mois, et, exc('pt(~ en Suisse, no!!s n'aviorJs
eu partont que des reverso La bataiJle de 5toc-
ka eh nons avait fait perdl'e l' AlIemagnc; les
batailles de }Iagnano et de la Trcbbia 110U5
enlevaicll t l' Ita lie, JYlassélla senl , ferme comm('
un roe, occnpait cncore la 5ui~'.sc, le IOllg de
la chalue de ['Albis, Il ne [aut pas ollblier Ct-
pcndallt, au milieu de ces crucls rcvers, que
le COLll'ag(~ «(p nos soldats [¡vait ét('~ ifl(~b\'atl­
LJ!¡!e el: ;Il,~si ]¡"i1Llllt /llI'am .. [l!!IS lwall'; jours


') l




):U HEYOL, 'l'IUN FI\ \NCtll~l'.
de !lOS victoires; (Iue Morcan avait (~t{> ::t la f()is
grand citoyen et granel capitainc, et avail
empeché que Sllwarow lIe détruislt d'lI11 seul
coup nos arrnécs d'Italie.


Ces dernie1'5 malheurs fournirent de nou-
\Celles armes aux ennemis el II clircctoirc, et pro-
"oquércIlt contre luí un redoublclIlent c]'in-
vpctives. La crainte d'uue invasion COlllmeJ1(.'étlt
ct s'emparer des esprits. Les dópartcments dl¡
mieli et des Alpes, exposés les premiers au
débordement (ks Austro-Husses, étaient dans
une extreme fc!'mclltatioll. Les vi lles de Cham-
béry, de Gl'cnoble N d'Ol'ange ellv()yt~rc()t au
corps législatif eles adresscs (l'li [¡rent la pllls
vivc sensatioll. Ces adrcsses renfermaient les
reproches injustes qui circulaient (lepuis dcux
mois dans toutcs les bOliches; elles revcnaient
sur le pillage des pays conquÍs, sur les dila-
pidations des cOHlI'agnies, sur le déllúmeut
des armóes, sur le ministt'>r'c de Schérel', sur
son généraJat, sur l'injllstic(~ faitt~ it J\loreau,
sur l'arrestation de Champiollnet,etc. -« I)Ollr~
quoi, disaient-eUcs, les conscrits fideles se sont-
i ls vus forcés de rentrer dans lcurs foyers, par
le dénúment Ol! on les laissait? Ponrquoi toutes
les dilapídations sont - elles restpps impnnies)
Pourquoi l'iuepte Schól'er, signalt' comlflP un
Iraltl'c par Hocl"lp. f'st, il rest{> si lOllg'. tPlllpS




ni H H~T o 111 l I 7 ~ )~)>.
,1[1 Illllllstel'e de la gnerl'e: POllt'quoi a-t-il plI
t'O!lsommer, comrne gélléral, les maux qn'i!
,lvait préparós comme ministre.? Pourquoi des
l}(,mS chers ú la ,ic1oil't', sOld.-lls l'cmplacés
:,1:\1' des 1101115 iUCOilllllS? Poul'(!lloi le vainqueur
,le ¡tome d de Naples est-i! Cil ;¡CCtlsatÍon ? .. »


í III a r!¡',.i;', JlU apprécicr la ',';dcul' de ces rc-
]lf"die';. Les adresscs qUÍ les conlcnaient ob-
.ilH'ClIl l'hO\lIlCIli' dc l'¡nlpr(,~:ii.oll, la mClliÍuH
;w:wr;t!J!t', el le l\'uvoi é~t1 directoire. Ccl.te
.,:,¡¡¡i¡'t'é' dc' les acclIcillir ¡ll'üi,\";¡it asscz les dis-
¡1{):-1liiun.-) dt:>~ {I,::tL\ l-:uil:;cils. E~~:"')3 .. lt' pua\aienl
(\lrt.~ pill~ lllitUvai:-::t's. L\Jppv~iliLJU cUllsti~utiOll
n,.tic s\~taii n~lií\ie ,\ l'UjJpo,,¡liui! ¡"ltl'iote.
L'ulle c()mpüs{~<:: d'ambiticux (1'.1 voulaielll Uil
goUYerllement llouveau, el d'importants qui
it' plaignaielll (lue ledrs avis et Jeurs reCOII1-
;:l:mdatinlls n'¡,usscnt pa:·; é¡é assez hien :tC-
cueillis; ¡';t¡;tr(~ lorrnt'c de patriOi:es e.'Celus pin'
les scissions du corps législalif, ou l'~~duits au
silence par la loi du 19 fnlctic!ul'; elles VOll-
laient égalclllcnt la t'UillC du gUllveruement
exislallt. lIs disaicnt que le directoirc avait ú
la foís mal administré etmal défendu la Fr:mcf;
q a'il avait vio k la liberté des dections, opprimé
L: 1 ¡ Iwl'lt; de la pl'Psse e'l (les sociétés poplllaires.
lts le d{'~clal'aiellt :'t la fois faihlc ct violent; lIs
:dhi(;ni n!!~¡l1C jusíFi'il revenir sur J;. 1 H fl'llcti-




:·h4 BJéVOI,lJTION FHANf';AISE.
dor, et a dire que n'ayant pas respecté les
10ís elans eette journée, jI ne pouvait plus les
illvoquer en sa favcur.


La nomination de Sieyes au dircetoire avait
été l'un des premicrs motifs de ces díspositions.
Appeler au direetoíl'c un llOmmc qlli n'avait
eessé de regardpl' COl1ln1!~ mauvaise la consti-
tu tion dírectol'iaIe, quí déja, par ecttc raiSOIl .
avait refusé d'etrc directeul', c'était all110nCel'
en quelque so1'te qu'on voulait une 1'évolution.
L'acceptation de Sieyes, dOllt on eloutait a
cause de ses 1'efus antérieurs 1 ne fit que con-
firme1' ces eonjectures.


Les mécontcnts de toute es pece , qui VOH-
Jaient un changement, se gI'Ollp(~I'ent alltour
de Sieyes. Sieyes n'était point UIl clH.'f tIe partí
habile; iI n' en avait ni le eal'aet ere a la fois
soupIe et audacieux , ni meme l'ambition; mais
il ralliait beaucoup de mOllde par sa r·erJOmrnpe.
OIl savait qu'il trouvait tont mallvais dans la
cOIlstitution et le gouvcrnement, el un se pres-
sait autonr de lui, cornme pOUl'l'invíter a tout
changer. Barras, quí avait su se faire pardon-
nel' son anciellue présence au directoire, par
ses liaisulls et ses illtrigues a vec tous les partis,
s'était l'approché de Sieyes, el était paT'Vcnu a se
l'attaeheralui,en livrant lachernentses collegncs.
C'est autour de ces deux directeurs que se




DIHECTOIRE (1799)' :125
ralliaient tous les ennemis du directoire. Ce
parti avait songé a se donner l'appui d'un jeune
géllf~ral qui eút de la réputation, et qui pas-
sitt, eamme beaucollp d'autres, pOUi' une vic-
time du gouvernement. La position deJoubert,
Sllr leque! on fUlJ(lait de grandes espérances,
et qui était sans emploi depuis sa dérnission,
avait fixé le choix sur lui. Il allait s'allier á
l\l. de Sémonville, en épousant une dcmoi-
selle de i\Iontbolon. On l'avait rapproché de
Sieyes; OIl le fit lIommer général de la I7e di-
visioll mililaire, eelle de Paris, et OH s'cfforl,'a
<l'en faire le chef de la llouvelle coalition.


Ün ne songeait point encore a faire des
changemellts; un voulait d'abord s'emparer da
gOllVel'Uement, sallver ensuite la France d'une
invasion, et OH ajourllait les projets constitu-
tionllcIs a l'époque oú tOllS les périls seraient
passés. La prerniere eh ose a obtenir était l'P-
luignernent d(~s lllpmhres de l'aucien direetoirc.
Sieyes n'y ('tait qUt~ depnis ulle quillzaine; il Y
était entré ]e (C< pl'airial, el! remplacemellt de
Hewhell. narras s'élait sauvé de l'orage COlllme
tHl a v ti. TOllk la haine se déchargeait contre
La['(:~velliere, Merlin et Treilhard, tOIlS lrois
fOI't illflOCtllts de ce qU'OIl reprochait al! gon-
verllcmellt.


Lis avaícllt la majoríté, ¡>uisqu'ils étaielil




3A; ¡:r::VOLfJTIOj\ FHAí'iCAISI.
tl'ois, mais 011 voulait leur 1'C11l1re illlpossibl,'
l'exercice dei'autorité.lls avaicnt résolu d'avoil'
les plus grands égards pour Sieyes, de lui par~
donner lIH':me son humeur, afill de Be p:\s
aj outer aux diffieultés de la po;,itioll, eclles
que des divisions pcrsollllellcs pOllrraiellt CIl-
eore fai,'c naltre. J\Iais Sieyes (;tait intraitaLle;
il trouvait jout mauvais, et il élait en ce/a de
Ires-bollne foí; mais íl s'exprirnait de manien'
á pronver q u'i! ne V011 lait pas s' entendre avee
ses collegues pour porter remede au mal. Un
pen iuhüué (le ce (lU'íl ayait Vil dans le pa)~
d'oú il vel::!!t, il nc ce:iS;lit de lcuI' di re : e>
n'est pas aillsl qU'U!1 [;lit en Prusse. -- l'cllsei-,
gllez-nous dOllC, luí l'épum~:licilt ses collcgues,
COl1lment on fait en Pl'usse; ("daireZ-l]()lIS d"
vos avis, aide;¿-nous ~ i~lil'e le hiell, - Vous lIl'
m'ente!Hlriez pas, répliquait Sieycs; ji cst iWI-'
tile que JI> VlitiS parle; (¡ile.s ('OllJIlW vous ave;!
cuutunw de Lire.


Tawlis (l:i\;, dallS le sciu dll dlrvClulfl~, ¡'iIJ'
compatiJ¡illli> "e dl:clarait cutre la miuorité u
la majoriré, les attaques les plus vives se snc--
cédaicllt au ddlOI'S de la part des consl,¡j,i. il
y ayait déjit qUf~relle OUYE'l'te sur ies i!llall('('S_
La détn:ssc, l:omlHC vil l'a dit, jlJ'()\,CIJ;lit di
deux calbC;, _ L-¡ knicuf dc~ I'(:n¡n';l'~, d 11' dl'-
!lcit dall~, ld·~'\ ptlH!llil~; ~Hpl}n:-,('·:1, ~~\n' /,(Ii' lO;;




III n I:CTOllU': (q~)9)' 327
!iol1s (l{~ja ordonnancés pour (lépenscs consom-
Illées, 210 millions ótaient a peine rentrés. Le
ddicit dalls rt'~valuatioIl des produits s'élevait,
sllivant namel, á 07 et meme a 75 millions.
Comme on luí conteslait tOlljonrs la quotité
tlu lléficir, il donlla un démcllti fOl'lnel au dé-
pillé Géníssiel1x dans le ¡1loniteur, et prouva
ce (ItI'íl avalH,'ail. Mais (Ille sert de prouvel'
dans certaius moments? On n'en aceabla pas
moins le ministre et le gouveFllcmcnt d'invec-
tives; on ne eessa pas dn répétel' qu 'ils rllinaient
l'élat, et demandaieul salls eesse de nouveallX
fOlHls pOlil' foul'lIir a de llollve1!es dilapida-
tiOflS. Cepcndallt, la force ele l'('videnee ohligea
i, aeeorder un supplémellt de Pl'Odllits. L'impút
su!' le sel <\\oait été refusé; ponr y suppléer,
011 ajonta un (lécime par fraIle sur toutes ]('s
eoutl'ilJl!tinllS, et Ol! dOllbla encure eelle des
portes el 1(·m;tres. -''Ibis e' ótait peu que de dé cré-
ter des impóls, il f;tlhit assul'cr lenr renln"e par
diff(~relltl'S 10i5 relatiH's :\ leur assictte ct :'1
leu\' jwrception. Ces 10is ll'(:tait~!\t pas 1'l'11-
ducs. Le millislrc prl'ssatt lcul' mise en dis-
ellssiou; on ajotll'íwit sallS cesse, et: OH répOll-
dait a s"s illstallces ell cl'iant a la trahisOil,
au \{jl, cle.


Oul",' !:t r¡¡¡~'l'dL' sur hs [1llallccs, on en
::v:t:r 011\,('['! lIi:. :Hllrc, lkjá il s'élait élt'Vt~ (les




:h~ Hl:;VOLllTIO:'i Fí\AN(,:,\lSE.
réclamations sur certains articles de la loi d!!
T 9 frueticlur qui pel'mettaiell! au diree!oire ;le
ferrner les clubs et de sllpprilller les jOllI'llallx
sur un simple arreté. Vn projet de loi avait
été ordOllné sur la presse et les sociétés po-
pulaires, afin de rnodificr la loi dll 19 frueli-
dor, et d'enlever an dirce/oire le pOllvuir al'bi-
trairc don ti 1 était revétu. 011 s' élcvait bea ucoup
aussi eontrc la faculté quc ectte loi dOlJuait aa
directoil'e de déporter a sa volonté les pretres
suspeets, et de rayer les émigrés de la liste.
Les patriotcs eux-rnemcs semblaÍent youloir
lui elllever eeUe dietaturc, fllllcstc sculement
a Ienrs aclversaircs. On cornmelH;'a par la !lis-
cussion sur la presse et les sociétés populaircs.
Le projet mis en avant élail l'ouvrage de Bpr-
lier, La discussioIl s'ollvrit dans ¡t·s derniprs
jours de prairial (mil ien de j uin), I~es parl i-
salls dll directoire, parmi lesfluels se disl in-
gllaient Chélliel', Bailleul, Crcllzé-Latollcbe,
Lecointe - Puyraveau, sOlltenaicn t que celte
dictatul'e accol'c1ée au directoire par la loi da
19 frllctidor, bien que redontable en tem ps
ordi naire, était de la plus indispensable ll{:ces-
sité dans la cil'constance actuelle. Ce Il'était P;¡S,
disaient.ils, dans un mo!11cnt de péril extn~mc,
(IU'il fallait dirninucr les [orces du gOllVCnt(·-
mellt. La dictajun~ (jll'orl lut avait dUIl/H"C le




DlR'CTOJ lU': (1709)· :-b9
lelldemain tlu J 8 fructidor lui était devenue
lll:cessaire, non plus eOIltre la faetion royaliste,
mais cont1'e la faction anarehique, non moins
1'edolltable que la prerniere, et secretemellt
alliée avee elle. Les disciplcs de Babeuf, ajou-
taicnt-ils, reparaissaient de tonles parts, et me-
lI;l(,'aiellt la république d'uu nouveau débor-
demeut.


Les palriotes, qlli fourmilJaient dans les
cillq-cents, répoudaieut avec leur Yéhéll1enc(~
aecoutllmée aux cliscours des partisans du di-
rccloirc. - Il falIait, disaient-ils, dOIlner lIlle
eotllJIlotion a la Franee, et lui rendre l' éllergie
de 1793, que le directoi1'e avait enlierernellt
étouffée, en faisant peser sur elle un joug ac-
cablallt. TOllt patriotisme allait s'éteilldre si on
n'ollvrait pas les clubs, et si on ne rendait pas
la parale aux feuilles patriotiques. Vaincrnent.
ajoutaient-iJs, on accuse les patriotes, vainc-
llleut on feint de redollte1' un clt"bordement de
lcUl' parto Qu'ont-ils fait ees patriotes tallt ac-
CUSl'S? Dcpuis trois ans ils "UIit égorgl's, p1'os-
crits,sans patrie, clans la l'épubliqlle qu'ils Ollt
eOlltribllé puissamment a foncleret qu'ils out dé-
felle!: le. Quels crimes avez-Yous a lcur reprocheJ"?
unt-ils réagi coutre Il's réacteurs ?NOll. Ils SOllt
cxag(~ri's, turlJl¡]enls; soit. JUais sOl1t-ce la des
l:rillws/ Ils parlent, ils crient meme, si l'oH




vCllti mais ils n'assassinent pas, et tOllS IC5
jours ils sont assassiués ... - Tel t~tait le Jall
gage de Briot du Doubs, du Corse Arena, el
d'llnc fonje d';¡utI'cs.


Les !1wmbres de l'opposition CO!1stitution-
¡¡elle s'exprimaicnt autrCnlCllt. Ils étaient na-
turcllement modérés. lIs avaicnt le ton mesuré,
mais amer et dogmatiquc. 1l fallait, s!livalll
cux, revenir allX principes trap l1léCOIlnUS, el
remIre la liberté a la prcssc et aux sociétés po-
pnlaires. Les dangers de fructidor avaient biell
pll valoir liBe dictature momcntanée au di·
rectoire, mais cette dictaturc donn('(' de COlI-
fiallce, comment en avait-il usé? li n'y é\\ait
qll'it intcrruger les pal'tís, disait BOlday de la
111eurthe. Quoique ayant tons des VIles d i11('.-
rentes, ]'oyalistes, patriotes, cOllslitulionne]s,
ÜaieIll á'accord pour déclarcr que le dircclo1r('
<lvait mal nsé de sa toutc-plIissallce. Un IlH'mc
accord, cbez d('s hommcs sí opposés de ~iC!l­
timeJlts et de \tlCé;, ne pOllvait pas laissel' de
Llonte , et le dil'ectoire dait combnmé.


Ainsi les patriotcs irrités se plaigllaíent d'op-
pression; les constitutionnels, pleins d(' pl'é-
telltions, se plaignajent dn m:;!-gUl!V(TIH'·. T()Il~;
se réllllÍrellt, et fil'ellt élbl'o!'cJ:' les al'lidf's (he


.'


la loi du I~) frtldidol' l'l:!atif.; allX jUlIl'H:lIIX i"!
aux sociétés fH'p"::i:lin'< C't~t;!j!: l;t 11111' vic,(j;"1




I)IBECT()JI~E (1799). ;-\")I
imp0I'iante, qlli allait amenel'lwdéchaiucl1lcu!
d'¡"crits périodiques et le ralliement de tOI1S
les jacobins.


L'agitaliou allait croissant vers les (lerniers
jonrs de prairiaJ. Les bI'uits les plus Slnlstres
cOllraient de tOl/tes parts. J~a J!ouvelle coali-
tiOll J'(~s()l¡¡t d'(~mployer les tracas series ordi-
Ilair<~s, quc les oppositiollS emploien t dans les
gOI1\'crnenwIlls repl'ésentatifs pour obliger llll
llIinist.ére a sp retireT'. Questions embarras-
~;alltes et réit{'rées, mCll<lCeS d'accusation, OH
mit tout en lIsage. Ces moyefls SOllt si naturels,
(llIe, sallS la pratiqlle du gOllvel'nement re-
pr{'sentatif, I'instinct seul des partis les décOll-
vre s!ll'-le-ch:unp,


Les comrnissiolls d(;s dépenscs, des foneIs el
de la gll{~J'I'e, élablies dalls les cinq-cents pour
s'occupcr 1ft' ces dnTl's objets, se réunirellt, el
pf·()iel(~l·(·rtt l/JI Jllé's"age au dil'cctoire. Büulay
de la i\["ll!·;tw fllt cÍlargé dtl l'apport, et le
pi'l'SCIlLt le 1:'í prail"ial_ Silr sa pl'opositiOB, 1,,'
cOllseil dc-; cip<¡-e\'u!:; adn>;sa :¡u dil'cct()¡/'(~ W~
mcssage par leque! il d(!1I1<lm!ait a (~lre instruir
des callSC~, de-; daJJg('l's inlh'icurs et c:\tél'icllrS
q II i mel);w.aÍl' III ~a l'é Pl! blic¡ne, et des moyens
q 111 é'xistail:ut pULU' y lHim'\-oil'o L(:'s dnllClllde"
(l;. \Tl.k 1l;ltitrC n'out gllt'! l' d'a:ill'e i'liú qUí:
,¡';li'ra("Lt'"1' dc~; :1\'{:'U~, ,fe' ~!(;1l'v~~";~'" ct t~~~ ~.'OU\




312 IlÉVOLUTIO~ ~'l\Al\'CAISE.
promettre davantage le gOllvel'llement auquci
OH les arrache. Un gouvcrllcment, !lOUS le )'("-
pétons, doit réussir: l'obligcl' ir convenir qll'il
u'a pas réussi, c'est I'obliger au plus funeste
de tOllS ksavcux. A ce rrl(~ssage, [ttrelll jointes
une foule de motiolls <l'orore, qui tOlltes
avaient Ull objet analogne. Elles étaient relati ves
au droit de former des soeiétés POlll!/;¡il'(~s, ;'¡
la liberté individuelle, a la respollsabiIilt~ des
ministres, a la publicité des comptes, etc.


Le directoire, en recevallt le message en
question, résolnt d'y faire lIt1P rt'>pollse ¡j('·tail-
lée, dans laquelle iI tracerait le tableau de tOIlS
les évéllcmeIlts, et exposerait les rnoyc!ls (p;'iL
avait employés, et ceux qu'il se pl'Oposait d'em-
ployer cncore, pOllr retirer la Franee de la
crise ou elle se trouvait. Une réponse de c(~lte
naturc exigeait le concours de tous les minis-
tres, pour que chacun d'eux pút fourni,' SOl!
rapport. Il f;~lIait all moÍns plllsiclIrs jOllrs
pour le r{~dígcr; mais ce ll'était pas ce qui COll-
velJait aux mcncurs (les conseils. Ils ne VOll-
bient pas un état exact et Hdde de la 1"ra11c(',
lllais des avellX prompts et cmharrass(~s. AlIssi,
apres avoir attclldu quel(IlIes jOllrs, les trois
commissíons (l1li avaienL proposé le nW5silge
lircut aux einq-cents Hile proposiliollllouvc!le,
par l'orgal\(~ dü d(~puté POlllain-Gralld-Pré.




IlIln:crOIln: (1 7~9). 333
C'était le 28 prairial (16 juin). Le rapporteur
pl'oposa aux cinq-cents de se déclarel' en per-
mancnce jusqu'il ce que le directoire eút ré-
pondn au messagc dn 15. La proposition fut
adoptéc. C'(;tait jeter le cri d'alarme, et arlllon-
ccr un pl'Ocllain événemcnt. Les cinq-ccnts
fil'ent part aux anciens de Ieur déterminatioll,
('f] les ellgageant;\ sllivre lenr exemple. l..,'exem-
pIe en effet fllt imité, et les ancicns siégel'ent
aussi en permanence. Les trois comrnissiollS
des dépellses, des fonds, de la guerre, étant
írop 1l0mLrellses, furent changées en une
seule c()¡nmissioll, composée de onze mem-
hres, et chargée de présenter les rnesures exÍ-
gées par les circonstances.


Le directoire rópondit, de son coté, qu'il
allait se cOllstituer en séance permanente,
pour h,lter le rapport qu'on lui demandait.
On cOlJ(;,oit q uelle agitation devait résulter
el'une pareille détcrmination. On faisait, comme
el'usage, courir les bruits les plus siuistres :
les adversaires du dircctoire disaicnt gu'ilmé-
ditait un nouveau coup d'état, et qu'il vou-
lait dissoudre les conseils. Ses partisans répan-
daíent au contrail'e qll'il y avait une coalitioll
formée entre tous les partís pour renverser
violernment la constitution. Ríen de pareilll'é-
l:lit llléditó de part ni d'autre. La coa1itiol1 des




deux oppositions vOlllait selllement la d¡"lllis-
"tOn des trois anciens directcurs. 01\ imagina
Ul1 premi(~r moyeIl pour l'amcllcr. La COllstitu-
tion vnnlait que le direcLcul' cn!rallt CIl l"uIlC-
tiOlls eút c¡uitte la L0g:slallln' depuis Ull ;til ré-
\olu. Oll s'a¡lt;n:ut que Trt!iihal'd, qui dql!lÍs
tl'cizc mois siégcait all diredoin', d;tit sortí
de la lt'gislaiUI'(; le::io i1()n~aJ ;l1l V, ct qll'd avai!
c'!t' 110 I tlltH': au directoire le :.lG (loréal au \ L 11
!tlallquait dOlle quatre jOlIl'S au d(\iai ¡n'l'scrit. Ct'
i]'ctait lü (lu'uue chicarw, cal' cetie il'réSlllaritt'!
0tait cOllverte par le SilellCC gardé pendallt
deux ses,;iollS, ei (L¡¡¡leül's Sie.ves lt1i-ltJ(~:lIe
.'tait dans le lllCr:Jt' caso SUl'-k-cÍlamp la cmn-
;uissiull de,; Ul!ZL' proposa d';lllnnler la llomi-
latíoll de Tl'eilhard. ectte ;ul1lulatioli cut liel!
l\~ jOll!' méme du 28, et fut signific'e al! ti irectoire"


Trcilhal'd était l'ude et ornS(lI1P, mais ll'a-
vait pas une fermcté '¿galc it la dut'eté de ses
mallieres. Il éta¡t dispos('~ ú c/·d¡·!". Laróvel-
¡iere él;út daus une tout :llItre dispo~ition d'es-
prit. Cet homme llOlllH'tC et désintéressé, au-
iluel ses fonctions étaicnt a charge, qui ne
¡es avait acccptées que par devoir, et qui fai-
.;ait des VLeUX tous les allS ponr que le sort le
rendit ii la retraitc, ne voulait plus aballdon-
llÚ ses fOllctiollS depnis (lue les factiolls co:t-
! ; sées pat'a issaicnt l' exigf'L !I se fi;:<tlrai l (11:' () il




1l11n:CTO] B F 1, 1799)' :'{'3:\
ne vouIaít expulser les anciens dirccteurs q lle
ponr abolir la constitution de l'an lII; que
Sic}cs, Barras et la famiJJe Bonapartc, COI1-
coul'aíent au memc hut dansdcs vues diffé-
rentes, mais toutes égalemcllt funestes a la ré-
puhliqlle. Dalls cctw persuasíon , íl ne voulait
pas (lile les :tnciens dil'cclcurs nbandollllassenl
1\~1I!' puste. En cOllséqucnc:c, il COlJl'ut chez
ircillw rd, el I'cngngea it r<'~sister. A vec -;\Ierlin
.~t llloí, lui dit-il, vous fUl'Iucl'ez la rnajoritl~,
(~t 110US nous rcfnserons á l'exéclltion de cpUl'
détcrrninatioll da corps lógislatif, comme illé-
,(~·al('. ,;('·d i ~¡(,:lSC, et arr;J.ché-c par une factioll.
TreiIbanl n'osa pas suivre cet avis, et e¡¡voya
';mr-le-champ sa démission allx ónq-cellts.


Larévellirre, voyant la rnajorité perdue,
lI'eH persista pas fIloins a refuser sa démission,
"i 011 la lui demandail. Les meneurs des cinq-
U~llts l'l:sulllrellt de clOllnel' tuut de suite un
:;uccesseur a Tn;i!lwrd. Sieyes aurait vouln
faire 110mmer un hOlllll1e it sa dévotion ; mais
son intluence fut nulle dans ecHe oecasion.
l) . t 1 R ' n nomma un anClen avoca oe eunes, pre-
sidcnt actuel du tribunal de cassation, et
counu pour appartenir pIutot it l'opposition
patrio te qu'it l'opposition constitlltionncllp.
C'l~tait Gühicr, citüyen proLe et dh'oué a la
l'(;pllLliqtlP, mais pcn capable, Ptranger a la




33G 1\ j::VOLllT/O\ F:\A1\'('.\I:-,F.
cOI1naissance des hommcs el des <[f(aires. TI {lit
nommé le 29 prairial, et clut etl'c instalk le
bndemain memc.


Ce n'était pas assez d'avoir exclll Treilhanl,
Oll voulait arracher du direcloil'e Lal'évellierc
ct !\'IerIin, Les patriotes surtout étaient furieux
contre Larévelliere; iIs se souvenaient (PIC,
quoiqlle rigicle, il n'avait jarnais é/('~ 1Il0Tlta-
gnal'd, CJll'il avait lutté sOllven! conlre leHr
parti depuis le 9 thermidor, et qne l'année
précéclente il avait encouragé le systéme des
scissions. En conséqnence, ils menacerellt de
le mettre en accusatioll, lui el -:\Iel'lin, s'ils /le
dOIlnaient pas tOIlS deux leul' démissioll.
Sieyes fut chargé de faire ulle premiere ou-
vel'ture, pOUl' les engager a cédel' vololltaire-
ment it l'orage.


Le 29 au soir, jour de la sortie de Treilhard,
Sieyes pro posa une réunion particuliée des
quatre directeurs chez Merlin. 011 s'y rennit.
Barras, comme si on se fút trouvó en danger,
y vint avrc le sabre au coté, et n'ollvrit point
la bOlIche. Sieyes prit la parole avec embar-
ras, fit ulle ¡ongue digression sur les fautes da
gouvernemcnt, et balbutia long-temps avant
d'en venir an véritable objet de la réunioll.
Enfin Larévelliel'e le somma de s' explicpwr
chirelllent. - Vos amis, répondit Sieycs, ('t




(HlU.CTOlRE (1799 J.
cellx de Medin, vous engagent tous deux á
dOlluer votre démission. Larévelliere demanda
(luels étaient ces amis. Sieyes n'en put
Ilommer aUClIll qui méritat quelqlle confiance.
Larévelliere lui pada alors avec le tOIl d'un
homme indigné de voir le directoire trahi par
ses lllcmbres, et livré par eux aux complots
des Llctiellx. Il prollva que jusqll'ici sa con-
dllite et celle de ses collegues avaiellt été irré-
prochables, que les torts qu'oll leul' imputait
n'étaient qu'un tissu de calomuies; puis il at-
taqua directemellt Sieyes sur ses projets se-
crets, et le jeta dalls le plus grand embarras
par ses véhémentes apostrophes. Barras, pen-
dant tout ce temps, garda le plus morne si-
lenee. Sa position était difficile, ear seul il avait
mérité tous les reproches dont OIl aeeablait
ses eullegues. Leur demander leur démission
pour des torts qll'as n'avaieut pas, et qui ll'é-
ta¡ent qu'a lui seul, eut été trop embarrassant.
11 se tut done. On se sépara saos avair ríen
obtenu. Merlin, qui n'osait pas prendre 1111
partí, avait Melaré qu'il suivrait l'exemple de
Larévelliere.


Barras imagina d'employer un intermédiaire
pour obtenir la démission de scs deux colle-
gllCS. Il se servit d'ull ancien girondin, Ber~
goeng, que le goút des plaisirs avait attiré


x.




:B8 ltt:VOT.UTION FHAN<,:.USF.
dans 5a société. Il le chargea d'aller voir La-
révellierc pOllr le décider a se démettre. Rer-
goeng vint dans la nllit du 29 au 30, invoqua
aupres de Larévelliere l'ancicIlIle amitié qui
les liait, et employa tous les moyens pour l' é-
branler. Il lui assura que Barr:ls l'aimait, l'ho-
norait, et regardait son éloigllement comme
i njuste, mais qu'ílle conjurait de céder, pom'
n'etre pas exposé á une tcmpete, Larével-
liere demeura inébranlable. II répondit que
Barras était dupe de Sieves, Sieves de Barras,


,¡ "


et que tous deux seraient clllpés par les Bona-
parte; qu'on vOlllait la ruine de la I'épubliqnc,
mais qu'il résisterait jusqu'a son dernier soupir.


Le lendemain 30, Gohier devait etre ínstallé.
Les quatre directeurs étaient réunis; tous les
ministres étaient prt"sents. A peine l'installa-
líon fut-elle achevée, ('Í les cliscours du pré-
sident et da JlOllVeaU clirecteul' P"OTlOJICés, q ti '011
I'evint á l'objet de la veilIe. Barras demanda
a parler en parliclllier a Larévellit:'re; ils pas-
serent tous deux dans une salle voisine. Bar-
ras renouvela aupres de son collegue les memes
instances, les memes caresses, et le trOllva
allssi obstiné. Il rClltra, assez embarl'assé <1(,
n'avoir rien ohtenn, et craignant tOlljours la
discussion des actes de I'ancien dircctoire,
glli ne pOllvait pas elrc iR son aYaIlta¡;C'. A)ol's




DlHECTOIRE (1799)'
il prit la parole avec violence, et n'osant pas
attaquer Larévelliere. il se déchaina contre
I~Ierlin qu'il détestait, fit de lui la peinture la
plus riclieule et la plus fausse, et le représenta
comme une es pece de fier-a-bras, méditant,
avec une réunioll de coupe-jarrets, un COllp
d'état COlltre ses collegues et les cOIlspils. La-
révelliere, venallt au secours de Merlin, prit
aussitot la parole, et démontra l'absunlité de
pareilles imputatiolls. Rien dans le juriscon-
snlte Merlin, en effet, ne ressembtait a ce por-
trait. Laróvelliere retl'a<;a alors l'historique de
toute l'administratioll du directoire, et le Lit
avec détaiI pour éclairer les millistres et le
direeteur entrant. Barras était dans une per-
plexité eruelle; iI se leva enfin, en disant:- Eh
hien! c'en est fait, les sabres sont tirés. -
Misérable, lui répondit Larévelliere avee fer-
lIlelé, que parles - tu de sabres? Il n'y a ici
qlle des couteaux, et ils sont dirigés contre
des hommes irréprochables, que vous voulez
égorger, ue pOllvant les entrainel' a une fai-
blesse.


Gohier voulut alors servir de conciliatcur,
mais ne put y reussir. Dans ce moment, plu-
siellrs membres des cinq·cents et des anciens
s\;tallt réunis, vinrent priel' les dcux diree-
lcllrs de d-der, en promettallt qll'il ne serait


:1.2.




3/ro Hj::VOLllTlON FHAN(,:,\ISF,
poillt dirigó contre ellx d'aclc d'aCCllsalioll
Larévelliere kllr n"polldit aycc fierlé, q Il'i 1
u'attendait point de gdcc, qu'on pOllvait 1'ac-
euser, et qn'ii r{~pondrait. Les députés qui s'é.
taíent charg(~s de Cf'tte lllissiOIl retolll'JH~rent
aux deux conseils, et y e;¡lISt~rent UIl nOIl"eall
sO!llcvcm~nt en rapportant Cl~ qlli s'{'tait passé.
BOlllay de la Meul'the d(~IJün\aLan"n'lJicre,
aYOlla sa probité, mais lui préta mal ;'l pro pos
des Pl'ojcts de religion nouvelle, et accusa oeau·
coup son enteterncnt, qui allait, dit-il, perclre
la républíquc. Lps patrioles S(' dt'>c:halllerent
avec plus de vioJellce que jamais, et dirent que
pUiSqll'ils s'obstinaieut, il lle fallait fairc au-
cune grace aux den:\. direcleu!'s.


L'agitation était an cOlnblc, et la Illlte se
lronvant engagée, 011 ne sayail pllls jusqu'oú
elle pOllrrait étre poussée. BeaucolI p el' h0J1I111eS
modén's des deux cOllseils se réllllil'ellt, el
clirent (1'le pour évitel' des lIlalll(~lII's il f¡l/ait
alter conjurcr Larévclliére de ü~der a l'orage.
lIs se rendirent aupres de lui dans la nuit un 30,
et le suppliáent, au llom des dangcrs que
courait la répllLlique, de uonner sa dl~rnissioll,
lIs lui dirent qu'ils étaieI1t cxpos{s tons aux
plus grands périls, et que s'il s' obstinait il I'é-
sister, ils ne savaicnt pas ,ÍUS(l'l' uú pOllrrait aI-
le!' la fureur desnaJ'lis.-cc\Iais n(~ YO\CZ-\,()((S


j




DIltECTOIRE (1799)' :)!Íl
]las, ¡cut' I't>polldit Larévclliere, les daugers
plus grallrls qne con!'t la républiq ue? N e voyez-
vous pas que ce n'est ras a nOllS qu'on en vcut,
mais ~l la cOllstitution; qu'elÍ cédant aujour-
d'bui, il faudl':t céder demain, et toujours, et
que la ré¡mblique sera perdlle par notre fai-
blesse? Mes f(mctions, ajouta-t-il, me sont a
charge; si je m'ohsti1le a les garder aujour-
d'lllli, c'est parce que je crois devoil' opposer
ulle barriere illSUI'lIlolltable al1X complots des
factiol1s. Cepelldant, si vous croyez tous q[le
lila rpsistance vous ex pose á des périls, je vais
me remire; mais, je VOllS le déclare, la répu-
bliquc est rerdue. Un seul homme lIC peut pas
la sauver; je cedc dOllC, puisque jc reste scul,
el je vous rcmcts ma (kmission, })


11 la donna dans la nuit. Il écrivit UlIC ¡cttrc
slfllplc ct <ligue pOllr cAprilllcr ses lllotifs.l\1er-
Un lui deIlJanda ú la copil'J', el les deux délllÍs-
siolls furellt CII voj'('·(·s e1l llJ(:nJe I ellJ ps. ,\ iusi
fllt dissOllS I'allcien djl"('('lo~n', TOIIll's les L1C-
lions qu'il avait essa'yl~ de n\luin' s'daj('lIt n"II-
nies pOli1' \'abattt'e, ct :l\:1iellt mis ]cllrs I't's-
selltimellts en COllltllun. Illl't'·tail cOllpahlc qlle
d'lIl1 seullol'l, celni d\'tl'e plus faib!e (ju't'I!cs;
IOl"t illlIfJCIISe, il l'st vl'ai, el qui jll~tifi(· 1;,
~·llllh' d'lIll gouvt·1'I1CIIlC111.
i\l;¡I!~I'(" le di'c1';¡lllt'llll'IJt ~("líl'l~d, Lal'l',d




34'1 IIEVOLllTION FnAN~AJS}:.
liere emporta l'estime de tous les citoyells éclai-
,.és. Il ne voutut pas, en quittant le directoire,
reeevoir les eent mille franes que ses eollegues
étaient conVeIlllS de donner au membre sor-
tant; il ne re«ut pas meme la part a laquelle
il avait droit sur les retenues faites a leurs ap-
pointements; il n'emporta pas la voiture qll'il
était d'llsage de laisser au direcleur sortaut.
Il se retira a Andilly, dans une peLite maisoll
qu'il possédait, et il y re«llt la visile de tous
les hommes eonsidérés que la furenr des par-
tis ll'intimidait paso Le ministre Talleyrand fut
du nombre de eClIx qlli allercnt le visiter daos
sa retraite.


---~




IHHCTOIR.E ('799)' 343


=


CHAPITRE VI.


¡"ormatíon du nouveau dírectoíre. Moulíns et Roger-Du-
cos remplacent Larévelliere et Merlín. - Changements
dans le ministcre.-Levée de toutes 1('5 c1asses de cons-
crits. - Empruut forcé de cent míllions. ~- Luí des
ot:lges. - NOllveaux plans mílitaires - Reprise des
opúations en Italic; JunDert général en chef; Dataille
de Novi, el mort de Joubert. - Débarquement des An-
glo-Ilus¿cs en IIollallde. - Nonveaux trollbles a l'ill-
térielll'; di'chalnement des patriotes; arrestalion de onze
joul'Ilalistes; renvoí de Bcrnadotte; proposition. de dé-
clarer la patl'ie en dallger.


LES années usent les partis, mais il en faut
beallcoup pOtll' les épuisCl'. Les passions ne s'é-
lcignent qll'avec les crellrs dans lcsquels elles
s'allllrn¡~I'ellt. II faut que toule une gónératioll




344 JU~VOI.tJTlON ),'nAN~AISE.
disparaisse; alors il ne reste des prétentiolls
des partís que les inIérets légitimes, et le temps
peut opérer entre ces intérets UIle cOIlciliation
naturellc et raisonnable. l\Iais avant ce terme,
les partis sont indomptables par la !'leule puis-
sanee de la raison. l .. e gouvernement qui veut
leur parler le lallgagc de la justice et des lois
leur devient bientot insupportable, et plus il
a été modéré, plus ils le mépriscnt comme
faible et impuissant. Veut-iI, qualld il trouve
des creurs sourds a ses avis, employer la force,
on le déclare tyrannique , on dit qll'a la fai-
hlesse il jOillt la méchanccté. En altcnc]ant lt's
cffets dn temps, iI n'y a qu'un grand despo-
tisme qui puísse dompter les partís irrités. Le
directoire était ce gOllvernement légal et mo-
déré qni voulut faire subir le jOllg (les lois aux
partis que la révolution avait produits, et que
vingt-cinq ans n'avaient pas encore épuisés.
lls se coaliserent tOIlS, cOlllme OI! vicnl de jp
voir, an 30 prairial, pOllr amener sa chute.
L'ennemi commun renversé, ils se tronvaient
en présence les uns des autres sans aucune
maill pour les contenir. On va voir comment
ils se comporterent.


La constitution, quoiqne n'ét:mt plus qu'un
fantome, n'était pas aboli!', et jI f;tllait rem-
placer par Hne omlwe le directoire déja reu-




DI REl:TOIRE (1799)' :)[¡:;
versó. Gohier avait remplacé Treilhard; il fal-
bit Jonlle\' des Sllccessellrs a Larévelli(:'rc et ;'.
Merlin. On choisit Roger.Ducos et Moulins. Ro-
ger-Ducos ét;lÍt un ancien girondin, homme
honnete, peu capable et tout-a-fait dévoué a
Sieyes. Il avait été llommé par I'in{lllence de
Sieyes sur les anciens. Moulins était un géné-
ral obscur, employé autrefois dans la Venoée,
répuh!icain chand et integre, nommé comrne
Gobier par l'influence du parti patl'iote. On
avait proposé d'autres I10tahilités ou civiles Ol!
militaires, poUt· composer le directoire; mais
elles avaient été rejetées. 11 était c1ai\', d'aprés
de pareils choix, que les partis n'avaient pas
vouln se donner des malt\'es. lis n'avaient porté
au directoire que ces médioerités, chargées 01'-
dinairement de tons les inle/'im.


Le direetoire aetnel, eomposé comme lcs
conseils, (It~ partis opposés, était encore plus
faible et moins homogene qlle le précédent.
Sieyes, le seul hornme supérieur parmi les ciIHl
directcurs, revait, cornme 011 l'a vu, UIle llOU-
vclle organisation politiqueo II était le chef dll
parti qui se qualitiait de modéré on de cOIlsti-
tutionuel, et don t tous les membrcs cependant
souhaitaient IIne cOlIstitutioll nOIl\'cll('. rl lI'a-
vai t de collegue dévoué (lile Hoger' - nllcos,
}Iouliw.; et Gullie!', t(jus dl'tlX chancls patrio-




346 nÉVOLllTlO;-¡ FHAN(o:¡\ISE.
tes, jllcapables de cOllcevoir autl'e chose (¡tw
ce ({lli existait, vOlllaicnt la constitutioll ac-
tuellc, mais voulaiell t l' exécuter ell'intcrpréter
dan s le sens des patriotes. Qllallt a Barras,
appelé uaturellement a les départager, qui pou·
vait compter sur luí? Ce chaos de vices, de
passiolls, d'intérets, d'idées contraires, que
prt'sentait la république mOllrante, il ell était
a lui seul l'emblerne vivant. La majorité, dé-
pClldant de sa voix, était donc commise au
hasard.


Sieyes dit assez ncttement a ses 1l011VeaUX
collt~gues qu'ils prcnaiellt la direction d'ull gOIl-
verucmcnt menacé d'llne chute prochaine, mais
I/lI'íl fallait sallver la républiquc si on ne pou-
vait sauver la constitlltioIl. Ce Jangagc déplut
fort a Gohier el a Moulins, et fllt mal accueíllí
par l'UX. Aussi des le premier jourlcs sentimenb
parllreut pCll d'accord. Sieyes tint le meme Jau-
gage;'t J ollbert, le général qu'on voulait cngager
dalls le parti réorganisatcllr. Mais J ouoert , vicux
soldat de l'armée cl'Italie, en avait les sen ti-
ments; il était chaud patriote, et les vues de
Sieyes lui parurent suspectes. II s'en ouvrit se-
cretemcnt a Gohier el 11 M:olllins, ct parut se
l'attacher cntiereulPnt a cux. Du reste, e'(~taienl
lá des qlleslíons 'luí nc pUllvaient arriver qu'ul-
tcrÍeurcmcllt ('11 c1i::,cllssiulJ. Le plw, pl"(:ssallt




D1RECTOlllE (1799)'


t'~lait d'aclmillistrel' et de défendre la république
menacée. La nouvclle de la hataille de la Treb-
hia, répandue partollt, jetait tous les esprits
dan s l'alarme. Il fallait de grandes mesures de
salut publico


Le premier SOill d'ull gUllvernement est de
faire tout le contraire de cclui qui l'a précédé,
l1e serait- ce que pour obéir aux passions qui
J'Ollt fait triompher. Championnet, ce hél'OS de
Naples si vanté, JouLert, Bernadotte, devaient
sortir des fers on de la disgrace, ponr occuper
les premiers emplois. Championnet fut mis sur-
le-champ en liberté et I10mmé général d'ulle
nOllvelle armée qu'on se proposait de former le
long des Grandes-Alpes. llernadotte fnt chargé
clu ministerc de la guerreo JouLert fut appelé a
commander l'armée d'Italie. Ses triomphes dans
leTyrol, sajeunesse, son caractere hérolqlle, lns-
piraie!l t les plus gralldes espérances. Les réorga-
nísateuI's lui souhaitaient assez de succ!.!s et de
gloire pum qu"il pút appuyer leurs projets. Le
choix de Joubert était fort bon sans doute,
mais c'était ulle nouvelle injustíce pou\' Mo-
real!, qui avait si généreusement accepté le
commandernen t d'u oc armée battue, et qui
I'avait sauv(~e avec tant d'habileté. Mais Moreau
(·tait pcu agréable aux chauds patriotes, (luí
Iriomphaicllt dan::; ce mOlllellt. Ou lui donna




1[18 nÉVOLUTlON FBAN(,~\I~I'.
le commandcment d'unc pl'étendue arllléc dll
Rbin qui n'existait pas ellcure.


Il y cut en outre di vers changements dans
le ministcre. Le ministre des finances, Ramel ,
qui avait rendu de si grallds services depuis
l'installation du directoire~ et qui avait admi-
nistré pendant ceHe transition si difficile du
papier - monnaie au nUlllérairc, llamd avai L
pal·tagé l'odieux jeté sur rancien directoire. 11
fut si violemment attaqué, que, rnalgré l'estime
qu'ils avaient pour 1 ui, les nouveaux llirecteurs
furent obligés d'accepter sa démissioll, On llli
donua pour successeur un homme qui él.ait
cher aux patriotes, et respectable pOllr tous
les partís: c'était Robert Lindet , l'ancien mem-
bre dll comité de satut public, si indécemmcllt
attaqué pendant la réaction. Il se défelldil
long-temps contre la proposition d'llll pol'te-
fenilIe: l'expériencc qu'il avait f;:¡itc de j'illjll . .,-
tice des partís, d(~vait peu I'engager a rentrer
uans les affaires. Ccpendant il y cOllsentit par
dévouement a la républiquc.


La diplomatie du directoire n'avait pas {'l\',
llloins bLimée quP son administratioll fi llall-
c¡(~rc. 011 I'accusait d' av oir rcmís la 1'("Pll hl ír¡ IH'
en gncrre avcc toute rEmope, el c'¡"I;¡it IJj('11
á 101'1, si ron cOllsidi'l'(, sllrloll! (1'Il'ls {-[a¡('II!
Ics acewiateurs, Les accusalc'w's, ell effel, ¡"laíelJ 1




UIH1,CTOInE ('799)'
les patriotes Cux-ll1t~n1('s, dont les passiolls
avaient (mga~é de IlOllveau la guerreo On rc-
prochait surtonl au directoire l'expéditioll
d'Égypte, naguere si valltée, et on prétendait
que eette expéditioll avait amené la rupture
avec la Porte et la HlISsic. Le ministre Talln-
ralld, déj;¡ pell agréable anx patriotes, comme
alleien é/l1i~T{>, avait eIlCOllrn tontl' la respotl.
sabilit<" de eeUe diplomatie, et il étaít si vj·
vement attaqlH'~ qu'il {allut eH agir aH'e 1111
COJnlllC avce llamel, et aecepter sa dérníssíoll.
011 Il1i dOlllla pOll!' Sllcecsseur Illl \Vurtemoer-
gt"ois, quí, SOIlS les apparellces de la oonhomie
a lleJll élllll e , cachait UIl esprit remarquable, el
que M. <le Tallcyrand avaít rccolllmandé comme
l'homme le plus capable de lui sueeécler. C'était
M. Hcinhard. On a dit que ee ehoix n'avait été
(pJe provisoire, et que l\l. Reinhard n'était la
(ltl'en attcwJant le 'llOment oú M. de Talley-
rand pourrait {\tre rappelt':. Le ministt're de la
justice fut retiré aLalllbrechts, ú cause de l'état
de sa san té , el donné a Camhaeércs. On plac;a
a la police Bourguignon , ancien magistrat, pa-
triote sincere et honnete. Fouché, cet ex-jaco.
Lill, si souple, si insinnant, que Barras avait
iutt"ressé dans letl'aflc des cOlllpagnies, et ponr-
Vil cnsuite de I'ambassade á ;\Iilan, Fouché,
t!estitlH" Ú C;UISC' ele sa COJl(luit" CII ltalie, passai t




J50 nÉVOLUTION },'IL\N~\ISF.
allssi [lour ulle victimc de rancien dircctoire. 11
devait dOllc prendl'c part au triomphe dt.'~cenH"
;'. tOlltes les victill1cs; il fllt envoyé ;. La Haye.


Tels fUl'eut les principal! x changements ap-
portt-s au persolluel du gOllvernement et des
armt'es. Ce ll'était pas tOllt que de changer les
hommes, iI fallait leur fOlll'llir de nouveaux
ll10yens de remplir la tache sons lallllclle lCllrs
pr{'décesseurs avaient succombé. Les patriotes,
revellant, suivant leurusage, aux moyens ré-
vo!utionnaires, soutenaient qll'il fallait aux
grands maux les grands remedes. Its propo-
saient les mesures urgentes de 1793. A pres
avoir tout refusé au précédent directoire, OH
vOlllait tout donuer au nouvcall; on vOlllait
mettre dans ses maillS des movcns extraonli-


v


naires, et l'obliger meme d'en IIser. La COIll-
ll1ission des OIlze, formée des trois cOlllmissiollS
des dépenses, des fonds et de la gtH='ITl', et
chargée, pendallt la cI'lse de prair!al, d'aviscr'
al1X moyeIls de sauver la républiqlle, conféra
avec les lllembres du directoire , et arreta avec
eux différentes mesures qui se ressentaient de
la disposition du moment. Au lien de deux
cent mille hommes, il prendre sur les cinq
classes de COlIscrits , le directoire pul appder
tOlltes ies classt's. A ti líen des impúts proposés
par l'anciC'l1 dirt'ctoire, et n'pollssés avec tanl




nInECTOIRF. (1 7~)9)' 351
d'acharllemf'nt par les (leux oppositions, OH
imagina encore Ull Cmpl'llllt forcé. Conformé-
lllCllt an sY5t¿'me des patríotes, il fnt progres-
sir, e'est-a-dire, qll'an líen de f:tire contribuer
chacull suivant la valellr de ses impots dil'ects,
ce qlli procllrait tout de suite les roles de la
cOIltribution foneiere et personnelle pon!' bas('
de l'épartition, on obligea ehaeun a contribller
sllÍvant 5a fortllne. Alol'S il f:1l1ait l'ccourir all
jllry taxateur, c'est-a-direfrapper les riches par
le moyen d'llne commissÍoJ1. Le partí moyen
cornhattit ce projet,et dit ql1'il était. re!1()UvP!t'-
de la tenellr, que la difflclllté de la réparti-
lion rendrait eneore epUe mesure inefficace el
nuBe, eomme les anciens emprunts foreés. Les
patriotes répondirent qu'il fallait faire suppor-
ter les frais de ]a guerre, non pas a toutes les
e1asses, mais anx I'iches seuls. Les mcmes pas-
siolls employaient toujollrs, eomme OH le voit,
Ips lllemes raiscHls. L'empnlllt forcé el pro-
gressif [lit décrété; ji fllt fixé a cellt millions,
el déclaré remboursable en biens nationaux.


Outre ces mesures de recrutement et de fi-
nances, on dut en premlre une de police contre
le renouvellement (le la chouannerie, dans le
Midi et les départements de rOllest, théatres
de l'ancienne guerre civile. II se commettait \;'¡
de nOllveaux brí~:ltIdag('s; on assassillait les




.~ 1"
J:J2


acqnércurs de biclls nationaux, les hommes
réplltés patriotes, les fOllctioTll1aircs publies ~
on arretait surtout l(~s diligences, et 011 les
pillait.I1 y avait par'mi les autcurs de ces bl'i-
gandag('s bc;¡ucollP d'allciens Velldéens ou
ellOuaIls, beaucoup de memores d('s fameuses
compaguies <In S01ei1, et aussi lwaucoup de
conscrits réfractaires. Quoiqllc ces hrig:lflds,
<1ont la pr{~sence allIlOllc;ait une espece de dis-
solution social e , eusseIlt pour but réel le pil-
lage, il était évident, d'apres le choix de lenrs
victimes, qu'ils avaient une origine politiqueo
Une commission fut nommée pOllr i m;¡gincl' un
systeme de répression. Elle proposa une loí,
qui fu t appeLée loi des otages, et qui est de-
meurée célebre sous ce titre. Comme on attrÍ-
bnait allX parents des émigrés ou ci-devant
nobles, la plupart de ces brigandages, 01\ VOll·
lut en cOllséquence les obliger a dOIlllt'1' des
otages. Toutes les {ois qn'nne communt' étail
reconl1UC en état lIotoire de désorure, les pa-
rcnts Ol! alliés d'émigrés, les ci-devallt nobles,
les ascenelants des individus connus pour faire
partie eles rassemblements, étaient considérés
comme otages et comme civilement et person-
nellement r(;spollsables des brigandages COI1l-
mis. Les administrations ceIltrales devalC'lIt
désigner les iwlividus choisis pour otag!'s, et




DIllECTOlnE (1 '70!)\ ~~53
le" faire enfermer dan s des maisolls choisies
pOIlr cet objeto Ils devaient y vivre it leurs frais
et a leut' g,'é, et demeurer enfermés pendant
toute la durée dn désordre. QlI<lnG les désor-
dres ¡raíent jusgu'á l'assassinat, il devait yavoir
qllatre dr"portés pour un assassinat, OJl C011-
<;,oit tOllt ce qU'OIl pouvait dil'e ponr Oll contrc
cette loi. - C'était, disaient ses p;,.rtisans, I(~
seul moyen d'atteindre les auteurs des désor-
dres, et ce moyen était donx et humain.- Gi'-
tai l, répol1l1aien t ses adversaires, une loi (/po;¡
sllspects, une loi révolutionnaí1'e, gui, dans
l'im¡misSélnce d'atteindre les vrais cOllpables,
[rappait en masse, et cornmettait toutes les in-
jllstices ordinaires aux lois de cette nature. --
En un mot, on dit pour et eontre tout ce qu'nn
él VII rÉ'pété si souvent dans eette histoire sur
les ¡ois révolutiol1naires. l\Iais il y avait mw
objectiol1 plus fórtc que toutes les autres it
faire contre ('ctte mesure. Ces brj~allds ne pro-
venant q1le tI'une véritable dissolution sociale,
le seuL remede était clalls une réorganiséltion
vigonrense de l'état, et non dans des mesures
tout-a-fait discréditées, et qui n'étaient capa-
bies de rendre aueune énergie aux resso1'ts d II
gouverllemellt.


La loi fut adoptée apres une discllssion assez
\'Ive, 011 k." parl is Cjui ayail'nt «(té 1111 mompnt


\.




:15:l IÜ:VOLIJTION FRAX\,AISF.
<l'accord ponr renverser l'ancien dircct:ojre, se
séparérent avee éclat. A ces mesnres impor-'
tantcs, qui avaient pOllr but !l'armel' le gOll-
vernement de maycns révulutiolluaires, OH en
ajauta qui, satIs rl'autres rapports, limita¡ent
sa pllissaIlce. Ces mf~surcs accessoires étaient
la canséquencc des reproches faits a J'ancien
(lirectoire. POllr prévenir les scÍssiolls A /'ave-
nir, on décida que le v~n de tUllie f.'action
électorale serait nul; que tout agent dll gou-
vernement cberchant a influencer les élections
serait puní ponr attelltat a la souveraineté du
peuple; que le directoire ne pourrait plns faire
entrer des troupes dans le rayon constitutioll-
nel sans une autorisation expressc; qu'auctm
militaire ne ponrrait etre privé de son grade,
sans uTle décisioll d'un conseil de guerl'e; que
le droit accordé au directoire de lancer des
mandats d'arret ne pOlll'rait plus erre dél(~gIlP
a des agents; qu'auclll1 emp/oyé du gOllver-
nement OH fOIlctiollIlaire quelconque ne pour-
raít étre ni fournisseur, ni meme intéressé dans
les marchés de fournitures, qu'un club TIC
pourrait etre ferme sans une décision des ad-
ministratÍons municipale et centrale. On ne
put pas s'entendre sllr Ulle loi de la presse;
mais l'article de la loi du J 9 fructidor, qlli
dOllllait <tU din'ctoire la faculté de StlI'Pl'PS-




i
IllilEí.l()l¡¡F \.17Sl;)·' '} '- ~ ) l.)


sioll a l\"gard des journaux, n'cll r!(':neuJ'a ;i.l c,
llloins ab0li; et en attcndaut HU Ilouveall pn>-
jet, la prcsse I'esta indófininwllt libre.


Tellcs furellt le~ mesures prises a la suite
du 30 prairíal, soit pour réparer de prétendns
ablls, soit pOllr remIre au gouverllement l'é-
Ilcl'gic dont il manquait. Ccs mesures, Cju'on
prend dans les rnorneuts dc erise, a la slIite
d'llJl changernellt de systeme, sont imagiupps
pOllr sallver un état, et arrivent rarement a
temps pOllr le sauver, cal' tout est souvent dé-
cidé avallt qu'elles puisseIlt Úre mises a exé-
cntion. Elles fournissent tont au plus des res-
sources pOUI' l'avellir. L'emprunt des Cf'l1t
millions, les nouvelles levées, ne pOlIv;,ient
etre exéeutés que dans <]uelques mois. Ce-
pendallt, l'effet ¡j'une erise est de donner nne
SCCO!lsse A tOlJS les ressorts et de Ictlr rendrc
ulle cerraillC {~nergic. Bernadotte se hata d'(;-
crire des cll'culaires pressalltes, et parvínl de
ectte maniere a accélérer l'organisation déjit
comrnelleée des hataillons de eonscrits. Robert
LiIH\et l auquel l'emprunt des ccnt mi!liolls
n'o([vrait allcune ressouree actuelle, asscmbla
les principaux hanquiers et comnwn;ants de
la capitale, et les engagea a pretcr leur crédit
it l't~tat. lIs y consentirent, et prhérellt ¡eur si-
gllature au rnillistére des tlnances. lis se for-


'>
') ~).




3~)(; ¡uC,VOUlT I 0;'( t'l\ \ N <,:.\ IS E.
merent en synrlicat, et eH aUcllclant la rentl'pe
eles ir npots, sigllerent des billcts dont ils de-
vaient etre rcmboursés au fur et a mesure des
recetles. C'était une es pece de banque tempo-
raire établie pour le besoin dn moment.


On voulut !aire aussi de llOllveaux plans de
campagne; OH demallda Ull projet á Berna-
dotte, qui se lúta d'en présentcr un fort sin-
glllier, mais qui heul'eusement ne fut pas mis
a exécntion. Rien n'était plus susceptible de
combinaisons multipliées qn'llll champ ele ba-
taille aussi vaste que celui sur lequcl 011 úpé-
rait. Chacun en y regardant clevait avoir une
idée différente; et si chacun pouvait la pro-
poser et la faire adopter, il n'y avait pas oe
raisoIl pour ne pas changer achaque instant
de projet. Si, dans la cliscnssioll, la diversité
des avis est utile, elle est déplorable Jans l'exé-
cution. Au début, 011 avait penst'~ qll'il Ell1ait
agir a la foís Sllr le Danube et en SlIisse. Aprés
la bataille de Stokach, on ne vOlllut plus agir
qu'ell Sllísse, et on supprima I'armée du Da-
nuhe. En ce moment, Bernadotte pensa autre-
ment; iI prétendit que la cause des succes des
alliés était dans la facilité avec laquelle ils POll-
vaient communiquer, a travers les Alpes, el'AI-
lemagne en !talie. PUlir leut' interdire ces
¡noyens de commllllicatioll, ji voulait CJIi'Oll




., .


)·J7


lcur enlt'vat le Saillt-Gothard et les Grisons a
raile droite de l'armée de Suisse, et qu'on for-
mat une llouvelle armée c/u Danube, qui re-
portat la gllerre en Allemagne. Pour former
eette armée du Danube, il proposait 'd'orga-
nisel' prornpterncnt l'armée du Rhin, et de la
ren{ul'ccr de vingt mille hommes enlevés a
Masséna. C'était eompromettre celui- el, qui
avait devallt Ini toutes l(~s furees de l'archidnc,
ct qui pOl1vait etre accabl{~ pendant ce revi-
remellt. 11 est \Tai qu'il eút été bon de rame-
1)e1' la guclTe sur le Dallube, mais ii suHisait
de dOlmer a l\Iassélla les muyclIs de prendl'c
l'offcnsive, pour que son armée dcvlut elle-
n}(~me eette al'mée du Danube. Alors iI fallait
tOllt réuuir dans ses mains, loiu de l'affaiblir.
Daus le plall de Bernadottc, une armée <le-
vait etre fiJrmée sur les Grandes-Alpes, pOUl'
cOLl\Tir la frolltiórc eontre les A ustro·Russcs
du eóté du Piémont. JouLert, réunissant les
débris de toutes les armées d'ltalie, et renforcé
des trocupes disponibles ;\ l'intérieur, devait
déboucher de l'Apennin, et attaquer SmvarO\v
de vive forcE'.


Ce plan, fort approuvé par MoulillS, fut cu-
voyó allX gélléraux .. l\Iasséna, fatigué de tOllS
ces projets cxtravagants, offrit sa démissioll.
011 !lE' I'aecepla pas, et le pbn 11" f',¡t point




1ll1S a eXt~clltion. Masséna conserva le COlll-
mandcmellt de toutcs les troupes, dcpuis
}}iHe jusqu'au Saint-Gothal'd. On persista dalls
le projet de róunir unc année sur le Hhill
pour c;Juvrir eette ligne. On {()J'llla un Iloyal!
d'armée sur les Alpes, sous les ordres de Cham-
pionnet. Ce nOJall était <l'a peu pl'es <lllillze
mille hommes. 011 envoya tous les rClIfol'ts dis-
ponibles a Jonbert, qui devait débulIcher de
l'Apcnnin. On était au miliell de la saison,
en mcssidor (juillet); les renforts commen-
(;aient a al'rivcr. Un ccrtain Hombre de viellX
bataillons, retel1US dans l'in 1(~I'ietlr, ét:úe¡;t
I'cndus sur la frontiere. Les cOllscrits s'orga-
nisaient et allaíent l'elllplaccr les v¡ei\les tl'OO-
pes dans les gaI'I1iSoIlS. Enfill, cornme les cadres
manquaiellt ponr la grande qllantité de COIlS-
cl'its, on avait imaginé d'augmenter le nombre
des bataillolls dans les demi-brigades Ofl I'(~gi­
IlH:,nts, ce qui permettait d'i!lc()rpon~l' les I1Ui¡-
\Tlles levées dans les alleiens COl'!)S.


Un savait qu'un renfort de tl'eIlte mille
]{usses arri vai t en Allernagne, sons les Orcll'Cf,
du général Korsalwff. On prcssait J\Iasséna de
!'ortir de ses positíons et d'attaqucr celles dI'
l'archiduc, pour tacher de le battl'c avallt é,;t
jouction avec les K.ussrs. Le gouveJ'llelllcll!
avait parf~ritemC!l't raisoll SOllS ce rapporl, cal'




LHP.ECTOIRE (¡7~)9)' 3:;~)
il était urgent de faire une teutative avallt la
l'éUllioIl d\me masse de force s aussi impo-
sante. Cepemlant Masséna refllsait de prendre
l'offensive, soit qu'il manquat iei de son audaee
accoutumée, soit qu'il atteIHlit la reprise des
opératiolls offellsives en Italie. Les militaires
OIlt tOIlS cOIldaHlIlt'~ SOIl illactioIl, qui, <lu
reste, devint hientút hellreuse par les fantes
de l'ellllemi, el qlli fut rachetée par d'immor-
tels serviccs. POlIr obéir eependant aux ins-
tan ces du gouvernemcnt, et exéeuter UIle
pal"tie du plan de Bernadotte, qui eonsistait a
cmpecher les Allstro-Rlls~es de eommuniquer
d' Allemaglle Pll Halie, .Mass~lla ordorma a Le-
courbe de prolonger 5a elroite jusqu'au Saint-
Gothard, de s' emparcr ele ce point important
et de reprellllre les Grisons. Par eette opér'a-
tion, les Grandes-Alpes rentraient sous la do-
lllinatiü'll des FralH;ais, et les armées enne-
mies (ltÚ opéraient en Allemague, se trou-
vaiellt salls communication avcc eeHes qui
opéraient en Italie. Lecourbc I'xécuta eette
clltreprise avec l'illtrépidité et la hardiesse qui
le signalaient dalls la guerre de montagnes, et
rcuevint maitre du Saint-Gothard.


PelHlant ce temps, de nouveaux événements
se prépuraipltl eH Halle. Suwarow, obligé par
la cOllr de Viellne d'aclH'vf'r le <;iégf' d:' tOllte~




les places, avant de pousser SPS aV3ntages,
n'avait nullement profité de: la victoire de la
Trehbia. Il aur;lit metlle pft, tout en se con-
forman t a ses iustructiolls, se réserver une
lllassc suffisante ponr disperser cllti{~rernellt
})OS débris; mais il Il'avait llas assez le génie
,~


des C'oltlbillaisof)s militaires pOllr agir de la
sorteo JI consumait done le tetllps ;[ [aire des
siéges. Peschiera, Pizzighitone, la citad elle de
;-\Iilan, étaiellt tombées. La citadelle de Turin
avait en le memc sort. Les deux places cé-
iebres de Mantollc et d'Alexalldrie telJaiellt
encare, et faisaicllt prévoir ulle lun3t1c 1'6-
sistancc. Kray assi{~geait Malltoue, et Hel!c-
garde Alex<llldrie.MalhplIrellsemcnt tOlltes llOS
placcs avaiellt été conGées a des cormnandallts
dépourvus ou d'éuergie 011 d'illstrucliull. L'ar-
tillpI'ie y étaitmal servie, paree qU'Ollll'y <lyait
.i cté que des corps délaLl'és; l' éloigllt'well t de
1105 armées actives, repliées slIr l'Apeuuin,
dt"sespérait sillglllit'rement les couragcs. Mall-
ione, la principale de ces places, lIe mhitait
pas la reputatioll que les campagnes de Buna-
parte lui avaiellt value. Ce u'était pas sa force,
Itlais la combillaison des évéllcmeJlls, qlli ;i\'ait
prolongé sa défense. BOllaparte, en cIfet, ayce
ulle dixaillc de mille honmlf's, CH avait réduit
L(uatol'ze nJillc a , mouril' des fi(\vres d de la




lliHECTUIl\E (,17~)9;, ::;G r
mISe re. Le g(>néral Latour-Fuissac en t'tait le
cOlDmandallt actucl. C\:lait un sav:mt officier
du génie; mais il lI';waít pas l'énergíe uéces-
saire pour ce geure de défense.Découragé par
l'irrégularíté de la place, et le mauvais état des
fórtifications, il lIe crut ras pOllvoil' suppléer
aux UluraiIles pa!' de l'audace. D'ailIeufs sa
garnison était íll~uffisaJl te, et apres les pre-
miers assalll~, il parut dísposé a se relldre. Le
general Gardanue commal)(lait a Alexandrie. U
était résolu, mais point asscz instruít. Il rc-
pOllssa vigoureuscmeut un premier assaut;
mais il lIe sut pas voir dans la place les res-
sOlll'ces qu'elle préselltaít encore.


On était en thermiclor lmílien de juillct);
plus d'lln mois s'était écoulé depuis la révo-
1[11ion du 30 prairíal, et la nominatíon de Jou-
Lert. Morca u sClltait l'importance de prendrc
l'o[[ellsive avant la chllte des places, et de dé-
!JOueller avec l'arlllée réorganisée et renforcée,
sur les Auslro-Rllsses ¡]ispersés. ~Ialheurellse·
ment il étaiL enchailJé par les ordres du gOll-
vernement qui lui avait preserit d'attendr(~
Joubert. AillSi, dans eette mal henreuse carn-
pague, ce fut une suite d'ordres intempesti/i
CIlIi amelJa toujollrs nos reverso Le change-
llWllt (['idées et de plans dalls :es chosesd'exc-


'... eUlioJI, et surtout a la guerre, est toujolll'S




LwesLe. Si Moreau, :-lllquel 011 aUl'ait dú dOIl-
Her le commandement des ¡'origine, I'avait ea
du rnoins depuis la journée de Cassano, et
l'avait eu saos partage, tout cút été sallvé;
mais assocÍé tantot a Macdollald, talltot a Jou-
hert, on l'elllPecha pour la seconde et troi-
"ieme fois de réparer nos malheurs, ct de re-
lever l'honlleul' de nos armes.


Jouhert, qll'Oll avait vOlllu, par UlI mariage
ct des ca res ses , attacher au par ti qui proj etai t
une réorgallísation, penlit Ull mois entier, ce-
luí de messidor (j uin el j uillet), a céléLrer ses
noces, et manqua ainsi une occasioll dócisive.
011 ne l'attacha pas réellemcnt au parti dont
OH vou hit le 1ain~ l'appui, cal' ¡ 1 resta dévotlé
aux patriotes, et OH lui fit perdl'e illUtilemeut
llll temps préciellx. II partit eH disant a sa
jellllc épouse: Tu me re¡¡erras mor' oa 'viclo-
l'ieux. 11 emporta, el! effet, la n~sollJtjon h('~r()l­
qlle de vaincre ou de m()lIrir. Ce noble jeune
!!Omme, ell al'rivanl. it l'armée dans le rnilieu
de tbennidor (premiers jours d'aoút), térnoi-
gua la plus grande défércnce au maltre COIl-
sommé auquel on l'appclait a sllccéder. Il le
pria de rester aupres de lui, ponr lui donner
des conseils. Moreau, fOllt aussi généreux <¡!le
l(~ jeunc général, voulut bien assister ,{ sa pre-
llli¡:~¡'e batailk, el i'aider de ses conspils: nohle




lllnFCTOIHE \179~) . ;;))
el tOlJchalltc l:oIlfl'atCl'llité, qui honore lc~
vcrtus de nos généraux répnblicains, el q lli
appartient a un l.emps ou le úle patriotiqne
l'emportait encare sur l'ambition dans le creur
de nos guerrj('rs.


L'armée franf,~aise, composée des débris des
armées de la Hautp-Italie et de ~aplf's, des
/'ellforls arrivés de l'intérieur, s'<"levait a qua-
rante lllille hommes, parfaitement réorgani-
sés, et brúlant de se mesurer de nouyeal] aycc
l'ennemi. Bien n'égalait le patriotisme de ('('s
soldats, qui, toujolll'S battus, ll'étaient jamais
dél:olll'agés, et demandaient tou.i()(Il'S de rp-
tourner a l'cllllemi. Aucllne arllléerépuhlieaiIH~
n'a mieux mÉ'l'ité de la Franee, GH' aUCllllC n'a
11Iieux répoTHlu au reproche injustt" fait aux
Frall~ais, de Ile }las savoir Suppol'ter les f'('-
V\TS. Jl esl vrai qu'IlIle partie de sa fel'm{'h~
était dll(~ al! hl'ave et molleste général dans le-
ql!eTl'I]e avait mis toute sa confiance, et (PI'OIl
lui elllevait toujours au momellt oú ii allait
la ramener a la victoire.


CCS quarante mille hOJ11mcs étaient indé-
pClIdants des quinze l1lille qui devaient servir,
:';0115 Cbampiol1net, a former le noyan de 1'a1'-
rr¡{?c eles Grandes-Alpes. 11s avaient déboucl!(',
par ia Bormida SIll' Acqlli, par la Bochetta sllr
;;,:\i, el ils ¡"I;\ient venus se raJlge!' eJl av;wt




3G.í H ~VOLtlTlO" FIL\,(:.\lSL
de N avi. Ces quarante mille hommes 1 d(~bo¡¡­
cllant a temps 1 avant la rénnioll des ('orps oc-
cupés a fair'e des siégcs, pouvaient remporter
des avantages décisifs. lVIais Alexaudrie venait
el' o II vrir ses portes, le 4 thermidor (22 j u iHet).
Le bruit était vaguemcnt répanrln que )Tan-
tOlle venait aussi de les ollvrir. eette triste
nOLlvelle fut hientót confirmée, et 011 apprit
qne la capitlllatioll avait {~té signée le 12 ther-
midor (30 juillet). Kray vpnait de rejoindre
Suwarowavec vingt mille hommes; la masse
agissante des Austro-Bllsses se trollvait aetuel-
Jement de soixante et quelgues mille. 11 ll'¡~­
tait done plus possiblc a Jouoe!'t de ¡utte!' á
chanee (~galc contre un ellllcmi si sllpériellr.
11 assembla un conseil de gller!'e; l'avis gei'lé-
l'al fu t de_ relltrer dans l' Apenlliu , et de se bor-
ner ;1 la défensive, en atteIHlant de nOllvelle&
rorces.


Jonbert allait exécuter sa résol(/tiof], JOI'S-
qll'il fllt préveulI par SIlW<lmW, et obligé c!'ac-
cepter la oataille. L'armée fran<{aise était for-
mée en demi-cercle, sur les pentes dll Monte-
Rotondo, dominant toute la plaine de Novi.
La gauche, formée des divisiolls Grouchy et
Lemoine, s'étendait circulaÍrement en avallt de
Pasturana. Elle avail a dos le raviu dll Riasco,
ce gui rplHlaitscs derriél'es aecl'ssibles a l'en-




-


:lGS
llemi qui oserait s'engager dallS ce l'avin. La
I'éserve de cavalerie, comrnandée par Riche-
pause, était cn arriere de eette 'lile. Au centre,
la division Laboissiere cOllvrait les hauteurs a
rlroite et a gallcIJe de la ville de Novi. La di-
visioll \Vatrin, a l'aiJe droite, défendait les ac-
ces dI! ~Iollte-Rotoll(lo, dll cúté de la rOllte de
Tortotle. Dombrowsky avec une division blo-
qllait Sel'availe. Le génóral Périglloll comman-
dait llotre aile gauche, Saint-Cyr notre centre
et notre droite. La position était forte, bien
occllpée sur tOllS les points, et difficile a el1l-
portf'f. Cependant quarante mille hommes
contre plus de soixante mille avaient un dés-
avantage immcllse. Suwarow résolut el'atta-
quer la position avec sa violence accoutumée.
Il porta /üay vers natre gauche avec les elivi-
sions Ott et Bellegarde. Le corps rllsse de Der-
leiden, ayant en tete l'avant-garde de Ba~ra­
tion, devait attaqllcr notr¡~ centre vers Novi.
Mélas, demeuré un peu en arriere avec le reste
de l'armée, devait assaillir notre droite. Par
une combinaisoll singllliere, au plutot pal' un
début de combinaison, les attaques devaient
etre sllccessives, et non simultanécs.


Le 28 thermidor (15 aoút (799)' Kray com-
men<,;a l'attaque a cinq heurcs du matin. Belle-
~al'de attaqlla la di"isi()T! Crouchy a ['extreme




gauche, et Ott la (1ivision Lemoine. Ces dt'lIX
divisíOtlS n'étant pas etlcore fonnées, faillircnt
(itre sllrprises el rOll1pues. La résistauce opi-
niatre de l'une des <temí - brigadcs obligea
K.ray ~l se jel el" sur la 20<' légere, qll'il <lccabla,
en réunissant COlltl'C elle son principal eff()rt.
Déjit ses troupes prenaient pied sur lt' platean,
lorsque Joubcrt aCCOllrllt au galo/, SIll· le li('1I
du dangcr. I! n'était plus temps de songe'r il h
retraite, et il failait tout oser ponr rejeter ['en-
nerúi a has du plateall. S'avan<;,ant au milieu
des tíraillcurs pour les ctlcotlrager, il re({lIt ulle
balle quí l'atteignit pn~s du CU~llI', et J'étellclit
par terreo Presque (~xpiratlt, le jeune Iléros
criait ellcore á ses soldats : En {lCJant, mes
alllis, en av({nt! Cet événcment pouvait jeter
le désordre dans l'arrnée; mais heureusement
Mureau avait accompagllé .loubert sur ce ¡)()int.
Il prit snr-le-champ le comm:lIldemellt ql1i lui
étalt (kf(~ré par la confiance g{'nérale, ¡-allia /
les sotdats, bouillants de ressentirnent, et les
ramena sur les Autrichiens. Les grenadiers de
la 3/{ les chasserent a la baionnette, et les
précipitcrent au bas de la coUine. Malheuren-
sement les Fran<;:ais n'a vaicllt pas encore leor
artillerie en battei'ie, et les Alltrichiells, au
contraire, sillollnaient lellrs rangs par IIlle
grele ¡['ohus et de }JOulets. Pelldant ccttf' ae-




tiOIl, Bellegarcle t:khait (k toürncl' I'cxtrcmc
gallche par le ravin du Hiasco, guí a déjit ¡'~It'~
désigné comme (lOIlIl<lnt accós Slll' nos der-
rieres. Déja ii s'était iutrodllit assez avant,
lorsque Périguoll, lui pré~clltallt ú propos la
reserve commandée par le géJl(~l'al Clausel,
I'arreta d<lllS sa marche. PérigllOIl acbeva ele le
clllullter,dans la plaine, Pil le faisant charger
Pf les. gl'ena~licrs de Pal~tOI!IJ(~aux ct .par la
cavalene de Rlchepanse. Ce CO.llp de vIglleur
débarrass<l I'aile gauche.


Gd.cP á la sillgulicre combillaison de Smva-
row, qui vOlllait l'cndre ses attaqucs sncces-
sives, notre centre n'avait pas encore été at-
taqué. Saint-Cyr avait eu le temps de faire ses
dispositiollS, et de rapprocher de N ovi la di-
vision W atrin, formant son extreme drolte.
Sur les installccs de Kray, (lui demandait il etre
appnyé par ulle aHaque vers le centre, Bagra-
tion s'était enfill décidé á l'assaillil' ;¡yec son
avant-garde. La di visioll L:jbüissit~re, qlli était
a la gauche de Novi, bissant approcltel' les
Russes de Bagratioll a demi-portée de fusil, les
accabla tout-á-coup d'ulI feu épouvantétble de
mousqueterie ct de mitraille, et cOllvrit la
plaine de morts. Bagration, sallS s't"brailler, di-
rigea alors quelqucs bataillons pour tourner
Novi par notre droitc; mais, rellcolltrés pat'




3(lS n}:VOLUTIO~ rn \NCAISF.
la division Watrin, qui se rapprochait de Novi,
ils furent rejetés dan s la plaille.


On était ainsi arrivé ~t la moitié dn jour sans
que notre ligue ftlt entamée. Suwarow venait
d'arriycr avec le corps russe de Dcrfclcleu. 11
ordonna une nouvPile attaCfue g¡~llérale sur
tOlde la ligne. Kray devait a:,saillir de nOllveau
l;¡ gallche, Derfcldell et B;¡grat ion le centre .
..\lélas était averti de hater le pas, pOllr "enir
accabler notre droite. Tout étant disposé, l'en-
l1emi s'ébranle sllr tOllte la ligne. Kray, s'a-
charnant sllr notre gauche, essaie encore de la
faire assaillir de {"rout par Olt; mais la réserve
Clausel repollsse les trollpes de Bellegarde, et
la dívisioll Lemoine cHlbute Ott sur les pentes
des collines. Au centre, SlIwarow fait livrer
\lIle attaque fnrieuse a droite et a gauche de
~ovi. Une nouyelle tentative de tourtler la
ville est déjouéc, commc le matin, par la di-
vision vVatrin. Malhcurcusement uos soJdats,
entralnés par leuI' ardeur, s'abaCidonnent trop
"ivcment.{ la poursuite de l'ennemi, s'aventu-
rent dans la plaine, el sont ramenés dans Icu!'
position. A une henre le fen se ralelltit de
llouveau par l'effet de la fatigue générale; mais
il reeommeuce bient6t avec vioJence, et pen-
llaut quatre heures les Fram;ais, imrllolJiles
rom me des mllrailles, résistent avec Ul!C ad-




DlI\ECTOlHl: (,1799)' 3G9
mirable froideur ú tonte la furic des Russes.
IIs n'ayaiellt fait encore que des pertes peu
consid(~rables. Les AlIstro-Rllsses, au contrai re,
avaicllt été horriblemcnt traités. La plaine
était jonchée de leurs morís el de lellrs blessés.
IvIalheureusement le reste de l'armée austro-
russe arrivait de Rivalta, sons les ordres de
Mélas. eeHe non velle irruption allait se diriger
sur notre oroite. Saint-Cyr, s'en apercevant,
ramene la division vYatrin, qui s'était trop eu-
gagée dans la plainc, et la dirige sur un pla-
teau a droitc de Novi. ~Iais tandis qu'elle opere
ce mOUVcOlcllt, elle se voit déjit enveloppée
de tOllS catés par le corps nombrenx de .Mélas.
Cette vue la saisit, elle se rompt, et gagne le
platean en désordre. On la rallie cependant un
peu en arricre. Pendant ce temps, Sl1warow,
redonblant d'efforts au centre vers Novi, re-
jette enfin les Fra1Hiais dalls la ville, et s' em-
par'e des hauteurs qui la commalldent a droite
et it gauche. Des cet Ínstant, Moreau, jllgeant
la retl'aite nécessail'e, J'ordonne avant que de
nouveaux progres de l'enucmi ll'interdisent
les communications sur Gavi. A droitc, la di-
"ision Watl'in est obligée de se faire jour pom
regagner le chemin de Cav! déjil fermé. La
tlivisioll Laboissiere se retire de Novi; les di-
visiolls Lemoine ct Grouchy se replient sur


x.




Pasturana, en essuyant les charges furienscs
de Kray. Maiheureusement un batailloll s'in-
troduít dans le ravin du Riasco, qui passe dcr-
riere Pasturana. Son fen jette le désordre dans
nos colonnes; artillerie, cavalerie , tOllt se con-
fondo La division Lemoine, pressée par l'en-
nemi, se débandc el se jette daIls le ravin.
Nos soldats sont emportés comme la pOllssiere
soulevée par le vento Pérignon et Grollchy
rallient qudques braves, poul' ancter l'eune-
mi et sauver l'artillerie; mais ils sont sabré s ,
et restent prisollniers. Pérignon avait re<;u sept
coups de sabre, Grouchy six. Le brave Colli,
ce général piémontais qui s'était si distingué
clans les premieres campagnes contl'e nOllS, et
qlli avait ensllite pris d tI service dans lIotre
al'mée, se forme en carré avec quelques ba-
taillons, résiste jllsqu'a ce qu'il soit enfoncé,
et tombe toat mutilé dans les mai ns des ]{ lIsses


Apres ce premier moment de confusion,
l'armée se rallia en avant de Gavi. Les Austl'o-
Russes étaient trop fatigllés pour la ponrsui-
vre. Elle put se remettre en marche sans ctre
inquiétée. La perte des dellx cotés était égale;
elle s'élevait a environ dix mille hommes pour
chaque armée. lVIais les blessés et les tués
étaient beaucoup plus nombreux dans l'al'mée
austro-russe. Les Fran<;,ais avaiel1t perdu beall-




COllp plus de prisonniers. Ils avaicut penlu
aussi le général en cbef, l[ uatre gélléraux de
division, trente-sept bOliches a feu et qllatre
drapeaux. Jamais ils n'avait'llt déployé un cou-
rage pllls hoid et pllls opiniátre. Ils étaient
inféricllrs á l'cllnclllÍ dll tiers au muins. Les
Russes avaient lllOlllr{~ leur bravoure fallati-
que, mais n'avaient Jú l'avantage qu'au nom-
bre, el. 11011 anx combinaisons du généraI, qui
avait montré iei la plus grande ignorancc. II
avait, 1m effet, ex posé ses colmllles a etre mi-
traillées l'une apres "autre, et n'avait pas as-
sez appuyó sur llutre gauehe, point qu'il fal-
bit aceabler. Cette déplorable bataille nous
interdisait définitivement l'Italie, et ne nOlls
permettait plus de tenir la campagne. II fallait
nous renfermer dans I'Apennin, heureux de
pouvoir le conservero La perte de la bataille
ne pouvait etre impntée á 1V[ore;m, mais a la
cirCUIIstance malheureuse de la rénnÍon de
Kray a Suwarow. Le rctard de Joub('rt avait
seul causé ce derniel' désastre.


TUllS nos malheul"s ne se bornaiellt ras a
la bataille de Novi. L'expédition contre la lIul-
lande, précédcmment anno!lcée, s'exécuiaLt
enfin par le concours des Anglais et des Russes.
PauI 1''1' avait stiPlllé un traité ayec Pitt, par
Je(pH'1 iI <!evait f01lrnil" dix-sppt tuille Rllsses,


24·




~~72 lLÉVOLUTION t'ltAN<;:AISE. ~
qui serai(mt a la solde anglaise, et qui agiraient
en Holl:mde. Apres heaucollp de difficultés
vaincllcs, l'expédition avait été préparée pour
la fin d';¡()út (colllmellcemellt de fructidor).
TI'Pllte millp Anglais (levaient se joindre aux
dix-sept millc Hllsses, d si le débarquement
s'effectllait salls obstacle, on avait l'espérance
cprlaine d'arracher la Hollande aux Franc,;ais.
C'dait pour l'Angleterre l'intéret le plus cher;
et n'eút-clle réU5si qn'a détruire les Hottes et
les arsenaux de la Hollande, elle cut eneore
été assez payée d!:'s fl'ais de l'expédition. Une
escaclre considérahle se dirigea vers la Baltique,
]lotlr aller chereher les H.usses. Un premier
détachement mit a la voile sous les orures du
général Abererombie, pour tenter le débar-
quement. Toutes les troupes d'expéditioll une
fois réunies devaient se trollver sous les ordres
snpérienrs el II dnc d'y 01'1...


Le point le plus avantagel1x pour aborder
en HolIande était l'embol1chure de la l\[euse.
On meuac;ait ainsi la ligne de retraite des Fran-
c;ais, et on abordait tres -pres de La Haye, oú
le stathouder avait le plus de partisans. La
commodité des cotes fit préférer la Nord-Hol-
lande. Abercrombic se dirigea ve1's le Helder,
ou il alTiva vers la fin d'aout. Apres bien des
obstacles vainclls, il débarqna prf>s du lIelder,




lllRECTOlRf', (1799)· 3i)
aux environs de Groot-Keeten, le 10 frllcti-
dor (27 aout J. Les prépa"atifs immenses fJu'a-
vait exigés l'cxpédition, et la présence de tOlltes
les escadres anglaises sur les cotes, avaient as-
sez avcrti les Franc;ais ponr qu'ils fussent sur
leurs gardes. Brunc commandait ;1 la fois les
armées batave et fran({aise. JI /I'avaÍt glle1'e
sous la maill que sept rniJle F1'all(:ais et dix
mille#IJollandais, commalldés par Daclldels.
11 avait di¡'igé la divisioll hatave aux envirollS
da Helder, et disposé aux environs de Harlem
la clivision fl'an~·aise. Abererombie, en débar-
quant, rencoJllra les Hollandais a Groot-Keetell,
les repollssa, et parvint ainsi a assurer le dé-
ba1'qllcment de ses troupes. Les HoUanclais en
eette oceasion ne manquerent pas de bravoure,
mais ne furent pas dirigés avee assez d'habileté
par le gélléral Daendels, et furent obligés de
se replier. Brune les reeueillit, et fit ses dispo-
sitions pour atta(pler promptcment ¡es troupes
clébarqllécs avallt qu'elJes fllssent solicrement
établies, et qu'elles cussent été renfol'eécs des
divisions anglaises et russcs qui devaient rc-
joindre.


Les Hollandais montraient les meilleures dis-
'\ positions. Les ganles llatiollales s'étaient of-


ferIes ;\ gardel' les places, ce qui avait permis
it Bl'UflC de IllObiliscl' de !Iollvelles troupes. 11




avait a¡¡pelé a lui la division Dllmollceau, [in'te
de six lllille bommes, et il résolut <1'al taque!'
des les premiers jours de septembrc le camp
ÜIl vewúent de s'établil' les Anglais. Ce calnp
étaít redoutable: e'était le Zip, alleien marais,
desséc]¡é pae l'industeie hollandaisc, formant
un vaste tereaill coupé de callarlX, hérissé de
dignes, et couv('rt d'!Jabitatiolls. Dix-<;ppt mille
AnglaÍs l'occupaÍent, et y avaient hit les rneil-
Ieures dispositiolls défellsives. Rnll1c pOllvait
1'assaillir avcc vingt mille hommes au plus, ce
qui était fort insuHisant a canse de la nature
du terraÍII. H aborda ee eamp le ?:>. fmetido!'
(8 septembrc), et, aprt"·s 1m corn1Jat opilJialre,
ful obligé de battre en relraite, et de se re-
plier sur Amsterdam. Il ne pOllvait plus (les
cet instant emp(~cher la réunÍon de tontes les
forces anglo-russes, et devait attcndre la for-
matÍon d'une armée fran<;aisc pOliI' les com-
hattre. Cet établissement des Allglais dalls la
Nord-Hollande amena l'évéuemellt C[1I'OIl de-
vait redouter le pllls, la défcetioIl de la grande
llotte hollandaise. Le Texel n'avait pas (~lé
fermé, et l'amiral anglais Mitchell put y PÓII<"-
trer ave e tOlltes ses voiles. Depllis lOllg-temps
les matelots hollandais étaient Iravaillés ¡'lar
des émissaires du prince tl'Orallge; ~t la prc-
Jlliert~ SOllllllat iOIl de J'amiral J\IitclH.dl, ib :;'in-




IJIHECTOIHE (J 799).
surgercnt, et {()I'c(~rent Story, leHr amir;}l, a
serclldrc. Tonte la marine hollalldaise se trollva
aillsi au pouvoir des Allglais, ce qui était déja
pour eux un avantage dll plus. gralld prix.


Ces llouvelles, arrivP(~s coup sur COllp á
Paris, y pruduisircnt l'effet qu'ün devait na··
turcllemcllt cn attcndl'c. Elles augmcnLt>rcnt
la fermentatioJl des partís, et surtout le dé·
chaí'llemcllt des patriotes, qui delllalldérellt,
avec plus tle chaleur que jamais, remploi des
gralHls moyens révolutionllaires. La liberté l'Cl1-
duc aux joul'naux et aux clubs en avait Cait
renaitre un gr'all() nOlllbre. Les restes dll parti
jacobill s'éLaient réunis dans l'anciennc salle
du Mauége, ou avaient siégé llOS premiól'es
assemblées. Quoique la loi défendit élllX so-
cié tés populaires de prendre la forme d'assem-
blées délibérantes, la société dll Manége ne
s'en était pas moins dOBné, S011S des titres
diHcrents, Ull président, des secrétaires, etc.
011 y voyai t figurer l' ex-ministre BOllchotte,
Drouet, Félix Lcpelletier, Areua, tous disci-
pIes ou complices de Bab~uf. On y invoquait
les manes de GoUjOll , de Soubrany et des vic-
times de Gl'cnelle. On y demanclait, en sty le
de 93, la pllllition de toutes les s:mgsucs du
pCll pie, le dósarmement des royalistes, la levée
eH massc, l'établissement des rnanufactures




:17(; luiVOLLJTlO¡-" FHANr;:AISE.
d'armes dans les places ptJb1iqlle~, el la res-
titution des canolls et des piques aux gardcs
nationales, etc. On y demandait surlout la
mise en accnsation des anciens direcleul's, aux-
quels on aUribuait les derniers d('sastres,
camme étant les résultats de leur administra-
tian. Quand la nouvelle de la bataille d(~ Nüvi
el des évónemf'nts de TIaHandc fllt COlllllle,
la violence Il'ent plus de bornes. Les injllres
furent pradiguées aux généraux. J\'loreau fut
traité de ttüonlleur; Joubert lui·meme, mal-
gré sa mort hérolque? fut accnsé d'avoir \)('rdu
l'armée par sa lenteur á la r(~.ioindre. Sa jeune
épouse, MM. de SemoIlville ,Sainte-Foy, Talley·
raml, anxquds OIl attribuait son rnariage, fu-
rent accablés d'outrages. Le gOllverllernent
hollandais fut accusé de trahison; on dit qu'il
était composé d'aristocrates, de stathoudériens,
ennemis de la France et de la liberté. Le
Journal des HO/llmes libres, organe du IlJ¡-:me
parti qui se réunissait ;, la salle du Manége,
répétait toutes ces déelamations, et ajoutait au
sean dale des pal'Oles eelui de t'impression.


Ce cléchainement eansait a beaucoup de
gens une es pece de terreur. On craignait une
nouvelle représentation des scenes de 93. Ceux
quis'appelaient les !7l()déres, les po litir¡lles , et
qui, á la sllitc de Sieyes, avaient l'intclllil)h




Illl\ECTOII\E (1799)'
louablc et la prétention hasardée de sauver la
France des fureurs des partis en la constituant
une seeollde fois, s'indignaient du déchaine-
lOent de ces IlOllveallX jacobills. Sieyes surtont
avait une grande habitllde de les craindre, el
iI se pronow;ait eontre eux avec tOllte la viva-
cité de son hu mellr. A u reste, ils pOlI vaicllt
paraitl'e rcdoutahles, cal', iudépendamment des
criarcls et des brouillons qui étalaient leur
énergie dans les clubs ou dans les jouI'naux,
ils eomptaient des partisans plus graves, plus
puissants, et par conséquent plus dangereux,
dans le gouverncment lui-nH~me. Il y avait dan s
les eonseils tous les patriotes repollssés une
premiere fois par les seissions, et entrés de
force aux élections de eette année, qui, en
langage plus modéré, répétaient a peu pres
ce qui se disait dans la so cié té du Manége.
C'étaieut des hommes qui ne voulaient pas
courir la challce <I'ul1e notlvcIle constitution,
qui se défiaient d'ailleurs de ceux qui voulaient
la faire, et qui craignaient qu'on ne cherchAt
dans les généraux un appui redoutablc. Ils
vonlaient de plus, ponr tirer la Franee de ses
périls, des mesures semblables a eelles qu'avait
employées le comité de satut publico Les an-
eiens, plus mesnrés et plus sages, par lenr posi-
tiOll, partageaient peu cet avis; mais plus de




°78 IlÉVOLUTIOK FRAW,:AISF.,
deux cents membres le sOllteuaient chaudemclIt
dans les cinq-cents. Il n'y avait pas sClllelllcllt
daus ce nombre ues tetes chaudes comme Au-
gereau, mais des hommcs sages et éclail't,s
comme Jourdan. Ces deux généraux dOllllaient
au parti patriote un granel ascewlallt sur les
cinq-cents. Au direcloire, ce parti avait deux
voix: Gohier et j\Ioulins. Barras restait jJl(lécis;
d'une part, iI se défiaiL de Sieyes, qui lui t(;-
moignait pCIl d'estime et le regardait comme
poulTi; d'alltre part, il craignait les patriotes
et leurs extravagances. 11 IH:~sitait ainsi a se
prononcer. Dans le ministere, les patrio tes Vc-
naient de trouver un appui dans Bernadottc.
Ce général était beaucoup moios prononcé
que la plllpart des générallx de l'armée d'lla-
lie, el on doit se souveIlil' que sa division, en
arrivant sur le Tagliamento, fllt en querelle
avec la division Augereau 3U slljet du mot
lIlonsieur, qn'elle substituait déja ;1 cc1ui de
citoyen. IHais Bernadotte avait ulle ambitioll
inquiete: iI avait vu avec ¡Hlmenr la confiance
acconlée a Jouhert par le parli réorganisateur;
jI croyait qll'on songeait á Moreall depuis la
mort de JOllbert, et eette cÍrCOJlstallce I'in-
disposant contre les projets de réorganisation,
le rattachait entierement aux patriotes. Le gé-
néral Marbot, ~oml11aIHlant de la place de




DI RECTOlHE (1799).
París, répnLlicain violent, était dans les memes
dispositions que Bernadotte.


Ainsi, deux cents députés prononcés clans
les cinq-cents, a la tete desquels se trouvaient
deux généraux célebres, le ministre ele la gller-
re, le commalHlallt de la place de Paris, eleux
directeurs, fJllanlité d{~ jOllI'naux et de clubs,
un reste cOllsidó/'aLJe d'hornmes comprornis, et
propres aux coups de main, pouvaient causer
quelque effroí; et bien que le parti montagnard
ne put renaltre, 011 cow;oit les craintes qu'il
illspirait encore a des hommes tout pleins des
301lvenirs de r 793.


On était peu satisfai t clu magistrat Bourgui-
gnoll pour l'exercice des fonctions de la po-
liceo C'était un honnete ciLoyen, mais trop peu
avisé. Barras proposa a Sieyes, sa créature,
qu'il venait d'envoyer a l'ambassade de Hol-
lande, le SOl/pIe et astucieux Fouché. Ancien
membre des jacobins, instruit parfaitement
de Jeur esprit et de Ieurs secrcts, nuIlement
altacbé a lcur cause, ne cherchallt au milieu
dll Ilaufragc des partís qu'il sauver sa fortune,
FOllChé élait éminemment proprc a espiol1ner
ses anciens amis, et a garantir le directoire de
!eurs projets. Il fllt accepté par Sieyes et Ro-
gcr-nllcos, el. ohtint le ministere de la police.
C'{~tait lIIH~ précieuse acquisition dans les cir-




380 RÉVOLUTlON l'RANYAISE.
constances. 11 confirma Barras dan s J'idéc de
se rattaeher pIutót au partí réorganisateur qll'au
parti patriote, paree que ce dernier ll'avait
point d'avenir, et pOllvait d'aillellrs l'entrainer
trop loin.


CeHe mesure prise, la guerre a ux patriotes
commen~a. Sieycs, qui avait 1'I1r les a/lciens
unegranrle influence, paree que ce cOIlseil était
tout composé des modérés et eles politiqut's,
usa de eette influence pOlll' faire fermer la
llouvelle soeiété des jaeobins. La sa1l1' dll Ma-
nége, aUenant aux Tuileries, était eomprise
dans l'eneeinte du palais des anciens. Chaque
eonseil ayant la poliee de son eneeinte, les
anciens pouvaient fermer la salle du Manége,
En effet, la commission des inspeeteurs prit
un arreté, et défendit toute réunion dans cette
salle. Une simple sentinelle placée a la porte
suffit pour empecher la réunion des I1011VeaUX
jacobius. C'était la une preuve que, si les dl\-
cIamations étaient les IYH'meS, les i()rces ne
l'étaient plus. Cet arreté fut motivé aupres du
conseil des anciens par un rappol't du député
Cornet. Courtois, le meme qui avait fait le
rapport sur le 9 thermidor, en profita pour
faire une llouvelle dénonciation contre les com-
plots des jaeobins. 5a dénonciation fut suivie
d'une délibération tenclant a ordonner UII rap-
port sur ce slljet.




OIRH'.TOIRF: (1799). 381
Les patriotes chassés de la salle du Manége


se retirerent dans un vaste local, rue du Bae,
el recommencerent la leurs déclamations ha-
bituclles. Leur Ol'ganisation en assemblée dé-
libérante demeurallt la meme, la cOllstitution
donnait au pOllvoir exécutif le droit de dis-
soudre leur sociétó. Sicyes, Roger-Ducos et
Barras, a rinstigation de Fouché, se décide-
rcnt a la fermer. Gohier et Moulins n'étaient
pas de cet avis, disant que, daus le dauger
préseut, il fallait raviver l'esprit public par des
clubs; que la société des nOllveaux jacobins
renfcrmait de mauvaises tetes, mais point de
factieux rcdoutables, puisqu'ils avaient cédé
elevant une simple sentinelle quand la salle
du 1\Ianége avait été fermée. Leur avis ue fut
pas écouté, et la décision fut prisco L'exécu-
tíon en fut rcnvoyée apres la célébratiou de
I'allllí versairc du 10 aoút, (l'lÍ devai t avoir lieu
le 23 thermidor. Sicyes était président du di-
rectoire; a ce titre, iI dcvait parler dans cette
solCllnité. II fit un discours remarquable, dans
lequel iI s'attachait a signalcr le danger que
les lIouveaux anarchistes faisaient courir a la
république, et les dénonc,;ait eomme des cons-
piratcurs dangereux, revant une nouvelle dic-
tature révolutionnaire. Les patriotes préseuts
a la cérémonie accueillirent mal ce discours,




382 REVOLUTION F'RANyAIS1'~,
et pousserent quelques vociférations. Au miliclI
des salves d'artillerie, Sieyes et Barras CI'urenl:
entendre des balles sifflcI' a leurs oreilles. lis
rentrerent au dircctoire [mt irrités. Se défiaTlI
des autorités de París, ils résolurent d'enlevel'
le commandemcnt de la place au général Mar-
bot, qu'on accusait d'etre un chaud patriote,
et de participer aux prétc\I(!us complots des
jacobins. Fouché propasa a sa place Lefeb-
vre, brave général, ne connaissant que la
consigne militaire, et tout.a-fait étranger aux
intrigues des partis. Marbot fut done desti-
tué, et le surlcndemain, l'arrt:té qni ordon-
nait la cloture de la société de la rlle dll Rae
fu t signifié.


Les patriotes n'opposercnt pas plus de ré-
sistance a la rue du llac que dans la salle da
Manége. Ils se l'etirercnt et demeurercnt dé-
finitivemcnt séparés. l\1ais il leur restait les
jaurnaux, et i1s en firent un redoutable usage.
CeJui qui se qualifiait de Joumal des Hommes
libres, déclama avec une extreme vialence
contre tous les membres du directoire qui
étaient connus pour avoir approuvé la déli-
bération. Sieyes fut traité cruellement. - Ce
prctre perfide, disaient les jOllrllaUX patrio- "-
tes, a vendu la république a la Prusse. 11 est
convenu ayer cette puissance de rétablir en




IlIHECTOIl\F. (1799)' 381
~'rance la monarchie, et de clonner la couronne
á BruIIswick. - Ces accusatiolls n'avaient d'au-
tr(~ fondemen t que l' opinioIl bien COllnue de
Sieyes sur la cOllstitlltion, et son séjollr en
Prusse. 11 répétait, en effet, tous les jours que
les brouillons et les havards rendaient tout
gouVerrlf'IDcnt impossible; qu'il fa1lait con-
cenlrer l'autorité; que la liberté pouvaít etre
compatible merne avec la IDonarchie, témoin
l'Angleterre; mais qu'elle était incompatible
avec cette dOll1ination successive de tous les
partís. On lui prctait mell1e cet autre propos,
que le !lord de l'Emore était plcin ele princes
sages et modérés, qui pourl'aient, avec une
forte constitntion, faire le bonhenr de la
France. Ces pro pos ~ vrais ou faux, sllffisaien t
pour qu'on 11lí pretit des complots qui n'exis-
taient (lLH~ dans l'ill1agination de ses ennemis.
Barras n'était pas mÍeux traité qne Sieyes. Les
ménagements qne les patriotes avaient eus
long-temps pour Iui, paree qu'i1les avait tOll-
jours flattés de son appui, avaient cessé. IIs le
déclaraient maintenant un traitre, un honune
pourri, qui n'était plus bon a oucun parti.
Fouché, son conseil, apostat comme luí, était
pOlll'Sllivi des memes reproches. Roger-Ducos
u'était, suivant eux, qll'un imbécil e , adoptant
aveuglément l'avis ele deux traltres.




384 HÉVOLUTION FRAN0AISl,.
La liberté ele la presse était illimitéc. La ¡oi


proposée par Berlicr n'ayant pas été acclleil-
líe, iI n'existait qU'Ull moyen pour altaquer
les écrivains, c'était de faire revivre tlne loí
de la conventÍon contre ceux ql1i j par des ac-
tions ou par des écrits, tendaient au renver-
sement de la répl1blique. 11 fallait que eette
intention flü démontrée pour que la loí de-
vint applieable, et a10rs la 10í portait peine de
rnort. Il était donc impossible J'en faire usage.
Une nouvelle loi avait été dcmandée au corps-
Jégislatif, et OH décida qu'on s'en oceuperai~
sur-Ie-eharnp. Mais en attendant, le d(~chaine­
rnent continuait avec la meme violenee; et les
trois direeteurs composant la majorité décla-
raient qu'il était impossiLle de gouverner. lis
imaginerent d'app1iquer a ce cas l'article I 4!~
de la eonstitution, quí donnait au directoire
le droit de lancer des mandats d'arret contre
les auteurs ou compliees des complots tramés
eontrc la république. 11 fallait singulierement
torturer cet article pour l'appliquer aux jour-
nalistes. Cependant, eomme c' était un moyen
d' arreter le débordemellt de leurs écrits, en
saisissant leurs presses et en les arretant eux-
memes, la majorité directoriale, sur l'avis de
Fouché, lan~a des mandats d'arret contre les
auteurs de Ollze journaux, et fit mettre le




DrRECTOrRJl (1799)' 385
scellé sur leurs presses. L'arreté fnt signifié le
17 fructidor ( 3 septembre ) au corps légis-
latif, et produisit tlU sOlll(~vem.ent de la part
des patriotes. On cria au coup d'état, a la. dic-
tature, etc.


Telle était la situation des choses. Dans le
directoire, dans les conseils, partout enfin,
l('s moderes, les politiques Iuttaient contre les
patriotes. Les premiers avaient la majorité
d;¡ns le clirectoire comme dans les conseils.
Les patriotes étaient en minori té, mais ils
étaient ardents, et faisaient assez de bruit
puur épouvanter lcurs adversaires. Heureuse-
ment les moyells étaient usés eomme les par-
tis, et de part et d'autre on pouvait se faire
heaucoup plus de peur que de mal. Le direc-
ioire avait fermé deux foÍs la nouvelle société
des jaeobins et supprimé leurs journaux. Les
patriotes criaiellt, menac;aient, mais n'a vaient
plus assez d'audacc ni de partisans pour atta-
quer le gouvernement. Dans eeHe situatíon,
q ni durait delmis le 30 prairíal, e'cst-a-dire
lkpuis pres de trois mois, on eut l'idée, si
ordinaire a la veille des événements décisifs,
d'llne réconciliation. Beaucoup de députés de
ious les catés proposerent une entrevue avec
les membres du directoire pour s'expliquer et
s'entellllre sur leurs griefs réciproques. - Nous


X. 25




38G UF.VOLUTION FHAN<;.USE.
élllIlOnS tOllS la Jil)('rt{', disaient-ils, nOllS VOll~
lons tons la sauver des périls anxqllels elle ~('
trouve exposéc par la défaite de nos al'lIH~C~<
tachons done de Hons cntcllllre sur le chni'"
des moyeJJs, puisqlle ce cllOix esl Ilofre seu]\'
cause de désuuion. -L'entrevlJe ('ut líel! chcl
Barras. Il n'y a pas et iI ne pellt pas y :1voi \.
de réeonciliatioll entre les partís, enr iI [all
drait qn'ils renonc;assent á leur lmi, ce r¡n'oll
ne peut obtellir d'une eOllversation. Les d(~pll.
tés patriotes se plaignircllt (le ce qll'on pnrlai!
tOU5 les jonrs de complots, de el' C¡lIC t(~ ]m'.
sident du llirecloil'e nvait llli-l!](~llll' ~;ignal{, 1IIlt'
classe (l"hom111es ebngereux el: (rlli nll~ditaielll
la ruine de la républiq~le. Hs (kmandaicll!
qn'on désignttt quels étaielll ces hOllllllCS, a{;l)
de ne pas les cOllfondJ'c av('c k,; patriot('c,
SI8)'e5,. á qui eette interpellalion ~,'a.dr('ss'lit.
rt"pomlit en rappelant la eondllÍlc des socié!!;',
po¡mlaircs et des journ:llIx, el' en sigllalalli
les dangeJ's d'lIne lloU\'l'lIe anarchie. On lni
demanda encare de désigner les y('ritab] e';
anarchistes, ponr se réunir con lee t'IiX ei. 1(",.
combattre. ~-~ Et commclIt n0115 réllllir con!rl'
el/x, di t Si(~yes, qllalid tO!1S les jOllfS des nW!l1
bres du corps législatiC montent ~t la trilmll('
pour les appnyej'? -- C'est dOlle n011S qlle vous
Cltlaquoz? reparlircllt Jc.s IkP11lés allxqw'¡"




"ieyes v0nait de faire cette réponse. Quaud
!lOUS voulons IlOllS cxpliquer avec VOUS, vous
Hons injuriez el nons repoussez. - L'hnmeur
<trrivallt, sllr-k-charnp OH se sépara, en s'a-
tlressant des paroles plutat mewlI;antes que
concilíatrices.


Immédiatement apres eeHe enlrevue 1 Jour-
dan forma le projet d'ulle proposition impor-
tante, celle ele déclarer la patrie en danger.
Cette déclaratioIl entralnait la lev{~e en masse
el plusieurs grandes mesures révolutionnaires.
Elle fut préseI1t{~e aux cinq-cents le 27 fruc-
tidor (13 septembre). Le parti modéré la
combattit vivement, en disaIlt que cette me-
sure,loin d'ajouter a la force dll gouverne-
meut, He fenú que la diminuer, en excitanl
des craintes exagérées et des agitations dange-
n'uses. 1,es patriotes sOlltinrent qu'íl fallait
donner une grande commotion pour réveiller
l'esprit pub!ic el sauver la révolutioIl. C('
moyen , excellcnt en 1793, ne pouvait plus
réussir aujourd'hni el n'était qu'lllle applica-
tion el'ronée du passé. Lucien Bonaparte,
Boulay ae la Meurthe, Chénier, le combatti-
rent vivemellt, et on obtint l'ajournement au
¡endcmaill. Les patriotes des clubs avaient en-
touré le palais des cinq-ccllts en tu multe , et ils
insllltCr'ent plnsieurs députés. On répandait


25.




388 R hVOLliTION ]"JUN<;:AJSE.
<¡ue Bernadotte, pressé par eux, allait mon-
ter a eheval, se mettre a leur t{~le et faire tille
,journée, Il est eertain que plllsiellrs des brouil-
lons du parti 1'y avaient fortement engagé. On
pOllvait craindre qu'il se laissat entralller. nar-
ras et Fouché le virent et eherchcl'ent á s'ex-
plíqller avec luí. I!s le trouverent pleio de
rcssentiment contre les projets qu'il disait
avoirété formés avecJoubert. Barras et Fouché
lui assurerent qu'il n'en était ríen, et l'enga-
gerent a demeurer tranquille.


lIs retournereut aupres de Sieyes, et con-
vinrent d'arracher a Bernauotte sa d¡"missioI!,
san s la lni donner. Sieyes, s'cnlretenant lp
jour méme avec Bernadotte, I'amena a dire
qu'il désirait reprendre bientot un serviee ae-
¡if, et qu'il regarclerait le commandement
(l'une arméecomme la plus douce récompense
de son ministere. Snr-Ie-champ, interprétant
eette réponsc comme la demallde de 5a démis-
sion, Sieyes, Barras et Roger-Ducos résolurent
d'écrire a Bernaclotte que sa démission était
aeceptée. Ils avaient saisi le moment oú GohieJ'
et Moulins étaient absents pour prendre cette
détermination. Le lenclemain meme, la lettre
fut éerite a llernadotte. Celui-ci fut tout éton-
né, et répondit au directoire une lettre tres-
amere) dans laqllelle il disait qu'on acceptait




lJlIIECTOlHE (1799). 389
Hile démissioll q (l'il n'avait pas dunnée, et
d(~mandait son traitement de réforme. La nUll·
velle de cette destitution déguisée fut annon-
cée aux cinq-ccnts au moment ou 1'0n allait
voter sur le danger de la patrie. Elle excita une
grande rumem·. - On prépare des COllpS d'état,
s'(~crierellt les patriotes.-Jurons,ditJourdan,
de IIIouriz' sur nos chaises cm'uIes. -Ma tete
tombera, s'écrie Augereau, avant qn'il soit
porté atteinte a la représentation nationale. -
Enfin, apres un grand tu multe , on alla aux
voix. A une majorité de ueux cent quarante-
ciuq contre cent soixante-ollze voix, la pro-
position de Jauruan fut rejetée, et la patrie
ne fut paint déclarée en danger.


Quand les deux directeurs Gohier et Mou-
lins apprirent le renvoi de Bernadotte, décidé
sans ICIlI' participation, iIs se plaignirent a
leuI's col/egues, el! disant qll'une pareille me-
sure lIe devai t pas etre prise sans le concours
des cinc¡ directeurs.-Nous farmioIls la majo-
rité, reprit Sieyes, et nous avions le droit de
bil'e ce que nous avons fait. Gohier et Mou-
líns allerent sur -le - champ rendre une visite
officielle a Rernadotte, et ils eurent so in de
le faire avec le plus grand éclat.


L'administration dn département de la Seine
inspirait aussi quelque défiance a la majorité




3~o lCÉVOLUTION I<'RAN<';A rSE.
directoriale; elle fut changée. Dnbois de CraI1C('
remplaf,{a BernadoUc au ministere de la guerreo


La désorganisation était donc complete sous
tous les rapports: battue au dehors par la
coalition, presque bouleversée au dcdans par
les partís, la république semblait mcnacéc
d'ulle ruine prochaine. Il fallait qu'nJle force
surgit qllelquc part, soit ponr dompter les
úctions, soít pour résister anx étrangers
Cctte force, on ne pOllvait plus l'espérer <!'UII
parti vainqueur, cal' ils étaient tons égalcment
ilSés et cliscrédités; elle ne pOllvait nalth~ que
ti II sein des arrnées, Ull r(~sicle la force, el la
¡(¡rce silcllciellse, I'(~guliere, glorieuse, commc
dIe cOllvient á liBe nation fatiguée de l'agita-
110n des disputes, et de la confusioll des vo-
lUlltés. Au miliclI de cette grande dissolutioll,
j(·s l't-'garlÍs Cl'raíellt ,~lIr les hornmes illllstn's
¡ "'lIda!!1 ia r(>'.'o!ntioll, el ~)t:ml)/;lit;1Jt chcrclH'l'
·11: (·beL 1/ I!i'jáu! F(llJ r!1' l;autmÚ, ;¡vait <lit
'~wycc" 11 jartl fl/II' h}(c (?{ ulle épée. La It~tc
,·¡¡!la it'oUv('.¡~, cal' ¡j ~tait au dil'{:c\oire. 011
.:herchai I une !'póe. Hoehe était mort; Jou-
IJCl't, que sa jeunesse, sa bOfllll' vol onté, SOl!
Itt;rolsme recommandaient :'t lOlls les amis (k
::, r('pul'¡ique, vellait d'expirer a I'Iovi .. Mon'all,
¡¡¡~é le p!u:-, gl'aud iJOllHllC de gucrre pal'lJJI
~í.."~ ~J\H~'i~a~!~ l'l:::-h"~',. ~\:H J~!~roPL. dval! L.us~}t




DIRECTOlltE (1799).
dalls les esprits l'impressioll d'uu earaCÜ'l't'
J:roid, indécis, peu entreprenant, et peu ja-
ioux de se charger d'une grande responsa1i-
lité.IVlasséna, I'UIl de nos plus grandsgénéraux,
n'avait pas eneoreacquis la gloire d'etre notre
sauveur. On ne voyait d'ailleurs en lui qu'un
soldat . .Jourdan venait d'etre vaineu. Augereau
dait un esprit tur1ulent, Bernadotte un esprit
IIlquiet, et aUClLn des deux n'avait assez de
I'enommée. Il y avait un personnage immense,
qui réunissait toutes les gloires, qui á cent
vietoires élyait joint une belle paix, qui avait
porté la Frailee au cambie de la grancleur á
Campo-Yormio, et qui sem11ait en s'éloignant
;:¡voir emporté sa fortune, c'-était 13011aparte;
mais il était dans les contrées lointaines; iI
occupail de son nom les échos de l'Orient.
Seul il était l'cstt' victorieux, et faisait retentir
al/X hords c/u Nil et du Jourdain les foudres
dont il avait llaguere (>pouvallté I'Europe sur
l'Adige. Ce u'élai¡ pas assez de le trouver glo-
rieux, OH le vonlait intéressant; 011 le disaít
cxilé par une autorité défiante et ombragcuse.
Tanclis qu' en a venturier íI eherehait une cal"
rÍt\rc grande enmme son imaginatioIl, OH
cJ'oyait que, citoyen soumis, il payait par des
victoires l'exil qu'on lui avait imposé. - Oil
est Bou:lp:J.l'lI'? se disait-oll. Sa vie d{~já épuisé€




3!)'>. nÉVOLUTION FR¡\N~A.ISE.
~e consume sous un ciel dévorant. Ah! s'il était
parmi noU!';, la républiqlle ue serait pas m(~­
nacée d'une ruine prochaine. L'Europe et les
factions la respecteraient égalemellt! -- Des
bruits confus circulaient sur son compte. Ou
disait quelquefois que la victoire, infideJe a
tous les gélléraux fran~ais, l'avait abandonné
a son tour, dans une expédition lointaille. Mais
011 repoussait de tels bruÍts; jI est invincible,
d isait-on; 10in d'avoir essuyé des revers, il
marche a la conqlH~te de tont l'Orient. On lui
pretait des projcts gigantesques. Les UIlS al-
laient jusqn'a dire qu'il avait travel'sé la Syrie,
franchi I'Euphrate et l'Indus; les autres qu'il


,avait marché sur Constantinople, et qu'apres
avoir renversé l'empire ottoman, ji allait pren-
dre l'Europe a reverso Les journaux étaicllt
plejns de ces conjectures, qlli prouvent ce
que les jmaginations attendaient de ce jeune
homme.


Le directoire lui avait mandé l'ordre de re-
venir, et avait réuni dam; la Méditerranée une
flotte immense, composée des marins frall~ais
d espagnols, pour ramener l'armée *. Les


• Il faul dire que cet ordre esl contesté. On counalt UII
arrlhi~ du directoirc, signé de Treilhard, narras et Laré-
vcllicl'e, et daté dI! 7 prairial, (llIi rappelle Jlonaparle en
Europe. I,arévellicl:e, tlans ses :\'I('lllOirt's, dt~cl.;Il't~ 11>' p;t·,




DIRECTomE (1 799). 3~):)
freres du général; restés a Paris, et chargés de
l'informer de l'état des choses, lni avaient en-
voyé dé peches sur dépeches, ponl' l'instruire de
l'état de cOllfusion ou était tombée la républi-
que, et poul' le presser de revenir. Mais ces
avis avaient ;1 tl'avel'ser les mers et les escadres
:lnglaises, et on ne savait si le héros serait averti
el revcnu avant la ruine de la république.


sc souvenir d'avoir donné eette signature, et regardc l'al"-
n~té cornrnc slIpposé. Cependant I'expédition rn:uitirnc de
l1ruix rcslerait alors sans explieation. Du reste, il est ee1'-
tain que le directoire, i1 cette époqnc, souhaitait llona-
partc, el qu'iI eraignait son arnhition heaucoup rnoins que
la fcroeité de Sllwarow. Si l'ordre n'est pas authentique,
il cst vraisernhIable, et d'aillenrs iI est de pen d'irnportance,
cal' llonapal'te était autorisé a revenir quand iI le jugerait
convenahle.






DIIU:CTOlRli (1799)' ') ," ,)~P


CHAPITHEVII.


:'lIllc des Oper;¡tlOlIs lIe Bonaparle '~Jl Egypte. COIllIIlCtc
tIc la l-Iallte-Égyptc par J)esaÍ.{; hataille de Sédiman.
- Expéditiol1 tic Syrie; prise ,Iu fml d'El-Arisch et ,le
Jarra; hataille t1u Mont-Thahur; siébc de SaÍnt-.lean-
d'Acre. - I\.etolll' ,'11 Ébypte; hatai!le d'Ahollkir. --
D:'part d,~ HUn~p8r¡e pOli!" la Fl'ance. - Opérations en
FIlI"O]!(',,)l:trcll<" dI' Ltrchidnc Charles SlH' le Rhin, el
,ji' Su "'.11")\\ I'il Sil íS:i"; 1ll0U\'CtllCllt de l\l~¡;;sc"'na; mé-
"ltH'ahl" \ Icloir(' dc ZllrÍ"i¡; slIlIal.inll p<',¡-íi!"II'" d" Su-
":lrl)\'; sa 1"I::!":!il(, dé,aslrel.ls,'; la Fr:ul('c sauvéc,
i'~\"'ne\llcnts "11 Hollancle; ,ld:litc el eapitlllatiotl des
lHlglo-lhlSSCS; évacnatioll d(1 la HoJ!allt!'" Fin de la
c;uilpagllc de 1799.


gt)~, APA!tTE, apr('~s la IXltaille des Pyramides,
;\'!;Iil trotlVÓ Illaltrc d(~ l'I~~yple, !J avaÍt com-
""'¡Id, ;', :;'y ,~ía!)¡ir, el ilv;;ii di',lliIJlll' ses gé.·




3~)G RÉVOLUTION FRA:N~~JSli.
uéraux dan s les provinces, pUlir en faire la
conquete. Desaix, placé a J'elltrée de la Hautc-
.Égypte avec Ulle division de trois mille hommes
environ, était ehargé de conquérir eette pro-
vince contre les restes de Mourad-Bey. C'est en
vendémiaire et brumaire de l'année préeédente
(octobre 1791)), au mornent Ul! l'inondation
finissait, que Desaix avait eomfllellcé son expé-
dition. L'ennemi s'était retiré e1evant lui, et ne
l'avait attendu qu'a Sédiman; la, Desaix avait
livré, le 16 vendémiaire an VII ( 7 oetobre 1798),
une bataille acharnée contre les restes désespé-
rés de Mourad-Bey. Aueun des eombats des
Franc;ais en l~gypte ne fut aussi sanglant. Deux
mille FraIl<]ais eurent á luttt'r eontre quatre
miIle l\Iamelucks et huit mille fellahs, retran-
chés dalls le village de Sédiman. La bataillc
se passaeomme celledes Pyramides, et comme
toutes ceHes qui furent livrées en Égyptc. I,cs
fellahs étaient derrit're les rnurs du village, et
les cavaliers dans la plaine. Desaix s'était for-
mé en deux carrés, et avait placé sur ses ailes
deux autrcs petits carrés, pour amortir le choc
de la cavalerie enncmie. Pour la premiere
fois, notre infanterie fut rompue, et l'un des
petits carrés enfoneé. Mais, par un instinet
subit et admirable, nos braves soldats se cou-
elH~;l'ellt <lussiLut par terre, afin que les gl'alllb




DlRECTOIllE (1799). 397
carrés pllssent [aire feu san s les atteindrf'. Les
Mamelucks, passant sur leurs corps, chargc-
rcnt les grands carrés ave e furie pendant pIu-
sieur:; heures de suite, et vinrcnt expirer en
désespérés sllr les ba'ionncttes. Suivant l'usage,
les carrés s'ébranlerellt cnsuite, ponr attaquer
les retranehements, et les emporterent. Pen-
clant ce mouvement, les Mamclueks déerivant
un are de cerele vinrent égorger les Llessés
sur les clerrieres, mais on les ehassa Lientot de
ce champ de earnage, et les soldats furieux
en massacrerent un Hombre considéraLle. Ja-
mais plus de morts n'avaient jonché le champ
de Lataille. Les Fran<;ais avaient perdll trois
cents hommes. Desaix continua sa marche
pendant tont l'hiver, et apres une suite de
combats, devenu maltre de la Haute-Égypte
jusqu'aux eataractes ~ il fit autant redouter sa
bravoure que ehérir sa clémenee. Au Caire, OH
avait appclé Honaparte le sultan Kebir, sultan
de feu; dan" la Haute-Égypte, Desaix fllt nom-
mé sultall le juste.


Bonaparte, pcndant ce temps, avait fait une
marche jusqu'il Belbeys, pour rejeter Ibrahim-
Bey en Syrie, et il avait recueilli en route les
dpbris de la caravane de la Mecque, pillée par
les A rabes. Revellll au Caire, ii continua a y
hablir une administratioll toute frau<;aise. Dne




3~l8 IlI~VOLl)TlON FI\,\ i'iCAISi,
révoltc, excit~~ au Caire par les agenls S,,(T(''''
de Monrad - Bpy, fu t durement réprim0c, el
découragea tout-a-falt les ennemis des Fran-


o * L'l' 1 (2 ' , • I ' <,:;1IS. uver (e 1790 a 1799 s eCOli a amé:
(lans l'attente des événcmcnts. Bonapartc appl'i!
dalls cet intervalle la déclaration de gnerJ'c d('
la Porte, et les prépal'atif:; qn' elle faisait contr('
lni, avec l'aide des Anglais. Elle [(¡rmait deu:--
armées, rune a Rhodes, l'antrc en Syri('. Cc~~
lleux armées devaient agir simultanémellt an
printemps de 1799, rune en venanL débarquer
a Aboukir, pres d'Alexandrj(', l'autre en tra-
versant le dé~;('rt qui sépare la Syrie d(~ l'Égypte,
nonaparte sentit sur-lc-champ sa position, et
voulut, sniva nt son llsage, décol1ccrtcr l' (']l--,
llemí en le prévenant j)ar une aUaalle sOlHlai1!('


. .


TIlle pouv;:¡it pas franchir le désf'l't qui s("pan'
I'Égy pte de la Syri(~, dan s la bclle salSOil, el
íI résolut de nrofiter de l'hiw'r DOur aIJel' <1(',-


• I


~ruire les rassemhlcnwnts qlli se formaient il
\. ere, a Damas, et dans les villes principales,
Le ct-Ieurc pacha el' Acre, Djezzar, était IlOlmm',
séraskier de l'armée réunie cn Syrie, Abdalla,
paeha de Damas, commandait son av:mt-gardc,
et s'était avance' jusqu'au fort d'El-Al'isch, qui


~ Cet événcmcnt cut liell le 30 vClHl¿'JlIiairc :111 VII (H
'lctobre I7 98),




D11lF-CTomr: (1 799). 3~)q
onvrc I'Egypte du C(\tó de la Syrie. Donapar!f>
\'olllllt agir sur-lc-champ. Il avait des inteUi
gcnccs panni les ]wuplac1es dll Liban. Les
Drllses, tribus clll'éticunes, les J\T lltualis, ma-
homótans schismatiC}!lcs, luí offl'aient }eur SE'-
cours, et J'appelaienl de lons lellrs veenx. En
brnsqllant rassaut de Jaffa, d'Acl'e et de quel
<{l/es pIares mal fortifiécs, iI pouvait s' emparej'
en peu dp temps de la Syric, ajouter cet.tC'
belle conquete a celle de l'1~gypte, Lleven ir
mallTe de l' Euphratc comme iI l'était du Nil, el
avoir alors t01Jtes les communicatíons av(',
I'Inde. SOl! ,miente imagination allait plus loin
encore, et formait quelqlles-rms des projcl;';
que ses admirateul's lui pn~taient en Europe.
11 n'etait pas impossiblc qu'en soulcvant les
peuplades du Liban, il rénnit ~oixaIlte ou qna-
iI'('~vingt millc allxiliaires, ~t qn'avcc ces auxi-
¡íaires, nppuy(\s de vingt - cinq mille soldats,
les plus Dr;¡VCS de l'unÍvers, il marchát sur
COllstantinople pour s'cn empare!'. Que Ct'
projet gigantesquc fi'lt exéclltable Ol! non, il
est ccrtain qu'il occupait son imagination; el
qlland on a vu ce qn'iL a fait aidé de la fortune,
on n'ose plus d(~clarer insensé anClll1 de ses
pI'oj~ts.


Bonaparte se mil en marche en plnviosc
l. premiers .jolll's de fóvrier), I1 b téte des (livi-




400 Rl<:VOLUTION FIL\N <';AISI!.


sions Kléber, Régnier, Lannes, Bon et Murat,
fortes de treize mille hommes enviran. La divi.
sion de Murat était composée de la cavalerie.
BOllaparte ,avait créé ua régiment d'une arme
toute nouvclle: c'était celui des dromadaÍres.
neux hommes, assis dos a dos, étaient port~s
sllr un dromadaire, et pOllvaient, grace a la
force et a la célérité de ces animaux, flÍl'e vÍngt-
ciml Ol! trente lieues sans s'arl'eter. Rouapal'le
avait formé ce régiment pour donner la chasse
allX Arabes, qui infestaient les environs de
l'Égypte. Ce régiment suivait l'armée d'expédi.
tÍon. Bonaparte ordonna en olltrc au contre-
arniral Pel'l'ée de sortir d'Alexalldrie avec trois
frégates, et de venir sur la cote de Syrie ponr y
transporter l'artillerÍe de siége et les mllnitions.
JI arriva devant lefort cl'El-Arisch le ~9 pluviosp
( r 7 f(~vrier). A pres un peu de résistance, la
garnison se rendit prisonniere an nombre de
trcize cents hommes. On trouva daIls le fort
des magasins considérables. Ibrahim-Bey ayant
voulu le secourir, fut mis en fuite; son camp
resta au pouvoir des FraIH;ais, et leur procura
un butín imrneuse. Les soldats eurent beau-
coup a souffrir en traversant le désert, mais
ils voyaient lenr général marchant a leurs ca-
tés, Suppol'tant, avec une sallté (Mbile, les
mémes privations, les memes fatigues, et ils




\)JRt~CTOII\E
, \


\ 1799;'
II 'osaient se plaindre. Hieutóton arri va a Gazah:
on prit eette place a la vue de Djezzar-Pacha.
et OH y trouva, cnmme aans le [ort d'EI-Ariseh,
beaucoup de malériel et el'approvisionnements.
De Gazah l'armée se dirigea sur Jaffa, l'anciennp
.¡oppé. Elle y arriva le d ventase (3 marso,.
Cette place était entourée el'une grosse nm-
raí/le flanquéc de tours. Elle renfermait quatre
mille hommes de garnison. Bonaparte la fit
battre en breche, et puís somma le eomman-
dant, qui pour toute réponse coupa la tete all
parlernentairc. L'assaut fut donné, la placE'
emporlée avec une audaee extraordinaire, et
livrée a trente 11f'ures de pilIage et de massa-
eres. On y trouva encore une quantité eonsi-
dérahle d'artillerie et de vivres de toute espece.
JI restait qnelgues mille prisonniers, qU'OIl
He pUl/vait pasenvoyer en Égypte, paree qU'OB
n'avait pas les moyens ordinaires de les faire
escorter, et (PI'OH ne vOlllait pas renvoyer ;1
I'ennemi, dont ils allraicnt grossi les rallgs.
Bonaparte se décida a une !1H'sure terrible,
et qui est le senl acle cruel de sa vico Tran'i-
porté dans un pays barbare, il en avait iuyu-
lonlairement adopté les m(~urs: il tit passer
;m fil de J'éppp les prisonniers q!li lui re~taient.
L'arm(~e consormna :wec o!Jpissallce, rnais avec
une psppce d'pffl'Oi, J'exéclltioTl qui luí était


x. ~6




commamlée. Nos soldats prirent en s'arretallí
;{ Jaffa les germcs de la peste.


Ronaparte s'avaw::a cl1suite sur Saint-Jean-
.1' Acre, l'ancicnne Ptoli'mals, situé :m pied dll
mont Carmel. C'(~tait la seule place qui put en-
core l'arn'ter. La Syrie était a llli s'il pouvait
l'enlever. l\1ais Djezzar s'y étaít enfermé avec
l:outC's ses ríchesses et une forte garnisoll. JI
comptait sur l'appui de Sidney-Smith, qui
croisait dans ces parages, ct qui lui fournit des
ingénieurs, des canonniers et des munitions. Il
devait d'ailleurs etre Lientót secouru par l'ar-
mée turquc réunie en Syrie , qui s'avan(,'ait de
Damas ponr franchir le Jourdain. llonaparte se
hata d'attaquer la place ponr l'enleyer comme
celle de Jaffa, avant qu'elle fut rellforcée de
llouvelles troupes, el que les AJlglais eussent
ie temps d'eu ped"ectiollflcr la défense. On 011-
\'rit allssitót la lrallcbée. MallIcllreus('fl]Clll. ]':11" ..
tiUerie de siégc. (fui dev:¡i¡ vCllÍr par· mer cl'A-
Jexancll'ie, 3vait été Clllcvóe par Sidney-Smith.
On avait pour toute artilleric de siége et de
campagne, une caronade de trcntc-denx, (luatre
pi¿,ccs de douze, hllit obusiers, et llIlC tren-
taille de pieces de qualre. On rnanquait ele
hOlllets, mais OH imagilla uu moyen de s'en
procure!'. On faisait paraitre sur 1;1 plage (lud-
(files cavalicrs: ~l el'He \'111' Si,llln.·~'milh fai-




DIHECTOlltE (1799). 403
sait un feu roulant de toutes ses batterics, et
les soldats, auxquels on donnait cinq sous
par boulet, allaicnt les ramasser au milieu de
la canonnade et eles rires universels.


La trauchée avait été ouverte le 30 ventase
(20 mars). Le général du génie Sanson, croyant
ét1'e arrivé dans une reconnaissance de nnit
au pied da rcmpart, eléclara qu'il n'y avait ni
contrescarpe ni fossé. On crut n'avoir a prati-
quer qll'une simple breche et a monter en-
suite it rassant. Le 5 germinal (25 mars), OIl
fit breche, on se pl'éscnta a l'assaut, et OH fut
arreté par unc con tres carpe et un fossé. Alors
011 se mit sur·le-champ a minero L'opératioIl
se faisait sons lc feu de tous les remparts et
de la belle artillerie que Sidney-Smith nous
avait cnlevée. Il avait dOllné a Djezzar d'exccl-
lents poiutcurs allg\ais, el un ancÍen émigré,
Phélip\watlx, officier !In génie d\fIl g1'alld mé-
l'ite. La miue sauta le K germillal (28 ma1's) , et
ll'emporta qll'lIne pa1'tie de la contrescarpe.
Vingt.cinq grcnadiers, a la suite dI! jeune
l\Tailly, monterent: a l'assaut. En voyal1t ce
hrave officicr püsel' une {~chelle, les Turcs
f\lrent épouvantés, mais :\'Iailly tomba 1l10rt.
Les grcnadiers furcnt alors (kcouragés, les
Tlll'CS revinl'ent, del!x bataillons quí suivaient
fUl'ent accllcillis par une honible fusillac1c;


')()




,ío~ HÉVOLlJTION l'HAN<;AIS1.
Icur eommandant Laugier fut tué, et I'assalft
manqua encare.


Malhcurcusemcnt la plaee venait de recevoil'
plusiellrs mille harnmes de renfort, lIlle
grande quantité de canormiers exercés a l'en-
ropéCllne, el des rrmllitiollS immenscs. C'étai¡
un aralld sié.!2"e ú exécuter avec trcizc millf'


u v


hommes, el pl~sqlle sans artilleric. Ji 61Iai:
ouvr!r un llouveau puits de mine pOUl' faire
sauter la contrescarpe entiere, et eommencer
un autre cheminement. OIl était au 12 ger-
minal (1 er avril). Il Y avait cléjá dix jours d'em-
ployés dcvant la place; on annoI1<;ait l'ap-
proche de la graude armée turque; il rallait
poursuivre les travaux et eotlvrir le siégc, et
tout cela avec la seule arméc d'expédition. Le
général en chef ordonna qll'on travailltit saIlf;
relache a miner de notlveau, et détacha la di-
visioll Kléber vers le Jourdain, pour en dis-
puter le passage ú l'arméc vcnallt de Damas.


ectte armée, réunic aux peuplades des rnOll-
tagnes de Naplollse, s'élevait a environ vingt-
cinq mille hommes. Plus de douze mille cava-
liers en faisaient la force. Elle trainait un ba-
gage imn::.ense. Abdallah, pacha de Damas, en
avait le commandement. Elle passa le JOllrdain
au pont d'Tacollb, le 15 germinal tI¡ avril \.
Jnnnt. ::lVf'C I'a\'allt.gank t!(, KI{·jw{', (orle de




Cillq cents hommes au pll1s, rencontra les
avallt - gardes turqlles sllr la roule de Naza-
reth le 19 (8 avril). Loill de reculer, il brava
harclimenl l' eIlllcmi, et, formé en carré, cou-
vri t le champ de bataille de morts, et prit cinc¡
drapeallx. l\lais obligé de dc!er al! nombre, il
se replia sur la division Klébel'. CeIle-ci s'a-
V311(:ait, et hatait sa marche pour rejoinc1re
Junot. Honaparte, instrtlit de la force de I'en-
nemi, se détacha avec la division Bon, pou!"
sOlltcnir Klébcr, et livrer une bataillc déci-
sive. Djezzar, qui se concertait ayec l'armée
guí vcnalt le débloquer, vonl u L faire une so1'-
tie; mais, mitraillé ~t outrance, il laissa 1105
ouv1'agcs couvcrts de ses morts. llonaparte se
mit aussitót en marche.


Rléber, avec sa division, avait déLouché dans
les plailles gilí s'ételldent au pie n rln mont
1'habor, nO/l loin du village de Foulí. Il avait
eu l'idée de surpreClflr·c le camp tnrc pewlant
la Huit, mais iI était arrivé trop tanl pOllr y
réussir. Le 27 germinal (16 avriI) al! matin, iI
trouva toute l'arméc turqlle en batail1e. Quillze
mille fantassins occllpaiellt le village de FOllli,
plus de clOllZ(' mille cavaliers se déployaient
dans la plaine. Kléber avait a lwjne trois mille
[1.lIlassills en carré. Toute cett~ c<l.vaIerie s'é-
hran la et fomli L :iUl' nos carI'i's. J amais les Frall·




~'ais u'avaient Vll tant de cavalicrs caracolcr,
charger, se mOllvoil' dans tOllS les sens. lis con-
serverent 1(~Ul' sang-fruid accollt umé, et les
recevant a bout portant par un fen terrible,
ils en abattirent á chaque charge un nombre
considérable. Bientót ils eurent formé aulour
d'ellx un rempart cl'homlllcs et de chevaux, et
ú l'abrí de cet horrible ahattis, ils purent I'(~­
sister six heurcs de suite a toutc la furie de
leurs ad versaires. Dans le moment Bonaparte
débouchait du munt Thabur avec la division
Bon. Il vit la plaine couverte de fen et de fu-
mée, et la bra ve divisiol1 1\.1(-1)('1' résistan t, a l'a-
bri d'ulle ligne ele cadavres. Sur-lc-champ, il par-
tagea la division qll'il amenait ('11 deux carrés;
ces deux carrés s'avancerent de mani(\rc á for-
mer un triane-Ie úlnilatéral avec la div isiol1 Klé-


u


ber, et mirent ainsi l'enllemi au JIliliell d'eux.
lIs marchc1'ent en silence, et san5 donncr aUClln
signe de leuI' approche, jUSqll';'¡ \lIle ccrtaine
distance : pllis tout-a-collp BOllaparte fit tirer
un coup de canon, et se montra alors sur le
champ de bataille. Un fen épol1vantable par-
tant aussitot des trois extrémitt~s de ce triangle ,
assaillit les Mameluks qni útaicnt au milicll,
les fit tourbillonner sur eUX-lllt~rneS, et fuir ('O
clésordrc dans toutes les directiuns. La divÍ-
sioll Kléber, redollblant (l'ardelll' a ectte Vll{',




lHnECTOlI\E \ 1799). !¡o·;
,,'¡"law,:a sur le villagc de Fouli, l'(,llleva ;t la
balOlmette, ct fit un granll carnage de l' cnnc-
lUi. En un instant toute cette l1Iultitudc s'{:-
coula, el la plaille ne fut plus COl/verte que
de morts. Le camp turc, les trois quencs tIll
pacha, quatre ccnts chameaux, un butin im-
mCllse, deYlnrell! la prole des Frau\,ais. }1urat,
¡)lad sur' les bords dlt Jourdain, tua 11tl grand
:lumbre de fllgilifs. Eonaparte Gt brúlcr tous
les villagcs des NaplousillS. Six mille Fl'anc;:ais
avaient détruit cctte armpe, que les habitauts
disaiellt illIlombrablc comme les étoiles du cíel
el fes sables de la mero


l)endant cet intel'valle, on n'avait ccssé de
lIIiner, de contre-miner autolll' des lllUl'S de
Saillt-Jean-d'Acl'e. On se disputait un terraíll
!Jouleyersé par l'art des siéges. Ll y avait \lIl
Ulois pt dCllli qu'OIl était devant la place, on
;¡ vai! t('l1ll; bcauconp d'assauts, rcp()usst~ beau-
coup de sortÍes, tll(' ]W:!UCOllp de monde ú
l'cllll('Illi; mais Illalgl'é de continue!,; avallta·-
gcs, on faisait d'irréparaLles peltes de temps
('t d'hommes. Le 18 floré al (7 mai.), il arr! va
dans le port d'Acre un renfort de douze miUc
hornmes. Bonaparte, calculant qu'jls ne pour-
raient pas etrc débarqués avant six hCllres,
rait sllr-]c-cltamp jOller lIlIe pil~ce de vingt-
tluat!'!' sur 1lI1 pan ti!' Illlll', (·'dait ;', la tlroít!,




,',08 l\ÉVOLIJTION ¡"RA;\S;AlSI:.
du point ou depllis qnelque teUlps OH dé-
ployait tant d'efforts. La nuit verllle, on monte
a la breche, OH envahit les travaux de l'en-
ncmi, OH les combIe, OH ellcloue les pieces,
Oll égorge tout, enün on est maitre de la
place, lorsque les tl'OllpPS déharquées s'avan-
cent en bataille, et présentent une masse ef-
frayante. Hambaut, qUÍ cOllmwndait les pre-
miers grenadiers montés a l'assaut, est tué.
Lannes est blessé. Dans le meme mament,
l'ennemi fait une sortie, prend la breche a
revers, et coupc la n'traite aux braves qui
avaient pénétré. Les uns pal'viennent a res-
sortir; les autres, prcnant uu partí désespéré,
s'enfuicnt dans une mosquée, s'y retrallchellt,
y épllisent leurs dernieres cartollches, et sont
préts a vendre cherement leur vie, lorsque
Sidney- Smith, touehé de tant de bravollre,
leur faít accorder une capitulation. Pendant
ce tcmps, les trollpes de siége, marchant sur
l'enncmi, le ramenent dalls la place, apres
en avoir fait un carnage épauvantable, et lui
avair enlevé huit ccnts prisonniers. Bonaparte,
obstint~ jusqu'a la furcur, dOIlIlC deux jours
de repas a ses troupes, et le 21 ( 10 mai) 01'-
danne un nouvel assaut. On y monte avec la
nH~me bravcJllre, Oll escalade la breche; rnais
o/l Ile peut [las la dépasser. II y avait toute




DIRECTOI1\E (J 799). 4U9
HIle arm~e gardallt la place et défenclant tou-
tes les rues. Il fallllt y renoneer.


Il y avait deux mois qll'on était devantAere,
OH avait fait des pertes irréparables, et il eut
été impruclent ele s'exposer a en faire davan-
tage. La peste était dans eette ville, et 1'ar-
mée en avait pris le germe a Jaffa. La saison
des débarquements approehait, et OH anuon-
¡¿ait l'arrivée d'une armée tllrque vers les bou-
ches du Nil. En s'obstinant davantage, Bona-
parte pouvait s'affaiblir, au point de ne pouvoir
repousser de nOllveallx ennernis. Le fond de
ses projets ótait réalisé, puisqu'il avait détruit
les rassemblements formés en Syrie, et que de
ce coté il avait réduit l'ennemi a l'impuissanee
d'agir. Quant a la partie brillante de ces me-
mes projets, quant a ees vagues et merveil-
le uses espéranees de conquctes en Orient, iI
faIlait y r{'Boneer. JI se déeida enfin a lever le
siége. ~Iais son regret fut tcl, que, malgré sa
destinée iIloBle, on lui a entendu répéter sou-
vent, en parlant de Sidney-Smith : Cet IlOmme
m'afait manqller ma farfUlle. Les Druses, qui
pendant le sipge avaient nourri l'armée, toutes
les peuplades emlemies de la Porte, apprirent
sa retraite avec désespoir.


II avait commeneé le siége le 30 vcntose
(20 mars), ¡Ile leva le J er pl'airial (:w mai) : iI




.~ ro HEVOLlJTION ""h.N(,:,\IS}:.
y avait employé deux mois. Avant de quiUel"
Saint-Jean-d'Acre, il voulut laisser ulle terri-
ble trace de son passage : il accabla la ville de
ses ftmx, et la laissa prcsqne réd ti ite en cen-
dres. Il reprit la route du désert. Ji avait perdu
par le fen, les fatigues oa les rnaladies, prós
du tiers de son armée d'exp¡~dition, (,'est-a-
dire environ qualre mille homllws. 1/ crnme-
nait clollze cellts blessés. Il se rnit en mardw
ponr repasser le désert. 11 ravagea sur sa ronte
tout le pays, et y imprima une profolldc ter-
reur. Arrivé a JaITa, iI en fit sauter les fortifi-
catioIls. Il y avait la une amLulallce potlr mis
pestiférés. Les emportcr était impossible : en
11e les emportant pas, OH les laissait exposés
a une mort inévitable, soit par la maladie, soit
par la faim, soit par' la cruautó de l'ellllcllli.
Aussi Bonapa1'te dit-il au m{~dccill Desgenettl's,
(IU'il y aurait bien plus d'hmuallit<S ú lcm ad-
ministrer de l'opiltm, CJu'a leur JaisseJ" la vie;
a quoí ce médecin fit crtte rt~pOIlse, fort van-
tée : IJfon métier est de les guérir, el IZon de les
tuero On ne leur administra point d'opil1m, ct
ce fait servit a p1'opager une calomnie indigne,
et aujourd'huí clétruite.


Bonaparte rentra enfin en Égyple ap1','.5 une
expédition de pres de trois mois. 11 était tcmps
<111'11 y arrivat.· L'esprit d'iusml'('l'tiulI s't'~(ait




DIHEGTOIl\E (1799).
rt:pandn dan s tout le Delta. Un impostelll',
qlli s'appclait l'ange EI-Mohdhy, qui se llisait
invulnérable, et qui prétendait chasser les
Fran~ais en soulevant de la poussierc, avait
réuni quelques mille insurg{s. Les agents des
Mamclnks l'aidaient de leur COllcours; ii s'était
emparé de Damanhüur, et en avait égorgé la
garnisüll. Ilünaparte envüya un détacbement,
qui dispersa les insurgés, et tlla l'ange invlll-
nérable. Le troublc s'était communiqué aux
diffórentes provinccs du Delta; sa présence
ramena partout la soumission et le calme. Il
orclonna au eaire des reles magnifiques, pour
célébrer ses triomphes en Syrie. n n'avouait
pas la partie manquée de ses pro jets, mais iI
vantait avec raison les nombreux combats li-
vrés en Syrie, la belle baLaille dll mont Tha-
bol', les vengcauces terrihles exercées contre
Djczzar. Il répandit de nonvclles publications
aux hahitants, dans lcsquelJes il lenr disait
qu'il était dans le sccret de lenrs pens(~es, et
devinait leurs projets a l'instant oú ils les for-
i!laicnt. Ils ajouterent foi ~l ces étranges pa-
roles <Iu sultan Kehir, et le croyaiellt pl'ésent
;¡ toutcs leurs pensées. Honapartc n'avait pas
seulemcnt á coutenir les habitants, mais eo-
core ses généraux el l'armée elle-nll~me. Un
llléColltclltement sOl/re! y régnait. Ce rnécon-




41'.!. RÉVOLUTlO)j FltANC!\JSL


tenLement ne provenait ui des fatigues, ni des
dallgers, ni sllrtollt des privatiollS, car l'arm{e
ne manquail de rien, mais de l'amour ~lll pays,
quí poursuit le Fran<{ais en lous lieux. 11 y avait
un an eutier qll'on était en t~gypte, et dejmis
pres de six mois on n'avait auellDe nouvelle
de Frailee. Aueun navire n'avait pu passer:
lIlle sombre trislesse dévor'ait tOllS les cO~lIrs.
Chaqlle jour les oftleiers et les généraux de-
mandaient des congés pOOl' I'epasser t'H Eu-
rope. Bonaparte en accordait pea, OH bien y
ajoutail de ces paroles qll'on redoutait cornme
le déshonneur. Berthier Illi-nl~me, son {idele
RCl'thier, dévoré d'une vieille passioll , demaIl-
dait a revoir J'Ilalie. 11 fut honteux pour la se-
cou.?e fois de sa faiblesse, et rellOlH:a a partir.
Un jour, l'armée avait formé le projet d'ellle-
ver ses drapeaux du Caif(~, el de marcher sur
Alexandrie pour s'y embarquer . .l\1ais elle n'en
eut que la pensée, ct n'osa jarnais hl'aver son
général. Les lielltenants de BO\laparle, qui
dounaient tOllS l'exemple des murmures, se
taisaient des qu'ils étaient devallt lui, et pliaient
sous son ascendant. Il avait eu pllls d'Ull clé-
melé avec Kléber. L'humeur de celui-ci ne
veuait pas de découragcrnent, mais de son in-
docilité accouturnée. lis s'étaient toujours rac-
cornmodés, cal' BOllaparte airnait la gralld í <




I.lIRECTOlRE (1709). 4 I 3
ame de Kléber, et Kléber était séduit par le
génic de Ronaparte.


On était en prairial (juill). L'ígnorance des
événements de l'Europe et des désastres de la
France était: toujours la memc. On savait seu-
lement que le contillent était dans une vérita-
ble cOllfllSioll et qu'unc Ilouvellc gllerre était
inévitabJe. Bonaparte attendaÍt impatiernment
de nouveaux détails, pour prelldre un parti,
et retourner, s'il le fallait, sur le premier
théatre de ses exploits. Mais avant, iI vOlllait
détruire la seconde armée turque, réunie a
Rhodes, dont OH annoIH;ait le débarquement
tres-prochain.


Cette armée, montée sur de nomhreux trans-
ports, el escortée par la division naval e de Sir!-
ney-Slllith, pamt le ~d messidor ( 11 juillet) a
la V!le t!'Alexalldrie, et vint mouiller a Abou-
kir, la meme rade 011 notre escadre avait été
détruite. Le point de débarquemeIlt choisi par
les Anglais était la presqu "ile qUÍ fel'me cette
rade, et qui porte le me me nomo Cette pres-
qu'ile étroite s'avancc entre la mer et le lae
Madieh, et víent se terminer par un fort. Ro-
naparte avait ordouné a Marmont, qlli com-
mandait a Alexandrie, de perfectionner la
défense clu fOl't, et de dPtruire le vilIage d'A-
hOllkir, plar(' tOllt alltollI'. ]\Jais, au lien de




(. I I1 RltVOLllTlOX FRAileAISF.


détruire le village, on avait voulu le con ser-
ver pour y loger les soldats, et on l'avait sim-
plement elltollré d'llne redollte pour le pro-
téger du coté (le la tl~rre. J\1ais la l'eJoute, lle
joignant pas les deux hords de la mer, ne
présentait pas un ollvrage fermé, et a~s()ciait
le sort dll fórt a celui d'un simple ouvrage de
campagne. Les Turcs en effct débarqllérent
avec beaucoup de hardiesse, abo1'derent les
retranchements le sabrc au poing, les enleve-
rent, et s'empa1'erent du village el' Aboukir,
dont ils égorgerent la garnison. Le v ¡!lage pri~,
le fo1't ne pOllvait guere tenit', el fllt obligé
(le se rendre. JVfarmont, eomm:mdant a Alexan-
drie, en élait so1'ti a la léle de douze cents
hommes, ponl' cou1'ir an SeCOllI'S lles t1'oupes
cl'Aboukir. Mais, apprenant que lesTmcs étaient
débanlués en llombre considérable, 11 11'osa
pas tenter de les jeter ~ la mer par une atta-
que hardic. n nmtra dans Alcxallrlric, et les
laissa s'étaLlir tranqnillcment dans la prcsqu'ile
d'Aboukir.


Les Turcs étaient a peu prés dix-llIIit mille
hommes rl'illfallte1'ie. Ce n'étaient pas de' ces
misérables felbhs qui composaicnt l'illf;mterie
des J\Iamclnks; c'étail~llt de braves janissaires,
portant 1In fnsil sans ba'iormette', le rejdant
ell baIldolllit~re sur lellr dos guand ils avaiellt




DII1ECTOIRE (1799). 415
bit feu, puis s\:~lan<;allt sur l'ennemi le pis-
tolet et le sabre a la main. Ils avaient une ar-
tillerie nombrellse ct bien servie; et ils étaient
dirigés par des officiers :\nglai5. Ils manquaient
de cavalerie, car ils avaien t a peine amené troi5
cents chevanx; mais ils attendaient l'arrivée
de Mourad-Bey, qui devait cluitter la Haute-
Égyptc, Jongcr le désert, traverser les oasis, et
venir se jeter a Aboukir avcc deux a trois milIe
Mameluks.


Quand Bonaparte apprit les détails du dé-
barqucmcnt, il quitta le Cairc 5ur-le-champ,
et fit du Caire ~l Alexandrie une de ces mar-
ches extraordinaire5 dont ii avait donné tant
d'exemples en ltalie. Il emmenait avec lui les
divisions Lannes, Bon et J\Iurat. Ji avait 01'-
donné ~l Desaix d' évacner la Haute-Égypte, a
Klóbe¡' pt Hégniel', qui étaient dans le Delta,
d(~ se rapprochcl' d'Aboukir. Il avait choisi le
point de Birket, illtermédiairc entre Alexandrie
et Abollkir, ponr y concentrer ses forees, et
manrenvrer suivant les cireonstances. Il crai-
gnalt qll'une arméc anglaisc ne fUt débarquée
avcc l'armée turque.


Mouracl-Rey, suivant le plan convenu avec
J\lllstapha - Pacha, avait essayé de deset'ndre
clans la nasse-l~:gypte; mais reneolltré, battu
par MlInt, il avait l:l~; obligé de regagner le




:1 16 n~;VOL(JTION l"HANC,\ ISr..
désert. Il ne restait a combattre que l'arméc
turquc, privée de cavalerie, mais campée der-
riere des retranchemcnts, et disposée á y l'é-
sister avec son opiniatreté accoutumée. Bo-
na parte , apres avoir jeté un coup d'ceil sur
Alexandrie, et sur les beallX travaux exÉ'cuh;s
par le colonel Crétin, apres avoi" rt"primalHlé
son lieutenant Marmont, qui n'avait pas osé
altaquer les Turcs au moment dn débarqne-
ment, quitta Alexandrie le G thermidor ( 24
juillet ). Il était le lendemain 7 a ]'entrée de
la presqu'ile. Son projet était d'aborrl d'en·
fermer l'armée turque par des retranchement5,
et d'attenclre, pou!' attaquer, l'arrivée de toute5
ses divisions, cal' il n'avait SOllS la main qne
les divisions Lannes, Bon et Murat, environ
six mille hommcs. Mais a l~ vue des disposi-
tions faite S par les Turcs, ii changca d'avis, et
résolut de les attaquer sur-le-champ, espéraIlt
les renfermer dan s le village d'Aboukir, et les
accabler d'obus et de bombes.


Les Tnres oeeupaient le fond de la pres-
qu'ile, qui est fort étroite. Ils étaient couvel'ts
par deux lignes de retranehements. A une
demi-lieue en avant dll village d'Aboukir, oú
était lcur eamp, ils avaient occupé clellx ma·
melons de sables, appuyant l'un a la mer,
l'autre an lae de ::';ladieh, et formant ainsi lenr




DIRECIOlHE (1799).
druite et leur gaut~he. Au centre de ces dellX
mamelolls était un Yillage, qu'ils gardaielll
aussi. lb avaient tuil!e homllles au mamelon de
<Imite, deux llliJle ú celui de gauche, et trois
á quatre mille llOmllles dalls le villagc. Telle
étClit leur premit"re ligue. La seconde était au
village meme d'\.lJOukir. Elle se composait de
la rcdulJte constrLlite par les Franyais, et se
jojgnait ;1 la mer par deux boyaux. [[s avaicnt
placé b. leur camp priucipal et !(~ gros de lcurs
forces.


Bonaparte fit ses <lispositions avec sa promp-
titllde et sa précisioll accoutumées. Il orclonna
au général Dcstaing de marcher avec quelques
bataillons sur le mameloll de gauc}¡e, oú
étaienl les mille Turcs; a Lannes, de marcher
sur le rnameloll de droite, ou étaient les deux
mille autres, et a :l\Iurat, qui était au centre,
de faire filer la cavalerie sur les dcrrieres des
deux mamelOllS. Ce~ dispositions SOllt exéCll-
tées avec UIlC graude précision : Destaing
marche sur le mamelon ele gauchc, et le gra-
vit hardiment; :Murat le fait tourner par un
escadron. Les Turcs, a eette vue, abandon-
11ent leur poste, rencoutrent la cavalerie qlli
les sabre, et les pousse dans la mer, oú ils ai-
men! miellx se jelel' quc de se remIre. Vers la
droj te, la IlH~rne 0pc'rat iOIl s 'cxéclI le. Lallnes
.~
,




418 RÉVOLUTrON J.'P.ANyATST'.
aborde le!'. deux mille l\lamclllk!'.; Murat k~
lourne; ils SOllt {~galement sabr{,!'. <'t jctés d:H1~
la mero Destaing et Lannes se portent CllSlli!c
vers le centre, formé par un village, el: I'atta-
'lllent de front. Le!'. TUfes !'.'y défendent bra-
vement, comptant sllr UlI secours de la secolldp
ligne. Une colonue, en eEEet, se détache dll
camp d'Ahonkir; mais J\10rat, qoi a c1éjú fiV,
snr le derrierc dll village, sabre eette colonne.
et la repousse dans Aboukir. L'infanterie dI'
nestaing et celle de Lannes entrent au pa!'. de
charge dans le village, en ehassent les Tures,
qu'on pOlls!'.e dans tontes le!'. directiolls, d
qui s'obstinallt toujours a ne pas se remIre,
n'ont pour retraite que la mer ou ils se noieut.


Déja quatre a cinq mille avaient péri de eette
maniere; la premiere ligne f>tait emporlóe; le
hut de Bonaparte était rempli, et il pouvait,
resserrant les Tllrcs dans Abou"ir, les bOnJ-
baropr, en attendant I'arrid'p de Kléher eL de
Régnier. l\Iais iI vellt profiter ele son succes,
et achever sa victoire a l'instant nH~me. A pres
avoir laissé reprendre haleine a ses troupes,
il marche sur la seconde ligne. La divisioll
Lanusse, restée en réserve, appuic Lan I1('S et
Destaing. La redoute qui couvrait Abollkir
était difficilc a emportcr; elle rcnfcrmait neld·
:. dix mille Tnres. Vers la droile. uu boyal! In




DJHECTOInE (J 799)'
]OIgnait a la mer; vers la gauche, un autrp
hoyan la prolollgeait, mais ::ians joindre tUllt-
a-faít le lac Macli('h. L'espace uuvert était oc-
cupé par l'crm('mi, et balayé par de nombreuses
canollnier('s. Bonaparte, habitué a porter ses
soldats sllr les plus formidables obstacles, les
dirige sur la positioll cnnernÍc. Ses cliYisions
d'infantcrie marchent sur le front et la droitp
de la redoute. La cavalerie, cach0e dans [!JI
bois de palmiers, doit l'attaquer par la gallche,
et traverser, SOtlS le fen des canonnitTeS,
l'espace laiss(~ Ol/vert entre la. redoute et le lac
Maclieh. La charge s'exécllte; Lannes et Dcs-
taing poussent lenr brave infmterie ell avant;
la 3?e marche l'armc au oras sur les rctran-
chements, la I8e les tourne par l'extreme
droite. L'ennemi, salls les attendre, s'avance
a leur reneontre. Ou se joint corps a corps.
Les soldats tures, arres avoir tiré leur coup
de fusil et leurs deux coups de pistolet, font
étinceler leuI' sabre. Ils veuJent saisir If>S ba'iolL
nettes avec leurs rnains; mctis ils les ret;{oivent
dans les flanes, avant d'avoir pn les saisir. On
s'égorge ainsi sur les retranchements. Déja la
1 se est pres d'arriver dans la reeJoute, mais
un fell terrible d'artíllerie la repousse et la
nmPlleau picd des ouvrages. Le brave Leturcq
C'st llH" glorieusement PI1 yonlant se retirer le'




11'20 RÉVOUlTlON t'I'lAN<;.It.ISF.


dernier; Fllgit~res penl un bras. :1\1lIrat, de
SOl! coté, s'était avancé ayec sa cavalerie, pOllr
franchir l'espace compris entre la redollte et
le Iac l\Iadieh. }lIusieurs foís iI s' était l'l:lIld~, el
avait refoulé l'ennemi; mais, pris (~lIlre les fel1x
de la rcdoute et des canollllieres, il avait étl'
obligé de se reployer ell arrién'.Qll ['1({tI eS-UDS de
ses cavaliers s'étaient J1ll:mc avallcés jllsc¡n'allx
fossés de la redollte; les efforts de tant de bl':IVCS
paraissaient dcvoir etre impuissants. Bonaparle
contemplait ce carnage, attendant le moment
favorable pour revenir a la clIarge. Henrcuse-
ment les Tllrcs, suivallt lellr lIsage, sortenl
des retranchements pour venir coupn les tetes
des morts. BOllaparte saisit cet instant, lance
dellx bataillons, l'un ele la 22 e, l'alltre de la
6ge , qni marchent sur les rctranchements el
s'en emparento A la droite, la IS" profite aussi
de r occasion, et entre dans la reduule. J\I1IJ'al,
de S01l cOté) ordollue UIle llouvclle chargc.
L'IIIl de ses escadrons tr3\'erse eet espace si
redoutable quí regne entre les retranchenwnts
et le lae, el péllt~tre clans le village d'Aboukir.
Alors les Turcs effrayés fuient de ImItes parts;
on en fait un carnage éPOlI":Jlltahle. Ou les
pousse la baloHnctte dans lPs reins, et OH les
précípite dans la mero J\Iurat, a la tele de St·s
c<l\'alicrs, péIH~tre dans lf~ camp de :;\'lllsl;¡pha-




DlUECTOIllE (J 79~))' !¡ :.>.1
Paella. Cellli-ci, saísi de dl~Sespoil', pl'ClH] UII
pistolct, et le tire sU!' Mlll'at qll'il blesse lége-
J'(~meBt, Murat llli cOllpe deux doigts d'un coup
de sabre, et l'envoie prisonn{er a Ronaparte.
Les Tllrcs qni ne sout ni tuÉ's ni I10yés se re-
tirent dans le fort d'Abol1kir,


Plus de douzc mille cadavres flottaicnt sur
l:ette mer d'Aboukir, qui naguere avait ét(~
C()II\'l'rt(~ des eorps de nos marins: deux 011
t1'ois mille avaient pÓ'i par le feu OH le fer.
Les allt1'es, ellfermés dans le fo1't, ll'avaient
plus d'aut1'e re~source que la c1émence dn
vaillquPlfJ'. Telle est celte extraordinaire ha-
taille, ou, pOllr la premie1'e foís pellt- etre,
dans l'histoire de la gllcrre , I'armée ennemie
fut détrllite tOlft entiere. e'est '!<lIIS eeUe oc-
casion que Kléber, arrivant a la fin du jour,
saisit 130llaparte au Illilieu du corps, et s'écria:
Général, vous étes grand comme le monde.


AillSi, soit par J'expi'clition de Syrie, soit
par la bataillc d'Aooukir, rÉgypte était déli-
vréc, da moins momentaIlément, des forces
de la Porte. La situation de l'armée fraw;,aise
pOllvait etre regardée comme assez rassurante.
Apres toutt~s IC's pertes qu'elle avait faites, elle
comptait \ingt-ciIHI mil1c homrncs environ,
lllais les plus braves et les miel1x commandés
de fUllivers. Cha({llt~ jour devait la fai"e mieux




.(p2 HÉVOLUTlON J:'llAN(,iA1Slé.
sympathiscl' avec les habitants, et cousC,llidcl'
son établissement. Bonaparte y était de¡mis un
an: arrivé en été avaut l'inondatiolJ., iI avait
employé les prcmicrs lllomcnts,;l s' emparer
d'Alexanorie et de la capitale, ee qu'il avait
obteull par la b;1.taille oes Pyramides. Apres
l'iHonda lion, et e11 au tomne, iI avait achevé la
cOfHluete dll Delta, et confié á JJesaix la C011-
que te de la Haute - Égypte. EI1 hiver, il avait
tenté l'expéditioll de Syrie, et dl~truit l'arméc
turque de Djezzar au mont Thabor. Il venait,
en été, de détrnire la seconde armt~e de la
Porte;\ Aboul<ir. Le temps av;¡it done étó anssi
bien employé que possible; el laudís que la
victoire abandoHllait en EUI'ope les drapeaux
de la France, elle leur rcslait íi(lcle en AfrirplC
et en Asie, Les trois coulel!rs flottaient triom-
phantes sur le Nil et le JOllrdain, sur les
lieux mernes J'oú cst partic la religioJl du
Christ.


Bonaparte ígllorait eucore ce (luí se passait
en France; aucune des dépeches du directo ir e
ni de ses freres !le lui était arrivée: il était
dévoré d'inquiétude. Pour tacher d'obtcnir
quelqucs nouvelles , il fai~;ait croiser des Lricks
;1Y<,C ordl'c d'arn;tcl' les vai:,seaux tI(' comrncrce,
et de s'irlstruire par cux des ('·\'érh;l1l!'uts qui se
passaient en Europe. H envoya un parlellll'll-




l)lll ECTOIRE (l799).
la/l'(; ;t la tloltc tllrqtle, qui, sous le prélexlc
de uégocier uu échangc de prisoIlniers, devait
lacher d'obtellir quelques nouvelles. Siducy-
Smilh aITeta ce parlementaire, l'accueillit fort
bieu, el voyalll que B¡:maparte ignorait les
désastres de la FraIlee, se fit uu malin pbisir
tIe lui JouIler Hll paquet de tous les jOllrnallx.
Le parlclllelltaire revint, et relllit le paquet ~I
lJonaparte. Cellli-c1 passa une lluit entiere a
Jévorer ccs fellillcs, et a s'instruire (le 'tollt ce
l/ui se passait dans sa patrie. Sur-le-champ sa
détcrminatioIl fut prise : il résolut de s'embar-
(fucr secrett'mcut pULIr l'Europe, et d'essayer
la traverséc, au risque d'¿lrc saisi en route
par les flottes allglaises. U mallda le contrc-
amiral CallLheaumc, et lui engoigllit de mettre
les frégates le iUuiron et La, Carrere en élat de


e ~


faire vode. H ne 6t part de son projet a per-
SOIllW, courllt au Cai!'(~ pour faire toutes ses
Jispositions, rédigea une longue iustructioll
pou!" Kléber, aue¡ ud il vunlait laiSSCl' le com-
mandcmcnt de l'armée, et repartit aussitút
apres pour Alexamlrie.


Le :J fructidor (·22 aout), emmenant avec lnÍ
DCl'thier, Lalllles, Murat, Amlréossy, l'IIar-
JI]ont, Ih'rlhollet et Mouge, il se rcndit, es-
c()r/(; dc qllclques-ulls de ses guidcs, sur une
plagc écartée. <.2llclcl ues cauuts élaiellt prépa-




1¡2'¡ R.ÉVOLlJTlOJ\' tHAN~;A.ISJ:.
rés; ils s'embarquercnt, et rnontercnt sur les
deux frégates le ¡'J;fuiron et la Carrere. Elles
étaient suivies d('s chebecks la RefJQllche et la
Fortune. A l'instant meme on mit :'t la voile,
pOllr n'étre plus au jour en vlle des croiseurs
anglais. J\hlhcurcusement UlI calme survint;
OH trembla d'élre sllrpris, (JI! vOldait rcntrer
á Alexandrie; Honaparte Ile le \'olllut paso --
«Soyez tran(l'lilles, dit-il, nOllS passerolls.Jl-
Comme César, il comptait sur la fortuue.


Ce n'était pas, cornme on I'a dit, lme Uche
désertion; cal' il laissait une :lrmée victoriellse,
pour al1¡~r bravcr des dalIgcrs de tout gen re ,
et, le plus horrible de tow;, celui d'aller por-
ter eles [('rs a Londres. C'était Hile de ces té-
mérités par lesqllelles les grands ambitieux
tentent le cíel, et auxqllc!!es ils doivenl ell-
suite cette eonfiance immeuse, qlli tour á tour
les éleve ct les précipite.


Tandis que eette grande destinée était com-
mise an basanl des veIlts Otl d'ulle rencontre,
la victoil'C revcn;¡it SOtlS nos drapeaux en Eu-
rope, et la répllblique sortait, par un sublime
effort , des périls anxque1s non s venolls de la
voir exposée. Masséna {~Iait tCJlIjours sur la li-
gue de la Limmat, difffrant le momellt cI(· re-
prendrc l'offensivc. L'al"lnée d'Jt;:die, aprcs
avoir perdll la hataille de No"i, s'était dispcr-




UlHFCTOIllE (1799)'
s(>e dalls l' A ppl1llin. Heureu~ement Sllwarow
ne profitait pa~ mieux de la victoire de Novi
qlW de celle de la Trebbia, et pcrdait dans le
Piémol1t un temps (pie la Fl'allee employaít en
pf(~parati[<;. Dans ce mornent, le conseil auli-
que, aussi pcu eOJlstant dans ses phms (lue
l'avait été le directoire, en imagina un fluí lIe
pouvait manquer de changer la faee des évé-
llcmcnts. Il {>tait jalollx de l'alltorité qlle Su-
wannv avaít voulu exercer en !talie, et avait
VII avec peine q1ll> ce général cut ('crit au roi
de SanLtigne pour le rappeler (bns ses états.
Lp cOll~('iI ;t1di([I1C avait des viles sur le Pié-
mOllt, pt tellait ilCll pcarter le "¡{'lIX marpchal.
De plus, il régnait pen d'acconl entl'e les
Husses l't les Autrichiells, et ces raisolls ré-
unies déciderent le conseil allligue a ehanger
entii>remellt la distribution des troupes sur la
lignc t!'opér;¡tion. Les Husscs É'taient mélés
aux Autrichiens sllr les dcux Ihéiltres de la
gucrre. Korsako[[' opér;¡it en Suisse avee I'ar-
chidllC Charles, et Suwarow avee {,Iélas en Ita·
lie. Le eonseil anliqne imagina de transporter
l'archiduc Charles sur le Hhin, et Su\varmv en
Stlisse. De cette lllauiére les dellX :1rmées l'US-
ses dt'vaiellt agir tOlltes dellx el1 SlIis~:e. Les
.\Iltrichiells devaieut aeir seuls su!' le Rhill;


L'


ils devaiclIt aussi ;¡gll' seuls en Italie, oú ils




42G HÉVOLUTION FRAN(,:A.ISE.
allaient etre biellt6t rcnforcés par une lJOU-
vclle armée, destinée a remplil' le vide laissé
par Suwarow. Le comeil alllique donna pOllr
raison de ce changcment, q u'il fallait faire
combattre ensemble les troupcs de chaque na-
tion; que les Russcs trouveraient en Suisse llUC
tClIlpérature plus allalogue a leur clirnat, et
L{ue le mouvclllent de l'archiduc Charles sur
le B.hin seconderait l'expéditioll de lIollande.
L'}tngleterre ne pouvait manquer d'approuver
ce plan, car elle espérait bcaucoll p, pour l' ex-
pédition de Hollande, de la présence de l'ar-
chiduc Charles sur le Rhin, et elle n'était pas
H\chée que les Russes, cntrés déjá a Corfou,
et ayant le projet de s'emparel' de Malte, fus-
sent écartés de Genes.


Ce revil'ement, exécuté en présence de Mas-
séna, était excessivement dangereux, el d'aiL-
leurs iL transportait les ltusses sur un théatre
qui ne lcur convenait pas du tout. Ces soldats,
habitués á charger en plaille et á la LarOllllette,
ne savaient pas tirer UIl coup de fusil; el ce
qu'íl {aut par-dessus tout dans les illoutagllcs,
ce sont d'habiles tirailleurs. Le conseil ~HlLiqlle
q lIi, sui vant l' esprit des cahillets, faisai t pas-
ser les raisons politiques avallt les raisons mi-
litairc:" dd'clHlit á ses géllérallx de faire 1111(;
,cuic oLjectiuu, et ul'llollna la rigoureuse exé-




DlH.ECTUlltE (179<))'
cutiun de ce plan, pour les derniers ]OllI'S
d'aoút (milieu de fructidor).


On a déjil. décl'it la configuratíon du théatre
de la gllerre, et la dístriLntion des armées sur
ce théatre *. Les eaux partant des Grandes-Al-
pes, et tantot coulant eH forme de {leuves,
tautot s~journant cn forme de la(;s, préscu-
taient diff(''/'cntes ligues inscrites les unes dans
les autres , commelH;:allt a droite contre une
grande ehaille de montagnes, et allant finir a
gallche, clans le grand f1euve tlui sépare l'Alle-
magne de la Frauce. Les deux principales
úaícllt cclles dn !tilín el de la Limm:.lt. Masséna,
oLligé d'abandoIlIlcr eelle du Rhill, s'était re-
plié sur eelle de la Lil1lmat. Il avait I1ll;me été
obligé de se retirer un peu en al'riere de celle-
ci, et de s'appuyer sur l' Albis. La ligne de
la Limmat n'en séparait pas llloins les deux
i!l'mées. Cette ligne se eomposait de la Lint,


* <'¿UdqllC ,oin <¡ue jc mctte a mc l'cndl'c clair, jc n'cs-
pe re pas [aire comprcndl'c les événelllcnts (1'1i yont slIi-
Vl'e, si le lccteul' n'a pas sous les Y'cux IInc carte, queliruc
illcompletc IJu'ellc ;,oit. Cependant ces événements sont si
extraordinaircs, d on t décidé d'llnc maniere si positivc le
salut oc la Frallcc, que jc les c!'ois dignes d'étre cOlllpris,
et quc j'ellgag(~ le Icctcur i, eonsulter une ca rte. La plus
mauvaisc carte de Sllissc sera encare sullisalltc pour sai-
,ir I'cllscmJ¡!e des 0l'("raliolls.




!j '2 8 n.ÉVOLlJTION F J\AN(,~AISJ:.
qui nnlt contre les Grandes - Alpes, dalls le
canton ele ClarÍs, et Sf' jette ensuite dans le }ac
de Znrich; du ¡ac de Znrich; de la Limmat ,
qui sort de ce ¡ac á Zurich IlH~me, et va se jetel'
cnfin dans LAar pres de Br'Uclc L'archidllc
Charles était derriére b Limmat, de Brllck a
Zurich. Korsakoff <'taÍt dcrriáe k bc de Zu-
rÍch, attendant qn'oll lui assignM sa position.
Hotze gardait la Lint.


O'apres le plan convenll, l'archiduc, destiné
aH nhin, de\'ait étre remplacé derriere la Lim-
rnat par Korsakoff. Hotzc devait res ter sur la
Lint, avec le corps autrichien dn Voralherg,
afin de donner la main ;'1 Suwarow, arrivallt
d'Ttalie. La question était de savoÍr quelle
route 011 feraít prellclre a Suwarow. 1I avait á
franchir les monts, et pOHvait suivre ¡'une ou
l'autre des ¡ignes qni coupent la Suisse. S'il
préférait p(~nétrer par la vaHée <In Hhin, il POII-
vait, en traversant le SpJngen, se rendre par
Coire sur le Hhill-Supérieur, et faire lá sajoIlc-
tion ;1vec ITolzc. OIl avait calculé qu'il pourrait
etre arrivé vers le 25 scptembre (3 vendé-
miaire an VIH). Ce mOllvemcut ayait l'avan-
tage de s'opérer loin des Fl'al1(;aÍs, hors de
leur portée, et de ne dépelldre ainsi d'allcull
accidento Snwarow pouvait égalemcllt prplldre
1I11e aurre rOlln~, et au liea ele suivre la liglle




DI 11 F.CTO TltE (1 799)' I¡ 2~)
dllRhil1, cutrer par le Saint-Cothard, (!ans la
\allée de la Heuss, el déboll eller par Sch ,yj lz
dcrriere la ligne de la Lint, occupée par les
Fraw:;ais. Cette marche ayait l'avantage de le
porter sur le revers ele la Egne ennemic; mais
il bllait traverscr le Snilll-Cothard occllpé par
Lecourbe; iJ fitllait préparer un mouvement
de Hotze all-deJú de la Lint, pOllr qu'il vlllt
temlre la main a l'armóe arrivant du Sailll-
Gothard; il fallait, pOII1' seconde!' ce mO!lVC-
ment, une attaquc sur la Limmat; il fallait
cn un mot 1IIle op(:ratÍoll gótlórale sur tOllte
la ligue, et \lll a-propos, une précision diffi-
ciles a obtenir, q uand OH agit a de si graneles
distances, el en détachernents aussi llombreux.
Ce plan, que les Russes rejettent sur les Au-
trichicns, ct les Alltrich ¡ens sur les B.usses,
1'ut néanmoins prt'Jéré. En conséquence une
atfaque géllérale fut prescrite sur toute la li-
gne, pOllr les dCl'lIiel's jours de septembre. Aa
momcnt (jil SlIwarow débouchcrait du Saillt-
Gothanl dans la valléc de la Reuss, Korsakoff
devait attaquer au-dessons du lae de ZurÍch,
c'est-it-dire ie long de la Limmat, et Hotzc au-
desslls du lae, le long de la Lint. DellX des
lientenants de JIotze, Linkell et Jellacbich,
devaient péJlétrer dans le can ~Oll de Glaris,
juselu'~1 Schwitz, el dOlllwr la maill a Suwarow.




430 nJ:VOLUTW'" FRANC;"USF.
La jonction générale une foís opérée, les ¡r(¡lI-
pes réunies en Suísse allaient s'élcv('r a qllalr('-
vingt miUc homm('s. Smvarow arrivait avec
dix-huit millc; Hotzc en avait vingt-cinq, Kor-
sa]wff trente. Ce demier ~lYait en rés('rve le
corps de COlldé, et quelqnes milte Bavarois.
~fais avant la jOllction, trente mille 50115 Kor-
sakoff, et vingt-cinq millc sous Hotze, c'est-<1-
dire cillquante,cinq mil!e, se trO\1 vaient expos('s
aux coups de toute l'arméc de Masséna.


Le moment, en effet, oú l'archiduc Charles
quittait la Limmat, et oú Suwarow n'avait pas
encare passé les Alpes, était trop favorable
pour que .l\Tasséna l1e le saislt pas, et l1e sort1t
point enfln de l'inaetion qu'on ]uí avait tant
reprochée. Son armée avait été portée a
soixante-quil1ze mille hommes environ, par
les renforts qu'elle avait rcc;us; mais elle devait
s'étcndre du Saint-Gotharcl a BaJe, ligue ;m-
mensc a couvrír. Lccourbe, formant sa droite,
et ayant Cudín ct Molitor sous ses ordres,
garclait le Saínt-Gothard, la vallée de la RCllSS
et la Haute-Línt, ave e douze ou treize mille
hommes. Soult, avec dix mille, occupait la
Liut jusqu'a son embouchure dans le be de
Znrich. Masséna, avec les divisions l\Iortier.
Klein, Lorge ct Jlesnanl, formant llB total
de trente-sept mille hammes, étaÍt dc\'ant la




Limmat, de Zurich á Bntc1e La division Thu-
r('au, forte ele neuf millc hommes, et la elivi-
sion Chabran de huit, gardaient I'une le Va-
bis, l'autrE' les environs de Bale.


Masséna, quoique inféricur en force s , avait
l'avantage de ponvoir réunir sa masse princi-
pale Sllr le point essentjel. Ainsi jI avait trente-
sept mille hommes devant la Limmat, qn'il
pOllvaitjeter sur Korsakoff. Celui-ci vcuait de
s'affaiblir de quatl'e mille hornmes, envoyés
en renfort a Hotze, par derriere le Jae de Zu-
rieh, ce qui le réduisait h vingt-six mille. Le
corps de Condé et les Ravarois, qui devaient
lni servir de réserve, étaient encare fort en
arriere a Schaffouse. Masséna pouvait done
lancer trente-sept mille hommes contre vingt-
six-mille. Korsakoff battu, il ponvait se rejeter
sur Hotze, I't apres les avoir tons denx mis en
déroute, pcut-etre détruits, accabler Suwa-
row, qlli arrivait en Suisse ave e l'espoir d'y
trouver un ennemi vainen, ou du moins con-
tenll dans sa ligne.


Masséna, averti des projets des ennemis,
elevan<;a d'un jour son attaque générale, et la
fixa pour le 3 vendémiaire (25 septe,mbre , 799)-
Depuis qu'il était retiré SUI' I'Albis, a quelques
pas en arriere de la Limmat, le cours ele cette
riviére appartenait ~l l'ennemi. n fallait le lui




/'Illever par un passage : c'est ce qn'il se pr()-
posa d'eX(~cllter avec ses trcllte-scpt llliJle
hommes. Tandis qu'il aJ!ait opérer au-dessolls
Ju Iae de Zurich, il chargea Soultd'opérer all-
desstls, et de franchir la Lillt le l1léme jour.
Les militaircs out adressó UIl reproche i\ :\las-
séna: il Callait, disl'lll-ils, plulól allirer Suwa-
l"OW eH Snisse que l'en éloigner : si dOlle, all
líen de laisser LecollrLe se battre illutilelllent
au Saiut-Gothard coutre Snwarow, J\1assélla
l'eút réuni a Soult, il aurait Mé plus assurl~
d'accabler IIotze, et de franchir la Líll t. A II
reste, comme le résilltat obtcllu fut allssi
granel qll'OIl pOllvait le sOllltaiter, 011 u'a fait
ce reproche a J\Iasséna que dans l'illtéret rigoll-
reux eles príncipes.


La Limmat sort dn lac de Zl1rich ~ Zurich
llH~l11e, el coupe la ville en clellx partics. COll-
fürmément an plan COIlVClIU avcc Jlotze et
Suwarow, Kürsakoff se disposait ¿'¡ attaqller
l\Iassélla, et pOllr cela il avait porté la lllasse
de ses furces dalls la partie de Zurich qui est
en avant de la Limmat. Il n'avait laissé que
trois bataillons a Closter-Fahr, pour gardcr 11ll
poillt oú la Limrnat est plus accessihle: jI
avait dirig(~ Durasof ave e une dívisioIl pres
de l'em]HJlIchllre de la Lilllmat dans l'Aar,
pour veill"r de Cf' coté: mais sa masse, f(lrtt'




DIPcFCT,JlnJ, (í7:)~¡'. I¡n
dI' díx-huit mille hommcs flll moills, était ell
a\'3llt de la riviere, en sitllatioll offensive.


J[asséna basa SOll plan sur cet état de cho-
ses. II résoLut de masCluer vlutót Clue d'atta.-
qucr le point de ZlIl'ich, Ol! Korsakoff avait
massé SPS forces; pllis, avec une portior: con-
sidérable de ses troupes, de ten ter le passage
de ¡¡¡Limma! ;'t Closler-Fallr, point faibtement
défcnt!n. Le passage opél'é, il voulait que
eette division remoutút la Limmat sllr la I'ive
oppos?e, et vlnt se placer sur IcS derrÍere;; de
Zllrich. AloJ's il se proposait d'attacluer 1\..or-
sakoff SlII' les dClIx riH's, et de le tenir enfer-
mé dallS Zurich mellle. Des eOllséqucuces im-
mC!Jses pouvaient résulter de cette dispositioll.


:?Ilorticr avec sa division, qni étaít fortc de
llllit mille hommes, ct occupaít la droitc de
ce champ de bataille, fut dirigé sur Zuricll.
Elle devait cOllleuir d'abord, }mis attaqucl' la
masse rmse. Klein avec sa divisioll, qui était
forte de dix rníllf~ hOlllmes, devait ~tre placé
a Altstetten , entre le poiut de Zllrich et celui
de Closter-Fahl', oú 1'011 al/ait tenter le pas-
sage. Elle pouvait ainsi ou se porter devant
Zurich, et donne!' secours a J\'Iortier contre la
masse russe, OH courit, au point du passage,
s'il était nécessaire de le seconder. ectte divi-
sjoll rcnfcl'mait quatre Itlille gl'enadiers, et une




1, 'V, nÉVOLCTION "1l1\N<,,:\lSl:.
réscrve de 5uperbe cavalerie. La division Lor-
gcs, avec une pal'tie de la division Mesnard,
devait exécuter le passage a Closter·Fahr.
Qllinze mille hommes a peu pres formaient
cette masse. Le reste de la division .Mesnard
devait faire des démonstrations sur la Basse-
Limmat, pour tromper et reteuir Durasof.


Ces dispositions, qui out f;lÍt l'admirarion
de tons les critiques, furent mises a cxécntion
le :3 vendémiaire an VIII (25 septembre J 799),
a cinq heurcs du matin. Les apprets du pas-
sage avaient été faits pres da village de Die-
tilwn, avec un soin et HU secret extraordinai ..
res, Des barqlles avaient été tralnées abras,
et cachées dalls les bois. Des le matin, elles
étaicnt a flot, et les troupes étaient rang(~es
en silellce sur la rive. Le général Foy, illustré
depuis comme oratenr, commandait l'artillerie
a cette immortelle bataille. 11 disposa plrlsieurs
batteries de maniere a protégcr le passage.
Six cents hommes s'nmbarqnércllt harcliment,
et arrivcrent sur l'autrc rive. Sur-le-champ ils
fondirent sur les tirailleurs ennemis, et les
disperserent. KorsakoH avait mis la, sur le
platean de Closter-Fahr, 1TOis bataillons avec
du canon. Notfe artillerie, supérieurcment
dirigée, éteignit bientot les fellx de l'artillerie
n\.~~e, t't protége;¡ If' passage slIccessif de natre




! ') .'.~
'l ).)


tl\':llll-ganle. Lorsquc le général Cazall ellt
l'(~llni, aux six cents hommes qui avaient pass/o
ks prcmiel's, un reJlfort suffisant, il marcha
sur les trois bataillons russes qui gardaient
Closter-Fahr. Cellx-ci s'étaient Iogés dans un
lwis, el s'y défcnclircnt Dravemellt. Gazan les
eUVI'loppa, et fut obligé de tuer prcsq!le
j llsflll 'au dcrniel' hommc pour les déIoger. Ces
i!'Ois baLail10ns détmits, le pont fut jeté. Le
reste de la (livision Lorges et partie de la di-
\isiOtl Mesnard passerent la Limmat : c'étaient
,[uíu:l.e mille hommes portés au-dcla de la
riviél'e. La brigade l~ontemps fut placée a
i{egellsdorf, pour faire face a DUl'asof, s'il
\uulait remonter de la Basse-Limmat. Le gros
des troupes, clirigé par le chef d'état-major
Oudinot, remonta la Limmat, pour se porte¡'
o,m les derrieres de Zurich.


Cette partie de l'0pú'atioll achevée, .\Iassl·-
!la se reporta de sa pcrsol1llc sur l'alltl'C rive
de la Limmat, pour veillcr au mouvement de
ses aiIes. Vers la Basse-Limmat, Mesnard avait
si Lien trompé Dnrasof par ses démonstrations,
tple cellJi-ci s'était porté sur la rive , oú iI dé-
ployait tous ses feux. A la droite, J\Iortier
s'était avancp sur Zurich par W ollisllOfen;
mais iI y avait rencontré la rnasse de 1\.orsa-
'\Off, post(~c, COfllme O!l fa dit, en avant de 1'1




,'f3G IU~\'()IXnO:¡ Fll;"1'i(:AlSIL
Limmat, et avait été oblig(~ de se replier. Mas-
-;éna arrivant dans eet instant ébranla la divi-
sion Klein, gui élait a Altstetten. 1I 11mbert, a
la tete de ses ql1atre rnille grenadiers, marcha
Sllr Zurich, et rétablit le combat. l\Iortier re-
lIouvela ses attaques , el Oll parvint a renfer-
mer ai11si les Russes dans Zuri ch.


Pendant ce temps, Korsak()n~ chagriné d'en-
1 endre du canon sur ses derriéres, a vait rc-
porté quelques bataillolls au-lIela de la Lim-
mat; mais ces faíbles sccours avaient été in-
ntiles. Oudinot, avec ses quinze milIe hommes,
continuait a remonter la Limmat. Il avait en-
levé le petit camp placé a Hong, ainsi que les
hauteurs qui sont S[lr les derrieres de Zllrieh,
et s'était emparé de la grande route de Vinther-
thur, qui dOIme issue en Allemagne, et la
seule par laquelle les Russes pussent se rc-
tirer.


La jonrni'c était preS(llle acheyée, et d'im-
menses résultats étaient préparés pour le len-
demain. Les Russes étaient enfermés dans Zu-
rieh; Masséna avait porté par le passage a
Closter-Fahr quinze mille hommes sur leurs
derrieres, et plaeé dix-huit mille hommes oe-
vant eme n était difficile qu'il ne leul" fit pas
cssuyer un désastre. On a pensé qll'il aurait
dú. an lieu de laic;~er la divj~ion Klpin dnant




D1t\ECTlwn 1,1 Ylg:· 437
Zurich, la porter par Closter - Fahr, derriere
ceUe ville, de maniere a fermer tout-a-fait la
route de Vintherthur. Mais il craignait qlle
Mortier, restant avec huit mille hommes seu-
lement, Korsako[f ne lui passat sur le corps et
1Ie se jetat sur la Lint. JI est vrai que Korsakoff
aurait rencontré Sonlt et Lecourbe; mais iI
aurait pu rencontrel' aussi Suwarow, venant
d'Italic, et on ne sait ce qui serait arrivé de
celle singuliere combinaison.


Korsakoffs'élait enfi!l aper<.;u de sa position,
el avait porté ses trollpes dan s l'autre partie
dí' Zurich, en arrié'e de la Limmat. Durasof,
sur la Basse-Limmat, apprenant le passage,
s'était dérobé; et évitanl la brigade Bontemps,
par un détour, était vena regagner la routc
de Vinthcrthur. Le lcndcmain 4 vendémiaire
( 26 septembre), le combat devait etre achar-
lié, car les Russes voulaient se faire jour, el
les Fralll,'ais YOlllaient recueillir d'immenses
troph{~es. Le combat COl1lm(,i](,~a de honne
heure. La mallJellrell~e ville de Zll1'ich, cncorn-
brée (l'artilleric, d'équipages, de blessés, atta-
qllt~p de tous cótés, était cornme enveloppée de
fellx. De ce coté-ci de la Limmat, l\lortier et
Klein l'a\'aicllt aborcléc, et étaient pres d'y pé-
nÜTer. Au-dcla, Ouclinot la serrait par clerriere
d vOlllait fermer la rOllte;~ Korsakoff. CeHe




rOl/te de Vintherthur, thé;jJre d\m comhat
sanglant, avait été prise et reprise plusieurs
foís. Korsalwff, songe:-ltlt en fiIl a se retirer,
avait mis son illfall!erie ell t¡;te, sa cavaleric
au centre, son artilierie pi ses ér¡ui pagps a la
qneue. Il s'avancait ainsi formant Ulle long'lle


, L


co IOTllle. Sa brave illfanterie, chargeant avec
fnrie, renverse tout elevant elle, et s'ouvre uu
passage; mais quand elle a P;ISS(~ avcc UIle' par-
tie de la cavalerie, les Fran<;ais revienncnt ú
la charge, attaquent le reste de la cava1crie et
les bagages, et les refoulellt jnsqlL'aux portes
de Zurich. Au meme instant, Klein, l\Iorti('r
y entrent de leur cóté. On se ba1. dans les rues
L'illnstre et malheurcnx Lavater est frappé
sur la porte de sa maisoll d'llne halle par tlll
soldat suisse' ivre q ui luí mil son flJsil sur la
poitt'ine ponr avoirde J'argeI1l; il tomha alleillt
d\me blessure grave ;1 la cuisse dOllt il m01l-
rut quelq ues ll10is a preso Enriu, to,,!: ce (} I ¡;
é1ait resté dans Zllrich, est obligédc: mcttrc ba~ les
al'mes. Cellt picces de canOll, tons les baga'
ges, 1 es ac1ministrations, le trésor de l'arm(~c el
cinc¡ mille prisonniers, deviennent la proie cItes
Fran0ais. K-orsakoff avait eu en ontre lmit mille
hommes hors de combat, dans c('tte IllltC
acharnée. TI ui t et ci Ile¡ I'aisaient j rciz(~ mi 11(·
l,pmmes penhh, c'('st,i1-din' la llloiti¿, di' SII(l




V/HF.CTOIHE (1 í99)'
dClnée. Les grandes bataiHes d'Italie n'avaiellt
pas présenté des résultats plus extraordinaires.
Les cOlIséqllences pOll!' le reste de la campa··
gne ne devaient ras etre moins grandes que
les résullats matériels. KOI'sakoff, avec treize
mille hOlntlJeS au plus, se hata de regagnel'le
Rhin.


Pf>n<!ant ce tel1lps, Soult, chargé de passer
la Lint au-desslls du lac de Zllrich, exécutait
sa mission avec non moins de bonheur que le
général en chef. 11 avait exécuté le passage en-
tre Bilten d Hichenburg. Cent cinquante Lra-
ves, porlall t Jeur fllsil sur leur tete, avaient
trawrsé la l'iv iel'c a la nage, abordé sur l'au-
trc rive, balayé les til'ailleurs, et protégé le
débarquemellt de l'avant-garde. Hotzc, accou-
fU sllr-le-champ au líen du danger, était
tombé mort d'un coup de feu, ce qui avait
mi:; le désordl'c d·ans les rangs antrichiens.
Petrasc:h, Succ("dallt a Hotzc, avait en vain
cssayé de rejetel' dans la Lint les corp~ qui
avaient passé; il avait été obllgé de se replier,
et s'était retiré précipitamment sur Saint-Call
et le Hilin, en laissant trois mille pl'isonniers
et du canon. De leur coté, les généraux JeIla-
chich el Lillkeu, chargés de venir par la ITaute-
Lilll. dalls le callton de Glaris, recevoir Sll-
\Varow aJl débouché dlJ Saínt-Gothard, s'étaient




!j!¡(j 11l:\'ULU1'IO:V FHAl\f;,USL
r('\irés en ;1pprell:llIt tOllS ces d(~sastr('s, Aimi
pres de soixallte mille hommcs étaielltl'epOIIS-
sés déja de la ligne dc la Limmat, au-deLt d(~
celle du Rhin, et repolIssés apres des perles
immenses. Snwarow, quí croyait déboucllfT
eH Suisse dans le flanc d'un cnnemi alt;¡qué ele
tous cotés, et qui croyait décider sa déhtite en
arrivant, allait trollver au corrtraire tous ses
lieutcnants dispersés, et s'ellgager au milieu
d\me armée victorÍeuse de toutes parts.


Partí d'Italie avec dix-huit mille hommes, iI
était arrivé au pied du Saint - Golllare! If' cill-
quieme jour complémeutaire de ¡'¡ti I VIl ( ~>.J
septembre ). TI aV<1it été obligé de démollter
ses Cosaques ponr charger son arti Ilcrie sur le
dos de leu1'5 chevaux, 11 envoya Jt()se\1lb(~rg
avec 5ix mille lwmmes, pour tourner le Sailll-
Gothard par Disentís el le Crispalt. Arrivé 1('
I er vendémiail'e ( 23 septpmbre ) a Airo[o, ;'¡
I'entrée de la gorge dll S:1illt - Gothard, il )'
trollva Gudin avcc ulle des hrigadcs de la di-
\'ision Lccourbe, 11 se battit la aypc la dcr-
nipl'c opini;\rreté; mais S(~5 soldats, mallvai~,
tirenrs, ne saehant qu'avancer et se bire tller,
tombaient par pelotons SOIlS 1(:5 baIles et les
pierres, Il se décida ellfill a inqlliéter C;'udin
sur ses flanes. ('Í il rohligca ;¡illsi ~t cédcJ' !;¡
f"orge jllSqu';'¡ l'it<"pital. (~lldil1 , par sa I'(,~i~;




blltr.CTO!nt: \l¡~m;. f¡': r
t:mce, avait dOllué :\ Leconrbe le ternps <1;>
reeueillir ses troupes. Cellli - ei n'ayant gUl~rc
sous sa main qlle six mille hornmes ne POII-
vait résister a Suwarow qui arrivait avec (10117:('
mille, et a Rosemberg qui, transporté Mja :'t
Urseren, en avait six mille sur ses derrieres.
lljeta son artillerie dans la Heuss, gagna en-
sllile la rivc opposée en gravissant des roehen;
presqlJe jnaecessibles, et s'enfon<;,a dalls la
vallée. Arrivé all-oelit d'Urseren , ll'ayant
pllls Rosemberg sur ses derrieres, il rompit le
pont dll Diable, et tua une multitude de RlIs-
ses, avant qu'ils cussent franchi le précipice,
en descendant dan s le lit de la Hellss, et en re-
montant la rive opposée. Leconrbe avait flit
aillsi ulle rptraite pied a pipe!, profltant (]e
tous les obstacles ponr fatiguer et tuer un ~t
11/l les soldats de Suwarow.


L'artlH'e rllSSC arriva ainsi á Altorf, au fond
de la yallée de la Heuss, accablée ele fatigues, man-
qllanl devivres, et sillfndierr:-ll1ent affaiblie par
les perles qll'elle avait faites. A Allorf~ 1:1 Heusó:.
10mhe clans le lacde Luccrne. Si Hotze, sllivant
le plan convellll, avait pu faire arrivcr Jella-
chich et Linkell an - delá de la Lillt, jusqu':¡
Schwitz, il aUl'ait ellvoyé des bateaux pOlll' re-
cpyoir Sllwarow Ú j'embolicllllre de la RCllSS.
\Tai:; apl'(~s les (~v('II('mc¡¡ls <¡ni s'étaient passés,




~~:1 IulvOLllTlON 1:'l\A.l\:AI~L
SlIwarow He trouva pas une embarcation, et se
vit enfenné dans une vallée épOllvantahle. C'é·
tait le 4 vcndémiaire (?G septcrnbre), jour dn
désaslre général sur toutc la ¡igne. Il ne lni
restait el'autre ressourcc que de se jeter dalls
le Schachental, et de passer a tl'avcrs des rnon-
tagnes horribles, (lÚ il u'y ;1\ait allcnDe rOlllt~
traeée, pour péllélreJ' dans la vallée de .M uthen-
tha!' 11 se [Hit en route le lendcmaÍIl. Illlf: pou-
vait passer qu'un homme de front dalls le S(~Il­
ticr qu'on avait a suivre. L'armée mit deux
jours a faire cc trajet d(~qllelql1es licues. Le pl'c·
miel' hornmc étaitdéjil il .Multen, quc 1(: demier
n'avait pas CllCOI'C (luiué Altorf. Les prc'>cipiees
étaicltt COll"crts d'éqllipagcs, dn chcv:mx, de
soldats mourallt de tlim 011 de fatiglles. Arrivé
dans la vallée de ::\Iulhelllhal, Suwa!'Ow pOllvait
déboucbcr par Schwilz, l10n loin du lae de
ZlIl'lCh, Ol! blen remollter la vall(~(", et par le
13ragd se jeter sur la LínL. Mais do cútí': de
Scll\\ilz, ~1asséna arri\".1it avcc la diyislOll ::'1101'-
tier, el de i'autrc cúté ele .Dragd, était Molitol',
qui occupait le c1éfilt~ du K.locntbal, vers lrs
borcls de la Lint. Apres avoir dOllIlé deux jOlll'S
de repos a ses trol1pes, Suwarow se (It'~cida ;t
rétrogracler par le Bragel. Le 8 velldémiaire
( 30 seplembre ) il se mil en marche; l\Iasséna
l'attaquait en qtlCUC, tundis que de I'autre cúté




01 ltECTOIl\E (1799;· !¡ 43
du Bragel, l\Iolitor lui tenait tete au défilt': du
Klocnthal. Hosemberg résista bravement it
tontcs les attaqlles de Masséna; mais BagratioIl
fit de vaills efforts pour per.::er Molitor. 11 s'ou-
vrit la ronte de Glaris, mais lle put pereer eeHe
de \Vesen. Suwarow, arres avoirlivré des com-
bats sanglauts et meurtrÍers, couré de toutes
les routes, rejetó sU!' Glaris, n'avait d'antre
ressolll'ce quP de remonter la vallée d'Engi,
pOli!' se jeter dans celle du RIlin. J\Tais eette
rOllte t'tait cnc()!'e plus affreuse que eelle qu'il
rtvait parcounw. IL s'y déeida eependant, eL
;¡pl'eS ql1atrc jolll's d'efforts d de souffrances
Ínol!lcs, atlcigllit Coire el le nlJin. De ses dix-
huillllille IwnJlnes, il ell avait it peine sauvé dix
l1lille. Les caJavres ele ses soldats remplissaient
les Alpes. Ce barbare, prétendu invincible , se
retirait COl/vert de confusioll el plein de rage.
En (l',illze jours, plus de vingt mille Russes el
cinq ~l si\. :rúlle Autrichiens avaicnt succombt',.
Les annécs pretes ~l 1l0US cllvahir l~taicnt dlJ.:';-
sées de la SlIisse t't rejelées el! AlIemaglle. La
coalition était dissoutc, cal' SU\yarow, init (~
COlltre les Autrichicns, I1C voniait plus servir
avee eux. On peut dire que la Franee était
sauvee.


{: ¡vin; élcmelle ~l Masséna, qui Vl~lJaÍt d'exé-




cutel' l'une des plus beBes opérations dont l'llis-
10ire de la gllcrre fasse mcntion, et qui nou'i
avait sallvés dalls UIl lI10rnent plll': p{'rillellx yue
cellli de Valmy et Flcur\ls! 11 fant admirer les
batailles grandes par la cOllception Oll le résul-
tat ¡>oliti!lue; lIIais ilfaut cél(>brer surtout celles
'lui sauvent. On doit l'admiration aux unes et
la J'ecOTmaissance aux :mtrcs. Zll/'icb est le
plus hean fleu!'oll de lVfasséna; et il n'en existe
pas de plus beau dan s anCUBe couronne mili-
¡aire.


Pendant que ces évéuprnents si heu!'eux se
passaient eu Snisse, la victoire HOllS revenait
en Hollande. Brune, faiblcment pre~sé par
l'enllemi, avait en le temps de concentre!' ses
[orces, et ;¡ pres avoír battn les Anglo-Russes
it Kastrikull1, les avait: cnferrnés an Zyp, et
réduÍts á capituler. Les conditions étaicllt l'é-
vacuation de la HollaTllle, la restitlltioll de ce
qlli avait t'-té pris au Helder, el l'élargissClllent
sallS l~cj¡allge de lmil mille prisollnicrs. On au-
rait souh;1ité la restitutioll de la flotte hollan-
daisc, maís les A nglais s'y refusaient; et on
craignait, en !'ejetant la capitnlation, le mal
qu'ils pouvaient faire au pays.


Ainsi se termina eeHe mémorablc campagllc
de 1799. La républiqlw, cntrée trap lút en




aClioll, et cornmettant la fante de prendre
j'offensive, sans avoir aupal'avant concentré
SeS forces, avait été batlne a Stokach et Ma-
gm.no, et avait perdn aill5i par ces deux d{>-
faites L\.lIcmaglle et l'rtalie. Masséna, resté
selll en Suisse, formait un saillant dangereux
,'litre dplIx masses yictol'ieuses. 11 s'était l'cplié
sur JI' n J ¡iu, pnis sur Ja Lil1lmat, et e¡¡{JB sur
¡'Alhis. La, il s'était relldu inaLtaquable dnr:wt
qnatre mois. Pemlant ce temps, l'armée de
Naples, ttlchant de se rélwir a l'armée de la
f[;¡lltt~ -Italie, avait été baltlle :\ la Trehbia.
Réllllie plus tanl ;'t cetle armée par del'riere
l'Apenllin, ralliée et rellforct>e, elle avait pel'du
,.OH gélléral it Novi, avait été battlle de 110U-
Veall , et avait définitivement pel'du l'Italie.
VApennin était meme envahi et le Val' l1Ie-
llacé. Mais la avait été le terme de nos malheurs.
:.a coalition, revirant ses forces, avait porté
j'archiduc Charles sur le Rbin, et Snwarow en
Suisse. Masséna, saisissant ce moment, avait
détruit Korsakoff privé de l'archiduc, et mis
en fuite Suwarow privé de Koraskoff. II avait
"insi réparé nos malheurs par une immortelle
\'ictoire. En Orient, de beaux triomphes avaient
! erminé la campagne. Mais, il faut le dire, si
I'es grands exploits avaient soutenu la répu-




I¡!i(i nÉVOLUTION I.'RA"~:\ISF..
blique prete it succomber, s'ils lui avaient renelu
quelque gloire, ils ne lui avaicnt renclu ni sa
gr;\ndeur ni sa puissanee. La Franee était sau-
vée, mais elle n'était que sauvéc; elle n'avait
point encore recouvré son rang, et elle eourait
¡neme des dangers sur le Varo




CHAPITRE VIII.


¡¡¡'tour de llonaparte; son dé,bal''1ucment á Fn"jll'i; e11-
thollsiasllH' qu'i[ inspire. - Agitation de Lons les partis
i¡ son arrivée. - Il se coalise avec Sievcs pon!' I'enver-
ser la constitutioll direcloriale. - Pn"paratifs et jour-
née du 18 brumaire. - Rcnversement de la constitu-
tion de ['an nI; institution un consulat provisoire. -
Fin de eette histoire.


LES nonvelles de la hataille de Zurich et de
la capitulation des A nglo-R usses se succéderent
presque immédiatement, et rassurerent les illla-
gjnations épouvantées. C'était la premiere fois
que ces Husses si odieux étaient battus, et ils
l'étaient si complétemellt, que la satisfaction
devaiUhre profollde. lVIais ¡'ltalie était toujours
perdlle, le Var était Ulenad~, la frontiere du




:lIiclieu p(~ril. Lesgralllleurs deCtrnpo-Fül'mio
ne nOlls étaient pas rcnc!ucs. Un reste, les P!~­
rils les plus granels n'étaicnt pas au dellOl's,
mais an dcclans. Lu g"ollvt:'rnemPllt déson~"anisé,
L~ \."


dt'S partis ingouv(~rllables, (lui ne nllllaient
pas Sllbir l'alltol'itl:, et qui n'étaient ce¡wnrlant
plu6 as~ez forts P()III' s'ell eltlpal'er; partout
ulle espócc ele dís~olttt;OIl sociale, el le brigall-
dage, signe de cette clissollltioll, ill[estaut les
grandes routes, sllrtout dans les provinces dé-
chirées autrefois par ía guerrc civiJe; tene ét~tit
la situatían de la réplILliqlle. rJn l'('~llit de
qnelr¡nes lllois étant assur(~ par la victoire de
ZL1rich, c'était muilts d'Ull défcnsellr qu'on
manqllait daus le moment, que el'UII chef (llti
s'empal'i'tt des renes d" gOllvel'[JcmenL La rnasse
entiere de la population YOlllait á tout prix dtl
repos, de I'ordre, la fin des disputes, l'uuité
des volontés, Elle avait peur des jacobins, des
émigrés, des choualls, d(~ tOtlS les partís. C'é-
tait le momcnt d'une merveilleuse fartulle paLIr
celtú qui calmerait toutes ces pellrs.


Les dé peches contellant le récit de l'cxpédi-
tion de Syrie, des batailles da mont Thabor ct
d' Aboukir, produisireut un dIet extraordinaire,
et confirmerent celte idée que le héros de
Castig¡iol1l~ et de Rivoli l'estcrait vainqueul'
partout otJ il se montrerait. Son nom se re-




IlIltECTOIHE (1799)'
tl'ouva aussitot dans toutes les bonches, et la
qllestion que fait-il? quand vient-il? se renou-
vela de toutes parts. S'il al/ait revenir! disait-
on ... Par un instinct singlllier, le brllit qu'il était
arrivé courut cleux on trois fois. Ses freres lui
avaient écrit, sa [('mme allssi; mais on igno-
rait si ces dépcchcs lui étaient parvel1ues. On
a vu en effet qu'elles n'avaiellt pu traVf'rser
les croisieres anglaises.


Pendant ce tcmps, cet homme, objet de
vrellX si singuliers, vognait tranquillement sur
les mers, an milicu des floUes anglaises. La
tra\'ersée n'était pas hcurense, et les vents
contraires la prolongeaicnt. Plusienrs foís on
avait vu les Anglais, et on avait craint de de-
venir leur proie. Luí seul, se promenant sur
le pont de son vaisseau avec uu air calme et
serein, se confiait a son étoile, apprenait a y
croire et a ne pas s'agitcr pour des périls in-
évitablcs. II lisait la Bible et le Koran, reuvres
des peuples qu'i 1 venait de quitter. Craignant,
d'apres les derniers événemeuts, que le micli
de la France ne fut envahi, il avait fait gou-
verner, non vers les cotes de Provence, mais
ver s celles dll Languedoc.11 voulait rlébarquer
a Collioure OH ;:, Port- Venrlres. Un coup de
vent l'avait ramené vers la Corseo L'lIe entiere
était acconrlle 311-devant du cél(~bre compa-


X.




!,50 ItÉVOLUTION FH AN<,:A ISI'.
11'jote. On avait ellsllite hit voile vers TOlllon,
On allait arriver,lorsql1c tout-a-coup, au cnll-
cher du soleil, on vit, sur Ic l1allc gallche dll
vaisseau, trente voilcs euuemies : nn les voyait
au milien des rayolls dll soleil cOllcklllt. On
proposaít de mettre un canot ;'1 la 1lH'l' pOIl!'
aLorder furtivement a terreo Se cOllfiallt tou-
jOllrs dans le de~tin, Bonaparle dit C¡ll"¡¡ I:tllait
attendrc. L'eullemi, en effet, disparut, et le 17
vendémiaire au VIII (S ?ctobrc 1799), il la
pointe du jour, les fn~gates le j}luirolZ et la
Car/'ere, les chebel,s la Rewwc!w et la Fo/'tlllu"
vinrent monil/er dans le golte de (in'·jlls.


Les haLitants de la Provence avaicnt crainl"
pcndant troís années de suít(~, l'i 11 vasin!l eJ¡.
l'enuerni. llonapartc les avaít délivrés de c('!te
crainte en 1 jgG; mais elle lenr était reVClIlle
plus grande que jamais depuis la bataille de
Novi. En apprenant que llonapa/'tc e':laít rnollíW·
S\lI' la cote, ils crnl'ellL lell/' sauvcuI' arriv/·.
Tous les IJahitallts de Fréjl/s aCCOUI'U/'Cllt, el
en un instant la mer fut couverte d'emharca-
ti01l5. Une multitmle, iv re d'enthollsiasnrc el
de cllriosité, cnvahit les vaisseaux, el, yiolalll
toules les lois sanitaires, commlllliqll;! avcc ll'~
nouveal1X arrivi's. Tons dClIlandai\'lll BOlla-
parte, tons vOlllait'llt le voír. 11 n"élait plll"
tcmps de faire obsf'!'ve'l' 1f's ¡oís s;milail'(,~,




1,5 f
L'administratioll de la santé dut dispenser le
gén('ral de la quarantaine , ear il auraít fallu
condamller a la rn(~me précaution toute la po-
pulation, qui avait tléjil cornmuniqué avec lf's
éqllipagcs. Bunaparle desccndit slIr-le-champ
it tcrre, ('1 le jOlll' 1ll(~Il)(, \'oullll monter en
voitlll'e pmll' S(' relldrr~ ;1 París.


Le tdégraphc, :t!lssi proll1pt que les VC\lts,
avait d("jil répandu Slll' la mute de Fréjus a Pa-
ris, la grande Bouvelle !lu débarquement de
Bcmaparte. Snr-Ie-champ la joie la plus con-
fuse avait éclat('. La nOl1velle, anuoncée sur
tOllS les théatl'es, y avait prodllit des élans ex-
traordinaircs. Les chants patriotiqucs avaicnt
remplacé partout les représentations théatrales.
Le député Baudin des Ardennes, ¡'un des au-
teurs de la constitution de l'an IlI, répnhlieain
s;\ge et sincere, attaehé a la république jnsqll'il
la passiotl, et la croyant perdue si un bras
puissant llC vellait la soutellir, B,andin des Ar-
detllleS expira de joje (~JJ ;{pprl'!Jant cet ,;v(~ne­
ment.


BouapaI'le était parti 1(' .I0ur meirm: do 15
velldémiairc (~) octobl'e) pOlll' Par;". ¡¡ avait
passé par Aix, A vigIlon, Valcllce, 1,)oll. Daus
tuntes ces villes, l' el ,thollsiasmc fUl ¡flI lIludéré.
Les cioches retentissaient d;ms les villages, et
P,"H]aill la ll11it des feux étaicllt a:¡tllr](',~, S111'


'''!




/¡S2 nÉVOLUTION FRA.NC;:AIS1'.
les routes. A Lyon surtont, les él:ms furenl
plus vifs encore que partout aillcurs. En par-
tant de cette derniere ville, B(¡naparte, (lui
voulait arriver incognito, pril une a\ltn~ l'Oute
que ceHe qu'il avait ill(1ilf!lée ~ ses e()urrier~,
Ses frel'es et sa femme, trompés sur sa diI'cc-
tiou, couraient a 5a rencontl'e, taudis qu'il al'-
rivait a París. Le 24 vel\(lérniaire 1, dj octobl'e\
il était déja dans sa maison de la me CllalJ-
tereine, san s que personne se dontat de SOll
arrivée. Deux heures apres, ii se relHlit all di·
rectoire. La -garete le recollIlut, el pOllssa, en
le voyant, le cri de l/ive Bonapal'te! II COllrllt
chez le président du directoire, c'était Gohier.
Il fut conveIlll qu'il serait présellté le lende-
main au directoire. Le lendemain '25, il se
présenta, en efTet, elevant cette rnagistratul'e Sll-
preme. Il dit qll'apres avoir consolidé I'élablis-
sement de son armée en Égypte, par les vic-
toircs dll mOllt Tlwbor et d'Ahollkir, et COJlfil~
son sort a un géllóral capablc (ren assurer la
prospérité, íi était partí pou!' valer au secotll'S
de la république, qu'il croyait perdlle. II la
trouvait sauvée par les exploits de ses freres
d'armes, et iL s'en réjouissait. - Jamais, ajou-
tait·il en mellant la llIaill sur son ópée, jamals
il ne la tirerait que pOllr la dt:Jense de cettl'
républiquC'. - Le présidcnt le complimcllla




L>IltECTOlRE (1799)' 453
slIr ses triomphes et sur son retour, et lui
dorJlla l'aeeolade fraternelle. L'accueil fut en
apparence tres-flatteur, mais au fond les craintes
étaient maintenant trop réelles et trap jnsti-
fiées par la sítllation, pour que son retour fit
plaisir aux cinq magistrats répnblieains.


Lors<Ju'apres lII1e IOllgue apathie, les hommes
se réveillelll el s'attaehent iI qllelqlle ehose,
e'est avec passion. Dans ce néant, ou étaient
tombés les opiníons, les pal,tis et toutes les
autorités, OH était demeuré quelque temps
sallS s'attacher a rien. Le dégout des hommes
et des ehoses était universel. Mais a l'appari-
líon de l'individu extraordinaire que l'Orient
venait de remIre a l'Europe d'une mauicre si
imprévue, tont dégout, toute incertitudc ve-
naient de cesser. e'est sur lui que se fixerent
sur-Ie-champ les regards, les vceux et les es-
péi·a1lccs.


Tous les généranx, employés Oll non ell1-
ployés, patriotes OH modérés, tons acconl'U-
rent chez Bonaparte. C'était uatul'el, puisqll'il
était le premier membre de eette dasse si am-
bitiellse et si méeont8nte. En lui elle semblaÍt
avoir trouvé un vengeur contre le gOllvcrnc-
mento TOlls les ministres, lons les fOllctiollllail'es
s!1ccessivcment disgracíés pemJant les Huctuu-
tiolls du directoire, aCCOUrUl'ellt :mssi allpre&




4i~ I\JtVOLlJTION FJ\~\'H;:,<\lSr:.
dI! lJouvel arrivé. IIs allaient en appal'ence vi-
siter le guerrier illustre, et en réalité observer
et flatter l'homme puissant, all(IlIel I'avenir
sernblait appartelúr.


Bonaparte avait amené LallIles, Murat et
Berthier, cjllÍ llC le (plittaient paso BicntlJt JOllr-
dan, Allgereau, lVIacdon;:¡ld, DeurllOIl "ille, Le-
clerc, Lefebvre, l\Iarbot, malgré des difi(,>-
rences d'opiniol1, se montrércnt:!llprés de lui.
Morean lui-meme fit Lientot partie de ce ,01'-
tége. Bonaparte l'avait rencontré chez Gohier.
Sentant que sa snp?riorité lui permettait de
fain') les premier's pas, il al/a a -;\TorC':lll, luí
témoigna son impatience de le conIlaltre, et
Jni exprima une estime qui le tOllena profon-
dément. JI lui donna ensuite un damas enri-
chi de pierreries, et parvillt ú le gagner tout-it-
fait. En quelqnes jours Morcau fut de sa cour.
Il était mécolltent allssi, et il allait avec lons
ses camarades chez le vellgellr présllmé. A ces
guerriers illllstres se joignirellt des hommes
de tOllte~, les carTit~res: OH y vit Bruix, l'ex-
ministre de la marine, ql1i venait de parcourir
la Méditerran{'e a la tete des flotles fran(:aisc
et cspagllole, homme el'un esprit fin et déli{~,
<lussi habile a comluire une négociation gll'a
dirige¡' une escadre. Oll y vil allssi M. de Tal-
Jeyrand, (I{Ji ;lvait <1('<; raisons de crailldre 1('




DlltECTOll\E (17~¡~). liS!)
wécuutelitel1lcnt de Bonaparte, pOllr Il\~Ll'e
pOÍut allé en I~gypte. Mais M. de TalleyralHl
<.:omptait sur son esprit, sur son nom, sur SOl!
jruportallce,pour etre bien accueilli; ille fut
bien. Ces dClIx hommcs avaient trop de goút
l'ul1 pour l'autl'c, et trop besoin de se rappro-
eller, pour se huuder mutuellcment. On voyait
ellcore rue ChantereiIle H~derer, l'ancien pro·
curelll' de la commllne, llOlllme pIe in de fl'an-
chise et d'esprit; B.egnault de Saint-Jean-d'Au-
gdy, ancien cOH"tituant 3.uquel Bonapartc
s'était attaché en ltalic, et qu'il avait emplojé
;'¡ Malte, or-ateur lJrillant et fécond.


Mais ce u'étaient pas sculemellt les disgra-
ciés, les mécolltcllts qui se rCIHI;¡icnt chcz
Bonaparte. Les chef;' actuels du gouvel'nement
s'y ll\ontrerellt a vcc le nH~me empresscrneut.
Tous les l1irccteurs et tous les ministres luí
donw';i'cnt des f('tes, commc au retoul' d'Italie,
Lne grande p;trtÍc des (k¡lUtés des deux COll-
seils se firent préSel1trT chcz luí, Les ministres
el les directcurs luí déccrnt'rcnt U:l 110lllwage
bien plus flatteur, ils vinrellt le COllsu!tel' :1
chaque instant sur ce qu'ils a vaient il fain'.
Dnbuis-Craucé, le ministre d(~ la guerre , ;lvait
eu (luelqlle sOl'le lrallsporlé SOll po!'tt'fel,illt'
c1H~z Bonap"r\('. Motll illS, cellli dc~ diI'('cLeu I'S
IJ!1i s'occllpait Sp('~cia!ellH'!!i de la gIICI'J'C, pas-




~5ti lCÉVOL(JTTONFRAN<,:AISE.
!1alt une partie des matinées avec lui. Gohier,
Roger·Ducos y allaient aussi. Camhacéres, mi-
nistre de la jllstice, jurisconsnlte habile, (lui
avait pou\' HOllapartc le goút que les hommes
faibles out pour la force, et que Bouaparte af-
fectait de caresser pour prouver qu'il savait
apprécif'r le mérite civil; FOllclu'>, ministre (le
la police, qui vOlllail écllallger son protecteur
usé, Barras, contre un protecteul' nenf et l)tlis-
sant; Réal, commissail'e pres le département
de la Scine, ardent et génóreux patriote, et


• l'un des hommes les plus spiritucls du tcmps,
étaient ¡"galement assielns auprcs de Bonapa\'te,
et s'entretenaient ave e lui des affaire s ele l'état.
Il y avait a peiuc huit jours que le gélléral
était a Paris, et déjit le gOllveruement eles af-
faires lui arl'ivait pres(lue itlVo!olltairemelll. A
défaut de sa volonté, q ti i o' élaí t ríen enc¿l'e,
OH lni demandait SOIl avis. PUIi!' lui, avec 5a
réservc accolltullléc, il affectait de se sOllstraire
aux empresselllclIts OOllt iJ était l'objct. II re-
fusait beaucoup de IllOlHJe, il se montrait peu,
et !le soriail pOllr ainsi dire qu'a la dérobóc.
Son visage était devenn plus sec, son teiut
plus foncé. JI portait depuis son retour une
petite redingotc grisc, et un sabre turc attaché
a un cordon de soie. POIlI' CCIlX qui avaient eu
la lloulle fortllúe de le voir, c'étaít UIl ('m-




DlHECTOIRE (1799)'
bleme flui rappelait l'Orient, les pyramides,
le mont Thabor, Aboukir. Les officiers de la
garllison, les quarante adjudants de la garc1e
nationalc, l'état-major de la place,del11andaient
a lui etre présentés. Il différai t de jour en jour,
et semblait ne se preter qu'a regret a tous ces
hommages. Il écoutait, ne s'ouvrait eucore a
persollne, et observ;1Ít toutes choses. eette
poJitique étaÍt profonde. Quand on est néces-
saire, iI ne faut pas craimlre d'altendl'c. On
irrite l'il11patience des hornmes, ;!s accourent
a vous, et vous n'avcz plus qu'a choisir.


Que va faire I1011aparte? était la question
que tont lc monde s'adl'essait. Elle prouvait
qu'il y avait quelque chase d'inévitable a faire.
Deux partis principaux, et un troisieme, sub-
division des deux autres, s'offraient a lui, et
étaicnt disposés a le servir, s'il adoptait leurs
V!les ; e' étaicnt les patrio tes , les modérés OH
poli tiques , enfill les pOllrris, cornme on les
appelait, corrol11pus de tous les tcmps et de
toutes les factions.


Les patriotes se défiaiellt bien de Bonapartc
et de son arnLition; mais avec leur gout de
détruire, et lenr imprévoyance du lemlemain,
ils se seraient servís de son hras ponr tOllt
renverscr, sanf a s'occnper ensuite de l'ave-
Ilit'. Dll reste, il JI'Y [lV[lit de cet avis fIuC les




:¡58 ItÉVOLllTION FIUN<;:AlSE.
l'orccués, (111 i, toujours mécontellts de ce tI ti i
cxistait, regardaieut le soin tll' détruire COlllllJC
le plus pressaut de tous. Le reste des patrio-
tes, ceux qu'on pouvait appeler les républi-
caius, se défiaient de la rellommée du géné-
ral, voulaient tout au plus qu'on lui donnat
place al! directoire, voyaient m(~ml' avec peine
qll'il falh'¡t pou!' cela lui accordcr ulle dispellse
d'ag(~, el souhaitaient par-desslls tout ({u'il
alLh aux frontieres, relever la gloire de nos
armes, et remire a la république sa premiere
splendeur.


Les modérés on politiques, gens craignallt
les fllreul's des partis, et snrtollt celles des ja-
cobins, ll'espérant plus ríen d'unc constitu-
tia n "iolóe et usée, voulaient un changemellt,
et sOllhaitaient qll'il se fit sous les auspices
d'un homme puissant. « Prencz le pOllvoir,
« faites-Ilous \lile constitution s;rgp ct JIlodé-
« rée, et donnez-nons de la st'curité, » te!
t-tait le IangZlge illtÓ'icm qu'ils adressaicnt a
llonaparte. 115 composaieut le partí le plus nOlll-
brenl!:. en FraIlce. II y entrait meme Lt·aucOlIP
de patriotes compromis, qui, ayanl pelll' p01lr
la révolntion, youlaient en confier lt~ salut ú
un homme puissan t. lis avaien t la Illajori [¡.~
tlalls les anciells, une llIillorité ;lssez ti¡¡·te da,,~;
les Cillq- centO;. lb avaient ~)Ui\'i jUS(lU'ici l.t




DIln:CTOIRll (1 7~;9).
plus grande renomlll(~C civile, ceHe de Sieyes,
d s'y étaient d'alltant plus attachés, que Sieyes
avait {~té plus 1l1:lltl'aité au Manége. Aujour-
d'hl1i ils devaient courir avec bien plus d'em-
pressement au-devant de BOllaparte; ear e'é-
tait la force qu'ils cherchaient, et elle t'tait
bieu plus gTalHle dan s un général victoriellX
que dans UIl publiciste, qllPlque illustre qu'il
fúl.


Les pourT'is enfin étaient tOtlS les fripons,
tous les illtrigants qlli cherchaient a faire for-
tune, qui s'étaiellt déshonorés en la faisant, et
qui voulaient la faire encare au meme pl'ix.
lis suivaient Barras et le ministre de la poliee
Fouehé. Il y avait de tOllt parmi eux, (lE's ja-
cobins, des modérés, des royalistes meme. Ce
ll'était point un partí, mai5 !Ine eoterie nom-
brcllse.


II nc fallt pas, á la slIite de celte énuméra-
tion, comptP/' les p;¡rti~Jns de la l'oyauté. Ils
étaient trop JI1Illllés depllis le 1 S ff'llClidor, el
d'ailleurs Bonaparte ne ¡cur inspirait ríen. ün
tel homme ne pOl1vait song-er qll'a lni, et uc
pOllvail prendre le pouvoír pour le remettre
a d'autres. Ils se coutentaicnt done de {:¡ire
Hombre avec les cl1llemis du directoil'e, et de
raccllser dans la lallgue d,' tOllS !es pal'tís.


Parmi ces diff't"rcnts partis, Bonaparte Ile




l,bo ntvoLUTION FIL\N<)AIS¡'.
pOllvait faire qU'110 choix. Les patriotes He l ui
convellaient pas dll tout. Les uns, attachés á
ce qni existait, se défiaient de son ambition ;
les antres voulaient un coup de main, pllis
ríen que des agitations iJlterminabIes, et on
He pouvait rien fonder avec ellX. D'ailleurs ils
étaient en sens contraire dela marche <In temps,
et ils exhalaient lcnrs deruicres ardellrs. Les
pOlll'l'is n'étaient rien, ils n'étaiellt quelc¡ue
chose que dans le gouvernement, ou iis s'é-
taient naturellement introdllits, cal' e'est lit
que tendent toujours leurs vceux. Au reste, iI
n'y avait qn'á ne pas s'en occuper; ils devaienL
venil' a eelui qui réunirait le plus de chances
en sa favenI", paree qu'i1s voulaient rester en
possession des pIaees et de l'argent. Le seuI
parti sU!' leqnel Bonaparte pút s'appnyer était
celui qui, partageant les besoins de toute la
population, vOllIút mettre la rélmhJifllle a l'a-
Lri des factiolls, en la constituant d'une ma-
niere solide. C'était lá qll'était tont avenir, c'é-
tait la qll'il devait se ranger.


Son choix ne ponvait etre douteux : par ins-
tinct seul il était fait d'avance. Bonaparte avait
horrenr des hommes turlmlents, dégoút des
hommes eorrompns. JI ne pouvait aimer quc
ces hommes moclérés qui vOlllaicnt qu' OIl gOIl .
vcmat pour eux. C'était d'ailleurs la natioll




meme. MaiE; il fallait attpn(II'8, se laisser pré-
veHir par les offres des partis, et observer lenfs
chcfs, pour yoir avec lcsqnels d'entre eux Oll
pourrait faire allianee.


Les partís étaient tous représelltés au di-
reetoirc. Les patriotes avaitmt, comme 011 l'a
vu, l\lOldílls et Gohier. Les pOllrris avaient
Barras. Les politiqlles OL! ll10dérés avaient Sieyes
pt l\oger-Ducos.


Gohier et Moulins, patI'iotes sinceres el lJOn-
lleles, plus modérés que leuI' parti, paree qu'ils
étaient au pouvoir, actmiraient Bonaparte ;
mais, ne voulant se servir de son épée que
pour la gloire de la constitutioll de l'an In, iIs
souhaitaient de l'envoyer aux armées.' Bona-
parte les traitait avec beaueoup d'égards; il
estimait leur homll~teté, ear il l'a toujours aí-
mée chez les hommes ( e'est un gout llatnrel
etintéressé chez un 110111me né ponr gouver-
Der). J)'ailJeurs, les égards qn'il avait pOlll'
eux étaient un moyen de prouver qu'il hono-
rait les vrais rt~publicains. Sa femmc s'était liée
avec celIe tle Gohier. Elle calculait aussi, et
elle avait dit a matlame Gohier : « Mon ¡n-
limité avec VOIIS répondra a toutes les calom-
lues. )1


Barras, qni selltait sa fin pülitique apprn-
c1H'I', et qlli voyait dans Bonaparte un succes-




4G2 nÉVOUJTION FIlAN(>\ISE.
sClIr inévitable, le détestai t profondémcnt. 11
allrait cOllsellti a le llatter comme autrefüis,
mais ji se selltait plus mépl'isé gue jamais par
lui, ct il e11 demcurait éloig¡¡é. Bonapartc
avait POlll' cet épicurien ignorant, blasé, cor-
rompll, une aversioll tOllS les jours plus in-
snrmotltablc. Le nom de pourris, qll'il avait
dUBllé á lui et allx siens, }lI'Ollvait assez SOB
dégoút ct son mépris. Il était difficile c¡u'il
COWCllltt ~t s'allicr a lui.


Restait l'homme vraiment importallt, c'était
Sieyes, entrainant it sa suite Hoger-Ducos. En
appelant Sieyes au Jirectoire au mornellt du 30
prairial, iI semblait qu'on eut songé a se jete!'
dans ses bras. Bonaparte lui en voulait IH'l'S(IW'
(\'avoir pris la premiórc place en son absellce;
d'avoir Gxé un mOllwllt les esprits, et d'avoir
fait llaitre des espérances. Il avait cOlltre llli
tille hurneur qu'illll' s\~xpliqllait paso ()uoiCjue
fort upposés par le géll ie et les Iw.bitl1des, ils
~lvajetlt cepeudallt ;-lSS('Z de supérioritt~ pOli!'
s'en lendre eL se pardOllller leurs différencl's,
mais trop J'orgucil pUlir se faire des COllces-
sions. :;VIalhelll'eusement iis ne s'ótaient POilll
cucore adressé la parole, et deux grands cs-
pl'its qui He se sUllt pas Pllcure flattés, s(mt
lJaturelll'nlcul (~lI11cmis. lb s'observaicnl, el
chacun des deux altendait que l'allll'c nt les




U1RECTOIHE (1799). 463
premiers paso lis se rcncontrercnt a dincl' clH'Z
Gohier. BOIlapartc s'était senlÍ assez 3u-desSlls
de MOl'ean pOllr faire Jes prcmiers pas; il 11('
Cl'llt pas pOllvoir les {aire ellvers Sieyes, et ji
1W llli parla paso Celui-ei garda le meme si-
lel1l~e. lis s(~ retirerellt fll l"il:'l IX. « Avez-votls
« VII e(' petit illsolcllt? di! Sic.res; il lJ'a pas
« rntime S:dll/~ le Illcmhrc ¡¡'UIl gOllvernemclll
(( (I"; au!'ail dú 1" t:1ire f'lIsilll'r. -- (lllelle id('·c
« a-t-on elle,dil Bonaparte, de mettre ce prelrr
« au dircctoil"c? j\ pst VPlldll ;1 la Pl"lIsse, et si
« OH n'y pl'Clld garde, il vous livrera Ú elle. )1
.\iIlSí, 1I:IIIS les llúmmes d!~ la pllls grande
slIp{'riol'jté, ro)'glleil l'ernp!JI'le méme Slll' la
politiqup. Si, du reste, il ell était alllrelllcnt,
iJs ll'alll':¡ient plns ectle hantellr fJlli les relld
propres a dominer les hommes.


Ainsi, le pcrsollnage CJue Bonaparte avait JI'
pllls d'illléJ'(~L il gagller, était cE'lni pour Jeque!
iI avait fe pllls d'élo;gllcmelll. jJlais leul':'; jI)
t(~n~ts (~Laielll le1!eml'lIl idclltifjllcs) qu'iis al
bient etre, malgré (~Il\.-JlH~IlWS, pOIlSSt'S J'UIl
Y(,l'S ,'aulre par leurs propres parlisalls.


TaIHJis (lll'on s'ohser\'ait, et que l'af'flllenct'
ehez HOllapat'lc allait toujullrs croissallt, celni-
ci, itlcertain CllC()!"e dll partí qu'il de\"ait PI'('II-
dl'e, avai! sOlidé CO]liel' ('! nucos, pOllr S:J-
\"oir s'jl" youdraielll COllselltir il ce qn'il fú¡




46ft nÉVOI,UTlO:N FRAN~A ISF..
directeur, quoiqu'il n'eut pas l'~ge nécess;urf'.
C'était a la place de Sieyes qll'il aurait YOlllu
entrer au gouvernelllent.En excluant Sieyes, iI
oevenait le rnaitre de ses alltres C()ll(~glles, et
était assuré de gOllverller sons IcuI' nomo C'é~
tait san s Joute un succes bien illcomplet;
mais c'était un moyen d'arriver an pOllvoir,
sans faire précisément ulle révollllioll; el !lne
foís al'l'ivé, il avait le 'temps d'attendre. Soit
qu'iI fút sincere, soÍt qu'il voulut les tromper,
ce qui est possible, et lem persuader qu'il ne
portait pas son ambitiol1 au-delit ¡J'une place
au directoire, il les sonda et les troLlva illtrai-
tables sons le rapport de l'age. Lne dispense,
quoique clollnée par les conseils, leur parais-
sait une infraction it la constitntion. II ülllut
renoncer a cette idéc.


Les tleux directeurs Gohier et lVIolllins,
commcn<:ant a s'inc¡uiéter de l'ankur que Ho-
naparte montrait ponr les l'onctiolls poli tiques,
imaginen'llt de l'éIoigner, en lui dOllnant le
comrnalldement d'une arrnée. Sieyes ne fut pas
de cct avis, ct dit avec humeur que l 10in de
lui fournir l'oceasion d'une gloire nouvelle, il
fallait, au contraire, l'ouLliel' et le Llire Oll-
hIier. Comme Oll parlait de l'envoyer en lta-
lie, Barras dit qu'il y avait assez bien fait ses
affaires ponr n:avuir pas envie d') retourncI'




nlRF.CTOIRf: \J 7~)9)' 11 65
Enfin il fut déciJé qu'on l'appellerait pour l'ill-
viter a prendre un commandement, en luí
laissant le choix de l'armée á commancler.


Bonaparte manJé, se rcnclit au Jirectoire.
11 connaissait le propos de Barras. Avant qu'on
luí eút notifié l'objet pour leque! 011 l'appelait,
iI prit la paraIe d'un ton haut et mcnClr:ant,
cita le propos dont jI avai! a se plaindre, et,
rcgardaIlt Barras, dit (Iue s'il avait fait sa fO!>-
tUlle en Italie, ce n'était pas, dn moins, aux
Jépens de la répnblique. Barras se tut. Le
présidellt Gohier répondit h Bonaparte, que
le gO(lverncment était pe¡'suadé que ses lau-
ricrs étaient la seulc fortune qu'il eút rappor-
tée tl'Italie. Il lui dit ensuile que le directoire
l'invitait a prendre un commandernent, et luí
laissait d'ailleurs le choix de l'armée. Bona-
parte répoIHlit froidement qu'il n'était pas en-
rul'e assez reposé de ses fatigues; que la tran-
sition d'ul1 climat scc a un climat hllmide l'a.
vait fortement éprouvé, ct qll'il lni fallait
encore qllelque temps pour se remettre. Il se
retira sans plus d'explication. Un pareil fait
devait avcltir les directeurs de ses Vlles, et
l'avertir lui-nH:me de leuT"s défiances.


C'était un motif de se lJilter : ses freres, ses
cons~illers habituels, Rcedprer, Réal, Re-
gnault (le Saint-Jean-d'Ang"ély, Brnix, Tallev-
._ L' ~ '"


X. 10




Mi(j rn:VOI,UTTW .. t'RAN0'USE.
J'aIJ(l, luí amenaiellt 10l1s I('s jours des mem-
bres du partí modéré et politiquc dans les
conseils. C'étaient, d:lI1s les clnq-cents, Bou-
lay ele la ~Ieurthe, GaucJin, Chasal, Cabanis,
Chénier; dans les anciclls, Cornudct, Lemel'-
cier, Fal'gues , Daunou. Lellr avis a tOl/S étail
qu'il [aliait s'allicr au vraÍ partí, an parti ré-
forll1atenr, el s'l1nir á Sieyes, (JLlÍ avait une
eOllstituticHI toute faite, et la majorité dalls le
conseil dE"s aneiens. Bonaparte était bien de
eel avis, et sentait qu'il n'avait pas de choix
a Ülire; mais il fallait qU'Oll le rapprochiit de
Sieyes, et e'était diHieilc. Cependant les ¡nté-
rets étaient si graIHls , et il y avait entre son
orgneiJ et celui de Sieyes des entremettenrs si
délicats, si adroits, que l'alliance ne pouvait
pas tarder a se faire. M. de Talleyrand elit
cOllcilié des orgneils encore plus sallvages qllE'
cellli de ces dcux hommes. Rientót la Ilégo-
ciatian fut entam('e et aehev(\e. TI [lit convcnu
qu'llne constitlltion plus [orte serait dannée a
la Frallce, sous les auspiees de Sieyes et de
BOllaparte. SallS qu'on se fút expliqué sur la
forme et l'espece de eelte eOllstitlltion, il [lit
sOlls-entenclu qu'elle serait républieaine, mais
qn'clle d("livrerait la Franee de ce qlle l'un et
l'antre appclaielll les bavanls, el. c!ounerait
allX deux esptits puissants quí s';¡!liaienl la
plus grande par! d'illlluef\l:c.




DlRECTOIRE (179~)). íG-
Un systématique r{:vant l'accomplissemenl


tl'OP différé de ses conceptions, un ambitiel1x
voulant régir le mOllde, étaient, au miiien de
ce néant ele tous les systemes et de toutcs les
forces, éminemmeJlt propres a se coaliser, Pen
importait l'incompatibilité de lem humenr.
Vadressc des i Illermt~diaires et la gravité des
intérets suffisaient pour paIlier eet ineonvé-
niellt, dn moins ponr un moment: et c'était
assez d'un moment pour faire une révolu-
tton.


Bonaparte ét'dit dOIle décielé a agir avec
Sicyes et Rogcr-Ducos. Il montrait tOlljours lf'
meme doigllement pOllr Barras, les memes
égards pour Gohier et l\Iou lill s , et gardait UIW
égale réscrve avec les trois. Mais FOllChé, ha-
bile a deviner la fortune naissante, voyait
avee le plus gralld regret l'éloigl1ement de Bo·
naparte Imur SOIl patron Barras, et était dé-
solé de voir que Barras ne fit ríen pOllr vaincrc
eet éloignement. n était tout-a-fait décidé a
passer dans le eamp du nOllveau César; mai"
hésitant, par un reste oe pudenr, a aballdon-
ner son protectenr, il aurait voulu I'yentraltler
a sa suite. Assirlu aupres de Bonaparte, ct ilS-
Sf'Z bien aecneilli, paree CJu'il avait le porte-
feuille de la polie(>, il ti\chait de vaincI'e sa
répugnanee pour Barras. TI était second(' par


.)
H!.




f¡G8 nÉVOL"CTION f'lIAN<;AISE.
Héal, Rruix, et les autres cOllseillcrs dn géné
ra1. Croyant avoir réussi, il cngagea Barras't
inviter Bonapartc ~l dinero Barras l'invita puur
le 8 bl'umaire ( 30 octubre J. Bouaparte s'y
rendit. Apres le diner, ils cornnwncerent il
s 'entretenir des a[faircs. Bonaparte et llarras
s'attendaient. Barras entra le pI'emier en ma-
tiere. n débuta par des généralités sur sa situa-
tion personnelle. Espérant sallS doute que Ro·
naparte affirmerait le contraire, ¡llui dit ([u'il
était malade, usé, et condamné a renoncer
aux affaíres. TIonaparte gal'c1ant tOlljOurS le si-
lence, Barras ajouta que la république était
désorganisée, qu'il {allait pour la sauve!', con-
centrer le pouvoír et nómrner un présidf'lIt:
puís il nomma le général Hédouville, commE:>
digne d'etre élu. Hédouvillc était anssi in-
connu que pen capable. Barras dégllisait sa
pensée, et désignaít Hédouville par ne pas SI:'
llommer lui-meme. - Qllant á vous, g('lléral,
ajollta-t-il, yutre intelltioll est de vous ren-
tire á l' arméc; allez-y acquérir une gloire nou-
velle , et rcplacer JaFrance a son véritable
rango Moí, je vais me n'jeter dans la retraitt'
dont j'ai besoill, - nonaparte jeta un regard
fixe sur Barras, He répondit ríen, et laissa lú
I'entretien. lianas interdit n'ajouta plus llIlI'
-;eulP parole. Bonaparte se retira sur-Ie-champ,




IJIIUCTOll\E P í99 j. L¡()9
el, avant de quitter le Luxembourg, passa
dans l'appartement de Sieyes. lt vint luí dé-
clarer d'une maniere expresse qu'il voulaít
marcher avec luí seul, et qu'ils n'avaieut plus
qll'il convenir des moyens d'exécution. L'al-
liance fut seellée dalls ceHe entrevue, et on
eouvint de tOllt préparer pOllr le 18 OH 20
brumai"e.


BOllaparte en relltrant chez lui y trouva
Fouehé, nóal et les amis de Barras. - Eh hiell !
votre Barras, leur dit-il, savez-vous ce qu'il
m'a proposé? de [aire un président q~1i serait
Hédollyille, c'est-a-dire lui, et de m'eIl aIler
moi a l'armée. 11 n'y a rien a faire avee un 1'a-
reil homme. -- Les amis de Barras voulurent
réparer cette maladresse et chereherent a l'ex-
cuser. Mais Bouaparte insista pen, et changea
d'entretien, cal' son partí était pris. Fouché
se renclit :lussitút chcz Barras, pour luí faire
des reproches, et pour l'engager a a1ler corri-
gel' l'effet ele ses gallchcries. Dús le lt'llClelllain
matin, Barras courut chez Bonaparte pour excu-
ser ses paroles de la veille, il lui oifrit son dé-
vouemcnt et sa coopération a tont ce qu'il
voudrait tenter. BOllaparte l'écouta peu, lni
répolldit par des gC'nél'alités, et a son ¡our llli
parla de ses fatigues, de sa santé déiabrée et
de son (f<"goút eles hOlllrnes I't des affaires,




~i ~ (> ll.EVUL lJ T lUC\ l:'RAl'H.,-,U:'.l::.


Barras se vit perdu et sentit son role achevé,
ti était tcmps qu'il rccueillit le prix dc ses
uoubles intrigues et de ses li'tdll's défections.
Les patriotcs arclellts n' en voulaient plus de-
PlI is sa COlle! nite envers la société dn ~Ianége;
Jes républicains, al tachés 11 la cOllstitution de
l'an DI, ll'avaieut que du mr"pl'is et de la Jé-
lla!l(~e pom' luí. Les réforrnatellrs, les puliti-
q !les, ll'y yoyaien t (púm 1101llllJC décOIlSidél'é,
el luí appliLFlaient le mut de pourri, imaginé
par Bouaparte, Il nc luí restait que quelq\les
intrigues ayec les roya listes , au moyen de cer-
taios émigl'és cachés dans sa cou/'. Ces iutri-
gnes élaient furt aucielllles : elles avaient com-
meneé des le 18 fl'llctidor. 11 eu avait ütit part
an directoire, et s' était fait autoriscl' a les pour-
suivre, pour avoir dans les mains les fils de la
contre -l'évolutioll. Il s'étail aillsi rnéllagé le
moyen de trahir a voJonté la républiquc ou le
prétendant. 1l était qucstioll uans ce IIlO/llent,
avce ce dcrllier, (rlllle SOlJlllll' de (juelqlles mil-
lions, potlr secunder SOll relour. II est possi-
hle,dureste, que Barrasnefut pas sincere avee
le prétendant, cal' tous ses gouts devaicIIt etre
pOllr la réplIhlique. Mais saH)il' au juste les
préférel1ces de ce viellx cOl'rOmpll, sCl'ait dif-
ficiie. Peut-etl'e II's igtlorait-il lui-ll1ellle. lYail-
leurs, a ce puiut de COI'I'UptiOll, un peu u'a1'-




~ell t doit malheurcusement pl'éValOil' sur ¡(Jlttes
k~ préfl'rellces de goút OH ll'opinioll.


FOllch(\ dl~S('spél'é de voir son patron perdu,
desespéré surtout ,le se yoir compromis dans
sa disgrace, redoubla d'assiduités aupres de
Bonaparte. Cclui- ci, se défiant d'lln pareil
homme,lui cacha tous ses secrds; mais rou-
ché lle se rehutallt ]las, paree (jll'í[ voyait la
v¡ctoire de Bonaparte élssurée, résolut de vaiu-
ere S(~S rigucurs a force de sCl'vices. JI avait la
puliee, ¡lla faisait habilemen t, et i 1 sanit q lIe
ron cOllspirait partout. II se garda d'Cll avertir
le ¡jirectoire, dOllt la majorité, composée de
::\Ionlills, (;oJ¡ier ct Barras, aurait pu tirer de
ses révélat iOHS un parti fu neste al/X conj ur<'s.


II yavait UIlC quillzaine de jours que Bona-
parte était a Paris, et prcsque tout était déja
préparé. Berthier, Lannes, J\Iurat, gagnaient
chaque janr les officiers et les généraux. Parmi
eux, Bcrlladotte par jalonsie, J ollrdan par at-
tachewcllt it la rép"h1itl'te, Augerean par jaco-
Liuismc, s' étaieut rejctés ell arriére, ct a vai cut
communiqué lenrs c:-::lÍlltCS a talls les patriotes
des cinq-cents; mais la masse des militaircs
était gagn<':e. Morcan, rél;nblicain sinc('re, mais
SllSP(~Ct aux patriates qui lbminaiE'llt, méCOll-
tellt <In dircctoire qui avait si mal récompensé




.Jj:.t. lUS"OLl!TWN FItAl\yAISL.
Carcssé, gagné par lni, et supportallt tres--
bien un supérieur, il déclara qn'il seconderait
tous ses projets. lIne voul;-¡it p;-¡s etre mis dans
le seeret, cal' il avait horreFr eles intrigues po-
litiques, mais il demandait a elre appelé an
moment de l'exécution. Il y avait a Paris le ¡je
et le ge de dragons, qui avaient servi autrefois
sous Bonaparte en Italie, et qui lui étaient dé-


'I e J 1 . , 1-VOlles. ,C:) ¡ (e cnasseurs, orgamse par tU,
quand iI commandait l'armée de l'intérieur, et
qui avait compté autrefois Murat dans ses
rangs, lui appartenait également. Ces régi-
ments demandaient tou jours á défiler devant
lui. Les officiers de la garnisoll, les adjuclants
de la garde natiollale, demandaient aussi a lui
etre présentés, et ne l'avaicnt pas encore ob-
tenu. Il différait, se réservant ele faire eoneOll-
rir eette réception avec ses projets. Ses dellx
freres, Lucien et Joseph, et les députós de son
par ti , faisaient chaque jour de nouvcllcs COl1-
qnetes dalls les cOllseils.


Une entrevlIe [lit fixée lf> (5 brumairc avec
Sieyes, pour convenir du plan et des moyens
d'exécution. Ce meme jour, les conseils de-
vaient donner un bailquet aHgénéral Boua-
parle, comme on ~j ... 'ait fait au l'plour d'rtalie.
Ce u'éta!t poil1t ('dlIlme alors les conseils qui
le dOllllaient üftlC'iellpl1wnt. La chose avait été




DlRECTOlRE (1799)'
proposée en comité secret; mais les cinq-cents,
qui, dam; le premier moment du débarque-
mcnt, avaient llommé Lucien président, pour
honorer le général dans la personne de son
frere, étaient maintenant en défiance, et se
refusaient a donner un banquet. Il fut décidé
alor5 qu' on le donnerait par souscription.
Dn reste, le nombre des souscripteurs fnt de
six a sept ccnts. Le repas eut lieu a l'égLise
Saint-Sulpice; il fut froid et silencieux : tout le
monde s'observait et gardait la plus grande ré-
serve. Il était visible qu'on s'attendait a un
grand événernent, et qu'il était l'ouvrage (l'une
partie des assistants. Bonaparte fut sombre et
préoccupé. C'était assez naturel, puisqu'au
sortir de la, il aUait arre ter le lieu et l'heure
J'une conj uratioIl. A peine le diner était - il
achevé, qu'il se leva, fit avec Berthier le tour
des tables, adressa quelques paroles aux dé-
putés, et se retira ensuile précipitamment.


Il se rendit chez Sieyes ponr faire aYec InÍ
ses dcrniers arrangcments. Lá, on cOllvint
(rabol'<.l du gOllvernement qu'on substituerait
it celui qlli existaiL 11 fut arreté qu'on sllspell-
drait les conseils pour trois mois, qu'on sub-
stituerait aux cinq directeurs trois consuls pro-
yisoires, qui, peudant ces trois mois, auraicnt
ulIe espece de dictature, et seraiellt chargós de




47!~ lLEVOLl'TlON HtA:N(;AISL
t¡üre une constitution. Houapal'le, Sie)es el
Roger-Ducos, deyaient ótre les trois cOllsuis.
11 s'agissait ensuite ele trouver les moyens cJ'exé-
cution. Sieyes avait la majorité assurée dans
les anciens. Comme OH parlail tous les jours
de projets incendiaires, f(H'II11~~S par l('s jaco-
bins, 011 imagina de supposer de leur part un
projct d'attcntat cOlltl'e la l't'pl'éSelltatioll ua-
tionale. La commissioIl des ill~pectcllrs des an-
cieus, tonte a la disposilioll de Sieyes, devait
proposer de transf(~rer le corps législatif a
Saint-Clolld. La cOllstitution dOllllait, 1'11 cffct,
ce droit au conseil des allcicllS. c(~ cOllSed de-
vait a cette mesure ell ajoulC!" Hile alllre (luí
lI'était pas autorisée par la cOl)slitulioJ\, c'était
de cOllfier le soill de protéger la trallslatioIl a
un g~néral de son choix, e' est-a-dire á Bona-
parte. Les anciens devaiellt lui défércr en meme
telIlps le commélndelllcllt de la 17" divisioll
lIlilitaire et de toutes les tl'OtljJes Calltollllées
dan s París. DOllapartt', avec ces lól'ces, devait
eOlldllire le COl'pS It'-gislatif á Saint-Cioud. La,
011 espérait dev('nir maitre des cillq-cellts, et
leur arrachel' le décret: d'Ull consulat provi-
soiJ'e. Sieyes et Roger-Ducos devaiellt dOllner
t.:c jon!' meme leur délllissioll dt~ dirt'cteuI's. On
se proposait d'emporter celle de Banas, (;ohier
'\11 .MouluI5_ .\lnl'~ 1" ,li",'I'I'lil'" ¡"Iait Jésol·'.J;¡-




ll11lECTOlRE \ 1799)'
llisé par la dissolution de la majorité; on allait
!Iil'e allX cinq-cents qu'il n'y avait plus de gou-
vernement, et on les obligeait a llommer les
trois consuls. Ce plan était parfaítement con(,;u,
cal' il fallt tOlljollrs, qll3nd on veut faire une
révolution, déglliser l'illégal autallt qu'on le
pcut, se servir des termes d'une constitution
pO nI' la détruire, et des membres d'un gouver-
lH:'I1Wllt pour le rellverser.


Un nxa le 18 brumaire pour provoquer le
di'cret de trallsLation, et le 19 pour la séance
décisive a Saint-Cloud. On se partagea la tache.
Le décret de translation, le soin de l'obtellir,
fut confié a Sieyes et a ses amis. Bonaparte se
chargea d'avoir la force armée et de condllirc
les troupes aux Tuileries.


Tout étant arreté, ils se séparerent. 11 n'é-
tait bruit de toutes parts que d'un granel évé-
Ilt'mellt pret a éelater. C'est toujours ainsi que
cela s "étail passé. 11 ll'y a de révolu tions qui
réussissellt que ceHes qui peuvent etre con-
llues d'avance. FOLlChé d'ailleurs se gal'dait
d'avertir les trois directeurs restés en dehors
de la conjul'atiou. Dubois-Crancé, malgré sa
déférellce ponr les Lumieres de I~OlIaparte en
matiérc de gllerre, était ch-aud patriote; il eut
avis du projet, courut le dénoncer a Gohier et
Ll Moulins, mais JI'en fut pas CI'U. l1s croyaient




476 n¡::VOLUTION FRAN(,:AlSL
bÍen a une grande ambitioll, mais non encore
a une conjuration prete a éclater. Barras voyait
bien un grand mouvemcnt; mais il se sentaÍt
perdu de toute fa (,1 o n , et il se laissait lachement
aller allX événements.


La cornrnission des anciens, que présidait
le député Cornet, cut la mission de tout pré-
parer dan s la nnit du 17 alt 18, ponr [aire
rendre le décret de transJatioll. On ferma les
volets et les rideaux des fenetres, pour que le
public ne fUt pas averti par les lumieres du
travail de nuít qui se faisait dans les bureaux
de la commission. On eut soill de convoquer
le conseil des anciens pOUI' sept heures, et celui
des ciúq·cents pour Ollze. De cette maniere,
le décret de trallslation devait etre rellllu avallt
que les cinq-cents fussent en séancc; et comme
toute délibération était illterdite par la cOIlsti-
tution á l'instant oú le décret de transJatioIl
était promulgué, on fcrmait par cette promul-
gation la tribune des cinq-cellts, et Oll s'épar-
gnait toute disCllssioll elllbarrassaIlle. On eut
un au tre soin, ce fut de différer ponr certains
députés l'envoi des lettres de cOIlvocatioll. On
fut certain par la que ceux dont OH se défiait
ll'arriveraiellt qu'apres la décision relldlh~.


De son coté, Bünaparle avait pris toutes le~;
précautiolls llécessaircs. JI aval' mautk le co·~




DlRECTOIRE e [799)·
lolld Sébastianí, qui commandait le ge de dra-
gons, ponr s'assurer des díspositions du régi-
ment. Ce r{'giment se cOUlposaitdc quatre cents
hommes a pied et de six cents hommes a che-
val. Il renferrllaít beallcoup de jeunes sotdats;
mais les viellx soldats ri'Areole et de Rivoli
y d0I111aient le tOIl. Le colonel réponclit dn
régiment á Bonapalte. Il fnt eonveUlI que le
eo1011<'1, sons prétexte de passer une l'evue,
sOl'tirait a cinq heures de ses casernes, distri·
buel'ait son monde, partíe sur la place de la
Révolutíon, partie tlans le jardín des Tuileries,
et qu'il viendrait lui.mellle, avec deux cents
hommes a cheval, occuper les rues dLl Mont-
Blanc et Chantereine. Donapal'te fit ensllite
dire allX colonels des autres régiments de ca-
valerie , C{ll'il les passerait en revuc le 18, Il fit
dire alIssi it tOllS les oHiciers qui dcmandaient
a lui etre préscntés, qll'il les recevraít 1\:' ma-
till dll Intime jour, Pour CXCIlSi>I' le choix di>
l'heure, il pl'étexta un voyage. Il avertit Mo-
rean et tous les généraux de vouloir hien se
trouver rue Chantereine a la mcme heure. A
minllit, il envoya un aide-de-camp a Lefebvre
pom l'engager a passer chez lui a six heures
du matin. LefebvI'e était tOl1t dévoué au dírec-
toire; mais Dona parte cOlllptait bien qu'i\ ne
résisterait pas it son asceJl(lant. n n'avait fait




478 TI ÉVOLUTION FR,\ N<;:AISF.
prévenir ni Bernadotte ni Allgereau. 11 avait
eu SO in , pour tromper Gohier, de s'inviter ;1
diner chez lui le 18 meme, ave e tOlltr sa fl-
mille, et en rrH~me temps pour le décider ;{
donner sa démission, ille 6t prier par 53 [emme
de venir le lendemain matin, a huit henres,
déjeuner rue Chantereine.


Le 18 au matin, un mouvement imprénl.
de cellx memes qui concouraient a le pro-
duire, se manifesta de toutes parts. Une nom-
breuse cavalerie parcourait les boulevanls;
tout ce qu'il y avait de générallx et cl'officiers
dans Paris se relldaient en grand uniforme rue
Chantereine, sans se douter de l'affluence qu'ils
aHaient y trollvcr. Les déplltés des anciens COlI-
raient a leur poste, étonnés de ecHe eOIlvoca-
tion si sOlldaine. Les cinq-cents ignoraieut,
pour la plupart, ce quí se préparait. Gohier.
MOlllins, Barras, étaient dans une cornplt'>te
igllorance. Mais Sieyes, qui derlllis quelqlw
temps prenait des le~ons d'équitation, el Ro-
ger-Dllcos, étaient déja a cheval, et se ren-
daien t al1X Tuileries.


Des que les anciens furent convoqués, l('
président de la commission des inspeClellI'S
prit la parole. - La commission chargée de
veiller a la su reté da corps-lt-gislatif avait, dit-
11, appris que des projets sinistn's se trall1;lient,




DlREf:TOIRF. ('799)'
(pJe des conspiratcurs accouraient en foule a
Paris, y tenaicnt des conciliabules, et y prépa-
raicllt (les attclltats COlltre la liberté de h
repl'ésentation nationale. Le député CornC't
ajouta que le conseil des aneiens avait dans
les mains le moyen de sauver la république,
et qu'il devait en user. Ce moyell, c'était el('
transferer le corps-législatif a Saint-Cloud pour
le soustraire au x attelltats des conspirateurs,
de mcttrc pen(lant ee temps la tranquilhté pu-
blique sons la gardc d'un général capable de
l'assurer, et de choisir Bonaparte pour ce gé-
néral. A peine la lecture de celte proposition
et du d(~cret qui la contenait ('tait-elle ache-
v(~e , qn'une certaine émotion se manifesta
dans le conseil. Quclqucs membres voulllrent
s'y opposer; eornudet, Lcbrun, Fargnes, Re-
gnier, l'appuyercllt. Le nom de Bonaparte,
qll'on avait l;lÍt valoir, et de l'appui duque!
011 se savaít assuré, décida la majorité. A huit
heures le déeret était rendu, Il tl'ausférait les
conseils a Saint-Cloud, et les y convoquait
pour le lcndemain a midi. Bonaparte était
nommé général en chef de toutes les troupes
contcllucs dans la 1]'" division militaÍre, de
la garde <lu corps-législatif, de la gardf' du di-
rf'ctoire, des gardes ilatiollales de París et des
envirolls. Lefchvre, )(' COl1llllancla.lIt actue[ dr'




480 RRVOLUTJON FRA NY'USE.
la 17e division, était mis sous ses ordres. Bo-
naparte avait ordre de venir a la barre rec('-
voir le décret, et preter serment dans les
mains du président. Un messager d'état fut
chargé de porter sur-Ic-champ le décret au
général.
<-


Le messager d' état, qlli était le dépllté Cor-
Ilet lni-meme, trollva les boulevards encoDl-
brés d'une nombreuse cavalerie; la rne dn
Mant-Blane, la rue Chantereine, remplies ti' af ..
ficiers et de généraux en granel uniforme. TOllS
accouraient se rendre a l'invitation du ~énéral
Ronaparte. Les salons de eelui-ci étant trop
petils ponr recevoir autant de monde, il 6t
ouvrir les portes, s'avanc;a sur le penon, et
harangua les officiers. llIenr dit que la Franee
était en danger, et qu'il comptait sur eux pour
l'aider a la sauver. Le député Cornet lui pré-
scntant le décret, il s'en saisit, le leur lut, et
leur demanda s'il pouvait compter sur lenr
appui. Tous répondil'ent, en metíant la maia
sur leurs épées, qu'ils étaient prets a le se-
conder. Il s'adressa aussi a Lefebvre. Celni-el,
voyant les troupes en mouvement saIlS son
ordre, avait interrogé le colouel Sébastiani,
quí, sans lui répondre,lui avait enjoint d'en-
trer chez le général Bonaparte. Lefebvre était
entré avec hnmpUl'. - Eh hien ~ Lefehvre, lui




dit Bonaparte) vous, l'un des soutiens (ie la
répuLlique, voulez-volls la Jaisser périr dan s
les mains de ces (lvocalcu) Ullissez-vous a moi
pOli!' m'aider a la salive:,. Tellez, ajouta Ro-
napart(~ en prenant un saLre, voila le sabn~
que je portais anx Pyramides; je vous le donn~
comme un gage de mon estime et de ma COll-
fiance. - Ouí, reprit Lefebvre tout énm, je-
lOI1S les aFocals ~lla riviere. Joseph avait amellé
Bernadotte; mais celui-ei, voyant de (plOi il
s'agissait, se retira pour aIler avertir les pa-
triotcs. Fouché n'était point dans le secret;
lnais, Jscrti de l' évi:llement, il avait ordollné
la ferrneture des barrieres, et suspendu le dé-
part des courriers et eles vaitures plloliclues.
n Villt en toutc hate en avertir Bonaparte, et
llli faire ses protestations de rlévouement. Bo-
¡¡aparte, qui l'avait laissé de cOté jusqu'ici, ne
le repollssa point, mais lui dít que ses pr{o-
calltiolls ét;¡icnt inutiles, qn'il IH: falIait ni fer-
mer les barriéres, ni sllspendrc le cours ordi-
naire des choses, qu'íl marchait avec la lIatian
et comptait sur elle. Bonaparte apprit dans le
momellt quc Gohicr n'avait pas voulu se rcndre
;1 san invitation, il en témaigna quelquc ha-
meur, et l"i ut dirc par un intermédiairc qu'il
se penlrait inlltilcll1cnt en voulant résister. II
monta allssit()t :l chcval panr se rendre a!lX


x. 3r




4(~:.l liÉVOLLTlON Fll.''''<':'''-!SE.
Tuiicries, et preter serment devant le cons(~íl
des anciens. Presque tous les gc\néraux de la
républiquc l~taiellt á cheval a ses cotés. 1\10-
reau, Macdonald, Berthier, Lannes, Murat,
LCc!(TC. étaient derriere lui eomme ses lieute-
nants. Il trouva aux Tuilerics les détachelllents
du ge, les harangua, et, apn\s les avoir enthou-
siasmés, entra dan s le palais.


JI se présenta devant les anciens, aceompa-
gné de ce magnifique état-major. Sa présence
causa une vive sensation, et prouva aux an-
ciens qu'ils s'étaicnt associés a un homme
puissant, et qlli avait tous les moyens néces-
saires pour [aire réussir un conp d'état. Il se
présenta a la barre: « CitOyCllS rcpréscntants ,
({ dit-il, la république allait périr, votrc dé-
« cret vient de la sauver! Malhenr a ceux qlá
« voudraiellt s'opposer a son exéeution; aielé
« de tous mes compagnons d'armes rasseml¡lés
« ici antour de moi, je saurai prévenir ICllrs
« ef10rts. On eherche en vain des exemples
,( dalls le passé pOllr inquiéter vos esprits; rien
« dans l'histoire ne ressemble au dix··huitieme
« siecle, et rien dalls ce siecle ne ressemble a
«( sa fin ... NOllS voulolls la réplIblique .....
« Nous la voulons fondée sur la vraie liberté,
( <,ur le régime représentatif. .. Nous l'aurons,
,( ji' le jure en mOIl nom. et all nom de 11)('.<'




Dll\lcCTOIIlE ~ 1 799,i- /, n') _¡O)
« compagnons J'armes. _ .» - Nous le juron"
tOllS, répéterent ¡t~S gélléraux et les officicrs
qui étaient a la barre. La maniere clont BOlla-
parte venait de pretcr son sermen! était adroite,
en ce qll'il avait évité Je prüer serment a la
cOIlstil¡¡lion. Un dépnté voulllt prendre la pa-
role ¡JOlIr en faire la remartIllE'; le président
la luí refllsa, sur le motiE que le décrl't de
trallslation inlenlisait toute délibératioll. On
se sépara sur-le-champ. Bonaparte se rendit
alors dans le jardin, monta a cheval, accom-
pagllé de tOllS les généraux, et passa ell revue
les r{~gil11ellts de la garnison, qui arrivaicnt
slIccessi vernellt. 11 adressa une harangue courte
et énergiquc aux soldats, et lenr dit qu'il al-
lait faire une révollltion qui lellr rendrait l'a-
bondance et la gloire. Des cris de Vive Bona-
parte! retentissaient dans les rangs. Le temps
(\tait sllperbc, l'affluence extraordinaire : tOllt
scmhlait scconder l'illévitable attentat qui al-
lait t<~rmincr la cOllfusioIl par le pOllvoir ab-
solLl.


Dans ce moment, les cinq-cents, avertis de
la I't;volution qui se préparait, s'étaient rendus
en tumulte a la salle de leur séance. A peine
r{>unis, ils avaienl rct:;ll un Illf'Ssage des a11-
cicns, cOllteuaut le décret de lranslation. A
cette ledure, ulle foule de voix avaient éclaté


') : -




4Rí Tn:VOLl:TION Fi1AN<>\ISE.
a la [oís; mais le président Lucien Bonaparte
les avait réduites au silence, en vertu de [a
constitution qui ne leur permettait plus de
délibérer. Les cinq-cents s'étaient s{~parés a115-
sítOt; les plus anlents, courant les UllS chez:
les autres, formaient des conciliabules, paUt'
s'imligner en comnmu, ct imagi,wr quelques
moyells de résistance. Les patrio tes des fau-
bOllrgs étaient en grande agitatioll, et s'ameu-
taient autour de Santerre.


Pendant ce temps, Bonaparte , ayant achevé
la revue des troupcs, était rentré aux Tuilc-
ríes, et s'était rendu a la commission des ins-
pectellrs des anciens. Celle des cinq-cents
avait entierement adhéré :'t la révolntioIl nOl1-
velle, et se pretait a tont ce qu' OH préparait.
C'était la que tout devait se faire, sous le
prétexte el' exécuter la trallslation. Bonaparte
y siégea en permanence. Déja ]e ministre de
]a justíce Cambacéres s'y étaít renrlu. l"ollché
y vint de son coté. Sieyes et Hoger-Ducos ve-
naient rl'y donner leur démission. Il importait
d'eIl avoir encore une troisiernc au directoire,
parce qu'alors la majorité était dissoutc; ii
n'y avait plus de pouvoir exécutif, et on n'a-
vait plus a crainclre un dernier acte d'énergie
¡le sa parto On n'espérait pas que Gohier ni
\'Tolllim la donllassent; on (lép(icha YJ. de




48.3
Tal1PJrand et I'amiral Bruix a Barras, pOllr ¡ui
3rrachcl' la sicllne.


Bonaparte distribua ensuite le commalllle-
mcnt des trollpcs. Il chargeaMurat, avec une
nombrcuse cavalerie et un corps de grena-
diers, d'aller occlllwr Saint- Cloud. Serrurier
fut mis au Poillt~dll:iOUI' avec une résene.
I~~mlJcs J'ut charg(~ de commander les troupes
qui ganlaient les Tuilcríes. Bonaparte doulla
ensuite a l\'Iorcau une cOlllmission singllliel'e,
et ccrtainf'ment. la moins honorable de toutes,
dans ce graml événemcllt. II le chargea d'al-
1('r, a \ee Cillq eents hommes, garder le Lllxem-
bourg. Morean avait ponr instl'llction de blo-
quer les directcurs ~ SOllS prétexte de veiller
a ¡cm su reté , et de leur iuterdirc ahsolument
toulp commuuicatiou au debors. Bonaparte tlt
signiticr eH meme tl'mps au commandant de la
ganJe directoriate de lui obéir, de quitter
avec sa troulw le LlIxembonrg, et de venir se
remIre allpr(~s de lui allX Tllileries. On prit
enfill une derniere et importante pn"calltion,
avec le secours (le Fouch(~. Le dircctoire avait
la faculté de suspemlre les mu nici palités; le
ministre Fonché agissant en sa qllalité de mi-
nistre de la poliee, commc s'il était autorisé
par le clirectoire, sllspelHlit les dOllze munici-
palit(;s de Paris, el leur ellteva tout POUVOiL




,~8(¡ P.¡:VOLCTlON .1"1'.,\ N~AISl'.
lIue l'estait, par ce moyen, allX patriotes, au-
Clln poi lit de ralliemcnt, ni an directoil'e, lli
dans Jes dOllze commulles qui avaiellt succédé
a la graude commune d'aulrefois. Fouché fit
ensuite aitJcher des placards, pour inviter les
citoyens a l'ordre et an rcpos, et leur assurcr
qu'on travailJait dans ce 11l0ment a sauver la
répllblique de ses périls.


Ces mesures réussirent complétemcnt. L'all-
torité dll général BOllaparte fut reconnue par-
tOllt, bien que le conseil des anciens n'eút
pas agi constitutionnellemellt en la lui confé-
ran t. Ce conseil, en effet, pouvait bien ordon-
ner la trallslation, mais ne pouyait ras nOl11-
mer un chef supI'eme de la force armée. 1\10-
reau se rendit au Luxembourg, et le hloqna
avec cinq cellts hommes. Le commandant de
la garde directoriale, Jllbé, obéissallt sllf-Ir-
challlP aux ordl'cs qu'il venait df~ recevoir, fit
monter sa trollpe ~l che val , d Cjlliua le Luxcm-
bOlll'g pon1' se r('1I(11'e allx Tuilcries. Pendant
ce tcmps, J(·s trois directcurs, lVloulins, Go-
hiel' ct Barras, élaient dalls une crnclle pcr
pkxit~. lVIoulillS et Goh ¡el', s'a perct'vant cnliH
de la conjuI'alioll qui lnur ;¡yait ~clwppé, S'(~­
taieIlt reIHlus tIalls l'appartemellt de narras
pon!' lui dem;J.mlcl' s'il YO!llait tellil' [crme
avrc PllX, et former la maj()rit(~. Le volllptllellX




DIIHCrOlp.F. (1 ~:)9).
directenr était dans le bain, et apprenait a
peine ce que Donaparte faisait dans Paris. -
Cet homme, s'écria-t-il avpc une expression
grossi(~re, HOUS a tous trompés. - Il promit
de s'unir a ses collegues, cal' jI promettait
toujollrs, et il cnvoya son secl'étaire Bottot
aux Tuilcl'ies pour allel' a la déconverte. Mais
a peine Gohicr et l\Iolllins l' eurellt-ils quitté,
q n'iI tomba dans les mains de Rruix et de
M. de Tallcyrand.ll n'était pas clifficile de lui
f~1ire sentir l'impuissallce a laquelle iI était ré-
duit, et cm n'avait pas a craindre qu'il voulút
succomlwr glorieusement en défenrlant la
COllslitlltion directol'ialc. On lui promit repos
et fortul1e, et ii cOllsentit a donner sa démis-
sion. Oll lui avait rédigé une lettre qu'il signa,
et que MM. de Talleyrand et Bruix se haterent
de porter ~l Bonaparte. Des cet instant, Gohier
ct MoulillS fircnt pour parvenir aupres de lui
des e1Jorts inutil(~s, et apprircnt qu'il venait
de se démettl'e. Héduits a eux sellls, n'ayant
plus le droit de délibél'er, ils ue sa vaient quel
parti prendre, et ils voulaient cepcndant rem-
plir loyalement leurs devoirs envers la cons-
titution de l'an IlI. Ils résolul'ent done de se
rcnd re ;'¡ la commission <les inspecteurs , pour
demaudel' ;\ lcurs dellx collegues, Sieycs et Du-
('os, s'ils vOlllaiclll Si' réUllii' ;¡ CU). ponr re-




48~) IlÚVOLL"TION FRAN<)AISI
cOIlstituer la majorité, et promulguer du moins
le décret de translatjoJl. C'était la une triste
ressource. Il ll'était pas possible de réunir une
force armée, et venir leve!' un Üelldard con-
traire a celui de Bonaparte; dt\s 101's il étaít
inutile d'aller aux TllÍleries, alfrolltel' Bona-
parte au milieu de son camp et de toutes ses
forces.


Ils s'y rendirent cependaut, et OH les y
laissa aIler. l1s trouverent Bonaparte entouré
de Sieyes, Ducos, d'une foule de députés et
d'lIIl nombrellx état-major. Rottot, le secré-
taire de Barras, venait d'(\tre fo!'l mal accuciHi.
Rouaparle, élev:lIlt la voix, lui avait dil :
« Qu'a-t-oll fait de eelte France, que j'avais
« laissée si brillante? J'avais laissé la paix, j'ai
« retrouvé la gllerre; j'avais laissé lles victoircs,
« j'ai retronvé des rev!'rs; j'avais laissé les miJ-
« liuI1S de l'ltalie, f't j'ai ITOllVt~ des Jois S!1O-
« liatrices et la mist>rc. Que SOllt develllls CCllt
« mille Fran<;,ais (IUC je cOllllaissais, tous nH~S
(( compagnons de g/uil'e? ils sont morts!))
r:euvoyé Boltol s'était retireatterré; maisdans
ce rnoment la démission de Rarras ("tait arriv('e
et avait calmé le général. II !lit á GuIlle!' el
Mou1ins qu'ii élait salisbit de les voir; qu'il
cOlllptait sllr Icur dl:missio!i, paree (Fl'ii les
cruyait trop DOlJS cilílY\'liS jlotlr s'oppos('l' Ú




nJIU,CTOInE (1799)· 489
lme n'~V()llltioll iuévitahle et salutaire. Gohier
répondit avec force qll'il ne vcnait avec SOl}
collcgue l\Toulins (llle pour I.ravaillcr a sauycr
la r(~pllblique. - Gilí, n~partit Bonaparte, la
saUVC1', el a vcc quoi? .. ave e les moyens de
la constitutiot1, qlli CI'OU le de !Ol1tes parts?--
Qlli vous a dit cela? rt-pliqua Cohier. Des per-
fidcs qui ]l'ollt]Ji le COIlI'age, IJi la yolollt(~ de
w;¡rcher :l\"ec elle. - Dile altercation assez
vive s'ellgagea entre Gohier el BOllaparte. DallS
ce moment, on apporta un billet an gt-néral.
Il contenait l'avis el'une grande agitation au
hubourg Saiut-Autoillc. - Gélléral l\Ioulins,
dit Donaparte, vous etes parent de Santerre?
- ""1011, répoudiL l\IoulillS, je ne suis pas son
parellt, mais son ami. - J'appl'clHls, ajouta
llonaparte, qll'il rpmue dans les fallbourgs;
elites-lui qll'all premier mouvement je le fais
fusiller. -l\Iol1lills répliql1a avec force a Ro-
llapartc, fjlli lui répéta (111'il fel'ait fusiller San-
terreo L'altercatjoIl coulinua avec GolJier. Bo-
naparte lui c1it en filJissaltt : - La l'épublillue
est en péril, iI fallt la sallver ... je le veux.
Sil')'es et Ducos ont donné leur démission;
llanas "iclIt de llauller la sienne. Vous etes
deux, isolés, im puissants, vous ne pouvez'
rien; je vous cllgagc a De pas résistcr.- Gohier
el J}!<JIIlius répondircnt qu'ils lit' désel'teraient




490 I~J~VOLlJTION :FRANY,USE.
ras lenr poste. Ils retournerent au Luxem-
bOllrg, ou ils fllrent des ce moment consignt;s,
séparés J'un de l'autre, el privés de tonte com-
munication par les ordres de Bonaparte trallS-
mis a Morcan. Barras venait de partir ponf
sa terre de Gros~Bois, escorté par un détache~
ment de dragons.


Illl'y avait donc plus de pOHvoir exécutif!
BOllaparte avait seul la force dalls les mains.
TOlls les ministres ~taient réullis auprés de
lui, a la commission d¡>s inspecteurs. Tous les
ordres partaient de la, comme du seul pOillt
oú iI existat une autorité orgallisée. La jour-
née s'acheva avec assez de calme. Les patrio~
tes formaient de nombreux conciliabules,
pl'oposaient des résolntiolls désespérées, mais
sans croire a la possibilité de les exécllter,
tant on redoutait l'ascelldant de J30naparte sur
les Lroupes!


Le soir on tint conseil a la commission des
inspcclellI's. L'objet de ce cOllseil était de con-
venir, ayec les priucipaux membres des an-
cien s , de ce qll'OIl ferait le lendcmain a Saiut-
Cloud. Le projet arreté avec Sicyes était de
proposer l'ajournement des cOllseils avec uu
consulat provisoire. CcHe proposition présen-
taitqllclc¡ues difiicultt's. Beaucoup de nWll1Lres
des ancicus, qn ¡ avaient cOlltribué a rendre It~




¡](;Cl'ct de translatioll, s'effrayaicut maintellallt
de la dornination dll parti militaire.lls n';¡y;¡ielll
ras cm que l'on songcát a créer ulle dictattlre


• au proGt de Honaparte et de ses deux as-
sociés; ils auraietlt vOlllu sculernent que 1'011
composat alltrernent le direetoire ,et, malgré
I';'tge de Bonaparte, ils aUt'aient eonsellti a le
nommcr directeur. [ls en firent la proposition.
M;¡is ROllapal'tc répondit d'ull ton décidé, que
la constitu tion ue pouvait plus l1larchcr,
qu'il faltait une autorité plus coneentrée, el:
surtollt un ajollrl1ernent de t011S les d~;bats
poli tiques gui agitaient la 1'épnblique. La no-
minatÍan d(~ troís consuls et la suspension eles
conseils jusqu'au I er ventose, ftlrent done p1'o-
p()s('~es. :\ pres une discussioll assez longuc, ces
lIIesures furellt adoptécs, OIl choisit BOllaparte,
Sieyes el. nucos pOllr consuls. Le projet fnt
ródig<", et dut ('lre pro posé le lcndcmain
1l1:ltill a Saillt-Cloud. Sicycs, connaissant par-
faiternent les mOllvements d'vollltionllaires,
vOlllait qu'oll arn;t;'¡t dans la 1It1i, (pIaranh~
des menellrs des cínq-ccnts. Bonaparte lIe le
youlnt pas, et cut a s'cn repelltir.


La Huit filt asscz tranquillc. Le lendpll1ai"
ll1atill, 19 lJl'llllJail'e (10 lIovcmbre), la routc
de Saillt-Clolld était convertc de trollpCS, de
y,¡ilUI'('S d de cllricllx. Trois :;alles ;waient l'tC:




'19ét ni:VOLUTlON }·RA.N~,:AISL
préparées <tu chateau : l'uuc pour les anciens,
l'autre pour les cinq-cents, la troisieme pOli!'
la cornrnission des illspecteurs et ponr BOl1a-
parte. Les préparatifs devaiclIt elre achevés 3.
micli, l1lais ils nc puren! l'etre aVélnt dCllX heu-
r('s. Ce retard I1lallrjlJ:L de devenir funestc aux
allleUl'S de la r~vollJlioll llollvelle. Les dt~pu­
tés eles cleux conseils se prolllcnaient d:lIls les
jarclills de Sailll·Cloud, et s'clltrctenaient en-
semble avcc Ulle extn~me vivaciló. Ceux des
cinq - cents, irrilés d'avoir été déport{~s en
quelque sorle par ceux des anciells, avant
llH~me qu'ils pnssent prelldre la parole, lem'
demandaient naturcllclllent ce qn'ils voulaient,
ce qu'ils projetaient pour la journée. - Le
gouvel'l1cment est décomposé, leur disaient-
ils; eh bien, soi L; lIons COll vcnolls (jll 'il faut
le recomposer, el qu'il en a besoin. Voulez-
vous, au lieu (l'holllmes illepLes et SilllS l'C-
llOJllllléc, y porter des howmes iwposallts;
nJUlcz-vons y porter DOllaparle :) ..... quoiqu'il
n'ait pas Llge requis, nous y cOllsenlons en-
coreo - Ces questious prcssantes embarl'as-
saicllt les anciens. Il fallait cOllveuir qu'oll vou-
bit autre chose, et clu'oll avail le projet d'Ull
renvcrSCll1ent de consLillltioll. Quelques-l1I1s
d'entre eux f1rent des illsilluatiolls a ce sujet;
mai::; elles furent mal accueillies. Les ancieus,




llmF:CTOIRE :,1799). 4:")3
d(~.iá eff'rayés la veille de ce qui s'était passé :{
la commission des inspectelll's, fllfent ébran-
lés tout-a-fait, en voyant la résistance qui se
manifestait dans les cifl(l-cents. Des ce mo-
ment, les disposiLiollS du corps-législatif paru-
I'ent douteuscs, et le projet de révolutiol1 fut
tres-compromiso Ron aparte était a cheval a la
tt~te de ses trollpes; Sieyes et nucos avaicnt
ulle chaisc de poste, attcléc de six chevaux,
Llui les attcndait a la grille de Saint-Cloud.
Beaucoup d';mtres personnagesen avaient aussi,
se clisposallt, en cas d'échec, a prendre la fuite.
Sil'ves, du reste, Illontra dans [oute cctte scene


.1


uu ra1'e saug-froicl et une grande préseuce
d'csprit. On craignait que Jourclan, Auge1'eau
et Bcrnadottc ne vil1sscl1t parler allX troll pes.
On donna l'ordrc de sabrer le premier indi-
vidu quí se préscnterait ponr harangner, re-
présentant Oll gén(;ral, n'importe.


La st;ance d('s deux conseils s'ouvrit a cleux
heures. Dans les aneiens, des récJamations s'é-
leverent de la part des mcmbres qllÍ n'avaient
pas été convoqnés la veille ponr assistcr á la
disCllssioll sur le décret de translation. Ces
réclamations fnrent écartées, puis OH S'occtlpa
d'une notification aux cinq-cents, pOOl' lenI'
appremlrc que le conseit était en majorité, et
pn't a délil)érer. Aux ciTllJ-cents, la délibéra-




l:;{¡ UÉVULl'1'lOS l<'J:A~:(,\lé,l,
1ion commen~a autrement. Le député Caudin,
qni avait missioll de Sicyes et de Bonaparte
d'ouvrir la discnssion, parla J'abord des dan-
gers que courait la républiquc, et proposa
deux choses : t)remieremcnt de remercier les
anciens d'avoir trallsféré le conseil a Saint-
Cloud, et secondement de fOl'mer une com-
mission chargée ele faire un rappol't SUl' les
(langers de la république, et sur les moyells
de pourvoir a ces dangers, Si cette proposi-
tiOll avait été adoptéc, on avait un rapport
tout préparé, et on eút proposé le cOllsulat
provisoire et I'ajollrnement. Mais ~l peine le
député Gauclíll a-t-il achevé de parler, qu'lln
orage épollvantable éclale dans l'assemblée,
Des cris violcnts I'etentissent; OH entend de
toutes parts : - A Las les dictateurs, point de
dictatllrc, vÍve la coustitution! - La cOl1sti-
tution ou la mort, s'écl'ie Delbrel... Les JXÚOll-
llcttes ne n ous cfl'raiell t pilS, IJOllS sornmes
libres ici. ~ Ces paroles sont snivies de IlOU-
veaux cris. Qllclqucs députés fllrieux répetent
en regardallt le présidcnt Lucien : Poiflt de
dictature, a bas les dictateurs! - A ces cris
insultants, Lucicn prcnd la parole. -- Je sen s
trop, clit-ii, la dignité de président pOllI' souf-
frir plus IOllg-tcmps les menaces insolentes de
cc;'taius orateul's; jc les rappel!c a l'ü!'(lre.-




\)1 tU.CrolllE ',1 799)' ~~):J
ecHe injonctioll ne les calme pas, et les rcne!
plus furicux. Apres une longue agitation, le
député Grand-}Iaisoll proposc. de preter ser-
ment a la constituliüll de l'an lIT. La proposi-
tío n est aussitót accueillie. On demande de
plus l'appe.lnominal. L'appel nominal est aussi
adopt¡'~, Chaque clépllté viellt a son tour pre-
ter sermcn t a la triLuue, aux cri s et aux ap-
pl:llIdissemcnts de tous les assistants. Luciel1
est oLligé lui-meme dc quitter le fautellil,
pour pretel' le serment, qui ruine les projets
de SOIl frel'c.


Les événemcnts prcnaieut une tournure
dangerellse. Au líe u de nomrner une COllllllis-
siün pOllr écoute1' des projets de réforme, les
cinq-cents pretaient un serment de m<lintenir
ce quí exislait, et les anciens ébranlés étaient
]1réts a reculer. C'était ulle révolutlon mau-
qnée. Lc danger était imminent. Allgereau,
.1 üurdall, les patriotes influents étaicnt a Saint-
Cloud, attendant le moment fayoraLlc ponr
ramener les troupes de lelll' coté. Bonaparte
et Sieyes arretent sur-Ie-champ qu'il Ümt agir,
cl ramcnel' a soi la masse floltante. Bonaparte
se décide a se présenter aux dellx conseils a
la tete (lc son état-major. Il rencontre Augc-·
l'cau, qLli d'Ull ton raillenr Ini dit : Vous voiH,
dan" 1I1leiolie positioll. - Les affaires (·taicnt




11]0 nl~VOLUTION FIlAN<,:A.ISE.
en bien plus mauvais état a Arcale, lui répond
BOIlapa¡'te; et il se rene! a la barre des al1-
ciens. TI n'avaitpoillt l'habitllde desassemblées.
Parler pour la premiere foís ell public est cm-
barrassant, effrayant n)(~me poul' les esprits
les plus fermes, et d:llls les circonstanccs les
plus ordinaires. Au mílieu de pareils événe-
mellts, et pOllr un halllme <]lIi lI'avait jal1lais
paru a une tribune, ce devait elre biell plus
difficilc encore. Ronaparte, fort ému, prellll
la parole, et d'llne voix entrecoupée, mais
forte, dit aux anciens : « Cit0,Yells représen-
« tants, vous n'etes point dans des circonstall-
« ces ordinaires, mais ~ur UIl volean. Pel'mE'l-
« tez-moi quelqnes explicatiolls. Vous avez
« cru la république en danger; vous avez
(e tl'ansféré le corps -législatif a SaiIlt-Clolld;
« vous m'aveí'. appelé pour assurcl' l'exécutiolJ
({ de vos décrets; je snis sorti de ma dellleure
« pour vous obéir, et déjit on 1I0llS aLrCll ve de
« calomnies, moi et mes compagllolls d'armes:
« on parle d'Ull nouveau CI'otllwell, d'un nou-
« veau César. Citoyens, si j'avais vonla d'un
« tel rOle, il m'eut été faciJe de le prendre au
« retonr d'Italie, au momcnt du plus heau
« triomphe, et lorsque l'armée et les partís
( m'invitaient á m'en emparer. Je ne l'al pas
" voulu alors, je ne le veux pas aujüurd'lllli.




liIRECTOIRE ~I799)' í97
« Ce sont les dangers senIs tle la patrie qui


«( ont éveillé mou úle el le votre. » Bonaparte
fait ensnite, toujours d'llne voix émue, le ta-
blean de la situation dangerel¡se de la répu-
blirplC, déchirée par lous les par ti s , menacée
d'une nouvelle guerre civile dans l'Ouest, et
d'une invasion vers le Midi. « Prévenons, ajoute-
« t-il, tant de maux; saUVOllS les deux choses
( pour Icsquelles nous avons fait tant de sa-
r< crifices, la liberté et l' égalité ... »-Parlez done
allssi de la constitlltion! s' écrie le dépllté
Lillglet. - ectte intcrruption déconcerte un
illstant le gb1(~ral; mais Lientot il se remet,
et d'l1ne voix entrecollpee il répond : « De cons-
« titntion! vous n'en avez plus. C'est vous
(( qui l'avez détruite, en attentant, le 18 frue-
« tidor, a la représentation nationale, en an-
« nulant, le 2.2 floréal, les élections popu-
« !aires, el en attaquant, le 30 prairial,
« I'indépcndal1cf' du gouvernement. eette cons-
« titu tion dont vous parlez, tous les partís
« veulent la détruirc. Ils sont tOllS venus me
« faire confidence de leurs projcts, et m'offrir
« de les secollder. Je ne l'aí pas voulu; mais,
«( s'il le faut, je llormnerai les partís et les
" hommes. J) - Nommez-Ies, s'écrient alors
les opposants, nommez-les, demandez un co-
mil ('. ;;ecrd.- lJne lOllguf' agitatioll succcde a


'(.




![98 lLÉVOUlTfON FRAN9AJSE.
ectte intenuptiou. Donaparte reprend f'nfin
la paro le , el peignallt de nonveau l'état ou la
Franee est placée, engage les anciens a pren-
dre des meSlIl'es qui puissent la sallver. ( Eu-
« "irouné, dit-il, de mes frCl'es d'armes, je
« saurai vous seconder. J'en atteste ces Lraves
« grcnadicrs, d011t j'apel'~ojs les LalOIlI1ettes,
« et que j'ai si SOUvCllt cOllduils á l'ennemi;
({ j"en atteste leur courage, 110US vous ;¡j derolls
«( a sauver la patrie. Et si quclque oralem',
C( ajoute Bonaparte d'une voix meuac;ante, sí
(( quelque orateur payé par l'étrangel', parlait
«( de me mettre hors la 10i, alol's j'en appell(~­
« 1'ais a mes compagnons cI'armes. SOllgez que
({ je marche accompagné <iu dicu de la fOl'tune
{( et du diell de la guerreo ))


Ces paroles illHlaciellses étaient un avis pour
les cinC{ - ccnts. Les anciells les accucillirent
tres-bien, et parurenL ramcI!és par la présencc
dll général. lis luí acconlel'ent les llOlllleurs
de la séallce.


Bonaparte, apres avoir réchauffé les an-
ciens, songe a se rendre aux cinq-cents, pour
essayer cle leur imposer. Il s'av<íuce suivi de
que!<lues grenadiers; il cutre, mais ¡lles laisse
dcrriere lni au h011t (h~ la salle. 11 avait a par-
conrir la moitit' de l'enceinte pour arriver ú la
barre. A peine· est-il arrivé au milieu, que des




DI1U,CTOlRE (1799)'
cris furieux partent de toa tes parts. - Quoi,
s' écrient uIIe fonle de voix, des soldats ici!
des armes ~ QlIC veut-on ? ... A Las le dictateur,
;1. has le tyrall ~ -~ Un granel llombre de dépu-
tt',S s'élancent au lllilicll de la salle, eutoUl'cnt
le géllél'al, lui adresscnt les interpellations les
plus vives ~ -- Quoi ~ illi dil-Oll, c'est pour cela
que vous ;¡vez vaillClI ? .. Tous vos latll'iers sont
flétris ... Votre gloil'e s' est challgée en infamie.
Hespectez le tem¡ile des lois. SOl'tez, sortez !-
nonapartc est confondll au milieu de la fon1e
qui le presse. Les gl'elladiers qu'il avait laissés
a la porte, accou reH t , repoussen t les d(~putés,
et le saisisscnl au miIien dn COl'ps. On <lit que
(Jans ce tumulte, des grcnadiers re~urellt des
coups de poi"gllanl flui lni étaiellt destinés. Le
grenadier Thomé eut ses vetements déchirés.
II est tres-:possil)le {pIe, dans le tumultc, ses
Yctemcllts aient (>t(~ déchirés, sans qu"jI y eut
Iú des poigllards. JI cst possible aussi que des
poignards fusscllt da!ls plus d'ulle maill. Des
}'épubhcaius qui croyaicJlt voir UI1 nouveau
C{~sar, pouvaient s'arlJlcr <In fel' de llrntus,
sallS t'tre des assassiIl5. n y a ¡lile grande fai-
blesse a les en justifier. Quoi qu'il ~~n soit, Bo-
llaparte est ell1poI't(~ hOl"5 de la satIe. On dit
qu'il était trouLló, ce qui Jl'est pas plus éton-
nant que la Sllppositioll des poigllal'ds. lL monte


'h.




50u H~,VOL1:TJON l;'l\ANCAISE.
a cheval, se rend aupres des trollpes, lellr
dit qu'on a vOlllu l'assassinf'r, que ses jours
ont été en péril, et est accneilli partout par
les cris de Pire BOllaparte!


Dans ce moment l'orage continue, plus vio-
lent que jamais, dans l'assemblée, et se dirige
contre Lucicn. Ce1uí-ci déploie une fermeté
et un courage rares. - Voll'e fr¿~l'e est un ty-
ran, lui dit-on; en un jour il a peI'du toute sa
gloire. - Ll1cien cherche en vain a le justi-
fiero - Vous n'avez ras voulu, dit-il, renten-
dre. Il venait vous expliq1ler sa cOllduite, vous
faire connaltre sa miss ion , répondrc a toutes
les questiOlls que V'Jl1S ne cessez d'adresser
depuis que vous etes réunis. Sps services mé-
ritaient du moins qu'on lui dOllnat le temps
de s'expliquer. - Non, non, a has le tyrall!
s'écrient les patriotes fllriellx. Hors la loi ~ ajon-
tent-ils, hors la loi! - Ce mot était terrible,
i I avai t perdll RobespielTc. Pronollcé contre
l~onaparte, il pOllvait peut-litre faire hésiter
les troupes, el les détacher de lui. Lucien,
avec conrage, résiste a la proposition de mise
hors la loi, et (lemancle auparavant qu'on
¡"conte son frel'C. Hlutole long-ternps;m mílieu
d'un tumulte (~ponvalltable. Ellfir!, déposant sa
toque et sa toge : - Misél'ables, s'écrie-t-il,
vous voulez qi1e .ie mettt' hors la Joi mOl!




propre frere! J e renonee au fauteuil, et je
vais me rendre á la barre pour défenure ce-
llli qu'on aCCUS,8.


Dans cc moment, Bonaparte entendait aa
dehors la scene qui se passait dans l'assemblée.
Il craignait ponr son frerc; il envoie uix gre-
nadiers ponr l'arracher de la salle. Les grena-
dicrsentrcnt, trollvclltLucien au milieu d'un
groupe, le saisissent pal· le bras en luí disallt
que c'est par ordl'e de son frere, et l'elltrai-
nent hors de l'Pllceillte. C'était le moment de
prendre un partí décisif. TOllt était perdu si
011 hésitait. Les Ilw)'<>IlS oratoires de ramener
l'assembléc étant develllls impossibles, il ne
restait que la force; il fallait hasarder un de
ces actes audacieux, llevant lesquels hésitent
toujours les lIsUrpatellrs. César hésita en pas-
sant le Rubicon, Cromwell en fermant le par-
¡ement. Bonaparte se décide a faire mal'cher
les grcnadicl's SUI' l'assemblée. Il monte a clle-
val avec Lllcien, et parcollrt le frollt des
troupes. Luciell les har,wglle. - Le conseil
des cinq-cents est dissOllS, leur dit-il, c'est
moi qui VOIIS le cléclare. Des assassins ont ell-
vahi la salle des séances, et 011t fait v¡oleuce
a la majorité; je vous somme de mal'Chel· {Jou!'
la délivrer. - Lucien jure ensuite que lui et
son frére Ser()llt les d/.fr'u:;t'lII'S fidfdcs de la




502 R:ÉVOLUTION FRA-W;AISE.


liberté. Murat et T,eclerc (~Lranlent alors un
bataillon de grenadiers, et le cOIHluisellt a la
porte des Cillq - cellts. IIs s'avancent jllsqu'a
l'entrée de la salle. A la vue des balonncttes,
les dóputés pOllssent des cris affreux, comme
ils avaieut fait á la vtle de Bonaparte.i\Tais
un roulement de tambours couvre leurs eris. -
Grcnadicrs, en {lv{lnt! s' éel'ient les offieiers.
Les grenadiers entrent rlans la salle, et dis-
persent les députés qui s'enfuient les uns par
les couloirs, les autres par l,es fenetres. En
un instant la salle est évacuée, et Bonaparte
reste maitre de ce déplorabk champ de ba-
taille.


La nouvelle est portée aux ancicIls, qlli en
sont remplis d'inc¡uiétude (,t de regrets. IIs
n'avaiellt pas souhaité un pareil attentat. Lu-
cien se pl'ésente a leu!' barre, ('t vient justifier
sa cowluite a l'éganl des ónq-cclltS. 011 se
contente de ses raiso11s, cal', (IlIe hil'e dans
une par'c'ille situatiolJ ? .. J[ l:t1lait en finir, ct
remplir' l'ubjet qU'OIl s'était proposé. Le COll-
seil des anciens ne pouvait pas décréter a lui
seul l'ajuurnernent du corps législatif et l'ins-
titution du consulat. Le: cOllseil eles cinq-
cents t~tait dissous; mais il !'cstait une cin-
(!ualltaine de députés, p:ntisans dl1 coup d'é-
tat. On les réuúit, et un !eur hit rellllre le




DIRECTOIRR (1799). 1'-' .") :JO:'>
décrct, objet de la révolution qtl'Oll v¡,nait de
f~lÍre. Le décret est ensuite rapporté allX 311-
ciens, qui l'adoptellt vers le miliell de la nuit.
Bonaparte, Roger-Dl1cos, Sieyes sont l10mmés
conslIls provisoires, et revctns ele toute la
pl1issance pxécutive. Les conscils t'ont ajournps
au 1 cr ventóse prochain. lIs SOllt remplacés
palo denx COllllllissiollS de villgt-cinq mem-
brcs chaclllle, prises dans ]ps conseils, et
chargées (l'approuver les mesures législatives
que les trois consuls alll"Ont hesoin de prell-
cIrc. Les consuls et les commissiollS sont chal'-
g/'s de r(diger (llle constiluliotl nOllvelle.


Telle fut. la révolution du Ji) bl'umaire, ju-
gée si di versemcllt par les hOl1l mes, regal'clée
par les 1II1S COtnllle l'attentat ({tú anéalltit 1'es-
sai de nolre liberté, par les auttes comme un
acle hanli., mais nécessaire, qui termina l'a-
narehie. Ce (Pl'OIl en peut dire, c'est que la
révolulioll, aprés avoir pris tOllS les earactéres,
mOllarchi(lue, républicaill, démocratic¡ue, pre-
nait eIlfin le caractcre militail'c, paree q u'au
miliell Ile ceUe lutte perpétueile avec l'Europe,
il fallait qn'clle se constilual: d'une mauiere
solide el forte. Les républicains gémisst'llt de
tallt (['effOl"ts illfructucux, de tant de sallg
inutilcmcll t versé pour fo; :der la liDerté en
Frauee, et ils déploreut di' la vnir immoléc




504 llEVOLUTION lo'lL\N<,::USE.
par l'un des héros qu' elle a vait enfantés. En
cela le plus noble Sl'utiulf'nt les trompe. La
révolution., qni devait llOUS dOl1ner la liberté,
et qui a tont préparé pour que nous l'ayolls
un jour, n'était pas, et ne devait pas etre elle-
meme la liberté. Elle devait etre une grande
lutte contre 1'ancien ordí'c de choscs. Apres
l'avoir vaillCU en France, il fallait qu'elle le
vainquit en Europe. Mais lIlle lutte si violente
u'admettait pas les formes et l'esprit de la li-
berté. On eut un moment de liberté sous la
constituante, et il fut court; mais quand le
partí populaire devint si menw;ant qu'il inti~
mida tous les esprits; qualld il ellvahit les
Tnilt:'ries au JO aoút; quamlau :>. septembre ii
immola tous ceux qui luí dODnaient des défian-
ces; quawl au 21 janvicr it obligca tont le
monde a se compromettre avec luí en trem-
pallt les mains dans le sang royal; qU<lllCl il
obligea, en aoút 93, tOIlS les citoyens a cou-
rir au~ fmutieres, OIl a livrel' leur fortune;
quand il abdiqua lui-mcmc sa puissance, et la
remit a ce granel comité de salut public, com-
posé de douze illdividus, y avait-il, pou vaít-il
yavoir liberté? NOll; il Y avait un violent
effort de passiolls e t d'héroisme, i 1 Y a vait
cette tl'usion musculaíre d'un athlete qui lutte
contre UlI cllncmi pllissanL Apr¡~~ el' IlJOIIICIlI




Dlla:CTOIRE (! 799)' :; ():l
de danger, arres nos victoires, il Y cut un
inslant oe reláchc. La fin de la convention et
le directoil'e pl'ésenterent des IlIoments de li-
berté. Mais la lutte avec l'Europe ne pouvait
etre que paSS<1geI'ement suspelHlue. Elle re-
commelH,;a bielltút; et au premier revers les
partis se soulevercnt tOllS contre un gouver-
nement trop modrré, et invoc¡uerent un hI'as
puissant. HOlla parte, revenant d'Orient, fu t
salué eomme sauverain, et appelé au pouvoir.
On <lira vainement que Zurich avalt sauvé la
France. ZUI'ich était un accident, un répit; iL
fallait ellcare ;\Iarengo f't IIohenlinden pour la
sauver. Il falIait pllls que des sueces militaires,
il fallait une n'~urganis~tlOn puissanle a l'inté-
rieur de toutes les parties du gouvernemellt,
et c'était un chef politiquc plutot qu'un chef
militaire dont la France avait besoin. Le 18 et
le 19 brumairc étaient done néeessail'es. On
pourrait sculelllcnt dire que le 20 fut eou-
darnnable~ et (ItIC le héros abusa du service
qll'il venait de rene/re. l\Iais 011 répondra qu'il
vellait achever une túche mystérieuse, qu'il
tellait, "ans s' en doutcr, de la destinée, et
qn'il aecomplissait sans le vonloir. Ce u'était
pas la liberté ([u'il vcnait contilltlel', cal' elle
ne pOllvait p:l.S cxist(,r encare; il vellaít, SOllS
!t's rUl'tll(,~; IllUllal'cbiqucs, coutilluer la n'·vu-




50G RÉVOLUTIúN FRAN0A.ISL
lution dans le monde; il venait la continuer
en se pla~ant, lui plt'-béien, ~tll' un trolle; en
conduisant le pontifc á Paris pour verser l'huilc
sacrpe sur un frollt plébéien; en créant une
aristocratie ayec des plébéiens, en obligeant
les vieilles aristocraties a s'associed. son arista-
cratie plébéienne; en faisant des mis avee des
plébéicns; enfin ell l'ecevant dans son lit la
tille des Césal's, et en llH~latlt un sang plé-
héien a l'lln des sangs les plus vieux de l'Eu-
rope; en melant cnG.n tans les peuples, en
répandant les lois fralJ(:aises en AlIl'magnc, en
halie, en Espagnc; ell dOllllant des démentis
a tant t)e prestiges, en ébranlant, ('11 cOllfoll-
dant tant de cllOses. Voilil que!le lúche pro-
fonde il all;¡it remplir; el pClHlallt ce temps la
llouvelle société allait se cOllsolider ;\ l'abri de
son épéc, et la liberté devait venir un JOUT'.
Elle n'est pa<.; Vel111f', elle vieueIra. J'ai décrit la
premiere cri~e qllj. en a prép;tr'/~ les /délll(~lIts
en ElIl'ope; je l'ai i:tit sans hainc, plaignant
1'crreur, révél';lIll la verIl!, acllllil'ant la gran-
deur, tachant de saisir les profoIHls desseius
de la Providence dan s ces grallds ó\(;nernellts,
et les respectant des que Je croyais les avoir'
S:1ISIS.


FIN DU DIXÜ:jIE ET llERNIElt \()UIME.




DES CHAPITHES


CONTENUS DANS LE TOME DIXIEME.


CIIAPITRE l.


Le g,~nlTal Ron aparte ;'¡ Paris; ses rapports avec le direc-
toirc. - Projet t!'une dC'scentc cn Anglcterre. - Hap-
ports de la France avec le continent. - Congn)s de
Rastadt. Callses de la diniculté des upgociations. - Ré-
yoltllioll en Hollamle, :1 ROlllC el en Suisse. - Situa-
tion inlérictlr(' d .. la Francc; <;l,·ctinns de r;¡[l YI; scis-
siúlIs (:I,·cloral,·s. "V o 111 illa tioll dI: Treilharcl au direel uire.
- EXIlI·ditiOll eH l~~.:pte, SlIlJslitu(.c par BOlJ:Jparte au
prujct tic dC'sccllte; pr'~pa1'alirs de celte expéditioll.


(:HAPITRE II.
Exp,;dilioll <!'I::gyplC. n'~part de Toulon; a1'l'j\'("e dl'\dnt


;\lal te; COIHjll,\tc de ('ctte ¡le. D¡"part pOUl' l'~:gypte; clé-
ban¡IIClIlt'llt it Alcxandrif'; pris,o de ('elle place. Marche
'!Ir 1(; Cairc; cOlllbat de CltébrcIss. Bataille des Pyra-




:ioH TABI.F, DES CIIAPITRI'.So
mides; occupation du Caireo Travallx administratif, de
Bonaparte en }~!:)ypte; établi,selllent de la nouvclle co-
lonie, Bataille navale d' Ahollkir; destnlction de la flotte
fl'an<;aise par' les Alll:)laiso o o o o o o o o , o o o , o o o o o o o 81


CHAPITIU~ 111.


Efld de I'expt:di lion d'Í<:l:)ypte en Europe. Consér¡uences
funestes J(~ la hataille navalc d'Aboukir. - Déclara-
tion de I:)lIel"re de la Porte. - Efrorts de I'Angleterrv
pOllr flll"llllT Ulle' nouvelle coalition, - Coufcrcnces
avec l'Autriche a Selz, Progres des lll'gociatiolls de
llastadt. - Nllllvelles commotions en Hollande, en
Suisse el dans les rqlllhlir¡ncs italiermes. Changement
de la constitution cisalpillc; !:)rands embarras dlldi-
rectoirc a ce suj('t.-Situation inlérienre, Hne nOlLvelle
opposition se pt'ononee dalls les conseils.-Di~position
générale ¡Ila gnerreo Loi sur la conscription. - Finan-
ces de l'an VII. - Reprisc des hostilitéso lnvasion des
états rOlllains lur l'arllH':e napolítainco - COIt(l'l(\te
dn royaume de Naplcs par le gÚH':!'al Chatllpionnet.-
Abdication duroi de Piémont. o o o o" o" o,. o. o 145


(;UAPITRE IV.
Etat de l'aLllllinistratioll dc la R'~pllhlir¡tte et des arml'CS


au commCllCClllent de 1799. -,- Pl'éparatifs militaircs.
l.evé'e de 200 tllille vonscrils, Moyens et pbns di' ~tt('rre
dll dit'('ctoit'c el dcs ¡¡ltissanee, coali,,',!,S, -- Dl-claralion
dc gttclTe :1 l'Aull'icllc. Olt\crllll'e de la C:ltllJlagllt: dc
1 i9<). InV~ISi()1l des Gl'isow,. CotldJat de PfttllctHlorf.
Bataillc dt, Stockach. Rl'traite de Jourd;lll.-Opératiotls
militaires el! ludie: Ha t;tille de "\I:lgll all o ; rl'lr,lÍte de




TAIlLE DES CIIAPlTRES. 5
°9


Schérer. - Assassinat des pléllipotelltiaires fran<,ais ;\
TIastadt. - Effets de nos pl'cmiel's reverso ACClIsatiollS
lIlultipliées contrI' JI' directoin,.-tlf'ctiolls de J'an VII.
- Sieycs est 1l01l111ll~ dircclcur, C1I n'llIplacement de
Rewbdl. .......................•.... o •••• 213


CHAPITRE V.


Cantinnation di, l~ call1p;I;,;IIC de 1799; l\1ass("na I'éanit le
c()mn~alldcm('nt des armi'cs d'Ildvhi(' ct dn Danllbe,
et acrupe la ligne de la Lilllll1at. - AxriYI'e de Suwa-
row en Italic. Schérel' transmct le cOllllllandement a
lVI()l'(~all. Bataille de Cassano. Retraite de Mor'eal! au-
deLl dll l'ú el dl' l'Apt'Ilnin. - Essai de jonction avec
l'al'llli'" de N:ijll('s; )¡al:lill .. de la Trebbia. - Coalition
de tous les partis cOlltl'e le ¡lircctoll'l'. - Ri'vollltion du
30 pl'airial. - Lan',vclli",re ct 1'Ierlin sor'tent du direco
toire ...• o . . . . . . . . . . . . • . .. ., •.......... o' 287


CHAPITRE VI.


formation du IIOUH:all directoire. l\1oulins et Roger-Du-
cos reluplaccllt L:u'{'Vf'lliún:: ct Merlin. - Changements
dans le ministi'l'c. - Lc\"(~c de tOlltes j{'s classcs de cons-
crits. - Elllpl'llIlt [OIT'" de ccut millio!Js. - Loi des
otages. - NOllveaux plans militail'es - Reprise des
opér;ltioIls en Italie; JOllbcl't gl-néral eIl chef; bataille
dc Novi, et lllort de JOllbcrt. - Débar'!lIcment des An-
glo-Russes el1 Hollallde, - 1\iollveallX trollLles Ú l'in-
tél'il'lII'; dl'challlClllf'lIt des pntriotcs; alTf'stalioll de onzc
jOllrn;llistcs; 1'(,I1\'oi de BCl'I1adottc; proposition de d{-
cIare!' la patrie "11 dallgcL •.• , . , •... , , • o • • • •• 3/13




510 TABLE DES CIIAPITRES.


CHAPITRE VII.


Suitc des opéralions de BOllapartc en Éb~'pte. COllqm'tl'
de la IIallte-~:bvpte par Dcsaix; bataillc ele Sédimall.
- EXl'édition de Syríe; prisl' dn fon d'EI-Al'isch et de
Jaffa; hataille dn JHont-Thabor; sié3e de Saint-.Tcan-
d'Acre. - RetoUl' en Ébvpte; balaille ¡J'AÍlonkil·. -
Départ de Bonapartc pon!' la Fr:lIIcc. - O¡H;ratiollS en
Europe. JUal'che de J'archidllc CIJarles 5\11' le Uhin, et
de ,sll warow en Snisse; 11l0llVement de lH:b5l'na; 111(;-
morable vicloire de Zurích; situalíon périllclIsc de Su-
warow; sa l'etraite désaslreuse; la France sauvée. -
J;:vúlCments en l-lollande; défaitl' et capitlllation des
Anglo-Rllsses; évaellation de la l!ollande. liin de la
campa¡;nede 17!)9 ......................... 395


Relonr de Bonaparte; son ddJ:!l'íjlH'llIcnl :'t Fn'-ju'i; cn-
thollsíasllIe qu'il inspire. - A¡;itatioll de tons les partis
a 50n arrivéc. - Il se (:oalisc avec ,sicv('~; pOUI' n';JYer-
ser la constitutiotl clireCIOl'ia[c. - P!'t-p:ll'atiE, et jOllr-
nlie du ¡ 8 brlllllai,,('. - l{(,llver';C'IlH'1l1 de fa cow-titll-
tiOll de l'an ¡Ir; institutioll du cOII.';1I1at ]ll'oyisoire. -
Fin de ('ette hístoil'c. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. ti {II


FIN DE T,A TABLE.




TABLE ALPHABÉTIQUE


DES MATIERES
CONTENIIES DANS CET OUVIlAGE.


~---_.-


Les chiffres romains indiquent le tome. el les chiJfrcs arabes la pag".


ARRAYE. T,f' JlclIplc enfonee les portes de I'Abbavc pOllr
délivnT les sold,lls des ganj('s fran\~aiscs. I, 89. Lcs
Suisscs f:lits Jll"isOIlIliers le 10 aout y sout [1"allsl",;I',". UI,
16. Vill~t-<¡uatr(~ prétre; sout i~gorg';s dans la eOUl' de
l' Abbayc. IlI, 66-67.


AROllKIR. Bataille nava\e de ce nomo X, I 35- I 41. Ses
consÍ'quenees fuuestcs. X, IIIO et suiv. Autre Lataille
sallgl<.\lltc livrée par BOlla parte dans ce village; détails
militaires. X, ti 1 5-1121.


AcR.!': (~aillt-Jeall-d'). Siégc de cette ville. ~Voyez
Eg)ptc. )


ADIGI'. Raisoll5 r¡ui détermincnt Jlonaparte ;'¡ placer ses li-
gIlCS sur ce fleuve. VIII, 29/,-295. Description dI!




T.\RLF..


cours de ce tlcuve. VIII, 360et SlÚV·. Arriv\:e de "\Yurm-
ser slIr ce Ileuve. VJII, 273 el jui\".


A.mlI:\'ISTlHTlO:\'. Réorsauisatiou l](llIVl~lle de I'administra-
tion des viVl'(,s. IlI, ?~~-27\ et suiv.


AGIOT,IGE. Ce qUÍ l'amene et sur quoi il s'e:\('I"Cl~ ('11 03.
V, 159-161 el suiv.-Il Sf~ l"a[]inlt~ Cl! lIlai et av!'il 95.
Ses causes. VII, 388 d suiv.


AGRICrLTURF.. Réglements du gonvel"llemcnt n'~\-ollltion­
naire pou!' l'amLélioratiotl 11(: l'agriclIltlll'C'. VI, 320.
A.~IJ nn ROl (1'). L'alltclIl' de ce jOllrnal est lIlis en aceusa-


tion. JI, 91.
A1tII DU PEUrT.F. (1';, jOlll'llal J'¡:digé par Marat. TI, ~)I.
AXGLETERRE. PolItii]ue de I'AllgletelTe ;\ l'(.gard de la


Fl";[llCe, a l'époc¡ue de la n·~volllti()Il. 1, 238-23!). - Sa
gllCITI~ avec la Franee et sa pn"polldérallce en Europe_
VI, 26·J-270' - Rile reste sellle ennerni(~ de la Fl'ance
apres la soumission de la Vend,'~¡~. Sa position politiqueo
VII, 358 et suiv. - Alarmes et d(~tresse dt: I'Angle-
terre apres nos victoires t'1l Italie el all nonl, el. I'al-
lianee avee I"Espa¡;ne. YIlI, 36r ('t suiv. ~- Sitllation
embarrassante de l'Angletcrre apres les prélimil1airr~s
de .L(~oben. Nouvclles nl'¡)ociations de paix, IX, 1 'í:)-
159. Confh'cllct' de Lille. IX, 2'íR-2,;,o.-Projet de
desccntc en Anglcte'Tc. X, I T et 511iv. Ses ('ffi)"ts pon!'
organiser une nouvelle coalition eontre la l'rance. X,
T!18 el slIiv.


clOUT (10)_ D(,tails cireollstanci(:s de celtc jOIl rnéc. n, 21í6-
280. -111, r el slliv. - F(;te de I'annivcrsail'(~ dI, ectte
jou1'n6e. V, r8o-18~ .


. '1 "PEL ~¡; l'EUI'LE. 11 est propos(; el discutl' dans la con-
vention 101'5 dll pl'Oee5 dn roi. III, 379 d ~Iliv.


II PI'ROvrSIO'iXF.\fENT. Difficult(',s r¡ni cmpl\ehellt l'appro-
visionnement de Paris, 1, 120-] 21.


ARCOLE. Détails de cette bataille. VIII, !1~2-[179'
A.RGONNE. Divers combats sont livrés dan s celte forét. IIl,


¡ 05 et suiv,
ARISTOCRATIE. Sa politilIllc apres le J 4 jllillet. 1, J29-1 ~So.
'\R}IÜ~ RÉVOLLTlON'L\IRI'. :1') est or¡;anis(>(', V, 288-28;).


-Est Iicenci,;". "\1, ~d5.
\I\HF,R. ttat de l'a1'in¡;c el 1'l'\'olt(>s des lmllJ"'s dans di·


'1']'5<'5 p!'ovinrcs. J, A~" ('t slli,-




513
AR~fÜS. DispositiollS de IIOS années pour s'opposer ;¡


l'invasion étrallgere. lB, [12 et sniv.
ARTülS (le comte d') (juitte la F[·auce. 1, 115.
ASSEMRr.~;E CENTRAI,E de résistance it I'oppres,ion, formée


,'t Caen par des (!.'~llUtés des départcments. V, 20 ct
suiv.


A5SEMBLÚ: CONSTlTU'\"iTE. (Vo)'. AssclIlúl¿e llatlona/e.)
ASS~:l\IRLÚ. 1.ÉGISr.ATJ\'E. !Iolllmes qui la composellt. 11,


lT-12 et ,uiv. Elle fait un décret t'ontre les émigré·s.H,
,,5 el slliv. Rí'ud lIB décret cOlltre les IHÚl'es flllí !le
pn'taielll l'as le SCl'mcllt civi'Itlc. n, 30. Suites de
cL'llc~ llW,lIrC. n, :~, f't stliv. Re([lIiert les deeteurs et
jlt'inccs de ¡'(,lllpiTe de d¿'sarlller les émigrés. II, 37-39-
lHet ('ti aeclIsation Monsieur et plusicul's autres émigrés.
JI, 55. Fait un Meret pom prévenir tonte medífieatiO[l
de la eonstitutioll. ll, 57. D(~er(\te ([tiC la gllerrc esl.
Ji·claré!.'. 1I, 80 et slIiv. Se dódare en permanenec, II,
!J(j. uéc:rútc h di'portation dc'i pl'i\tres. II, 9'7. Débats
rdalif, ;'( ulIe IcUre écrite par Lafa"ctte, TI, 12,1 (,t
slIiv. Fait ddilcr c!evaut elle les attrollpClllcnts armé,
un 20 juin, E, 1[13-1[14. n¡'~bais rdatif, Ú I'affairc dn
2.0 juill,lI, r5(j el suí\'. Rel:oit diycrsrs p(~titions rela-
tives aux (',véncments dl¡ 2.0 jnin. 1I, 160-162 et sui\".
l;ait un décreL rdatif :¡ la lcvéc des clépartements. n,
I7 1. Aun'e (I¡',ere! sur les gardes nationales. II, 172.
Séanre oú elle J¡'diherc 511\' le Pl'ojct de la commissioll
des J)ouzc', 'l"i esl adopté. 11, 175 -189. Sóanc(' du 7
¡"illd I 7~F. II, '!Jo et slIiv. 1<:111; diTlarc que ((1 patrie
t>st en dlll/gn·. S"it(' d(~ ('c!te mc'surc. II, 1971't suiv.
Elle reltd le d¡"crt't de la SII"I)(,/lsioll pl'Dvisoire dn roí.
1I, 280. l'I'Iesur(' , qu'c11e prclId ¡¡pres le 10 aoút. lIT,
~) eL suiv. Déeretc la fOl'Jllal.ioll d'IlIl e;[1lI1' sous París.
] IT ,In. Or¡.;auisc la poliee, di ti' de: .IlÍn:/{' génirate. III
n. ('t suiv, EII" cI¡"cl'!,l!' la forll1atioll d'un trihullal c:-..tTa·
ol'din,1ire pOllr jllgcr I"s crinlPs dl1 lO aoút. ITI, '~o.
Orclolluc 11111' I('v,"" dc! tn'illc !TIille hOI11Illc.,. nI, t,\·5'í,
1-:,t dis·;oll!c'. Irl, ,>'(J.


-\ ';SEM BLI::E :;-A1'1O:-i \l.E, L"a",;clllbll:C d('~ d¡'put", dll tÍPI'S-
('~tat. pl'clld ce titre, sur la ¡JI'(¡PO,iliolJ (k Legrand. 1,
Ij J. L"s COIlIllIlIIlC, ,C' (,OI1Stitllt'llt 1'11 assemLI¿'e naLÍo-


x.




TABU;.


na le. 1,62. Elle l'cfusc de se si'pare!', d'ap!'és I'ordre
dllroi. l, 7 [1.Déclare l'inviolabilité de ses m('lllhres. l,; S.
Ddihcre sur les mandat, im[>(~ratirs. 1, So. NOIl1/llC un
comité des subsistallces. 1, 85. Diffícultés de sa position.
Ibitl. Ellc yote lllle ;¡uressc al! roi pou!' le rellvoi des
troupes. 1, 92-93. Pl'opose divel'scs mesu!'l'S apres les
év(',nements des 12 el 13 juillet, el dt'mande au roi le
I'l'lIvoi des tmupes. 1, lO/. Continue le 14 juillct ¡'¡
S'occllper de la constitutioll, el llumllle un comité pOll1'
prépal'er les qnestiolls. T, 102. Ellvoic, sur la proposi-
timl de lHirahe;JlI, IIne di'putatioll all roi. Envoie H!le
dcrnÍ,'!'e d('IlIItatioll !lll roi. niSl'(¡IlI'S dc .:vIirabeall. l,
IO 3- 1 04 - 11 I. Elle cnvoie it I'hótl'l-ue-villc IIl1e dC(lllt;¡ -
tion annO!lcallt larhmioll du roiavee la Ilation. l, 113.
FaiL ulle proelamaLio!l !lll Twuplp, sans resultat. 1,135.
Discute la déelaratiol1 des droits de I'homme. 1,138.
Abolit les privilégcs féodanx et les (ll'i,'iléges des villes.
l, 1 3!)- 1 [10 l't sniv. Adopte l'em[l1'llllt de l!,(~lIle mil-
lions. l, 150. Fait la déclal'atioll des droits de l'homme.
l, 150etsui\'. Yo te l'unité el la permmwllcc de l'a,selll-
Llt',e. J, 162. Vote le veto SlIspl'lIsif. 1, IG'~-d)(I-I(iS.
Vote I'he)'(~dité de];¡ eourol1ne el l'illviolabilité du roi.
1,166, Adopte Ul1 plan de NeckersUJ'l1ll imp6t.1, q! •.
Déba!, relatiCs it !lB messal!e dn roi. 1, J 84,¡ 85. Elle
d(;clare qu'elle ,el'a trallSjl(il'l('C il Paris. 1, 1 DG. D('(,I'l'1e
(lile les biens dtl clergé sont it la dispositioll de I'(>tat.
1, 20! et suiv. Divise le royaullle en dPjlartelllcnlS, 1,
210. Disn1ssion importante pou!' d(~tl'rJllillcl' ,t (Iui ap-
particut le droit de Llirc la paix el la ¡!lI"JTC. 1, 211[1-
'.!~i) el suiv. EII(, I'('lId JIU deerd l'elalif il ce droit. l,
248. Décrete l'elY,issioll de [100 millions d'assignats, 1,
254. Abolit les ¡itrps féodaux. 1, ?,()O. Prcnd des It1C-
sUI'es pon!' cmpccher l'éllligration. 1, J~)2 el slIi\'. l\le-
,;ures qu'e!le preud relativement il la fllile dll roi. 1,
312 et sui\'. Partis '1l1i s'y fOl'llIcnl el stlite de ses tra-
van:>.. Opposition C(ll'ellc a it nillC'J'f'. 1, 3?9-33o .. Elle
rcnd 1I11 dóct'ct I'elatif Ú I'illyjolahilit(; dn roí, 1, 332-
331. nécr(~te qu'allCtltl de ses mcmbres ne sera l'éi·llI.
1, 336. Achén~ k tl'avail de la ('onstitlltion. 1, :B-;, Dé-
dan', If~ 30 septcmbre 1 '791, <¡tiC ses séances 50l1t ter·'




TABLE.


llliTll'·(,s. l, 33g. Réfl('xions SllI' ses traYatlx. Justilica-
tion de ses ;)Cle5. n, J-'1 J,


ASS1G1UTS. Callses de letlr création. R¡;flexions sur la lla-
ttlre dn nllll¡('t'aire Et dn papie1·.monnaie. l, 2[19-250 ('t
suív. - /,00 millions d'assignats [orcés son t ul'cl'f,tés. l,
25!,.-Unc nOllvelle eréaliol1 c!'assignats ¡'st ordotluée.
nI, lGr. - Lctlr d(~prcciation en !)3. V, 152-153 et
suiv. Ctlll~élJlIetlCeS de lellt' dépréeiation sur le com-
lllcrce. V, 15'~'15Cí-15i-l59 et suiv. JUoyetls qu'on
prend pOIl!' etl amene)' la dimillutiOtL V, 207-20S el.
suiv .. -~ollv['lle ct"'atioll d'assignats en li91¡. VI, :~22
et 5I1i\'. - Lelll' dé'préciation allgmente. Lellr élat
apres le!) lherlllidor. VII, 1¡2 el suiv. COlltinllent it se
dl~[)l·('~ciel' en 1795, Divers moyclls proposl~S pOIlI' les
retirer de la circulation. VII, 25J-?,,~S. lis continuent ú
baisser, Lellr état en mai el en avril 95. VII, 387-39°'
Divers projCl3 sont proposés pOIl1' les retirel' et If's re-
lever. VII, 3!)0 et suiv. Prnjet de Bourdon de l'Oisc. 11
estadopt(:, VII. 3!)7-399' Nnllvelles mesures ]ll'ises pOllr
remédier a lenr dl·préeiatiol1. vn, 4!1~-!I!IS. - Leur
valeur est pn'sqllc ulIlIc. V IJI, 138 et suiv. La planche
en est hrís(~e le 30 pluviósc, VIII, 191. Projetdu direc-
t()it'(~ pou!' la ],(~Illréc dr's ;I';sig-llats f't pOli/' subvenir aux
Desoins du trt'>sor puhlic; ce projct est rejeté. Détaib
ll11anl'Í<'J's it ce sujet. VIII, 105 et Sllí\'. 115-120.l.Jll
Pl'Ojct d'Clll(ll'lIUt forci~ est adopt¡'·. VIII, 116 f't suiv.


!n:cEHATT. Un des gl'nérallx de l'arm{'e d'Ilalie. VIII,
22(i,-E,t ('lIvn,(, it Paris par Eonaparte. Le directoire
lni dOlllle le COllllll<lndellH'llt de la division milit;liredc
Paris, 1 X, ') So. Il s'empare des Tuik'ries le 18 fl'lIeti-
do!'. IX, 307.-:-\0). Esl nomnlé cOllllllandallt de l'arI1l:'-,-
dile d' Allcmarrne, apres h mor! de Hoche, IX, 331.
- Est (li'possl~dL' de son eommandement de l'armée
d'Allcmap1l', X, 23.


AliTlucm,:, Causes t[ni cmp''chcllt eeUc llllissance de son-
g('}' :1 la paix, VII, 327 -'hil.


HAHOEUF, Fail UIl jOllrual (/1' TriúlIlI dll pCllplc). Caractel'f'
el [lJ'(!jds de ce (j¡'-Illagople, VIIT, l7S, Sa cOTlspiraLÍOIL




516 TABLE.
11 t~st alTl\t(~. VIII, Ig(}-197 el ~lIIY. Est comlamné ,'\
mort et exécut{·. IX, :16.


BAlI.LY. 11 est nOll1ll1é dÓplIté. 1, 41. Est chart/~ par le
tiers-état de remetlre une adrcsse an roi. Son camL!-
tere. 1,56.11 est :lrr(\té ;'¡ la porte de la ~allc des COI1l-
mUlles par les bardes-fraul?aises. 1,67' Pl't!te le premier
le serl1lent dlljCll de pallme. 1, 69' Est JlOnllIJ(~ succes-
sellr de Fkssellcs, 5011S le titre de ll1aíre de Paris. 1,
113. DifficlIlté,s C]n'il épronve pOllr l'approvisionne-
mellt de París. J, 120-121. 11 propose un projet pom
vendre les hiens dll c1ergé a la {ois san s les díscn:'diter.
1, 250 et suiv._DéLails de son procl's ct de son sup-
plice. V,/I I0-/112.


BAHBAltOUX. Son portrait, ses plans. 1I, 130 et suiv.
BAIUlETS. Nom donné 11 des bandes de partisans ¡¡iémoll'


tais. VIII, 299. .
BARNAVE. Sou esprit, son uuion avec les I,ameth et [)1I-


port. 1, ] 32. Son discours sur le orüit de C'lire la paix
el la guerreo 1, 2!15. AccompablJe la famille royale de
Var'ennes 11 París. 1, 319-320. S'eutend avcc la cour.
1, 324 et suiv.


BARRAS. Est nomll1é bl>tlét'al de l'armée de I'intl'ríellt', le
12 vel1d¿'miaire. VIII, [10. - Sou caractere. Sa COII-
duitl' vis-a-vis des autrcs lllt'lllhl'cS dll dircetoire. IX,
3-5. I1l1ui.,ait ¡lla consid¡,ration OU ~()uyernt'll1{'nt par
son luxe el ba )ll'odii!,alité. IX, 11 el Slliv. - Est seul
cpaq;llé daus les ;lccusatiollS dont le directoire útait
l'ubiel. I)ounjuoi. X, 277 I't slIiv.


n'RR¡:.HE. II es! IlIis ('11 ,"tat ¡j':lccllsal.ioJl. VII, 1¡8. Est
d,~('l'l·t(·, d'al'rCslatioT!. VII, 261. Est cOlldalllllt, a la dé-
I'0rtation. \ 1I, ·~Ol). Es! Ilonllllé dépllt¡', en l'an V. IX,
i62. Sa llol1liuatiotl est aLolil'. IX, ¡(jS.


BARTHú,El,n. 11 ('st 1l01l1llH" directcura la pI a!'" de l,etoll1'-
l)f'ur. IX, 170 el slliv. Kit ,111+1'" k I H frllcl.idol' d COII-
~lIit au ,T~ll1plc. IX, 305. F,[ clllldanllll' illa d"p0l'ta-
IlOH. ] "", JI?.
B~ss.\r;() el S.Ul'iTC¡':OI\CE,. l:alaillcs de Cl' ¡JUnl. \'111,


4 08-!~] 1- /, 15.
[lASTIT.I.E (1.:1;. Le I'elljde, ,,('collde par 1es bardes-fran-


eaises, s'¡'tIlpai'" <1,' la llastille. L w:'-IUH.




TABLE.


BELGIQUF.. Diviséc en plusiclII's partis apres la bataille de
.Iemmapes, IlI, ?Gr¡ et slliv. -Des a~ents du pOllvoir


• ex,:'cutif vout l'ol'g,lllist'l' 1't':volutionllairemellL IV, 2G-
2';', _ Lt·s Belge~ Illurmurent et se r('voltent centre
l'administl'ation fl'ancaise, IV, 62-63.'


BERN ADOTTE. 11 est n¿mmé gént"ral en chef de \'armée
<lu Rhin. X 233. Donne un plan de c3mpagne au di-
rectoin:. Ses dt:f:tllts. X, 356. 11 est rel1vové /lu minis-
terc de la guerreo X, 31'\8. .


BERTIIlER. Général i. l'armee d'Italie, YIn, 226.
Bn:Ns DU CLERC,¡L L'assell1hlée nationale décn"te la vente


dc (¡oo IllillioIlS de hicllS dll clerg.~. T, 227,
BIF,NS N ATIONAux.Projet de BUlll'don de l'Ois," pOllr faciliu,r


le1l1' ventc. II est adoptí,. VII, 397-399' Oll CO!1lmence
a le Ilwttre i. ext',cution. Ses résultats. VIl, rl (12 el sl1iv.


llILLAun-V.U\.EN'i[ES. Un de,; eX('cllteul'S dn '2 septelllLl'c.
IlI, ()¡-68-j8-79' -~ Il donne sa délllission de membn,
ou comité de salut 11llblic. VIl, 63. Est mis en élat
d'acCllsation. VIl, 178. Est décl'été d'al'restation. VII,
261. Fait aux jacohins de violentes Illcnaces cOlltre les
thennidoriens. VII, J 59- 1 (lo. Est eOlldalllué il la dé-
}lortation. VII, 305.


tlONAPAR'l'E. Ol'licler au si¿'gc de Tonlon. Propose d'atta-
Illler le fort de l'Égllillette. VI, 5r et suiv. Nommé
g{~nél'al de hrigade. Plan qu'il donne et fait adopte!'.
VI, 28tl et slliv. ~ Nommé commalldallt en second de
l'anllt':(· di, ]'intériclIi', la Hui! dI! 12 velltll':miaire.
VTII, I¡ J-,'I') .. Ses 0p{'rations mi!itaires dans la jourlll"e
dll 13. VIII, !¡ 1-1¡ I¡-!IS el sui\'. Charl:é dtl commandenwlIl
de l'arl1ll'c de l'inl(.ríeul'.V 111 , 1 ;/1-1 25. n esl llOl1llllé
commalldant de l'arlllcc d'ltalie, \IB, 208. Principales
circollstances de la conlJuétc dll PiélllOllt. VIII, 22.5-
2/16. Ses négociatiol1s avcc la cour de TlIJ'ill. Il ac-
conle lIl1 arlllisticc an roi de l'ií'lllOnt. VHI, ~!I()-'2!II
et sniv. Sa pro('!amatioll anx soldats apres les pl'e-
llIién's vicloit't's d'!t;¡[ie. \ IlI, 24(1. COllCJIIl"tc de la
I,olllbardie. "lB, ?.I'o ('[ slIiv. Son Clltl ÚC ;'¡ :Milan.
VIII, 2G¡ ('[ slIiv. 1""-0 1 1\'" 11 e ]ll'OClalllatioll aux soldals
it l\'Iilau. Vil], ?'75. 11 1'l']H'l'ud P;¡I'ie tOlllbéc au pou-
VDil' de IJlIc!q lICS !landes de pa\'salls. Vln, 279-280.




TABLE.


Entre dans le territoirc yéniticn, VIn, 281 et suiv.
Son cntrevuc avec di~cJ's envoyl~s vl"llitiem, VIn, 290
et suiv. Il signl~ un arlllistice aV(:I' Naples. Vln, 301-
302.. I'énétt,p dan,; les ¡'·tats romaills el en Toscanc,
VIII, 30!t l't suiv. Perd la li~ne d,' l'Adi;.;c. Ses combi-
naisons pour réparer cel 1:c1;ce. VIn, 3í'!¡-:~i:; el slliv,
Sa victoirc de Lonato. VIn, 38o-31n. De Casti~lio!Il:.
VnI, 38fi el suiv. Sl1itc de ses op(:r:ltions militaires
et po!itir¡nes en Ilalic. VlIr, :191 el sniv. Snite. llataillc
de Roveredo. VIn, !¡o5-f¡o8. Sa Illarche sur la Ilrl'llta.
Vicloircs dI: Uassano et de Saillt-(;"Ol';';cs. YHI, 1,08-
{Ir r-!,r5. Il fait cOllclurc la paix "H'e ""';'plcs !'t (~,;nes,
Ses Ill'gociatiolls avec le> pape. VIll, 4f¡7·/151.11 orga-
l1ise la république cispadallc. V1I1, 455 el suiv. Sa
positioll périllellse 11 l'approche d'Alvim.v. llataillc
d'Arcole. Détails militain:s. VIIi, 4:l9-l,68-ll';'2-l,8l,.
Sa conduite ;\ J'annc':(: contre les fOlli'llisSI'lIr,. Sa puli-
tique a l'i'gard des puissanees italiellllcs. YIII, 5TG-5r,;,
et suil'. Ses dispositiolls lIlilitaires il la bataillc de Hi-
voli. VIII, 521-524-53!,. 11 [ll'l:nd Manlollc. YIIT, 53¡-
5'"\8 et suiv. Rdlexiolls Sllt' sa campagllf' <'11 Italie. VIII,
5'~:J et suiv. Sa couduite Jlolitiquc et Illilitaire en ltalic
arri,s l'affaire de Ri\uli. JI llIarclH: cuuLI'(: les Etats-
Romains et fait sigllel' au pape le traite': de TO!clllino.
IX, 55-59. Sa contluite envers les pr,:tr/'s fr;lIl1


c
'ais 1'/:-


tiré, en Italie. IX, 60-61. Illll'gocie iUlItill'llll'llt al'l'l'
Vellisc. IX, 64-65. Son plau tic call1pagll'' cmltre I'Au-
triche. JI ¡¡asse le Taglialllento. IX, li5-¡~. Se !'('lId
maltre dn SOlllmet des Alpf's. IX, 7'¡-77. Son clltrevue
avec les l'tlyoyés vóniticll5. 11 ¡"crit :'1 len!' guuvcrne-
Illent lIne Ir'ttre m(,lla~anle. IX, 8:-0'3. Marche sllr
Viennc. Sa Jettre a l'archiduc Charles. SOIl (~llt!'¡'.c Ú
Léoben. IX, 93- 09. Il signe les prélimin;lires de paix
á Léobcll. IX, Ioo-rT2. Hetollrne en Italie, d délrlliL
la d:publiql1c de V('l1i5e. Di,tails de sa cOll(llIitl~ poli-
ti(Jlle et militaire. IX, 12.;-142. 11 propose le SCCOIlI'S
de son armée au diJ'ectoirc men;:cé. IX, 212. DOll1le ,
le 14 j llillct 1 ';'9; ,11l1e fete an:\. arml;"s. Enyoie a 11 d i-
recloirc les adl'l'sses de toutes les divlsi(l/ls.lX, ~.~!(-
2.l,6 et sniv. Ses négociations av ce I'Autriche apll's lc'




TABLE.


]ll'"liminail"c5 de LéouCll. IX, 252-257. Ses lIégociations
;'t lldine sont eutrav;,es par le directoire. Sun mécon-
Icnil'llH'tll. J,(, :~l¡ 1·3!f~ el Sltiv. Ses travallX en Italie.
11 ronde la n"puhlique cisnlpillc. IX, 3'f53!,8, Se reud
l\trbitl'e de:, JifTt"l'ends entre le l'ays de la Yalteline et
I.,s (~l'iSOIlS, IX, 351·:152. COllseils qu'il dOlllle aLlx Gé-
unis su!' lelll' eOllstitutiolJ, IX, 353. JI forme divers
ótabliss"ments dans la M¡"diterranl'e. IX, 3'í4-357' Sllite
de ses nl,gociatiolls avec I'Autriche a Udine, Ses entl'e-
VlICS a\"ec'"\L de Cobcntzel. II signe le traité de Campo.
j<'ol'lllin, IX, 'loo,Vi / , Il esl numnll' gÚléral en ch"f de
1'.11'Jlj('(' d'Angl('tt·l'fe. lX, :1,;, r, Se dispose ;l cIlIittcr
l'lud¡c, Ses del'lliercs dispositiou,; pour les alTaires de
et, pa,'s, IX, zbid. el sni,'. 11 arrive il Paris. Réceptioll
'In'Oll Ini fait. Ses paroles au dil'cctoirc, Ft\tt~. IX, 3;6-
'~)83. - SlIite de son Sl:jOUl' 1l Paris. Ses relations avcc
le dirt'ctoil'l', X, J'J I. Il est chargé de la descente en
;\ u;..; le tr'l'l'C', oSa r['pugnance pour cette expédition. X,
1)-1 '1 ('[ "lIi\', 11 )ll'ü]lose ut! projet d'expédition el1
:¡;:gypte. Le dil't'cloirc l'a[-;1'<'c, D~taib SU!' les pl'~(la¡'atifs.
X, (;"I·~5, Il ,"cmbal'qllc it Touloll, Sa p1'üelalllatioll
allx ,nldats, X, Sr et sniv. Il s'empare de rile de Malte.
A, 84-Stl. Arrivc il Alcxandrie et s'en rend maltre. X,
9~ - !)3, Ses pblls pOllr cffectuce la conC¡lletc. Sa
l('ttre au paeha. Disconrs a ses soldat5. X, lof,-r09.
~es prellliel'l's 0pl'rations politiqlles el militaires. X,
J 0U el suiv, Il s'{'taulit au Kaire apres la Lataille, Suite
de ses Opt",'atiolls JlolitiqllCS et militaires. X, 126 et
sni\, II J(¡udc j'Institllt d't:gyplt'. X, 132 et sniv. Peo-
clamation au" soldats, ;¡ 1'1'(\5 la dd'aite d' ¡\ bOllkir. X,
1.'\'), Il se I1Wt ('11 marche pour la Sv1'ie, ]ll'end Gaza
t't le fo1'l (n~\ - Ariscb, el coml1ll'ncc le siége (lc
Saillt-,Tcall-d'Acre. X, 3g5-30f)-(,oO-407" Remporte une
grandl' victoire an mont Thabor. X, !,05-407' Revient
~~¡¡ l::gvpte. Va de la it Ahoukil', Olt il remporte une san-
glallte vidoir(' SIII' les Tllrcs. X, !fIO-415'42L Rccoit
;Il's llOIl\,('llcs d'ElIropc, et ¡¡art sec['t'.tcnwlIt PO'.Il: la
FI"IIICl'. :\., !f~'1, SOIl rctotll' ell France, Ellthotlsiasme
{lU'il jn;;pir~, Agitatioll de tou,; les partis ;'1 son arri\"ée
;'t Paris. X, /,50 et slliv. S" conduite politique a Pa¡,is.
JI S(' l'oalise <1\ce Sicvcs pOlll' I'C!lv',rser la constitlltioll




Y'. o TABLE.


directoriale. X, !fGO-!fGG.SOn enlrevue ayer Sícyes ponr
couvcnlt' de l'exl;cutioll de lenr plan. X, 1,69-!f72 el
suiv. Il fait le !tI brllmail'e. X, 475-1, ¡G-4!F. (Voy.
Bmmaire.) Esl 11(11111)(; couslIl pl'üvi,oire. X, 503.


BONCHA)!PS (lk). Chef' vICndcen. IV, 186. -- 11 est hlessé
il 11I01't. V, 357. Fait ddivrer les [ll'isonniers. V, 3:;8.


BORDEAlfX. Les fedéralislcs y 'iout sOlllllis. V, :~¡o-:líI.
BOUTLLÉ. Sa positiun au milieu des partís. Son caractere.


J, 223. II sonmet des régiment, róvoltes. Srs projets. 1,
272-273.11 arl'ive lmp tanl il Vat'clltleS pOllr sauver le
roi. 1,3[8-3[9. n een!. ;'t I'¡¡ss('mbléc. 1, ;hr;. ,
BltET.~G:H:. EsI contraÍt·!! ;\ la 1'("H,lntion. IV, I'j','l.-.Etatde


ce paysenl79:í, VII,2I7 el suiY.l'lltsiellt·schcf'i signent
le1ll' soumission a la républiqlle. VII, 3:;0·35:1 el slIiv.
Ela!: de ce pays arres la premiere pacilication. De IlOLL-
veaux trouhles s'y prépal'cnt. VTI, 1,6fi el suiv, Expé-
dition de QuiberoIl. VTI, !173-4~~)-52(j.


BRIENNE 1, De). II e5t nommé ministre. l, d. Se retire du
minislere. I, 25.


ERIGANDS. Tcrrettr mal fOtldl~e que lcut' uom ú'paml dans
tonte la France. 1, 135-136.


B[WTT[ER. (Voy. Roya{istes.)
JhUEYS. Amiral de l'eseadre d'Egypte. X, 83. Ses fautcs


el son eourage it la bataille d'Abollkir. 11 e5t tué. X,
135-141.


HRln[AIRE (18). Préparatif'i el jOllrnúe !lit 18 hrull1aire. X,
46')-1,72-['15-1'91.


BRl;NE. 'Nommé général en chef de I'armée d(~ Iloll:IlHle.
X,233.


RRIlNSWICK. (Le prince de). On répaud un Illanifeste dp
ce princc. JI, 237-238.


CALENDRIER. n est réformé. V, 430-431.
CUONNE (De j. Arrive an ministere. 1, 10.
C,\,l\1P DE CÉSAR. 11 est éyantó par les Francai,. V, 17,).
C,nIPo·FoiUHO. Traité de ce 110111 . .Ioic (ll1'jl inspire en


Franee. IX, 3GG el sniv.
C,\,ltNOT. Il est !1Iembrc du comité de ,alut public. V, 220.


Dirige [otttes les opérations Illilit.lircs. V, :\311-335 el
,¡Jiy, - ,1ustiJie ,;a COttdllite COI1I!lW 11H'lllhre (le l':lIJ-




TAIlJ.l:.


cien comité de salut puhlic. VII, 287 et suív. _ Est
nommé directelll' a ia place de Sieyes, qui avait rcfll~é.
VIII, 83 et suiv. Vices de son plan d'opératlOllS rnili-
taires en ludie. VIII, 272 ct Sllív. Son plan de cam-
pa~ne sur le Danllbe et sur le Rhin. VIIT, 30!) et sniv.
- Cal'aetere de ce dircctelll'. IX, 2-3-13 et suiv. 11 se
rend suspect iL ton, I(~s partis et it ses colll~glles dll di-
rectoírc. IX, 284-286. l'rend la fuite le 18 frllctidor.
IX, :~o4. Est condall1né a la déportation. IX, 312.


C.H\I\IE]\. Atroces ext'clItiullS qn'il bit raire it Nantes.
VI, 38I-:11l:). - TI est mis etl aC'~llsation et envové aH
tribunal révolutiorlllaire. VII, 156-158. E"t cOl1dauJllé
;\ mort. VIl, D.!).
CATHELIN~:.\U. Coopúre 11 la prf'mi,\re ill5urrection Vf'n-


tléenne. IV, 179 et suiv. - II est l10mmé gélJ('ralissime
de l'armée vendé¡onne. V, 69'


C.HHERlNE TIlÉOT. Cette femirle fallatiqH'~ instituc une
sede. VI, 3f,f,-34::í. Elle est arretée aillSi que presqlle
toute sa sede. VI, 3G5 el suiv.


CUALEs. DérellS(~llr (~Ioqllcnl dc la nohlesse. 1, 130.
CF.llCLES CONSTITllT1ONNEJ,S forl11(~S par les patl'iotcs en


I'an v, ponr s'oppuser ;\ l'intlllenee des Cliehyells.IX,
20í el suiv.


CHnlPIO'!NET, gén(~ral !l l'arl!l('~c d'Italie. Ses Opél';¡tiollS
militaires dans les Etats-Romams contre I'armée de
l'\aples. X, 195-202. Il s'empare dn roya lime de Na-
pies. X, 2o'1-~.w5-2 1 2. R.ésiste aux ordres du direc-
toire. 1<:,;t destiW"" X, 22 l. Est nommé g(~n&ral d'nne
Ilouvel/e ,11'móc des Alpes par le nOllvcau directoire.
X,34í·


CHARl'.TTE, chef vemléen. SOIl caracl,',,'f'. IV, 1 S5. - Il
est amenó 11 uégocicl' avec les ri'plIblicains pUllr la
paix. VII, 332-3%-338, Sa réceptioll triomphale it
Nantes. VII, r,!). Il eont.inuc it prvparer la glH"TC,
aprús ,;a sOlllllission. :-les l'chttions avee les prillces et
les ("lIligr(~s. VII, Y)()-'~::í~. ti se déclal'c <Iv 1I0Unall en
¡:uenc. VIII, lOO. Fait ¡\'illlllilcs efforls pOll!' ,outt'nir
la gllerrc contrI' Huehe. \111, li,'; el slIiy, Esl pOIW-
.,uivi dan;, les boj s et les Jl](Jutagncs. VIn, 213. Est
J>!'i'i ct fusil/l". VIII, 21 <)-220.


x.




1',IIILL


CnAULES (L'archidue J. 11 remplace Cledavt d,lIIs le COIl1-
mandemt:nt de l'armée tlu Bas-Rhiu. VIII, ~or¡. Son
plan de campagnc apn'~s sa retraite ;1 Sereshcim. VIII,
397 et suív. Sa marche contrI' Jourtlan. VIII, 399.


CUATEAU. Le ch,lteau des Tuilcries cst attaql1é par 1(;
pellplc. ll, 146 et slliv.


CHAl;MET'l'E. Il est al'rúé. VI, 177 et suiv. Sa condamna-
tion et sa mort. VI, 223-224.


CHEIlRF.lss (Comb:jt tic) en Egvptc. X, TI 11-1 T 5.
CnOLLET. Bataille de e/: nom en Vendél'. V, 354-356.
CTIOllANS. IA~lIl' situation en Breta¡;lJt', letll' chrf. VIl,


100-102.


ÜSALPINE (R/"publique J. Organis/~c par Ilonapartc. IX,
3!,5-3q8. - Sítuatíon de cdte répnblicltlc en l'an VI.
X, 29 et suív. Triste (:tal de cctte ré¡lUhlíqlle apre5 le
dépal't de Ronapartc. X, 171-173. Changements fait,;
a 5a constítlltíon. X, Ií7-r¡8 et Sllív.


CrSPADAlI'E (Républíque). Sa fondation. VIII, [,55 el SlIi\.
CT,ARKE. 'VIission de ce g('ni~I'al il Vic·IlIJe. VIII, 4o?. Sa


négociatíon avee le cabinet autl'ichien. Le projet d'ar-
mistice qu'il proposait est rejeté. VIII, 487-489 el sui,-.


CU:RGf'. 11 s'oppose a la vi~rifieati()n des pOtlvoirs d('s
communes. /'9. (Voyez Tiers-Etnt et Pérification.; Vote
sa réunion allx communes. 1,65. La majoriti~ du c1ergé
se rc'~lll1it aux communes.l, 71. 11 abdic(lle ses privilé·
ges. 1,139, Son r61e dan s l'as5emblée. 1,2/2. Ses ma-
nceuvres a\l ('ommencement de 1790. 1, 226 et sui V. JI
s'oppose par divers moyens it I'ex(;clltion de la consti·
tutioll eivile. 1,257 et suiv. Hile pal,tie du c1cr¡;é re-
[use de pr(\tcr le Sl'rlIll'lIt civirjue. ,snite de ce refus.
1, ?84-?85.


CLICIIY, CLICTIYENS. Club de ce nom, formé par les dé-
plltés de l'opposition du corps !p:;íslatif. IX, 18-r~).
Ses manceuvres pour obtenir un nouvean directeur de
son choix. Diverscs propositiolls faites au corps l"gis-
latif. JX, IGfj C't suiv. Plalls de cOlltrc-révollltion fol'-
lll/'~S par !l·s clich~'ens. IX, I7I-/í2 et ,uiv. Leur ¡utte
ave/' Ic~ dircctoirc dalls les cOllseils. IX, 1 í3 et suiv.
LC'llrs proposilions ¡inanci,'.res atlx einq-ecnts. IX,
ISo-dI! et suiv. lVlotion d'ordrc de ['nl1 d'PllX sur le,




TAIILE.


t~VérlPlIIt'lllS de Veuisc. IX, 19)'194 et sui\'. ( 'oye/o
lfoyalistes.) JI, I ~ie)¡ellt de s'OPPOSCl' anx ehalJgenH"llh
dan, le ministere pl"ojcIPs par le dircetoire. IX, 220-
222 et suiv. Leurs crallltl'S "PI'(;5 la nomillatioll tI .. s
11Iinistres et la 'lIal'cht~ de Hoche. IX, 2.34 eL suiv. Alt·
tres plans d'oppositiun. Leul's eraínle5 stlr les pl'épal'a-
tifs <lu directoil'e. IX, 292-2.9) el suív. Ri!50lutÍolIs
d(osespt~récs qll'ils proposeut. IX, ilud_ et suiv_


CLOOTZ ( Anacharsis '), l'n,,>sien de uaissance, est admís
par L;sselllhléc :'t 'rain! paI"lic de la f.;dél'Jtioll. 1,2 5!1.
- Pn\ch,; la r<"publj(/L1e unjvcJ',clJ" et ]p Ctllt" de la
Raisoll. V, f¡ jI). II est excIlI de la soeil:té des jaeohill~,
VI, ~2. l~st arrL!té. VI, 178. Son proces eL 50H SU["
plice. VI, J 79-185_


Cr,uBs. Divcl'sCS a!,semblúes se forment ,ous ce !Jou!. 1, 3(j,
Leur irnpOI'l:Jnce JugltteIlte. 1, 235. --lis devicrwent
dominatellr,. 1I, 13. - Les CillC¡-CCllt<; d/;cretellt <¡n'all-


, CIIII/' assclllh/é:, polili~Jlle. H(; serJit permise. IX, 2{IO.
CLUB l'H,\]'ó/,:Ah. Ce (JIIC e l'talt. II, 22,'1_
CLUB i:LEC'I'OHAL. COllllnent ji se composc alJi'l's le 9 tIH'I'-


mido!'. \'11, 35-3G. 11 fait tille adress!! il la cOllvenlioll,
pOllr demander la recollstltutioll de la lIIllllicipalité de'
Paris, ele. VII, 124-I2r.i.


COALITlON. Elle COrtllllCIlCe iL agir avec adivit(;. 111, 40
et suiv. - Envahit loutes nos frontiel'es, en 9~)- V, 21)
el suiv. Le dét'allt d'union des coalisés paralvse I/'ur"
forces. V, 54. - Elat de la coalítion au commencc-
"/{'1I1 de 1 7~)'1. VI, ?.Ií3-2jO-2.íl). - Tiéd<!ur des puÍs-
sances co:disi·,·s pOllr les imú,,\ts des princes fran<:ais.
V11, !O,')-lui) el suiv. -- Plan" de g'uerre de IJ 1l01l·
vclle coalitioll, en 1 79!). LellI's dl'fal;ts. X, 23!1 ct suiv,


COBEN'l'Zl'.L (M. de ). Ce /1'I'jl dClllalli'le JU 110m de sa
('0111'. H, í()· Suile d" cette commllnicatioll. II, 77·


COBU,!\'TZ. Les (;mjgrl's se transportent de Tlll'in en celt"
,·ille. 1, 290. Projets de la noblesse. 1, 2!)l et suiv.
COBO(JR<~ (1,(; priuce Je L Commaudant eH chef des coali-
Sl:~ dans le l\ord. VI , 293.


COLJ,O'l'-ll'lÜ:RBOIS. 11 harangue DUllJolll'íez JllX Jac!Jbins.
nf, ~ll. -Chr;rche:'t sallver l('s IIltl'a-revollltÍonnain"
:ll'Iúés. VI, 102-'1U:; et slIiv. Fait aVUl'tcr l'iuslItT'x'




TABLE.


tion des ultl'a-révolutionnain:,s les 15 el 16 ventoseo
VI, 167 et SlIiV.-175. Tentative d'assassinat sur lui,
Elle [chollc. Ses conséquel1ces. VI, 329-330 et suiv.
- TI donlle sa d('lllissioll de lllenJbre du comi!{, de salut
public. VII, 63. Est mis en état d'accusatioll. VII, lítl.
Est décrét(: d'arre,tation. VII, 261. Est condamue it
la d("portation. \1I, 305.
CO"I1T~: CENTRAL I\~VOLUTION:-¡AIHE. L'asscmblée de la


mairie pn,nd ce nomo Elle s'occupe, dans plusienrs
séanccs, des slIspects et de l'enlevemcnt des dépntós.
IV, :n5 et suiv.
CO~IIT1: DE nÚ"E:":SE GÉi\i:R,~LE, 11 SI' n"lInit POlll' d(~libú'e['


sur les JlloY(,lIS dc salut publico IlI, 51i-57. - Pour-
([uoi il fllt établi. IV, 28.


COMITt: CENTHAL DE SALUT PliBLIC. Ce que c'{tail. IV, 138-
140. Il se réunit le lec jllin 1793. Divers avü, y sont
ouverts pOllr remi,dicr 11 l'insurrecLioIl. Proposition de
Garat. IV, 270-271 -Est char;;!" apres le 31 mai, dc
Pl'i:S('Iltel' Ull projet de constitutiotl. V, 6-7. Propose
des moyells ¡JOur arn;lcr l'illsurrection des d('~parle­
mCllts. V, 15- di. Ses attributiolls. V, 96-97. Il perd sa
pOlllLlaritl;. V, 102-10,3. Est attaqu(' par divers partis
;Jp"~S les echces de nos annecs. V, 280-281 el suiv. La
convenLÍoll déclare qu'il conserve sa confiance. V, 284.
-Sa politiqll(~ 1'11 <!í;ceIl1Lre 93. VI, 25 el slIiv.ll fait
arretcr des ultra-révoll1tionnaires et des a;;ioteurs. VI,
'h-3f. el sui\'. Rctlll des d,',crcts relati[s aux di,tcllus.
\1, 163. Sa politi(JlH: :m 1I1ÍlieLl des factions. VI, 186-
187 et slIiv_ Projets des Illcu¡brcs du comité contrc
l)auLoll. VI, 189 et sui\'. Sa politiíJ"c :JIIl'es la mort de
J )antoll et des J¡eLet'lisll's. II coucentre en ses mains
tOllS Jes pOllvoirs. VI, 228-232-235 el suiv. Aholit
l'arllléc révolutioullain', les minislel'l'S, les sociét0s
scctiOIlllaiJ'es, etc. VI, 2'~5 el suiv. Sa dictature el sa
position en gif • VI, 338-3 1J I el suiv. Il sc parlage en
plusiel1t's ;;ro" pes. Sa ri \'alill~ aH'C le comité de stlreté
g<"UL-t';!lc. \'1, ':h5 d slIi\, Leo> diyisioIls cuntinuent. rI,
:\(i/f-V;7 el sui\'. Les JIll'lldJ1'cS L'tIllt'lllis 11(; llohespierrc
clleJ'clll'llt a ~'cll!J>arcr ti" pou\oir. \ J, 3!)G-3!)í. Fcillk
['f'cO/j(,iliat!()lI d,'" (,'!llIil¡;, diú,;é,. \1, )()!)_/f0:l., - JI




est n"0rt~aIlisé apres le 9 thcrmidor. VII, 7-8, ~ou­
velle ('plIratioll. VII, 63.


CO)fI'd: DE 5IJRF.TÉ GF,"IF.RALE. Il e5t recomposé apres le
9 therLlliJur. Vil, 7·


CmlITÉ DE SUR VEILLA1YCE, Ce que e\',tait. nI, 22-23. Il
fait CÚ,clltel' des arrcstations. lU, 55-[;6. OIJ yancte
lc projl't de ITl:l'iSaerl:'l' I"s prlsol1niers. III, 59' Il en-
voie une eil'l'ulail'c aux dópal'tcnrcnts pour reeomman-
d"r le lIH'lll'Ll'C dcs priSOlllliel's. III, 88-89'90' Ordol1ne
d"S art'l'staliow,. lIJ, 136.


CrnJl'ri.s RJ::\'()T.[fTIoN'(.\IllES. LCllr nombrc e5t réduit dans
París et les di·pnl'tcllll'nts. VII, 29'


COHITi:s. On d,:cidl.' (ju'iIs seront renollvelés par qllart
tOHS les mois. VII, 6-7. Incol1\'éllicnts de ectte mesure.
VII, 'lG et sniv. Scize comités SOllt établis apres le 9
tlwl'midol'. VII, '1.7 et sniv.


COJJ'olrRcEs. État Llchcnx du commerce en 1794. VII, 43-
1,5-.)2.


CUJlllllSSAWl'S. Les ('ol1llllissai\'cs des assemhlées primaires
de tonl" la Franec al'rivent;\ Paris, Leur réeeption. V,
¡()9 el suiv,


CO}DUSSION DF, DOUZE (La). Elle propose a l'assemblée UIl
pI'ojd lle salul public. n, r¡5 el sniv.


C(nmTSSTIlNS. Douze commissions sont instituées par le
comité de salut public en remplacement des ministe
res. VI, 236 el sujv.


CmDWNE. Son pouvoir apres le 10 aoUt. 111,20-2, I. Elle
esl chart!;¡:c de la ~arde de la famille royale. JlI, 24 et
sniv. ~\I('slll'es qll'dle pl'clJ(l cO/ltre les SIISpcCtS. nI,
[;!,-55 el suiv. Sa puissancc ct s,~s exaction.'i. III, 136-
137 el. sniv. Son opposilion avec la cO/lvenlion. :Elle
est reprimée. lB, ¡83-!t:\!,-186. Ses ll1emhrc'i son! re·
nouwlés. 111, 220. _ Elle s'oppose a une nOLlvelle
inSUlTcction. IV, 79-80. Demande a la convention, au
nom de I ["'lItc-cinr¡ scctioI!s, l'cxpubion de vill~t-dellx
de SI'S IllClll!Jl'es. IV , I:)f, et sui\'. SOlll1lCt ses registres ;\
la c;mventio[l. IV, ¡57. Ordollllc lInc I",éc de douze
tllille IIOIltlllCS d;lLlS P:lI'tS et IIne laxe sur I.es l'iches.Trou,
bies il el' snjd. IV, I!J2-H)3 ct suiv. Se plaint it la COI1-
'-ulli,," dl~ l'al'),l':;t,üioll d'Hdll'lt I't rlcs calutllllíes dou!




TARLE.


elle est I'objet. IV, 226-227. Hl>!Jcrt y est COUI'OIlIl,'·,
IV, 238-240. EH(' esl deslitll(':(' par le eomiti: ('('nll'al
nívolutionnairc, le 31 mai. IV, 2!IH'ÜI~), et suiv, llm:
députatioll de la commulle insunectiollnellC' est illtro-
duiteil la cOllvention, IV ,25H et suiv.-ElIc se trouvc
cha,'g'pc, apl'ps le ::Ir lllai, (l!: tout[; I'admillistl'atiou
inlérieure. V ,99,


CONDE (Le princc del. 11 sc met a la tt~te de six mille émi-
grés. UI , 4 I.


CONscr.IPTJON. Loi sur la conscl'iptioll Jécrl:tée cn sep-
tembrc 1798, X, 11->8-dlg.


CONSCr,ITs. La I(,v(~" de toutes les classes est Ol'donlli·c
apn\s le 30 praü'ial au VII. X, 350.


CONSEIL EXI¿CUTIF. NOIll que prend le ministere apl'cs le
10 aoul. III ,9.11 seconde les plans militaires de Du-
moul'Íez, 111, 103, Sa nonvcllc oq;anis<1tion. In, lSG-
187. Il Col aboli. VI, 236.


CONSEU, DES ",,,"CTENS. NOllveau pou\oir institlll' par lacons-
titlllÍon de I'an IU VIII, r3-14.


CONSElL DES CINQ·CENTS. CI'catioll de ('elte asselllbll'~e par
la constitlltion de l'an IJI. VIII, 13. DisclIssion vio-
lente au sujet de la loi dll 3 brnmairc. VIII, lfi6 el.
slliv,-Prelllicrcs ()p~I'atioIlS ]¡,·¡;islatives en l'an v. Me-
Sure,; adoptées Otl pro]losl:t:s SIII' les (~nligrés, le culte
et les linallces, etc. IX, 174-I~7 l't slIiv,-Il n:jetle
la proposition de Jourdan dc déclal'cr la patrie cn
dallgel'. X, 387-3H9.


CO:\'SEIT.S, lis,,' pl,¡i;':lIcllt au direr:!oi]'(· d(~ l'a"do!lJ('ril-
tio1l des tr'Jllpes (¡-(' 111,clu; IlI'I'.s de Parjs. IX, 273 el
5l1[\', Les cOllseils sOlll dispcl's¿'s lc 18 I'l'lIelidol'. OlJ
letlr l'cf!lsc l'clJlr('(~ <lit liell de leur,; séances. lA, 3oj.
Les d{¡lIlli's atlaehés au directOlI'C se l'éllnissl'nt :'t
I'Ocléou et iL l'.Eeole de ilIedeciuc. Le dil'ectoirc IClIl'
fait part de la conspiratjou royalistc, L('s 1l0llVCallX
eOllseils easscnt plllsicllrs ('·Iectiotls , ('t COlldalllllCtlt ,'t
la d("p0l'tation plusiclIl's d¡'plIti·s, dcux <lit'petell!'s, des
joul'llalistes, elc, IX, '107-308-313. Les dcnx cOllsl'ils
SOllt di'''lJlIs lc III bnllllail'l.', (VOV.lJl'IIlIU/iri'.)


CO;O¡SPlilATi,lJI\S DlI 1" AOUT. Cl' !J~l'()lI clltclH\ait par I'L
J 11, ,),~.




CO'l'STANT (Benjamin). Il pllhlit~ nne brochure C¡lli pro-
<Iuit de b sellsMioll. VIII, 186.


(;()NSl' 1 TllTION . Ni!cessitt: e1'ulle eonstitlltion, exprimée par
[es eahieJ's; obstacles il vainel'c IWUI' ['¿tahlil'. I, 82.-83
('t sui". DisclIssions relatives it l'établissement de la
constitntion.l, 153 et suiv.


CONS'l'ITu'rION CIVILE DU CLERG:É. Les principales disposi-
tions de ce projet sont adoptées. Réflexions. 1, 256-
257.


CUNSTITUTlON n¡,; L ',1'1' Ir. Ses principill/x aI'liclcs. V, 58-
5~). Fne pétitiou coutre ccHe eonstitution est repons-


, sée pal' la convcntiol1. V, 60-6 l. , ,
CtJNSTITU'l'ION DlREr.'l'ORIALE OU DE L AN III. Ses antenrs.


Ses p¡'incipales dispositioIlS. VIII, 1 1-¡6. Elle est ar-
ceptéc par les votes d('s section~ de toute la France.
VIlI, 26-27. État des l'sprits il l'époque de son établis·
srmen!. VIII, 7!¡-75 et slliv. Installation du nouvean
¡.:ouVeI"llC'lllcnt le :; brllmaire. VIII, 77-78 et SlIív. Elle
est ¡[útrllite le ] 8 hl'umairc, ( Voy. Bmmaire. )


COll"'l'RE-I<:ÉVOLUTIONNAIRES. Hardiesse tle ce partí. Lellrs
tentativcs dans le midi de la France. VII, 373.376 et
SUlY.


CONVEN'l'ION. La coltvclllioll nationale se COIlStitllC. III,
T 56 et suiv. Elle déclal'c la royallL('~ abolic en Fl'ance.
IlI, 159' Séance dtl 24 scptclltbre T7!P. lIl, 162-163
el suÍv. Elle se ,Iivisv ell coté droit et en coté gauche.
IJI, ¡iln-T8T. Se pal'ta¡;e en dív,~l'S comités. lII, 187-
188. Déhat, relatifs ú J'acclIsatioTl de Robcspierre. IJI,
222 el slliv. Elle o1'.lolll1c au comité de législation de
dOlllH'!' son avis su!' les formC's du jugement de Louis
XVI. IlI, 2[17-248. Lon;;-ues disClIssiolls relatives il la
mise en juselllent de LOllis XVI. ur, 303 et suÍ,. Elle
d"clare que le roi sera jllg(~ par elle. I1J , 341. Disells-
sions sllr les formes du proceso Ibirl. et sui". Violents
dl'Lats apres la défensc du ¡'oi. IIl, 374 et suív. Séan-
Cf'S du 1 tI aH 17 janvicr, oit fut décrétéc la mort dn
I'oi. III, '197- :l~)8-!lo6. Elle t!,'crele l]u'il TIC 5CI'a pas
sursis i, ['cxécutinll dn roí. III, [Iog.-Déclare la gllClTC
:1 la J:-!ollande et iI l' Allt:(lelcrrC'. IV, 17. l\IesUl'cs qu'ellc
¡¡n'nd pOllr fnir!' fJce :llIX he'iuillS d" la gtletTc. IV, 30-




TAnT,E.


31 et suiv. Elle rend divers décrets. IV, 68-69' Débats
rclatifs a l'établissement du tribunal exlraonlinaire.
IV, 71-72 et suiv. Teneur ele ses membres menac(~s
d'une insllrrection. IV, 7R-79. Terribles mesures
qu'elle prcnd pOllr la súreté intét'iclI1'c el cxtlTieure.
IV, 1l3-II4 et slliv. Elle rend divcrs décrels relatifs
aux événemcnts de la Bclgi'llll~ et il la famille d'Or-
Jéans. IV, 12.9. Discllssion au sujet des pétitions
u('s sections et des divers act('s de la conlllllllle.
IV, 154-156 et slIiv. Div(TS d("crcts n~lalif;' il des
pétitioTls ele Bonleallx, de lHarseille ct de Lyon. IV,
20G-207. TlIrnultc:l l'occ;lsion d'une !érnnw des tri bUlles.
IV, 209 et suiv. Elle nomllle Ulle rumlllissioll de
(Iouzc membrps pour observer les acles d(~ la conlllllllle
el pmt('~ger la représcntation naLÍona\c. IV, 213. Cette
cOlllmission informe contrI' la COlllmUlle et fait quel-
<¡u es arrestations. IV, 221-222-2.2[1. Scl'nes violentes
le 27 mai, a eallse de I'attrollpcmcnt et des pétitiollS
des seetiolls armées. IV, 228 el SlIiy, Elle casse sa eom-
mission des Douzc et annlllle S('S aetes. IV, 234-235.
Violente disClISsiol1 i\ ce sujt't 1(' lcndcl1lain. IV, 235 et
suiv. Elle rapporte son (!('~cret relalif all),. l)OIlZC. IV,
2.37. SéaIlc(' dn :ir mai 1793. IV, 248-25~, et suiv.
Elle sllpprime la c0I111nissi"n des f)ollze et déerete
plusieurs mesures le 31 mai, IV, 2(j(}-2G7. COllrte
séanee dll ler juin. 11',27 5-276. Sl~allce dll dilllalleh(~ 2
juin 179''1. IV, 278-287. Eile voll: ]'onlre <In jour sur
les demandes des illSl1q2;(~S. IV, 7,80, PILl,icurs (kjmt(.s
sont maltraités. IV, 28''1-28\. Elle ("¡ flIT,\ti'e par la
force armée le 2. juin. IY, 2R:í-2S(), Vot,· I'arrestation
des délllltl~s d¡'~sigllú, par la COI1lI1l11ne. IV, 287.-Re·
nO\lvelle tOLlS les comités apres le ~h mai. V, G-,¡. Rend
d'énergiques décrets contre les dl'partcmcnts insllr¡;ós,
V, 18. Moyens qu'elle emploie eontre les ctlllcl1li, dil
dehor,; et contre les fédéralistcs. V , ~G-57, Ellt, <1(\-
ere·te la COllstltution de l'all TI. V, r¡8-5~), Le 7 :IOl'lt 93
laconvention admpt lcs eOllllllissaln:s d!'s d"pal'tenlf'llIS
elles embl'assc en sigue de l'I"collciliatioll, V, 173 d
sui\'. Elle déCl<'jc la levée en Illasse. V, 189. D("crC'ls
('ontre la Vf'ntl(~", l"s sns]ll·(·ts, 1,'s ('t!'ang"!'s el cOlltrl'




les Rombons. V, 217-22 1-223-22{,. Elle instituc le ¡;Oll·
vCrllelTlentrí~volllLionnairc. V, 286-ú\7· :Mesures qu'elle
pr('\H! pour la {,'ucrre de la Vendée. V, 297-298. _
DeDatsrelatifs a I'arrestationde Danton.VI, 192-Igt').Elle
Jécn\te la lIIisc en acclIsation ¡k Desl11oulins, Danton
et allln's. VI, 1 g'í-:w r. Laissc tont faire allx comités.
VI, 3 ?I-:h g. Cotlll11enCelllé'1l1 d'opposition contre Ro-
hespierre d les c!¡ers du cOlllití~ de salut puIJlic. VI,
3!,8-357 el sLliv. PlnsÍellrs llIelllhres se ligLlent centre
les trilllllvÍI'S. Dangrrs (lllÍ les menaccllt. VI, ':\96-398.
SóallcedLl 9 thenllidol'. VI, 4:\6-:\54· Snitede la s(;ancC'.
VI, 461 el slIiv.-Happort de la loi d'l 0'2 prairial. VII,
9. DC.bats relatifs ü 1't':!argiss('lllcnt des SLlsIJCcts. VII,
17 elsLliv. DisclIssions an snjet de l'accLlsatioll po1'lé('
par Lecointre de Versailles. VII, i){, el: suiv. Elle n\--
dorne ([u'il Ini sera rait nn rapport génúa! SIl!' I'étal
de la r~pllbliqlle. VIl, (,5--(;6. Sr'~anct' du 20 septf'lllbrc
17~)4. R;'pporl de R"hel't LitHld. VIL, o¡ 1'1: slliv. Elle
rClld plllsicll\-s d"'fTdS 1'l'lalit:, ;tI! rOllliIlCl'C('. VJI, 7?'
cl suiv. DdlMS r{'lalib ~tlX socj¡"tr"s pOPlllairt·s. VII,
127 el. slIi\'. Vive disClIssioll SIII' /(' meulto SUjd.1:11 dI;·
crct est 1'1'11"11, VII. d?·13H. (llH'I'f'I!f's clltre les ther-
D1irloriells el les membres de: l'allcic!l gouvel'nement.
VII, 142 et sniv. File jll'CIH! diverses mesures finan-
eiercs el (lolitirlllt's jlollr r{'!ll¿.c1icr ,\ l'élal GchE'lIx des
aff;!ires apri's la terl'('ur. VlI, I!¡G-IfI 7 et suiv. Déeret
ri'~g:ant les formalilés ;\ rcmplir pour accuscr un mem-
Jire de la cO[J\,clltioll. VII, 1511• Q[l(?rellcs Slls(~ilées palo
les IlICll;ICCS de Billaud-V,u'ctlnes an:'\. jacobins. VIl,
J60 ct suiv. S ('(', 11 <'5 violelltcs alt sllj,~t des évpnemenls
du 19 brumaire 179 11' VII, 1 6j-r JO d slli •. File rap-
pelle dans son scin plllsicUl's déplltés proscrils_ Seene
violente a ce sujet. V TI, 2()'j et suiv. Séanecs ora-
gellsl's an sujet de la mise en accusatioll des anciclIs
lllcmbres cln comité de salnl pub] ie , Camot, Collot-
d'Hcr!Jois. elc. VII, 21n et slIiv. Le 7 germinal, \Ine
trou(w d" rellllllt'~ fllriclbcs f'tl\'ahít la COllH'ntiou en
demandallt du pain. VII, :lIJO d. sujv. JO\ll'Il(~e du 12
germinal. Dangers de la COllY{'UtiOIl. Décrel de dépor-
t:J ti on contre Rillaud-V;¡rCnlleS, Collot-d'Herbois, Rar-


x. 15




J30 TABLE.
l'ere, etc. Désal'mement des patl'iotcs. V [1, 2.!J(j.305 ct
5lliv. Elle preml diverses m(:,III'I~S pOli!' compl'iJlH'1' la
réadioll rovalisle <1 11 H'll(-:" par le !J tl,crlllidol'. (1lles-
tions finalJeii\rl'S. VII, '~go;H\1 el '\liy. L,~ lien de ses
séanc,·s est enY'lhi 1,· l er prairial au lIT. S",\n,'o; di"cr-
ses, etc. (Vo\'. Pmir¿((l,'i r.lll~ ordonne I';\rrestation de
plllsielll's\I';¡;lIti's mOllt,;gnards. YIl, ,'¡OL-!IO)-iII9 et
slIi\'. Sci~nc f'Llllúbrc a ['oec;\.,iull dI' la IllO!'t dI' FtTalld.
VII, 4'~5etslli\',-EII(' d/'('n\lr~ la comtitntiol1 de ran
IrJ. VIII, 11-1 ti, ])"CI",\'" que Il·s dell',; tiero; dI' 5('S
lllemhres fel'out I'anie dI! !iO!iI'e;11I ('O/'P' 1'-:;,;i,latif, et
'IUL' !,,,. assemhl(.es ('!"('(o!'ak'o; {e¡'aie!)I 1" c/¡oix. VII1,
17, ¡V O". Die/crs,1 ¡)locrct indi'ln;1Ilt r"'j'()'l'let!"s aSSl:Il1-
!J1{es p¡'ilnail'cs el i~j¡.ctlll'a[es p01l1' 1'(,lectioll dt:s IJOIl-
veaux )'('prl'sclltanh, VIl(, ')~. 1<~\\e se ,kdal'c en per-
rnal!cnce le 12 ycml¿'rniaire. Atlaqu('(' par les sCl'tions
le d, elk 50rt vic[oriclIsp, ViII, '~(j_c)", 11(,1'lli,:I'(, IlItte
entro les panis di' la COll\ "lItiOIl :q,I'<':5 le l'~ \'ellllé-
llliaire, La cOI1\'entiol1 d¿'clare (JllI' sa s"SSillll e;,t ler·
mini'c. VIlI, 62-68. HJ'l'apitlllatioll des (lI'incipallx al'·
tes de cetlf' assembl(.e, R¡'.flexiolls, Vln, (;8-72,


CORIH y (Charlotte l. Son bi,toire, Elle tm·l\];lrat. V, ",S·83.
Détaí¡'., de SOl! p;'oci:s. Son 511 pplic," V, 88-~)o. '


COllDELlERS. Le club de ce l!0l1l riv:di:iC tle v'iolellce avcc
cdlli des jacobino. I1, 15. I!s ))I'ojettclltllllc itlslll'cectiol1
contre la couv'Cl1tion, IV, ?l~).


CORMATI'! (DCSOUCIIX, har(m de), Avclltllrier Ltiss{~ par
Puisaye en TIreta:;IIP, el! '1l!alit,'~ de maj01'-;;"Il(\,';¡J dans
les pl'oviuccs ré\olt,·~cs. VIT, 2 [7. SI'S illtriglll's politi-
<]IICS, VII, ,n5 et suiv. II t!'availl" ;\ la paeificatilltl gé-
n¡:rale, VII, :333 et suiv. Son role datlS les nó;,;ociatiolls
avec la V C!l(J('e, VII, ihid·337 et su iv, 11 engage les chcfs
chollans de la Bretagne a se SOl1l11Plt¡"e, el si;';llc la paix.
Son entrée 11 Renlles. VII, 3ií')-Ví5, Sllilt: de ses 1l1<[-
Il'CIlVI'CS en BI'ela¡;ne. VII, 4GS I't slIiy. Il est al'n\té
par OI'ch'e de Hache el mis cn prisoll. V11, 472, - Est
¡](port(:, VIII, 12(I-I?,j.


COP.PS-LEGISLATIF. Son Ol'gauisaliolI dans les deux 1'011-
seils aprcs les elections de I'an v. IX, 167 ct slIiv.


CO'l'lí. DROIT. Ce 'lue c'était, Qui sont le>; hommcs (pli le




T'\fiT,E. 531
('Olllpmalcnt dans l'asscmblée lógi.lative. II, 11-1 '.!..
--Partí quí I'()ccllpaitdall~lacollvcntioll. n,l, ISO-1ST.


COUR (La). E!le prl'sse la convocation des Etats-GÓllc-
rau~, d fixc l('ur ou\'ertllre au ler mai 1789. 1,25. Fait
<Ipprocher ocs tmufles de Paris. 1; 91. Sa conouitl'
inhahilc l't imprudente. 1, 223 et suiv. Ses pians de
contrc-\"(',volution. I, 228-229.


CUL'l'f:. L';lflcicn clIlte est aboli. Le culte de la Rai.ron est
inslil\l(:. Dhails ;'1 C(' Slljet. V, !¡4o-f.41-!¡t.3-4!¡G etsuiv.
La commnne modifi(' son arT(~t", sur le ('lIlu'. Le culte
de la 1!ai.\()!I es! ;dJoli. VI, ?,5, Le eomitó de salut pu-
Llic songe Ú j',:tabliss('llwnt d'rme ]'('liglOll. HUlexions
,'1 (',. suj;'t. \'r. 2'1'1-2!18. nCCol1l1aiSSall~e de j'i~:tl'(,-Sll­
p\"(\II1(" VI, 257 et su iv . - La rl,stitlltion des (:¡;Iises est
acco]'dt',e aux catholiques. VII, l150.


CUSTINES. N ommé ¡;,',ni,ral de l'arlllPe du N ord. IV, 2.01.
Il ('sl !Jaltu CIlI1J:;¡ 93. V, 35-36. Délails oe son proceso
TI est (,olldalllll" i\IIIOl'! et (·x¡;cuté. V, 300-303-3°9.


DA'¡PII'l\l\r,. Est nommé C'ommantlant en chef de I'armée
du Nonl. IV, dI].


DA:-iTOK, priucipal oratenr de la Illllltitude. n, 2?2. -Son
caractere et ses movetls d'inlluence ,ut· la 111111titllde.
Il, 22~. -Le 10 :lOlÚ excite le pcuplc it l'insllrrection.
JI, 25(¡-~.:Jí. -Il ('stun des actf'llrS du 10 aorrt. IU, í.
Est lloll1tllé ministre de la justice. 111, 10. Exposition
de ses pla~IS apres le 10 aoút.llI, 19, Sa pr('pDlldé-
r;II1Ce dans le COlJ'icil ('x('clItif et son influence á París.
11I,)1 ('[ ,,"i\'. TI ("t 1l()1ll1ll'~ d("pulé:\ la con\"ention.
IIr, 1 f¡ l. Fait di\"l't's,'S lllOtions ;'t la COllvelltioll. III,
IGG-IG¡. Qllitte le 1l1illist"l'l·. In, 186. Pro pose el [ait
adoptel' \lile lcv('·(~ de 30,000 ]¡ol1ll1les ;'1 Paris. IV, 6:'.
ExclI,e DlllllOl1l'icz :\ la cOl1velltiun. IV, IIO-IT1.
Sa ctlll'c('l'satioll aH'e Me¡lhan. i'tdlexiolls slIr son ca-
1';;('11\;',·. IV, :lf¡'1 l'l 'lii\". Ses paroles :\ la COIlVClltiOll le
:J¡ ul'li, Ir, '),~íS ('1 s!liv. - l)(·tails sur son caracLi,re
pulili'illc. 11 COIlI!¡l('IICC '1 pcrdl'e sa poplll:lri t (:. Y, 105-
IOG <'l '1IlV. í\"I'uSI' de rain' ]lartie dll ('o¡¡lit,'· de salut
¡lIlhli.:. V, ~.::'í-')9(¡. - ndOlll'llC il Paris, SOllP<;Ol1l1l'
¡¡al' ks l'é\"ul11 tioilllaíl'l's anlellLs. \'T, " .. :1. F"saic de se




532 TAllLE.
justiJier auxjacobins. VI, ¡G-q et slliv. Devicnt l'objel
de la haille des membl'es dll cUlllit" de salut pllblic,
VI, 187-191. Il est arn\té. SlIites dc son arrestatioll.
VI, 195. Débats a la convclltioll l't,latifs il son ,llTe,ta-
tion. Ibid el sui\'. Décrt',té dl' mise t'n a,·cmalioll. Sce-
nes au I.l!xt'll1LUllrg avrc 5('5 alllis priSOlllliel's. VI,
201 ct sui\'. Il est transf'::ré a la COllcieri:)cric avec ses
amis. VI, 202 et suiv. D,;tails de sun pl'Oces el sa lllort.
VI, 20G-2~O.


DA"i'l'ONISTES. Lutte des dantonistcs el des hébertistcs.
VI, 101-220.


DLCIlETs(desG el 13 fruetidor an IlI)SOll¡¿'vcntdivcrs par-
tis contre la convention. l\Jollvemellt Jan,; les "cc¡ions.
VIII, 1 í-1 8.


DEI,ESSAIlT. Ce ministre est acclbé par Brissot etVergniaud.
JI, 60-61.


D'ENTRAIGUES (Le comte). Il estarrété. Ses papi('rs et ses
révélations it Bonaparte dévoilent les }ll'ojets ~es roya-
listes. IX, '99-200.
DipAr,'l'E~IJ<.NTS. Division de la Franee en (1(~pal'tel1lcnts.


I, 210. Divel's d(.partt'ments ló"cnt des hUlllllles lJOllr
!'exécution dll déerd dll e~lIllp de ,"w,ooo hOllllllCS. ll,
líI. - Opillioll de divel's dr:part¡'l1wllts su!' la Illal'Ch,~
dn ¡;ol1vernenwnt et les divisions de la conycntio!1. Ce
ql1i s'y passa. IV, rG7-16S et suiv. ])lllsicurs dl'partc-
mcnts levcntdcs hornmcs coutre 1('s V('udécllS. IV, 192,
- PreSfjUC tous sont prets de ¡¡remIre It,s arJlles ('ollLrc
la convention apres le 31 mai. V, 9 el slIiv. 1\I"5111'1'5
(IU'OIl y prcnd dans ce bu!. lúid.lO-12, Suitedu m(:lllc
sujet. V, 19 el sui\'. Notl\'callx d,"ulil, 0,111' l'illSurrection.
V, ::17-38. Plusic\ll's dépal'tcmcnto 5(' t!{,istl'nt de l'ill-
sUlTcction . .Échecs des fédéralistcs. V, G':)·67. lIs sont
preSl¡Ue tous sOllmis. V. í7-í8.


DEPT:'l'ATIOl'e Liste des mell1brcs de la députaLion de Pari,
a la cOllvention. lII, 141, 142.


Di:PUTÚ. Les dl'\lllLés, dr:cr(.ll~s r!'wTcstation aprt:s le 31
mai, se l'épandent dans les dl'partl'l1lents. V, 1 ¡-12.


DÉsF.RTlON. Lois sur la r1':'sertioll. 1'111, 121.
DF.SEZE. Sa plaidoirie pour Louis XVI. JII, 369 et slliv.
DES:\I:OULINS (Camille). 11 amente le peuplc au Palais-,




533
Royal. 1, 9!)' Son influCllCC au Palais-!l.oyal. 1, 159-160.
NOllllllé d¡"puté 11 la COllvclltion par les electelll'S de Pa-
riso 111, 141. Passe pOli!' nn 1Il0d¡',ré. V, 107. - Cen-
sure le cOlllité de salllt Pllhlie ,Ians UIl parnphlet. V,
10íl-109. - Se jllslilie allX jacooins et n'est pas exclu
de la soci¡'·té. VI, 22-23. 11 rait son journal, le rieux
Cordelier. VI, lOR. 11 présentt' sa dcfcnse dans ce jour-
nal. VI, 123 et suiv. 11 est aceusé aux jacobins. VI, 135
et slliv. Coulinll¡, it attar¡ueJ' ses adversail'cs dans son
jOlll'nal. VI, 155- 1 5~) el suiv. II est arre té. VI, 195.
nt~tails de SOl] PI'OCt\.s. Sa cOlllLlIllllalion el son ,upplicc.
\ r, ?,OJ-20:)-'),20.


O'EsJ>RiJ1LXIL. Il d¡'llo11ce aH par Icmellt IJIl PJ'ojct millis-
ll'riel <Jui tClH.lait a )'f'streilldre sa jllridiclioll. 1, 2r. Il
est arrclé en pleill parlemellt. 1, 2[1.


DETTF. PUBLIQUE. Le remboursement des dClIx tiers de la
dette est d,~crété par les conscils, apres le 18 fructidor.
IX,3.h-'nS.


nnLo,. SOIl projet dr' J'('traite. III, !)3.
nl,¡F,s. DisCllssiOlIS l't'lativcs it l'a]¡olition des dimes. 1,144-


J!l:) et sui\'. L'abolitioll est d¡:crétée. 1, I/fG.
DmLCTOIl\E. PouHJÍr eXl'cntif c!'i'é ]lar la conslitntion de


I':ln lIT. vnI, 14. - ~ollllllatioll des cincl direclcnrs.
Détails:1 ce sujet. VIII, .'\0-82-8/1, Situation d:lIIgerense
du dircctoire an COllllllCllcemcnt de son adl1linistra-
tion. VIII, R5 el ,uiv. PrclHl diverses mesures pou1'
I'cml'dier a la dise!te et ,1\lX malheurs financiers. Vln,
S6-.'\8 !'t "uiv. 11 cst chargé de la Ilomination aux fOllc-
tion, publitl'I<?s. VIII, 1 ~'1. TlT:lIli,'.rp donl iluse de son
pouvoir et dont ¡es dil'('ctellrs se k partagcut. VIII,
124 el. suiv. Contillualioll de ses tt'a\'aux :¡dIlJinistralifs.
VIU, 1 G 1 ('t suiv. Ses plaus militaires, YIII, 206 et
slli\'. Il né:;ocie avec l'AlIgletprrc. \III, !J!12 et sui\'.
SlIite. I¡Go el suiv. Il envoi,; Clal'kc el1 mis:iioll a
YiCnlH'. VIII, [¡(j2. nompt I('s Ul'gocíntiolls (,Olllllll'll-
CCl'S ayer: le cahinet allglais. Y111, 498. Son tllessage
aux cousl,iis le ~r. frimairt" VIn, C,07 d sui\'. - Ca-
racti,re des cin<) diJ'ecll'UrS ; Icm', di\'isiolls cutre eux.
IX,2 et slliv. Situatioll du gOUVC1'ilCIlH'lIt dans l'hiver
de l'an V. IX, 1-19. DisCllssiollS rclatives au tirage au




sort du nouvean directellr ponI' l'an v. IX, ¡6!¡-JI';6 et
slliv. Sa llllle av~'C les cOlls"ih; apri:s ks (:It'ctiolls dc
l'au v, c!'Oú n"slllte le coup d'i:tat <lu 18 frllctidOl·. r\:,
173 et suir. Il cnm!llellCe á redolller IIll Va.ite complot
tI'a pres I'arn'statioll <lu cOllllc (I'ElItraiSlles, IX, 199-:W 1
et st1lv. Divisions des cin<¡ dirccteurs :lll mmllent de
leuI' Iulte avec les facticllx des cOllSeils. IX, 201-
202 et suiv. Trois melllor!:s, J~ar(:vcllii're, He\\l>el e
Barras, prennent la rl'solution de faire un COIl[l d'('·taL
IX, :W:)-201) et slIiv. Lellr, moyem d'apJ)1Ii pou!' ce
prüjet, dan, les patl'iolt's de Paris, IX, :;oG et slliv.;
dans les al'lm'",s, IX ,20~). Pisf'o,i ti OIlS poli tiques dc celle
.1' ltalie, IX, ~'(}!J et suiv.; de ('cíl(: du Hhill, IX, 212
et SlIiv.; de celle de Sambre-et-Mcm,e, IX, 21 ti d slIi ...
Résistance drs directenrs contrc l'oppo'lilion des /'Ii-
e]¡yens an sujet de la rénrg:misatinn du ministerr. IX,
'j, (9 el slliv. SOll t'111Varras SIII' la d¿:cisioll Ü prl'lldre an
sujt'l des n'~gociations cOl1ll11enc{'t's ;¡ \'ce l' Ansldcrrc el
l'A'ltriche.lX, 2GG et sniv., Ses I'('rils allSlllentent par
l'oppositioll de, eonseils. II prctld des mesures ¡lOlll'
l'(:nnir :'1 P:Il'is la force arrlll'e. IX, ?,';O-'l.7'" et sl/il'.
Rl'pOlld d'lIl1C' manit,j'(' (~Ill'rsi(ille allX réclalllatiolls des
C0I1'i/'il, atl snjt'l lk la lllarc!tc de Unclrl'. IX, 275 el
sniv. Troi, des dil'l'etcllrs fOHt le" (ln"paralifs <In coup
d'('tal dll 11) frllctidol'. IX, ?~)G-')!)!) l't slIiv. lis se ré-
lmissent c1wz Rt'wbell a"t'C les ministres, en attendanl
les rl'sultals de la jOllrtJ(·'e. LCllr plan. IX, 2!)~)-3oo d
sui\'. E","clltion de ce plan le JI) fl'l1('1 ir!oJ'. IX, ')02 et
slli\'. 11 bit l'é'mlI'" allx cOt1scils plrl.-;i"III'S lois (/lIi luí
rcstitucllt tlne )Jnissancc r¡"I'ollltiollnaire, JOllrnée du
Iil f'''!lclidor, IX. :,JO-'{I2 I't sui\'. Rc"[oI'IlJCS qu'il in·-
u'()(!"it (!.tllS I'adlllinistl'atio;/. l)cIIX 1l01l\'C;1IlX direc ..
tCll/'S sont 1I0mmés:'t la pl~cc des t!¡"!lol'l(.S. J"I.., '''l",~ f't
sni\', Jl d.!stilllc illorcau de son ('oJtlllln¡"j,'1l1Clll. IX,
'h!í-)2(i. Projcltc une t!cscenll' en 1\ lI~lct(,IT(" X, 11
et SlIi\, n ,''('ian' p/'clldl't, II'S Y;¡lIdois ""1:; Se! pro('!c-
tioll] et envni(' une a:i'ln{"t' en Sili'-l~(,. A_ ~ [ti (·t ~tliv.
Ses dispn··,itiou...; ponl' I'C'~n('·dil't' au'{ d("sonll'i's d('~, 1'(' ••
publil[lics il;¡lil,lltll'S. X, 1;'>-1 ~(j el SlIi\', Ji l'/'up05e et
fa i t d/:'cn'·tef la loi ~1ll' ia consCl'ipttnll, 1C.l 1 SS- [0:f- ,',\ 0.\ ~z




TAIlLE.


ConSCl'l}JtiOfl.) Ses moyens el ses plans dc guerre pour la
campagllc de ) 799. X, ~.n 5-216 el suiv. Ses dispositiollS
pour s'oP(l0S('[' il la spnliatÍon des pays allÍés en llalÍe.
X, ?IR el slIiv. Suile de ses pbns pOllt' la guerrc. X,
22.'I-?'?'¡; el s\li\". C("!lITan);. Cjll'Ll IlOml1](', )", 2io el
suiv, AccllsalÍous .Iout il ('s\ l'objet apl'~'s nos premiers
n'vers el! 179:)' ltaisons qllÍ le j\lstifien!. X, 2.68-2.'F
et slli\. ::'\OIlIillaliou de Sieyes ,\ 1'1 place de Jicwbell.
X, '),Rf¡-?,:-;:¡. '1'0115 les parlis se rl'lllIisscnt cuulrc lui
apres nos déraitcs CI! Halle. (An VIT.') X, 3u ct suiv,
Di\'ision el'!t·c 1", dil'I'i'tell!'s. X, 3',\5-'hG. Rcvül\lLioll
dll ')" ['raj,'j;d. JlL-otl'llctiol!, dc ]';¡llcieu ,dircctoi¡'c.
T",iJllanl, Lan"\c,lI¡en' el ~',rl'l'lill Cll sOI'lclll. X, :BI-
:n:J-3/1 l. FOl'lllatioll ÜII 110\1\(';;\1 dircctoil'f. X, 343 l't
suj\,. St'5 premiers acles. X, 3'1'7 el slIiv. Mesul'es I'I'is(~s
par les cmheib POUI' luí UOIlne¡' Ulle llouvclle force.
)(, 35()- 3:'5. Se, pLms de gucrre. X, 356 el suiv. Sa
lune ,¡vec ks P:lll'ioles.lVny.l'alriotes.)


D¡SFTTE. 1l1','ol'(ln's ljll','lle alll(\l1e lc I1 (ll'tohl'l'. 1, rlh-
li'n. Apl'es la scenl1dc loi du lJw:rimu!I1 la disctte 1'011-
tinlle. :i\IesllI'('S ljUC pI'cnt! la CUIllI111Il1C POll!' y pOllr-
voÍr. Dr'-sordrcs. VI, 148-151 et sui\'. - Pendant l'af-
frl'ux hiver de 179') les gl'ains el les hoi, de chauffag(~
manquenl it raris. VII, ~!35 el 5uiv, SllÍte dll I1H\l1Ie su-
jet. VII, 2.5!) el sui\', Les habitanls de Paris sont mis a
la ration. Violentes scenes d "ou!Cvcmenls populaires.
vrr, 2.6~-2.G5 el sui\'.


DnorTs r¡':ODAUX. lis sont abolis. 1, d9-I.'¡o el suív. Dif-
¡icull,",; I't discII"i'JIIs <¡u'entralnc la propositÍoll de
lem aboJition.l, 1/12-II¡3.


:Cr.OlTS DE L'HO;\I}IE. Dí-claration des droits de l'homme.
1, 151 el suiv.


DI:BOIS DE CRANC:É. n remplace Bcrnadotle au mjnisterc
de la gllcrre. X, :~~)o.


DUCH,,:n: (Le pel'e). JOllmal n',digé par Ht',bert. IV, 224.
UUJIOURJEZ. Son cal';¡cterc. Ses p\ans militaires. Il est
1l()lIlnl(~ Ill111Ístre. 1I, 6:~G4 et suiv, Son l'lllrCHle :I\'ec
la ¡,pinl'. TI, 70 ct SIIÍ\', ExtraÍl Je ses l\ft"lllOil'cs. Ibid.
11 devÍcut suspcct a la Girondc. II, 89-90' COllseille an
J'oi Je sallctiouner dcux Jéerets. Il, 102. Sa fcrl1let¡\




536 TABLE.
dans I'assemhléc natíon.llc. TI, 111-11 '\'1I4. II rlonnc S:l
démissÍon. n, 11 5.-Est nomll](' ~énéral en chef des <11'-
m{~cs du Nonl et dn Centre. HI, 3g. Cherchc Ú s'o(1-
poser ;t l'invasi:m des l'rllssi('lls. TII, t15. Son plan de
campagne contrI' ¡¡'s Pnlssicns. 111, ~)3-!)[1 I't stÚ".
COl1lmellCClIIPllt d'c'\.(>cuIÍon {lc :ion plan. lB, 9í ct
suiv. Nomcllcs disposiliolls qU'ÍI prclld apr;', ks ;¡fIlí·
res de l'Argonnc. lIT, 109 d SlIí\'. 11 écrit il l'assemhll'c
nationalc.lll, JI 3. Ses dispositiollS apr"s la n'traite de"
PI'lI'isíCn5. III, 128 el suÍ\'. II se 1'(,1](1 il Paris, it la COIl
velltÍon el a11:\ j:\f'ohins. nI, ~()(j-?I (l'2 1 l. Est [(',ti, par
Icsartistes, etrc(:oítla ,í,itedc MaJ'at. Hf, CUí-2I(i-
21 í. Repart pO\1I·I':n'lllée. TrI, ·),Ig. Ses plans llIilÍlaÍrcs.
lIT, 2(19 et suív. 11 gagne la uataillc de .1 Cllllllnpcs.
nI,2.5í-2.00. Ses peojets politiques S \!l' la BelgiflLlc.
III, 26(,-265 ct sniv. Suitc de ses aetes militaires et
administratif's. nI, 26G et Slliv. 270. I1 se plaint vive-
ment <In llonveall l1lode ¡J'admillistratioll ¡J(,.> vin·cs.
!II, 27:'í.2íO el suiv. Suite de sa C:Ullp:lgll(' cn Bcl-
t'iqlle; ses succe, I'l SPS [anles. III, 280-28r et sui\'.
- 5011 plan de camp~glll~ et COll1lllell('Clllcnt d'exécu-
tioll. IV, 30-'h et suiv.'ll fait art-eter des a~(~llts dll Pllll-
voir exrcutif. Ses menaces cnntre le gOllverncment.
IV, 63-G4. 11 éerit une I('(tre audaciellse it la cOllven-
tion. Snile de ses aetes militaircs. IV, 90. II n¿,(;ocic avec
l'elll1emi. IV, 102.. S('s projeb pnlitíljllCS. IV, Hd-ro.',.
Son traité avce l'enllcmÍ. IV, 108 et suí\'. II d(:voile
enticn'ment ses prnjets poliIÍCJIlCS. IV, 117- J IS el SIIÍ\'.
Fst mandé a la hanc de la conH'ntion, n', I?I. Plu-
sieurs de ses ]ll'Ojcts (~('l10!lelJt. IV, 12·~. 11 fait arrete!'
fJllalrt' d(.pllt(~S de la conyr'ntion. IV, 1211-126. Sa t(\te
~,st mise á prix. TrouLles á Paeis. IV, uf). 11 est ahan-
donné pae ses trollpe~, et se retire en Suj.ssc. IV, 12.9-
133.


DUVERNE DE PIlESLE. (Voy. Royalistl:\·.)


ECYPTE. Projet d'une cxpé(lilion en Y¡;"pte peoposé par
Uonapa,·te au dircctoire. Pn;pn!':ltiL; ,;('ereh. X, 6!1. ~o-
75. - État de I'escadre destinéc á porte!' les tI'OlIprs.
X, 81-8:~.- Route de Toulol1 a ,\lcxandrr. Prise de




:)37
Malte. x, 8!1-88. Entl":'(, <'t Alcxandt'i('. x, 02 -y3. Des-
cription dI> l'E:;vple. SJ g(~ogra]l]¡ie. Ses J¡~bitants. X,
9'1-1011' ROlltc ¡hns 11' dós(,l't d'Alexandrie au Caire.
!\IécontenlellJent (\'''; soldats. COlllhat S!Jr le flCllVC ct 5\11'
terre coutl'{! l\1olll'ad-Rev. Dispositioris dI' l'cnncmi pl'es
dllCail'(!. X, 111-ID,-IJ[I-IT8.Ralaillc df'sPyramides.
X, 118-1:\5. FOlldatioll de l'Illslitllt d'E¡;yptc. Ses tra-
vanx. X, 1''12-114. Bataille !lavale d'Abonkir. Deslrllc-
tioH de notl'(' ('scadn'. x, 116-1 (1 1. Couquctc de la
Hante-Egvpte p.ar Dcs:¡ix. Hataill¡, d(, S,!dilllan. X,
395-3!)í'. E"]l'·ditioll el1 Sni'! par Bonapal'te. Prise du
fort d'L':I-Arisch el Gaza. X, 399-400 et suiv. Com-
IlH!llCemcnt dn si¡"ge de Saint-Jean-d'Acrc. Bataillc
<In llIont Thahol'. X, 402-!106. Rctour de l'al'mée eH
Egypte. Bataille d'Ahoukir. X, [110-1+ 17- 421.


ELBÉE (d' l. Chef velldéen. IV, 186. - Il est tué a Chol-
, Id. V, :~57-359-


ELF.CTET;ns, H (! 1111 is il l'ITútd-de-Villc, ¡Is livrent des armes
an ¡¡ctlple.J, DO. Ordonnclil la convocation desdistricts.
Tbid. COllJpOSCllt Ulle l1lll11icipalité. 1, 97. COlllposent
ulle milicc Louq;coisc de I¡S,ooo h0Il111H!S. lbid. (Tu
électcllr distribllc all pellpl(~ des bateal1x de pom!I'e. 1,
99. Les électeurs se partagent en dívers comités. J,
120.


ÉLECTIOXS. Elles se font a Paris et dans les provinces. I,
[10-[11. Travaux de l'assclllbl(!c lIationale sur les élec-
tiOllS.I, 211-212. - ~Iouvell1ents a Paris el ell Franee
a I\'j)(HII1C des ("lcctions pon!' la conveIlLÍoll. IU, T 40 et
5uiv. - Pr¡',pdratit's des ,',ieclions de l'au v. Effel'ves-
C{'Ilec des partis. IX, 3r;-39. - De ¡'an Y. IX, lÜO et
sni\'. _ De l'an VI. X, Go-6I. - De l'an nr. X, 280-
281.


tmGl\ATION. Prend une attitll,l<inc!uiétaule. 1, 290-
291.
É~UGR:ÉS. }~p()(ll1e oit ]'(;Illigratiou commence á cevclIit,


cOllsidérablc. 1, 1 ~)7. Jls Il:VOlt des corps al1 f1011l dn roí.
I, :17.6. - Se IJI'i'pan'nt a la ~lIel'l'e ;'¡ Cnhlcntz. Leur
connivence avec la cOllr. n, 22-2':1 el: SlIiv. Leurs ma-
!J(cltvres SOHt ¡j("1l0nrl'(,'i it I'a';semblúe ll~g¡slative. n,
3G et Sllív. - D~·bal~ daus les c()mcils SIII' la ¡oi de b




convention relaLive aux bietl~ des emigrés. VIII, Ili~)-
17 0 .


EMPRUNT FORcÉ.l\lcsllres avis('·cs pOllr son reconvremell t.
V, 206 et slliv. l":n llOUVe! e/l1¡>l'llllt I-orcé est proposl'
par le directoirc et décr<'t{,. lHode de cet ('mpnmt; SI"
effets. VIII, 116-117 et sui\". Il est f('I'lm'" VIII, )J(),
-- Un lIoll\'el eltlpl'\lIlt fore,; est établi apres la rh'o-
ltltion de prairiaL X, 35 I.
l~I'At:LETIEI\S (les). Cc que c'était. VJ, 119-120.
ESI'AGNL La pai" est sign¡',c avcc cctte pllissan('P. VII,


520 el ';lliv. - Trait¿. tI'alliance offensi\'e et défensi\(·
avec la Franee. VIII, 358-359.
1;~T\TS-GÉ:,n:RAux. Lenr Ollvertarc. I, 48.
Él'RA:"iGERS. lis SOllt déeréti's d'arrestalion. V, ? r 7-2,/, r,
ETnE-SUpnF.nlE, Fl'te il rf~lrc-Sllpreme, le 8 juin 1¡!)'"


Descriptiol1 el détail. VI, 350-353.
ETTLINGEN. Voy. Rastadt.
EUItOPE. Situation politillllc de J'Eul'ope et ¡',t;jL des pui,-


sanecs ÚI'angl'l'CS atl COIlIllU'IJ('CIlIl,ut de T'j~JO. 1, 23~-
238 el: slIiv. Dis}losiLiollS des S01l\'(,l'aill'; de I'Europe ;'t
l'i,ganl dc la France, apre, la fllit.l' dn roi il Val'elllj(·s.
I, '12:';-326, - DispooitiollS des SOll\'Cl'aillS (,tl'an¡,;cl's ;'l
I'l'gal'd de la Franee, n, 20-~J ,--l'l'ojets des pui5SaUC('s
étrangerl's it l'('gard de la Franee apres le 10 aoút. II I,
/10 et sui v.' -Díspositiol1s des pllissances étl'au¡,;ercs ;Llll""
le 2 1 janviel'. IV, 2-6 f'l sui \'. RéllcxiollS 5111' la politir¡"l'
de l'Eurolw. IV, T 2 d slIiv.-État de l'Eul'ope au COllJ·
meneement de 1794. VI, 2G3 et slliv. - Siluatioll dl"
Úats de l'Enrope apn\s la call1pagllc de J 795, VIII, 204
etsuiv.-ELatdcl'EllropcclI 179J.1X, 39ctSlli\',-
,MOllVCI11Cllt dans les div(,I'scs ('ollrs, pour fOI'/llt'I' UIlC
11011vcllc ('oalition coutre la FraIlee. X, 149.150 et. sui\',


Év ECHÉ. Rélll1ion de ce nomo Son but. IV, 1 ':\9- r .'10. II s \,
tient une asscmblée. IV, 219. On y 1l0illl!W uue ('U'llll1 :".
sion de six mClllhl'cs chal'gi,s de trollver des lllOyClJ:i
de salut public, ¡hid. On y Ld ,:·lib¿.l'(, slIr lIlIe illslll'~re('­
tion, lY, 2 !,2. Le~ cOl1llllissail'l's des scctiOllS s'v rélllJis·
scnt le 30 111l1i. IV, 2[,0.-Ce CÚlllilc J'illsllrt'e~tioll e,st
dl'noncú apn\s le 31 Illai. Y, ti,


E Xi:r.UTIO~S. (~r(H1.d"s t./_'\("'Clllioj IS de" dt';t(~'.'lls. En j !ti 11 1 7~) ¡




'> T \Bl,E.
""9


"1,37 I -'J 7 t, d sui \, C"tllrualld~es a N allte,; par Canie!' :
VI, 3R r-:~8i);:\ L', 011, il TOlllull, ,\ Ol'allge, il Hordeanx,
:, :\Tal'seille, par F""I'OII , Barras!'l ::Vlaignet: VI, 3H:i;
dalls le Non], par Le BOI1: "1, :~8(j d slIiv. R{'ssenti-
mClIt et iudignation 'lile la terre/lr fait naltre. VI, 39].


FAYOIUTE. Bataille de Cl' LlOlll de\'ant lHantullc. 'llI J :;3~­
~:~-F\\R~~ :L(~ lllarlJllis de). 11 est sOUp<;Ol1lH" de complote!"
contrc Ll'iScmhli,c. SOIl procl's. 1, 215 et slIiv. II esl.
Clllldarnn,; it tIre pt'lldll. Sa iliOn, ], '),~~)-?,'l(j.


¡'-¡::IIJ:,IULlS\lF. Ol'i~iH<' d" ce 11lot. In, J:)O-I:)I.
Fim::ILlTIO'. lile ¡','d"'l"tlion ;.J'nérale de la Franee ('st d(;-


('id(',e;'1 la 1lI11nicipalil('. 1, ~,S8, La n"unioll !O(;lléralcdes
fédérés a ¡ iel! au Cham p- de-Mars, 1, 2G2 et sniv. Des'
(;ripl ion de la f,', te. lbid.- ~ecul1de rete de la fédératioll,
11, 'J.tl2 ct slIi,',


¡-'Ú:,\I:]), Ce di'p"tr'o e,t ;¡"assil¡{~ :111 seill Ill(\ml' dé' la COD-
\'elllioll pat'l,'s I'(.volrés dlt lel' )lrairial. V[J, (¡oi-[,08.
SOIl assaosill l'SI. ;lITaclt" dlt sllj>plice par ¡"S patrioteRo
Stlitcd"ccl(~Yt'lH't1](,lIi. 'Il, 42íi el Sltiv. Honllcurs qllc
la cOllv"tltiOIl !'Ctu\ :loa 11IPIIloin', vn, (,'\5 d slti\' .


• FI,YRIER (25) I7~)'\. Un pille ll's boutiques des ¡"piciets.
1" ,/17 el slli\'.


FEUtLI.A:\''l'S. Ot'i~ill" "11 clltb de e['llom. 1, 2.36.-Lc clltJ,
de fetlill'lIlts 0l'posú an:\. jacohins. Il, lCí. Faihlcsse de
ce parti. Jl, IIU et slIiv.


FnL'I'c¡,;,'" Eral. Illal"l'Il!"~II:\. d"s finane",. 1, 2(¡~ l'i sui\'.
- ;\tat d,'s {jll:IIlCl'S ('11 !)'),. ~J (,SUI'l', pl'i~l's J!Olll: J'l'tlJ(',dier
,'t letlt' llt'-,ord]'('. \, 1~¡7 el suiv. 212.. Etal dcs tillancl'S il
la fin de ~)'t V, 4'),1 ,'1 sui\', - Elal el Ol'~:lui,ati()lJ des
linances au COlllmell(;Cllleut de ~7U~' \1, '\2.1'~'2.'l el
,lIi,. [·:tat des lin,~llcl's aprt's le U lhet'lllidol'. "JI, (11 el
"ti v, Dé,t!'esse fiu:welerc et COllllUl'l'Ciale e1l 1 ¡US, Di ..
\"I'Sl'S 1I/("111'I'S Jll'ist's pat' 1:1 COllV('lttioIl pOli!' y ).olllé-
dicL \'JJ, 2.'11¡-'ltír el suiv.·-EllIharras des ¡iuallees :"
l'av,'r:C'lllcnt du dircctuirc i 1-0:;). y IIl, 8C-;~7 d ";liiv.
Nouveaux déta ils slH'lcs assi\~t;,;~s, (:n";¡ lion des mandats.
Jlóllexiolls snr Ji \'(TSCS qu::stiolls des (iilallces, Y nI,
I :·;'7-I~)I. ('1 sni,". PLill d<, (JII;liJI'(''", PUlli" L.Ui \. YIIl,
',,,:):)10 d ,ni\', LOiIj> ti'",tI ,lit' 1(", jillal",";"'1I ¡aH \




TlLLr:.


Pl'Ojet de I'oppusition pour entraver le directoirc dans
ses moyens de poul'voir allx Ill'soillS du trésor public.
IX, rSr et sui". Le cOl1seil des einc¡-cents dócrete di-
verses mesures favorables á ce projet. Les aueiells les
rejettl'nt. c, IX, 18g-1~)1. JUeslIres finallCít'!res provo-
quées par le dü'ectoire, aprt\s le TR fructidor. Rem-
bourselllcnt des dcux tier, de la deae. IX, 332-318.
- }-inanct>, de I'an YII. X, 185 et suiv., 190. l\1oycns
employés POll!' fOllrnil' allx dt'pcnses prochaincs de la
call1papJe dc 17;;<). X, 222-223.


FLESSEUJ'.S (Le pl'l'Vót). II prolllct au pellplc ) 2,000 fusils.
1,98. Est aeclIsé de tt'ahison, tt'a¡Il(~ an Palais-Royal
et tué d\m coup de piSlolt'l. 1, 108-109'


FLELRUS. Yietoire de ce nomo tvéucrncnts militaires avant
et apres la batailJe. VI, !,o8-f¡ T 5 et slliv.


FOUCHÉ. Envoyé en l'an VI á l\Iilan par le directoire. X,
18r. No;nmé ministre de la poliee. X, 379'


FOliLON el BERTRIER. lis sout tUt'S par le l>cuple Illalgré
l'opposition de Lafayette. 1, 125-17,6.


FouQlJ [EII-Tl:'inU,E. Idécs san~lliIlaire, de eet accusateur
publico VI, 374-378 et sni". ~ II esl Illis en aceusaliOll.
YJI,9·


liRANcF.. Silllat;oll pulilir¡lic !'l 11Inrale de la Francc SOIlS
Louls XYI t't á I'C[lOl¡i1C de la I'CHlllltio!l. T, 3 el. suiv.,
36 et SUlV. 'j','()uL!",> d (I,"so]'drcs C'IJ FraIlee apn\s le
j ~ juiilcl. j, 135-136. l::lal alallllaut d" la Fr;lllce en
aOlll 1 íH9' 1,147 el "Ii\. EI;II des c'pl'ilS el situation
politiqlle an (,(JllílllCl1CCllll'l1t dc I'anné" 1 ~ 90. 1, ~ 13-21.',
ersuiv. 'l'I'Ollhll'sdansl('Midi,"11 'I\['il '790.1, 2:1/j .-
SÍlual ion iutú'icl1lT, les "n'mias moi, d(~ '79('< VI,
:"T 5 el Siii\'. -- ¡::illl i¡¡j(''l''icll1' de la Républiq;le dans
I'é¡t> d" I';'~/¡, 'IIl, ::nS et sujv. Situation intérieure el
l'appol'ts politiqnes avcc I'Europe, apres la retraite de
nos années <.!.'Allcmagne. V 111, 431 et sl1iv.-Rapports
de la Franee avcc le cOlltincnt en I'an n. X, 23 ct
suiv. Sa sitl1ation inU:riellrc dans l'ltivcr dc l'an VI. X,
5(+ el sui\'.


}'n UC'l'IIHllt (18) . .1 ollrnée de ce 110m. l'rincipnux flhnils d~s
{~vt'~llenwnl", I''í., 29f)-:'~J). Ang(,l't'all s'(,lfIpart'dc~;Tlli­
!t'l,jt''i, [X, ".0'.'-.':0 '1. II'> ('ollseij,¡ 'üllt r"pOli"";' dll lieH




TABLEo


oe leur,; séances. IX, 307. Les eomeils se forment Oc
nouvcall, el rcndent lons les décrets que demande le
dircctoire. Des d¿'plllúS et deux directeurs sont con-
damnés a la déportatioll. IX, 30¡-:h5. Kécessilú de
ce coup d'état. Ses conséquenccs. IX" 319 et suiv.


GARAT. II cherchc;1 r;¡ssurcr la convcntioll sur ses cra¡ntes.
S011 discours. I"~, 2:{O el slliv.


G.\RDES-DU-COI'.PS. 11, dotlncnt un n~pas anx offlciers de la
ga~'nisoll ;L Yel·sailles. Suitc dc cette fl;te. 1, 179 el
SlIlV.


GARllI·:-lHEFY.LE. Il est vol,',. BJ'llils qui COllrurcIlt sur ce
vol et sa dcstination. llI, d8-d9'


GARDE ~ ATIONALF .. La milice bOllrgcoise prend le nom de
g;¡rde natiouale, et adopte la cocarde tricolore. l, 122.
Débats au cOllseil des cimI - CCllls Sllf lIIIe nOllvelle 01"-
;'::Illisatioll de h gal'dc llationale. IX, 2'18 et suiv.


GE'ís-ES. Paix a H~e c~tte n:llllhlique. V 111, 450- q 5 1.
GEnl\GE (S.HNT-), VOY. Bassallo.
GERMINAL (jo!ll'néc dll 12). Les patriolcs cnvahissent la


eOl1velltion, lIs 1:'11 son! chassés, el cllsuite désarmés
par suitc ¡J'un déerct. \ JI, 29'}-1 I!,.


GIl\ONIllJl!S. Origiuc d(~ ce llum. Lelle l'(jlr dallS l'assembléc
législative. JI, T9.~13. Tls dominent dans le ministere.
II, (i8-8g. - AccusatiollS dont ils sont l'objet. In,
50 et 51Ii\'. Leur positiO!l a la convention. nI, 143 et
SIIÍ" Portrails dc plllsicul's d'cnlre ell"\.. I qtí-l!¡OCt suiv.
SO[J[ acclIs{'i el" [',',d,'·,'aiislllC'. III, T tíO-1 5; __ E01 halTas
el LlchclISL: i'"sitioll des ,;il"Oudins apres le 25 fpvrier.
IV, 5q el suiv.lVIcnaci·s le 3 T mai, se l'cndcnt lOlls armés
a la conventioll. IV, 248. Se r~unis:,etlt le 1 el' j lIin pOllI'
se conccder. IV, 2.¡q-2¡5.-S011t lui, (~Il état d'arrcsla-
tion. Y, 2. PIlIsiellrs sont enVOV(;s devant le tribunal
n;vollltÍollnair(', et <!'aulres sont mi, en i~tat d'arresta-
tion. Y, 310- JII. Cireonstances de leul" proceso lIs
sont conJamul's el CXÚClIt¡··S. V, 3~)l-407.


GOHlER. NOlTlmú dil"t'l"tt'ur il la place de Treilhard. X, 335.
GO¡:YEp.:-a:}IENT R}:\'01XTION:UIIlf:, Effets des lois révolth
ti():1I1~¡i¡·l'S. ,r, 30:) et slli'\'.




TAllLE,


CI\AND LIVRE DE LA nETTE PUBLlQUE, COmnwnl il [lit illstitllC
en !)'3, Ses avantages financi,rs, V, T!J') el su:\',


GRENEJ,LE, I~a pOlldl'iere de El'('llf~lI(, prclld 1'f'II, VII, GJ-
GI" Les patriotes attaquent Ir' Ccll11[l de Cr'('lwlle. VIll,
355,


GCADET, Fait IIne applicalioll his[oriqll(, ~llX "il'Collstances
<111 IllOlllent. lV, 20-;-208, l)ropose la ,!eSl.itlllioll des
autcrités de !'aris, el le transfcrl de la COIlYClltioll ;1
TIonl';';cs, IV, 211, Son COlll'itgC :'t la COILVClltioll le 31
mai, IV, 258-259, L


GUlmnT.. Prcmii'l'es disllOsiliollo; d,'s anlJ(;es, JI, 83-84.
f:Clll'c du ;';{'ll,'ral :tochalllbeall, JI, 85 ('1 "tiy. I':lal des
affaires milititires al">t\5 Je 10 aoúl. JIJ, :) 1 el SlIi\'. Si-
tUillion illilitaire de IaFranCl~ en octobre lí!P. I1I, 1!)I
et ,;ui v. Affain's Illilitaires ('11 octobl't~ d novemhn, 1 í92,
III, ').1'9 el suiv, Sitnatioll tle nos arl11ú~s 5111' le nhin el
:lUX Al(ws il la fin de 1 í9~. 1 IT, Ú\!, et sui\'. l::vúne-
mcnts militaires en Bcl¡:i(]lle. IV, 21 et suiv, ¡\'os al'-
m¡',/!s ¡"jlroll\'cut plnsiclIrs l't'V(TS. IV, ')8 t!t ~lliv, nis-
positiollS de la COll\ cntioll 1)()IlI' troll\,('!' des hOlfllllCS et
de I'argent. IV, ~(lt) el ,ni\'. - Situaliotl lllilitaire de
la Fr,lI;ce en t¡3. Y, 28 el sui\', f:lat tic I'anllt"l' dI! :"\'onl:
V, i{¡id,; d/' i'al'\n{~(' de la Moselle: V, :,12 et ,¡Iiv.; dI[
Rhin: V, 3'~; d'Italie : v, 38-~!); d,'s l'vrúlu',es : \, t"
et slli\'.; de la \ (,llde'e : V, (,4 d ~ui\', Victoire en Es-
pagllc en juillel 9't V, i~-'i I¡, Si/'ge de i\Iavence. V ,
I:~I-T4'3. Sir',::;(! (k ValcllCiclIlH'S par Ir's ('UIH'llli" V,
If,)-I.',,;,, Le c:lmpele Ci'sill' esl ,;V;)CIIl', par It'S Fral".'<lis,
Y, 1-;-;-179, MOll\'('IJ]('llt de,; ,mlli,!'s en 'lOllt J7!)'~' V,
227 et sni\'. }:Utt de 1'<lnllt~L' dnl{/¡ill, V, ?,2!)-23'1., COll1-
1ll"J(C,'llH'lIt dll sit~g(' dI' L'-(ln, V, 232-2'),G, Marche des
trollp'" Clllll'lllit's 'en aoút ('t S('I'tl'lltbre lí!")' V, 2/,8
et ~\1iv, VÍctoiJ'(, de HondtsllOole, V, ?,52-?,:d,Rr'H'rs
,bus le ::>'tlrd, V, 2S:l-2 c'7, l~clw(' de Llrm,',c des Pvn',-
11"('5, Y, 2()O et sui\'. Orgallisalioll dt' !':11'1III',(,,] .. I'Oupst.
'-, ":)'- L'al'l\l"'(' d('~ ,\il't!s j'('J)(lIl"C It'S Sardes, \ , '.h T,
Pro::;rt\s de l'art (j¡, la S\lel't'C', !\(',i]exiolls ;'¡ (,I' sujet. Y,
332 el slIi\', SlIite dcs Opt"ratioll'; militair"s it la I'I'OIJ-
til'1'0 du '\uJ,rl, Y, 33G-');j!¡. \ictoil'l' de \\atligllics, y"
:,l:j) ·3:,'" Ll'~ J¡,~':t:j de ,ri,:,elllllUl;l", '''Jlll l'i'lSL''' I'ill




't'AnT,J.:.


I'enncmi. v, 360 I't suiv. - Jonction (les armées dll
Rhin et dI.' la MoscUl'. Les AlItl'ichiens sont ehass':,
des frontiércs. VI, [11-/[ '7. Si('~ge et pl'íse de TOllloll par
les répub¡¡cains. VI, 48-5'7. Revel's <lIlX pyf'¡~nées. VI,
58-60. Evéncment,; important> en Vendée. VI, G 1-90.
Fin de la campaglle de 1793. VI, 39-90' Réflexiolls sU!'
ectte eampagllc, et l't-capitlllatioIl des P¡'illcipaux fail;,.
VI, 90-91-9~)' Prl'paratiFi eH Frauee, de l7~)1 á l79!h
pOllr la levée, l"'c¡uipellH'llt el l'armClllellt des at'llleeS
de terre d de 11](:1'. VI, 7,78-279, l'retlliers évéllcmcnts
de la ealllpaglll: d" 1 79', aux PVl'l~nées: VI, 285-2ilG;
al/x AI,.I~s et ,'('1'5 l'Ilalie : VI, 287-2~j1 ; aH Nonl : VI,
2f)1-:105, ',ctoire de TUI'C'oint.;. VI, 302 et suiv. En
Velldée : VI, 306 et slliv.; eu Bl'etagne cont1'e les
chouans : VI, ')08; aux colollies. RévoCtes it Saillt-l)o-
miugllc. VI, 308 el sl/iv. Sur mer, combat dll 1:1 pt'a i-
ríal an Il, destt'lteliou lit! vai'óscalt le Fen¡;cur. VI, 3 J 0-
114. VicloiJ'e de FI('ul'l's, }:""'IH'lltcnts rtlilitain'8 avant
et :lpl'(\5 la hataille. "1, !¡o8-4I:J. Reprisc des opéra':
¡ious Illilitait'l's en aoút 179!'. - Heprise de Contlc",
Valcncielll}('s, LatHln'cies et le (}II"SIlOV. VII, 77-80.
MOllVCHt('lIts de l'armi,l' rlu Nord. TIataille de I'Ollrthc.
VIl, 83·85. Bataille de la H.oer. VII, 8(; I't sui\'. Passage
de la :\leI15'_' par l'ichegl'll. VII, 93 et slti v . .l\1ouvements
ct sltcces des at'mi'es de la lHosclle et dll Hallt-fihill,
eOll1ll1andi'cs ¡¡al' J\1icltaud. vn, 9"-95, Sitllation de I'ar-
rrjée des Alpes et des l'vrén(·cs. VII, 96-97. Suite dc la
filen" de la Vcltd(~e. VII, !)i1 ct sujv. Sittl:ltion de I'ar-
lIlée elt lkl;:ill"l' ;'¡ la fin de J 794. Prise de :\'imegue.
VII, 181-11'7, I'rojet., llillll' la (,OIHJI)(\tc de la lJollande.
VII, 187 ¡:t suiv. lnvasio!t de la lIollande. Prise de l'ilc
de Bommd, V11, I!)O-J!)2 et s¡¡iv. l\otrc anl1{e se ré-
pand en UollaIHk par divcrs poinh, et occltpe tout le
pays. V 11, ~o 1 ct ';niv. Suitc des opérations militaitTs
~Il Esp;q;tH" ('11 C:ltalogne d. aIL\. PYt'('lIéps. vn, 210.
Etat des al'llll-('s apres le., ,~vi'netl](,lItj de (lraírial an lIl.
VII, 11:,5 d slIi\". 0p"','atiotl'i d(· .Iollrd:ltJ, de Alot'f';(lI,
de l'ich"gt'll el de E!"IH'r dalh le Non!. \ 11, !,55-456.
Sitllatioll cI,' 1':~111I:'e deo .\lp<.:o SOI:S ]Zellet'luann. VII,
;llB f't '-.1;;'\'. !'.:';:~:íl·1 IP~l¡t;~i!':' i';l l~';pagllP. -VII, /~5!L




Expédition de Quiberon. (Voy. Quibcrofl.) l'assat:'·
duRhin par JO\lrdan el pJ(']lcgrll. \ll, !)1O-51? ct
suiv. - Marche rétrogratlc de l'al'llJé(~ de Samhl'e-('l-
Meuse. VIn, 60. JOlll'dan repassl' le Rllin. VIJI,92-93.
Perte des lignes de .iHayence. YIlf, 9''\-90, Sitnation des
al'mécs du H.hin, des A1lwS ct des PUl·m'·(·s \ers la lin
de l'an IV. VI1I, dI et suiv. Üélails J(, la bataiill' de
Loano. VIIT, 13:,-138. Expéditiot] de l'lle-Dien. VIII,
139 et sniv. Rtflexiulls sur la call1p<!g]](~ de 1795. "IJI,
1 51,. Call1pagm' de 179(;. VIII, ~,23-3')3-374-42:-. t.tal
de l'arn¡{'e ¡['ludie an CI)IlIllH!lICl'Il](~llt dl: la campagnc
de 179(;' VIII, 224 d slIi \. COlllIude d II l'iéll:ont. VIn,
225-2 ',o, Conqul'te lle 1.1 Lnrnbat'di,·. \'111, 200 l't Slliv.
Bataille de Lodi. VIII, 2()4 et suiv. Passagc dn l'I1ineio.
VllI, 286-288. Entrée des Francais dans les États-Ro-
mains et l~n Toscane. VIlI, 304-)00. Suite de la gnerre
sur le Danube el sur 1(: Rhin. VIII, 308-3o:J el suiv.
Passage dll Rhín par Morean, et sui te de ,es Ofll;r;[ -
tions lllililain~s. VllI, 3ro et Slliv. Bataill(·s de Hastadt
et d'EttlingclI. VIII, 321-'h2 et slIiv. l~tat de nos ar-
mécs ell Allcmat;ne et ('11 Italie en ,;oút J 796, VIII, 33'>"
Re!lI-ist: des hostilités en Italie. Etal de Hotre arméc.
VIII, 368. Nntn: ligne sur l'Adigee'it forcée. vrn, :174-
375, Hataille de Lonato. YllL, '~8o-383, Hataille de
CastigliollC. VIII, 38G et suiv. Opéf'ations sllr le Da-
nube. Bataillc de Nercshei!ll. VIII, :'\y:i-3gfi. I.'armée
de Sambre- el-Mellse est l'I'pollsú'e par l'arehiduc. VIII,
398-399. Suite de la guel'l'e (\'Italie, Bataille de Hove-
reJo. VIiI, 401-402-405. Man'he de HOIlaparle sur la
Rrenta. Ralailles de Rassano d de Sailll-George. VIII,
408-411-4 T 5. NOllve! pc}¡ec de l'artn(>e de Samhre-et-
J\Ieuse a 'Yurtzbourg, RClraite. VIII, 41()-4T7 el suiv.
Retraite de Moreau. VIlI, 422-427. Extn~ll1e dan:,;e!'
de I'armée d'Italie. Rataille t!'Arcole. VIIT, !1)~HtG8-
472-/184. Expéditior. d'Irlan¡\c. VIII, 59Y-)O't B.eddi-
tion dll fo1'! de l\elh. VIIT, 51 't RC'prise des hostilítés
en ltalie. VIII, 5r4 el Slli". Desrriptioll duchamp de
bataille de Rivoli, Rataillr: de Rivoli. VII[, 52I-5:.>.!,-
534. Bataill(' dc\':mt M:mlollt' O!l de la Fa (,Ol'lÚ. VIII,
5:'\5-530,I'l'i,,(' (\rlH::nto!i(', YHI. 5:~7f'tstli\'. Héf!t'xinn,




TABLE.


snr la campagne I'e 1 '796 en Italie. Y~I1, 539 et slIiv. -
nl']ll'isc de b call1pa;':1I(~ ClI I'an v. Etal de l'armée de
Salllht'e-et-l\IcII~il' : 1 X, [19 et slIiv,; de l'arml'e du 1 fallt-
Rhin : IX, 51. J:al'lI((~c t!'Italic est !'cnforcl,c. IX, 52.
l\ollyellc ('al1lpa~lI(, cOlll('(~ l'Allt¡,ic!J". l'"ssa~e du Ta-
~liallH'¡¡t(), IX, G5--::4. Combats de TaI'wi,. IX, '[1-78.
lHa/'chc slIl'Yiellllc. IX, 9'~-g4 et SlIiy. Pass<lbe dll Rhin
;'[ NCliwil'd par Hoche, ¡¡ Diersheim par Desaix. IX,
113. L'a!'m~e de Salllbrc-et-l\1ellse el ee\le dn Rlán
sont r~llllies en lille sellle, et le corlllllandClllcnt en est
donné 11 HodH', IX, 327. - ,Expédition en Sllisse.
Brlllll' s'('mll"re ele Rel'!le. X, 4g-52, 'Expi'dition d'l~­
~.' pIe. (\·oy. A,:;)pte.) Reprise des hl~,tilit~s en l'al! VII.
UIIC arl1léc ll:lpolitainc el1\ahit les Etals-Romains. X,
I:i~) et sni\'. l\1anlFuvres de C!Jampionnet. X, lbid. et
slliv. Les Napolitains sont hattlls. Championnet rcntre
J;!IIS ROllle. X, 200-20'{, Conqn('te dn I'oyalllllc de
:\'aples. X, 2'¡')-:W!). Call1p,lbl'e de 1 ~99. t:i:Jt de nos
101'<.:(" Illiliuli,'('s 1'1 plam de f:;UI.'ITe. X, 213 el suiv., 224
el suiy., 22~-22!). InYDsion des (;risons par JU;lssl~na.
X, 2'~8-2')!J. Ilalaill .. de SloLach. Rl't1'aite de .lourdan.
X, 2!¡'~-9,f¡ 7-2 ') 1. Distl'illlltioll de 1l0S :ll'lnl'CS ('n ludie.
Fol'I'!'s CIII(('lllies. Pn.'llli,:,!'I.'s 0P"I':llions de Sehérer.
Combals s:lIli.:lalll5 :¡OllS VI"rollc. A, 2;J2·2Gr. Bataille
de ~Ia~llano.' Hclrailc ti" Sch('l'et'. X, 259-269 .. JHas-
séna r¡"llllit le eOllllnandCIll('nt de ]'arn](~I' <In Danubc
c't t!'lIe\v(.tic, !'t occupc la ligue de la Linnnat. X, 288-
').')1 d 5I1i\. SlIilc de la ~lIel'l'l' ell Italie. Arriv(~e de Su-
,\·:]ro". '~, 2i):J. el SlIi,". J\Iol'l'aurl'lllplace Sehé're!' dans
le COllllll:llld.'II:I'lIt. B:II.1ille de Cassano. X, 295-297-
T\.etraitc de '\Iorean all-del,'! dil l'ú et de l'A [lcllnin.
Hétai\s de ecttc hell" ojl('ral;OIl, X, 2~)7-305. COlllhats
SlIr la Limmat en SlIio,e (prairial an YTI). X, 30, ct
slli,·. r"ai de jOllction entre j'armúe d('N~ples et edil'
d(' 'VJOI'Call. X, 111 I.'t sniy. Bataille de la Trebbia. X,
3I!¡·11~ et sni\'. Ses slIites fllneSles, Retl'aile de J\Iacdo-
!lald. X, 31 f)-:ho. Reprise d" la campa¡.:nc. J\lollYCmellts
,le i'lIassclla Y('I'S les CI'3111l<-S-All'f"s 'jllillet 1799). X,
:~:í8-%;¡. Suites des arraii'es en Italie. X, :~59 et slliv •
.Tnuhert arriyc l. l'armée d'Jtalie ¡¡our remplacer Mo-


X, 37




T!l.IH,F ..


rl'all. I:~tat de ses forces. Eataille de Novi. X, 1()?·371.
Déhar'luemcnt de~ Anglo-RllSSCS cn Ilnllandc. Ec/¡cc
de Brllne. X, 372-·1~5. NOl!\"('all plan dll CCJ\lSI,ii :Jnli-
que. D~scripli()lJ dll théútrc di' Id gli('1T~ en SlIisse, Ea-
taille de Zllrich. X, 42!I el suiv. 1'/1''" Il,"sastre d re-
traill' de SlIwal'O\Y cn SlIissc. X, !1!,o-!,1,3. Dé'faile des
Anglo-RlIsscs en Hollande par llrllllc. X, ¿,fll¡. Fiu tle la
campagnc de 1799, Ses résultats !tclIn'lIx. X, V,5.


lh',TlF,TlT. ,íollrnaliste. 11 esl. arn~tc',. IV, '),2.'1"- S('S Cl'llalt-
tés ill'¡:ganl dcsprisolluicr, dlt TeJllple,Y, 182 etsuiv.
-11 es! arre'U:: avec HOllsin, 'inccnll't autl'l's. VI, 17(;.
SOIl ¡¡rOCeS et Sil lI1ort. VI, 17g·ItB'IIlJ.


HÉIlFRTlSTES. Lntte des hébcrLÍstl's d des dantonistes. YI.
10 1 - J 2()-J 85-22:'. MallWl! VI'CS ('t caracteres de ce partí.
VI, 141-142 et slliv. I'llIsieurs ¡I'eulrc eux sont al'rdés.
VI, líG etsuiv. I'rocl'sct sllpplicedes pl'illCipallx chef,.
VI, Tí9-IIl5.
Hl':LV~:TIQ¡;E (Répllblir¡ue). Vov. S"I.I,re.
HENRIOT. 11 cc,tnolIlJllé cOllllnandant dI:' la :;at'dc parisiennc


le 3 J mai. IV, 2'19' Fait tir,'l' :" canon d'alarnll'. 1",
251-2:)2. Barre le passa~e "1 la COll\'eIllioll J¡, ~o jllin.
IV, 285.


HiRAULT-SÉ(;UELLES. Il est dl;cn~tl' de mise 1'11 accllsation.
VI, 201. Son 11I'OCeS et sa mor!. VI, ').n5-2'J.r).


Hi,Ri: 11 lT F .. L'lu:redité dll II'(Jllc ,'st voll',(,. 1, ¡(;(j. ]Jisells-
SiOllS rclative:; it i'hén~dité de la COllrOllJJe. 1, ¡iJit/, el
SUIV.


HaCHE. Est nonlllll" i'énéral de ¡';trlllt"e d" la [lJowi!e. Y,
331. - Sa l1lalla~n\TC daus )I'S 'o,~",. '1, ~ 2.11 '~. 11 est
Il o 11111](: COllllllamjant C1I chef d{'s al:ln,,('s dll Rhin <'1 de
la JImellc. VI, !15. - Est ,~Iargi. V 11, 12. Ses op{'I';ltiOlIS
mililains et politiqlles en Vcndée (lj~))). VIL, 219 et
sui\'. Suite d,~ ses opáalions ('n Breta~ne. VII, ''\42 et
slliv. Il chcrche il dt'-jOlll'¡' les pl'ojds d('s rovalist(,s en
Brctagne. V n, !Io; 1 el SlIi v. - Est 1)()!lJIllI', COIlIl1Jalldallt
de l'a;'JlI{'c de l'Oucst. Ses dispositiolls' pOUI' ,'op]>oser il
lanouY'clie ('XI,,:tlilioll anslaise. "11[, 9!) el suiv. 11 che!' ..
che a ameuel' la pacificatioll défill,tive de la Vendée. Son
plan. VIII, d:í.-IfIG et sni\'. Execution dc ses projets.




T.l.nLE.


YIII, 150 et slliv. TI est I101ll111i! commandant de I'al'lll{,e
Jite 'des c,hes de l'Odan. V lIT, ~w9. L(~ directoitT a p-
prollV(! (OIlS ,,!S plans sur la V (>tl(\(.(' , et il continne il les
C)O;(,(,l1tel". VIII, ?O~)-210 el slIiv. Par srs soins la V('I](léc
et la BlTtague son L ('llti¿,rCUll'nt SOlllllises. VII 1, 'J. 1 r -2 22.
11 Jlllblic 11;1(' li'ltl'C pOUl' ul'lllentir cf'rtains hl'llits lJlI'on
]"('paudail SlIt·lui l'l SU!' Bonaparte. V111, :n8-34r. (;011-
sl'ille \1ltC l'xpi'dition f'U Trlaud,!. VTII, :loo. Son cxpé-
ditiot) {'n 11'Iand('. \' IlI, (¡:J9·503. Es!. UOlllUl(. ¡;{'néral de
l'al'llléc dc .... atllbn'-et-j\]ew;(· apl'es la d(.mission de Jour-
dan. ,'/fI, :;I.'I.-JI passc IcRhiu iL lI('u,,·ied. IX, 113 .
.... (·.s .lisl'0siriotl'i poliri<¡lIt's fa\ot'ahks an directoil'c ll1e-
lIa('('. llanas ,'adl esse it lui pOllr uhtl'nir des tro,,!,es en
ca, dc !H'SOill. j),'·tail de ses relation,; ayec 1(' dirl'ctoirc
d d" ses ]lr{'p;lI'atifs pOli!' cl't ohjl't. IX, 'J. {:)-').1 () d slli\'.
11 est nOlllm,', !llll1i,tn, de la ¡;lIé"tTP ('n l'an Y. IX, 7,29'
S\lite de se, \'t"'pal"ltiCs pOllr sOllt"nil' le dircctoire,
JX, ?lo el s¡¡il. Suite de ses 1",IatiollS ;¡Yec qllelqllcs
1l1('lllhl't~, d,t dllTcloin" IHlIlt· 1,· lIll'llJt> "hjd. IX, '1./,1
ct slli\~. Ses opl'l'atiolls militain's dans I'affaire de (2ui-
1)(']'0tl. (\·o\'. (hú{¡{,f'OlI. ' .... a mort. R('flexions slIr sa C<11'-
l'ii,l'l' piJliLi'ljl\(' el ltlilitaire. IX, 37.G-:r~().


HOI.L\"LJE. C()lHjll"te de ce ]lavs. VII, r8r <lOS. Esprit
Pllblic clllIollandc i, I'arri,,('c des llrancais. ViI, 189-
1!.J·~ eL sui\'. 1\'1 ('s \1 [,('5 po!itíqlles prises par la convelll.iOll
pon1' le !,!;ouvc['tll'lllent de la llolLIllle. VII, ?o(¡ l't. s\liv.
La paix. est si¡.:-nl·e a\'ce ('eUe pllissance. Principales
(;()tldition~; dll traitt·. VII, 3~2-324. Sa sitllatiollCtl J ~97.
IX, :/1 t'l slIi,. -- H"'\'olll(ioll d;¡ns ce !'oyallllH', qui se
dOllllc HIJ(' COtl.,tittltioll s('!Il}¡lahll' ;'¡ la (,ollstitution
fraucaisc_ X, 'J.5-7.8. NOIIH,lles l'olllll1otions politi'lut's
dans l'hiverde l'an \'l. X, J G3. Dé'barCjllclllell L des A nglo-
Hltss(''i, X, '\~2-:~'j·~. Les Anglo-RlIsscs v SOllt dé[~ils
par BI'I!lH' d ,"vacIl('nt 1(' pay~. X, [,4iÍ .•


UOXIlT'II()(JTE. B,'Tit de (,l!rt(' yictoire, pt opératiollS mí-
litair('s qtli la ¡tréc/'d,'.rent, V, 'J.~2-253.


HÚTEL-IH.- V IIT,E. Les ,··ll·ell'''],'> s'y r/'Itnisseut. 1, HG. Con-
fllSioll '1 II iv n"gllc d;l ns les jo 1I1'rl(',,':i d!! T 3 ('( !lll J [1 juil ..
let. 1, 9~)' Ani\'l:e ,;" ('(·U\. (¡lIi i\\';¡¡Cllt ]Iris la Rastille.
L IllS. EllIbanas de ¡'l!útt-I-de- Vill.:apn'.s le 1.'1 j¡¡i!ic[




TAIlLE.


1, 17.0-I2.1. Il est forcé le 4octobrc par ues femrncs et
des hommes armé, de piquc;;. J, 18'1.


ILE-DlEU. Expí,tlition de ce nomo VIII, 130 et suiv.
lNSTITUT d'E:;ypte. (V <lY. j;;;yptc.)
ll'(sTITUTIO~s allglaist's. <2lli 50tH CClIX IIui les dósiraiettt,


1, 131 et ~uiv.
INSURRF.CTION. Projet d'inSllrrectiolt dan s les f:lIdlOllrgs.


IJ, 233 d slliv.UIlC t;l'ande inslIl'rectiotl est fixl'e 1)(llIr
le 10 aout. n, 250--2:"2._Celk <111 3r mai (:st atTI~t .. e.
Par qui. IV, 2/¡G. PrilJ('ipaux dl;tails 'Ul' edil' iIlSlll'1'l'('-
tion. IV, 2.'17 ct ';lIi\'.', 7.('o-?,(ir el slIiy., 'J.Gi-?('S, tv{-
nemclllsdcs Ter el. 2jllill. IV, 2.0U.273-27!¡-2íG et sui\'.
279-283-287.


bLANlJE. Expédition franliaise dan;; ce pays. Elle l:choue.
VIII, 499-503. - Léger échcc des FJ'an~':lis cn Irl:ltldc.
X, 191. .


ISNARD. Son discours il l'o,casion ¡\'llll projet de dl'crct
relatif allx I'mign;s. JI, 3j-'\S.


1 TAI.IE. TalJlean gl'ogl'aphi'llle f't po! i tiql1l' de eelte (,OIltrl"C,
a l'ópofIlle de la COlHJlIl"te par les FralH:ais. 'VIII, 'J.!i~-
2:):". Conp d'teil slIl·l'état de I'opinioll Pllhlique ajll'('s f;t
conqlll\tc de la LOlllbanlie. VIII, 2!)8~2!)D 1'1 stli\'. Só-
gociatiolls avee divcl's ('tals de cc pay". YJII, '1()'~ ct
slliv. - Illsnrrcctiolls I'l'voltlliollllai)'I'S lJans plll,i,,"I'';
villes. Pcrfjdil~ d,'s Y(-nilien, :\\)1'('.5 1" dl'part de n()na~
parte. IX, 78 d sni\'., U3. La !"'VOllllioll SI' ]J1':ll':I!;I'
apres les ]>j'('lilllitJaire dI' LéolJl'll. S()nl,'.vl'l1ll'n~ ú e,·""".
IX, qG ct sni\'. ]<'oll¡]:ltion di> la n"I'"bli'j'/(' ci"nlpinc.
Affaire de la 'V;¡i t('lill('. JX, 'í í fí-:1!¡ 8-1:i l. EVI;nemcllts
llIilitail'cs de la C:llll]l~l¡:nl' de 179~}- ~ Voy. Gllerre.)-
Fermentationdes élalsitaliensenl'au VI. x., 3',~et sni\'.
RI\vollltio!l :1 ROlllc. X, 3!¡-f¡ I. Couqlll\te de Xapks.
(Voy. Nl1ple,\'.) Désordl'('s (le~ l'!:]ltlbliq"es ilaliellnes al-
liées. Chan bell1l'nts op{orés d:lllS la cOII~tittltioll eisal [litlc.
X, 1 70~ r77-183. Envahiss"lllo'tlt des Etals·P,olllains par
les Napolitaills. (Voy.Gllerre.) Hévoltltioll dll Piémollt.
X, 210 et sui\".


JACOBlNS. Club de (;{> BOIl!. Son iufluence, 1,235. lis adrcs-




TAnL!':.


scnt ;\ l'asscmbléc l1ne p':·tition dClllandant la déchl;allcc
<111 !'oi. 1, ~:r~. - ür"alli,atioil dll clllb de ee nomo JI,
1 (¡. 115 se prOIlOtlCcllt COII tre Il'S pl'Ojels <1(, ;2:llc1'1'c. JI, :¡ 1-
52. Len!'s projeh de d(:jH)oi('1' 1(' roí dc vi\'e force. lI,
20S-20~)d'illi\'.- LCUl'pllissallcl' apl'es le lO aoút. IlI,
19<\0. Grtllldc pllissallCl' de lcul' club. 111, 2()j-20S.
A"ítatioll (juivl'l'¡';lIcapl'('·,; ]';¡ccllsalíoll dc Rob,·sl'icl'l'(~.
111, 22~) el slIiv.-Font dive\'s pl'ojets pOli\' \,l'Ill('dit'!' it
la disetl.e. IV, t¡tj • Vive discLlssion tm Sl1jct du pillag(~ dll
2!i février. IV, !¡~). Ullf' )iO]llllacC arl1ll'(' se ¡>rt's('nte ;'t
ce club. 7(;·77. Se jl\'OIJOiH'I'llt contr(' les agitat('lIl's. IV,
8f¡ et sui\'. - :Uesures r¡ll'i]S prt'Ullellt pOllr jll'Olitcr dI,;
la \ic[oíre dll 11 IIlai. V, 3-4. LCLlI' j'(lie apl'l" le 31
majo V, roo-u) r. DisClIssioll;1lI sujct d 11 1·('1I0li\,(·llcIJ](:nt
et de la proro"atioll dll comité de salut publico r, 11/1-
lIS. Sl'anCl' du 7 auUt i7~)3, á laquelle assistcllt les
CUllllllissaircs d,·s (l"parf<'llll'lltS. Dis('()III'S de Ro!Jcs-
picn·,~. Y, r ::I¡-l :: 'l. l)"'cidell t , SII1' la Illlltioll d,~Rohcs­
jlicJ'rc, r¡11l' 1(:lIt· s ()("i(:,t¡', ,;era "'Imr(e, VI, 1:'. Plu,ieul's
Il1clllbn's sOlll (·"elllS, YJ, ~~-23. Séallcc du (j prairial
an Il, apri:s la telltatiye ¡]'assassillat sur Ro!J¡:spil'ln: el
Collot-r!'Ill·r!lOis. VI, 33G-·l:¡I. FOllt une Pl'litioll;'¡ la
COllVClllioll, diri¡,;ec iudirectellll'nt cOlltn' les comi tés. VI,
í¡25 el suiv.-Lc club cq OIlVCl't de Ilouveau el l']lllré
alm':, le 9 lhcnnido1', Vil, 3tl . Sont I'l']>I'il11('5 dan,; les
}Il'ovinccs. VIl, 113 et suiv. Cen"- de Paris t;\clll'llt (k se
défendn: apn':s la rt':actioll dll 9 thc1'lllidol'. \,1[, JIJ et
suiv, nlIIIH'1I1' a¡1 club de Paris, ll1l'llaC(; d'épul'ation par
b COIlI'I:lJtioll. YU, 128 et suiv. 7,IeSlll'l'S qn'ils pl'Ct1lWllt
pon!' l:ludcl' le dl:C!'<'l n::lllll cOlllrc les soci",¡"s pOpll-
\aires. VII, 1{¡O. S,"allces Ol'ar;CIISCS au club de París an
snjetdu proCilS de: Caniel'. VII, r57-r58 et ,niy. 1,1'111'
salle esl iuvcstie par un attrolllJelllcnt. TlInllllte et
scellcs \ iolentes dans París. VIl, 167 et suiv. Ll'llrS
s(;ances ;;()lIt stlspelldlll's. R{flexions sur ce club. YIr,
172-17'3 el. slli\. [,('111' soci{,ti' étantdisSOlltl', il, se ]'(~Cll­
¡,;ient tlll club électol'al. YIl, 1~5. (Vov. Club (:(el'toral.)


JA'iYIER ~21). (]ne [("le allllivcl'sairc de la IIlort de LOllis
XVI csl. illstitul": par Ir·s cOl1seib. La lll'cnú,':re se edi,
11l'C1c r er plllvitioeaulv. YIII, 172"1,1.




:)JO TARL!L
1E~mAPES. Bataille de ce nomo Ev¿'llement~ militaires qui


y ont I'apport. IlI, 25:)-2!i~ ('[ suiv .
. hu nE PA VME. La salle du jC!I de paullle d('vicnt le lieu


des s{'alle!'s J(~ J'asselllblt'c llationall'. Les d"putl's a'iSClll-
blé~ dans le jea de ¡¡a !I Ille ¡¡n"t"lIt 11' "TIlH~lIl de 1Ie [las
se s{'parer avallt rétablissl'lllcllt 11'!l1I(~ conslitlllioll. 1,
68·6!).


JEVNESSE nORÉE. Parti atlquel Oll uonna ('(' 110m. YIl,
lIS.


JORDAN (r:alllille). Son raprlOrt aux cinq. ('('nls sur la li-
berll' des c!lltes. 1.'(, 17~ el 'lIiv.


JOLRERT esl IlOIlIl1](" par le 1I0!l\eall di],cI'Wil'e (,O!lllll:lll-
dall t dc 1':1 I'! 1 1I"e ¡j'!talie, ct ],(~Ill pl:l(,C lHoreau, X, ::L'¡ 7.
Es! tlll: :\ ia balaille de Novi. X, '\GG.


JounDA:'i" ést nOllll1lé ~¡'nél'al en chef de I'armée du Non\.
V, 33 I. - G:I,;ne e les balaillcs de l'Ollllhc el de la
Roel'. VIl, 8G et suív. _ :\Janlell\TI'S d!l ¡,:("lIl"l'al pOllr
favoriscr le passa;;c dll Rhill pal' ]\I(J]'I':III. VIII, 31?"-
:\T3 et suiv. Pass" le Rhin. 'lIT, 319-'~~~) el slIi\'.
Est re]Jollssó Sllt' le ;\Icíll par I'al'chidnc Chades. VIIT,
3~)S-·~~)~). - E'it hattu ú Wurtzbollr~, ('1 bal en re-
traite. VIII, 41S-419' - Nnmmi~ I~i'pllti~ ('l! l'an Y. IX,
IG2. - Est apJ!elú all c'ollllnandellll'lIt tIc l'arlTli'c dll
Dallll!Jc. X, 233. Se, (lpc"rations militaire.'\ dalls la C:llll-
pagnC' de T '709. ¡Yov. CU('f're.) Pro]Josc all:\. cillcj- cent.,
de cdéclan": la p¿~lri~ en J:lIltic~r (T 7 fl'llctidor an \Il).
Sa propositioll esl rC'j1'1 I"'t". X , :~87 - 38~).


JOlm"'Acx. Divers jOlll'lIallx, rcpr¡"scntallt les ojlillioJ]s eles
partis, sont pllblii·s all cnl1l1ll"IIC"/I/Clll ¡JII c1irl'l'toj('(;.
'111, do. LiCl'IIl'(, des jOlll'llalisl"'- \lJl, ~o~-5o(i.


J l ILUT, T'), T'~, 1 /1 :. LI' Jl<'IiJlle pal'COI/rt les !'tlCS a\'cc les
llll.stl'sd,· N"cker el du dile ¡j'Or\¡',;ms. Le l',\~illlent de
Hoyal-AIIl'lllilll!llc di"'perse.l, 95. Les garcl,'s - j'l'anc:aisl's
font feu SUI' 11' Rov;Tl-A Iklll<1ntl. 1, !/;, Le pen pie force les
barrieres, pille les gl'C'n iers ele .'a illt-1,,,/.a['(', d pn'nd
dl's arllles an Ga]'(lt,·~.Ieuhl". 1, ~)8. ]liy('l's ¡Huils se
répauul'utslll'll'spro:':ts]Hlstilesdc la ('0111',1, !O'),-lo'L
Le ]Wllp\l' (~ll¡i'\'c les callOllS 111' 1'!Júld dI" lll\'alide" et
COlI,t illa Rastille. 1, I05-106. Suites de ces jOllI'llces.
1, 10S-IO~.




TABLE •


.r UI.'I' (20 J. Evéncmf'uts de cette journéc. Ses canses. JI!
d5-r53. Suitcs di, eclle journ('e, n, 155 et suiv.


IC\IRE (T.(,). (Yo\'. i·!<,pt('.,
KELH. Reddilioll de ce ron par 1\J<lrmtl. ynI ,513.
l\..l.i.BEI\. 'i,." op~nltilJns militaircs en Brt'la¡';ll(,. \1, G2-


G:;-C8-;S-So et SlIt\". -- Bonapart" lui conlie le COlll-
JIl;llldclIll'nt de l'al'll1('(' d'l-~gvllle. X, .'¡2~~.


KLI')1(;LJ"\. COITCSplltlllancl' d~,' PiC!tCgI'lL avec 1(,,, pl'inccs
('Illigl'l~s , trouv~e dans un fourgon dll S"lleral Klillglin.
IX, 213.


L.\mnI\.\L. 11 lcnle d'assassillcr Robespierre on Collot-
d'Hcl'bois! el échoLH'. VI, 329.3 ~o.


LHAYETTg (Le marCJuis de). Il est Ilommú cOI1lLlwndant
de la milice bourgeoise de Paris. 1, 11 {l' D"tails sur sa
vie el son caracll\re. 1, 122 el suiv. II donllc sa démis-
sion el t'('pt't'lId all.sssitút Ic cOLlllllandelllclJt. 1, 12'j. Ar-
n'tcle IH'llplcslIl' la I'oule de Versailles. 1, '90. AlTive
it Versaillcs dans la nuit du 4 octobl'e. Ses cffol'ts IH1111'
cOlllcnir le peuple it Paris. 11 traIH/lIillise le roi el prend
divc!'scs UWSUI'CS pOli!' maiutellir I'ordre. J, 190 el SlIiy.
Dpfl'lld le <'ilÚtcau atlar¡lIl" par les hrisallds. iHontre la
reine au Iwuple. 1, 1 g'l el sui Y. ,y oy. Ver.lmlles.) En-
gase le dlle d'OIV,;,ns Ú ql!iltcr Paris. 1, 199. lJénollcc
11 la tribulle l'infllll'lIce secn\te de l'AllgJ¡.tclTc dalls les
affaires de la I'évolutioll. 1, 2~2. COt~lll['ill1c diverses
(~m(,l!tcs. 1, 29'1-295. Disperse les jacobins atlroupés
al! Challl['-dc-'\Ltrs. T, :n~{ et sui\·. - ¡"reud le COlll-
manr!elllcnt de l'al'llJ(~C dI! C('lltre. 11, lIS. Sa position
anmiliell ¡]csparlis;'1 la ri"de I7~F.n, II!) ctsuiv.11
(~crit tlne IcUre it l'asscmbléc. II, 121 el SllÍV. Se r('l1d
il I'asscmhlúc, et y expos!: divcl', griefs. 11, 161-102
et SlIív. Ses projcts en favcur dn roi ÚChOUCllt. II, 10G
ct s!li v. TI ¡mJposc au roi IllL Pl'Ojct dI, fui te. 11, ~oo.
F:st llIis hors d';¡c('usatio[l par l'assl'lllblée. II , :.>5 '1. -
Il rait alTI~terdcs cOlllmissaireSl'llvoyes par I'asst'mblée.
Ses projl'tS. III, ~B-3!¡. JI ('st dt"c1arú Ll'alll't' :l la patrie
et d¡"crété d'accLlsatiün. IJI, '15. Se 1'('1 ire daus les Pays·


Bas, et est fait prisonnit'r par les A ntrichiens, III, 37-




TABLE.


38. Son élargisscment Jes prisons d'Olmlltz, par suite
dI! tralté de Campo-Formio. IX, 366.


L.\lTRH.LE (La princcssc de'). File esllllaSS:l('l'('e, IlI, 8:'1-R6.
L.DIETH. Les ¡]cu'\ f'J'("I'I'S LllllCth 'ie li¡.;uellt aVl'e Bama\'c


el DlIport. 1, 1 )2. 11" <en I('¡dent a \'ce la cour. T, ~h[l'
L.~lIIOuRETTE. Motion dc ce dt'pllll~, n, T~)O,
LANJUI'iAIS. 11 sOlltient quc le dl"cl'el c¡lIi casse la cOlnmis-


5io11 des DOllze est nnl. Tut1lllltc et llIcn;¡ces i¡ e" Sll-
jet. TV, 215-236 et sui\'. Son (,olll'abl' il la triLuDe le 2
jnin. IV, ?f3?


L.U\OCIIE-JACQGEI"'N. Chef vClldéen. IV, 1 R7.
J.~r.}:vEl.L¡Ün:-LJ:p,,'x. 11 sort dn dil'('cloire clan, la rc~­


vollltioll lIe prairial an VII. Sa (,olldl!itc dans ('c~tte cil'-
COllstancc. X , 3Ví-3![I. (Voy. Di/'utoirc.)


LAVILLEHEURNOIS. (Voy. Royafistt's.)
LECOll'í'I'RIl, de Versailks. 11 aCCllse a la convention les


lllPlllbl'es Jes ancjens comit(;s. V 11, 5'[ el ,"i\'. Son aceu-
sation ('sI dú~lari~e fallss(' et CalOllll1icllsc. VII, 6'~.
I,E~IAlTI\1'., chef des abl'llts l'oyalistes. Il est anClt' apres le
I'~ v(,lId~llliairc. oSa eOl'rc'spondance. VIII, 56-61.


LÚJIlE:'f. l'rdilllinaircs de ¡¡aix av('c l' A 11 1 l'iclw, sign{'s Jal1s
('('[le yille. Prillcipallx artieles. IX, 100-103 d s\liv.


L¡:.Ol'OT.Tl. ILllelltiollS de ce prince euvers la FraIlce et
LO\lis XV'I. 11, II'~ el slli\'.


I.EPELl,ETlEr. S \lXT-F,H,GEHl. II l'sttlll\ palo 1111 barde-du-
eorps. lTI, /116-417.


LFscer.'P. (De'!. Chef yend,\ell, IV, 18;. - JI est tl!('~ dans
\lll con;bat. V, 3~9.


LETOUltl'íl'C'LIl. Son caract('re et sa COllr1l1it(~ :1II di"t'rloire.
IX, G-;. Le tirage au sort le fait sOl'tir dI! directoire.
IX. lli8,
LE\'l':~ l.'! ¡,¡<lSS}:. Elle est décl'étéc. V, 189. - ~loyen qu'oll


emploie pOUl' l'cxéeution de cette mesure. V, J!.JI et
SlllV.


Lmo. Massacre des Franc;ais dans le port de ce llom it Ve-
nisc'. IX, 1'.>(1 et slli\'.


LILL'F .. -\("c::ociatiolls (,1J!all[(~es ('n eclte yille entre la
l'l'ancc' el l'All~It'tClTC, C'llll1cssidor ;Ill v.IX, 258-2(;6.
Rnpture de ('~,ltc cOllfércllcc par le Jircctoil'e. IX,
'H¡o-3![1 et 'Suiv.




TAIlJ~.E.


LINDET (Hubert). 11 fait it la eonventioll un rapport snr
l' érat de la Franee (20 septem hre 1794). V 1I, 67 et
SlIl\'.


LOA NO. Bataille de ce nOIll. VIII, 1'\4-1'\8.
Loo!. Bataille el passage <in pont de Ludi. Yln, 264 et


SlllV.
LOMBARnIE. COllfJuete de ce pays. VIII, 260 et sujv.
LONATO. llataille de ce 110m. VIII, 380-383.
LOl:¡S XVI. Son caractere. 1, 7. Sa positjon et ses incerti-


tudes.l, 32 et suÍv. Il assiste a l'ouvel'ture des États-Gé-
néraux et prollonce un discours. 1, 47-48. Dans la
séancc dn 23 juin, il prononce UII discours qui irrite les
csprits. 1, 73. Ordonne ~ l'assemblée de se sl'~parer sur-
le-ch,lIup, J, ¡bid. Répolld froidement a l'assemblée na-
tionale <]ui demandait le ,'envo! des troupes. 1, lO!.
Déclare il la députation de I'assemblée qu'il a ordonné
l'doignellleut des troupes. 1, 10!1. Ses inlluiétlldes.
Conversatio!l avrc lc dnc de LiaIlCOIlI't. 1, 1 ID. n se
rcud it J'asselllbkc natiorwle et y est reeu ayec ellthou-
siasme, 1, 1 ¡ 2. Se rend it Paris 'escorté' de dellX eents
députés et [ait un discoUl's á I'Hutel-rle-Ville. 1, 11!J-
IIG. Est proclamé restanratellt' de la liberté fralll,:aise.
1, 14 L Sa l'épon5e it l'asseIllLI{~e qui lui demalldaÍt ac-
ceptation et promesse de pl'omulgation des articles con-
stitlltiollllá, ct de la d(~claration des droits. 1, 185. n
acccpte pUl'emellt el simpl{~llIcnt les articles et la décla-
ration des dl'oits. 1, 18a, Revient a Paz'is. 1, rati. Se
pr¡"sente a J'assembiée le !~ [évrier 1790 et fait un dis-
CO(lI'S. E,t n'('olJllllit allX Tnilcries par Ic peuple. J, :.>.I 7
et s~¡j Y. Assiste iI la rae de la Fédél'atioll ayec la l'eillp,
et pr{~tl! le SCl'lIlcnt dI' maiutl'llil' la constitution, J, 26/¡-
265, Ses projets de fuite. 1, 293. Le peuplc al'l'cte S;1
yoiture. 1, 305. Ses négociatiollS ~vee dcs pl'inces étl'an
bl~rs. l)rojH de fnite. 1,306 el suiv. Sa fuite <lyec la fa-
mille rovak. l, 30<} et sui\', Circoustanees de son ;11'-
!'c,latin;l J Van'Hu'I'S. J, 315-:~I6. Cit'eonstauces deson
I'etOlll' il Paris. 1, '~J()-'l2o, Ll aecepte I~ cOlIstillllion
1, 'Ba' - SI' rend ;\ Lls,clllJ¡l"c 11"~islativf'. II, 19, A p.
pose SOIl v{'lo il 1111 dl~cl'et contrI' les émigré,. 11, 27.
Adrcs,e Hne pl'oclamatiou aJ1X pmi¡:rf's. JI, 2j-?8. HClHl




TABI.E.


l'ompte a l'assemblée législative de ses mesuces contre
l'émigratioll. 11, 1,0 et suiv. Fait a I'assemblée des pro-
posilions de guerreo 11, 79 el suiv. Ne veut sanctiolllw,'
que le décret des vingt mille hommes et non eclui eOIl-
tre les prétres.II, 1 l/l' Demande secrdement le secours
de l'étranger. n, 116 et suiv. Attaqué dans les Tnile-
ries le 20 juin. Diverses répouses qu'jl fait au pcuple.
11, 147-148 et suiv. Fait ulle proclamati'ln au peuple
apres le 20 jllin. n, 158 et suiv. Se rend a !'assemblée,
'lui le rec:oit avee enthousiasme. II, 19:1'193. Conster-
nation du roi et de la cour. n, 199 el suiv. II assiste d.
la deuxieme fete de la Fcd.;ratioIl. JI, 2(d-204. JJivers
projets d'evasioIl lui soPt proposés. II, 225 et 5I1i\', JI
se prépare a fuir et y renonee ensuite. 11,250-251. E~I
jeté ayec sa famille dans la loge d'un journaliste dall'
l'assemblée. 11, :173-274. Est suspendu de ¡aroyauté. n,
280. - Est gardé prisonnier allx Feuillants. In, 1/,. F.st
transporté au Temple avec la falllille royale. In, ?.'"
On commence aagiter la qnestion de son jllgement. JII,
2f,5-246 et suiv. Détails sur sa captivité an Temple.
111, '.196 et slliv. Son proces et di~tails qlli y out rap-
port. 111, 303-304-l,09. Il est condllit it la barre dí.' la
convention pom etre jugé. IlI, 349 el suiv. Répolld
allx divel'ses fJuestions qui lui sont /;lÍtes. III, 3'iI, SI'
choisit des défenselll's. III, 35'.1 et slIiv. NOllveaux d,'·-
tails ~ur su captivité pendant son pro ces. 111, 36/-3G8
el slliv, 11 est déclaré coupablc de conspi"ation con! .. ,.
la liberté. III, 398. Est eOIldamué it mort. III, f,06. Ci,'·
eonstances et détails de son exécll tion. In, l. I 1.- 4 I (¡.I¡ ~ J ,


LOUVET. 11 dénonce RobespíelTc á la convelltion. 111, 22:~'
2'J5 et suiv.


1.0zERE. Trente mille révoltés sont soumis dans ce dépa\'-
tement. V, 72-73.


LYON. Un club jaeobin s'y établit. Trollbles politiqw',
en 179'3. IV, 169-17°' - Combat sanglant dans ceHe
ville. V, 9. Troubles en jllillet 93. V, 147-1 l,8. 11 l'st
mis en état de sié¡;e. V, 233-7.34. Le ,iége se pourslIil.
V, 'J(io. Pril1cipale~ opérations l1Iilitaires du siégc. y;
31f, et slliv. Suite. Prise de la villc. v, 322-328. Dúcn'¡
de la €onvention coutre ('..tt" "illp, Y, 3?8-3~'9. L" tl'l'-




TA.BLI!.


nblc dénet de la eOllvelltion contl'e eeUe "ille est mis
il cXl\cution. v, 3G8 el slliv. - Cette ville est déclarpc
n 't'tre plus l:n dat de rébelliun. VII, 150. Les contre·ré-
votutionnaires y égorgent soixante-dix prisonniers le
[) f10réal an III. VII, 380.


MACDONALD. Il est nommé commandant de ¡'armée de
Naple5. X, 2:\2. Ses opérations militaires dans la eam-
pagne lle 1799, (Voy. Guerre.)
l\'hGN~NO. Bataille de ce nomo X, 259 et suiv.
MAl (1793). Trollbles dans Paris , it I'occasion des IJouveI-


les de l'insurrection vendéenne les prenlier~ jours dll
llJois. nétails sur les eraintes des partis it cette épOqlH:.
IV, 198 et slliv. 205. 31 mai. Circonstances de cette
journée, depuis le 30 mai jllsqu'au 2 juin. IV, 247'248
et sniv. 287. (Voyez lnsurrection.) Réflexions sur ce He
jOllrnée d ses conséqucnces. IV, 287 et suiv. 292.-
Comllient on en parle allX jacobins. V, 3-5. Distribu-
tioll des pouvoirs et des influences apres eette journée.
V,95·10 1.
~lAlLLARD. Un eitoyen dc ce nom conduitit Versailles une


troupe de femmes fllrieuses. 1, 183-184. Il se présente
avee ces femmes devant I'assemblée, et expose le déses-
poir dn pcnple a canse de la disette. 1, ) 87. Principal
<tctenr dans les massaeres du ~ septembrc. (Voy. Sep-
tembre.)


!UAISON MILITAIRE. Formation de la maison militaire dll
mi. ll, 9!' et suiv.
~IALMt:SJ\URY (I,ol·d). Ambassadeur anglais envoyé it Pa-


I'is. Ses 11¡~gociatiolls avec le directoire. VIII, 44~-446
Suite de 5es négociations. VIII, 460 et suiv. Suite de sa
négoeiation avec le directoirc. Elle est rompue. Il re··
parí pOllr \' Angleterre. VIII, 493-498. - Esl de nOIl-
vea u ehargé par l'Anglelerre dc négocier la paix. IX.
159. Conférellcc de Lille. IX, 259'266.


lUU'I'K (Ile de). Prise de cette l'ile par les Fralu;ais. X,
85·88.


1\h.NIIATS. NOlll'CaU papi!'r créé le 26 ventose all IV. VIII,
'90-I!)l. C(' papier tombe. Cal1~es dc sa chute. Vil],
J~I-3!¡"), el suiy.




556
MANTOUE. Cvmmencement du blocus de cette vílle. VIII,


300. Prisp, de cette ville par lcs Fral)(.~~ís. VIII, 537-
538 ct suí".


IHARAT. Son caracten~, ses principcs. I1, 213-2.14.'~ 11
est chef du comité de surveíllance de París. 111, 23. Est
élll dépnté a la con"entioll. III, J 42. Jllstific sa Gnndllitc
et ses i~crits dan> la conventioIl. IlI, 173 et suiv. Va
tI'OlIver DUDlouriez au miliell d'une f(\te. IIJ, 216-2.I~.
Dispute (luí s'élc"c aux jacobins au. slljet de Marat et
tle Robcspicrl'e. III, 357 el suiv. II est déferé allX tri-
huuallx GOlllme IIn des autclll'S du 25 févr'icr. IV, 51. -
Se ddclld dans son jOllrual. IV, 52-53. Est mis en ar-
restation par la cOllvcnt.ion. IV, 153. Est aCflllittú palo
le tribllnal n;'lollltionnail'e. Honneurs qu'il rc(;oit a la
cOllvelltion et allx jacobins. IV, 100-161. - 11 est as-
sassiné dans son baín. V, 83. Ronncurs qll'il rc,::oit
apres sa mort. V, 85 et suiv., 90-9I.-Le 21 septem-
brc 1794, ses l'C'stes sont transporlt's au Panthéoll a la
place de eellx de Mirabeall. Vil, 74. Ses bllsles sont
bris[.s en J~g5. VII, 241 el slIiv. lis sont enlevés de la
convcn!iotl. Se('nes tUrtlultlleuses á ce sujeto VII, 243.


l\IARcEAu. II est nommé général en chef en Vendée. VI,
85. - Est tué sur le ehamp de bataillc. VIII, 420.


MARIE-ANTOINE'I'TE. Elle est traIl5fú['('~e it la COllciel'geric,
pOUl' .'tre ju¡;ée pal' le tribunal révollltionnairc. V, ?25,
Dt;tails de son proceso Elle es! condamnée et mise i¡
ll1;)rt. V, 381-3tl4-3go.
~lARSEILLE. Ville dévouée il la Gironde. IV, 17 r.
JVI.,sS~:NA. Un des gént-rallx de l'amH~c d'ltalic. VIII, 226.


- II s:empare du col de 'l'arwis. IX, 7[.-í8. - Est
nOllllllé eommandallt de I'al'méc d'Helvétieo X, 2':h_
Remplace Jourclan dans le commandenlf'nt de I'armcc
du Daullue. Maniére dont il dispose ses forces. X, 287-
28~ et suiv. (Vov. Guerre.) II remporte une grande vic-
("ire il ZUl'ich. X, 341-/.34 et slIiv.


M Wlty (J,'abb¡;). Principal OI'aleur du c1ergé. Caracte're
de SOll esprit. ¡, 1 :~o. Il t.iche de s'opposel' ;L la ,aisil~
des biens dll clergti. 1, 207 d t'lIiv. Demande que J'as-
semblée se "'pare, el 'IU'OLJ procede :1 d., 1I()lLvcllc.
'!t 'CltU1b. I~ ·/~1.~-:!.3:;.




TABLE.


MAXIMUM. Il est établi sur tous les grains. V, 154-155;
sur toules les marehandises. V, r5'j-?' 1 fl. - Rf'fets mal-
heureux de eette mtsure. V, 413 et suiv. - Effets d':'-
sastn~ux du /Ila.rimu/Il. Dl'tails éeollomiqnes. VII, 42 et
suiv. Cette mesure subit une réfonne. VIl,I46-147 et
suiv. II est aboli. VII, 2{.4-248.


]HA YENCE. DeSel"iptioll de eette place forte. V, 131- 13 2.
Dt,taíls miiit,üres du siége de eette ville. Les Frall<,:ms
l't~vaeuellt, V, 135-143.


MENOU. Génl:ral de I'arlm;e oe l'itltél'ieur. Son role dans
la jotll'llée du 12 vcndémiaire, YIII, 36 el slIiv.


lHERLIN. JI est llomnH~ ministre de la j l!stiee en \' an v. IX,
229' Est nommé oireetf'ur. IX, 323. Sort du direetoil'e
par la rí~volution du 30 prairial an VII. X, 341. (Voy.
[,are"eUiere et DiT"e!'/oire.)


InILA", Prise de eNte ville. VIII, 26¡-268. Dne révolte se
manif'este alm's le déparl de Bonaparte. Elle est étollffée.
V UI, 277-27H.


MILLE51MO. 13ataille de ce nom. VIII, 228-231.
MI"IC1O. Passage tle ce flellve par Bonaparte. VIII, 287 el


slIiv.
MINISTERE. ~:tat du ministere apres la retraitc de Necker.


Les ministres se retirent slIccessivement. 1,276-277.
Nouvelle organisation dll millisterc. n, .'\5 et suiv. Dis-
cnssions parmi les ml'mbl'es du ministerc. 1I, 58-'>9.
Renollvcllemenl du ministere. Il, 67-68. La division s'y
établit. n, 87 et ~lIiv, Roland, Clavicrc et Servan sont
I'cIlvoyés. Ir, 1 I 2. Dps ministres feuillants le eomposent.
Ir, 1 I5. - .'la t"("oj'g:lllisation apres le 10 aoút. III, 9-
10. -- 11 est I'objet de bcallcoop tle plaint(:s apres le
31 mai. V, 103--104. - Ol'gani;,alion dll tninisten, par
le directoirc. Ciu(! ministres sont llOlllnl('~s. Y IlI, 90.-
Changements projetús P,1r le dircctoire. Les c1ichyew;
s'y O!,pOSt'llt. J)¡\tails it ce sujeto Le directoin~ nOll1me
I('s Itliuist/'t's d¡"signés par sa majorité. 219-231. ---
Chall{!l'IllE'nts opt"/'és it la suite de la révolntioll de prai,
rial an \'II. X, :1[17-3[18.


;lllRAnEAu. Est élll député en Pl"Ovcnce, J, 41. Pl"Opose de
S0I11111er le' clergé de s.~ rt'IJIlit· allX COl11tlllmes. 1, 5rl • 11
dlclan~ que 1'¡¡SSl'lllbI0c Ilatiulla!t; lit: :;e sl-parera 'lile:




TABLF.,


par la fOI'cc. I, 74. Il propose de demanu('r au WI ff
renvoi des troupes. 1, 92'93. Parolcs memorables de Mi-
rabean;\ I'occasion d'une de1'nii~re deplllalion cnvoyée
al! roi. I, 111. II reclame contre la mise en liberté de
llescnval. 1, 129. Son caractel'c, son influcncc. id(~e de
~on genie. 1,132-133 ct suiv. Fait HIlC proposition re-
lative it I'hérédité dll trillle. 1, 166-1(j7. Appuie 111)('
proposition d'impot faite par Neeker. Ses paroles sur
la banqueroute. l. 172-173. Soup\onne d'étn! un des
agents du due d'Orléans. 1, 198 et suiv. SOll ClItrevue
avee Neeker. 1, 202. Ses eommnnieations avce la cour.
Ilalexiolls :1 ce slIjet. 1, 221-222. Pal"Oles de lHirabeau
it propos de la proposirion I'clativp a la rcligioll de 1'(':-
tato I, 231. 11 s'oppose a la réélection des représelltants.
1, 233-234. Réponsc all discours de Rarnave sur le
droit de faire la paix et la guerreo 1, 2l16-247. Se justi·
fie de l'accusation portée contre lui d'étre un des anteurs
des 5 et 6 octobre, 1, '169. Tmite avce la eOIl1'. Se~ plans
pou!" défendre la cause de la monarchie. 1, 2i9-2.80 et
suÍv.I1 combat un projet de loi coutre l'émigratioll. 1,
2.97 et suiv. Sa 11l0rt. 1,300-303. RéflexioIls sur son ca·
raetcre et S8 ('arriere politique. 1, 30r..


MONTAGNARDS. Leur position et leUI's incertitudes apres le
25 février. IV, 56 et suiv. _ Un g"am! uombr" d'au·
ciens membres du gouvcrncment révolutioTluaÍ!"e et de
montagnards srml déc,'élés d'arrestatioll apr(!s le le,
prairial. VII, /127-/133 et suív. Pro ces de plllsieufs ¡J'en-
tre enx. Quelques-uns se tueut dans la prison. SlIppliCt'
dcs autres. VII, 437 el slliv.


'VloNTAGNF. (la). Nom donné ;l UIle portion de l'assemblée
législative. 11, 17. - Nom donné an coté gauche de la
eOllventiou. ur, 181-182, - Sa situation arres le 9
thermídor, VII, 15 et suiv.


MONTENOTTE. Bataille de ce nomo VIII, 230-232,
lV(oNT 'l'HAJlOR. Bataille de ce nomo X, 1,05'407.
MORUU. Il est nommé commandant de l'a,'mée d" Rhill a


la place de Piclwgru. VIII, 208. Passe le Rhin. VIlI,
316 et slIiv. SlIite de ses opérations Slll' le Dauube. Ba·
laillc de Neresheim. VIII,395·.3g6. Il mtre en Baviere.
VIII, floI. Sa bellc retraÍle. VIII, 422-r.27. -Ses di,.-




TA.nI.E. 559
position~ politiques avant le 18 frllctidor. Preuves qll'll
ne tl'ahissait point a cetle époque. IX, 212 et sulv. Ses
révélations tardives. 11 perd S01l commandement. IX,
325.-Prcnd le cornrnandement de I'armée d'ltalie,dont
Schércr se dómet. Ses prernieres opératiuns. X, 295
el slliv. (Voy. Guerrt:.) Sa re traite au-delit dlll'o et de
I'Apennin. 7.97 et suiv. (Voy. Guerre.)


MOUI.INS. Nomrné directeur apres le 30 prairial. ( Voye:/.
Roger-Ducos. )


MOUNIER. n se présente an roí accornpagné de quelques-
unes des femmes cntrainées a Versailles par Maillard.
1,187-188. (Voy. iJ1aillrml,) Donne sa démission. 1,2or;.


MUNICIPALITÉ. Elle [ait ulle pI'oclamatíon au penplc npr,'s
le :lO juin. n, 158.


MuseADINS. Origine de ce nomo VII, 66.


NAPI.ES. TCITClIr de la cuur iL l'npproehc de BOllapa)'tl·.
Un al'luistil:l: est eonclu. VIII, 301-302. La paix avec 11:
royallrne de Naples esl sibll(~e. VJII, 450. Projcts insell-
ses dc la cOllr de Naplcs contre la Frailee. X, 192 d
suiv. (Voy.Guerre.) - Con<¡uete de cc royaunw pal' lps
Fran~ais. X, 203-20!).


N 4RHONNF.. Ce rnini~lre propose divers plans de guerreo
11, 41-(,2. Organise trois armées sur la [ronti(\re. Il,
48 et suiv.


NECKER. Caraetere et talents de ce ministre. 1, 8. 11 esl:
exilé. 1, 12. Rpntre au ministere. 1,27. Prupose all roi
des plaus de réforme. 1, 66. Re/{oit IIIl billet dI! roi <¡ul
le presse dp partir. 1, 9fl' Parto lhid. Son reto m' est Ol'-
donné par le roi. 1, 11 G. Il rctourne en Frilllec, t!';¡lllt'
en triomphe, se rend:\ I'Hotel-de- Ville, et est acclIeilli
avec trallsport par la rnultitude. Demande aux l·lectcllrs
la lilwl'l," de nesenval, qll'ils aceordeut. 1, 1 '1.7-1 '1.lt
Embarras finalleicrs dp ee ministre. 1, 148-149 et suj\,.
Il demande 1111 (~lIlprllnt de :~o milliolls. 1, 1 !I~)' Sa
plaillte :l l'asscmbléc. JI demande tlllC COlllrihutiun dll
<¡uart du rc\'ellll. 1, 171. S'abnLlc(¡e a\'Pc l\1iraheall. 1,
'1.01-202. NOll\'caux détails Sil!' S()U cal';¡c!ól't'. II Jonlle
sa dí·missioll. 1, 2~f'').7J.




560 TABLE.
N¡·,lI.RWINDF:. Bataille de ce nomo Ses snites. IV, 92-93 et


SlllV.
KELSON. Cet amiral anglais ne pcut join<lrc le convoi


franc;ais d'Egypte. X, 89' II bat l'cseadre fran~aisc a
Abollkir. X, 137-14 I.


XEUI'CHATEAU. (Fran<;ois de). Il est nommé directellr. IX,
~23.


NOBLES. Les ex-nobles sont bal1nis Ijar un décret de la
convel1tion. VI, 235. Loe loi sur les ei-devant nobles
est rentlne apl'cs le !tI fl·lIetidOl'. IX, 339-3!,0,


NORLESSE. La lIoblcssc se rcfllse it la vél'illeation des POll-
voirs en eommllll. (Voyez Tiers-Elat et Yérijicotioll.)
Qllarantc-,ept de ses mClllbres se rbl/JisscnL á I'assem-
blée nationale. 1, 77. La Illajorité se rélJnit le 27 juin.
I, í8-79' Elle continue it ~e réumr en ordre séparé.
1,89-9°. Abdique ses priviléges. 1, 139-140. Son role
c1ans l'assemblée. 1, 212. Se divise dans ses plans en
deux partis. 1, 228.


NOIUIANDIE. Elle est contraire ¡lla révolution. IV, ¡73.
NOTAIlLES (Assemblée des 'l. Sa eOlJvocation. 1, 11. Elle


est eOO\'~Jquéc de nOllv~all. 1, 29.
NovI. llataille de ce nomo Détails l1Iilitaires. X, 363-370.


ORANGE. On institue dans cette ville un triLunal rivolu-
tionnaire p0U1' tout. le Midi. VI, 386.


ORLÉANS ~Le tille d'). Il est exilé it Villcrs-Cottcrets. I,
19' Son caractcrc. 1, 1,3. II est acellsé d\\tre un des
autcu1'S de, 5 et 6 (J(,tobre, et mis hors d'accnsatÍon.
I, 268 et slliv. Refllse la régenc('. 1,331 et slIiv. - Est
insulté au ehateau. 1I, 5/¡. - Est Ilommé dépllté a la
convclltion. IJ[, 142 . .':la posit.ion ('~rlllivo()lle dans b
convention. 011 délib(\re sur son ballnissement. IlI, 361'
362 et suiv. - II est décrété d'arrestation avec sa fa-
mille. IV, 129' - Est condamné 1\ mOrt et exécllté. V,
f,07-408.


OTAGES (Loi des). Renduc Ic 30 prairial an VII. S('S ('011-
séquellccs. X, 352 <'t slli\'.


PACHE. Il est Ilommé ministre de la guerreo III , 252-25't
PAJ\ls-RoYII.. Le .i~rdin <111 Palais-Roval devií'llt 1" Cí'tl-




TABLE. 561
fI'e des plus grallrls rasscmhlcmcnts popnlaíres. 1, 87'
JI continue :t etre le cen tre de rt\ullion des agitateurs.
1, 159' Fait llIW adresse á I;¡ CO"JIll!lne. 1, 160-161.


PAQUES VJ::RONAJSLS. -"mil dUlIllé ,IU lllJSSaCre des Frall-
caís:l V,':rone le I'í ;nT¡1 ['Yí. D{lails de cetévéne-
;m·nt. IX, [1 G-J 24.
PARJX\[F~T. Positioll dn parlelllent apres !'asscm}¡!i'e des


nnt<lolcs. 1, 16. II est IIl<l11<1t\ Il Versaillcs. 17. Exílé';\
Troves. 1, ¡hid. Happcll: \t: 10 sq)tt'mhre. 1, 19, Enre-
gistl'e \'édit portant la cr'\;ltiol1 de rempnmt sueeessif
et la eOllyoc<ltion tlt" i·t<lh-gélJérallx dans eí\l(I :lns.
1, ¡birl. Fait le 'ílllaí qKK uIle tkc/:lratioll de quelques-
lIlJeS dt:s loís COJlslitllti"l)s de 1'¿,tJt. 1, 22-23.


PARTI POPULAIRE. S('S chef, et son influellee YCI'S la fin de
1702. II, 12í-128.


PARTIS. Etat des partisapres le 1) oetobre. 1,197 f't suiv .
. - Etat de dissidcnce des partis apre5 la seconde fédé-
rafioll. TI, 211 d suiv. -Exigellce !les partís apres I,~
10 amit. In, 16-IR. LeuI' {otat an 11l0ment uu proces
de Louis XVI. UI, 291 et suív. '- Situatioll {lPs partís
apres la mort de Louis X'iI. IV, 1 el slliv. LCIIJ's diCfé-
re!lts nlOyells d'influcllt'c d d'action. IV, J64·¡(i5 ct
sniv. - I~(,\lr division en décemhre 93. V l, 3(; ct sniv.
- LClIr divisíOll et sitllation apn's le 9 thcrmidor. VII,
34-41-52 et sniv. Lutte des dcnx. partis qui se fort1lt'-
rent apres la terren!'. VII, TI 1-[ 13-123 et sniv. Grande
<1gitation des partís l'évolntiollnaire el illodt;t'(" apres la
1'('aetÍo[] tI,: thermit1or. VII, 24n et sui". Luttc des pa-
tl'iotes I't des ]'(;yolntiounail'í's dans la réaction ;llllcn{e
val' le 9 thel'lllidor. Vil, :~73 et slliv. --Leurs plaintes
contre le din:ctoirc. V IlI, 1 'i 5 et sniv. - L('ul' éta!
en mC5sidm' an v. IX, ?77 et suiv., ~·0o.-H, se coali-
sent tous contn: le directoire apres nos <Iéfaitcs en
Italíe! an VII). X. 'h2 et sniv. Leur rtgitation ;lp]'('51('
reton!' de llollaparte d'Egv¡>tc. Tans se J't'~\ll1iss'.'I1t it
lui par des lllotiCs c1iH'l'~. X, 1153-f;'>, ct s;¡ív,


PATRIE n~ D~NGER. La patrie est déclarée (;[1 dangtT le
11 juillct I';';}2. CUJ1séqllcllces de ecHe dt~c1al'ation.lI,
197. On propo'c le ?·7 frllctido!' a11 VII dc rCIlonvclc']'
cette di,claratioll. X. i!h f't ~Ili\.


\,




PATRlOTES. Etat de cc parti ('n ;;prminlll an llI. YIl, 1 ¡I,
pt suiv. Eclwes qll'ils l~pl'OtlVt'lIt dans Irs inSllrrt'ctiOlls
dll 1 er germinal. VII, 1 ~3-183 ; dtl 12, germinal. VII.
'),~)5 I'l ~lli\'. lis sout d(';anll<~,' d l'env,;ves ¡j,lllS Jr.nrs
commtlnl's. YIl, 3 1:; et S\I: \'. Pm;,'ts de r('vol te el J'in-
sllrrectiotl cn flo;','al I ~95. 1 iS {.c!t:lllrnt. \ n, 3';",:" ct slIiv
Ell\-ahissetlt la COl1veutiotl le 1"" prairi:i1 alllIl. SlIitc dI'
Icul' inslI1TITlioll II's 2, :\ d 4 <111 lIli'me mois, lis ,.,ont
SOIlIlll".\'lI, ,,O! el sniv,-!¡'Ir, Ll'u!' l'l'voltc:'t Toulotl,
en flo)'t'al. VIi, !131--[.39. ¡~,~fleions sllr la <'lIilíe dc CI:
parti p~r les h'e1J('llwnh de prairi:d. YH, !,,~lO el slIi\'.
- La COJ1v"lltion, 1111'1):1('(;(' ('I! V"lld';lltiai re, le 11 l' dOIllle
des :lrmes. VIlI, 3!,. lis se 1'I"lIni,SI;llt alt P:lJIt)¡,'OI) t't
formellt IIOC espi'ce de club (Ií!>"::' Vllr, 19,8. Lenr,
plaintes el. recriminat.ions coutre le direNoire. VIII,
171-Ij5 ct suiv. L(,ur rl-uninn atl Pant}¡i,o!l df'vip[lt un
vrai club jacobino VIII, 178-1~~). LCllr s()('i(>t" e<,l r1is-
soutt'. VIII, 180. lis se 1l10ntt'cnt 1ll("COlltclltS fllI dil'f'c-
[oire. Att:Hjtl('lIt le C:ll1'j> de CI'Clldl.,. L'inSltl'l'ection
échoUI'. VIII, 35·3-'Fí)-'\',~. ---lis fOl'!lli'llt l'o"position
cont!'e 1(, di!'eí'lOll'c 3prcs le !8 f!'lIctidlJr. X, ti!; d sl1iy.
I,ell!' déchalllClllelll ap!'cs le <ll'sast!'!: de 'Vovi dIe;;
éYL'I!e11lCllts de Hollant!e. ,\1,;slll'e5 r¡n'ils COI1',('illt'llt.
Le"r fOl'ce dan s les cOllseils. X, ');:5-')-;(; t't ';lIjv. Le:
directoil'l' faíl f('rmer plnsietl"s de lell)'S so~'it~tés" X,
:J,8o-:-jih. Lell!" plaintes et acclls;¡tion, cllntre 1" rlircc-
toin' dans 1"lIrs jOlll'llaUX, Lelll'S pn'sses sont sai"il's.
X, 382 d slIiv. Les dcput!;S patl'iot<>s ct 11'111" ,1dFeI'-
saires se rÚlIlissent. pour essayerllO'd'lI11c I'('collciliation.
X, 385-386.
PAvn~_ Des pavsans l'l~voltr~s ,'emparent de cclte villc, llo-


na parte la reprend. VIII, 2.7"7-2.80,
PI~TlON. Nomm,ó pal' l'ass('mblpp I'tln dt's trois commis-


saires pour rpcom!llire Lotlis XVI :, Pari, apre, son
arrestation il \'ar('unes, l, 3'9,11 cst 1101l1ll1é Illail'c de
Paris, Ses prillcipcs n';puhlicains el sa con" lIite, II,
J 13 el sui\'. Sa eontluitc dans 1.\ journt"e dll 20 jllin.
JI, d/¡-d8-J5r-r.5?" Sa convel'sation aVfe le roi. II,
157' li csl sllspendu de ses fonctions. n, 194. Est
r!'intpgl't' par ]'a"ernbU,c, TI, 2.02, D¡'manrk la d¡;-




'rAIlI.E.


eh,~anl:c dL! roí an Ilom des qUlIrante-hllil sediolls d,~
Paris. II, '247. T~lclw el .. retanll't· l'insllrl"ectiun dlt 1U
auút. n, 255. - Rend compte iL J'asselllblée de [,hat
de Pari.,. In, lU. '['¡[c]le de s'opposer aux massacrcs
du 2 septl"lIIbre. III, 8~. - JI est an·,;''''. V, Kf¡.


PHILL¡PE \(;X. SOIl ,:crit coutre Ronsin et If'S ultra- /"[.volll-
tioIllJail"(,s. VI, 20f}-¡Oj. 11 ('st accnsé dc\'ant 1<-, jaco-
bilis. VT, 111) el Slli ..... Sllitc de son acclIsatioll. VI, 131
f"t suiv. 11 cst arl"l;t[.. VI, Igl). Son proc,\s et sa lIIort.
VI, :205-219.
P1CHE(~¡U¡. Cotllmandallt en chef de l'armée <lu :-\ord. VI,
2~¡r .---JI passe Ltl\JCIlS("IVTI, ~)2-9:~. Ell\ahit la llol-
bndc; [ln'lId r¡ledé' llOnllllCI. VlI, 1!P d·,tliv.::\Ollllllé
~(:rl,:ral de la force arméc 1\ Paris. Ap;tisc l'ins1l1"l"ec\ ¡Oll
du 12 ¡,';cJ"lllinal. VII, 3o()-3()~ et slIiv. COl11l1landant de
l'arllJéc dtl !thin. VII, (/56. Sa trahisoll. !l{Llib dc SI",S
ll;'g<ll"iatio!lS ;\\'ec le i¡rú,cc d,' Condl:. YII, 4G'.\ l't "in:\.
-Penl SOIl COllllllaudellll'lJl. YJII, 2lJK._Scs l·"Lltio¡,s
avec les (~ll1i,~r,',s. IX, ')1) et sui\'. N0I111lH': d{pIIle en
I'all v 1':11' 1 .. .J ura. IX, di 1. COlltilllH' ses [ll"ojl'ts de tra-
hi.'Oll. 1\_ J ~I. Son rappurt aux ("iml-eenls "". l'ol"~a­
nisa,ioll .1" la g:lI"(k udtiou¿lle lX, 2"58 d slliv. 1:,[ al"
n"'t"le 18 frw·t'idol' ('[ ('ondnit all Temple. IX, 30'¡-)05.
11 est cOndanlll(' Ú ia depnrtatioll, IX, :-; I~ ..


I'lL\lO"T. Conqlll"\e dIl Pi('llllJlIl par BOllapartc. VIII, ')25-
')lIG. Trait,': de paix avel' ce royaulIle. VIlI, 31;3.-
Abdi,·¿tliOll tlu roi. La Frailee 1'eprcllllcu lllain le ¡.(lJll-
H'rll'·lIll'lll. X, 2!0 el sui\'.


PlJ..\¡i·Z. l!t ... I;ll"alioll dI' Pilnitl" 1, 37.7.
PITT. :';1 ¡Hllili,!ll" ¿'t I',·,.-ard de la France. IV, 8 d SlIt·.-.


1\ a tille entl't'V!H: a\'cc un en\~ové do gOIl\-efllenH'LI
frallcals.l V, 1 (/-J ~. Est SOUpClJlJ 11(' ~I"¡"'tl"" j;'lllotclIl" d'Ulll'
cO!l~pil"ltioll l~traLlgetT, et (,;-;t déclal'(: ¡'('!lncn11 du gelll'c
bUll"llll palO la COllVl"lltlOIl. V, 2.23. Sa politiqul' au
("OIIlIlICllCl'lllCllt d(~ 1 '7!)(/. VI, 2G[/ el sui\'. - Politiq¡,c
de e,· minis¡}"!'. 11 continue it soutenir la t;W'lTC conO'e
la F .. ¿ll!( ('. Se.; !,mje\s. Y JI, 3Iííl-361 el sl;i\'. __ ."',,ttire
la klill" (:('S .'\II~la¡s ~IH"~S la call1p:l::n,' d .. lí~)5. Sa
politiqlle. '"TrI, 15/:-15-; ('1. ~¡ii\'. ~;('S lH":~oci~\¡i(lll~ illfl-
')uires:!"l'l' 1:, FJ"élll("('. VfU, :,,\~.-2()·{. Ses cOllllJinais'llh.




J64 TAtlLI'"
Ollvrl'ture d'une négociation avec le directoil'e. VIII,
438440 el suiv.


POllJS ET MESURES. Le systl'nw en cst r~not1vc\{~. V, 47.9.
POLICf:. Elle est erigee en millistere 'p,'~cial SlII' la propo-


sition dn dil'l'ctoil'e. Ylll, 18I.
PORTE (La). EII,· d,:clare la ¡;uerre il la Franee. X, 147.
PRAll\lAJ. (T, 2, :3 el (I), an IlI. Ill5urrcetioll des patriotes.


Euvahissement dI' la eOllvcutioIl. Combats. Melll'lre
r!'II11 dépllt¡'~. D,:tails de cette jOlll'l1,:e. VII, 401-[122.
JOllrnée dll ICIJ(!c>lllain, 2. Les pat"jotes ccllOllcnt de
I!Oll\eau. VII, 11~.1 el slliv. Le {, 1)/·.Iir'Íalll's r('voltt'sse
retranchclIt dans le (;l\Ibourg Saint-l\ntoinl'. lis sont
oOllll1ls. VII, 42U-~;3 l. ~ 30 pl'ail'iaL HI~volllti()n dan5
le gOlllcl'l1emenl dil'ectoria\. Trois dirl'ctelll'~ sont
cha;¡gés. X, 3:), ,-335-341. (Voy. Directoire.)


PRJ<:SSE. La libcrt,~ de la PI'CS,,(' est établie alm'-,; le 9 ther-
mido1'. VII , 31 el suiv. Di'iclIssion sur la liberté de la
presse eu pr,urial. ( Voy. Prttiria{, DirectoiJe.)


PRINt:ES. Fúdw!lst' ~ituatioll des pI'iuees fraw>'ai, (/líibrés
en 17:)11' y JI, 1 n'l el slliv.


l'RI50:\'NIFRS. Cínqnal!te-dcux prisolllliers sont (;;';0I'b('5 :1
Versadll'';. IIl, d5 et. slliv,


PlU 50'\5. Elles deviennent illSlIffi~HlIltes 101'5 de la loi des
sllspects. Leu!' intériclIl' a cette ';poC)uc. V, 3;/1 el slliv.
- Le ú~gime des prisolls deviclIt plus l'igollreux en
94. VI, 32 7.


I'ROCEs'iION. Le roí et les trois ordres se l'cndent en pro-
c('ssiol! a Notre-Dame. T, 47.


p" USSF .. Elle rompt la nelltralité et marche cOlllre la Franee.
II, J69.~ l'I¡"gocie pOllr la paix. YH, 2,2-213. La
]la j \. est sigIH',c a,~ec ccltl.' puis"allce. Comlilions du traité.
VII, 3·¿G-22j. ~ COIJscI'Ve sa llcutralité malbl'é les ef-


fort- de Pitt. VlU, 204.
PRUSSIENS. LcuJ's p\'cmiers S\lCd~5. IU, 1,5, 1.1:111" armée se


retire. IlI. 126 . .Faux Lruits sur la vraíe cause de !el/\'
retraite. nT, 130.


PUYSAJE (De'!. Chefsecret de, dlOI!alls. YH, l02 l't slliv.
Suite de ,'es Il1cnéc's politiques en Dl'l'f a t,!: 111'. YIl, j/,6
t't suiv. Chef de I'expéditioll de Ql1ibeJ'oll. D,':tails dI,
'iesopt,,'atioIlS IlIilítaire,; ualls edle arraile. \" íl, !1~3-4í9-




TAllLE. 565
1.81-518. Il se prépare de nOllvcau a la gllel're en Brc-
t~glle apres ¡'affaire de Quibcl'oll. VIII, 97 et suiv.


PYRA;HIDES. Bataille de ce 1101ll. X, 119 et suiv.


QUIRERON. EXIH\dition de Quiberon. Détails militaÍres.
VII, 4;'{ el suiv. 5r8. Cause de la nOll-réllssite des ¡'~Illi­
grt"s. Consé(jnencps de l'affaire de Quioel'ull. YII, 519
et suiv.


RmSTADT ET ETTI.INGJ:N. Bataille de ce 110m. VI1I, 3!11 et
SUlV.


RADSTADT, Congri's de ce nomo Dét¡lÍls des l1f.goeiatiol1s
qlli y enrcnt lieu en plnviose alt.VI. X, 17 et slliv. Pro-
gres des négoeiations d:ms I'úé de l'an VI. X, 158 el
suiv. Assnssinat des plénipoll'ntiaires fl'an<;ais. l\lotifs et
d{,tails de eNte eat:lstrophe. X, 2,GS·2, l iB.


R.J:RJ:CQUJ. 11 aecusc Rooespierr'c de tyrannif'. IJI, 166 et
SIllV.
R.ÉFOR~IES. Chan¡!;f'lllent dans les mceurs, ct réformes di,..


verses en 1795. VII, 229-'),3t¡.
REUCION CATROLlQliE. D{'bats a l'assembli,e 5111' l;¡ pro-


p<?sition de Melarer la religiol1 eatholique religioll de
l'Etat. 1, 230 f't suiv.


Ri:PUllLIQI!R. Danger~ de la répuIJlique en aoúL 1793. V,
I/19 et suiv.


RESCRIPTIO:'I'S. Sortes de bons al] portel1l' émis sous ce
110m par I(~ directoire. VIII, 163. JYJ:;¡uvais succes de ce
papiel'. VIII, 187.


RÚEn m; PRU HE. Air ehanté par la jcunesse doréc. (Voy_
ee mot.) \11, 167'


RÉVElLLON. La maison de ce [:tbt'icallt de papic/'s est bru-
lée. 1, 42.


HEVELLJf:UE-LÉPEAllX (La). Son caracterc. Sa eonduitc
vis-a-vis Sf',S colli'gues du directoire, IX, 6-7 et suiv.


R}:VOLTFS. Des rl'vultf's cuntre-révollltiollllaires se décla-
rcut d:H1s plllsi(,lI/'s d¡\partellH'nts. IV, 108.


Ri;voU,'l'lO:'I' FItANf,: \!SE. Causes qlli la pl'('l'arl:rr'nt. 1, ':\6-
37 et slIi". Elle COIllIlU'UCC :, d"lllj('I' de" j]](jUil'tlldes
allX souvt'rains étrangcrs. 1, 2:k. DiIT('l'(,lllllH!ll~ elll-
brassée par Paris et l,;s proviuce;. IV, 16/1 et suiv.




560 TAnLE.
Hi:vOLllTWl'i. R<'flexions SlIl' la marche des l'évoluliom,.


I1, 7.
REWBEL. Caraeterc de ce llwllIhre dll dil'ectoire. Sa posi-


tiOIl vis-il-vis des autl'l'" dil'cctl'lIl's_ IX, 5-6_ Calom-·
nicu,t's accIIS~lti()ns {'outre S<l pmllit,'·. X, 270-280. Ii
est excln dll dil'eelnire pal' le sorl. X, 282.


Rum. Passa"c de ce 1l"lIve par Morcall. YllI, :h6ct suiv.;
par JOllnlau. VIII, 329'


RIVOL!, Bataille de ce !](IIll. VIII, 52 1-531; par Mass(;na
le IG H'!ll()se;1ll VII. X, 7,39,


R"BESPIEllllE. II se }l1'()!lonce coutr(> le principe de I'invio-
labilité du I'oi, 1, 332. SOl] i!llllll'!lcc al! club des jaco-
hins. II, J j el sui\!, - S;l !l0sitiou apl'<'s le 10 aoúL
lU, l!), 11 r,dressc ;'t l'a,scllIbléc IITJ(~ I)('~tilioll all nOIl, d"
la Illllllicipalit{,. llI, 2S el suív. 11 est IlOlTllllé di'IHlt{, ;',
la cOllvcntion. llI, I!f l. Esl accnsé de tvrallní .. :1 la con-
Ve!lllon. Sa di,reuse. Di'!JatS:1 cc slIjet.'III, 16!j-¡68, Il
cstacclIse de 1l0LlVean par LOllvet. III, 22') el sui\'. Se
dófend il la cOllvenlioll. IU, ?,3S l't slIi,'. VCttt 'lile
LOllis XV! .soit conrlanlll{' sans pl'OCl·S. IlI, 338 etsuiv .
.oi'l)11t(> (fui s'(>lIgag'e anx jacohins aLl sujet de Robes-
pieITc ('t ele :\Iar;lt. IlI, :157 el sLliv, COIllllat I'appe[ an
]wuplc d d,'maude la condamnatioll dll roi, lH, :~83 et
sLli\'. - Failllll long discour, 1'0llll'C DUlllouriez el lcs
girondins, IV, 1 '14 el suiv. - Sa populalilé. Ses pro-
Jets, el d(~tai!s sllr SOIl c:lract,\re. V, 1 JO et slIi,. Parle
au,>; jacohins ('Il favclIl' du cOl1lit¡', de salllt public. V,
Il3-rr5 et slliv. Sa J101il~qlle. V, 1 IS-II!). 11 dCI'icnt
IllC!ll!Jrc du cOlllitl' dI' salut I'lthlic. V, :uo, Jlllpl'OlIl'C
au" jacobin.s 1;: dc,trw'¡ioll dt¡ cltIle, el ,e prOllOllcc
cOlltn' 11"; :t"i!;:t<-:trs, Y l, JI el slIiv. Justi{\(, nanton.
\ j, 1 K d s,,'íl', SOli opinion sur la natl1re dll "otIV('¡'IW-
llleat n;,o]tltiollllaire. VI, J5G I'l sniv. Jl parle ('f)litre
!>:Jl1tOll el la cOl}v('ntioll. VI, UF ('[ sui\'. F:tit ¡\(:crder
la recol1IJaissance dc I'J~:tn'-Stll;r;~Il11', Son discotl!'.'. Vf,
250-2:'7.0ll ú·¡¡te de l'assa"itll'l'. Vi, :n'I-'\2G. SOll
discoll!'s ;ltixj;woJ¡il!,'; ;lJll'':'S edle leutatl'\, d'a,sassinal.
VI, 3')~) et SlIíl . .'iOIl illflut>ll"t' ('1194. Sa polititJtte. lll~­
tails de SOl! caract':'l'e. VI, '\ '11 d SHil. IJrop(hl' et fait
adopte!' tUl(' ll0lllcllC (h'galllsatioIJ du 11'ibuIlal révolu-




l"AflLl'.


\ ¡mlllal]'c. \'1, 354-3:/r¡. Commr'llcc it r'~prouvci' de la
l'(:,i:<lanee dans 1('scolllit{'s. VI, :16!1"365 et slliv. Ses pro-
jets contri' 1es (omite" el sa CfHlduitc politi'lllc il ceUe
{·POr¡III'. VI, 3~p.-·J:)Í;. S'lilc dll Ill,:nH' ó'lljr:L. VI, '129 et
sui\'. l"'0110Ilf'(' 1" tl tllCl'Illidor un di,collrs illa (,Ollven-
tioJ!. II Se ¡I"tilie d,' ccrtaines ;H'ClIsatioJ]s, ('[ r'lbuile
;lIt;I<III" Si',; a:l\'('1 sailTs <ir's cOlllilt:,. JI cOllclllt "1 une
(~pllration ,ll'S comitcs de ,{'¡reté ~(;ni'ral(, el de salllt
jlllhlic. VI, 428-!133.Dl·hats it ce slIjpt; iles! il son tour
"i\"'IlH'llt (1('(:115(". VJ, 4'j')-\'~8. Ya allx jacobills, ('t
fait d('cid",,' Ulle nOll\'!'II" illSnrl'('ction contre la COllven-
tiOll. V r, :1 );), Est :lcell": \'iolel11l11cnt le 9 t!Jermidoritla
(,OllH'lltio!1. ])('(ail" de cette sceuc. 11 t'sl d('crl'(é d'ar-
rcstatir)Jl. VI, ""'18-/,5",. Set.ire IIIlCOUp de pis(olct. Son
sllppli,·t,. VI, !IG~)~f¡;2.
R()(;Fl\~Dn:()" FT ;\lo¡;LI:\'s. lis SlIcCl'clent il Re\elliert~ et


il M('¡]ill all rlin'c(oil'c. X, '\ '1') I'l slIiv.
ROGEr,-lllcos. Il c.,t llornll1é COllSlll pl'ovisoire, le 18 bru-


lllai re. " , 50"\,
ROUXD. NOIIlInÚ ministre de ]'intt''1'i(,lIl'. II, 68. 11 lit all


roi une leltr('.l [, lOO ('t SlIi\'. COtlllllllni(p:e;\ I'assem-
blt',C' la ¡cUre ¡¡u'il anit lue al! roí. II, J D. Fait son
rapilort slIr 1'/'lat de Paris, 111,221, _ lJonne sa dé-
1I1issiOll. 1\, :\-!j.


ROLAKD ::Uad.: Son inflllC'!J('(' ,"1' le,; t';il'ontlins. n, 68-6g.
- Elle <'st arretée. V, 3. Est condarnnée et exéeuti:c.
V, 1)08-409,


RO'IF. l~t;lt dc son ~oll\'l~rnernenl. aprt':s sa ]'(':volIlLÍo!1. X,
1 :<\ t't SlIi v. Agi la tion des délllocrates dans les Etats-
ROlllains. La lr:~ati()n fr"ll~'ais(' t'st illSultt;e. X, 3/,-36.
Rerthicr entre il Homc, ('I! ehasse le pape. X, '-l8-3r¡.
l,c, .. ROlllains se eOllstitucnt Cll rcpublHllIe. X, 39 el
slIiv. Enl rée des Napolitaills dan s les Etat5-Romains.
]Is son!. n'pollss(',S par ChalllpiOlll1ct. X, 7,03-209,


ROl\'SJN. JI sort de I','ison. Son cal'uclúe. VI, 141-1[17 .. 1l
!'st d" rlO\l\'('ü!l ;uT,;ló. VI, I7G. Son proet',s el sa J1lorl.
YI,I';<)-IW;.


ROSSIG1'íOL. 11 est llOIllI1lt': t;('lláal de l'al'llH',c des etites de
la Rocheile. V, 210.


RO\'ERFllO. Bataillc de ce no nI. VIII, 4,)J-405.




568 TABLE.
ROYALISTES. Sítllatíon du partí royalistc en I7gl¡. YlI,


10[1-]Og. Intrigues diH'l'SCS el projpts dl'S <1gents !'Ova
listes. VII, :1!¡fi (·t suiv. TI'Í()Jllpl}(~ de el' parti apri'slps
événements oc pl'ai:·ial. YIl, 450 et slliv.-1H(·llé(·s de
(:e pal'ti dans les scctions <1pl'l':" les j()II1'nl"'5 de pl'ai-
ría!' VUf, 1 el SlIív. Lelll' dl'sappoÍIlIt'/Ill'flt :Ipri~s le T~
ven¡]I'llli;IÍrc. VIn, 55 l't suiv. V'S ag('lIls de In rovanté
eontinllt'nl IL'llrs sl'er,,!!'s nll·n/·e5. Yr'rr, JI):' et suiv.-
Élat dc eell(~ faclioll dans 1'111\'(,1' de I'an \~ Sllit<~ de ses
intl'i¡':lIl'S el .Ie ses projl'¡';' IX, [~) ('t slliv. COillplot dé-
eOllVCl't dc ¡;['oniet', Laville!J('III'lIoi" I'l ll¡l\crne de
Pl'cslc, IX, ::; ¡ cl SlIiy. Lellr, ('sp"'ranc('s aprr'" les ¡"lee-
tions de I'an v. Lellrloic i, ParÍs,oll se l'l;lInÍsseJl! ))(':J1I-
(:Ollp d'émi¡.:ri,s et de c]¡oualls, IX, ]96-199. Leur ter-
rellr apres le 18 fmctidor. IX, 321 et suiv.


S_uNT-JrrST. Son opinion sur l'invio)abilité du roi rt sur sa
mis(' en accn,ati'lIJ. III, )¡G-')I¡l'1 slIiv,-11 provoque
!'t fait dr"C'l'lét!'1' !'Ínstitutioll dll gOIl\'('l'lH'l1lcnt révnlu-
tionnaire, V, ~SG L't Slliv. - Est enyoy': par le comit('·
de salut public i\ l'arnH'e dn nhin, c(~ lJ"'il v raiL VI,
[lo-4I-f¡!I, TI fait 1111 rappol't coutl'e les hi'!Jertistes et les
danronistes. VI, ¡ ~ '1 el suil', Accnse Dauto)) iL la con-
vention. VI, 700 et suiv. II est décl'{,té d'al'l'cslatíoll p;n'
la convcntion daus la sr"ance di! 9 tlwnnidor. VI, [IS3,
Son supplic,~, VI, (líI-!,í2.


SANTEllllE, 11 dcvicnt un des mencul'S de ),\ pO/Hl]ace, I1,
128, S('S op(:¡'atioI1s an éI,O j nin, 1I, ¡ VI-¡); -1'1).' f¡!¡.
SCHi~RER.Il est IlomnH: g([(,l'al (~tl chef d,' l'arméc t!'Italie.


X, 2'h, Il ahal~doll¡;e /1' COlIllll<ltH!elllcnt tic l'armée
d'Italie iI MOI'call. X, 2~).5.


SECTlONS. Les sectiolls de Paris chargent Pl'rion de d,'man,
del' la déehéaIl(,(~ de Louís XVI. 1I, 2!¡ -;, -- Fall,ltisnw
oes asscmblt'es des ,ections, IV, f¡ 2--(1 '1. "\TcsllT'l~s <¡u'elles
demamleut ponr aS:i1ll'l'l' le n'pos public, IV, G5-6G-67.
La s('clion Puissonni,\rl' d"nlande 1111 acte <!'accnsatioll
eoutre DUlllOuriez, SC(:lIC iI la ('oll"l'nlioll :'¡ ce slIjet. IV,
82 et sui\'. La SL'etíou de la Hallc·;¡n·Blé fait une péti-
!ion contre plnsie\1l's memhres de la cOlwention. IV,




TABLE.


I 42. Lrur influenee dalls tonte la l"rance. IV, I56 et
<;uiv. La scctiOll de la Fraternité dénonce les projets de
l'assemblée de la mairie. IV, 220. D'autres l'imitent. IV,
222. Tumultes vers la fin de lIlai au slljet de I'acellsatioll
d'Hébert. IV, 227 el suiv. Les 4¡) sectiom se réllni,senl'
pOIll' décidcl" l'inSllrrectioll dU)I mai. IV, 2/17.- L,'<;
assemblées scel Ío;lllairts sont détruiles par le comit!; de
salut publie. VI, ?39-2!¡o.-On d(~ejdc qll'elles n'allront
plus líen qu\me fois par décade. VII, 29, T.es sectjOlls
d(· Mont.rellil el ucs Qllim:e-Víngts presentent une p(;ti-
tiOll a la conventioll le 1 "1' germinal. Attrollpements
ínsurrectionllcls. VII, 273,et suiv. - Elles sont agi lees
par les /llcné!'s du par ti rovaliste. VIII, 2 et sujv. EII('~
se !,Ol¡]event contre les déercts dlt 5 el I3 fruetidor.
Pétitiolls. CeHes de París rejettcnt ces décrets. VIII,
18-24. Celles du rcste de la Franee ks accepte!lt, VIII,
29 et suiv. F.lIe, fout la jOlll'néc du 13 YC'lldémiairc.
(Voy. Fcndémiaire.) La section Lep(~lJetier r('SiSlC au:\.
troupes du général M:ellOl] le I2 vcrHlémiaire. V111, 35
et suiv. Les ,;ectiOllllaires fOl"nlClll divel'ses soci/'I("s en
1795. VIII, 129,


SEL:r:. L;eu ehoi,i pour des conferenees cntre J'Autrichc er
la FraIlee. Ni'gociations qui s'v fOllt. X, 1 E)2 el slIiv.


SEPTEMHRE (2, 3, I1 et !». Détails de ccs jOllrll{'cs. lHaSSil-
Cl'es des prisollIliel's. fi~-~)J.
SER~IENT CIVIQUE. Origine de ce serment. 1, I!¡8. JI C5t


prcté par l'asscmblee Ilat.iollale el par t011S les eorp'
constitll';s de Paris et de la Frunce. 1, ~I9-2~O. 11 est
preté par les f('el':ré" al! Champ-de-l'tIars. 1, 2,G5. Va,·
semblúe étenJ I'chligatioll de ("(' sern1PlIt au clerge. r,
285'286. (Voy. Cler{¡é.) .


SERIWRIER. (j¡¡ des ¡;éll(~r'allx d" 1';~nlH~" tl'flalíe. VIII.
226.


SERVAN. Ce millistl'(~ prupose b réunion el'un camp d"
yingt mille f(;dél"l'~s. Débats it l'assembl?s sur eNI,· mI)·
tiO!I. 1I, 97 et sui,.


SIF.YE5 (L'abbi,)publie une bl'ocilllt"C sur le ticr.í-état. 1,28
Proposc aux COlllllll1lW~ de faÍl'c lIl,e nOllycl!c SOllllWl
[ion ;)ll" ¡leH" <tulrc, ordrt'S ¡'"latiyclIl"nt ;'t la ,{>riGe"
tinn dcs pOllvoirs. ti mo\ ¡"C la d';"isioll de~ commu!J(,,'i




TART.E.


IJu¡.,e COllStituPllt assellJl,I.·{· lIation:tle. 1, 60·61 d SllÍ\',
ld"es de Sicycs SlIl' la constitution. T, 1 ti6.--11 ¡> I'Op ,y;, ,
et {'ai!. adopt{T le ¡¡rojet d'nn décn't. destiné il prol'·",·,·
la conventlOn contre les insllrr('ctions, VII, 2GH el sui,.
S01l projet de loi est voU;, VII, 281'282, - Refusc
d'Ctre directeur, VIll, 8'~. 11 est ell\'oyé par le direc-
toire en ambassade a Berlín. X, I56 et suiv. II est (·Iu
Jil'f~c!('lI" en remplaeement de Rewhel. X, 281,. Sa
coopération an 18 brumai]'('. X, !,67-!,6g-{¡72-!'75 ei
sniv. Il est nOlllmó consul provisoire le m,'mc JOIl/'. \ •
50'1.


SOf:IÉTÉ, Peintllre de la société el des mWllrs a la fin d,'
I'an IV. VIII, 185 el sui\'.


SOf:lláÉs I'.!.TRIOTIQUES. Nom que pn~nnent les asscmbh'·(·,
de sectiolls. IV, 2.39.


SOCIÉTJo'S POPUJ.AIRF.S. Dl'cret l'endu contrc elles, apres Lt
ICITenr" VII. 132-1'18. - Diverscs l't!lII1ÍOIlS de la jen.
lH'sse doréc el 1" clllb clll Pallth"'on .'iont fel'lnés, VIII.
180.


SOIXANTE-TllEIZE dépulés prísollniers df'pnis le 31 llIa i
sont r(>int<'.¡;r{s dans lcul'~ fOl1ctions. VII, qG-I'77.


,s'UEL (Mad. de). Son inflncncc á París. V JlI, 7-8.-.
EI!(' cssaíe d~ I'Jppl'Ocher les COllslÍllltiorwe!s el 1es di
Chyen5. Son inHucllcc dans la sociét" d .. Paris. IX.
27'!¡-2H2. .


STOHLET. Un des premicrs chef~ de I'insllrrec!ioll \'(']1
déelll1e. IV, I79-18G. - JI cOlllínu~ la gucrre al'n'-s L,
sOllmission de Charette. VII, 3!,0 et SlIív. I1 si!.;llc la
paix iI Saint~Florent. VII, 35G,-JI est pris ct rílsilk
VIII, 21 ti-2 r(l.


STOK.\CH. Bataille de ce nom. nétails militaires. X, 2fl 2
2.51.
SEBSISTANCF.~. Emharras a Paris ponr les subsistaTlc(,s ('11


1792. 111, 328 et sniv. Les emh:1rras augl1lf,ntent. n
40 el suiv. - Lenr d(~pl()rable ¡',tal en 9'~. Y, ISO ,,1
sniv. Décl'ets de la cOl1\'cntioll II ('(' snjet. Détressc (1",
Parisicns. Y, 155 et snil'. M('sures priscs par la COI1l
mnn(' el 1':11' la COII\'Clllio[) ]>Ol1l' se poul'\'oir ('11 n('ln]ll'I
9't V, 1, r6-1¡ 18-!1 J!). _ Lnis \'! ; ""lclllcnls sur les slIb
,islances dan' 'l's ·¡>r,'mi.'!', nwis .1" 1 '-"/1' ,.1, '~I ~ .. 1




'I'AIIL.E.


',111 V, - NOllveallll. déerets sUI·les slILsístauees apre~ le
1 (",. prairial. VII, f[!.1-f.!12. - Le direeloire les rent! all
eommercc libre, VIII, ¡(jI •.


SU1SSE. Elle conserve sa ncutralité au milicu de la guerrc
gt;néralc. Ses disposilioIlS :1 l'éganl.dc la répllbliqlle.
VII, 329-330, - Révollltion en Suissc. Ses causes. In-
sUlTeetion du pays de Valld, Arrivée des Fl'alH;ais avec
emllC. Ils s'emparenl dc Reme. La Suisse se eOIlstilLlC
cn n';pLlblir]lIc. X, 43-54. Nonveaux troubles politi-
'¡lIcs. DivisiollS cntrc les cantons. I[Jt,~['velltíon de la
Frailee. Un traité ¡J'alliance cst conclll. X, 164-169.
Vr.1íe importallce dc la Suisse dans une gucrre Slll' le
cOlllíllelll.. X, 22!. d slliv.


SUSPECTS. Quels ils l:taient. IV, Ilf •. - Le!lr alTt'statirlll
est t!écléti,e. V, 187. La loi des sllspeets est décl'étée. \ ,
'l.!,Io el suiv, Comment Chaulllette les désiglle. V, 372 el
slIiv. D(~tails ,[[l' 1'~1I1' d<"tentioIl. V, 37(.-375 et slliv.-
L';lll' nOlllbre aut;lIlelltc. On ch~lllt;e ['af!Jllinislratioll
int¡;riclll'c des dételllls, VI, 325 et slliv, lis sont eon-
duits ell fonle a la !lIort ell jllill 1794. VI, 373-'l78. -
lis sont t·largis. VII, 10 et suiv.
~UWAROW. Il arl'ivc en Italie. Caraetere de ce général. Sa


capacité. X, :l.9:~ \'t 'ini v. Il cmpeche b jonction de l'arméc
dI' Xaples il {'elle de J\Iot'l:,au. X, 310 el suiv. Est hattLl
pal'tollt en SUiS:iC et forcé il la re traite. X, 440 et suiv.


SYl\IE. Expóuition en SYl'ie. (Voy, Égypte et BOl/aparte. )
T.\CLl.\.Ul'NTO. Passagc de el' flcllve et h::ttaille de ce nom.


IX, ti5-~f¡.
T ~LLEYl\AND (1\1. dI' \ XOIl11l1(, ministre des affaires ¡'·tl'an--


gercs en l'an v. IX, :1.29.
T üLIEN. Son role dan> la jOllrnée du 9 thermidol'. ~V()y.


T/le/'lIúdor.) Est blcssé J:lar un assassin. VII, 64,
'fALLH:N, (lH mc). Son rúle uans la soeióté a Paris, apres la


t{'rreur. VII, 120 el suiv.
TARWIS. Combats de ce nom. IX, 74-7H.
TnÉOI·IIII.ANTlmOPES. Suci':'lc de ce Hom. IX, í!j.
TIlERMIlJOll 19)' EYl'nelllents (le cette jllllméc. VI, VIO-!.! ~,.


\'()USl'qllcnces de ce jOllr. RófIv'(iolls sur la marche de
la .... ;\'ulutioll dqllli, le ¡lf jllilict jll'(jll'<lII~) IherltlidOl'




'rABI,E.


VI, q72-477. -Conséquences de cette journée. VII, J
et suiv.
TH1m~nDOR1EJ'(S. Lenr posí tion et ¡eufs projets. VlI, 16-1';.


lis demeurent les maltres apres le 1 el' prairial. Consé-
quences de cette réaction. VII, 450-/,52. - Leurs
craintcs sur les progres Je la rl'actíon royaliste. IIs ttl-
ch:nt de s'y opposer par diverses mesures. VIII, 5 et
SUIV.
TlERS-]~TA'l'. Arre!t du COIlscíl, du 27 tlécembre 1788,


ordol1nant le doub!ement des députés du tiers-état. 1,
31 et suiv. Lutte du tiers-l·tat avee les tlcux autres
ordres an sujet c111 mode de leLlr rétmioll. J, 49 et sui\'.,
52 et sui\'.


TOLENTINO. Traité tic ce nom, signé par Bonaparte et le
pape. Ses conditiolls, ses avantages. 55-59'


TOSCANE. Traité de paix avec ce pays. VII, 331.
'fOULON. Se livre aux Anglais. V, 237 et sui\'. - Les pa-


tl'iotes se ['(:\'oltenl. VII, 1¡3I et su!v.
TRF.RRIA. Bataille de ce nom. Principales cireonstances.


X, 314 et sui\'. Ses sllites. X, 320 el suiv.
Tn.E1LHARn. NO:Jlllu', dircctclll' a la place de Fr;tll(:ois de
Nellfch~itcan. X, 63. JI sort Ju directoin' en prail'ial
anVII.X, 335-316.


TRIBUNAL CRHUNEL EXTllAOllDIN.\lllE. Il est tlécrété par
la co[]velJtíoll. lV, 61\ el Sllí\'. On ,'11 rl!glc les formes.
IV, 74.


TRIBt:::VAL DU 1, WUl'. A '¡lIclle ücc<\siou jI' fut institué.
In, 30.


T!l!Ilt:NAI. Rt:VOLliTW'I',<,uni-:. 11 est inslalk·. IV, IIS-IIG.
I,e tribullal crillline1 cxtranl'dillail'c ¡¡rcud ce nomo V,
~o3. - Peoces dt's danto:>i';tcs, tles c¡uatre accllsés tle
faux, ct alltres. VI, 20[¡-220. 11 contmue ;1 ordoIlIlcr
les exéelüiolls. VI, :12.3 el suiv. Est réorganisé d'aprcs
un projet de RolH'spiC1Tt·. vr, 3[¡', !'l slIi\'. Terribles
ex':cutions en juill el CII juillct I '7!)4. DÚails sur les
l'rt)c,··dlll·cs de ce Icmp" VI, 3,'\ et suiv. Il est SllS-
pClHllI dc ses fOIldiolls.\ 11, .'¡. Est rcmis en activité.
VII, 3J. Est d¡'dillitivelllcnt aholí. VII, IlflO.


Tl\OTlVF .. (Voy. Cúalpi!1(,.)
T¡,J'GOT. Anw](' .Ú! J1Jiniq¡'·rc. Son c~ral'l(,J·(·. l. ,;,·:-L




TABLE.


UI.TM-RY,VOLUT10NNAIRES. Nom qu'on donna aux révolll-
liollllaire'i exag<'rés. VI, 30. Plllsieurs tI'entre ellx sont
arn',tés par décrct de la convention. VI, 32-33. 115 pré-
parent \lile inSlIrrcclÍOIl contro la convention. lis
échollCIlt. VI, 10(,-177.


YUF5CIE':NES. eclte villc est assiégéc el prise par les en-
llemis. V, 1(,3-J ('í'


V .U.MI. Circol1stanccs de l'affaire de ce nomo JIT, J 17-121.
V ENnú:. DcseripLion de ce pavs et dt's départements voi-


sins. Th{,;ltn~ (h~ la gllcrrc civile el callses de sa haine
COJltre la n'volntio;l. IV, lí3 et suiv. Tnsurrection á
cause dc la levéc des 300,000 hor1ll[}(·s. IV, 178 et slliv.,
dh-r83. L'insurrection devient générale. IV, 184 et
suiv. - 'Cn d(;C'l'ct ordonne qu'elle sera ravag(·~e. V, 217
et slliv. -- Un rI(~crct (ramnistie est rendll en sa favenr.
VII, 1 !i!). Etat de ce pav, aprcs la pl'emiere pacilica-
!ion. \ JI, 4()(;-1,68. - Nouveaux pr{>pal'atifs de guerrc
apres l'affaire de (JlIiberon. VIII, 97 et suiv. La pacin-
catinll el" pay, COllll11enCe á se fail'e dc'~finitivement.
VIII, 11,8-ISO el slIiv. l'aci(i,atioll J{~finiti\'e des pays
COllntb SOllS ce 110m en genuinal all IV. VIII, 210-216-
220.


VENDÚ:NS. Pour<JlIoi ce nom fut donné et conservé aux
ill'illl'l!és francais. IV, 183. 115 s'emparent de Thollars.
j V , rC8~J. - Suite de 1('II1'S succcs. V, 45 el sui ... ]Is
organist!nt leuI' insllrrection. S'emparent de DOllé el de
:-la""lll!'. V, r,l-Cl~. Ils sont repouss(,S á Nantes. V, 69-
71. S'li les de Ieurs guCI'J'(·S. V, 123 ct suiv. Ils sont dé-
bits á LlI\~o". V, 241-2.',2. Divcl's plaus son! pt'OjHIS(;S
pOIlr les l'éduirc. V, 2!,]-2.',:). Pl'cmicl'es opérations de
Canclanx contre eux, c!'aprt',s le plan du 2 septemhre.
V, ?()!, t'l suiv. Divisiom. parmi les chefs. V, 267-268.
Suitc de la gll('I't'('. V, 269 et suiv. Canclanx se replie
sur ~alltf's. Causes Jc ses {-che.:s en Vcndc',e. V, 27G.
Contilluation de la Vll("T(~. V, 297 el sniv. lis sont dé-
fait, il Chúllc-t. V, 3:)(,-350. - Différcnls combats en
octobre, llovembl'c et (lc"ccmbre 93. LeLlr grande ar-
Il1e'.(' est entiól'cmcllt de',lruite. VI, 61-90' Etat de h~ur
arllJ(:'" a¡ll'eS letlr ddaite it CholleL\I, 71 ct suiv. !b




TABr.:E.


sont balt1l5 an Mans. Leul" dáollte complele. VI, 8&
87 et slliv. - IIs coutiDllf'nl il se r1t"f"ll1ll'l'. Lems clwf"
VII, ~)8-loo. Leu!' peu de ressolll'ces CII I7~¡'j. Divi-
siol! entre lellrs chefs. VII, 7.1 r¡-~IG. Nt'¡.:;oeiatiolls di-
verses entre les chef, n"~volt,','i el les générallx de la
l"l~pllblifjlle. VII, 7.7.'{-7.28. Ntgoriatiolls av('C' km,;
chef, pOli!' la pacification du pays. VII, :n?-135 et
suiv. 1,2uelques chefs Sigllt'lIt la paix. VIl, 338-33!J.
VFNDÉ~ILUllE (Journée Ju 13). EvéuClllcllts pn"pal'atoires


du 11 et du I?. InSlllTeetioIl dt" sectiOlh, le 13. Com-
hats dans les ¡'llf'S. Vieloire de la cOllveutioll. VIII,
7.8-52. Suites de eetlc jOllmóe. VIII, ¡[,id el slliv.


\E:"/ISE. IlIqll¡"~tuJc du gOllv,'rnemeut vénitiell il J'appro-
che de I'armóe fran<;aise. VIII, 281 Et suiv. InvasioTl
(Iu tcrrítoire vénitien pat' Bonapa¡·te. VIII, 7.81,-?85 eL
sniv. PerfiJie dI! gOllvernelllent vélliti~n apres le dl~­
p:lrt de Bonapa,·tc. IX, 78-!)~. Articles des prélimi-
n¿lires de paix de Li'o\Jen fjui eoneel'llt'IJt les úalsy¡:-
lIitiens. IX, 102 et suiv. Suite des malttell\T('S pedid".,
des Vénitiens cOlltre les Francais. IX, liS et sltiv.
Chttl(~ d(~ la d'lll,bliquc de Yen'ise. Iktaib sur I"s i:v('-
nerneuts qui l'amellcnt. IX, 127-142.


VENTRE. D,"si~n¿¡tioll dOllné(~ a Iltl certain partí de I'as,
sClllblée lér:islative. 1I, I '~.


VEllt;NIA1TJ). Principal oratelll' des r:it'OlIIlillS. 1I, 12. JI
aceuse D"lessart. Sun discol\t's. Il, 60-61. FI'af;[]H'nls
de SOIl discolll's Ü l'occasioll dn projet de la comtllission
dt's DoltZ('. Ir, 180 el slliv. II hal'anglle le pCttl'le 11'
7. st'ptetllbre. III, 62 el slti\". Son diseotlr..; 1'11 ttl\'('ltl'
dc LOllis XVI, III, 385-'30G. II n:pond altx accnsations
dI' Ro]¡espíerrc cOllll'C les [(irondín.,. IV, ¡f.8 el suiv, 11
fait décn"ler, le ') 1 mal, (jite Paris a biel} méritú de la
patrie. IV, 260-261. Il est arretú. V, 2. Son proces ,'ia
mise úmort. V, 3<}5-4ol-!¡o7.


V ÉllIFICATION. Déb~ts dan s les états-!,;"n':l'atlx I'('lativ(~­
tllt'tlt ú la vóriíicatiotl des potlvoíl'S. 1, !l~ d Sltiv.


VÉRO:,,/'E, l\1assacre des FI':mcais d:tllS celte ville. Elle est
prise par le gúné,'al Sabra;J. IX, TI (;-T 7.!¡. .


\' E tI S,\! LU:S. De llOU v"II,~s trLJupes s'dablisscnt :'l Versadl .. ,_
COllséqltences d"tt SéjOlll' (le la fatllilk rovale (lallS ecU·'




TAnT,F .. 5;5
vilJe. 1, 177 et sniv, Scencs qlli s'y passent les:; et G
octobre. 1, 187 el slliv. Massacre do 52 prisollniers
apn':s les jOllrnúes ,le scptembrc. 111, 135.


Vi:TO. DisclIssiotls l'clatin!s au véto suspensif OH absolu.
1, 15j-r58-IG:l-IG3 et sniv. Le véto slIspensif cst ,Ié-
clan'" 1, 1 G:,. '\ ,',to slIsjlcllsif élcndu il dCllX lé¡.;islalllres.
I, 1G9'


rll':NNl':. Sc,~nes lUlllultuellst's ;J. Yi,~nnc entre la lég:tlion
fi'alJ(,'aise et I'('mpercur. X, ¡(j-,; '7 ét sni\. '


VIEUX CORDELIEIl (Le.i, joul'nal rúdige palo CamiUe Des
moulins.\1ol'c(,:lIIX cill,S. Yf, 108 l't slIiv. Aut!'!'s !llor·
ccau" ('it,:'s, YI, l',d el suiv. Alltrt,s passa¡;es, YI, J Go
et slliv,


VINCEN l\ ES, J,,~ donjon est attaqn,: par le pCllple le 28 fé-
vrier J790. 1, ~'!){I'


VINCENT. Cet \litl'a-I'l;vollllionll:tin~sort de prison, D,:tails
sur SOIl ('ara('t,~re. VI, 14 J-14 2 ct suiv. 11 cst de nOll-
v('all arn'ti,. VI, 17G et Sllí\'. Son ¡¡roc,':s el son snp-
plice. VI, I 7!)'f 8'í,


VURTZBOURG. Balaille deee nom, VIII, (118-(120.


\YATIGNTES. Victoil'(' de ce lIonl. V, 3/13-:t'I!¡'
"TESTERMANN. A la t,he d'UllC k¡;íon en Vendéc. r, f'J.:{.


Ses e"plnitsetses revel'S ('11 '\l'f](J(',e. V, 12J et slIi\'.


ZUIUCII. Vicloil'e de c,~ 1101ll, 1'1'111 [10 I't,'", S 111' les Rllss!',; ,
par Mas,,;na. Dl'lails SIII' eelte hataillf' lTíóllloralJle. X,
1,2:í ('1 .'illiv. -·(¡f, 3.


1 ! '\ ¡l. f \ I \ 1',1.1. 1)('') \'1.\Tl]<HF:-..


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